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Classiques Garnier

L’initiation du juste Le rituel de la « vêture du Nom » d’après un manuscrit de la Genizah (Oxford, Bodleian Library, ms. Heb. c. 20, fol. 41r-v)

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2017 – 1, n° 33
    . varia
  • Auteur : Abate (Emma)
  • Résumé : L’essai présente la première édition d’un manuscrit médiéval de la Genizah du Caire (Oxford, Bodleian Library, ms. Heb. c. 20, fol. 41r-v) comportant la description d’un rituel dit de « vêture » (malbush) avec le Nom de Dieu, ayant pour but d’obtenir le pouvoir de contrôler les phénomènes astraux et terrestres. Il analyse d’abord les techniques d’utilisation de noms mystiques dans les pratiques ésotériques juives entre l’Antiquité tardive et le Moyen Âge, puis étudie le texte provenant de la Genizah.
  • Pages : 43 à 66
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406070290
  • ISBN : 978-2-406-07029-0
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07029-0.p.0043
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 11/08/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Linitiation du juste

Le rituel de la « vêture du Nom »
daprès un manuscrit de la Genizah
(Oxford, Bodleian Library, ms. Heb. c. 20, fol. 41r-v)

La tradition juive du Moyen Âge nous livre des témoignages dun rituel pour lacquisition dun pouvoir extraordinaire à travers la « vêture » (malbush) de ladepte avec le Nom de Dieu.

La Bodleian Library à Oxford abrite un manuscrit provenant de la Genizah du Caire1 que lon peut dater du xie ou du xiie siècle. Il comporte une description de la préparation et du déploiement de cette performance magico-théurgique (ms. Heb. c. 20, fol. 41r-v). Le propos majeur du présent essai est den donner la première édition, avec transcription et commentaire.

Nous mettrons dabord en contexte les techniques dutilisation de noms saints et mystiques de la part des experts des pratiques ésotériques du monde juif entre lAntiquité tardive et le Moyen Âge. Ensuite, à 44travers la mise en regard des sources pré-cabalistiques témoignant du rite du malbush, nous nous concentrerons sur le texte provenant de la Genizah.

Le pouvoir des « noms »

Comme le prouvent les témoignages venant de lAntiquité tardive et du Moyen Âge, lécriture et la prononciation des noms saints et mystiques constituent le lieu naturel et lagôn de la magie juive2. La rhétorique des incantations, le discours et la performance de charmes : il ne sagit que de « noms ».

Voie daccès privilégiée à la nature des êtres et instrumentde la création divine, les noms sont la garantie de lefficacité du dispositif magique, leur fonction étant de combler labîme qui sépare les sorts humains du monde surnaturel3. La connaissance des noms est ainsi le bagage préalable des maîtres en pratiques occultes.

Cette place centrale des noms ayant été rappelée, il est possible de dégager deux grands ensembles : les noms dêtres humains et les noms dêtres non humains, ou qui ne sont plus humains. Les noms de Dieu, des anges et des démons, ou des figures de la tradition juive devenues légendaires (les prophètes ou les savants de la tradition rabbinique tels R. Aqiva, R. Yishmael ou R. anina ben Dosa), font partie de cette dernière et très ample catégorie4.

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Les formules de conjuration sont destinées à contraindre les forces célestes et infernales par la mention de leurs noms, afin daccomplir la volonté des praticiens ou de leurs clients5. Ces formules sont en même temps des corps-à-corps et des actes légaux à travers lesquels les vies et les événements terrestres entrent en conflit avec linvisible.

Cest dans les coupes magiques (ve-viie siècles) et dans les amulettes anciennes et médiévales que sont le plus souvent retrouvés des noms personnels, dhommes ou de femmes6 : il sagit des commanditaires des amulettes ou des victimes du mauvais œil et des maléfices. Leurs besoins et désirs, leurs souffrances et espoirs sont les conditions préliminaires au déclenchement de lactivité des magiciens7.

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La scène magique se compose dintermédiaires et darbitres ainsi que des parties en cause : les professionnels de la magie sont les intermédiaires humains, les anges sont les arbitres de la cour de justice céleste. Il y a des adversaires et des ennemis, des protocoles à suivre et des formulaires à remplir avec les noms personnels des destinataires des formules, qui espèrent être libérés des démons.

Dans ce cadre, quon peut à juste titre qualifier de « judiciaire », les textes des coupes et des amulettes se présentent souvent sous la forme du ge (lacte de divorce, la lettre pour répudier une femme par son mari) ; dautres formules ressemblent auerem (lanathème, la formule de bannissement et dexcommunication de la communauté)8. Certaines amulettes de la Genizah comportent des espaces laissés en blanc par les scribes afin de permettre aux clients dintroduire directement leur nom et daccomplir et « activer » ainsi les documents. Ailleurs, il est possible didentifier des signatures par la graphie de la main qui a écrit ou copié le texte, et appartenant à des individus qui savaient à peine écrire9. Ces textes se présentent en somme comme des pactes de protection conclus entre hommes et anges contre les forces maléfiques.

Dans la mise en texte dune incantation ou dune amulette, les noms divins et angéliques sont aisément reconnaissables : ils ressortent du miroir de la page au moyen de signes spécifiques, des points, des cercles ou des lignes, au-dessous ou au-dessus dun nom. Ils peuvent présenter une taille supérieure aux autres lettres ou être inscrits à lintérieur des panneaux ou des diagrammes ; ou encore leur disposition sur la topographie de la page peut prendre des configurations libres, dynamiques et variées10.

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Les noms des démons correspondent dans plusieurs cas aux noms donnés aux animaux dangereux, aux maladies, aux risques et aux délits qui menacent le tranquille déroulement du quotidien11. Les formules de bannissement contiennent des listes de démons et de dangers, qui peuvent être symbolisés par des images.

Il arrive parfois que les noms représentant lessence des créatures démoniaques se trouvent affaiblis et contraints dans des compositions triangulaires. Au centre dune formule déloignement, ces « triangles magiques » sont constitués par la transcription du nom dune des figures démoniaques : le nom, réécrit à chaque retour à la ligne avec réduction dune lettre, est de cette manière soumis à une opération de désintégration. La technique, bien répandue et considérée comme efficace, est connue depuis lAntiquité ; elle est attestée dans les corpus de Papyrus magiques grecs12, ainsi que dans le Talmud13.

Les anges possèdent leurs sceaux : il sagit de chaînes de lettres de lalphabet hébreu ou dimages particulières, comme celles de Sanoi Sansanoi et Semangelof (les anges protecteurs des femmes pendant laccouchement), qui sont toujours représentés sous la forme de petits oiseaux14. Dans la première littérature mystique juive, dite de Hekhalot (« du Palais ») et de Merkavah (du « Char Céleste »)15, notamment dans 48les variantes découvertes à la Genizah, décrivant des rituels extatiques comparables aux performances théurgiques de la magie gréco-égyptienne de lAntiquité tardive, les anges portent souvent le Tétragramme accroché ou suspendu à leurs figures16.

Certaines amulettes et formules contiennent des signes qui sont généralement appelés characteres. Ce type décriture, dite aussi « alphabet avec des lunettes », « alphabet des anges » ou « écriture céleste », se retrouve dans les littératures magiques et mystiques coptes, latines, arabes et hébraïques. Plusieurs interprétations ont été données des characteres, à propos de leur supposée dérivation de lécriture hiératique égyptienne, ou de leur ressemblance aux formes des constellations ; ou encore, ils ont été interprétés comme lexpression de codes secrets établis par les mystiques. Des cabalistes et des savants, ayant vécu entre le Moyen Âge et lépoque moderne, ont essayé à plusieurs reprises de trouver des correspondances ponctuelles entre ces signes et les lettres de lalphabet hébreu17. Toutefois, les formes des characteres sont généralement propres à chaque manuscrit, différentes lune de lautre, de sorte quune exégèse conséquente et satisfaisante de ces signes na pu être encore proposée. Quoi quil en soit, ces symboles sont censés remonter à lactivité des anges, comme une sorte de signature angélique, contrepartie des signatures humaines dans les textes magiques.

Ces données correspondent au moins en partie aux pratiques des cultures environnantes18, toutefois laccentuation du statut sacré caractéristique de la langue hébraïque tel quil est incarné dans la Torah est propre à la magie juive. LÉcriture Sainte, « qui dans sa lecture mystique nétait rien dautre quune suite de noms divins », a un rôle central19. Cest en écrivant les noms divins que les fonctionnaires de 49la bureaucratie céleste auraient déterminé le quotidien terrestre20. De la même manière, la maîtrise des noms et de lÉcriture à partir du monde den-bas aurait pu modifier non seulement le destin des hommes, mais aussi intervenir sur les mouvements des astres ou bien sur la volonté des anges et de la divinité21. Il ny a point de hasard, il ne sagit pas de chance : ces noms impliquent une ontologie graphique et phonétique. Les lettres de lalphabet hébreu, les noms et les versets bibliques, démembrés ou dans leur intégrité, sont considérés comme des sources émanant du pouvoir divin. Ils sont la clé à la fois de lordre, du jugement et des lois divines – composantes éternelles de la structure céleste, variables dynamiques par rapport à lavenir humain22. Les racines cachées à lintérieur des épiclèses et attributs divins, ou des péricopes de la Torah, se divisent, se multiplient, forment des chaînes correspondant aux parties du corps divin, donnent lieu à plusieurs noms de la divinité (tels que les noms de 22 lettres, de 42 lettres, de 72 lettres) ou des anges23.

Depuis lépoque ancienne, les noms de Dieu, ou les lettres qui les composent, sont écrits à la fois sur des ustensiles domestiques et sur des objets liturgiques symbolisant les parements du Grand Prêtre, avec une fonction protectrice, apotropaïque et antidémoniaque ; ou bien ils sont utilisés au sein de pratiques divinatoires ou thérapeutiques24.

Des ouvrages mystiques-théurgiques du haut Moyen Âge provenant de la Genizah témoignent des complexes procédures de purification accompagnées de la récitation et de la permutation des lettres et des noms25. Elles avaient pour fin soit lascension vers les royaumes célestes 50et la vision des mondes spirituels, soit la convocation et la descente des créatures angéliques et démoniaques dans un but de clairvoyance ou dexorcisme.

Les noms des « justes »

Certains noms napparaissent jamais dans les textes de la première littérature magique et mystique : ce sont les noms personnels des magiciens. Les auteurs et les rédacteurs ont gardé le silence sur leur propre identité.

Dans plusieurs cas, les prescriptions sont consacrées à une transmission secrète ayant son origine dans un passé ancestral et comportant l« investiture » avec le nom divin des héros cultuels de la tradition juive (Abraham, Moïse, Hénoch, etc.) ; ou bien elles sont destinées à la livraison, de la part des anges à des mages archétypiques (Joseph, Salomon, etc.), dun objet (une coupe, un sceau, un anneau, un livre) exprimant le pouvoir du nom divin26. Les mythes et les légendes juives dinitiation à la magie concernent, dune manière ou dune autre, le thème de lappropriation des secrets cachés dans les noms saints ; ainsi les collections majeures de charmes et rituels magiques (Sefer ha-Razim, Sefer Shimmush Tehillim, arba de-Mosheh) sont-elles devancées par un récit-cadre qui décrit la révélation de ces noms de la part dune figure angélique27.

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Selon les sources rabbiniques anciennes, les protagonistes des contes traditionnels nétaient pas les seuls prédestinés à ce type dinvestiture ; au contraire, tous les « justes » du peuple dIsraël pouvaient se prévaloir du rôle de médiateur entre les dimensions humaine et céleste, devenant à leur tour des porteurs ou même des « incarnations » du nom divin28.

Non seulement des passages de la Bible et du Talmud semblent évoquer un ancien culte ésotérique visant à transmettre le nom de Dieu, mais des sources tardo-anciennes et médiévales attestent lexistence de pratiques de tatouage et décriture du Tétragramme sur le corps ou sur une robe à porter29. Vraisemblablement, au sein des cercles ésotériques des pieux (assidim), de tels rituels étaient mis en œuvre afin de sceller les participants et de les revêtir dune protection surnaturelle. Il se peut quils réalisaient ainsi une sorte dinitiation au pouvoir du nom ineffable.

Demeurent inconnus les noms personnels des opérateurs de la magie, dont les attestations sont assez rares. Il ressort dun regard densemble sur la fabrique des manuscrits magiques de la Genizah du Caire (les types de supports et décriture, les arrangements et les contenus soignés) que leurs créateurs, auteurs ou copistes, étaient souvent issus des classes cultivées : ils étaient probablement des scribes, des fonctionnaires de la synagogue, ou des rabbins dont la formation comportait des doctrines ésotériques30.

Par rapport au culte officiel, leur savoir était à mi-chemin entre linterdit et ladmis ; il découlait de lacquisition de compétences religieuses particulières : lexpérience dans lusage de formules et de prières, de la Bible et du Talmud, en plus de connaissances spécifiques résultant des rencontres avec lunivers syncrétiste de lAntiquité tardive31.

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Malgré les prohibitions de la part des autorités religieuses qui cherchaient à limiter lengagement des Juifs dans les arts occultes, les techniques mises en œuvre par ces savants réputés ne comportaient que des violations mineures (sinon nulles) de la Loi. En fait, en accord avec la catégorie juridique de piqua nefesh (« sauvetage de la vie »), les consignes rituelles émises par des experts reconnus étaient acceptées pour des raisons de protection, de guérison ou de divination, et pouvaient même être recommandées, lorsquil était question dévénements pouvant menacer la vie des membres de la communauté32.

Selon plusieurs témoignages, ceux qui sadonnaient aux rites devaient, dun côté, être doués dune prédisposition exceptionnelle à lintégrité spirituelle et éthique (être des « justes » et des savants) et, de lautre, avoir atteint le niveau de pureté le plus élevé, grâce à un régime de restrictions alimentaires, dimmersions quotidiennes, de fumigations, et à des formes dabstinence sociale et sexuelle. Le processus de transformation rituelle rendait ladepte apte à gérer le contact avec les forces surnaturelles33.

Les cérémonies de « vêture » avec le nom de Dieu sont à interpréter dans ce cadre initiatique. Tels des supports vierges damulettes prédisposées à lécriture des formules34, les bouches, les mains et les corps des praticiens devenaient comme des récipients vides. Ils se dépouillaient de leur nom, et donc de leur identité, afin de pouvoir accueillir les noms surnaturels et les pouvoirs qui leur étaient attachés. Pour la durée du rite, une fois que leur personne – ou la veste qui la symbolisait – était scellée par le nom, les magiciens exécutaient leurs performances en tant quintermédiaires et émissaires du divin.

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Les rites et la littérature du malbush

À partir du xe siècle, des références provenant du monde juif oriental et de lItalie du Sud témoignent de rites initiatiques de « vêture » avec le nom de Dieu. Les instructions les plus anciennes ont été identifiées parmi les découvertes de la Genizah du Caire et datées entre le xie et le xiie siècle. La pratique a par la suite pris des formes diverses dans les mondes ashkénaze et sépharade.

Les deux types de textes, intitulés Torat ha-Malbush et Sefer ha-Yashar, découlent de la branche orientale et sépharade35. Les contenus, assez éclectiques, magiques et théurgiques, consistent en des instructions pour convoquer et obtenir le contrôle sur des anges, des esprits et des démons qui peuplent lunivers ainsi que pour dominer les phénomènes astraux et terrestres.

Dans le Sefer ha-Yashar, la révélation du nom de Dieu est reliée à la remise dun livre de magie à Adam, après son expulsion du jardin dEden, afin de lui apporter une consolation à travers lenseignement des pratiques occultes. Les secrets du nom auraient été transmis par Adam aux générations suivantes, jusquà Abraham dabord et subséquemment jusquaux savants et aux justes dIsraël.

En ce qui concerne la structure du rituel, les adeptes, entrés en possession du livre, devaient se purifier pendant 21 jours avant dentreprendre la cérémonie de « vêture ». Les pouvoirs acquis à travers le nom divin leur permettaient dacquérir la connaissance de tous les noms, et donc de la vraie nature des êtres existant dans le monde (de la terre et des cieux, des vents, des saisons, des mois, des anges, des démons, des esprits, de la mer, du feu, etc.) afin de les dominer pour accomplir leurs désirs.

La Torat ha-Malbush partage des éléments de la même tradition, tout en ajoutant des détails sur les objets utilisés et sur lespace cérémoniel. La « vêture » était précédée – là aussi – par des opérations de purification durant 21 jours ; ensuite, ladepte devait se rendre avant laube 54pour réciter des prières auprès dun ruisseau, qui devenait le lieu dune épiphanie aquatique. Il était censé atteindre une vision surnaturelle. Lapparition dune image verte ou brune sur les eaux signalait une dysfonction de la procédure, et notamment le manque de pureté du praticien, qui devait alors reprendre la préparation du rite du début. Si, au contraire, la vision comportait limage dun lion de feu, le rituel pouvait être considéré comme accompli. Ladepte devait alors revêtir une chaîne et une tiare dor portant linscription du nom divin de 72 lettres. Enfin, à travers la conjuration des noms des anges de douze mois, il pouvait voir ses désirs satisfaits.

Des passages entiers provenant de la tradition de la Torat ha-Malbush et du Sefer ha-Yashar sont intégrés ou ont été remployés dans des ouvrages majeurs de magie astrale et dangélologie juive du Moyen Âge, tels que le Sefer ha-Razim et des parties de la compilation plus tardiveintitulée Sefer Raziel ha-Malakh selon le volume publié à Amsterdam en 170136.

En ce qui concerne les cercles des savants juifs ashkénazes, Gershom Scholem a été parmi les premiers à attirer lattention sur lexistence dune performance initiatique déployée en Europe du Nord entre le xiie et le xiiie siècle, transmise par un ouvrage intitulé Sefer ha-Malbush37. Selon cette tradition, les préliminaires du rite étaient limités à une seule semaine de privations alimentaires, sociales et sexuelles, et dablutions quotidiennes. Limaginaire mythique de la création hebdomadaire génésiaque se mêlait ici avec la syntaxe de la liturgie du Temple de Jérusalem. Au terme des sept jours, les participants à la cérémonie se rendaient à une rivière vêtus dun manteau et une capuche, qui rappelaient symboliquement les parements du Grand Prêtre (notamment léphod et la tiare qui contenaient linscription du Tétragramme). Une fois plongés dans leau jusquau nombril, ils faisaient linvocation du nom de Dieu. Le rituel atteignait alors son intensité maximale, car linvocation devait être suivie de lépiphanie sur leau dune image lumineuse, dont la couleur pouvait être soit verte, soit rouge. Seule la deuxième forme dapparition était interprétée dune manière positive : elle indiquait la réussite des postulants dont létat de pureté permettait de se revêtir avec 55le Tétragramme. En revanche, si la lumière visible sur leau était verte, les adeptes devaient revenir aux premières phases des préliminaires, car leur degré de pureté nétait pas suffisamment élevé.

Le but de la pratique était damplifier les facultés spirituelles et intellectuelles des initiés et de leur faire découvrir des mystères surnaturels. Scholem met également en lumière les démarches mystiques du rite qui correspondaient à un type de méditation sur le nom divin antérieures aux spéculations cabalistiques.

On doit à Irina Wandrey la première édition dun corpus des textes décrivant les divers rites de malbush, selon les trois traditions mentionnées – Sefer ha-Yashar, Torat ha-Malbush et Sefer ha-Malbush. Elle a montré les rapports textuels, les caractéristiques philologiques qui séparent les familles manuscrites orientales et occidentales, et la morphologie des rites. Ceux-ci comportent toujours lélément de la vêture de ladepte avec le nom divin après un parcours de purification proche des praxis propédeutiques de la performance dascension dans les textes dHekhalot. Les traditions de la Torat ha-Malbush et du Sefer ha-Malbush contiennent plusieurs références au culte du Temple (la fonction rituelle de leau et lévocation des parements du Grand Prêtre). Les manifestations aquatiques précèdent un moment de transformation de linitié auquel sont accordés, ou bien refusés, des pouvoirs surnaturels. Wandrey a aussi décrit les relations complexes entre les trois traditions et le Sefer Raziel.

Lanalyse des structures littéraires portant sur le malbush a été reprise ensuite par Reimund Leicht, Peter Schäfer et Bill Rebiger, qui se sont occupés, lun des ouvrages astrologiques juifs entre lAntiquité tardive et le Moyen Âge, les autres de lédition critique des deux versions du Sefer ha-Razim38. En fait, les traditions de la Torat ha-Malbush, du Sefer ha-Yashar et du Sefer ha-Razim se croisent, partageant au cours de la transmission textuelle divers passages rituels et des sections entières de leurs textes. Rebiger et Schäfer ont mis laccent surtout sur laspect rédactionnel de ces types de textes, qui se trouvent différemment agencés et abrégés dans le Sefer Raziel ha-Malakh39.

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La dernière partie de cet essai est consacrée à lédition dune instruction concernant la révélation des pouvoirs du nom divin à travers la transmission dun livre de magie et la description dune cérémonie de « vêture » avec le nom divin. Le texte est attesté dans le manuscrit Oxford, Bodleian Libr., Heb. c. 20, fol. 41r-v de la Genizah, daté du xie ou du xiie siècle selon des estimations paléographiques40.

Dans son ouvrage, Irina Wandrey se réfère à cet exemplaire, dont elle met en évidence la familiarité et les sections correspondantes dans les témoins du Sefer ha-Yashar ainsi que du Sefer ha-Malbush, daprès lédition dAmsterdam du Sefer Raziel ha-Malakh41.

Les paragraphes suivants présentent une transcription et une traduction complètes du texte, accompagnées dun commentaire.

Un rituel de « vêture »

Transcription du ms. Oxford, Bodleian Library,
Heb. c. 20, fol. 41
r-v (cf. Figures 1 et 2 infra )

1 בשם הקו [ דש וירם ב ] מטה ועוד הפך 42 מים לדם ועוד

2 בשם הזה בקע הים לגזרים 43 ועוד בשם הזה השיבו

3 לדוכנו וכל מי שיש בידו הספר הזה חלקו עם [ ק ] דושים

4 וכל חפצו יעשה בו אם למות אם לחיים אם למלחמה

5 אם להשקט אם להפחיד אם לחולי אם למרפא אם ל [ ]

6 אם להשכיל אם לאהבה אם לשנאה אם ביבשה אם בים

7 אם לאסור אם להתיר אם להרוג אם להציל אם בר [ חוק ]

8 אם בקרוב וכל שיעשה על לבך לעשות קדש א [ ת ]

57

9 עצמך ותטהר מטמאתיך ותשפיל לפניו רוחך ואל

10 תמירהו בכסף וזהב ואל תחליפ [ ו ][ ב ] אבן יקרה ואל תעש

11 ממנו דבר בלא עת ואל תקרב [ ] לב ולב ואל תגע

12 בו עד שתרחץ במים חיים [ ] בגדים לבנים ותהיה

13 נקי מכל טומאה ותן לפניך על האש ראשי בשמים

14 לנקות את בשרך ולטהר את עצמך ואל תאכל ואל

15 תשתה עם אשה בנדת טומאתה למען תהיה כאחד

16 השרים ותכתב עם הצדיקים כי תכבד את שם יוצרך

17 ותבין כי שמו בקרבך ואז תצליח את דרכיך ואז

18 תשכיל 44 כי מוצאו מצא חיים ומכבדו כבוד ינחלו :

19 וזאת תהיה תפלת אדם שיתפלל בעת

20 שירחץ וילבש את השם הנורא והקדוש והחזק

21 והתמים והנפלא והגבורה והגדולה הזה והאמת

22 בעת עלות השחר לפני הנץ החמה. כזאת יתפלל

23 ויאמר ברוך ברוך ומבורך

24 שמך ומרומם על כל ברכה ותהלה כי שמך בך ובך

25 שמך כי לפני כל נכון שמך ולעולמי עולמים. נכון שמך

26 ומשמך ירעדו גדודי אש מפארים שמך וגדודי

Fol. 41v

27 להב משבחים שמך ושרפים מהללים [ ש ] מך [ החי ] ות מקדישים

28 לשמך ואפנים מטהרים לשמך כי שמך עשה כל הבריות

29 ושמך לא [ חז ] ו ומשמך ינוס הים לאחור וכל משבריו מאדירים

30 [ ש ] מך וכל דרי מעלה ובכל מעון ומעיין ירעדו ויפחדו מאימת

31 [ . ] שמך שמים וארץ דריה ותהום ואבדון צייה וצלמות אדם

32 ובהמה הרים ובקעות ומים ונהרות אש וברד שלג וקיטור

33 [ ] גדולה טל ומטר מלאכי אש ומלאכי מים בשמך ירופפו

34 [ כל ] אשר נשמת רוח חיים באפו בנעמת לשונו ישים כבוד

35 לשמך ואני פ ב פ עפר ואפר נכה לב ושפל רוח ל [ ב ] ה רמה

36 ותולעה צל העובר צ [ יץ ] השדה באתי להפיל תחנתי לפניך

37 ולבקש רחמים מלפני שמך ולמצוא רחמים לפניך כי

38 אתה קרוב לקוראיך [ ר ] חום וחנון כ א קדוש ונורא כ א

39 טוב ומטיב כי אתה אל טוב ומטיב וטוב וסלח עשה נא בקשתי

40 לרצון ומהר ואחר כל צרכך זאת וראשך ופניך יהיו למטן למטן

41 ודבר

58

קדוש קדוש קדוש

אש

מר

אתניק גליל ברא זליל גיא חתו מברא מקמנה לברל ברי

ברי כטום חת מפסר אסונטר לאס פרטמן

תד

רם

רגדיאל חוסנא מלים את קומין ליטל אם בנים מפליא

יחל נהר נור אור מעגל אה נישא אדום עיזוז

יה

זך

אבינים פרסעד אריה תרכרו וממפלטי מסגדיי

בגיר מעגן גיבור מד סלול אחיה גואל

אה

קול

ביה כסנך מסוך צח צבי מגדיל צונם ללם

דור

מוצא שומר אדיר שדי נאת בליל בוגל

להב

יאו

סד עוזר חדודי נעים קדיש יוחק

אליה

קשתנו חסיג צבא נופלא חמצנן

..ן

אדון

צדיק יהוה אמונה איום אלוהים פאות חיל וחזק

צבאות נפלא תם שר עת אל כתם

Traduction

1.Au Nom de la Sainteté [« il leva la] verge », etc., « il a transformé leau en sang45 ».

2.Grâce à ce Nom, les eaux ont été coupées en deux46, etc. Grâce à ce Nom, elles se sont retirées

3.devant nous. Et qui a dans ces mains ce livre fera partie des Saints

4.et il réalisera tous ses désirs, soit pour la mort, soit pour la vie, soit pour la guerre,

5.soit pour la paix, soit pour effrayer, soit pour la maladie, soit pour la guérison, soit pour [],

6.soit pour devenir savant, soit pour lamour, soit pour la haine, soit sur la terre ou sur la mer,

7.soit pour interdire, soit pour permettre, soit pour tuer, soit pour sauver, soit dans la distance,

59

8. soit dans la proximité, et afin dobtenir tout ce que tu voudras dans ton cœur, tu te sanctifieras

9. et te purifieras de toutes les impuretés et tu seras humble, et tu ne

10. le permuteras pas avec de largent ou avec de lor, et tu ne léchangeras pas avec une pierre précieuse et tu ne voudras pas

11. lutiliser sinon à une occasion propice, et tu ne te rapprocheras pas [] avec hésitation. Et tu ne le toucheras pas,

12. sauf lorsque tu te laveras à leau courante et thabilleras en blanc, et tu seras

13. pur de toutes impuretés. Et tu brûleras devant toi des herbes aromatiques

14. afin de nettoyer ta chair et afin de te purifier, et tu ne mangeras pas et tu ne

15. boiras pas avec une femme dans un état dimpureté menstruel, afin de devenir

16. comme un des Princes célestes et tu écriras avec les justes car tu célébreras le Nom de ton Créateur

17. et tu comprendras. Car Son Nom est à côté de toi et alors tu prospéreras dans tes voies et alors

18. tu seras heureux47 car qui le trouve, trouve la Vie et ceux qui lhonorent en hériteront.

19. Ceci est la prière de lhomme qui priera au moment où

20. il se lavera et il shabillera avec le Nom Terrible et Saint et Fort

21. et intègre et merveilleux et de puissance, de grandeur et de vérité,

22. à laube avant le lever du soleil et ainsi il priera

23. Et il dira Béni, Béni, Béni soit

24. Ton Nom qui se lève au-dessus de toute Bénédiction et Prière, car ton Nom est en Toi et en Toi

25. est ton Nom, car Ton Nom devance toute vérité, perpétuellement. Ton Nom est véritable

60

26. et à cause de Lui tremblent les armés de feu qui glorifient Ton Nom et les armées /fol. 41v/

27. des flammes qui magnifient Ton Nom, et les Séraphins qui célèbrent Ton Nom et les ayyot sanctifient

28. Ton Nom et les Ofanim se purifient avec ton nom, car Ton Nom a généré toutes les créatures

29. et ils nont pas annoncé Ton Nom, et devant Ton Nom la mer se retirera et tous ses tourbillons magnifieront

30. Ton Nom. Et tous les êtres qui habitent en haut et dans tous les lieux habités et les sources deaux trembleront et seront terrifiés de peur

31. à cause de Ton Nom. Les cieux, la terre habitée, labysse, lenfer sauvage, les ombres dhommes

32. et danimaux, les montagnes, les vallées, leau, les fleuves, le feu, la grêle, la neige, la vapeur

33. [] grande, la rosée et la pluie, les anges du feu et les anges de leau vacillent par ton Nom.

34. Tout ce qui a le souffle de la vie dans ses narines48 célébrera avec la douceur de sa bouche

35. Ton Nom. Et moi, un tel fils dun tel, je suis de la poussière et de la cendre, un cœur mélancolique et humble, une flamme qui sélève,

36. un ver de terre, une ombre de passage, un bourgeon de champ. Je viens devant toi pour te supplier,

37. pour te demander ta compassion, devant Ton Nom, car

38. Tu es proche de ceux qui timplorent, clément et miséricordieux, car Tu es Saint et Terrible, car Tu es

39. Bon et Bénéfique, Bon et Bénéfique, selah, exauce ce que jai demandé

40. volontiers et vite ! Ensuite ceci est tout ce dont tu auras besoin, et ta tête et ton visage seront vers le bas, vers le bas,

41. et tu diras :

61

Saint Saint Saint

Feu

MR

TNYQ GLYL BR ZLYL GYTW MBR MQMNH LBRL BRY

BRY KWM T MPSR SWNTR LS PR MN

TD

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RGDYL WSN MLYM T QWMYN LYL M BNYM MPLY

YL NHR NWR WR MGL H NYŠDWM YZWZ

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SD WZR DWDY NYM QDYŠ YWQ

LHYH

QŠTNW SYG B NWPLMN

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juste YHWH MNWNH YWM LWHYM PWT puissant et fort

BWT NWPL TM ŚR T L KTM

Commentaire

1-2. Le texte est introduit par la formule Be-shem (Au Nom), composante typique de louverture des textes magiques juifs ; il sagit de linvocation de la divinité, qui permettrait au praticien détablir le contact et dentrer en communication avec les créatures surnaturelles49. La formule est accompagnée dune louange du nom de Dieu, construite à travers la combinaison de Ps 136, 13 et dEx 7 et 14. Ces versets, qui évoquent le récit de lexode de lÉgypte et le passage de la mer Rouge, exaltent la domination divine sur les forces 62de la nature (symbolisées par les eaux) et, dans le même temps, sur lhistoire des hommes50.

3. Selon une structure correspondant à la tradition du Sefer ha-Yashar, le texte fait ensuite allusion aux secrets magiques du nom divin, cachés dans un livre puissant. La possession de ce livre permettrait aux praticiens dacquérir la sagesse et la capacité de conditionner et dintervenir sur plusieurs aspects de la vie humaine51.

4-8. Les moments de la vie humaine les plus critiques sont alors énumérés dans un style essentiel qui évoque le passage de Qohelet 3, 1-15 : « Il y a un temps pour tout ». Le « livre » serait notamment efficace pour faire face aux divers événements bouleversants dans le monde. Chaque locution est introduite par lexpression anaphorique hébraïque …אם ל , אם ל rendue par « soit pour… soit pour », figure de style courante dans la tradition du Sefer ha-Yashar52. En effet, il sagit dun renversement de la situation présentée dans le texte biblique, car le possesseur du livre serait capable de maîtriser les temps et les heures non seulement « de chaque chose sous le ciel », mais de lunivers entier.

9-15. Afin de pouvoir profiter de ce pouvoir extraordinaire, ladepte devrait se soumettre à un long rituel de purification corporelle et, également, donner la preuve de son honnêteté morale et spirituelle53.

Des parallèles assez ponctuels avec cette section de linstruction se trouvent dans dautres passages de la tradition du Sefer ha-Yashar et du Malbush54.

16-22. Finalement, ladepte, une fois acquise la préparation nécessaire, pourrait entreprendre la prière au nom de Dieu. Il la prononcerait à laube, avant le lever du soleil, au moment culminant du rituel, cest-à-dire lors de la « vêture » avec le Nom55.

63

Le praticien deviendrait à partir de ce moment tel un Śar, un « prince céleste », obtenant de participer avec les anges aux louanges du nom de Dieu. Il accomplirait en même temps la gloire et même le pouvoir des anges.

23-34. La prière au nom de Dieu prend la forme dun hymne, à psalmodier par les créatures des divers ordres du monde, céleste, naturel, humain et même infernal. Elle évoque une vision du paysage céleste, avec les noms des diverses catégories danges qui lhabitent, comparable aux descriptions de la littérature des Hekhalot. Le texte de linstruction est parallèle, en outre, à une section du Sefer ha-Malbush dans le Sefer Raziel, selon lédition dAmsterdam de 170156. La description des effets bouleversants du Nom sur toute la création ressemble toutefois à la structure et aux contenus de textes magiques et piyyutim liturgiques du haut Moyen Âge qui ont également été retrouvés parmi les fragments de la Genizah du Caire57.

35-37. La prière continue avec la supplication et lhumiliation du postulant, qui est désigné comme « un tel fils dun tel », encore une expression caractéristique des textes dinstruction magique. Des citations tirées de Gn 18, 27, Is 40, 6, et de Ps 103, 15 décrivent ladepte comme un être humble et infime ; il sagit dun expédient rhétorique qui permet de souligner encore plus, grâce à lantithèse, la nature sublime et magnifique de la divinité et de son nom puissant.

40. Linstruction se termine avec une autre formule typique des textes magiques, « maher maher ! » (« vite, vite ! »), dont la fonction performative était de contraindre les forces évoquées, pour accomplir rapidement et sans retard les désirs du postulant. Donc la prière au Nom était aussi une conjuration, censée obliger le pouvoir céleste à réaliser la volonté du magicien. Le texte contient en outre des indications complémentaires concernant la position idoine de la tête, vers le bas, pendant le rituel58.

Cest dans cette position que le praticien devait prononcer les noms mystiques, danges et de Dieu, qui sont inscrits dans le diagramme carré, dessiné en forme de tableau en bas de la page. Les noms, tout comme dans les textes des amulettes, sont mis en évidence par des signes diacritiques.

64

Plusieurs siècles plus tard, une structure équivalente à ce tableau se trouve publiée, avec quelques variantes, dans la dernière page du Sefer ha-Malbush selon lédition dAmsterdam de 1701 du Sefer Raziel : il sagit dun indice supplémentaire de la continuité de la tradition magique dans la transmission des formules au cours de plusieurs siècles.

Enfin, il est également intéressant dobserver quun diagramme comportant la même séquence de noms mystiques est incorporé dans un autre manuscrit de la Genizah, une amulette presque contemporaine de notre instruction. Lexemplaire, conservé à la Cambridge University Library (ms. CUL, T.-S. 1.69) et datant du xiie siècle, témoigne du haut degré de contiguïté et de perméabilité existant entre des traditions ésotériques, tels les rites initiatiques du malbush,et lusage quotidien de la magie au temps de la Genizah.

Lamulette était rédigée par la main soignée dun scribe, son but étant dobtenir grâce et faveur pour un certain adoq ben Hodayah, probablement le client dun magicien.

Emma Abate

EPHE – SAPRAT

65

aan0001

Fig. 1 – Ms. Oxford, Bodleian Library, Heb. c. 20, fol. 41r,
ca.xiie siècle (© Bodleian Library).

66

aan0002

Fig. 2 – Ms. Oxford, Bodleian Library, Heb. c. 20, fol. 41v,
ca.xiie siècle (© Bodleian Library).

1 Selon la loi juive, la genizah est la chambre dune synagogue consacrée à recueillir les écrits en hébreu qui ne sont plus utilisables mais qui ne peuvent pas être détruits car la langue et lécriture hébraïques sont considérées comme sacrées ; les manuscrits sont ainsi jetés dans une genizah de manière à les laisser se dégrader naturellement et afin déviter la profanation des lettres du nom divin. Des milliers de manuscrits médiévaux ont été retrouvés à partir de la fin du xixe siècle à la Genizah de la synagogue de Ben Ezra à Fustāt (lancienne ville du Caire), dont plusieurs centaines renferment des textes damulettes, traités de magie et dastrologie, exorcismes et remèdes paramédicaux. Voir S. D. Goitein, A Mediterranean Society. The Jewish Community of the World as Portrayed in the Documents of the Cairo Genizah, 5 vol., Berkeley, University of California Press, 1967-1993 ; A. Hoffman et P. Cole, Sacred Trash : The Lost and Found World of the Cairo Geniza, New York, Schocken, 2011. Sur les textes magiques de la Genizah du Caire, voir L. H. Schiffman et M. D. Swartz, Hebrew and Aramaic Incantation Texts from the Cairo Geniza, Sheffield, Sheffield Academic Press, 1992 ; P. Schäfer et S. Shaked, Magische Texte aus der Kairoer Geniza, 3 vol., Tübingen, Mohr Siebeck, 1994-1999 ; G. Bohak, « Reconstructing Jewish Magical Recipe Books from the Cairo Genizah », Ginzei Qedem, 1, 2005, p. 9-29 ; E. Abate, Sigillare il mondo. Amuleti e ricette dalla Genizah, Palermo, Officina di Studi Medievali, 2015.

2 Voir K. E. Grözinger, « The Names of God and Their Celestial Powers : Their Function and Meaning in the Hekhalot Literature », Proceedings of the First International Conference of the History of Jewish Mysticism,éd. J. Dan, Jerusalem, The Jewish National and University Library, 1987, p. 53-69 ; I. Gruenwald, « The Letters, The Writing, and the Shem ha-Mephorash », Masuot : Studies in Kabbalistic Literature and Jewish Philosophy in Memory of Prof. E. Gottblied, éd. M. Oron et A. Goldreich, Jerusalem, Bialik, 1994 ; M. Idel, Enchanted Chains : Techniques and Rituals in Jewish Mysticism, Los Angeles, Cherub Press, 2005, p. 76-120.

3 Voir G. Scholem, « The Name of God and the Linguistic Theory of the Kabbalah », Diogenes, 79, 1972, p. 59-80 ; Id., « The Name of God and the Linguistic Theory of the Kabbalah », Diogenes, 80, 1973, p. 164-194.

4 Voir L. F. Hartman, « God, Names of », Encyclopaedia Judaica, 26 vol., éd. C. Roth et G. Wigoder, Jerusalem-New York, Keter Publishing House, 1971-1994, vol. 7, col. 674-682 ; S. M. Olyan, A Thousand, Thousands, Served Him : Exegesis and the Naming of Angels, Tübingen, Mohr Siebeck, 1993 ; M. Bar-Ilan, « Exorcism by Rabbis : Talmudic Sages and Magic », Daat, 34, 1995, p. 17-31 [héb] ; G. Scholem, Shedim, ruchot u-neshamot. Mechqarim be-demonologia, éd. E. Liebes, Makon Ben Zwi, Jerusalem, 2004 ; Y. Harari, « The Sages and the Occult », The Literature of the Sages, 2 vol., éd. S. Safrai, Z. Safrai, J. Schwartz et P. J. Tomson, Assen, Van Gorcum, 2006, vol. 2, p. 521-564.

5 R. M. Lesses, Ritual Practices to Gain Power : Angels, Incantations, and Revelation in Early Jewish Mysticism, Harrisburg, PA, Trinity Press International, 1998 ; E. Abate, « Contrôler les démons : formules magiques et rituelles dans la tradition juive entre les sources qumrâniennes et la Gueniza », Écrire dans les pratiques rituelles antiques : identités et autorités, éd. N. Belayche et F. Massa, numéro monographique de Revue de lhistoire des religions, 230, 2013, p. 273-295.

6 Les coupes magiques sont des bols en terre cuite retrouvés dans les fouilles irakiennes et perses, qui étaient utilisés pour protéger les anciennes maisons. Elles contiennent des formules en araméen adressées contre des démons et des esprits malfaisants dont les noms sont dénombrés afin de les éloigner ou de les capturer à lintérieur de la coupe (les démons sont souvent symbolisés par des images au centre de la coupe). Les amulettes sont des petits rouleaux de parchemin ou des feuilles de papier, ou même des ustensiles en pierres, terre cuite ou métaux, sur lesquels des formules de protection et des noms puissants sont écrits par des scribes ou des rabbins à lusage immédiat des commanditaires. Voir J. Naveh et S. Shaked, Amulets and Magic Bowls : Aramaic Incantations of Late Antiquity, Jerusalem, Magnes, 1985 ; J. Naveh et S. Shaked, Magic Spells and Formulae : Aramaic Incantations of Late Antiquity, Jerusalem, Magnes, 1993.

7 Par exemple, lamulette de la Genizah, ms. Paris, Alliance Israëlite Universelle (= AIU), VI C 21, a été rédigée pour Saadah bat Samar, afin de la protéger de ses angoisses et difficultés ; toutefois une partie du texte est consacrée à la malédiction de ses ennemis. Voir Abate, Sigillare il mondo, p. 153-169. Ailleurs (ms. Cambridge, Cambridge Univ. Library [CUL], T-S K 1.18), nous retrouvons le nom de abibah bint Zurah, dans une amulette de protection pour laccouchement, ou (ms. Cambridge, CUL, T-S K 1.94) de Yehudah ben Sima, qui demande la guérison de sa tête et de son cœur ou, encore (ms. Cambridge, CUL, T-S K 1.100), de Abu al-Iz ibn Baqa, qui recherche le succès dans ses affaires. Une autre amulette (ms. Cambridge, CUL, T-S K 1.42) contient une malédiction contre un certain Ali lIsmaélite, etc. Voir Schiffman et Swartz, Hebrew and Aramaic Incantation, p. 69-92, 99-109.

8 Dans les coupes magiques, la formule de geétait souvent émise au nom de Rabbi Joshua bar Peraiah, un savant (tanna) du premier siècle de notre ère, connu et devenu immortel comme auteur de miracles. Voir S. Shaked, J. N. Ford et S. Bhayro, Aramaic Bowl Spells : Jewish Babylonian Aramaic Bowls, Leiden, Brill, 2013, vol. 1, p. 99-152. Les formules visaient à libérer les victimes qui pensaient se trouver forcées à cohabiter avec des démons dans leur maison, comme, par exemple, la coupe pour Geyonai bar Mamai et sa femme Rashnoi, produite afin de chasser de leur maison des lilin et des liliot (démons succubes et incubes). Voir J. A. Montgomery, Aramaic Incantation Texts from Nippur, New York, Cambridge University Press, 2010 [19131], p. 154-158.

9 Dans le ms. Paris, AIU, VI C 22, les noms de Simah bat Ester et de Yiaq (un couple dépoux), ont été tracés par une main différente de la main du scribe : lamulette a été probablement signée par Simah. Voir Abate, Sigillare il mondo, p. 169-180.

10 Voir M. D. Swartz, « The Aesthetics of Blessing and Curses : Literary and Iconographic Dimensions of Hebrew and Aramaic Blessing and Curse Texts », Journal of Ancient Near Eastern Religion, 5, 2006, p. 187-211. Dans le ms. Oxford, Bodleian Libr., Heb. b. 18/24, les noms danges sont disposés en spirale, ils semblent danser, voltiger sur la page.

11 Voir E. Abate, « Warding off Demons and Sickness », A Handbook of Jewish Magic, éd. S. Bhayro et O.-P. Saar, Leiden, Brill (sous presse).

12 Corpus de papyrus compilés du iie au ve siècle, renfermant des formules magiques pour des occasions variées et publiés dans K. Preisendanz, Papyri Graecae Magicae : Die Griechischen Zauberpapyri, 2 vol., Stuttgart, 1973-1974 (= PGM) ; voir PGM I, 1-42 ; IV, 296-466 ; V, 70-95 ; VII, 218-21, 940-68 ; XXXIII, 25 ; LXXXIV, 1-21 ; LXXXVIII, 1-19 ; XCI, 14-18 ; CXVI, 1-17 ; CXX, 1-13.

13 Dans le Talmud babylonien, traité Avodah Zarah 12b, le triangle est formé par la réduction progressive des lettres du nom du démon Shabriri ; le pouvoir démoniaque est censé se réduire à chaque retour à la ligne jusquà sa complète disparition. Voir J. Trachtenberg, Jewish Magic and Superstition : A Study in Folk Religion, London, Berhmans Jewish Book House, 1939, nouv. éd. Philadelphie, Univ. of Pennsylvania Press, 2004, p. 116-117 ; G. Bohak, Ancient Jewish Magic. A History, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 264-265. Pour des triangles magiques parmi les textes de la Genizah, voir, par exemple, Naveh, Shaked, Magic Spells, p. 174-177, 189-197.

14 Voir Trachtenberg, Jewish Magic, p. 101-102 ; Naveh, Shaked, Amulets, p. 111-122 ; M. Idel, « Il mondo degli angeli in forma umana », Rassegna Mensile di Israel, 63, 1997, p. 1-17.

15 Voir G. Scholem, Jewish Gnosticism, Merkabah Mysticism, and Talmudic Tradition, New York, Jewish Theological Seminary, 1965 ; P. Schäfer, Geniza Fragmente zur Hekhalot-Literatur, Tübingen, Mohr Siebeck, 1983 ; Id., « Merkavah Mysticism and Magic », Gershom Scholems Major Trends in Jewish Mysticism 50 Years After, P. Schäfer, éd. J. Dan, Tübingen, Mohr Siebeck, 1993, p. 59-78.

16 Voir P. Schäfer, « Jewish Magic Literature in Late Antiquity and Early Middle Ages », Journal of Jewish Studies, 41, 1990, p. 75-91 ; Lesses, Ritual Practices, p. 257.

17 G. Busi, Qabbalah Visiva, Torino, Einaudi, 2005, p. 31-33 ; G. Bohak, « The Charaktêres in Ancient and Medieval Jewish Magic », Acta Classica Universitatis Scientiarum Debreceniensis, 47, 2011, p. 25-44.

18 Voir D. Frankfurter, « The Magic of Writing and the Writing of Magic : the Power of the World in Egyptian and Greek Tradition », Helios, 21, 1994, p. 189-221 ; R. M. Lesses, « Speaking with Angels : Jewish and Greco-Egyptian Revelatory Adjurations », Harvard Theological Review,89, 1996, p. 41-60.

19 Scholem, « The Name of God », p. 62.

20 Voir R. Elior, « Mysticism, Magic, and Angelology : The Perception of Angels in Hekhalot Literature », Jewish Studies Quarterly, 1, 1993-1994, p. 3-53.

21 Voir M. Idel, « Defining Kabbalah : The Kabbalah of the Divine Names », Mystics of the Book : Themes, Topics and Typologies, éd.R. A. Herrera, Albany, NY State University of New York Press, 1993, p. 97-122.

22 Grözinger, « The Names of God », p. 53-69 ; M. Vârtejanu-Joubert, « The Letter as Object. The Written Word between Reification and Hermeneutics in Rabbinic Judaism », Écritures Rituelles, 1, 2009, consultable sur le site mondesanciens.revues.org/129.

23 Voir Trachtenberg, Jewish Magic, p. 91-93 ; L. H. Schiffman, « A Forty-Two Letter Divine Name in the Aramaic Magic Bowls », Bulletin of the Institute of Jewish Studies, 1, 1973, p. 97-102 ; Gruenwald, « The Letters, the Writing », p. 75-98.

24 Voir M. Swartz, « Temple Ritual in Jewish Magical Literature », Peamim, 85, 2000, p. 43-61 ; Bohak, Ancient Jewish Magic, p. 117-120.

25 Voir M. Swartz, « Magical Piety in Ancient and Medieval Judaism », Ancient Magic and Ritual Power, éd. M. Meyer et P. Mirecki, Leiden, Brill, 1995, p. 167-183 ; Lesses, Ritual Practices, p. 95-118 ; J. R. Davila, Descenders to the Chariot : The People behind the Hekhalot Literature, Leiden-Boston-Köln, Brill, 2001, p. 115.

26 Voir D. Sperber, « On Sealing the Abysses », Journal of Semitic Studies, 1, 1966, p. 168-174 ; M. Swartz, Scholastic Magic : Ritual and Revelation in Early Jewish Mysticism, Princeton, Princeton University Press, 1996 ; P. Torijano, Solomon the Esoteric King : from King to Magus, Development of a Tradition, Leiden, Brill, 2002.

27 À la Genizah ont été découvertes les premières attestations des corpora magiques des Sefer ha-Razim,arba de-Mosheh et Shimmush Tehillin (usage magique des Psaumes), qui furent fort répandus tout au long du Moyen Âge, et qui conservent à leur tour des éléments du syncrétisme de la tradition sapientiale précédente. Voir Y. Harari, Harba de-Moshe (The Sword of Moses) : A New Edition and a Study, Jerusalem, 1997 ; B. Rebiger et P. Schäfer, Sefer ha-Razim I und II : Das Buch der Geheimnisse I und II (vol. 1), Tübingen, Mohr Siebeck, 2009 ; B. Rebiger, Sefer Shimmush Tehillim : Buch vom magischen Gebrauch der Psalmen : Edition, Übersetzung und Kommentar, Tübingen, Mohr Siebeck, 2009.

28 Voir C. R. A. Murray-Jones, « Transformational Mysticism in the Apocalyptic-Merkavah Tradition », Journal of Jewish Studies, 43, 1992, p. 1-31.

29 La Bible, la Mishnah et le Talmud font référence à des sceaux écrits ou tatoués sur le corps par exemple dans Ez 9, 4 ; Gn 4, 15 ; Mishnah, Makkot 3, 6 ; Talmud babylonien, Baba Bathra 75b ; Yoma 8a, 88a ; Shabbat 120b. Lécriture du Nom était probablement préférée au tatouage afin de sauvegarder lintégrité des corps. Voir M. Bar-Ilan, « Magic Seals on the Body among Jews in the First Centuries C. E. », Tarbiz, 67, 1987, p. 37-50 [héb].

30 Voir M. Swartz, « Scribal Magic and its Rhetoric. Formal Patterns in Hebrew and Aramaic Incantations Texts from the Cairo Geniza », Harvard Theological Review,83, 1990, p. 163-180 ; G. Scholem, On the Mystical Shape of the God Head, New York, Schocken, p. 104-117.

31 Voir Abate, « Contrôler les démons ».

32 G. Veltri, A Mirror of Rabbinic Hermeneutics : Studies in Religion, Magic, and Language Theory in Ancient Judaism, Berlin, New York, De Gruyter, 2015, p. 105-110.

33 Voir M. Swartz, « Like the Ministering Angels : Ritual and Purity in Early Jewish Mysticism and Magic », AJS Review, 19/2, 1994, p. 135-167.

34 Voir Abate, Sigillare il mondo, p. 77-78.

35 Voir I. Wandrey, Das Buch des Gewandes und Das Buch des Aufrechten : Dokumente eines magischen spätantiken Rituals, ediert, kommentiert und übersetzt, Tübingen, Mohr Siebeck, 2004 ; R. Leicht, Astrologumena Judaica. Untersuchungen zur Geschichte der astrologischen Literatur der Juden, Tübingen, Mohr Siebeck, 2006, p. 227-235 ; Rebiger et Schäfer, Sefer ha-Razim, vol. 2, p. 19-20, 40, 47, 49-50, 110.

36 Notamment, la première partie intitulée Sefer ha-Malbush renferme des sections correspondant à des passages du Sefer ha-Yashar et de Torat ha-Malbush.

37 Voir G. Scholem, On the Kabbalah and its Symbolism, New York, Schocken, 1969, p. 135-137 ; E. Wolfson, Through a Speculum that Shines. Vision and Imagination in Medieval Jewish Mysticism, Princeton, Princeton University Press, 1994, p. 242.

38 Voir Leicht, Astrologumena, p. 227-235 ; Rebiger et Schäfer, Sefer ha-Razim, vol. 2, p. 19-20, 40, 47, 49-50, 110. Les deux Sefer ha-Razim contiennent des instructions et des conjurations adressées aux anges gardiens des différents cieux afin de les contraindre à réaliser la volonté et les désirs du magicien.

39 Rebiger et Schäfer, Sefer ha-Razim, vol. 2, p. 19-20.

40 Le manuscrit, dun folio, sur parchemin, mesure 222 x 180 mm ; il a été écrit à lencre brune avec un calame sur les deux côtés (de 26 et 28 lignes, avec un interligne de c. 5 mm) par une main orientale soignée en écriture carrée. Dans la collection de la Genizah à la Bodleian Library, se trouve un autre fragment écrit par le même scribe, fragment qui probablement appartenait à la même unité codicologique et textuelle : Heb. d. 62, fol. 50, contenant un passage dangélologie qui est considéré comme partie intégrante de la tradition du Sefer ha-Razim.

41 Voir Sefer Raziel ha-Malakh, fol. 2v-7r ; Wandrey, Das Buch des Gewandes, p. 284-297.

42 Ex 7, 20.

43 Ps 136, 13 et Ex 14, 21.

44 Jos 1, 8.

45 Ex 7, 20.

46 Ps 136, 13 et Ex 14, 21.

47 Voir Jos 1, 8.

48 Voir Gn 7, 22.

49 Voir S. Shaked, « Form and Purpose in Aramaic Spells : Some Jewish Themes (The Poetics of Magic Texts) », Officina Magica. Essays on the Practice of Magic in Antiquity, Leiden, Brill, 2005, p. 1-30.

50 Voir D. Frankfurter, « Narrating Power : The Theory and Practice of the Magical Historiola in Ritual Spells », Ancient Magic and Ritual Power, éd. M. Meyer et P. Mirecki, Leiden, Brill, 1995, p. 457-476 ; D. M. Salzer, Die Magie der Anspielung. Form und Funktion der biblischen Anspielungen in den magischen Texten der Kairoer Geniza, Tübingen, Mohr Siebeck, 2010, p. 275-278.

51 Wandrey, Das Buch des Gewandes, p. 183-198.

52 Wandrey, Das Buch des Gewandes, p. 200.

53 Voir Swartz, « “Like the Ministering Angels” », p. 135-167 ; G. Veltri, « The Figure of the Magician in Rabbinical Literature : From Empirical Science to Theology », Jerusalem Studies in Arabic and in Islam, 26, 2002, p. 187-204.

54 Wandrey, Das Buch des Gewandes, p. 284-297.

55 Wandrey, Das Buch des Gewandes, p. 268-269, 284-285, 292-294.

56 Voir Sefer Raziel ha-Malakh, fol. 39v.

57 Voir les manuscrits de Cambridge, CUL, T-S K 1.68, T-S K 1.127, T-S AS 143.427, T-S AS 143.322, T-S AS 143.45, T-S AS 143.322, à la Bodleian Library, le ms. Heb. e. 44, ainsi que lhymne liturgique de Simon ben Megas (vie-viie s.) dans J. Yahalom, Poems of Shimon bar Megas, Jerusalem, Israel Academy of Sciences and Humanities, 1984, p. 169-170.

58 Voir Davila, Descenders, p. 96.