Skip to content

Classiques Garnier

Le corps éloquent du roi Henri III et l’école pathétique du théâtre tragique de Robert Garnier

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2016 – 2, n° 32
    . varia
  • Author: La Charité (Claude)
  • Abstract: Henri III is, among French kings, one of the most concerned with the power of eloquence, especially with actio or body eloquence, trained by several treatises by humanists, in particular Rhetorique françoyse (1579-1580) dedicated to the king by Germain Forget. The originality of this treatise lies in its quotations taken from Robert Garnier’s contemporary theatre. His plays are in fact a school of eloquence and gestures for the king.
  • Pages: 49 to 64
  • Journal: Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406067450
  • ISBN: 978-2-406-06745-0
  • ISSN: 2273-0893
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06745-0.p.0049
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 01-28-2017
  • Periodicity: Biannual
  • Language: French
49

Le corps éloquent du roi Henri III
et lécole pathétique du théâtre tragique de Robert Garnier

Pour lhistoire de la rhétorique à la Renaissance, Henri III offre un cas détude très intéressant, dans la mesure où il fut sans doute le plus éloquent des monarques de lAncien Régime, le brio oratoire ne lempêchant pas cependant dêtre dune impuissance politique presque complète en raison du contexte particulier de son règne1. Le dernier des Valois incarne à merveille un certain idéal humaniste, celui de la toute-puissance de la parole éloquente. Lapparente simplicité des traités de rhétorique écrits à son usage donne faussement à penser que le mystère de léloquence pourrait se résumer à un catalogue de procédés de style, ce que Gérard Genette a pu appeler, par un anachronisme flagrant, une « rhétorique restreinte2 » coupée de sa dimension argumentative et réduite aux « fleurs de rhétorique ». Or, les précepteurs de Henri III en matière rhétorique nont de cesse dentretenir une légitime méfiance par rapport aux lois, préceptes et prescriptions, à commencer par Du Perron, auteur dun traité à lusage de Henri III et lun des plus grands 50orateurs de son règne, capable de convaincre indifféremment de lexistence et de linexistence de Dieu à une époque peu sujette à plaisanter sur la question3. Dans ses Perroniana, lhumaniste doute de la possibilité denseigner la rhétorique, que lon ne saurait réduire à une recette que naurait ensuite quà appliquer lorateur, sans avoir à exercer son « jugement4 ». Au reste, Germain Forget se montre toujours soucieux dassocier théorie et exercitatio ou, comme il le dit lui-même, « de reduire le tout en pratique5 ». À cet égard, le recours de cet auteur au théâtre de Garnier se révèle précieux pour remédier aux limites de la théorie, en ce que de tels exemples suggèrent toujours plus que ce quils servent à illustrer. En outre, le choix de Forget de puiser ses exemples dans un genre précis, le théâtre tragique, et un auteur particulier, Robert Garnier, a une incidence sur la nature sentencieuse et la thématique du sacrifice omniprésentes dans le traité de Forget à lusage du roi.

Les témoignages sur léloquence du roi sont à la fois nombreux et concordants, doù quils émanent et cela même si lon peut se méfier légitimement de la flagornerie qui entoure la personne royale en régime monarchique. Lun des témoignages les plus enthousiastes et les plus détaillés est celui de Guilllaume de Taix, député du clergé aux États Généraux de 1576 à Blois :

Le roi fit la plus belle et docte harangue qui fût jamais ouïe, non pas dun roi, mais je dis dun des meilleurs orateurs du monde, et en telle grace, telle assurance, telle gravité et douceur à la prononcer, quil tira les larmes des yeux à plusieurs, du nombre desquels je ne me veux exemter, car je sentis à la voix de ce prince tant démotion en mon ame, quil falloit malgré moi que les larmes en rendissent témoignage6.

Ce jugement est précieux en ce quil nous renseigne sur lefficacité de léloquence du roi qui tient, daprès ce témoin, à son aptitude à faire ressentir les passions éprouvées par lorateur, en jouant sur ce que la 51tradition aristotélicienne appelle le pathos, le député pleurant à chaudes larmes les malheurs des guerres civiles si fortement éprouvés par le roi qui nhésite pas, lui non plus, à recourir au besoin aux larmes, comme la bien montré Xavier Le Person7. Ce témoignage favorable est certes le fait dun homme acquis à la cause du roi. Mais dautres témoins, franchement plus hostiles ou dont lopinion est plus mitigée à légard du dernier Valois, reconnaissent également ce qui semble faire consensus auprès des contemporains, à savoir léloquence de ce roi « bien disant », pour emprunter les termes dAgrippa dAubigné8 qui, au reste, ne trouve jamais de termes assez durs pour condamner Henri III. De même, Pierre de lEstoile9, se montrant souvent très critique à légard du monarque dans son journal, est contraint de reconnaître lévidence à propos de lefficace rhétorique dont le monarque fait montre aux États Généraux de 1588, lorsquil note avec une insistance particulière leffet produit par les accusations de lèse-majesté sur le duc de Guise, qui perd contenance et qui, du même coup, se révèle en proie au pathos mis en œuvre par lorateur royal.

Or, cet orateur-né semble exercer son talent oratoire essentiellement dans lactio ou la mise en geste et en voix du discours, en un mot dans léloquence du corps, si lon en juge daprès la lettre quAlfonso Giananelli adresse à Alfonso II dEste le 6 décembre 1576 et dans laquelle le témoin de son apothéose oratoire fait remarquer quil est impossible de rendre compte de léloquence du roi, puisque la version écrite ne saurait rendre justice à leffet produit10. En somme, les contemporains reconnaissent en Henri III un maître du pathos et de lactio.

Lors de son court règne de janvier à juin 1574, le roi dut sans cesse recourir au truchement des humanistes de sa cour, faute de maîtriser le latin, langue officielle de la république aristocratique de Pologne-Lituanie. 52Avant même daccéder au trône de France, le futur Henri III écrira à Pibrac pour lui demander une formation oratoire digne de ce nom11. Pour autant que lon sache, cette formation rhétorique ne sera pas dispensée avant les dernières séances de léphémère Académie du Palais, au cours de lété 157912. De ces leçons de rhétorique ont été conservées trois institutions oratoires à lusage du roi qui sont la réécriture de discours académiques prononcés respectivement par Jacques Davy Du Perron, Jacques Amyot et Germain Forget13.

La Rhétorique de Germain Forget
et les exemples tirés du théâtre tragique
de Robert Garnier

La Rhetorique françoise faicte particulierement pour le Roy Henry III conclut la série de leçons sur léloquence en proposant ce quAmyot, dans le discours précédent, appelait « un livre à part de ces figures et ornements doraison, avec exemples14 ». De fait, alors que Du Perron résumait la 53tradition latine en posant la question de la pertinence de la rhétorique en contexte monarchique et quAmyot théorisait la pratique royale de léloquence à la lumière de la tradition grecque, Germain Forget, quant à lui, donne des exemples précis susceptibles de nourrir limitation et lexercitatio du roi, dans le prolongement de la tradition, inaugurée par Pierre Ramus, dune rhétorique centrée sur lélocution et laction, dont le projet remontait à Philippe Melanchthon et Rodolphe Agricola15. La réforme ramiste de la rhétorique a consisté à repenser les liens entre rhétorique et dialectique, en retirant à la rhétorique linvention et la disposition pour les confier à la dialectique, si bien que, pour Ramus, seules lélocution et laction font partie de la rhétorique proprement dite. Lessentiel du traité de Forget est constitué par le classement, la description et lillustration des tropes et figures. Or, dans cette section, linfluence, sinon la dépendance à légard de la Rhetorica (1548) dOmer Talon et de la Rhetorique françoise (1555) dAntoine Fouquelin est évidente, si bien que lon peut comprendre le titre du traité, Rhetorique françoise faicte particulierement pour le roy Henry 3, comme la simple adaptation de la rhétorique ramiste au destinataire royal.

Germain Forget cite abondamment Robert Garnier qui fournit 30 des 63 illustrations des différents tropes et figures. Or, ce recours à Garnier constitue alors une nouveauté. Non pas parce que Forget donne des exemples des différents procédés de style. De ce point de vue, il avait été devancé par Fouquelin qui, dans sa Rhetorique françoise, traduction vernaculaire de la Rhetorica de Talon, puisait déjà largement ses exemples chez les poètes contemporains de la Pléiade, comme Ronsard, Du Bellay et Belleau, ou chez des écrivains de la génération précédente comme Marot. Forget suit en fait une tendance forte de la Renaissance qui affectionne particulièrement les illustrations, les citations et les exemples tirés de la meilleure littérature, en particulier en langue vulgaire. Ce qui constitue la nouveauté chez Forget, cest le fait que, parmi les exemples en langue vernaculaire, il puise à une seule source, le théâtre de Robert Garnier, et que, dans la multitude des genres et des formes littéraires qui soffraient à lui, il ait choisi de se cantonner et de se limiter au théâtre tragique, ce qui nest pas sans incidence sur limportance dévolue au style sentencieux et à la thématique du sacrifice, 54comme nous le verrons dans la suite. Cet exemple de réception précoce de Garnier au début de la décennie 1580 ira en samplifiant par la suite, le poète tragique figurant de façon récurrente aux côtés de Desportes, puis de Malherbe dans les traités de poétique et de rhétorique de la fin du xvie siècle et du début du xviie siècle.

Avant détudier les citations tirées des pièces de Garnier, il faut évoquer les autres exemples donnés par Forget, dont seuls deux sont attribués explicitement ou implicitement à des auteurs connus. Dans un cas, il sagit du poète latin Horace et, dans lautre, de Philippe Desportes, le favori du roi. À part Horace et Desportes, on trouve, dans tous les autres cas, des exemples en prose qui semblent de la plume du rhétoricien. Ce ne sont donc pas des exemples littéraires, faisant partie dun canon quelconque, dont le roi aurait une connaissance antérieure. Dans presque tous les cas, il sagit dexemples réutilisables tels quels par lorateur royal, à linstar des Modèles de phrases de Pontus de Tyard, étudiés par Eva Kushner, ou des Formulæ oratoria Gallice récemment mises à jour par François Rouget16. Ainsi, pour illustrer la prosopopée, Forget laisse clairement transparaître ses convictions ligueuses :

Si vous autres princes qui furent si fam[e]us jadis, si devots, revenoint maintenant ; si ce bon S. Louys retournoit en sa France, quil seroit estonné de la voir heretique, de voir nos temples razés, nos monasteres embrazés, nos saints autels polus et contaminés, nos saints ornements profanés, que penseroit il, que diroit il, quel estonnement auroit il. Il mest advis que jentens ses propres [paroles] : Helas ! ma Frence, que tu es en miserable estat, que tu as bien changé de condition ; je tay vuë reluire en pieté et religion sur toutes les nations du monde, tu estois lexemplaire de sainte[] a tous peuples voisins, et maintenant tu as chassé Je[s]ucript ; et jay tant de fois gerroyé les payens, ay fondé tent de maisons de devotion, basti tant de sompt[u]eus temples, achepté si cherement les outils sacrés de notre redemption pour les abattre, detruire et profaner17.

55

Voyons maintenant pourquoi le théâtre de Garnier constitue, à côté des illustrations du cru de lauteur, la source principale des exemples de cette rhétorique royale. Évidemment, une telle question suppose une réponse en plusieurs points. Dabord, il convient de remarquer que seules six des huit pièces de Garnier sont citées dans la Rhetorique de Forget. Cet élément, loin dêtre anodin, est lun des principaux indices de critique interne qui permet de proposer une datation probable de la rédaction de ce traité, vers la fin de 1579 ou au début de 1580, car toutes les citations sont extraites de pièces publiées au plus tard en 1580. On ne trouve ainsi aucune citation de Bradamante (1582) ou des Juifves (1583). Sur les trente citations tirées de Garnier, onze sont dAntigone (1580), six dHippolyte (1573), cinq de Cornelie (1574), trois de Marc Antoine (1578), trois de Porcie (1568) et deux de La Troade (1579). On trouve un certain nombre de variantes significatives par rapport au texte connu et imprimé des tragédies de Garnier. Il arrive que Forget abrège les passages cités et quil soit obligé de retoucher les vers pour quils aient une cohérence syntaxique ou rythmique. Cest le cas de lexemple de métaphore tiré de Porcie (acte I) :

Passage cité par Germain Forget

Passage équivalent
dans lédition de 1580 des Tragédies

Les edifices orguelleus

Voisinent les voutes des cieux (RF, p. 20)

Les edifices orgueilleux

Voisinant le ciel de leurs testesi

i.Les Tragedies de Robert Garnier Conseiller du Roy et de Monseigneur frere unique de sa Majesté, Lieutenant general Criminel au siege Presidial et Senechaussee du Maine. Nouvellement revues et corrigees, Paris, Mamert Patisson, 1580, fol. 4r. Désormais, à lexception dAntigone, toutes les références au théâtre de Garnier renverront à cette édition et seront précisées entre parenthèses dans le corps du texte, précédées du sigle TG.

De lexemple de la synecdoque de la partie pour le tout, tiré dAntigone (acte I) :

Passage cité par Germain Forget

Passage équivalent
dans lédition de 1580 des Tragédies

Que pouriés vous soufrir sur lAcheron estant (RF, p. 22)

Ne souffrez vous autant

Que vous pourriez souffrir sur lAcheron estantii ?

ii.Antigone ou la Pieté, Tragedie de Robert Garnier conseiller du Roy et de Monseigneur frere unique de sa Majesté, Lieutenant general Criminel au siege Presidial et Senechaussee du Mayne, Paris, Mamert Patisson, 1580, fol. 4r.

56

Ou, encore, de la longue citation illustrant le procédé de laccroissement ou augmentation, tirée de Marc Antoine (acte II) :

Passage cité par Germain Forget

Passage équivalent dans lédition de 1580 des Tragédies

Si lorsquAnthoine orné de grandeur et de gloire,

Menoit ses legions dedans lEufrate boire,

Si lorsquAntoine, orné de grandeur et de gloire,

Menoit ses legions dedans lEuphrate boire,

Suivy de tant de Rois, que son nom redouté

Selevoit trionfant jusques au ciel vouté,

Quil alloit disposant, maistre à sa fantasie,

Et du bien de la Grece et du bien de lAsie,

En son flatteus bonheur je leusse esté changer,

Pour Cæsar lon eust dit mon cœur estre leger,

Infidelle, inconstant ; mais ore que loraige,

Que les vents impesteus luy donnent au visage,

Et quen un tel bon-heur se leusse esté changer

Pour Cesar, lon eust dit mon cœur estre leger,

Infidelle, inconstant : mais ore que lorage,

Que les vens tempesteus luy donnent au visage

Ja ja prest dabysmer, helas ! que diroit-on,

Que diroit-il luymesme au logis de Pluton,

Si moy quil a tousjours plus aimé que soymesme,

Si moy qui fus son cœur, qui fus son ame mesme,

Si je labandonnois, et possible sen [sic] fruit

Pour flatter lachement Cæsar qui le poursuit,

Je ne serois volage, inconstante, infidelle,

Ains parjure, meschante et traistrement cruelle. (RF, p. 35)

Le quittois, lestrangeois, et possible sans fruict,

Pour flater laschement Cesar qui le destruit ?

Je ne serois volage, inconstante, infidelle,

Ains meschante, parjure et traistrement cruelle.

(TG, fol. 133r-v)

Les variantes que propose la Rhetorique de Forget sont explicables par le fait quil sagit dun texte écrit par un copiste sous la dictée, d57un certain nombre de fautes dues à une compréhension approximative, comme dans lexemple de la figure de mot où les verbes étendre et entendre sont confondus (Cornelie, acte III) :

Passage cité par Germain Forget

Passage équivalent dans lédition de 1580 des Tragédies

Puis jentendi le cors que le devorant feu

Cracquetant et breulant devora peu a peu (RF, p. 24)

Puis jestendi le corps, que le consommant feu

Craquetant et bluettant devora peu à peu (TG, fol. 101r)

Les tragédies de Garnier,
un théâtre oratoire et une école dactio

Comme dans le cas de Desportes, le choix de Garnier comme réservoir dexemples est motivé par la volonté dadapter le contenu au destinataire royal. Plusieurs indices, dans le traité, suggèrent en effet la connaissance intime que Henri III avait du théâtre tragique de Garnier. Dabord, Forget se permet de renvoyer aux pièces de Garnier sans jamais citer explicitement le nom de leur auteur, sauf en un endroit où, à propos de lexclamation, le poète tragique est désigné par son patronyme : « Garnier » (RF, p. 30). De manière plus évidente, il se trouve des occurrences où Forget renvoie à un acte, en général, sans citer précisément le texte, comme cest le cas pour la métonymie de la cause pour leffet : « Bachus pour le vin, Neptune pour la mer, Mars pour la guerre ; comme en la tragedie de Cornelie, acte V » (RF, p. 20). Dans dautres cas, lextrait cité par Forget est à ce point bref quil doit être compris comme une référence à un passage plus long, bien connu du destinataire, ce quindique bien lemploi du « etc. » dans les exemples de gémination tirés de Garnier : « Toy, toy qui peus combler tout le monde, etc. » (RF, p. 26 ; Porcie, acte I) ou « Moy, moy sorty de luy, etc. » (RF, p. 26 ; Porcie, acte III). On est ici visiblement confronté à des textes connus par cœur du destinataire, dont lexcellente mémoire 58était célébrée par les contemporains18, passages dont il suffit de citer les premiers mots pour en suggérer la suite.

Pour une bonne part, lintérêt du théâtre de Garnier, par delà son « actualité » et les parallèles possibles entre largument des tragédies et la situation politique du royaume, tient à son style gnomique et sentencieux, imité de Sénèque. Or, le roi était particulièrement amateur de pointes, de traits et de « mots de gentille rencontre19 » pour reprendre lexpression de Jacques Amyot. Ce dernier, dans son Projet déloquence royale, cherchera dailleurs à encadrer cette pratique susceptible, dans la conversation mondaine, de faire en sorte que le roi saliène certains courtisans. Henri III aurait même commandé à Du Perron un répertoire de « mille traits », cent sur dix sujets. Sans se substituer à ce projet qui ne sest jamais concrétisé – compte tenu des réserves de Du Perron par rapport aux pointes20 – les exemples tirés de Garnier visent à alimenter le roi en traits typiques de léloquence sénéquéenne. Selon un usage qui se conservera pendant tout lAncien Régime, les passages en style gnomique, qui ont valeur universelle et qui sont léquivalent de maximes, sont indiqués dans le texte imprimé par des guillemets ouvrants. Or, de tels passages étaient susceptibles dêtre réemployés tels quels dans la pratique oratoire du roi, à linstar des exemples en prose de Forget. Ainsi, une citation tirée de Cornelie (acte III), illustre le procédé de la paronomase. Or, la consultation en parallèle de lédition imprimée de 1580 des tragédies de Garnier montre que le passage ainsi prélevé était déjà mis en évidence par des guillemets ouvrants pour mieux en souligner le caractère gnomique et universel, susceptible de réemploi dans un autre contexte :

« Tel a par son21 pouvoir mocqueur

« Toute sa vie esté vaincueur,

« Qui au fort de sa gloire

59

« Perd contre un jeune belliqueur

« La vie et la victoire. (TG, fol. 104r-v ; cf. RF, p. 23)

En choisissant ses exemples chez Garnier, Forget pouvait donc faire dune pierre deux coups, en illustrant tel ou tel procédé de style dans la perspective de lelocutio, tout en fournissant des matériaux textuels susceptibles de nourrir linventio du roi.

Par ailleurs, le théâtre de Garnier est aussi caractérisé par sa nature oratoire et argumentée. Si laction au sens de diégèse en est à peu près absente – puisque tout se passe hors scène et en général avant même louverture de lacte premier –, les tragédies de Garnier abondent en monologues, en courts échanges à deux personnages, en éloges funèbres, en plaidoyers de toute sorte. Or, Forget a été manifestement sensible à cet aspect, puisque, dans le cas de la figure quil appelle « énumération et partition », il donne deux exemples, tous deux tirés de Garnier. Il sagit dune occurrence exceptionnelle, puisque, en général, Forget fournit toujours au moins un exemple en prose de son cru. Dans ce cas, les deux citations sont tirées dAntigone et destinées à illustrer une figure dont Forget précise quelle relève davantage de largumentation que de lélocution :

enumeration et partition

Semblent plus tost estre especes darguments que figures. Toutefois parce quils donnent lustre et splendeur a une oraison, nous les pourions mettre en ce nombre et en bailler ces deux exemples en lAntigone :

Jay ma dextre lavé dans le sang de mon pere,

Jay dinceste polu la couche de ma mere.

Jay produit des enfans en son ventre fecond

Qui freres et enfans tout ensemble me sont, etc. [acte I]

Exemple de particion en Antigone [acte III] :

Ils ne firent quun seul jour

Desur la terre sejour ;

Le matin fut leur j[e]unesse,

Le midi leur eage meur,

Du soir la brune noirceur

Fut leur extreme viellesse. (RF, p. 34)

En somme, aucun exemple ne semble meilleur que ceux tirés des tragédies « argumentées » de Garnier pour illustrer ces figures argumentatives. Mais le grand mérite de son théâtre reste le fait que, contrairement 60aux exemples de Fouquelin empruntés aux poètes de la Pléiade, il sagit de pièces destinées à être sinon mises en scène, du moins déclamées. Or, dans bien des cas, le roi avait vraisemblablement pu assister à la représentation ou à la déclamation des tragédies de Garnier, ce qui lui permettait den avoir une connaissance précise, presque intime, non seulement de tel passage que Forget peut se contenter de citer par lincipit, mais également de la manière dont ces vers devaient être rendus sur scène, avec la voix et les gestes qui conviennent. En puisant ses exemples chez lauteur tragique, Forget faisait ainsi à nouveau dune pierre deux coups. Non seulement il pouvait donner des exemples de style, mais de plus il pouvait se servir du théâtre déjà représenté devant le roi comme dune véritable école dactio, meilleure que toutes les règles et toute la théorie. Dailleurs, en matière dactio comme de pronunciatio, Forget fait bien valoir linutilité et le caractère extrêmement limité de la théorisation, à laquelle la pratique est toujours préférable :

Il est impossible de pouvoir particulariser des preceptes de laction, veu que le tens, le lieu, la matiere, la qualité des personnes et des choses dont lon parle et a qui lon a affaire, leur age et naturel, les diversifient ; et tel port et constance siet bien en une personne, qui auroit mauvaise grace en une autre ; si bien que en cela il fault que chacun use de jugement, regardant daccomoder et proportionner ses gestes selon la qualité de la chose, et dy user de grande moderation, mesmement entre les François qui sont moins gesticulateurs que beaucoup dautres peuples, et a ce, lexercitation ordinaire et essai est comme les autres choses plus necessaires. (RF, p. 40-41)

La voix doit aussy estre proportionnée selon la matiere et subject ; elle doit estre plus lente et abbatuë au narré des choses tristes et plaintives, et dans toutes implorations, deplorations des pertes, dommages advenues ; et au contraire nous la debvons eslever en lexageration des tors, injures et tors [sic] qui nous sont faicts, en detestant quelques crimes ou deportemens mechants, en menaces et protestations de nous venger. En choses joyeuses elle doibt estre moderée, en haulsant toutefois quelque peu hors du mediocre, sans effort ou esclatement, mais comme ressentant son halegresse ou gayeté. Cela se monstre mieux et plus clairement en prattique quil ne se peut expliquer par theorique. (RF, p. 37)

Cest à la lumière de ces limites de la théorie quil faut comprendre les exemples extrêmement abrégés que donne Forget pour le procédé de la gémination, cette répétition quil illustre avec deux passages déjà cités de Porcie où, dans un cas, cest le pronom « moi » qui se trouve 61répété et, dans lautre cas, le pronom « toi ». Comme partout, Forget ne développe pas leffet de pareil procédé, il ne fait que rappeler le contexte dans lequel, dans le théâtre de Garnier, le roi a pu entendre de telles géminations, ce qui vaut tous les développements les plus détaillés. Par ailleurs, dans la section consacrée à lactio, Forget insiste sur la nécessité de tendre la voix dans les moments pathétiques du discours, en particulier dans la péroraison et dans lemploi de figures quil appelle lui-même « pathétiques », dont la gémination :

Sil est question de narrer quelque chose, il fault avoir le parler posé et racis, distinguer ses clauses et periodes et retenir sa voix en un ton moderé, sans la trop haulser, et ne labaisser aussi que lon ne puisse estre entendu. Le semblable doit estre faict au commencement de toutes harangues, aus perorations et aus autres endroits ou lon veult esmouvoir les affections des auditeurs ; lon la tend et bende davantage et principallement aus interrogations, imprecations et obtestations et aultres semblables figures patetiques ausquelles nos esprits selencent. Le semblable doit estre faict aus repetitions et geminations. (RF, p. 37)

Or, comme la montré Florence Dobby-Poirson22, le pathétique est lun des principaux ressorts de ce théâtre tragique. En plus dêtre un réservoir de sentences, de figures argumentées et une école dactio pathétique, le théâtre de Garnier était aussi une véritable caisse de résonance des débats de lAcadémie du Palais, ainsi que la bien mis en évidence Frank Lestringant23, en étudiant le cas de Marc Antoine, pièce publiée en 1578, au mitan de cette Académie active de 1576 à 1579. Cest que les tragédies de Garnier offrent non seulement des modèles de style et dargumentation, mais également un contenu de philosophie morale de nature à plaire au roi et à nourrir son inventio rhétorique. Alors que le roi avait demandé que lon débatte des principales passions et notamment de la colère, la pièce de Garnier reprend la question, en cherchant à déterminer sil est légitime pour un roi dexercer son ire à lendroit dun ennemi. Le passage, dans lacte IV, met en scène Agrippa et Octave, tandis quils débattent de lattitude à adopter à légard du traître Marc Antoine, Agrippa étant favorable à la clémence et Octave, partisan de 62la rigueur. Or, ce dialogue est en fait une stichomythie, un échange de courtes répliques qui ne dépassent pas un vers :

agr. – Et quel aise a celuy que tout le monde craint ?

ces. – Destre craint et davoir ses ennemis esteint.

agr. – Communement, la crainte engendre de la haine.

ces. – La haine sans pouvoir comunement est vaine.

agr. – Au Prince que lon craint on desire la mort.

ces. – Au Prince quon ne craint bien souvent on fait tort.

agr. – Il nest de telle garde, et de telle defense

Que de ses Citoyens avoir la bien-vueillance.

ces. – Rien nest plus incertain, plus foible et plus leger,

Que la faveur dun peuple, enclin à se changer. (TG, fol. 148v et 149r)

Pareil échange, même sil nest pas cité par Forget dans sa Rhetorique, résume à lui seul toute la politique de magnanimité du règne de Henri III et son revirement soudain aux États Généraux de 1588, inspiré par la maxime du Prince de Machiavel – dont le roi était un lecteur assidu24 –, selon laquelle il vaut mieux, pour un gouvernant, être craint quaimé de ses sujets.

La prise en compte du modèle tragique de Garnier éclaire dune façon exceptionnelle la pratique oratoire du roi, bien au-delà des règles, des lois et des préceptes rhétoriques qui répètent ce que toute la tradition gréco-latine disait déjà depuis Aristote. On comprend mieux ainsi linsistance avec laquelle le roi construit une persona de victime sacrificielle dès 157625 et tout au long de son règne, stratégie qui se révélera fatale dans la mesure où, comme la montré Nicolas Le Roux26, prise littéralement, elle vient involontairement cautionner les discours régicides qui se multiplieront à partir de la mort de Monsieur, le frère du roi.

Entre la posture rhétorique de sacrifice propre à la captatio benevolentiæ, renforcée par la thématique sacrificielle du théâtre tragique de Garnier, 63et le consentement au sacrifice effectif de soi dans le domaine politique, il y a bien évidemment un hiatus important dont Henri III était conscient. Ce nest pas parce que le roi, en exorde dun discours, se dit prêt à tout pour être au service de son peuple, que Henri III soffrait réellement en victime expiatoire. Le régicide sous lAncien Régime inspirait une telle horreur quelle suffisait sans doute, aux yeux du roi et de ses partisans, à mettre le monarque à labri dun passage à lacte. Certes, le geste isolé et fatal de Jacques Clément apportera un sanglant démenti à cette fausse certitude. Mais même les discours monarchomaques les plus virulents, produits du vivant roi, qui appelaient à accomplir sa volonté, en lassassinant, semblaient davantage voués à dénoncer la duplicité du monarque quà souhaiter sa mise à mort effective.

Il est néanmoins frappant a posteriori de constater quà force de pousser à son comble la logique de lethos – crédibilité que lorateur cherche à construire dès lexorde de ses discours, en en mettant en avant la noblesse de ses intentions – Henri III a fini par connaître le sort tragique des personnages du théâtre de Garnier. Dans son traité, Forget insiste dailleurs sur le fait que lorateur royal doit se montrer prêt à « se sacrifier lui-même » pour montrer son zèle et sa dévotion au bien du royaume :

La bienveillance et faveur se tire des personnes ou des choses []. De notre personne, si nous disons que nous avons tousjours eu le soin de nous rendre dignes de la charge que Dieu nous a commise ; que nous navons rien si studieusement procuré, le bien, repos et fellicité du royaulme ; que nos actions passées nont oncques tendu a aultre but et que encores nous sommes prets de nous sacrifier, tant nous sommes zellez et devotieus a son bien, et sera bon de specifier briefvement, et comme en passant, quelques plus signalés actes ; que si nous faisons quelque chose qui semble travailler le peuple, cest a notre regret et pour les seulles necessitez du tens, des affaires, quil en soudra un plus grand bien que lon ne pense. (RF, p. 43-44)

Forget nentendait certainement pas lexpression dans un sens littéral, mais plutôt comme une manière ostentatoire et déclamatoire, bref rhétorique, dafficher la noblesse et le caractère désintéressé des intentions de lorateur royal.

On voit ainsi que, si Henri III était un orateur célébré autant quimpuissant, et cela indépendamment du contexte politique qui lacculait à limpuissance, cest que, dune part, il maîtrisait le pathos 64et lactio appris à lécole tragique de Garnier et que, dautre part, tout comme le théâtre de Garnier, cette éloquence pathétique, dénuée daction autre quoratoire, était certes capable démouvoir, mais peu susceptible dinciter à laction politique.

Claude La Charité

Université du Québec à Rimouski

1 Lefficacité rhétorique ne dépend pas que de lhabileté de lorateur, mais relève aussi, dans une large mesure, du contexte. Or, comme lécrit Pierre de lEstoile, Henri III aurait été « un très bon prince, sil eust rencontré un bon siècle » (P. de lEstoile, Registre-journal du règne de Henri III, éd. M. Lazard et G. Schrenck, Genève, Droz, 2003, t. VI, p. 207). Dans la suite de cette analyse, nous nétudierons la question de la formation et de la pratique oratoire du roi que dans une perspective théorique. Bien évidemment, pour être complète, une telle analyse devrait aussi prendre en compte la dimension pragmatique et la situation politique dans laquelle le roi sest trouvé à exercer la parole publique, ce que ne permettent toutefois pas les limites de cet article. X. Le Person (« Practiques » et « practiqueurs ». La vie politique à la fin du règne de Henri III (1586-1589), Genève, Droz, 2002) a bien analysé la complexité de cette situation politique où le roi est pris en étau entre Huguenots, Ligueurs, Moyenneurs et où joue un rôle crucial la « practique », menée ou intrigue des Grands destinée à façonner, voire à manipuler lopinion publique avant la lettre.

2 G. Genette, « La rhétorique restreinte », Communications, no 16, 1970, p. 158-171 ; repris dans Figures II, Paris, Seuil, 1972, p. 21-40.

3 P. de lEstoile, Registre-Journal, t. IV, p. 105, en date du 25 novembre 1583.

4 Perroniana et Thuana ou Pensées judicieuses, bons mots, rencontres agreables et observations curieuses du Cardinal du Perron, et De Mr. Le President de Thou, Conseiller dEtat, Cologne, Chez ******, 1694, p. 261.

5 G. Forget, Rhetorique françoise faicte particulierement pour le Roy Henry III, Precetti di rettorica scritti per Enrico III re di Francia, éd. G. Camus, Modène, Antica Tipografia Soliani, 1887, p. 17.

6 G. de Taix, « Journal », Recueil de pièces originales et authentiques concernant la tenue des États-Généraux, Paris, Barrois, 1789, tome II, p. 256.

7 X. Le Person a bien montré comment le roi tira parti des larmes à des fins rhétoriques dans son discours du 18 juillet 1585 (« Practiques » et « practiqueurs », p. 253-269).

8 Voir L. Feugère, Caractères et portraits littéraires du xvie siècle, Paris, Didier, 1859, t. II, p. 318.

9 P. de lEstoile, Registre-journal, t. VI, p. 78.

10 La lettre elle-même est perdue, seul est conservé le résumé quen donne A. Giananelli dans une dépêche datée du 10 décembre 1576 des archives de la chancellerie ducale de Modène. Dans le texte italien, on lit : « le istesse parole che furono recitate da S. M.ta, che pronunciate con la gratia che fece in effetto acquistorno maggiore riputazione di quello che pare a molti che conservino in scrittura » (les paroles mêmes récitées par Sa Majesté furent prononcées avec une telle grâce quelles lui acquirent une plus grande réputation que ce qui transparaît dans la version écrite conservée par plusieurs), Precetti di rettorica scritti per Enrico III re di Francia, p. 8.

11 X. Le Person, « Practiques » et « practiqueurs », p. 246. Le document autographe est conservé aux manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, sous la cote n.a.f. 5128, fol. 2. Voir L. Vaillancourt, « Linstitution oratoire idéale dHenri, roi de Pologne », Rhetorica, vol. 33, no 3, 2005, p. 230-244.

12 R. J. Sealy, The Palace Academy of Henry III, Genève, Droz, 1981, p. 153-166.

13 Sur la complémentarité et la séquence logique de ces trois traités, voir C. La Charité, « Les trois institutions oratoires à lusage de Henri III : un compendium des traditions latine, hellénistique et humaniste », Renaissance et Réforme / Renaissance and Reformation, vol. XXXI, no 4, 2008, p. 43-66. Le traité de Forget, qui nous intéressera plus particulièrement dans la suite de cet article, na jamais été publié au xvie siècle et nest conservé que dans deux manuscrits (Carpentras, ms. 1789, fol. 148-158 ; Biblioteca Estense di Modena, 68 ou α.Q.8.29). Il sagit de copies tardives, dont la première est incomplète. Létat dans lequel le texte est conservé empêche de savoir sil sagit dun discours prononcé à lAcadémie du Palais devant Henri III ou dun traité destiné à être lu par le roi. Les multiples adresses au destinataire royal ne permettent pas à elles seules de trancher la question. La comparaison avec les autres discours académiques conservés (voir É. Frémy, LAcadémie des derniers Valois, daprès des documents nouveaux et inédits, Paris. E. Leroux, 1887) donne à penser quil sagit, sinon dun texte conçu pour être lu dès lorigine, du moins dune version réécrite dun discours académique en vue de la lecture. Si Forget a offert une copie de son traité à Henri III, elle est aujourdhui perdue et ne correspond pas à lun ou lautre des deux manuscrits conservés.

14 J. Amyot, Projet déloquence royale, éd. P.-J. Salazar, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 91.

15 K. Meerhoff, Rhétorique et poétique au xvie siècle : Du Bellay, Ramus et les autres, Leyde, E. J. Brill, 1986, p. 257-261.

16 E. Kushner, « Pontus de Tyard, professeur de rhétorique ? », Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, éd. I. de Conihout, J.-F. Maillard et G. Poirier, Paris, Presses de lUniversité de Paris-Sorbonne, 2006, p. 160-167 ; F. Rouget, « Philippe Desportes et la fin de lAcadémie du Palais : autour du manuscrit des Formulæ oratoria Gallice », Philippe Desportes poète profane, poète sacré. Actes du Colloque international de Chartres (14-16 septembre 2006), éd. B. Petey-Girard et F. Rouget, Paris, Honoré Champion, 2008, p. 81-100 ; P. Desportes, Phraséologie oratoire, suivie des Lettres amoureuses, éd. F. Rouget, Paris, Classiques Garnier, 2012.

17 Forget, Rhetorique françoise, p. 33. Désormais, toutes les références à ce traité renverront à cette édition et seront précisées entre parenthèses dans le corps du texte, précédées du sigle RF.

18 Par exemple, Jacques Amyot : « Quant au jugement et à la mémoire, vous en avez, Sire, ce quon en peut souhaiter en un Prince très accompli ; et en cela avez un merveilleux avantage sur ceux auxquels ces parties sont moindres, ou défaillent » (Projet déloquence royale, p. 54-55).

19 Amyot, Projet déloquence royale, p. 58.

20 C. La Charité, « Les Perroniana, les traductions de Cicéron par Jacques Davy Du Perron et la formation rhétorique de Henri III », Tangence, no 93, 2010, p. 65-78.

21 Dans la Rhetorique de Forget, on lit une variante manifestement fautive : « par ton pouvoir » (RF, p. 27).

22 F. Dobby-Poirson, Le pathétique dans le théâtre de Robert Garnier, Paris, Honoré Champion, 2006.

23 F. Lestringant, « Henri III et Dom Sébastien premier de Portugal », Henri III et son temps, éd. R. Sauzet, Paris, Vrin, 1992, p. 227-237.

24 Enrico Caterino Davila, dans son Historia delle guerre civili di Francia (1641), prétend que Jacopo Corbinelli, en compagnie de Bartolomeo Delbene, commentait au roi Le Prince de Machiavel. G. Cardascia, « Un lecteur de Machiavel à la cour de France : Jacopo Corbinelli », Humanisme et Renaissance, t. V, 1938, p. 446-452.

25 Ainsi dans la harangue aux États Généraux de 1576, le roi dira : « [] je travailleray jour et nuict, et y emploiray tous mes sens mon soing, et mon labeur sans y espargner mon sang, et ma vie sil en est besoing. » Harangue prononcée par le Roy en lassemblée generale de ses Estatz en la ville de Bloys le Jeudy sixiesme jour de Decembre 1576, Paris, Jean de Lastre, 1576, p. 19-20.

26 N. Le Roux, Un régicide au nom de Dieu. Lassassinat dHenri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, 2006.