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Classiques Garnier

La représentation du régicide dans le théâtre d’actualité au début du xviie siècle Entre mise en scène et distance, une stratégie de légitimation monarchique

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2016 – 2, n° 32
    . varia
  • Auteur : Bouteille-Meister (Charlotte)
  • Résumé : Au tournant du xvie et du xviie siècle, Jacques de Fonteny et Claude Billard s’emparent des régicides d’Henri III et d’Henri IV pour les porter à la scène. Pour représenter cette question d’actualité à la fois délicate et scandaleuse, les dramaturges partagent le même choix d’une distanciation, mais en infléchissant selon leurs propres stratégies artistiques et politiques la représentation de l’irreprésentable : la mise à mort du corps royal.
  • Pages : 65 à 79
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406067450
  • ISBN : 978-2-406-06745-0
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06745-0.p.0065
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 28/01/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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La représentation du régicide
dans le théâtre dactualité
au début du xviie siècle

Entre mise en scène et distance,
une stratégie de légitimation monarchique

Le théâtre dactualité1, tel que nous le définissons2, met en scène un univers de représentation en continuité temporelle avec lunivers dexistence des spectateurs : sa fable nest pas tirée dun ensemble livresque « classique » (Bible, mythologie ou histoire antique), mais fondée sur les récits de témoins vivants et sur lexpérience dune situation ou sur le souvenir dun événement, partagés au présent par lensemble de la communauté spectatrice. Le mode de réception des pièces dactualité est donc direct et non allégorique (quand bien même la référence serait parfois voilée ou cryptée), cest-à-dire que ces pièces mettent en jeu un ici et un maintenant bien précis, et non un présent à lire, selon une logique du « détour3 », entre les lignes dun passé réel ou fictionnel.

Pendant la seconde moitié du xvie siècle, le théâtre dactualité prend notamment pour sujet les épisodes marquants des Guerres de religion : le massacre de la Saint-Barthélemy dans La Tragédie de feu Gaspar de Colligni de François de Chantelouve4 (1575), la victoire des troupes catholiques sur larmée des reîtres à Auneau et Vimory dans la Pastorelle sur la victoire 66obtenue contre les Alemands, reytres, lansquenets de Loys Papon5 (1588), ou encore lexécution du duc de Guise lors des états de Blois dans la Guisiade de Pierre Matthieu (1589) et Le Guysien de Simon Belyard6 (1592). Dans cette dernière pièce, destinée à un public ligueur, le personnage du Duc de Guise est assassiné sur le théâtre, sous les yeux des spectateurs que le spectacle de son sang répandu doit persuader de continuer leur combat pour empêcher lavènement au trône de lhérétique Henri de Navarre.

Au début du xviie siècle, cest « lactualité » des régicides qui est portée à la scène : Cléophon, Tragédie conforme et semblable à celles que la France a veues durant les Guerres Civiles7, écrite par Jacques de Fonteny et publiée à Paris en 1600, traite ainsi de lassassinat du roi Henri III par le moine Jacques Clément ; la Tragédie sur la mort du Roy Henry Le Grand8 de Claude Billard, écrite en 1610 et éditée à Paris en 1612, 67sorganise quant à elle autour du meurtre dHenri IV par Ravaillac. Ces deux pièces ont pour sujet des événements réels similaires – les deux régicides qui ont traumatisé la France à seulement vingt-et-un ans de distance –, mais elles ne traitent pas ces faits de la même manière dun point de vue scénique. Dans Cléophon, Jacques de Fonteny représente la scène du régicide sur le théâtre et fait couler le sang du personnage du roi sous les yeux des spectateurs. Dans la Tragédie sur la mort du Roy Henry Le Grand, Claude Billard place le régicide hors scène : les personnages et le spectateur apprennent lassassinat par des rumeurs provenant des coulisses et le cadavre du souverain nest jamais exposé sur le théâtre.

Cette divergence notable en matière de représentation du régicide doit cependant être quelque peu nuancée : la pièce de Fonteny donne certes à voir lassassinat dun roi sous les traits duquel le public reconnaît nécessairement le défunt Henri III, mais ce personnage porte, comme lensemble de la distribution, un nom grec crypté. Si le dramaturge na pas recours à une fable biblique, mythologique ou historique pour évoquer lassassinat du dernier Valois, il ne met pas non plus scène cette actualité sous une forme absolument directe. Lhellénisation des noms des personnalités historiques réelles semble fonctionner dans Cléophon comme un voile transparent, mais nécessaire, pour aborder cette question particulièrement complexe du régicide.

Crime impie, équivalent du parricide, la mise à mort récente dun souverain réel et légitime (quand bien même serait-il considéré par certains comme un tyran dexercice) est en effet un acte particulièrement délicat à mettre en scène sans user dun détour allégorique. Alors même que lédit de Nantes a imposé un devoir doubli des guerres civiles9, il ne sagit pas pour Jacques de Fonteny et Claude Billard 68dimiter lauteur du Guysien et de raviver les tensions confessionnelles par la mise en scène directe des assassinats dHenri III et dHenri IV. Ces dramaturges semblent au contraire vouloir à toute force atténuer le traumatisme de ces événements et de leur réitération : ils « suturent » la rupture historique quils constituent en mettant en avant la pérennité du pouvoir monarchique par-delà les régicides. Ces actes violents sont ainsi montrés ou évoqués sur le théâtre pour légitimer le souverain qui a succédé au roi assassiné (Henri IV après Henri III, Louis XIII après Henri IV) et donc pour assurer, plus ou moins efficacement, la position des dramaturges auprès de ce nouveau pouvoir.

En étudiant successivement le Cléophon de Jacques de Fonteny et la Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand de Claude Billard, nous souhaitons montrer comment la représentation scénique dun régicide semble nécessiter, au début du xviie siècle et cela même dans le théâtre dactualité, le recours à une certaine forme de « distance » : distance onomastique, distance temporelle, ou distance du hors-scène servent à atténuer le scandale dun acte inouï et dont on espère quil ne se reproduira jamais plus dans le royaume de France. Par-delà cette commune « distance », les différences sensibles entre les deux pièces nous conduiront cependant à souligner la façon dont la représentation et labsence de représentation du régicide sur la scène sinscrivent dans les stratégies dintérêt politique et de propagande de chaque dramaturge. Les enjeux de la mise en scène de lassassinat dun roi de légende noire (Henri III) diffèrent en effet de ceux qui président à lévocation sur le théâtre du meurtre dun roi de légende dorée (Henri IV) : la représentation, plus de dix ans après sa mort, du régicide de celui que la propagande ligueuse a baptisé le « vilain Herodes » (anagramme dHenri de Valois) nengage en effet pas les mêmes émotions dans le public que lévocation, quelques mois seulement après le second régicide, de la mort du « bon roi Henri » (IV).

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« En ce siècle de fer un autre siècle dor10 » :
Cléophon de Jacques de Fonteny ou la mise en scène
dune passation de pouvoir légitime

Le titre de la pièce que Jacques de Fonteny publie et fait peut-être jouer en 1600 à Paris, Cléophon, tragédie conforme et semblable à celles que la France a vues durant les guerres civiles, témoigne dun double rapport aux événements à peine passés quelle met en scène. Dune part, Cléophon, dont le déroulé est « conforme et semblable » aux faits qui ont mené au régicide dHenri III, est une tragédie dactualité. Dautre part, en désignant les personnages par des noms grecs codés, elle opère un déplacement littéraire par rapport au passé récent représenté sur la scène. Ce déplacement invite le spectateur à conjuguer une lecture historique – le déroulé des faits correspond à sa connaissance du régicide –, une lecture à clef – il doit décoder les noms cryptés pour identifier les personnages réels derrière lonomastique grecque –, et une lecture allégorique – certains personnages ne renvoient pas vraiment à des personnalités historiques, mais plutôt à des fonctions morales et politiques. Cette superposition des niveaux de lecture invite à sinterroger sur le but de cette mise en scène de la mort dHenri III onze ans après les faits, et ce alors même que la nouvelle monarchie a refusé de célébrer la mémoire du dernier Valois et soppose obstinément au transfert de sa dépouille de Compiègne à Saint-Denis.

Le premier Bourbon entretient en effet un rapport ambigu avec la mémoire de son prédécesseur : une fois que la légitimité de la transmission du pouvoir royal entre les deux Henri a été établie et quHenri IV est reconnu comme le souverain incontesté du royaume de France, le souvenir du dernier Valois vilipendé par la propagande ligueuse – qui la décrit à la fois comme un roi cruel envers ses sujets, et comme un roi faible envers les hérétiques et les caprices de ses mignons – est particulièrement encombrant et gênant pour Henri de Navarre, qui cherche justement à reconstruire une image royale écornée sur les valeurs opposées : la clémence (via le pardon général accordé aux nobles ligueurs à présent soumis) et la force.

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Si Jacques de Fonteny choisit de représenter en 1600 le régicide dHenri III sur la scène, ce nest donc pas pour célébrer théâtralement et donc publiquement la mémoire du dernier Valois, ce qui serait une faute politique majeure, mais pour apporter sa pierre à lédifice de légitimation du nouveau pouvoir bourbon qui, à cette époque, nest parvenu que très récemment à faire taire les dernières dissensions post-ligueuses. Publié lannée même du mariage du roi avec Marie de Médicis, dont on espère quil apportera rapidement un héritier mâle et fondera ainsi la pérennité de la nouvelle dynastie, Cléophon est un hommage rendu à la monarchie bourbonienne, dont elle démontre dramaturgiquement la légitimité, tout en vantant sa capacité daction et son énergie, si radicalement différentes de lindécision des derniers Valois.

La mise en œuvre sur le théâtre dun régicide odieux permet également à Jacques de Fonteny de mettre en scène le discours régicide de manière à linvalider : suivant un procédé de réception qui est dès lors allégorique, Cléophon peut évoquer les nombreuses tentatives dassassinat dont a déjà été lobjet Henri IV11, et ce pour en donner à voir le caractère profondément illégitime. En 1600, Henri IV, relaps à peine reconverti, est contesté par le parti ultra-catholique et certains religieux lancent de manière à peine couverte des appels au régicide. Le jésuite espagnol Juan de Mariana vient ainsi de faire paraître, en 1599, son De rege et regis institutione libri tres, dans lequel il qualifie Jacques Clément, le meurtrier dHenri III, de « gloire éternelle de la France12 ». Mettre en scène le scandale de lassassinat du roi Cléophon-Henri III est donc également une manière pour Fonteny de condamner les partisans de lacte régicide, dans le passé de 1589, mais également dans le présent du règne dHenri IV.

Conformément au processus de diabolisation de ladversaire politique (ici ligueur) à lœuvre dans lensemble du théâtre dactualité de propagande, lacte I de Cléophon met en scène la furie Mégère, qui annonce le désordre cosmique quelle va déchaîner sur le roi Cléophon dont elle fomente lassassinat, et sur la princesse Diadotime – Cléophon est « celui dont le renom brille » ou « celui dont la parole se fait entendre », en 71référence aux talents oratoires dHenri III13, et Diatotime est la France, « dont lhonneur est partagé ou répandu » entre les royaux et les ligueurs. Lacte ii et la plus grande partie de lacte III sont consacrés aux efforts des « exécutants » de Mégère pour convaincre Diadotime de se résoudre à faire tuer son roi, et ce afin dobtenir un nouveau souverain plein de sève et damour pour elle. Dans le palais royal de Stasiode, assiégé par son propre propriétaire Cléophon, les serpents tentateurs semblent surgir de derrière toutes les portes au moment opportun : la sœur de la reine, Apliste (l« insatiable » Catherine de Montpensier), puis le fidèle serviteur du prétendant au trône, Taraptan (« le monstre qui trouble, agite et renverse », soit peut-être le père Edme Bourgoing, chez qui logea Jacques Clément avant de commettre son crime, ou bien le curé ligueur Jean Boucher, encore vivant en 1600), et enfin le meurtrier Palamnaise (« lacte violent », le régicide Jacques Clément). Leur nombre croissant traduit la menace du complot meurtrier qui se tisse autour de la princesse en même temps que létau militaire se resserre autour de Stasiode.

La dernière scène de lacte III met enfin en scène le roi Cléophon, dont lapparition tardive correspond à lincapacité à agir qui le caractérise jusquà la fin de la pièce. Le parallèle entre les langueurs de la princesse-royaume privée de son souverain et la faiblesse dun roi déjà condamné est demblée évident pour le spectateur : létat physique et moral de leur couple symbolise la situation sans issue de la France. Contrairement à la princesse qui nest entourée que de mauvais génies, le roi est lui assisté par de bons conseillers, Thrasie (« le hardi, le courageux ») et Ergasie (« le fort, celui qui agit », cest-à-dire Henri IV), conseillers qui lincitent à mâter ses sujets rebelles. Cependant, limpuissance du roi est telle que la mort de Cléophon paraît inéluctable, la tragédie semble ainsi piétiner à lacte IV où les antagonismes entre les deux camps sexacerbent sans quaucune action ne soit réalisée.

Lacmé de la pièce – lassassinat du roi – se déroule au début du dernier acte : le double meurtre de Cléophon et de Palamnaise a lieu sur scène. Les onze ans qui séparent lévénement de sa représentation, associés aux noms codés des personnages, permettent sans doute datténuer auprès des spectateurs le scandale que pourrait susciter la remise en jeu 72scénique de cet événement inouï et traumatique, qui a très profondément déstabilisé le royaume de France. Le fait que le déroulement du régicide et de la mort du roi soit parfaitement connu des spectateurs de 1600, par le biais des très nombreux pamphlets et gravures sur le sujet14, a pu également inciter le dramaturge à le représenter sur la scène : on peut penser que les spectateurs viennent assister, grâce à la distance instaurée par lhellénisation des noms des personnages, à la mise en scène du régicide quils nont vu jusquà présent quen deux dimensions, et quils souhaitent apprécier le savoir-faire des comédiens pour faire couler le faux sang des blessures de Cléophon-Henri III et de Palamnaise-Clément. Placer lacte régicide dans le hors-scène serait alors profondément déceptif et de mauvaise politique spectaculaire et commerciale pour le dramaturge – si tant est que la pièce fût jamais jouée dans un théâtre de ville.

Si lon peut soulever lobjection selon laquelle la mise en scène du régicide pourrait raviver des « vocations » ligueuses à lencontre du nouveau souverain, il est tout aussi vrai que la mise à mort immédiate de Palamnaise et les outrages auxquels sa dépouille est condamnée – qui, plus près des spectateurs de 1600, ont également été réservés à Jean Chastel qui avait tenté dassassiner le roi en 1594 – pourraient dissuader les potentiels meurtriers moins fanatiques que Jacques Clément. Quels que soient les dangers « émotionnels » ou politiques de la représentation de lassassinat du roi, force est de constater que Jacques de Fonteny ne sattarde pas sur lévénement. Le régicide est presque scéniquement « escamoté », de même que la déploration du souverain mort, extrêmement rapide, ne cherche pas à émouvoir outre mesure le public, mais laisse toute sa place à lenjeu le plus important pour lactualité de 1600, à savoir la légitimation de la transmission de pouvoir à Ergasie-Henri IV.

La mise en scène du régicide est fidèle aux faits tels quils sont connus des spectateurs en 1600, à ce détail près que, par égard pour la mémoire dHenri III, et peut-être pour se démarquer de la propagande ligueuse qui a parfois accentué ce détail, le roi est, selon la description de Thrasie, frappé « au milieu de son sein » (v. 1191, p. 932), et non au bas-ventre en se relevant de sa chaise percée. Hormis ce détail, la scène 73est « conforme et semblable » à ce que le public sait des événements du 1er août 1589 : le moine que lon ne fouille pas, la fausse lettre du président de Harlay, le coup de couteau, la mise à mort immédiate du meurtrier. La distance établie par les noms grecs des personnages, si elle permet en un sens la représentation de cet événement traumatique, se réduit cependant à lextrême, tant la rapidité de la scène exige que les spectateurs fassent appel à leur mémoire du régicide pour en saisir le sens malgré une très grande précipitation – précipitation à nouveau « conforme et semblable » au régicide de 1589, puisque lon sait que les gentilshommes présents exécutèrent Jacques Clément sur le champ.

Lagonie du roi a lieu hors-scène et cest un Messager qui vient apprendre à Ergasie que « Le roi na plus de vie » (v. 1231, p. 934). Le récit du Messager a ici deux fonctions : dune part, témoigner auprès du spectateur que la mort de Cléophon-Henri III a été une « belle mort » chrétienne, et ce pour sopposer à la propagande ligueuse qui a fait du dernier Valois un suppôt de Satan ; dautre part, se faire la voix des dernières volontés du roi défunt, qui légitiment la transmission de son sceptre à Ergasie-Henri IV. Le Messager rapporte ainsi comment Cléophon a consolé sa cour éplorée en lassurant quil la laisse entre de bonnes mains :

Essuyez tous ces pleurs, trèvez votre détresse,

Pour moi qui sors du monde, un grand roi je vous laisse,

Qui avec sa valeur, vous fera voir encor

En ce siècle de fer un autre siècle dor. (v. 1304-1313, p. 936)

Dans ces vers, qui sont presque les derniers de la pièce, Jacques de Fonteny fait dresser par le roi mourant un panégyrique de son successeur : le souverain assure, dune part, la continuité du pouvoir monarchique par-delà la mort de son incarnation temporaire (« un grand roi je vous laisse ») et, dautre part, rend presque nécessaire son propre trépas en annonçant la venue dun « autre siècle dor » en ce « siècle de fer », et ce grâce à laction à la fois victorieuse et pacificatrice dErgasie, qui parviendra à « Enchaîner la discorde » des guerres civiles et à « redonner laise » à ses sujets (v. 1313, p. 936) – ce que, en creux, Cléophon-Henri III reconnaît ne pas avoir été capable de faire. En vassal fidèle, Ergasie déplore la mort de Cléophon (« Ô esclandre funèbre, ô maudite infortune », v. 1320, p. 936), mais dans un seul vers – on le voit, la 74commémoration de la mort de Cléophon-Henri III nest pas, en 1600, ce qui fait lactualité de la pièce de Fonteny –, avant que le Messager ne linvite à aller « pleurer léans cette perte commune » (v. 1321, p. 936), cest-à-dire hors-scène et « hors pièce ».

En mettant en scène le passage du désordre suscité par Mégère au rétablissement de lordre en la personne dErgasie au moyen de lassassinat de Cléophon, Jacques de Fonteny a justifié « dramaturgiquement » le passage de la couronne de France du dernier Valois au premier Bourbon, au risque de présenter le régicide comme un mal nécessaire pour assurer la santé et lunité du royaume-Diadotime. Cléophon est une tragédie car, représentant la mort dun souverain légitime par la main dun traître, elle ne saurait sinscrire dans un autre genre, mais elle est une tragédie cornélienne avant la lettre puisque, comme Auguste dans Cinna, elle fait que « le passé » soit « juste et lavenir permis15 ».

La Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand :
la tragédie dactualité entre effet pathétique
et atténuation « politique16 »

Dans la dédicace de sa Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand à Marie de Médicis en 1612, Claude Billard mentionne qu« [i]l y a deux ans, que cette Tragédie et moi, eûmes lhonneur dêtre éclairés des rayons de vos beaux yeux, lors que votre majesté me commanda la mettre en lumière » (p. 951). La pièce semble donc avoir été composée dans la seconde moitié de 1610, très peu de temps après lassassinat dHenri IV. Les formules « éclairés des rayons de vos beaux yeux » et « mettre en lumière » pourraient laisser à penser que la reine a assisté à une représentation de la tragédie, mais il est possible quelles signifient 75seulement que Marie de Médicis a lu – ou sest fait lire – la pièce de Claude Billard. Jusquà ce jour, nos recherches ne nous ont pas permis de savoir si la Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand a été représentée à la cour dans les premiers mois de la régence, mais labsence de mention du spectacle dans les différents mémoires ou lettres de la période, et notamment dans le journal dHéroard, le médecin du jeune Louis XIII qui note scrupuleusement toutes les activités de son patient, tendrait plutôt à invalider cette hypothèse.

Cependant, il nest pas exclu que la lecture de la pièce à haute voix devant la reine et le jeune roi ait pu constituer un moment dans le deuil du souverain défunt. Les personnalités de la cour et les officiers royaux, qui sont désignés par leurs noms dans la liste des personnages, auraient même pu tenir leur propre rôle dans cette déploration à plusieurs voix sous forme de tragédie. En convoquant la figure du roi mort sous la forme dun acteur vivant (quand bien même la pièce ne serait pas jouée), la pièce de Billard devient ainsi une sorte de monument-tombeau destinée à honorer la mémoire dHenri IV : en représentant le roi défunt « vivant », lespace dun instant fictif et à travers le corps (ou seulement la voix) dun acteur, la Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand rejoue le régicide afin de ne pas le montrer comme une rupture ayant entraîné le chaos dans le royaume, mais comme un événement éminemment déplorable. En représentant le passé récent de la catastrophe comme un présent scénique, la tragédie dactualité suspend un moment lenchaînement des événements, afin de consolider le présent et le futur du royaume.

La tragédie mémorielle est en effet également une tragédie du présent dont lenjeu est la nécessité de donner à lÉtat toute la légitimité possible après le régicide. Cette légitimation est assurée par le dispositif de réception particulier à une œuvre qui met en scène des personnages de la cour et qui est destinée à être représentée devant eux : en plaçant sur la scène fictive de son théâtre dactualité des personnages désignés par leurs noms véritables, Claude Billard « impose » fictivement aux modèles « réels » de ses personnages un comportement qui lui semble adéquat et qui concourt à laffirmation politique du nouveau roi et de la régence. Le Chœur aristocrate est ainsi représenté comme faisant corps avec le souverain, pour empêcher toute nouvelle révolte nobiliaire ligueuse, tandis que Marie de Médicis est dépeinte à la fois comme 76une parfaite épouse éplorée et comme une future reine avisée, digne du pouvoir qui lui revient après le régicide. Claude Billard « se place ainsi à lintérieur dune perspective cérémoniale qui est celle du deuil officiel en même temps que dans un jeu politique daprès la catastrophe historique qui concourt à ce que les premiers spectateurs-destinataires [] voient clairement la représentation de leur légitimité17 ».

Laction de la Tragédie sur la mort du Roy Henry Le Grand se déroule en une seule journée, celle du régicide, le 14 mai 1610. Les différents moments de cette journée que la tragédie met en scène sont autant de stations de la passion de ce roi mort – ressemblance troublante – un vendredi vers trois heures de laprès-midi : le dramaturge fait ainsi du roi relaps une figure christique poursuivie par Satan et promise à une mort rédemptrice. Lacte régicide lui-même est cependant relégué hors-scène et le spectateur apprend lassassinat en même temps que la Reine, par la rumeur venue de lextérieur du palais du Louvre ; de plus, le cadavre du Roi nest jamais exposé sous les yeux des spectateurs.

La décision de Claude Billard de ne pas représenter le régicide sur la scène nous intéresse tout particulièrement en regard du choix de Jacques de Fonteny de représenter lassassinat du souverain sur la scène de Cléophon. Nous ne croyons pas quil sagisse dune décision esthétique, puisque, dans le seul « art poétique » quil nous ait laissé, Claude Billard définit la tragédie comme un spectacle dont leffet pathétique est lié à leffusion de sang : « où il y a effusion de sang, mort, et marque de grandeur, cest vraie matière tragique18 ». Dans La Tragédie sur la mort du roi Henri le Grand, Claude Billard met dailleurs tout en place pour que cette « effusion » sanglante puisse avoir lieu sur le théâtre : au début de lacte IV, le Parricide est montré en scène, couteau à la main, plus résolu que jamais et, à la fin de son monologue furieux, il aperçoit même sa victime « dans son coche » (v. 926, p. 984). Dans la scène suivante, Henri est représenté dans une situation exactement semblable à celle de son meurtre : sillonnant sa bonne ville de Paris dans un coche sans vitre, accompagné des gentilshommes qui lui sont proches. Si elle conforte la vision dun monarque soucieux de ses sujets, cette mise en 77scène napparaît pas à première vue comme indispensable à lintrigue, puisquelle ne donne pas à voir au public la représentation du régicide, qui ne sera (re)connu du spectateur quà travers la rumeur publique entendue par la Reine depuis une salle du Louvre. Cette scène permet cependant à Claude Billard de faire entrer sur le théâtre un objet iconique de lassassinat dHenri IV : le « coche » – seul élément de décor quexige La Tragédie sur la mort du roi Henri le Grand et élément relativement imposant – signifie le régicide de manière immédiate pour le public, qui a entendu le récit de lassassinat et a pu voir des gravures le représentant. La représentation scénique de ce « coche » doit renvoyer le public de 1610 au souvenir du régicide – souvenir réel, pour les gentilshommes qui étaient présents lors du régicide et peuvent assister ou participer à la représentation de la pièce, ou souvenir fabriqué par la légende déjà en marche – et susciter ainsi leffroi du spectateur, alors même que le meurtre nest pas perpétré sur la scène.

En donnant à voir la scène du crime dans linstant qui précède immédiatement lacte sanglant, Claude Billard semble chercher à exploiter leffet pathétique de sa « matière tragique », tout en préservant la représentation glorieuse du souverain et en évitant de réactiver le choc du régicide par la représentation explicite de lacte violent lui-même. Dans les mois qui suivent lassassinat dHenri IV, il apparaîtrait sans doute déplacé de mettre en scène, qui plus est devant la cour, linstant où le couteau du Parricide senfonce dans la poitrine dun personnage qui porte le nom dHenry. Contrairement au Guysien de Simon Bélyard, La Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand ne cherche pas à exciter les foules contre lacte impie que constitue le régicide – bien que celui-ci soit condamné sans ambiguïté – mais à participer à la déploration commune du monarque assassiné. Le choc que constituerait la représentation de la mort dun souverain, survenue quelques semaines ou mois plus tôt, et sans la distance que pourrait introduire des noms codés comme dans Cléophon, irait en effet à lencontre de la stratégie déplorative et encomiastique de Claude Billard, qui cherche, en signifiant le régicide sans le représenter, à tenir le milieu entre lefficacité pathétique quapporte la reconnaissance par le spectateur dun événement tragique dactualité presque représenté sur la scène, et une atténuation toute politique. Le dramaturge choisit donc de déplacer le spectacle de la contemplation de lécoulement dun sang sacré à la mise en scène de la cérémonie de 78prestation de serment de fidélité à la régente et au nouveau roi, serment qui constitue le cœur de lacte V et témoigne de la continuité du pouvoir monarchique, là où la représentation du régicide aurait témoigné de sa mise en danger.

Dans ses Histoires, Hérodote rapporte que les spectateurs athéniens qui assistèrent à une représentation de La Prise de Milet de Phrynichos le Tragique – pièce jouée en -494, deux ans après la prise de la cité grecque de Milet par les Perses – ne supportèrent pas la représentation directe de ce désastre si récent :

[Les Athéniens] manifestèrent de mille façons laffliction extrême que leur causait la prise de Milet ; notamment quand Phrynichos ayant composé une pièce intitulée « La Prise de Milet », la fit représenter, les spectateurs fondirent en larmes ; le poète fut puni dune amende de mille drachmes pour avoir rappelé des malheurs nationaux, et défense fut fait à qui que ce fût de représenter ce drame à lavenir19.

Pour éviter une réaction pathétique si forte des spectateurs, dans un contexte qui, contrairement à celui qui préside à la rédaction du Guysien, nest plus un contexte de propagande mais un contexte dapaisement et de réconciliation, les dramaturges qui choisissent, au début du xviie siècle, dévoquer sur la scène les régicides récents sont contraints de passer par une forme de distance. Cette distance se donne à voir même dans les pièces qui mettent en scène lactualité sans passer par le détour dune fable biblique, historique ou mythologique : distance temporelle et distance de la lecture à clefs dans Cléophon de Jacques de Fonteny, distance de la non-représentation dun événement que les spectateurs connaissent tous parfaitement dans La Tragédie sur la mort du Roy Henry le Grand de Claude Billard. Ces deux pièces ne cherchent pas à représenter la plaie ouverte du régicide pour inciter les spectateurs à laction, mais au contraire à suturer la béance des guerres en proposant au public une légitimation dramaturgique du souverain qui a succédé au roi assassiné.

Nous avons cependant pu constater que les régicides dHenri III et dHenri IV ne donnent pas lieu au même traitement scénique et que les choix de (non) représentation de lacte sanglant relèvent également des stratégies politiques de chaque dramaturge et de limage que les 79spectateurs conservent des souverains (à peine) défunts – notamment leur image corporelle. Si Jacques de Fonteny peut mettre en scène – même rapidement et en usant de noms cryptés – le régicide dHenri III, cest que Cléophon tend à justifier la passation de pouvoir entre le dernier Valois, à bout de souffle et de sève, et le premier Bourbon, vaillant et fertile. Si leffet scénique de la représentation du régicide est violent, il ne sagit pas exactement du meurtre du roi comme fonction royale, mais de lassassinat de son représentant temporaire qui ne semble plus en mesure de lincarner : la représentation de cette mort en scène devient dès lors possible. Quand Claude Billard écrit sa Tragédie sur la mort du roi Henry le grand, il nest plus question de représenter sur la scène le sang versé dune monarchie bourbonienne qui, à linverse, a fait de sa vigueur corporelle un des signes de la légitimité de son pouvoir.

Charlotte Bouteille-Meister

Université Paris Ouest – Nanterre – La Défense

1 Nous empruntons lexpression à J. Chocheyras, « La tragédie politique dactualité sous les règnes de Henri III et Henri IV », Études sur Etienne Dolet, Le théâtre au xvie siècle, Le Forez, le Lyonnais et lhistoire du livre, éd. G.-A. Pérouse, Genève, Droz, 1993, p. 161-173.

2 Nous renvoyons sur ce point à nos travaux de thèse : C. Bouteille-Meister, Représenter le présent. Formes et fonctions de lactualité dans le théâtre dexpression française à lépoque des conflits religieux (1554-1629), thèse de doctorat, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, 2011.

3 J.-P. Sarrazac, Jeux de rêves et autres détours, Belfort, Circé, 2004.

4 Voir O. Millet, « Lassassinat politique sur la scène au temps des guerres de religion : trois pièces dactualité », Vives Lettres, Complots et coups dÉtat sur la scène de théâtre, xvie-xviie s., éd. F-X. Cuche, no 4, Université des Sciences Humaines de Strasbourg, 1998, p. 7-44 ; C. Bouteille-Meister, « Mettre en scène le massacre du 24 août 1572 ? La Saint-Barthélemy ou lactualité théâtrale impossible », Littératures classiques, « Écritures de lactualité, xvie-xviiie siècle », éd. K. Abiven et L. Depretto, no 78, 2012, p. 143-164.

5 Voir C. Bouteille-Meister, « Le théâtre dactualité dexpression française (1550-1630) ou limpossible expression dun dissensus ? », Dissensus. Pratiques et représentations de la diversité des opinions (1500-1650), éd. F. Alazard, S. Geonget, L. Gerbier et P-A. Mellet, Champion, à paraître.

6 Voir L. Lobbes, « Lexécution des Guises prétexte à tragédie », Le Mécénat et linfluence des Guises, éd. Y. Bellenger, Paris, Honoré Champion, 1997, p. 567-579 ; J-C. Ternaux, « La diabolisation dans La Guisiade (1589) de Pierre Matthieu et Le Guysien (1592) de Simon Belyard », Études Épistémè, no 14, automne 2008, p. 1-18 ; Id., « Simon Belyard, Ronsard et Garnier : Le Guysien (1592) », La Poésie de la Pléiade. Héritage, influences, transmission, éd. Y. Bellenger, J. Céard et M-C. Thomine-Bichard, Paris, Classiques Garnier, 2009, p. 275-295 ; Id., « Le traître dans la tragédie dactualité : La Guisiade de Pierre Matthieu (1589), Le Guysien de Simon Bélyard », Seizième Siècle, no 5, 2009, p. 115-132 ; C. Bouteille-Meister, « Le cadavre fantasmé du duc de Guise : le corps sanglant du Balafré et les stratégies de représentation de lassassinat de Blois », éd. C. Bouteille-Meister et K. Aukrust, Corps sanglants, souffrants et macabres. Représentation de la violence faite aux corps dans les lettres et les arts en Europe, xvie-xviie siècle, Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, p. 285-302 ; C. Bouteille-Meister, « De lappel à la révolte protestante à la sortie de crise catholique : les usages de la violence sur les corps dans le théâtre dactualité en français pendant les guerres de religion », Littératures Classiques, « Le théâtre, la violence et les arts en Europe (xvie-xviie s.) », éd. C. Biet et M-M. Fragonard, no 73, 2011, p. 265-272.

7 I. D. F. [Jacques de Fonteny], Cléophon, Tragédie conforme et semblable à celles que la France a veues durant les guerres civilles, Paris, François Jacquin, 1600. Les citations renverront à lédition moderne : J. de Fonteny, Cléophon, éd. C. Biet, Théâtre de la cruauté et récits sanglants en France (xvie-xviie siècle), Paris, Robert Laffont, 2006, p. 891-937. Voir C. Biet, « Le texte tragique et lhistoire : la figuration du régicide dans le Cléophon (1600) de Jacques de Fonteny », Texte, revue de critique et de théorie littéraire, éd. Benoît Bolduc, Tritntexte, Toronto, no 33/34, 2003, p. 105-138.

8 C. Billard, Tragédie sur la mort du roy Henry le Grand, Tragédies françoises de Claude Billard, seigneur de Courgenay, Paris, François Huby, 1612. Les citations renverront à lédition moderne : C. Billard, Tragédie sur la mort du roi Henri le Grand, Théâtre de la cruauté et récits sanglants en France, p. 938-1012. Voir T. L. Zamparelli, The Theater of Claude Billard : a Study in Post-Renaissance Dramatic esthetics, New Orleans, Tulane University, 1978 ; C. Zonza, « La tragédie à sujet actuel. La Mort dHenry iv de Claude Billard », Revue dHistoire Littéraire de la France, nov-déc 2000, no 6, p. 1459-1479 ; C. Zonza, « Le discours politique dans les tragédies de Claude Billard, Albineana, Cahiers dAubigné, vol. 22, 2010, p. 101-123.

9 Reprenant les deux premiers articles de lédit de Saint-Germain de 1570, lédit de Nantes de 1598 accorde lamnistie et impose loubli des conflits religieux qui ont déchiré le royaume : « Premierement, que la memoire de toutes choses passées dune part et dautre, depuis le commencement du mois de mars mil cinq cens quatre vingtz cinq jusques à nostre avenement à la couronne, et durant les autres troubles preceddens et à loccasion diceulx, demourera estaincte et assoupie, comme de chose non advenue », Édit de Nantes. Édit général, éd. B. Barbiche, Édits de pacification, Éditions en ligne de lÉcole des chartes (ELEC), http://elc.enc.sorbonne.fr/editsdepacification/edit_12, dernière consultation janvier 2016.

10 J. de Fonteny, Cléophon, p. 936, v. 1307.

11 Il y eut en effet pas moins de dix-neuf attentats contre Henri IV avant le régicide de 1610. Voir R. Mousnier, LAssassinat dHenri IV, 14 mai 1610. Le problème du tyrannicide et de laffermissement de la monarchie absolue, Paris, Gallimard, 1964, p. 89-90.

12 Cité par N. Le Roux, Les Guerres de religion 1559-1629, Paris, Belin, 2009, p. 385.

13 Ce décodage étymologique, sil désigne clairement le souverain, se combine avec une référence littéraire : le nom de Cléophon a déjà été utilisé pour désigner Henri III dans plusieurs poèmes de 1578 consacrés au duel des mignons.

14 Voir M. Mercier, « La représentation de lassassinat dHenri III à laube de labsolutisme monarchique : de lexposition du corps soumis à la violence théophanique à lescamotage dune victime embarrassante », Corps sanglants, souffrants et macabres, p. 315-331.

15 P. Corneille, Cinna, Acte V, scène 2, Théâtre complet I, éd. P. Lièvre et R. Caillois, Paris, Gallimard, 1950, p. 902.

16 Nous traiterons plus rapidement de cette pièce et renvoyons à notre article pour une étude plus détaillée : C. Bouteille-Meister, « LÉglise dans lÉtat ou lÉtat dans lÉglise ? La Tragédie sur la mort du Roy Henry Le Grand : quand les représentations politiques conditionnent la scène tragique », éd. C. Biet, P. Vanden Berghe et K. Vanhaesebrouck, Œdipe contemporain ? Tragédie, Tragique, Politique, Paris, LEntretemps, 2007, p. 171-188.

17 C. Biet, « Le roi est mort ! Vive lÉglise triomphante ! Deuil, cérémonie et monologue : La Mort dHenry IV au service de la Contre-Réforme », éd. F. Dubor et C. Triau, Monologuer, pratiques du discours solitaire au théâtre, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 21-44, ici p. 26.

18 C. Billard, Tragédies françoises, « Au lecteur », non paginé.

19 Hérodote, Histoires, éd. Ph. Legrand, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 18.