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Classiques Garnier

Une facétie matricielle La porte dans la comédie française de la fin de la Renaissance

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2016 – 2, n° 32
    . varia
  • Auteur : Oiry (Goulven)
  • Résumé : Les comédies françaises, à la fin de la Renaissance, racontent la conquête d’une jeune fille en l’assimilant, par la métaphore, à la prise d’une ville fortifiée. Le théâtre comique est sous-tendu par de constantes allusions facétieuses à la « porte » qui renvoient, en un jeu de cercles concentriques, à la ville, à la maison ou au sexe de la jeune première. Cette poétique humoristique de la porte est fondée sur le phallocentrisme – que cette lecture critique s’attachera à déconstruire.
  • Pages : 189 à 203
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406067450
  • ISBN : 978-2-406-06745-0
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06745-0.p.0189
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 28/01/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Une facétie matricielle

La porte dans la comédie française
de la fin de la Renaissance

La comédie savante dinspiration grecque et transalpine est introduite dans le champ dramatique français dans la première moitié du xvie siècle. Ce vaste mouvement de « naturalisation1 » passe par des traductions puis donne lieu à des créations originales2. Si lon en croit les déclarations dintention des auteurs, cette comédie nouvelle, forte de ses mérites littéraires et didactiques, doit supplanter la farce, dénigrée pour sa part comme un genre fruste et grossier. Dans les faits, pour simposer sur les scènes théâtrales parisiennes, la noble Thalie doit composer avec sa rivale qui, certes, sait se montrer ordurière, mais nen reste pas moins fort populaire auprès du public3. Le théâtre comique nouveau accorde donc une importance inédite au second degré et aux sous-entendus, qui 190masquent de franches obscénités. Nous montrerons que les références équivoques à la porte constituent une facétie matricielle, à tous égards, de la comédie de la fin de la Renaissance. En érigeant la porte en… clef de lecture, nous accéderons sans coup férir à l« enfer », pavé de lestes intentions, du théâtre comique des années 1550-1610. Nous verrons dabord que la porte joue un rôle central dans larchitecture spatiale et narrative de la comédie. Nous pourrons alors élucider les valeurs, comiques et anthropologiques, qui sattachent à ce fameux « huis ».

La porte, une ville concentrée

Une longue tradition poétique, rhétorique mais aussi architecturale assigne au théâtre comique la représentation de la vie citadine quotidienne. Les premiers promoteurs de la comédie nouvelle sont des lecteurs assidus du latin Vitruve (ier siècle avant Jésus-Christ) et de son continuateur italien Serlio (début du xvie siècle)4. Vitruve décrit ce que doit être la scène comique en la distinguant des scènes tragique et satyrique :

Il y a trois sortes de scènes, savoir : la tragique, la comique et la satyrique. Leurs décorations sont différentes en ce que la scène tragique a des colonnes, des frontons élevés, des statues et tels autres ornements qui conviennent à un palais royal. La décoration de la scène comique représente des maisons particulières, avec leurs balcons et leurs croisées disposés à la manière des habitations ordinaires. La scène satyrique est ornée de bocages, de cavernes, de montagnes, et de tout ce quon voit représenté dans les paysages des tapisseries5.

La comédie met en scène une ville bourgeoise et populaire ; la tragédie représente la ville des puissants ; la satyre, qui deviendra la pastorale, dessine une campagne fantasmée. Serlio reprend cette tripartition, en lagrémentant de dessins qui fascinent les humanistes français6.

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En pleine conformité avec ce discours architectural, les prologues de nos pièces ancrent le spectacle comique dans une société citadine. L« avant-jeu » des Néapolitaines de François dAmboise installe ainsi la pièce à Paris :

Voicy venir un enfant de Paris assez secret et discret en ses amours, qui aura lhonneur dentamer ce gasteau. Oyez-le, sil vous plaist, avec faveur et attention… Nayez point envie, Messieurs, de vous enquerir de son surnom et de lenseigne de la maison de son père, lequel, sans rien nommer, se tient à la ruë Sainct-Denis7

Le bonimenteur qui tient ce discours sert dintermédiaire entre deux univers. Le prologue fait passer lassistance du Paris réel à son équivalent imaginaire, que sapprêtent à investir les personnages. Lenjeu est double. Il importe dintégrer les spectateurs dans le spectacle et, réciproquement, dintégrer le spectacle dans un monde urbain. Cet univers urbain est le plus souvent parisien. Vingt-neuf des cinquante-deux pièces que nous avons prises en compte sont situées explicitement dans la capitale.

Il savère que, pour dessiner lespace parisien qui lui sert de cadre, la comédie opère essentiellement par métonymie. Elle choisit de représenter des lieux symptomatiques de la ville pour la convoquer tout entière. Elle livre moins une image ultra-réaliste de lespace urbain quelle nesquisse une silhouette. La littérature procède en loccurrence par suggestion, abréviation, condensation, et la ville comique se confond avec la place publique que prévoyait le dessin de Serlio. Ce carrefour se réduit lui-même à un seuil, cest-à-dire à une interface entre une maison et une rue. Les textes, de fait, évoquent jusquà lobsession des portes que lon ouvre ou que lon ferme. Le comique naît souvent de linsistance forcenée avec laquelle les personnages tambourinent :

symeon. – Ah, malheureux que je suis ! va, fay ouvrir la porte, helas, je creve de deuil !

valere. – Tic, tac, toc.

symeon. – Personne ne dict mot, frappe plus fort.

valere. – Tic, tac, toc.

symeon. – Encore plus fort.

valere. – Toc, toc, toc, toc, toc, ou la chambriere est morte, ou elle sen est allée.

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symeon. – Le malheur se plaist bien en ma ruyne. Frappe tant que tu pourras.

valere. – Toc, toc, toc, or il ny a personne.

symeon. – Ma femme y doit estre, si elle ne tient compagnie à sa fille.

valere. – Voicy, on ouvre8.

Il y a deux types donomatopées récurrentes dans la comédie : les « ha ha ha » qui transcrivent les rires, et les « toc toc toc » qui signalent les coups frappés à la porte. Lunivers comique des années 1550-1610 en vient à résonner de doux « tic toc » ou « tic tac », de fermes « tic toc tac », « tic tac toc », « tic toc toc », « tac tac tac » et « toc toc toc », de pressants « tic tac tic toc », voire de tempétueux « toc, toc, toc, toc, toc ».

Faisons donc le point. La comédie met en scène Paris, singulièrement le quartier latin, lîle de la Cité et le Marais. Chacun de ces quartiers de prédilection est réduit à une rue, qui se résume elle-même aux abords dun logis, que symbolise le plus souvent une porte, laquelle nest souvent évoquée que par les fameux « tic toc tac » et autres « tic tac toc ». La cartographie du genre comique échouerait-elle sur de simples onomatopées ? Au-delà de toute velléité facétieuse, on pourrait laffirmer à condition dajouter que lépure est tout sauf une carence. Dans la comédie, chaque strate spatiale, fût-elle élémentaire, soutient quelque chose qui la déborde. Le pas de la porte trahit la vie dune maison privative, la rue exhibe larmature du quartier tout entier, chaque quartier abrite un microcosme spécifique, lorganisation spatiale de la ville tout entière vaut stratigraphie sociale.

Ce qui doit retenir notre attention, cest que le pivot de ce jeu de poupées russes est bien la porte. Cette porte est tout sauf un espace figé, cest un objet que lon traverse ou auquel on se heurte. Le passage du seuil est gros de péripéties, dhypothèses et dinterprétations. Il constitue à lui seul une dramaturgie :

girard. – Je men vay faire un tour en mon logis pour menquerir de mes gens quest devenu Eustache. La porte est fermée. Jay peur quils soient tous allez à vespres. Tic, toc, tac.

eustache. – Qui est là-bas ?

girard. – Il me semble que jentens sa voix. Tic, toc, tac.

eustache. – Qui est-ce qui frape ainsi ?

girard. – Cest luy sans doute. Dieu soit loué ! Il faut bien dire quil aura trouvé moyen deschapper. Eustache, ouvre-moy !

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eustache. – O mon pere, je ne pensois pas que vous deussiez revenir si tost. Avez-vous disné ? Vous plaist-il pas dentrer9 ?

La porte permet les entrées et les sorties, autorise ou empêche les mouvements. Elle suscite à elle seul des récits. La porte, de surcroît, nest pas un lieu sans qualités mais un espace mental signifiant et axiologiquement marqué : les allusions au fameux « huis » se chargent presquimmanquablement dune valeur érotique.

La porte, une fille concentrée

Dans la comédie humaniste, la porte du logis est le substitut de son occupante et promet le septième ciel. Partons dun exemple circonstancié. À lacte IV des Tromperies de Larivey, le Capitaine et Bracquet trouvent porte close devant la maison de la prostituée Dorothée. Ils sefforcent néanmoins de rentrer. Lacharnement des deux énervés devait donner lieu à force lazzi et déclencher le rire :

le capitaine. – Ne perdons point temps, la porte est fermée, frappe vistement, fay ouvrir.

bracquet. – Tic, toc, hola, qui est leans. [] Que diable font ces femmes, je croy quelles nouvriront jà. [] Ces mocqueries ne me plaisent point avant disner, si jestois vous, je me courroucerois : Hola, tic, toc.

le capitaine. – Tu es un lourdaut, ces jeux sont proprement la salade, ou la saulse damour, tu nentends le mestier.

bracquet. – Je me contenterois dun disner positif sans ceste salade. Je voy bien que lhoste ne nous veut heberger. 

le capitaine. – Que diable est cecy, hola mamour, ne me tenez plus icy en aboy, ouvrez.

bracquet. – Voire, voire, vous lay-je pas bien dit ?

le capitaine. – Vous me mettez en colere, je jetteray la porte par terre, je vous accoustreray le visage à la Mosayque, si menu que ressemblerez à une mappe monde. Frappe deux coups tant que tu pourras.

bracquet. – Tic, tac, prenons party mon maistre, et allons disner en lhostellerie, car lheure de gouster est desja passée.

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le capitaine : Men aller, je ne sçay qui me tient que je ne romps les dents à ces maraudes. Je voudrois veoir qui men oseroit empescher. O Ciel ! approche, mettons lhuys en dedans10.

Le capitaine prend la porte du lupanar pour une muraille et se montre prêt à lenfoncer. Le geste nest pas sans faire penser à un viol, tant la situation est claire : les vicissitudes de la porte fermée ont partie liée avec la « saulce damour ».

L« huys », lesté de son double sens, littéral et figuré, devient donc un point de cristallisation érotique. La porte du logis sert de métonymie autant que de comparant métaphorique en contexte sexuel. Le jeu constitue la facétie centrale de nos pièces. Dans Le Morfondu de Larivey, Lazare choisit de reléguer sa nièce Helaine dans son logis, derrière une porte quil espère inexpugnable, pour parer aux tentations galantes de la rue. Malicieux, le serviteur Lambert sinscrit en faux contre la paranoïa du vieil homme :

lazare : [] Je sçay bien comme je traitte ma niepce. Regarde un peu, la vys-tu jamais ou à la porte, ou à la fenestre, ou sortir dehors, sinon aux dimanches et jours de feste, pour aller oyr une petite messe ? Encore est-elle tousjours de retour devant soleil levé.

lambert : Les femmes ne se laissent pourtant aujourdhuy manier de ceste façon. [] Peut-estre que devant quil soit jour elle fera…

lazare : Quoy ?

lambert : Ce que font les autres : un pertuis dedans un trou.

lazare : Cest bien rencontré ! jay laissé ma servante en la salle et mon laquais à la porte de sa chambre, qui est bien fermée, lesquels, je masseure, feront bonne sentinelle jusquà mon retour11.

La porte de la maison est lanalogon du (beau) sexe. Elle renvoie en lespèce au « pertuis ». Dans la progression chaotique du désir amoureux, elle fonctionne comme signe de la virginité, avatar symbolique de lhymen. Louverture ou bien la fermeture de lhuis deviennent donc le baromètre des relations amoureuses. Les femmes gardent porte close lorsquelles se refusent à leurs amants, elles louvrent quand elles veulent se donner.

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Dès la première scène de LEunuque de Baïf, Fédri se plaint de sêtre vu « refuser » l« entrée » chez la courtisane Thaïs. Face aux dénégations de lintéressée, il regrette que la « porte » ne lui soit guère « ouverte ». Thaïs tentant de se justifier, le valet Parménon relaie lindignation de son maître en usant de lironie : « Damour quon lui porte / Il lui fallait fermer la porte ! » Un acte plus bas, le même Parménon empêche Naton, qui voulait avoir le « plaisir » de l« entrée chez elle » d« ouvrir lhuis de [son] petit doigt ». En labsence de Fédri, Parménon monte une garde sourcilleuse à proximité du logis, commandant à sa propriétaire de « fermer les portes à nullui ». Cest Chéreau qui parvient à franchir la limite dans lintervalle entre les actes II et III : il prend soin de « verrouiller la porte » pour violenter Panfile, la jeune protégée de Thaïs12

La Dorothée des Tromperies de Larivey déplore quant à elle ne pas avoir pu accueillir Constant : « O chetive moy, que je crain que ce pauvre Constant nayt prins en mauvaise part quon luy a fermé lhuys, et que par desespoir il ne me laisse13 ». Ce nest donc pas sans raison que les jaloux craignent de voir les jeunes femmes sur le seuil…

Les huis constituent finalement le cœur battant de la conquête grotesque que met en scène le genre comique.

La porte au cœur du siège
de ville burlesque

La comédie, à la fin de la Renaissance, est lhistoire dune conquête amoureuse – elle se termine par le mariage, alors que la farce met en scène les vicissitudes de la vie conjugale. Le cœur de lintrigue de la comédie, cest de prendre dassaut la demeure de lhéroïne. Or la trame métaphorique directrice du genre rapporte cet assaut à celui dune prise de ville 196fortifiée14. Tous les personnages, notamment masculins, sont décrits et se décrivent comme des combattants. Lenjeu du combat a simplement cessé dêtre héroïque ; il ne sagit plus de prendre des villes, mais de séduire des jeunes filles. Nous avons précédemment signalé le sens général de la représentation de la ville et de celle des jeunes filles dans la comédie. Voici venu le temps de montrer le lien entre ces deux plans.

La conquête amoureuse est assimilée à une conquête militaire et, comme de juste, cest au soldat fanfaron quil revient de donner limpulsion à cette transmutation grotesque de la geste martiale. Le fanfaron des Contens dOdet de Turnèbe, entre autres exemples, répond au nom de Rodomont. Il se glorifie de hauts faits darmes à la « bataille de Moncontour » et à la « rencontre de Jarnac ». Il ne souhaiterait cependant rien tant que de posséder la belle Geneviève, que lui dispute Basile. Et, dans cette entreprise, il confond continûment le métier des armes et la séduction amoureuse :

rodomont. – Il mest advis que je vay maintenant me presenter à quelque breche, la rondache au bras et lestoc au poing. Et quand je pense là où je vay, il me souvient de la prise dIssoire ou de Mastric… Mais amour, qui me conduit sous son estandart, me promet que je demoureray maistre de la place sans effusion de beaucoup de sang, pourveu que je conduise mes troupes en silence, pendant que ceux de dedans ne se doubtent de lembuscade que je leur ay dressée et quils se preparent de se rendre à Basile, sur lequel je raviray aujourdhuy une belle victoire. Jay envoyé mon homme faire une patrouille autour des avenues, et selon le raport quil men fera je jetteray mes gens à la campaigne et feray marcher mes bataillons15.

La majorité des pièces du corpus mettent en œuvre un siège burlesque de ce type. La métaphore poliorcétique, constamment filée, porte le sens profond de la dramaturgie. Tout le sel de la comédie tient au passage de Mars à Vénus. La ville, la maison et le corps féminin sont présentés comme des citadelles assiégées. Soutenue par les personnages masculins et nettement phallocrate, la dynamique de lintrigue revient à percer ces murailles successives. Si on lenvisage sous langle de son imaginaire spatial, la comédie se conçoit ainsi comme une parodie de la 197guerre. Ce nest plus lenceinte de la cité quil sagit de fracturer, mais les « pertuis » des vierges. Dans la logique spatiale de la comédie, les portes simbriquent pour renvoyer à la ville, à la maison ou au sexe de la jeune première. Les pièces jouent fondamentalement dun emboîtement de ces trois échelles.

Lorchestration matérielle du spectacle comique concrétisait dailleurs le principe de la correspondance métonymique entre la porte de la ville, la porte de la maison et le corps des acteurs. Les décors antiques, tels que sen inspirent les humanistes, et tels que les évoque Charles Estienne dans ses traductions de LAndrie et de La Comédie du Sacrifice, articulent une porte de ville et des portes de maison :

Se voyaient certaines portes et entrées de diverses maisons, desquelles saillaient les joueurs et auxquelles se retiraient. [] Vers le meilleu de la scène y avait une grande porte ouverte, faite en forme dentrée de ville, en laquelle entraient les joueurs, quand ils signifiaient vouloir aller ou à la ville, ou au marché, ou aux champs, ou ailleurs que à leurs logis, et de laquelle porte aussi retournaient ou de la ville, ou de quelque autre lieu16.

À la fin du xvie siècle, les portes sont plus que jamais les éléments centraux de ce qui ne sappelle pas encore la scénographie. Le système des décors dits à « compartiments » exhibe la logique de limbrication des limites17.

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Quoi quil en soit, le point dapplication de laction est invariable : il sagit de franchir une porte équivoque. Sur le champ de bataille grotesque quest la rue, prendre femme, cest semparer de sa demeure, donc passer son « huis ». Les portes concentrent la concupiscence et lénergie guerrière des jeunes premiers. Instrument dinclusion et dexclusion, elles dessinent une frontière à transgresser ou à défendre – cest selon. Elles définissent la ligne de front, lenjeu des combats18. Frères, pères et tuteurs espèrent que lhonneur des jeunes filles sera sauvé par le gond. Toute lintrigue de la comédie revient à décevoir cette certitude.

L« huis », pivot de la dramaturgie, devient le prétexte dune multitude de jeux de mots grivois, qui masquent autant quils révèlent le soubassement sexuel de lintrigue.

Les équivoques facétieuses

Au cours du siège parodique, cest aux domestiques quincombe le rôle ingrat de vigile ou despion. Laissons-leur donc lhonneur douvrir le feu des sous-entendus. À lacte IV de La Trésorière, le valet Richard raconte comment il a vu le Protenotaire « entrer dedans » le logis de Constante, et comment cette dernière « la reçu ». À ce déplacement succède un « baiser ». Lensemble « montre assez laffection de lamoureuse passion », assure le narrateur19.

Cependant, au-delà des serviteurs, tous les personnages de la comédie, notamment les jeunes premiers, font bourgeonner les plaisanteries. À lacte II des Esbahis, le vieux tousseux Josse est décrit ironiquement comme « frisque et gaillard, / Devant lhuis du sire Gérard, / Faisant 199lamour20 ». Au dernier acte du Négromant, au moment où doivent être conclus les mariages, Cynthien reste introuvable. Maxime révèle quil est « entré secrètement par lhuis de derrière en la maison » de Lavinie21… Vincent quant à lui, jeune premier des Jaloux, conquiert sans difficultés excessives la belle Magdelaine. Après avoir passé les murs de son logis, il « frappe contre [sa] porte deux petitz coups avec la pointe du doigt », et il « luy fut ouvert22 ». Les Escolliers, la sixième des « comédies facétieuses » publiées par Larivey en 1579, persévère dans la double entente. À Hippolite, qui sapprête à pénétrer dans le logis de la belle Susanne, Nicolas livre cette ultime recommandation : « Passez vistement, et fermez lhuys23 ». Au médecin Theodore, que sa femme Lucresse a trompé en son absence, le valet Luquain se permet de donner ce conseil : « Vous devriez bien fermer vos portes, principalement le soir24 ».

Revenons à Odet de Turnèbe. À lacte I des Contens, Geneviève redoute de « faire entrer Basile en [sa] maison » et de « faire brèche à [son] honneur ». Lentremetteuse Françoise parvient à dissiper les craintes de la jeune fille en détournant quelques maximes bibliques : « La demande de Basile, qui vous ayme de si bon amour, est sainte, juste et raisonnable. Vous avez ouy dire souvent à vostre confesseur, comme je croy, quil faut aymer son prochain comme soy-mesme ». Rapidement convaincue par ce sermon fort peu catholique, Geneviève se laisse tenter. Avant de séclipser, Françoise lui suggère de « laisser [sa] porte entrouverte25 »… À lacte III, la vieille Louise surprend les ébats de sa fille. Elle sétonne dabord, à lentrée dans son domicile, de trouver « la porte ouverte » et craint que des « larrons [soient] venus pendant [son] absence ». Le larcin a bien eu lieu, la maîtresse du logis raconte comment elle la découvert : 200« Je me suis mise à regarder par le trou de la serrure de lhuis. Mais je ny ay veu quun larron qui voloit lhonneur de ma fille et le mien26 »… Louise est spectatrice de jeux sexuels qui, pour le spectateur, restent confinés dans le hors scène. Nous accédons par le récit de la mère possessive à cette vision dun Basile « volant lhonneur » de Geneviève. Le dispositif dramatique en forme de « trou de la serrure de lhuis » fait de nous des voyeurs de second rang.

À lacte II des Néapolitaines, Augustin explique à son valet Loys quAngélique a été, sinon violée, du moins contrainte par lEspagnol Dom Dieghos. Le valet commente la révélation en filant la métaphore spatiale : « Le chemin est frayé et bien hanté » ; puis : « Pour peu dentrée que les Espagnols ayent en une maison, ils sen font à la fin maistres, si on leur permet27 ». À lacte III, cest néanmoins Augustin qui brûle la politesse à Dieghos auprès dAngélique. LEspagnol se présente devant le domicile de la jeune femme, il dit vouloir « hurter à la porte » et louvrir de son « passe-partout ». Peine perdue : Augustin la devancé à lintérieur de la maison, dont il a trouvé l« huis ouvert par fortune28 »…

À lacte I des Tromperies, la maquerelle Gillette subordonne lentrée dans son lupanar à la solvabilité des clients. Pour sadonner aux plaisirs, il faut de largent. Constant se montre récalcitrant :

constant. – Et si je nen ai point ?

gillette. – Demeure à lhuys, et conte les chevilles.

constant. – Ne ten ai-je pas donné tandis que jen ay eu ?

gillette. – La porte ne ta-elle pas esté ouverte tandis que tu en avois ?

constant. – Je ten donneray quand jen auray, que veux-tu davantage ?

gillette. – Je touvriray quand tu en auras, que veux-tu davantage29 ?

Limaginaire spatial que projette léchange stichomythique a beau rester au stade de leuphémisme, le sens grivois est transparent.

Dans les Corrivaux de Troterel, la porte de la maison de Clorette apparaît toujours fort ambiguë. À lacte II, le valet Almérin drogue son maître Brillant avant de se substituer à lui auprès de la protagoniste. Il signale son entrée dans la demeure de la jeune femme dune 201notation trop équivoque pour être tout à fait honnête : « Je men vay gratter doucement à la porte ». Almérin parvient à donner le change à la jeune fille, qui lui enjoint de « [se] mettre en [sa] place » au plus vite30… Mais le maître Brillant est de retour à lacte III. Il déplore davoir dormi au lieu dhonorer le rendez-vous initialement prévu avec la belle. Clorette sétonne, rapporte à son amant quil a bel et bien « tabouré trois coups à [sa] porte », rappelle quelle sest alors « levée du lict, ouvrant tout bellement/ [Son] huis bien tourillé ». Brillant salarme de ce compte rendu, mais Clorette se sort du mauvais pas : laction rebondit rapidement, les deux amoureux sont repérés en train de s« enfiller31 ». Cest cette fois-ci le père de la jeune fille quil faut abuser. On accuse Brillant dêtre « venu se coucher finement avec elle, / Après avoir ouvert avecques son couteau / [L]huis, qui nestoit clos quavecques un coipeau32 ».

Refermons le florilège, qui est très loin dêtre dexhaustif. Ce qui est constamment en jeu dans le genre comique, cest, pour reprendre le mot dun des valets des Contens, « lentrée et la sortie33 ».

Jean Serroy, dans un article de 1996, a montré limportance dramatique de la porte dans LÉcole des femmes, en sattachant à signaler sa signification grivoise. Cependant, il suggérait que Molière inaugurait ce jeu de mots et, de la sorte, inventait une nouvelle forme de comédie34. Cette conclusion faisait peu de cas du théâtre du xvie siècle. Molière sinscrit dans le fil dune tradition éprouvée. Uranie, personnage central de La Critique de lÉcole des femmes (1663), estime, certes au nom des laquais du parterre, que les spectateurs de la comédie sont « plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps » (scène 3). Le lecteur 202que sollicite la comédie antérieure à Molière anticipe à bien des égards celui que convoque LÉcole des femmes. La plaisanterie que nous avons étudiée a beau préserver en apparence la décence, elle nen ouvre pas moins la porte à bien des équivoques. Les comédies des années 1550-1650 sont émaillées de ce que Pierre Le Loyer, dans lavertissement « au docte et benevole lecteur » qui précède La Néphélococugie (1579), appelle des « parolles ambigues et à deux ententes35 ». Lévocation des huis concentre lessentiel de ce comique gaillard.

Dans sa thèse, Vincent Dupuis montre que la tragédie est un genre féminin. Contrairement à ce que peuvent laisser accroire certaines interprétations36, la comédie est au contraire un genre masculin et même machiste. Elle intéresse le féminisme par là-même : proposer une lecture critique de ce corpus apporte une contribution originale à la déconstruction du phallocentrisme.

La référence à la porte constitue la facétie matricielle de la comédie et ne se réduit jamais à un pur jeu verbal. Lallusion doit être rapportée à ses fondements anthropologiques. On a vu en premier lieu que lhuis représente une ville par synecdoque. Les coups frappés à la porte constituent un rituel hautement signifiant, qui relève dun système bourgeois et urbain37. On a établi ensuite que lhuis, parce quil dessine un espace symbolique, renvoie à la jeune première qui est lobjet de toutes les convoitises masculines dans le déroulement de lintrigue. Lassociation de lespace citadin et du personnage féminin fonde le schème narratif de la conquête parodique que nous avons exploré dans un troisième temps. Ces éléments successifs nous autorisent à résumer la logique du théâtre comique du xvie siècle dune formule : la comédie, cest lart denfoncer des portes fermées et de découvrir que certaines ont été indûment ouvertes…

203

À ta mémoire, Vincent, que ta journée détude ma révélé comme un jumeau en lesprit : le 30 mai 2015, nous découvrions, avec un amusement partagé, que nous avions effectué nos thèses pendant les mêmes années et sur des sujets symétriques, que nous les avions soutenues le même mois, que nous nous apprêtions à les publier chez le même éditeur…

Adieu, cousin canadien.

Goulven Oiry

Université Paris-Diderot – Paris 7
(CÉRILAC)

1 M. Lazard, La Comédie humaniste du xvie siècle et ses personnages, Paris, PUF, 1978, p. 19.

2 Ce travail sadosse à notre thèse, laquelle porte sur les comédies françaises des années 1550-1650. Cet article synthétise une partie de ses conclusions et vaut pour les comédies suivantes (que nous classons selon les dates de première publication) : LAndrie (1542) et La Comédie du Sacrifice (1543) de Charles Estienne ; La Trésorière et Les Esbahis de Jacques Grévin (1561) ; LEunuque (1565) et Le Brave (1573) de Jean-Antoine de Baïf ; Le Négromant et Les Corrivaus de Jean de La Taille (1573) ; LEugène dÉtienne Jodelle (1574) ; La Reconnue de Rémy Belleau (1578) ; Le Laquais, La Veuve, Les Esprits, Le Morfondu, Les Jaloux et Les Escolliers de Pierre de Larivey (1579) ; La Néphélococugie ou La Nuée des cocus de Pierre Le Loyer (1579) ; Les Néapolitaines de François dAmboise (1584) ; Les Contens dOdet de Turnèbe (1584) ; Les Escoliers de François Perrin (1589) ; Les Desguisez de Jean Godard (1594) ; La Constance, Le Fidèle et Les Tromperies de Pierre de Larivey (1611) ; Les Corrivaux de Pierre Troterel (1612).

3 La tradition critique est unanime à constater que la première comédie humaniste ne se dissocie que problématiquement de la farce : voir notamment J.-Cl. Ternaux, « La comédie humaniste et la farce : La Trésorière de Grévin », Seizième Siècle, 6, 2010, p. 77-93 ; Ch. Mazouer, Le Théâtre français de la Renaissance, Paris, Champion, 2002, p. 313 ; et M. Freeman, « Hearty Laugh and Polite Smiles. The Evolution of the Comic Theatre in Sixteenth-Century France », Origini della commedia nellEuropa del Cinquecento, actes du colloque de Rome tenu du 30 septembre au 3 octobre 1993, éd. M. Chiabo et F. Doglio, Rome, Centro studi sul teatro medioevale e rinascimentale, 1994, p. 131-144.

4 Les humanistes français lisent non seulement les dramaturges, mais aussi les architectes transalpins. Jean Martin donne à lire Le Premier livre darchitecture et le Second livre de perspective de Serlio en 1545, puis lArchitecture, ou Art de bien bastir de Vitruve en 1547.

5 Vitruve, De Architectura, Livre V, chapitre vi, trad. Cl. Perrault revue par A. Dalmas, Paris, Balland, 1979, p. 167.

6 Voir le croquis de la scena comica à ladresse : http://www.examenapium.it/aams/s02serlio-comica.jpg.

7 François dAmboise, Les Néapolitaines, « Prologue ou avant-jeu », éd. H. Spiegel, Heidelberg, Carl Winter Universitätsverlag, « Beiträge zur neueren Literaturgeschichte », 1977, p. 17.

8 Pierre de Larivey, Le Laquais, IV, 3, éd. M. Lazard et L. Zilli, Paris, Société des Textes Français Modernes, diff. Nizet, 1987, p. 184-185.

9 Odet de Turnèbe, Les Contens, IV, 5, éd. N. B. Spector complétée par R. Aulotte, Paris, Société des Textes Français Modernes, diff. Didier, 1964, p. 106.

10 Pierre de Larivey, Les Tromperies, IV, 1, éd. K. Cameron et P. Wright, Exeter, University of Exeter Press, Textes Littéraires, C, 1997, p. 57-58.

11 Pierre de Larivey, Le Morfondu, III, 5, éd. E. L. N. Viollet-le-Duc, dans Ancien Théâtre François ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusquà Corneille, Paris, Pierre Jannet (Bibliothèque elzévirienne, 1), t. V, 1855 ; Millwood, N. Y., Kraus Reprint, 1982, p. 345-346.

12 Voir Jean-Antoine de Baïf, LEunuque, éd. S. Maser, dans La Comédie à lépoque dHenri II et de Charles IX. 1564-1573 [Théâtre français de la Renaissance, Première Série. Vol. 8], Florence, Olschki ; Paris, Presses Universitaires de France, 1996, successivement I, 1, p. 193 ; II, 2, p. 207 ; III, 2, p. 222 ; III, 5, p. 231.

13 Larivey, Les Tromperies, II, 1, éd. Cameron et Wright, p. 25.

14 La métaphore qui fait de la conquête amoureuse une conquête guerrière et dune femme une place-forte à prendre nest pas nouvelle : elle est modulée notamment par la poésie ovidienne ou pétrarquiste. Cependant, elle joue dune façon bien différente dans la comédie humaniste, dont elle constitue de surcroît la trame centrale et emblématique – ce qui avait échappé à la critique et ce que montre notre thèse.

15 Turnèbe, Les Contens, III, 2, éd. Spector et Aulotte, p. 95-96.

16 Charles Estienne, LAndrie, « Épître du translateur au lecteur, en laquelle est déclarée la manière que les anciens ont observée en leurs comédies », éd. L. Zilli, dans La Comédie à lépoque dHenri II et de Charles IX. 1541-1554 [Théâtre français de la Renaissance, Première série, vol. 6], Florence, Olschki ; Paris, Presses Universitaires de France, 1994, p. 33-34. L« Épître du traducteur à Monseigneur le Dauphin de France : déclarative de la manière que tenaient les anciens, tant à la composition du jeu quà lappareil de leurs comédies » de La Comédie du Sacrifice, du même Charles Estienne, avance des termes comparables pour décrire lorganisation spatiale du théâtre à lantique.

17 Cest aussi ce que laisse entendre l« introduction » de P. Pasquier dans son éd. du Mémoire de Mahelot, Paris, Champion (coll. « Sources classiques », 58), 2005, p. 81 : « Les rideaux de chambre servaient à dévoiler lintérieur dun compartiment du dispositif scénographique quand laction de la pièce représentée allait sy dérouler, puis à voiler celui-ci quand laction se poursuivait dans lespace vide ou dans une autre chambre. Dun seul tenant ou à deux panneaux, ces rideaux étaient sans doute peints de manière à figurer, dans leur extension maximale, lextérieur de lélément figuré par la chambre, le plus souvent la façade dun édifice. Cest, en tout cas, ce que suggère une allusion faite par labbé dAubignac dans la seconde dissertation du Térence justifié publiée en 1656, à ces “rideaux quun (fait) aller et venir, pour faire et défaire subtilement les murailles” ». Le seul jugement de P. Pasquier qui nous semble contestable, cest laffirmation selon laquelle à l« intrigue comique » correspondraient une « logique de lextériorité » et un « refus de laction intérieure » (p. 169) : on voit que la comédie ne tire pas moins profit de larticulation extérieur/intérieur que les genres tragique, tragi-comique ou pastoral.

18 Voir sur ce point D. Roussel, Violences et passions dans le Paris de la Renaissance, Seyssel, Champ Vallon (coll. « Époques »), 2012, p. 209 : « Espace de transition entre le logis et la rue, le seuil de la porte principale du logis apparaît comme un lieu majeur de la violence : à lui seul il représente, à léchelle de la maison, un quart des homicides pardonnés et 41,5 % des violences enregistrées par la justice de Saint-Germain-des-Prés ».

19 Jacques Grévin, La Trésorière, IV, 1, éd. C. Douël DellAgnola, dans La Comédie à lépoque dHenri II et de Charles IX. 1561-1568 [Théâtre français de la Renaissance, Première Série. Vol. 7], Florence, Olschki ; Paris, Presses Universitaires de France, 1995, p. 57.

20 Jacques Grévin, Les Esbahis, II, 3, éd. C. Douël DellAgnola, dans La Comédie à lépoque dHenri II et de Charles IX. 1561-1568 [Théâtre français de la Renaissance, Première Série. Vol. 7], Florence, Olschki ; Paris, Presses Universitaires de France, 1995, p. 118.

21 Jean de La Taille, Le Négromant, V, 4, éd. F. Rigolot, dans La Comédie à lépoque dHenri II et de Charles IX. 1566-1573 [Théâtre français de la Renaissance, Première Série. Vol. 9], Florence, Olschki ; Paris, Presses Universitaires de France, 1997, p. 207.

22 Pierre de Larivey, Les Jaloux, Gotard à Richard, IV, 2, éd. E. L. N. Viollet-le-Duc, dans Ancien Théâtre François ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusquà Corneille, Paris, Pierre Jannet (Bibliothèque elzévirienne, 1), t. VI, 1855 ; Millwood, N. Y., Kraus Reprint, 1982, p. 59.

23 Pierre de Larivey, Les Escolliers, III, 3, éd. E. L. N. Viollet-le-Duc, dans Ancien Théâtre François [], t. VI, p. 137.

24 Larivey, Les Escolliers, V, 6, éd. Viollet-le-Duc, p. 177.

25 Turnèbe, Les Contens, I, 7, éd. Spector et Aulotte, p. 36-38.

26 Turnèbe, Les Contens, III, 7, éd. Spector et Aulotte, p. 82-83.

27 Amboise, Les Néapolitaines, II, 8, éd. Spiegel, p. 48-49.

28 Amboise, Les Néapolitaines, III, 6, éd. Spiegel, p. 57-58.

29 Larivey, Les Tromperies, I, 1, éd. Cameron et Wright, p. 9.

30 Pierre Troterel, Les Corrivaux, II, 4, éd. E. L. N. Viollet-le-Duc, dans Ancien Théâtre françois ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusquà Corneille, Paris, Plon (Bibliothèque elzévirienne, 1), t. VIII, 1856, p. 263.

31 Troterel, Les Corrivaux, III, 3, éd. Viollet-le-Duc, p. 277.

32 Troterel, Les Corrivaux, IV, 2, éd. Viollet-le-Duc, p. 284.

33 « Geneviève : Je crains que quelcun de nos voisins ne le [Basile] voye entrer ou sortir. Nivelet : La pauvre fille ! Elle na peur que de lentrée et de la sortie, car elle seroit bien aise quil fust tousjours dedans » (Turnèbe, Les Contens, I, 7, éd. Spector et Aulotte, p. 35).

34 Voir J. Serroy, « De LÉcole des femmes à Britannicus. Il faut quune porte soit ouverte ou fermée », Littérature classiques, 27, 1996, p. 65 : « Touchant aux grand sentiments et aux grandes questions, Molière transforme la nature même de la comédie : le moindre jeu de scène, le plus petit accessoire peut ainsi se charger chez lui dune profondeur dramatique insoupçonnée, qui ouvre à la scène comique le champ le plus large ».

35 Pierre Le Loyer, La Néphélococugie ou La Nuée des cocus, « Au docte et benevole lecteur », éd. M. Doe et K. Cameron, Genève, Droz (coll. « Textes Littéraires Français », 570), 2004, p. 75. Ces « circonlocutions » permettent, ajoute lauteur, de « se gaudir » mais avec « respect ». Seule lobscénité ouverte est répréhensible.

36 Voir notamment M. Lazard, La Comédie humaniste du xvie siècle et ses personnages, passim.

37 La porte renvoie à linscription dune propriété. Il ny a pas de porte dans le monde paysan, où les maisons sont fragiles. Il ny a pas de porte dans un château-fort (le pont-levis passé). Il y a certes des portes dans les palais de tragédie, mais elles ont une signification politique qui les distingue des portes de la comédie (voir le commentaire de J. Serroy sur Britannicus dans lart. cité supra).