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Classiques Garnier

La métamorphose d’un héros épique Henri IV, roi de guerre, roi de paix

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2015 – 1, n° 29
    . varia
  • Auteur : Méniel (Bruno)
  • Résumé : Certains poèmes épiques de la fin du xvie siècle et du début du xviie siècle célèbrent en Henri iv à la fois le héros guerrier et le restaurateur de la paix. La rhétorique de ­l’éloge, le recours aux métaphores mythologiques et surtout le discours moral néo-stoïcien permettent aux poètes de dépasser cette ­contradiction apparente.
  • Pages : 373 à 389
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812448041
  • ISBN : 978-2-8124-4804-1
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4804-1.p.0373
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 30/07/2015
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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La métamorphose dun héros épique

Henri IV, roi de guerre, roi de paix

À la fin du xvie et au début du xviie siècle la poésie épique a contribué à dessiner limage dHenri IV, tout comme les proclamations, lhistoriographie, lestampe, la peinture, la sculpture et les médailles. Or la carrière dHenri IV1 roi de France se divise en deux parties : la période guerrière (1589-1598) et la période pacifique (1598-1610)2. Le travail de réédification politique qui seffectue au cours de lensemble du règne et sintensifie au début du xviie siècle saccompagne dune réorientation de leffort de communication et dune transformation de limage du monarque. Les poètes qui racontent le parcours du roi doivent affronter la question de son unité et de sa cohérence.

Les textes poétiques sur lesquels nous nous appuierons ne sont pas ceux de pièces de circonstances ou doccasionnels3, qui relatent un événe

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ment, une bataille ou une campagne militaire, car ces textes enregistrent une image instantanée du roi, et considèrent rarement son évolution. Dans la perspective que nous avons définie, il a paru plus intéressant dexaminer un corpus moins étudié, celui des textes narratifs longs en alexandrins ou en décasyllabes à rimes plates qui prennent pour thème la vie dHenri IV ou qui du moins entendent le suivre sur une partie de son itinéraire. Ces textes parfois très élaborés étaient appelés « poèmes héroïques » au xvie siècle, mais comme nous réservons cette appellation pour des poèmes fondés sur la fable4, nous utiliserons le terme générique de « poème épique ». Ces poèmes, dont la composition a souvent été lente, privilégient une vision surplombante et impliquent un recul dont ne se préoccupent pas les œuvres de circonstance. De plus, ils présentent une certaine homogénéité, puisquils sont favorables au monarque.

Les premiers poèmes épiques publiés en lhonneur dHenri IV datent des années 1593-1594, cest-à-dire du moment où, par son abjuration, le 25 juillet 1593, et par son sacre, à Chartres, le 27 juillet 1594, le monarque légitime définitivement son pouvoir et manifeste son intention de rassembler tous les Français autour de sa couronne. À cette époque paraissent La Henriade (1593-1594)5 de Sébastien Garnier, LOracle (1594)6 de Jean Godard, Le Roy triomphant (1594)7 dAlexandre de Pontaymeri8, Les Destinées de la France (1594)9 de Claude Binet. Une autre période a été favorable à la composition de poèmes épiques célébrant le premier

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des Bourbons : les années 1610-1613 qui ont suivi son assassinat : cest alors que paraissent Lheureuse entrée au ciel du feu Roy Henry le Grand (1610)10 de Charles de Navières, De la Souveraineté des Roys (1610)11 de Pierre de Nancel, lEuloge de la vie heroïque de Henry le Grand (1611)12 de Jean Metezeau, lApotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII (1613)13 de Jean Prevost. Nous tiendrons aussi compte de poèmes publiés entre ces deux périodes, tels que Les trois visions de Childeric (1595)14 de Pierre Boton et LHeptameron de la Navarride15 (1602) de Pierre Cayet.

Cette poésie participe dune vaste entreprise de définition de limage dHenri IV, qui a autorisé certains à parler de propagande16. Ce terme est à employer avec précaution dans la mesure où la poésie dont nous parlons nest pas directement suscitée par le souverain ; elle résulte dinitiatives individuelles qui visent la faveur royale, mais en général ne lobtiennent pas ; elle a une diffusion limitée. Elle loue le roi de deux manières, en énumérant ses qualités et en racontant ses exploits : elle relève à la fois du discours encomiastique et du récit épique. Or pendant les deux décennies que nous considérons, Henri IV, de roi de guerre contraint à conquérir le territoire qui lui revenait, est devenu roi de paix : les poèmes ne peuvent plus faire léloge des mêmes vertus, ni mettre en avant les mêmes actions. Comment lepos peut-il saccommoder de cette métamorphose ?

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Il convient dobserver comment, dans les éloges et les récits, lon passe de limage dun roi de guerre à celle dun roi de paix et de donner sens aux comparaisons par lesquelles les poètes magnifient le Prince ; nous défendrons enfin lidée que, malgré son évolution, le personnage trouve son unité et sa cohérence dans une identité philosophique qui dépasse lopposition entre le monarque guerrier et le souverain pacifique.

Léloge et le récit :
lévolution dune image

La poésie épique magnifie ce dont elle parle. Elle incline naturellement à léloge. Or, selon la règle rhétorique de la divisio17, louer un homme consiste avant tout à énumérer ses qualités et à montrer leur utilité, leur pertinence dans une situation donnée. Henri de Navarre est présenté comme un guerrier-né, comme un homme accoutumé dès lenfance aux chevauchées, aux veilles, aux combats, qui a acquis rapidement une endurance et une expérience sans égale. Dans sa Henriade, Sébastien Garnier chante, ainsi que lindique une manchette, les « Louanges du Roy » en ces termes :

Mais tout ainsi quon voit lAurore journaliere

Paroistre le matin sur toute autre lumiere,

Ainsi paroist sur tous, le Roy, qui les conduict

Accort, et vigilant, ne dormant jour ne nuict,

Tousjours en action, sans repos et sans cesse,

Un second Charlemagne, en valleur et prouesse,

Un Nestor en Conseil, hardy comme un Cesar,

Un Regulus en foy18, ne craignant nul hazart :

Et brief il ny a Roy, soubs ceste masse ronde

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Tant soit-il valleureux qui lesgalle ou seconde

Ne sestonnant de rien, ayant par plusieurs fois,

Esprouvé du Dieu Mars les rigoreuses loix19.

Henri est présenté comme un roi, mais les vertus qui sont exaltées en lui sont celles dun guerrier. Son activité incessante est suggérée par leffet daccumulation : il veille parce quil est la sentinelle de la France, mais aussi parce quil conjugue tant de qualités quil vit plusieurs vies en une et quil na pas le temps de dormir. Léloge, ici, recourt à la comparaison avec les grands personnages de lhistoire, tout en affirmant limpossibilité de tout parallèle : conformément à un des paradoxes topiques de lencômion, ce quon loue est au-delà de toute louange. Alexandre de Pontaymeri compare lui aussi Henri IV à ses prédécesseurs, pour exalter son courage et son autorité :

Car a dire le vray de tous les Roys de France,

Aucun na voisiné lhonneur de sa vaillance,

Aucun na esgalé le pris de sa bonté,

Aucun ne fut jamais en armes redouté,

Comme luy qui jamais na sceu que cest de crainte,

Bien quil layt à maints Roys en maintes pars emprainte20.

Lanaphore met en valeur la supériorité du premier des Bourbons sur les autres rois de France ; elle place sur un même plan aptitudes guerrières et qualités morales, comme le veut léthique de la Renaissance, qui considère que toute vertu est dabord vigueur et bravoure. Ce faisant, Pontaymeri loue Henri IV pour des facultés que lon pourrait estimer contradictoires : son aptitude à se faire craindre, mais aussi sa bonté. Une tension apparaît entre léthique guerrière de lepos et le discours à tenir pour légitimer le comportement royal sans compromettre une réconciliation nationale. Plus loin, le poète célèbre lhumanité dHenri IV dans un éloge quavec habileté il met dans la bouche dAlexandre Farnèse, qui juge

[] La France incapable, indigne dun tel Roy,

Qui donne aux estrangers une forçante loy,

Dadmirer son maintien, et sa grace, et ses armes.

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Et comme il est humain aux inhumains gendarmes

Du contraire party, dont les premiers Seigneurs,

Ont parmy leur defaut esprouvé les honneurs,

Le Favorable accueil, la Majesté modeste

Un visage qui nest à personne funeste,

Une ame liberale, un cœur dintégrité,

Un Asil aux vaincus de toute liberté21.

Pontaymeri rend ces paroles convaincantes en les attribuant à lun des plus habiles capitaines du temps, qui est mieux à même que tout autre dévaluer les qualités militaires dHenri IV, puisquil a été son adversaire. Or il passe rapidement sur les vertus guerrières du roi pour évoquer sa grandeur morale. Il ne manquerait pas de reprocher au roi son arrogance, mais il ne peut que sincliner devant sa simplicité et son absence de ressentiment, qui sexpriment par une dérivation (« il est humain aux inhumains gendarmes ») et un oxymore (« la Majesté modeste »).

Léloge peut prendre un chemin plus tortueux. Dans le poème de Jean Prevost, alors que le roi Henri gouverne son pays en paix depuis de nombreuses années, la furie Alecton, rassemble sa cour maléfique et sindigne que lon laisse impunément régner la vertu, la foi, la piété. Dans ce passage qui sinspire des assemblées infernales de la tradition poétique, dont les dix-neuf premières strophes du chant IV de la Jérusalem délivrée offrent un bel exemple, elle sadresse ainsi aux puissances démoniaques :

Chetives soeurs à qui tout fait la guerre

Au Ciel les Dieux, et Henry sur la terre !

Endurrons nous que ce Prince honoré

Rameine ainsi le vieil age doré ?

Que la vertu, que la foy, quà leur suitte

La pieté regnent sous sa conduite22 ?

Transposant Claudien23, Prevost tourne en dérision le bellicisme à tout crin, et fait léloge indirect dHenri IV, défenseur de la paix, en évoquant lindignation quil suscite chez les créatures infernales.

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Certains poètes attribuent à Henri IV de telles qualités quaprès son assassinat, ils nhésitent pas à en faire un être divin. Selon le poème De la Souveraineté des Roys composé par Pierre de Nancel, Henri IV sait

Estre si fort aimé, si bon, si juste encore,

Que presque comme un Dieu sa Province ladore []24.

Le titre du poème de Prevost est éloquent : Apotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII. Dans cette œuvre, après la mort du souverain, lÉternel sadresse à son messager en lui déclarant :

Icy je veux, quassis au plus haut lieu

Le grand Henry paroisse un nouveau Dieu25.

La grandeur dHenri IV ne peut être uniquement fondée sur sa vaillance. Il faut quelle soit spirituelle pour que sa mort ne soit pas une victoire de Satan, mais la promesse dun accès au statut divin.

Le poème épique, lorsquil pratique léloge, suggère quHenri IV mêle à ses vertus martiales des qualités propres à restaurer la concorde ; mais le poème épique, aussi et surtout, raconte : il évoque le monarque sur le champ de bataille, larme à la main. À de telles représentations peuvent plus difficilement, ensuite, se superposer des images dapaisement.

Le poète se trouve pris entre des exigences contradictoires. Dune part, Henri ne peut être un personnage épique que sil emporte ladhésion de la nation entière – et nous avons vu que les poèmes qui content sa geste paraissent précisément aux moments historiques où cette unanimité a pu cristalliser ; dautre part, il ne peut être un héros que sil participe à laction ; or dans un contexte de guerre civile, tout combat est fauteur de désunion.

Le poème épique représente Henri IV donnant lassaut. En effet, depuis le Moyen Âge, le Roi doit participer en personne à lexercice de la justice. Il doit donc être capable de faire la guerre pour permettre le triomphe du droit. Cela exige de lui non seulement le courage, mais la force du bras26. Comme la chanson de geste, le poème épique de la Renaissance

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montre le roi non seulement commandant ses troupes, mais donnant la mort. Il est vrai que mourir frappé par un guerrier tel quHenri IV est un honneur. Ainsi, dans Le Roy triomphant de Pontaymeri, le souverain, avant de tuer le comte dAiguemont, lui déclare :

[] mon guerrier

Tu seras glorieux des tiens tout le dernier,

Qui bien-heurant ton sort ployeras ton eschine

Sous lhomicide acier de ma lame divine,

Remarquable en ta mort, va ten compter la bas

Comme ores je te fais le butin du trespas.

”Il y a de lhonneur en la mort souveraine,

”Selle vient par la main dun vaillant Capitaine27.

Même dans ce passage dune rudesse rare, lennemi nest pas humilié ; honneur lui est rendu. La grandeur chevaleresque du geste homicide fait oublier sa violence.

Certains poètes évoquent la participation dHenri IV aux guerres civiles de loin, sans sattarder sur les détails. Ils ne retiennent que les noms des batailles et composent leur poème à partir deux, en les plaçant souvent à la rime. Cest le cas de lEuloge de Jean Metezeau. Voici les vers évoquant Henri de Navarre dans sa résistance aux attaques de la Ligue, après le double assassinat de Blois de 1588 :

Henry le Grand soudain se fait revoir aux champs,

Prend Niort, Maillezay, de mesme S. Maixants,

Chastellerault, Loudun, et plusieurs autres villes,

Que la Ligue tenait sous ses pates servilles :

Oubliant le passé il avole au secours

Du dernier des Vallois assiegé dedans Tours

Quil delivre aussitôt que lon le vit paroistre,

Le rend entierement de la campagne maistre,

Fait fuir devant luy la Ligue à sa mercy,

Emporte dessus elle avec luy Baugency,

Force avec luy Gergeau, Estampes, et Ponthoise,

Seyne revit son Roy, comme lavoit veu Oyse []28.

Ainsi Jean Metezeau utilise le pouvoir de suggestion des noms propres, fréquemment placés à la rime, pour évoquer la conquête du territoire par

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Henri de Navarre. Il suscite lidée dune avancée-éclair et estompe les horreurs de la guerre. Pour lui, Henri IV na pas dévié : il sest dabord consacré à la libération de la France, puis à son rétablissement :

Apres avoir du tout la France liberée,

Il semploye aux moyens de la voir restaurée,

Pardonne à ses subjects qui sestoient rebellez,

Rappelle les bannis qui restoient exilez,

Réunit les esprits divisez de nature,

Remet les Arts en vogue, aux champs lAgriculture,

Aux villes le commerce, et au lieu du harnois,

Faict reflorir par tout, les lettres et les lois []29.

Ainsi sexplique la continuité entre le règne pacifique dHenri IV et non seulement son règne guerrier, mais les règnes de ses prédécesseurs. Le Roi sauve et perpétue un ordre mis à mal par les troubles civils. La guerre nétait que le moyen déteindre la guerre. Dès les premiers poèmes écrits en son honneur, le guerrier Henri IV est donc porteur dun espoir de paix : ses qualités et ses actions laissent espérer quil restaurera la concorde.

La forme des poèmes épiques ne réside pas seulement dans lalternance du discours et du récit. Elle se caractérise aussi par lemploi insistant de figures danalogies, métaphores et comparaisons, qui contribuent à magnifier le héros. Au moment où lestampe diffuse des portraits mythologiques dHenri IV, la poésie épique assimile le monarque à Apollon et à Hercule.

Les métaphores mythologiques :
dApollon à Hercule

Henri IV descend par sa mère des Fébus, et notamment de Gaston Fébus, dans le château duquel il est né, à Pau, et dont il aurait hérité son goût pour la chasse. Pierre Cayet joue sur lhomonymie et présente Henri comme celui des souverains qui brille avec le plus déclat :

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Henry est donc le Phoebus à bon comte,

Des autres Roys : comme Phoebus surmonte

Au firmament en splendeur et clarté,

Ainsi Henry en douceur et bonté :

Va surmontant les meilleures natures,

De tout son siecle []30.

Ce rapprochement entre Henri IV et Phœbus Apollon est légitimé par laura solaire du monarque, mais aussi par son rôle historique. Limage solaire du roi est attestée depuis Henri II, et son utilisation devient plus fréquente sous le dernier des Valois et le premier des Bourbons. Le poète Claude Binet dédie son œuvre à Henri IV, comme à une divinité solaire qui aurait par sa lumière dispersé les ténèbres des guerres civiles. Parlant de sa Muse, il sadresse au Roi en ces termes :

[] Vous estes lApollon

Qui la sçait manier par son vif aiguillon.

A vous son œuvre est deu, Icy souz lombre obscure

De noz troubles civils sespand la clarté pure

De voz hautes vertus, qui ont de ceste nuict

Fait sortir vostre chef qui tant plus reluit,

Ainsi que le Soleil quand il sort de lombrage

Dune nuë espessie en brille davantage []31.

De même, Pontaymeri chante les « Louanges du Roy Triomphant » en évoquant laudace excessive dun chef espagnol qui sest attaqué à ce Soleil quest Henri IV :

Cestoit un Capitaine en valeur nompareil

Si temeraire il neust defié le Soleil,

Le Soleil de nos jours, le Soleil de nos vies,

Qui seroyent à la nuict Hespaignole asservies,

Sans luy qui est nostre œil, qui est nostre clarté,

Sans luy qui donne encor à la France lumiere,

A la France qui est comme dans une biere

Chez soy ensevelie, et qui nha rien de bon,

Que la gloire des Roys le genereux Bourbon32.

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Pour Natale Conti, Apollon, assimilé au Soleil, chasse les ténèbres de lignorance, et restaure lharmonie. En effet, le Soleil « est situé au beau milieu des autres planetes, comme leur seigneur et prince, desquels les Pythagoriciens ont creu que les mouvement rendoyent un concert et harmonie merveilleusement douce et agreable33 ». Si Henri IV est comparé à Apollon, cest donc quil a su faire passer la France de la nuit des guerres intestines au jour de la concorde retrouvée.

Henri IV est comparé à un autre héros solaire, Hercule34. Cest, le plus souvent, parce que celui-ci a combattu et tué Géryon, « Hispaniae re[x]35 ». Ainsi, dans Les Destinées de la France, Jupiter avertit les ennemis de la France quil protège « lHercule François, / Qui cerclera lEspagne aux chainons de ses loix36. » A la différence de son prédécesseur Henri III, volontiers assimilé à lHercule gaulois subjuguant les hommes par son éloquence, il est plutôt rapproché de lHercule grec aux douze travaux. Même si Pierre Boton le compare à « Hercule, et Thebain et Gallique37 », il pense surtout au premier : comme celui-ci, Henri est né dans un siècle dairain ; il sera plein de vertu ; il éliminera des monstres, ceux de la Ligue. Le poète rappelle quil ny a pas de gloire sans épreuve et que ladversité est la condition de la vertu :

Qui a fait veoir Hercule, et sa force indomptee,

Sinon un Geryon, un Cacus, un Antee ?

La France revoltee et le Ligueur felon

Sera le champ dhonneur de Henry de Bourbon,

Qui sera surnommé Le Grand, et par ses gestes

Se fera renommer jusquaux voutes celestes38.

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Cette idée dune économie cosmique des vices et des vertus ouvre la voie à une interprétation stoïcienne du mythe dHercule, que les contemporains nont pas dédaignée.

Le discours moral :
le portrait dun roi néo-stoïcien

Le mythe dHercule est, au xvie siècle, interprété tantôt dans une perspective évhémériste, tantôt dans une perspective morale. Le traducteur de la Mythologia, Jean de Montlyard, enrichissant le texte de Conti dun développement de son cru, suppose quHercule a été un chef de guerre qui se serait donné la mission de « delivrer le pauvre peuple des oppressions et violences des plus forts » et de « reduire par mesme moyen les peuples brutaux à plus douce et civile façon de vivre, les poliçant à cette fin de bonnes loix et ordonnances quil establissoit par tout où il passoit39 » : Hercule est un héros moins guerrier que civilisateur. Il nuse de violence que pour mettre à bas la tyrannie et restaurer la loi. Cette lecture de la légende nexclut pas le recours au symbole. Hercule est une figure de la vertu et de la constance. Natale Conti affirme que certains

tirent son nom du mot Areté, cest à dire vertu, nestant Hercule autre chose que valeur, magnanimité, prudence, et la raison qui est en nous avec constance : et parce que telles qualitez nescheent à personne sans la bonté divine, et bonne affection de courage, cest pourquoy lon dit Hercule estre fils de Jupiter, et dAlcmene, ou constance, car toute probité a besoing de sarmer de patience ès adversitez, et pour vaincre ses appetits et convoitises de la chair ; et de la bonté de Dieu qui luy serve de guide et de conduite, consideré que nulle puissance humaine nest de soy suffisamment puissante40.

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Les monstres quHercule élimine sont des figures de ces « troubles desprit41 » que sont lorgueil, larrogance, la cruauté, la colère. Incarnation de la vertu, le héros combat les vices qui corrompent la vie humaine. De même, Vincenzo Cartari écrit que

dautant quil ny a monstres plus epouventables, ny plus cruels tirans contre les hommes, que sont les vices de lames, aucuns ont voulu dire, que la force dHercule fut la force de lesprit, et non du corps : avec laquelle il surmonte tout appetit desordonné, qui est rebelle à la raison : et comme monstres les plus feroces, troublent lhomme continuellement, et le travaillent42.

En comparant Henri IV à Hercule, les poètes épiques suggèrent que son combat est tout autant intérieur quextérieur. Selon un lieu commun des « miroirs du Prince » médiévaux, quont repris les « institutions du prince » humanistes, le roi, pour exercer convenablement sa mission, doit dabord se dominer lui-même. Dans le poème de Jean Prevost, Henri lexplique au Dauphin :

”Se commender est une monarchie.

”Lors à bon droict dautruy seras tu Roy

”Si tu peux lestre auparavant de toy,

”A qui peut tout la licence effrenee

”Des passions se laisse abandonnee

”Porter au pire, on est plus inhumain

”Où la vengeance est plus pres de la main43.

La guerre fait naître des passions telles que lappétit de vengeance, la cruauté, lorgueil. Celui qui y succombe est voué à perpétuer la guerre. Le roi doit y résister pour obéir à la Providence et préparer lavènement de la paix. Dans le poème de Sébastien Garnier, Henri adresse à Dieu, avant la bataille dIvry, une prière qui, enchaînant trois groupes de six vers, donne sens à son engagement dans la guerre :

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Si tu congnois Seigneur que la guerre je fais

Pour espandre le sang, ennemy de la paix :

Je veux mon Dieu, je veux, que toute leur armee,

Vienne droict dessus moy se jetter animee,

Coulpable du malheur que ton peuple innocent

Par les effects divers de la guerre ressent.

Mais si lamour aussi que jay à la patrie

Et le salut commun me faict mettre ma vie

En un si grand hazard : fais par ta grandbonté

Que mon ennemy soit vaincu et surmonté,

Me donnant à bon droict dessus luy la victoire

Dont a toy en sera, et lhonneur, et la gloire.

Je te requiers aussi de bon coeur que le cours

Tu nallonges, Seigneur, plus long temps de mes jours

Que tu recongnoistras que je seray utile

A ce pauvre pays languissant et debile,

Et que le bien commun de toute Chrestienté

Sentira par effect ma bonne volonté44.

Si Henri faisait la guerre par goût du sang ou même par aspiration à la gloire, il pourrait être tenu pour responsable des souffrances des hommes ; or il agit en considérant lintérêt collectif, et, au-delà, la volonté divine. Il fait à Dieu don de lui-même, revendiquant le statut de pur instrument de la volonté céleste, qui ne durera que tant quil sera utile. Il ne veut vaincre que pour la gloire de Dieu. Les poèmes que nous étudions dessinent la figure dun roi stoïcien, que Denis Crouzet a mise en évidence45.

Ainsi se trouve dépassée lopposition entre guerre et paix. La guerre que pratique le roi de France nest que le moyen de parvenir à la paix. Lune et lautre sont des effets de la Providence. La grandeur dHenri IV est de sêtre soumis à Dieu et de lavoir servi dans les deux cas avec le même zèle.

Aucun thème ne montre avec davantage de netteté ce lien dialectique entre la guerre et la paix que celui de la clémence, qui devient prépondérant au moment du ralliement progressif des chefs ligueurs à Henri IV. Les poètes semparent de ce thème qui renvoie alors à des réalités politiques et financières concrètes, mais auxquels les stoïciens

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antiques, notamment Cicéron dans ses discours Pro Marcello et Pro Ligario et Sénèque dans son De Clementia46, ont donné une dignité philosophique. Cayet rapporte quaprès sa victoire à Coutras, Henri de Navarre a relâché les prisonniers sans rançon :

Il exposa sa vie propre au hazar (sic).

Et en gaigna la victoire Royalle,

Monstrant son ame, encore plus loyalle,

Envers plusieurs, qui sy trouverent pris,

Quil renvoya sans rançon et sans pris,

Dequoy les siens, luy faisant remonstrance,

Vous nestes pas, pour estre Roy de France,

Leur dit-il lors47.

Claude Binet écrit dHenri IV que

Clemence il engendre, amiable Deesse,

Et qui est sans sarmer des armes la maistresse48.

Le poète qui chantera sa geste

dira sa Clemence, et comme son amour

Reconquist son Royaume et son peuple en un jour49.

La clémence est parfois considérée comme une indulgence coupable50 et certains poètes font mine de la juger sévèrement. Par exemple Pierre Cayet écrit :

Et jamais nul de Henry nentendit,

Mesmes par ceux qui cherchent sa ruine,

Nul mal sinon que bonté luy domine,

Faisant du bien à ceux qui à grand tort,

Cherchent sa vie et procurent sa mort51.

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Sous couvert de reproche, le poète reste dans le panégyrique : il sait bien que son lecteur interprétera ce refus de toute vengeance comme un signe de la magnanimité du roi. La clémence est cet amour qui est victoire sur les passions, comme la bien vu Du Bartas :

O vrayment invincible, et plus quAuguste Roy,

Qui triomphes, heureux, du triomphe et de toy,

Et qui rends tous contans, ton ost de la victoire,

Le vaincu du pardon, et tous deux de ta gloire52 !

La clémence permet à la guerre de seffacer devant la paix sans laisser de ressentiment ni darrière-pensée. Or cette victoire suprême est dordre éthique : elle est la victoire que le vainqueur remporte sur lui-même. La constance, la maîtrise des passions, le consentement à la Providence, laptitude à la clémence, toutes ces qualités érigent Henri IV en héros néo-stoïcien.

Conclusion

La question de la guerre et de la paix est centrale pour qui analyse le traitement du personnage épique dHenri IV. En effet, la forme épique est choisie par les poètes notamment parce quelle permet de sadresser directement au Prince, de le louer, de célébrer ses actions, mais elle leur impose une éthique belliciste qui entrerait en contradiction avec le sens que ce Prince entend donner à son combat. Les poètes sont donc conduits à modifier la forme de leurs œuvres, à linfléchir vers léloge, à augmenter la proportion du discours par rapport à celle du récit, à proposer des préceptes et à multiplier les sentences.

À la question « comment terminer une guerre ? », la poésie apporte bien une réponse, mais, si le discours lemporte sur le récit, cest que cette réponse est dordre philosophique. La soumission à la Providence

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et la pratique de la clémence tracent les linéaments du néo-stoïcisme royal. La guerre est un désordre qui donne au Prince loccasion de manifester sa vertu et sa magnanimité, avant de rétablir une paix conforme à lharmonie cosmique.

Bruno Méniel

Université de Nantes

LAMo

1 Sur Henri IV, voir J.-P. Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, 1982 ; J.-P. Babelon, « LImage du Roi », Henri IV et la reconstruction du royaume, Catalogue, Paris, Réunion des musées nationaux / Archives nationales, 1989 ; Quatrième Centenaire de la bataille de Coutras, Pau, J & D Editions / Association Henri IV, 1989 ; Henri IV, le roi et la reconstruction du royaume, Pau, J & D Editions / Association Henri IV, 1990 ; C. Vivanti, Guerre civile et paix religieuse dans la France dHenri IV, Paris, Desjonquères, 2006 ; M. De Waele, Réconcilier les Français : Henri IV et la fin des troubles de religion, 1589-1598, Québec, Presses de lUniversité Laval, 2010 ; M. Cassan, La Grande Peur de 1610. Les Français et lassassinat dHenri IV, Seyssel, Champ Vallon, 2010.

2 Sur la question de la guerre et de la paix, voir J. Cornette, Le roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle (1re éd. 1993), Paris, Payot et Rivages, 2000 ; P. Mironneau et I. Pébay-Clottes, Paix des armes, paix des âmes, Paris, Société Henri IV / Imprimerie Nationale Éditions, 2000.

3 Sur ce corpus, voir Marc Angenot, La Parole pamphlétaire. Typologie des discours modernes, Paris, Payot, 1982, p. 27-45 ; Le pamphlet en France au xvie siècle, Paris, Cahiers V. L. Saulnier, Collection de lÉcole Normale Supérieure de Jeunes Filles no 25, 1983 ; J. K. Sawyer, Printed Poison. Pamphlet Propaganda, Faction politics and the Public Sphere in Early Seventeenth-Century France, Berkeley / Los Angeles / Oxford, University of California Press, 1990 ; David El Kenz, « La propagande et le problème de sa réception, daprès les mémoires-journaux de Pierre de LEstoile », Cahiers dhistoire. Revue dhistoire critique, 90-91, 2003, 19-32 ; Tatiana Debbagi Baranova, À coups de libelles. Une culture politique au temps des guerres de religion (1562-1598), Genève, Droz, 2012. Selon David El Kenz, le nombre de pamphlets publiés pendant les troubles civils est proche du millier.

4 Voir B. Méniel, Renaissance de lépopée. La Poésie épique, en France, de 1572 à 1623, Genève, Droz, 2004.

5 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade [IX-XVI], contenans les faicts merveilleux de Henry, roy de France et de Navarre [], Blois, Veuve B. Gomet, 1593, in-4o, VI f.-148 p.-V f. ; Les Huict Premiers Livres de la Henriade, contenans les faits admirables de Henry roy de France [], [ne comprend que les livres I-II], Blois, Gomet, 1594, in-4o, XII f.-39 p.

6 J. Godard, LOracle ou Chant de Protée où sont predictes les glorieuses victoires de Henry IIII. tres-Chrestien et tres-victorieux Roy de France et de Navarre [] Ensemble les Trophees dudict Seigneur [], Lyon, Th. Ancelin, 1594, XII f.-134 p.

7 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, où sont contenues les merveilles du tres-illustre, et tres-invincible Henri IIII. par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre, Cambray, P. des Bordes, 1594, in-4o.

8 Sur A. de Pontaymeri, voir B. Méniel « Écrire noblement au xvie siècle : les choix formels dAlexandre de Pontaymeri », Le Statut littéraire de lécrivain, Travaux de Littérature, XX (2007), p. 247-268.

9 Cl. Binet, Les Destinées de la France [], Paris, Jamet Mettayer et Pierre LHuillier, 1594, in-4o, 54 p.

10 Ch. de Navières, Lheureuse entrée au ciel du feu Roy Henry le Grand, Paris, P. Mettayer, 1610, in-8o.

11 P. de Nancel, De la Souveraineté des Roys, poëme epique, divisé en trois livres, s.l., 1610.

12 J. Metezeau, Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand IIII. du nom, Roy de France et de Navarre, tiré dun plus long poëme, Paris, J. Le Clerc, 1611, plano ; Tombeau de Henry le Grand IIII. de ce nom, Roy de France et de Navarre, tiré dun plus long poëme de sa vie heroïque, Paris, Rolin Thierry, 1611, in-8o, 15 p. Il sagit de deux poèmes différents, mais portant sur le même sujet et avec de nombreux réemplois. Le premier est imprimé sous forme de placard.

13 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France et de Navarre Henry IIII, Poictiers, J. Thoreau, 1613.

14 P. Boton, Les trois visions de Childeric Quatriesme Roy de France, pronostics des guerres civiles de ce Royaume, et la Prophetie de Basine sa femme, sur les victoires et conquestes de Henry de Bourbon [] Plus le Triomphe de la liberté Royalle, sur la prinse des villes de Bourgoigne, Paris, Féderic Morel, 1595.

15 [Pierre-Victor Cayet, dit Palma-] Le Sieur de la Palme, LHeptameron de la Navarride ou Histoire entiere du Royaume de Navarre depuis le commencement du monde, tirée de lEspagnol de Dom-Charles Infant de Navarre. Continuée de lHistoire de Pampelonne de N. lEvesque, jusques au Roy Henry dAlbret, et depuis par lHistoire de France jusques au Roy Tres-Chrestien Henry IIII. Roy de France, et de Navarre, VI, Paris, P. Portier, 1602.

16 Voir Babelon, « LImage du Roi », p. 193.

17 Voir H. Lausberg, Handbuch der literarischen Rhetorik. Eine Grundlegung der Literaturwissenschaft, Max Hueber Verlag, Münich, 1960, § 245 et 1129.

18 Foy : fidélité à ses engagements. On se souvient que le consul M. Attilius Regulus, capturé par Hamilcar, fut envoyé à Rome pour y obtenir un échange entre lui-même et des prisonniers carthaginois. Il sétait engagé à retourner auprès de ses geôliers si le Sénat en décidait autrement, et il tint parole (Cicéron, De Officiis, III, 99-101).

19 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade, IX, p. 20, v. 3-14.

20 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 53, v. 16-21.

21 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 55, v. 24-p. 56, v. 9.

22 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. O iij vo, v. 6-11.

23 Voir Claudien, In Rufinum, v. 51-54. Nous remercions Jean-Louis Charlet pour cette référence.

24 P. de Nancel, De la Souveraineté des Roys, II, p. 42, v. 1-2.

25 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. Qvij ro, v. 16-17.

26 Dans Le Couronnement de Louis, Charlemagne se retire, car, bien que sa volonté reste intacte, il a perdu sa force (voir Le Couronnement de Louis, III, v. 20-26).

27 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, p. 33.

28 J. Metezeau, Euloge de la vie heroïque de Henry le Grand IIII. du nom, col. 2, v. 39-50.

29 J. Metezeau, Tombeau de Henry le Grand IIII. de ce nom, p. 10, v. 27-p. 11, v. 6.

30 P. Cayet, LHeptameron de la Navarride, p. 711, v. 5-10.

31 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 4, v. 9-16.

32 A. de Pontaymeri, Le Roy triomphant, Cambrai, p. 85, v. 15-p. 86, v. 24 ; Lyon, p. 74, v. 6-p. 75, v. 7.

33 N. Conti, Mythologiae, sive explicationis fabularum, libri decem, IV, 10, Paris, Hubert Hunot, 1605, p. 360 : Hic medius inter caeteros planetas tanquam dominus caeterorum collocatur, quorum motus incredibilem efficere harmoniae suauitatem crediderunt Pytagorici, quare musicae autor putatus est (N. Conti, Mythologie, trad. Jean de Montlyard, Lyon, Paul Frelon, s.d., p. 354).

34 Sur Hercule, voir Marc-René Jung, Hercule dans la Littérature française du xvie siècle, De lHercule courtois à lHercule baroque, Genève, Droz, 1966 ; C. Vivanti, « Henri IV, the Gallic Hercules », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 30, 1967, p. 176-197 ; C. Vivanti, Guerre civile et paix religieuse dans la France dHenri IV, Paris, Desjonquères, 2006, p. 79-88.

35 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 677.

36 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 46, v. 19-20.

37 P. Boton, Les trois visions de Childeric, p. 25, v. 23.

38 P. Boton, Les trois visions de Childeric, p. 26, v. 19-24.

39 N. Conti, Mythologie, trad. Jean de Montlyard, VII, 1, p. 725 (comparer avec Mythologia, p. 697).

40 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 696-697 : Alii apo tès aretès a virtute scilicet hoc nomen deductum crediderunt, cum Hercules fortitudo sit, et prudentia, et ratio quae est nobis, et constantia : quae quoniam sine diuina bonitate, optimoque animi affectu nemini contingunt, idcirco Iouis filius Hercules dictus est, et Alcmenae siue constantiae. Omnis enim probitas et patientia indiget in rebus aduersis, aut in voluptatibus superandis et diuina bonitate tamquam duce, qua gubernetur, cum nulla vis humana satis sit per se potens (trad. Jean de Montlyard, p. 724).

41 N. Conti, Mythologia, VII, 1, p. 698 : animorum motus (trad. Jean de Montlyard, p. 726).

42 V. Cartari, Le imagini de i dei de gli antichi (1556), éd. G. Auzzas, F. Martignago, M. Pastore Stocchi, P. Rigo, Vincenza, Neri Pozza, 1996, p. 309-310 : « Ma perché non sono più brutti né più spaventolevoli mostri né tiranni più crudeli fra mortali de i vizi dellanimo, hanno voluto dire alcuni che la fortezza di ercole fu dellanimo, non del corpo, con la quale ei superò tutti quelli appetiti disordinati li quali ribelli alla ragione come ferocissimi mostri turbano luomo del continuo e lo travagliano » (Les Images des Dieux des Anciens [], trad. Antoine Du Verdier, Tournon, Claude Michel, 1603, p. 524).

43 J. Prevost, Apotheose du tres-chrestien roy de France, I, f. Pviij vo, v. 13-19.

44 S. Garnier, Les Huict Derniers Livres de la Henriade, IX, p. 16, v. 29-p. 17, v. 14.

45 Voir D. Crouzet, chap. « Du stoïcisme comme système de désangoissement : lidéologie royaliste », Les Guerriers de Dieu, t. II, Seyssel, Champ Vallon, 1990, p. 554-574 ; D. Crouzet, « Les fondements idéologiques de la royauté dHenri IV », Henri IV, le roi et la reconstruction du royaume, Pau, J & D Editions / Association Henri IV, 1990, p. 164-194.

46 Voir Cicéron, Pro Marcello, III, 8 et 12 ; Pro Ligario, XII, 37-38 ; Sénèque, De Clementia, 2e partie.

47 P. Cayet, LHeptameron de la Navarride, VI, p. 741, v. 16-23.

48 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 42, v. 1-2.

49 Cl. Binet, Les Destinées de la France, p. 48, v. 19-20.

50 Sur les jugements contrastés que suscite la clémence dHenri IV, voir M. De Waele, « Image de force, perception de faiblesse : la clémence dHenri IV », Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme XVII / 4, automne 1993, p. 51-60.

51 Pierre Cayet, LHeptameron de la Navarride, Paris, P. Portier, 1602, VI, p. 710, v. 28-p. 711, v. 4.

52 Guillaume de Salluste Du Bartas, Cantique de la victoire dYvry in Suites des Œuvres [] contenant Les Peres. La Loy. Les Trophees, La Magnificence. LHistoire de Jonas [] Plus, un fragment ou commencement de Preface. La Lepanthe. Cantique de la victoire dYvry, avec les Prefaces, Sommaires, et Annotations de S.G.S. [Simon Goulart Senlisien], [Genève], Jacques Chouët, 1601, p. 205, v. 377-380.