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Classiques Garnier

Les testaments des rois capétiens Perspectives et problématiques

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2016 – 1, n° 31
    . varia
  • Auteur : Lalou (Élisabeth)
  • Résumé : Elizabeth Brown s’attache depuis longtemps à l’étude des testaments royaux. Elle travaille encore aujourd’hui à la mise en ligne de ces textes importants. C’est pourquoi sera d’abord rappelée ici la place éminente jouée par E. Brown depuis les années quatre-vingt. Les travaux récents sur ce sujet formeront ensuite une brève introduction à l’exposé des problématiques auxquelles permet de répondre ce type de documents.
  • Pages : 61 à 68
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406060673
  • ISBN : 978-2-406-06067-3
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06067-3.p.0061
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/07/2016
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Les testaments des rois capétiens

Perspectives et problématiques

Lhistoriographie des testaments autres que royaux a connu un bel essor dans les années 1970, dans la veine dune histoire économique et sociale alors en plein développement. Marie-Thérèse Lorcin sest appuyée sur les testaments dans sa thèse sur Vivre et mourir en Lyonnais à la fin du Moyen Âge (1981) et elle a encore récemment publié « Dabord il dit et ordonna… ». Testaments et société en Lyonnais et Forez à la fin du Moyen Âge1. M.-T. Lorcin est aussi lauteur dune bibliographie sur les testaments qui donne une idée de lampleur des études sur le sujet2. Cest en 1980 quest parue La comptabilité de lau-delà de Jacques Chiffoleau – quil me plaît dassocier ainsi à lhommage à Elizabeth Brown –, un travail qui repose sur un fonds de testaments avignonnais3. Depuis lors, si les thématiques ont changé, lintérêt pour les testaments na pas faibli. En Allemagne, deux colloques ont été consacrés aux testaments en 2005 et 2006. Le premier sintitulait « Salut de lâme et biens terrestres. Les testaments comme sources de lhistoire économique, juridique et sociale » et le second « Testaments de souverains et de princes au Moyen Âge en Europe occidentale4 ». En 2012, un colloque organisé par le Centre de

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recherche universitaire lorrain dhistoire (CRULH) a mis laccent sur la piété et la spiritualité. Il sintitulait « Le testament spirituel du Moyen Âge à lépoque moderne5 ».

Le corpus des testaments des rois de France pose en lui-même un certain nombre de questions. Elizabeth Brown sy est intéressée depuis le début de ses travaux sur le règne de Philippe le Bel et de ses fils. Elle en envisagea dès cette époque lédition exhaustive de concert avec Richard Famiglietti6. E. Brown a transcrit tous les textes des testaments sur son ordinateur mais ils furent alors mis en page pour un système informatique maintenant obsolète (bien que révolutionnaire à lépoque). Elle a surtout consacré de nombreux articles à Philippe le Bel et ses fils, à leur mort et aux cérémonies qui marquaient leurs enterrements. Dans ses études sur Saint-Denis, les testaments royaux font partie des sources essentielles pour connaître les relations entre le souverain et labbaye où se trouve leur nécropole. Plusieurs de ces articles ont été réunis dans le volume The Monarchy of Capetian France and Royal Ceremonial, dont le titre est significatif7. Elle a consacré dautres articles aux testaments royaux, notamment à ceux de Jeanne de Navarre8. Enfin, à loccasion

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du colloque de Sarrebruck cité plus haut, E. Brown a consacré un article de synthèse aux « actes testamentaires » des rois de France de Philippe Auguste à Philippe de Valois, dans lequel elle ramasse lessentiel de ses réflexions sur le sujet9. « Actes testamentaires » : de fait, le terme de testament est un peu restrictif, dans la mesure où il exclut les codicilles et tous les documents liés au règlement de la succession. Le volume Herrscher – und Fürstentestamente im westeuropäischen Mittelalter, dirigé par Brigitte Kasten, dans lequel ce dernier article a été publié, comprend entre autres des études sur les testaments des rois dAngleterre, fort utiles pour comparer les documents français et anglais10.

Le groupe de travail sur les Capétiens a repris le travail sur les testaments dans un effort collectif avec E. Brown11. Deux journées détude ont été consacrées aux testaments, une première en janvier 2007 et une seconde le 17 janvier 2009. La première a permis de passer en revue tous les testaments royaux depuis Philippe Auguste jusquaux testaments des fils de Philippe le Bel12. La seconde a été davantage orientée vers les liens entre testaments et histoire de lart13. Plusieurs articles de la

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seconde journée détude ont été publiés dans un dossier de la revue Le Moyen Âge, intitulé « Autour des testaments des Capétiens » (2013)14.

Dans la lignée dElizabeth Brown, et avec son aide, il a été décidé de publier en ligne les testaments, sur le site TELMA, géré par lInstitut de recherche et dhistoire des textes, à côté de lédition (en cours) des actes de Philippe III et de Philippe IV15. Une publication de prestige des testaments des rois aurait aussi pu être envisagée, par exemple dans les collections de lacadémie des Inscriptions et Belles-Lettres ou dans les Monumenta palaeographica Medii Aevi, mais, dans un premier temps, lédition électronique lui a été préférée. La mise en commun des données et la mise en série des testaments seront en effet très utiles afin darriver à des index cumulés des personnes et des lieux, par exemple des abbayes qui sont lobjet de gratifications royales.

Avant de mettre à exécution lédition des testaments, il importe de résumer ici les problématiques que ces textes permettent de traiter. Celles-ci ont été esquissées lors des journées détude précédemment citées ainsi que dans les différents articles déjà publiés.

Le corpus des testaments capétiens commence avec celui de Philippe Auguste, célèbre document16 sur lequel Marc Smith avait fait une belle communication lors de la première journée détude17. Ce document fut

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peut-être écrit par frère Guérin, visiblement dans une position inconfortable (sur ses genoux ?), au chevet de Philippe Auguste mourant. Cest en tout cas un document atypique constitué dune page quon a qualifiée d« autographe » à cause de sa mauvaise écriture et de sa présentation qui nest pas celle des chartes issues de la chancellerie royale à la même époque18.

Ce document pose demblée le problème de lidentité des testaments capétiens. Les testaments sont conservés au Trésor des chartes (actuelle série J des Archives nationales). Y sont conservés les testaments, souvent multiples pour un même roi, et les codicilles. Cette présence au Trésor des chartes indique le soin apporté à ces documents par les rois après le curieux document de Philippe Auguste – il manque une étude approfondie de la destinée de ces testaments au Trésor des chartes19. Il est certain en tout cas quils servirent dans les procès divers soulevés par les rattachements de territoires. Gaël Chenard a bien montré, par exemple, comment le testament dAlphonse de Poitiers est une des pièces des procès séculaires suscités à propos des terres du Languedoc20. Des testaments ont pu être perdus ou égarés, notamment des testaments de femmes. Certains ont été retrouvés, comme celui de Blanche de Navarre, mais, cachés dans les fonds des archives départementales, dautres peuvent encore échapper longtemps à nos recherches21.

Jusquà Philippe IV le Bel, les testaments, qui se présentent sous lapparence de chartes royales classiques, contiennent des rubriques dictées

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par le souverain lui-même. Ces documents nous donnent donc des éléments pour connaître la personnalité du roi. Les testaments multiples et successifs, comme ceux de Philippe III ou Philippe IV, apportent aussi des éléments importants pour lhistoire politique. À partir des fils de Philippe IV en revanche, le texte des testaments devient stéréotypé, répétant à lenvi les dons accordés aux mêmes monastères ou établissements ecclésiastiques.

Le roi cherche à assurer le salut de son âme par trois moyens : en réglant ses dettes et en faisant des dons à des établissements ecclésiastiques ; en récompensant les membres de sa familia, ses serviteurs et dautres personnes ; enfin en cherchant à remplir ses devoirs envers ses héritiers et le royaume. Leurs testaments permettent de comprendre la piété des souverains et leur attitude devant la mort, tout en donnant accès aux valeurs personnelles et au caractère des rois22. Ils donnent aussi des informations utiles pour lhistoire de lart – avec des listes de reliques, reliquaires, bijoux – ; ainsi que pour les bibliothèques royales, lorsque des dons de livres sont mentionnés.

Prenons le cas de Philippe IV le Bel. Celui-ci a dicté trois testaments, auxquels il faut ajouter un codicille ; tous sont en latin23. Sans originalité, le roi émet le souhait dêtre inhumé à Saint-Denis, tout près de saint Louis pour lequel il a fait construire le monastère des dominicaines de Poissy. Il souhaite que son cœur soit inhumé précisément à Poissy, dans labbatiale construite sur le lieu même de la naissance de Louis IX. Il fait des dons aux abbayes habituelles (Cîteaux, Royaumont, Le Lys près de Melun, les moniales de Saint-Antoine), mais aussi des dons particuliers pour terminer le monastère de Poissy et les autres établissements quil a fondés, comme Le Moncel ou les Célestins dAmbert24. Il fait

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don de lys dor pour les principales châsses auxquelles va sa dévotion et particulièrement les trois sanctuaires mariaux de Paris, Chartres et Boulogne, ainsi quà labbaye de Saint-Denis. Il lègue son vœu de croisade à ses fils, fait des dons de bijoux à sa fille. Il consacre 3 000 livres à sa familia et à ses clercs. Dans le codicille, il soccupe de certains de ses livres, donnant un Speculum hystoriale au frère qui demeure à Poissy et sa « bible postillée » (bibliam nostram postillatam) à ceux qui exerceront les fonctions de confesseur des rois de France25. Il exprime le souhait exprès que soient terminées les abbayes quil a fondées et dont la construction traîne. Ce roi chasseur fait aussi des dons aux habitants voisins des forêts royales chez qui les animaux de sa chasse ont provoqué des dégâts. On voit ainsi se dessiner les différents centres dintérêt que présentent ces documents26.

Létude dE. Brown au colloque de Sarrebruck va bien au delà de ces idées simples sur lintérêt des testaments pour dessiner à partir de ces documents lévolution du pouvoir royal entre le début du xiiie siècle et le milieu du xive siècle27. La lecture de cet article fait prendre conscience combien cet ensemble de testaments de Philippe Auguste à Philippe VI de Valois est un corpus extraordinaire.

E. Brown a montré notamment comment les rois successifs expriment dans leurs dernières volontés des souhaits « extravagants » – un adjectif quelle utilise à plusieurs reprises. Ils sont extravagants entre autres par le montant des sommes quexigerait leur mise en œuvre. Et ces dernières volontés ne sont pas appliquées ou seulement très partiellement par leurs successeurs et les exécuteurs testamentaires. Cest pourquoi les rois ont souvent cherché à sassurer, par anticipation, de lexécution de leur testament. Philippe IV fait ainsi prêter serment à Louis, son fils aîné, dexécuter ses dernières volontés28. Mais ils cherchent des garanties plus

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fortes. Charles de Valois demande à son frère Philippe le Bel que les actes soient appliqués « comme de chose jugée devant lui et en sa cour », ce que Philippe IV refuse. Philippe V précise quant à lui à propos de son testament : « ceste disposition voulons que surmonte toute sollemnité de droit ». Philippe VI enfin déclare que son testament a force de la loi.

Comme dans ses autres travaux, Elizabeth Brown fait montre dune connaissance extrêmement précise des textes des testaments, ainsi que des chartes et autres documents qui nous renseignent sur leur exécution ou leur non exécution. Sa connaissance du contexte lui permet de ne pas se contenter dun seul des souverains mais de faire lhistoire à partir du corpus entier. Sa maîtrise est encore sur ce sujet évidente. Cest pourquoi cest un honneur quElizabeth Brown accepte de travailler avec nous à lédition du corpus des testaments royaux.

Élisabeth Lalou

Université de Rouen

Groupe de recherche dhistoire

(GRHis, EA 3831)

1 M.-T. Lorcin, Vivre et mourir en Lyonnais à la fin du Moyen Âge, Paris, Éd. du CNRS, 1981 et M.-T. Lorcin, « Dabord il dit et ordonna… ». Testaments et société en Lyonnais et Forez à la fin du Moyen Âge, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2007.

2 Mise au point de M.-T. Lorcin, « Le testament », À réveiller les morts. La mort au quotidien dans lOccident médiéval, éd. D. Alexandre-Bidon et C. Treffort, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1993, p. 143-156. Pour lespace germanique, voir W. Ogris, « Testament », Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte, éd. A. Erler, E. Kaufmann, W. Stammler, Berlin, E. Schmidt, 1998, vol. 5, col. 151-166.

3 J. Chiffoleau, La comptabilité de lau-delà. Les hommes, la mort et la religion dans la région dAvignon à la fin du Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 1980, rééd. Paris, Albin Michel, 2011.

4 Voir le compte-rendu de ces deux colloques par O. Richard, « Les testaments de la fin du Moyen Âge dans lespace germanique », Bulletin dinformation de la Mission historique française en Allemagne, 42, 2006, p. 97-108. Le premier colloque a été organisé par Markwart Herzog et Cecilie Holdberg du 18 au 20 novembre 2005 à la Schwabenakademie dIrsee en Bavière et sinsérait dans le programme « Mourir, mort et croyances en lau-delà » mis en œuvre par cette institution. Organisé par Brigitte Kasten, le second sest tenu du 15 au 18 février 2006 à Sarrebrück ; E. Brown est intervenu dans ce second colloque (voir p. 63, n. 1, les références de son article) publié sous le titre Herrscher – und Fürstentestamente im westeuropäischen Mittelalter, dir. B. Kasten, Cologne, Böhlau, 2008.

5 « Le testament spirituel du Moyen Âge à lépoque moderne. Legs, salut de lâme, miroir de vertus chrétiennes », colloque organisé par Anne Wagner, Christine Barralis et Corinne Marchal, dans le cadre du CRULH, 28-29 septembre 2012. Les médiévistes qui y sont intervenus sont Sabine Berger (« Les pratiques spirituelles des conseillers du roi de France (1270-1328) ») ; Nicole Brocard (« Les testaments des Montaigu-Cauchard et apparentés à Salins au xve siècle ») ; Laurence Delobette (« Le testament de larchevêque de Besançon Quentin Ménard † 1462 ») ; Jean-Vincent Jourdheuil (« Les invocations aux saints dans les préambules des testaments dévêques au Moyen Âge ») ; Marielle Lamy (« Images, sons et lumières. La mise en scène de la cour céleste dans le testament du duc Louis dOrléans, 1403 ») ; Nicolas Reveyron (« Larchitecture comme testament spirituel dans le quotidien des moines »).

6 E. Brown et R. Famiglietti ont publié ensemble The Lit de justice : Semantics, Ceremonial, and the Parlement of Paris, 1300-1600, Sigmaringen, J. Thorbecke, 1994.

7 The Monarchy of Capetian France and Royal Ceremonial, Aldershot, Variorum, 1991.

8 « La mort, les testaments et les fondations de Jeanne de Navarre, reine de France (1273-1305) », Une histoire pour un royaume, xiie-xve siècle. Actes du colloque Corpus regni organisé en lhommage à Colette Beaune, éd. A.-H. Allirot, M. Gaude-Ferragu, G. Lecuppre, É. Lequain, L. Scordia et J. Véronèse, Paris, Perrin, 2010, p. 124-141 ; E. Brown et T. Claerr, « Fraude, fiction et “faulseté” à la fin du Moyen Âge : les sombres affaires de Jean de Chabannes, comte de Dammartin, et le curieux cas du testament de sa fille, Anne de Chabannes (1500-1502) », Juger le faux (Moyen Âge – temps modernes), éd. O. Poncet, Paris, École nationale des chartes, 2011, p. 89-115.

9 « Royal Testamentary Acts from Philip Augustus to Philip of Valois : Executorial Dilemmas and Premonitions of Absolutism in Medieval France », Herrscher – und Fürstentestamente, p. 415-430.

10 J. Röhrkasten, « Anmerkung zur Vollstreckung des Testaments Eduards I von England », Herrscher – und Fürstentestamente, p. 531-544.

11 Actif depuis 2006, le groupe de travail sur les Capétiens a connu deux avatars institutionnels : un projet ANR « Jeunes chercheurs » « Les Capétiens : valorisation des sources et renouvellement des problématiques » (2006-2011, dir. X. Hélary) et le GDR 3433 « Les Capétiens et leur royaume » (2010-2014). Le groupe sest constitué autour du Corpus philippicum, ensemble documentaire créé par Robert Fawtier, poursuivi par Robert-Henri Bautier et aujourdhui placé sous la responsabilité dÉ. Lalou et de X. Hélary (je me permets de renvoyer à la présentation qui se trouve dans É. Lalou, Itinéraire de Philippe IV le Bel, Paris, Institut de France, 2007, vol. 1, introduction, p. 19-23.

12 Marc Smith, « Le testament de Philippe Auguste » ; Jean-François Moufflet, « Les testaments de saint Louis » ; Gaël Chenard, « Le testament dAlphonse de Poitiers » ; Murielle Gaude-Ferragu, « Les testaments des reines et princesses » ; Xavier Hélary, « Les testaments de Philippe III et de Pierre dAlençon » ; Élisabeth Lalou, « Les trois testaments de Philippe IV le Bel » ; Marc-Édouard Gautier, « Les testaments de Robert de Clermont » ; Pascal Montaubin, « Les testaments de deux cardinaux Jean Cholet et Hugues Aycelin » ; Olivier Canteaut, « Les testaments des fils de Philippe le Bel ».

13 Y intervenait notamment Sabine Berger, qui a depuis soutenu une thèse intitulée Laction édilitaire et artistique de lentourage politique des derniers Capétiens directs, de 1270 à 1328, Université Paris-Sorbonne, dir. D. Sandron et P. Lorentz, 2012.

14 D. Berné, « La place du testament dans léconomie de la mémoire capétienne à Saint-Denis », Le Moyen Âge, 119, 2013, p. 11-25 ; X. Hélary, « Les dernières volontés de Philippe dArtois et la naissance du culte de saint Louis dans la famille capétienne », p. 27-56 ; E. Brown, « Jeanne dÉvreux : ses testaments et leur exécution », p. 57-83 ; le volume comprend en outre un article de M. Maillart-Luypaert et A. Marchandisse, « Les dernières volontés de Jean de Bourgogne, évêque de Cambrai (1439-1480). Édition critique des testaments et codicilles », p. 85-129.

15 Murielle Gaude-Ferragu coordonne le dossier dédition dans TELMA, plateforme de publication en ligne gérée par lInstitut de recherche et dhistoire des textes (IRHT/CNRS, UPR 841).

16 Ce testament de Philippe Auguste est un document différent de ce qui est appelé aussi parfois le « testament [politique] de Philippe Auguste », texte rédigé au moment du départ à la croisade du roi : ce dernier prescrit alors des mesures importantes sur le plan politique qui ont amené les historiens à lui donner ce surnom. Voir John W. Baldwin, The Government of Philip Augustus. Foundations of French Royal Power in the Middle Ages, University of California Press, Berkeley/Los Angeles/Londres, 1986, trad. fr. Philippe Auguste et son gouvernement. Les fondations du pouvoir royal en France, Paris, Fayard, 1991.

17 Une conférence de Marc Smith et Bruno Galland à lInstitut national du patrimoine le 11 mars 2014 a été mise en ligne avec une vidéo qui permet de voir le document : « Le testament de Philippe Auguste. Présentation du testament de Philippe Auguste à loccasion du huitième centenaire de la bataille de Bouvines (27 juillet 1214) », Trésors du patrimoine écrit (consulté le 22 août 2014) ; en janvier 2015, Marc Smith a donné une communication à lacadémie des Inscriptions et Belles-Lettres sur « Le testament de Philippe Auguste (1222), de la paléographie à lhistoire ».

18 Sur les usages en vigueur à la chancellerie, G. Tessier, Diplomatique royale française, Paris, Picard, 1962, chap. xii-xv, p. 207-294.

19 Il se pourrait que certains testaments royaux se soient trouvés chez Guillaume de Nogaret ; linventaire des documents saisis chez lui après sa mort le laisse penser (C.-V. Langlois, « Les papiers de Guillaume de Nogaret et de Guillaume de Plaisians au Trésor des chartes », Notices et extraits de la Bibliothèque nationale et autres bibliothèques, 39, 1917, p. 211-254, sous les numéros 56 à 66 et 374).

20 G. Chenard, « Lexécution du testament dAlphonse de Poitiers (1271-1307) : vouloir et pouvoir après la mort du prince », Bibliothèque de lÉcole des chartes, 167, 2009, p. 375-390.

21 Marion Chaigne a consacré sa thèse dÉcole des chartes à des testaments trouvés dans le registre Arch. nat., X1A 9807 (fonds du parlement de Paris) : « Pour le remède et salut de mon âme… ». Édition et commentaire de trente et un testaments de femmes enregistrés au parlement de Paris (1394-1420), thèse pour le dipl. darchiviste paléographe, 2006 ; résumé dans École nationale des chartes, Positions des thèses, Paris, École nationale des chartes, 2006, p. 81-87.

22 Voir par exemple X. Hélary, « La mort de Pierre, comte dAlençon, fils de saint Louis, dans la mémoire capétienne », Revue dhistoire de lÉglise de France, 94, 2008, p. 5-22.

23 Le premier testament date daoût 1288 à Maubuisson (Archives nationales, J 403, no 12) ; le second, de Royaumont, en mars 1297 (Arch. nat., J 403, no 3) ; et le troisième, de Maubuisson, le 27 mai 1311 (Arch. nat., J 403, no 17). Le troisième est le seul, avec le codicille, qui comporte des mentions sur le repli : per d. regem ou de mandato regis ; il a été écrit par Pierre dÉtampes, qui a signé Stamp. Le codicille enfin est écrit à Fontainebleau le 28 novembre 1314 (Arch. nat., J 403, no 18). La mention hors teneur est per d. regem et de consensu regis Navarre. Maill. Le dernier article du codicille est : Presentem autem ordinacionem nostram, videlicet testamentum principale ac codicillum eidem annexum et omnia contenta in eis, L., primogenitus noster, per fidem corporalem manu nostra per eum prestitam, promisit se fideliter tenere, servare et integraliter adimplere.

24 É. Lalou, « Les abbayes fondées par Philippe le Bel », Revue Mabillon, 63, 1991, p. 143-165.

25 Voir Lart au temps des rois maudits. Philippe le Bel et ses fils 1285-1328, Paris, Réunion des Musées nationaux, 1998, sous les no 182 (Bibliothèque nationale de France, lat. 1023, bréviaire de Philippe le Bel) et no 191 (Bibl. nat. de Fr., lat. 248, bible dite de Philippe le Bel) ; sur les confesseurs, X. de La Selle, Le service des âmes à la cour. Confesseurs et aumôniers des rois de France du xiiie au xve siècle, Paris, École des chartes, 1995.

26 Sur la personnalité de Philippe le Bel, voir notamment R.-H. Bautier, « Diplomatique et histoire politique : ce que la critique diplomatique nous apprend de la personnalité de Philippe le Bel », Revue historique, 259, 1978, p. 3-27.

27 E. Brown, « Royal Testamentary Acts from Philip Augustus to Philip of Valois ».

28 Voir p. 66, n. 2.