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Classiques Garnier

L’économie de la Calabre de la fin du vie au viiie siècle

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2014 – 2, n° 28
    . varia
  • Author: Noyé (Ghislaine)
  • Abstract: The history of Calabria from the late sixth century to the eighth century has yet to be written. Recent study of works such as the Liber Pontificalis must be reexamined in the light of local facts, and the hagiographic accounts, subjected to critical analysis, likewise allow the issue to be revisited. The Empire defended the southern end of the Italian Peninsula against the Lombards until the Beneventan duchy transferred its territorial ambition towards the north in the 730s. Byzantium was primarily interested in the mineral resources of the province, but other kinds of industry also played an important role in the Calabrian economy, such as the production of amphorae for the wine export trade. These manufacturing industries depended on the exploitation of rich woodlands. In order to ­control this wealth, Constantinople was in ­conflict with Papacy, this ­conflict only ending when Leon III transferred the jurisdiction of the bishoprics to the patriarcate of Constantinople. Even if the decline in population and economic recession reached their peak at the beginning of the eighth century, the period that followed was characterized by a level of political stability that was ­conducive to rational exploitation of ­Calabria’s wealth.
  • Pages: 323 to 388
  • Journal: Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782812445682
  • ISBN: 978-2-8124-4568-2
  • ISSN: 2273-0893
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-4568-2.p.0323
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 04-29-2015
  • Periodicity: Biannual
  • Language: French
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Léconomie de la Calabre
de la fin du VIe au VIIIe siècle

La Calabre byzantine de la fin du vie au viiie siècle est souvent considérée par les chercheurs comme un simple chemin menant à sa riche voisine sicilienne, lunion administrative des deux provinces portant de plus à envisager les sources dans une optique strictement « insulaire ». Pourtant les récentes recherches en sigillographie1, numismatique2 et archéologie, qui commencent à corriger limage de cette période longtemps jugée calamiteuse et impénétrable, jettent une nouvelle lumière sur la Calabre et sur les textes, rares et en outre jusquici peu exploités, qui la concernent [Fig. 1]. On peut ainsi tenter de préciser lemprise des dominations byzantine et lombarde dans le sud de la péninsule entre la fin du vie et le viiie siècle, et expliquer les fluctuations de leurs frontières communes par lintérêt non seulement stratégique, mais aussi économique que présentait alors la région : sil est difficile de létudier sans se référer à la Sicile, la même démarche devrait être adoptée par les chercheurs opérant au-delà du détroit de Messine. Enfin certaines mentions écrites étant maintenant considérées comme des jalons dans lévolution de la fiscalité impériale, il faut replacer ces interprétations dans la trame événementielle de lItalie méridionale pour en mesurer le bienfondé à laune des réalités locales : les « byzantinistes » ont-ils assez pris en compte lappartenance, encore au viie siècle, de la Calabre à la sphère occidentale, avant lhellénisation complète du siècle suivant ?

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Létude de léconomie et de la société doit sencadrer dans lhistoire politique, plus quon ne la fait dans la bibliographie récente qui sintéresse, à juste titre dailleurs, aux structures plus quaux évènements : je commencerai donc par évoquer cet aspect, tout austère quen soit lénoncé et sans dissimuler le caractère hypothétique de certaines propositions. Le Bruttium3, à peine récupéré par Constantinople au terme de la guerre « gréco-gothique », est envahi dès la fin du vie siècle par les Lombards, qui atteignent rapidement le détroit de Messine par la route côtière tyrrhénienne4 et suivent ensuite le littoral ionien vers le nord jusquà Crotone, prise vers 5965, tandis que dautres groupes remontent la vallée du Crati en direction de Cosenza6, qui ne quittera plus lorbite du duché, puis de la principauté de Bénévent. Au terme de cette campagne, lEmpire ne garde, sous la lointaine tutelle du magister militum de Naples7, que quelques îlots dont Reggio, capitale de la province, et un petit nombre de villes portuaires puissamment défendues sur la côte orientale, comme Scolacium8 et sans doute les phrouria de Thurii9 [Fig. 2] et de Tarente10 ; la partie authentique de lœuvre du géographe Georges de Chypre, rédigée entre 591 et 603, ne place en effet que Reggio et Squillace dans lobédience impériale11.

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Plusieurs phénomènes contribuent à expliquer ce désastre, mais la géographie des conquêtes lombardes est dabord liée à lemplacement des fortifications réalisées en Italie méridionale par les autorités byzantines depuis le milieu du vie siècle. Durant la guerre « gréco-gothique », linsuffisance numérique des troupes face à la nécessité de tenir les territoires a fait évoluer la tactique militaire vers une guerre de sièges. Les villes portuaires garantissant larrivée des renforts, du ravitaillement et, dune manière générale, les communications avec Constantinople12 ont été munies denceintes maçonnées qui fournissaient les points dappui indispensables à linstallation dunités de larmée tout en assurant la sécurité des autochtones et donc leur fidélité à lEmpire13. Des murs furent ainsi édifiés à Tarente et Crotone durant le conflit14 ; ceux de Naples et de Bénévent, démantelés par Totila15, furent reconstruits16 ; les enceintes de Salerne17 et de Vibona18 furent sans doute mises en place ; quant aux castra de Squillace19 et de Gallipoli20, ils firent leur apparition avant la fin du vie siècle.

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Les travaux, auxquels lÉglise prend une part active21, se poursuivent après la fin du conflit suivant la même logique, cest-à-dire essentiellement sur la côte orientale de lApulie/Calabre (actuel Salento) et du Bruttium ; la défense de ces castra est confiée aux habitants encadrés par une élite locale dont la militarisation est déjà bien amorcée et, pour les plus importants dentre eux, à de véritables garnisons22. À Reggio, ville que ne semblent avoir abandonnée ni son évêque Bonifatius, ni son clergé régulier et séculier23, et où séjourne le notaire Petrus, recteur du patrimoine dans le Bruttium24, la mention dun excubite pourrait être liée à la présence dun détachement de larmée centrale25. La ville a dû résister victorieusement, mais les installations métallurgiques qui fonctionnaient au nord sont détruites et doivent se replier à lintérieur des murs26. Quant à Squillace, elle abrite encore les ministeria de lévêché de Myria en 59427. Crotone en revanche, défendue par des stratiôtai dans les années 550, ne semble plus lêtre, vers la fin du siècle, que par les habitants, menés par les nobiles, ce qui explique sans doute sa chute28.

À larrivée des Lombards, le Bruttium se compose de divers espaces socio-économiques et à chaque situation répondra, de leur part, un type dappropriation spécifique. Installés depuis trois décennies à Bénévent, les envahisseurs possèdent une bonne connaissance des lieux : ainsi ils nattaquent pas de front les zones fortifiées. Comme le montre la

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correspondance de Grégoire le Grand29, ils choisissent la route tyrrhénienne, moins défendue et à proximité de laquelle sétaient déjà installés des groupes venus de Bénévent30 ; cet itinéraire commode31 était en outre jalonné de stationes prospères, à commencer par celle de Blanda, dont le siège épiscopal est dailleurs vacant en 59232. Les Lombards cherchent certes à amasser butin et rançons, mais ils se sont aussi fixé dautres objectifs, à commencer par lacquisition de nouvelles terres cultivables, quils trouvent par exemple dans la vallée du Crati où ils sinstallent de manière stable. Ils recherchent aussi des débouchés sur lAdriatique et ses routes commerciales, quils atteignent demblée victorieusement au nord par la Daunia, puis au sud en contournant lAspromonte, ainsi que les métaux précieux, lor des mines dAltomonte au nord-ouest et de Luzzi sur les marges occidentales de la Sila, et peut-être largent extrait à Longobucco, pour battre monnaie33.

Les provinces méridionales, et particulièrement le Bruttium, incluaient dans lAntiquité de vastes aires appartenant au fisc, dont certaines avaient été ensuite achetées ou usurpées par des personnes privées, tandis que

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dautres étaient entrées par donation impériale dans le patrimoine pontifical, probablement dès la première moitié du ive siècle34. Il sagissait essentiellement des montagnes occupant toute la partie septentrionale de la province : lAppenin constituait ainsi, au nord-ouest, un saltus divisé en massae gérées par des possessores et surtout des conductores et qui, à part quelques zones plus favorables comme le haut plateau du Vallo di Diano, restait dédié à léconomie forestière et à lélevage. Ce saltus était occupé par des pasteurs à cheval, ainsi que par des colons et des esclaves fugitifs35 et, dans ces contrées échappant en bonne part au contrôle public, les habitants, même sédentaires, nétaient guère prêts à combattre pour leurs domini, sauf en cas de péril commun36. On y trouvait aussi des emphytéotes de lÉglise de Rome, comme Grégoire, ex-préfet du prétoire37 possessionné dans le Mezzogiorno38, qui y exploitait des forêts de haute futaie mieux conservées que dans dautres aires montagneuses voisines comme larrière-pays de Vibona39.

On y observe une pénétration capillaire des Lombards qui sinstallent progressivement sur un certain nombre de sites aux côtés des autochtones, peut-être dès les années 56040. Ce modèle dintégration, pacifique semble-t-il, démontre la facilité avec laquelle les agroikoi accueillent alors les nouveaux venus et explique, comme pour dautres zones du Bruttium, la survie des vici au-delà de la disparition des possessores et conductores. Lexistence dune situation potentiellement « révolutionnaire » dans la première moitié du vie siècle sen trouve confirmée : linvasion pouvait apparaître comme une sorte de libération. Les Lombards sen prennent en effet aux propriétaires de la terre qui, en outre, tentent probablement de leur résister, mais ils ont tout intérêt à épargner la main dœuvre rurale. Enfin, il sagit de sites de hauteur aux fortes défenses naturelles, échelonnés sur les axes de pénétration vers le sud, et dont la prise de contrôle relève de la stratégie. Dès le viie siècle, de nouveaux centres urbains viennent dailleurs renforcer

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cette amorce de réseau aux endroits névralgiques : les futurs gastaldats de Cassano et Laino, ainsi probablement que Bisignano, évêché connu au siècle suivant et enfin Malvito et Cirella, qui jalonnent lune des voies isthmiques41. Même si ces établissements ne sont fortifiés quau viiie siècle42, le caractère défensif des sites, pour être « passif », nen est pas moins réel et la « fondation » ou lurbanisation de points dappui fortifiés, chefs-lieux de ladministration publique et religieuse, si elle constitue lune des manifestations les plus éclatantes de la présence impériale en Italie, est aussi pratiquée par le duché de Bénévent à la même époque.

Le saltus couvrait également la Sila43, particulièrement au nord de Crotone44 ; le fisc avait probablement conservé des domaines sur le versant ionien du massif, où sinstallèrent avant la fin du vie siècle une série détablissements de culture hellénisante et de caractère stratégique, insérés dans le réseau déchanges de lAdriatique, et qui restèrent occupés au siècle suivant45. La massa silana du patrimoine romain devait couvrir une bonne partie de ces montagnes46, dont certains secteurs durent entrer dans lorbite de Bénévent.

Deux autres massae pontificales couvraient le fertile massif du Poro et les collines de Nicotera, ainsi que la plaine adjacente, zones qui étaient désormais dédiées à la production de blé et de vin47. Pour favo

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riser les travaux de bonification, lÉglise de Rome sefforçait de ne pas concéder de terre à de grands conductores absentéistes, privilégiant les contrats demphytéose qui ne pouvaient excéder trente ans48. Il y avait des exceptions comme lex-préfet Romain49 ou lex-préfet Grégoire, déjà cité, mais ce dernier, après avoir pris sa retraite et réglé ses comptes avec ladministration impériale, séjournait parfois sur ses terres du Bruttium50 ; quant à la conduct[rix] … Hireni…, son train de vie ne semble pas sêtre notablement différencié de celui des autres occupants de la m[assae] Trapeianae51. Cette habitude pontificale, apparemment déjà bien ancrée, et une sollicitude certaine envers les coloni de la familia ecclésiastique semblent avoir produit une société plus égalitaire que dans le reste des provinces méridionales52, ce qui expliquerait le caractère exceptionnel des riches résidences sur le territoire ; les terres étaient souvent gérées directement par des subordonnés, sous la houlette des recteurs53. La région, si elle nest pas totalement épargnée par les Lombards54, nest donc pas occupée, dautant que le castrum de Vibona en barre laccès55 ; on nobserve aucun fléchissement dans larrivée des amphores calabraises à Rome. Les Lombards entretenaient en effet, par le biais des rançons de captifs56, des rapports réguliers avec le pape qui faisait figure de

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pourvoyeur de fonds et sefforçait par ailleurs toujours de temporiser et faciliter la conclusion de trêves, au risque dêtre accusé de traîtrise57.

Mais il ne faut pas confondre patrimoine pontifical et Églises locales : les sièges épiscopaux sétaient notablement enrichis depuis le ve siècle58, au point de susciter dans les années 490, de la part de gentes appauvries par les raids « barbares », une convoitise qui se traduisait par des tentatives dusurpation59. Les Églises, épiscopales ou non, possédaient des terres et des esclaves ainsi que des richesses mobilières, vases sacrés et métal précieux ou espèces, destinés à assurer la célébration du culte et à alimenter les œuvres de charité (pour cette raison, ces biens étaient inaliénables)60. En raison de la rareté des centres urbains, dailleurs réduits pour certains à limportance de grands villages, près de la moitié des évêques siégeaient, comme celui de Tauriana61, dans des stationes/praetoria, nés auprès de grandes résidences aristocratiques, aux occupants desquelles ils étaient liés, ne serait-ce que par leur attachement commun à Constantinople, garante de la propriété des terres. Ces sites possédaient parfois un caractère défensif, fortification sur le modèle de Quote San Francesco, au voisinage de la Locres antique, ou petite garnison62.

Le clergé séculier et régulier de ces établissements ruraux, tous situés sur les routes suivies par les Lombards, avait donc fui à leur approche soit vers les castra voisins63, soit vers la Sicile pour les occupants de Tauriana et, en partie, ceux de Myria, ainsi que lévêque Dulcinus de Locres. Sans doute à cause de leur caractère aristocratique, ces sites furent durement touchés : si le sauve qui peut général avait été préventif, le temps qui sécoula avant le retour de certains prélats dans leurs sièges indique que

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ceux-ci avaient été bel et bien occupés. Cest le cas pour Tauriana, dont lévêque, installé par le pape Grégoire à Lipari64, nétait rentré chez lui quen 59965, limitant jusque là sa cure pastorale à des visites régulières de son diocèse dorigine, où les sources écrites mentionnent dautre part dimportantes destructions66. Parfois les dégâts sont tels que la vie ne peut y reprendre : ainsi le pape tente sans succès de faire élire un évêque à Myria, qui maxime desolata est pour quil récupère les ministeria de son église : trois ans après le miles Faustinus doit se rendre en Sicile pour récupérer le restant de la somme nécessaire au rachat de ses filles67. La prise dun habitat par lennemi en provoque rarement labandon définitif, mais il sagit ici détablissements déjà éprouvés par le début dune crise économique et démographique : ainsi Carina est unie à Reggio68. Lurgence se lit dautre part dans lerrance du clergé de Tauriana à travers la Sicile69, dans la dispersion de certains ministeria70 que des laïcs tentent même de sapproprier71.

Au sud et à lest, les Lombards se heurtèrent aux villes fortifiées : lorsquelles résistèrent victorieusement, ils poursuivirent leur chemin après avoir dévasté le plat pays. Lorsque, à linstar de Crotone, elles se rendirent, elles fournirent butin et captifs à rançonner ; les nobiles qui sy étaient retranchés furent cependant incapables de sacquitter du prix exigé, ce qui suggère une diminution sévère de leurs ressources72. Quand on pense à la résistance acharnée quils avaient opposée aux Vandales et aux Ostrogoths, il est clair quil sagit dun groupe social affaibli, ce que confirme le nombre de villae déclassées ou abandonnées. Or une grande partie de léconomie était aux mains de laristocratie foncière ; ainsi les réseaux de commercialisation du vin se trouvèrent désorganisés73. Il sub

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sistait certes des notables urbains, mais la hiérarchie était très atténuée, et dans les campagnes restées byzantines, les paysans ou ex-colons dont les petites fermes avaient été englobées dans les massae récupérèrent leur indépendance juridique.

On considère généralement que les Lombards se sont retirés assez rapidement du Bruttium, mais rien ne vient étayer cette hypothèse, et ils conquirent finalement bel et bien une grande partie de la province comme de lApulia. Seuls quelques îlots entourant les places-fortes (Reggio, Squillace), ainsi que les massae de Tropea et Nicotera restèrent sous la domination de Constantinople74. Lempire était réduit à limmobilité par la gravité de la situation politique et militaire sur son front oriental75 ; les Musulmans en particulier amorcèrent tôt leur progression vers louest. Dans la péninsule même la crise financière, qui ralentissait le paiement des soldes, la régionalisation progressive du recrutement et les querelles religieuses76 furent à lorigine de révoltes internes que favorisa la création, sous Maurice, des deux exarchats dAfrique et dItalie77. On compte trois rébellions dans la péninsule pour la seule première moitié du viie siècle78, dont celle de lexarque Olympius mobilisé en Sicile dans les années 65079.

Dans une partie du Bruttium une situation de guérilla dut se maintenir un certain temps comme en Campanie80, créant une grande insécurité sur

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les routes et généralement dans les campagnes. Mais Bénévent semble avoir rapidement implanté une administration dans les aires occupées de manière stable81. Les relations du duc avec le pape se normalisèrent tout aussi vite : si lon en croit lépisode des troncs darbre destinés à ses basiliques, lÉglise romaine continua à exploiter ses domaines en terre lombarde et les évêques circulaient librement dun siège épiscopal à lautre82 ; ceux des régions sans doute occupées quelques décennies comme Tauriana, Locres et Crotone se rendirent dailleurs au concile de Rome en 64983.

Cette situation de fait fut entérinée par lapparition dune double appellation : celle de Bruttium ou Brettia, qui désignait jusque là lensemble de la province, fut réservée au territoire relevant au nord des Lombards, alors que la partie méridionale de la province fut dénommée Calabria à partir des années 650, où cette appellation apparaît avec son nouveau sens dans la vie du pape Martin84. Je pense quil faut remettre à lhonneur la vieille théorie de G. Minasi, tombée dans loubli avant dêtre reprise par V. Russo85, car les souscriptions des évêques de la province aux conciles romains reflètent précisément cette bipartition, de nature surtout politique à lorigine, même si elle correspond aussi en gros à une division nord/sud.

Desprit nettement iconodoule et philoromain, la vie de saint Pancrace de Taormine a probablement été composée en Sicile dans une

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période comprise entre le viiie et le début du ixe siècle, mais lauteur utilise une trame événementielle antérieure86. Il ne faut évidemment pas chercher les éléments dune chronologie absolue dans ce document qui se réfère explicitement à lépoque évangélique en ce qui concerne les œuvres de Pancrace, et à celle dAlexandre le Grand pour la vie du héros mythique Tauros, dont le récit est inséré dans la narration principale. Mais le texte, sil abonde en anachronismes et fantaisies hagiographiques, est tout aussi riche en informations dignes de foi87, comme lexistence dau moins deux invasions lombardes du Bruttium décalées dans le temps, dont la première correspond certainement à lépisode de la fin du vie siècle, tandis que lautre, présentée comme plus récente mais forcément antérieure à la fin du viiie siècle, désigne probablement les campagnes de Romuald de Bénévent dans les années 680.

Toutes les données topographiques qui émaillent la « vie de Tauros », comme celles qui se rapportent à lhabitat, sont exactes et reflètent bien létat de loccupation du sol calabrais durant le haut Moyen Âge. Certains traits dune grande précision, qui se retrouvent en outre dans la Vita S. Phantini, rédigée avant la fin du viiie siècle et donc presque contemporaine, par lévêque Pierre de Syracuse88, sont inspirés de traditions littéraires antiques89. Saint Phantin était un esclave qui gardait les troupeaux de chevaux de son maître sur les hauteurs et dans les prairies des Salines, arrosées par le Metauros (actuel Petrace) [Fig. 3], appellation qui peut sexpliquer de différentes manières, énumérées par lhagiographe. Elle pourrait dabord avoir une origine naturelle : le cours impétueux du fleuve, qui descend de montagnes abruptes, ou le grand nombre de

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ses affluents (καὶ ἑτέρων ῥείθρων τῶν εἰσρεόντων εἰς αὐτον, et τὰ γὰρ πάντα τῶν εἰσρεόντων ἐν αὐτῷ ὕδατα δεχόμενος ποταμῶν)90, phénomène qui trouve un écho direct dans la dénomination Ἑπταδελφοῦ, employée par la Vie de Pancrace pour désigner le Metauros91, et se réfère également à une tradition des « 7 fleuves » connue dès lAntiquité dans la vallée des Salines92. Une autre étymologie possible commémorerait la fondation, par le héros Tauros, de la ville de Tauriana, dont les vestiges antiques sétendaient encore à lépoque de Phantin sur les deux rives du fleuve93 ; elle est encore plus intéressante puisquelle se retrouve, avec plus de détails, dans la Vie de Pancrace, où létablissement est désigné sous le nom de Taurianas tas mikras94.

Ce dernier épisode présente une vraisemblance historique même sil sagit sans doute, comme ce fut souvent le cas au Moyen Âge, de la simple « refondation » dun habitat plus ancien, alors promu au statut de ville : la statio de Tauriana, qui sétait développée autour dune riche villa impériale95, était devenue au ive siècle le siège dun évêché, mais elle avait subi, on la vu, de graves dommages lors de linvasion de la fin du vie siècle96. Un autre phénomène, bien réel, de la vie de Tauros est limportance que revêtent alors, en Sicile comme en Calabre, lextraction et le travail des métaux ; ces activités se retrouvent dans dautres sources

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écrites qui, en raison sans doute de leur dispersion dans le temps et de leur typologie variée, navaient pas retenu jusquici lattention, mais auxquelles larchéologie a restitué toute leur valeur97. Des gisements dor et dargent existent bien dans la chaîne des Serre au nord de Reggio et, au nord-est de la Sicile, dans larrière-pays de Taormine, deux régions de même configuration géologique98. La liste des informations fournies par la Vie de Pancrace et dont la véracité ne peut être mise en doute serait longue ; bornons-nous ici à indiquer linsistance avec laquelle sont soulignés les multiples rapports qui unissent alors la Calabre et la Sicile.

Cest pourquoi jai tenté dutiliser ce texte comme source pour lhistoire événementielle et économique de la Calabre, et dabord pour dresser la carte des appartenances lombardes en Italie du sud entre la fin du vie et la fin du viiie siècle99. Deux souverains se partageraient alors la province : le domaine de Rémindos, centré sur lἐπαρχία Σαλινῶν, partait de lAdriatique [Fig. 3] – ἀπò πελάγους τῆς παραλίας Καλαβρίας [Ἀδρίας], traversait lAspromonte au voisinage de Reggio100, englobait le promontoire du Pellaro – κα ὡς κατέρχεσθαι διὰ Ῥιγίου τόπου κρυώδους οὕτω καλουμένου101, καὶ Πελούρου ἀνανεῦον, pour rejoindre Oppido – καὶ κάστρου τοῦ Παλαιοῦ102, puis Trafica103, avant de suivre les eaux sinueuses du fleuve aux sept ramifications104 depuis

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les hauteurs de Karou105 jusquà la côte des Salines – καὶ Τραφικῆς καὶ Τουρικοῦ ὕδατος πταδελφοῦ δὲ Κάρου τὰς ὑψηλς, καὶ ἕως τῆς παραλίας τῶν Σαλινῶν106.

Quant à Aquilinos [Fig. 4], il dominait une vaste région très peuplée, aux villes puissamment fortifiées, depuis la même côte des Salines (les deux ensembles possédaient donc une frontière commune) en passant par les Serre107 et la Sila, jusquà Tarente et Tiriolo ou Thurii ; puis la limite en redescendait vers le sud en longeant le Coscile – ἀπò τῆς αὑτῆς παραλίας ἕως Πριωνικῶν ὁρέων καὶ Σιλανικῶν καὶ ἕως πόλεως Ταραντοῦ (ou Τυροπόλεως) καὶ ὡς κατέρχεται μέχρι Κογχύλου ποταμοῦ. Il est difficile de choisir, tant elles sont nombreuses, entre les différentes leçons du toponyme désignant la ville qui précède108, dans la description, le fleuve Coscile actuel affluent du Crati : Tiriolo, au centre de listhme de Catanzaro, me semble exclue, même si une fouille a permis de dater la fortification byzantine au viie siècle109, car lénumération de lhagiographie suit un parcours géographique logique. Tarente nest par ailleurs occupée par les Lombards quà la fin du même siècle lors de loffensive menée par Romuald I ; peut-être sagit-il donc en fait de Thurii, cité épiscopale qui sétait transférée au vie siècle sur une hauteur des contreforts de la Sila, au sud de son site dorigine (la ville gréco-romaine de Sibari/Copia, à lembouchure du Crati)110.

La situation politique ainsi dépeinte ne peut guère être celle que pouvait observer lauteur de lhagiographie à la fin du viiie ou au début

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du ixe siècle, car la Calabre avait alors été reprise en mains par Byzance. Le récit situe dailleurs lhistoire de Tauros à une époque reculée, ce qui confirme bien lutilisation dune source de la seconde moitié du viie/début du viiie siècle. Les deux basileis de la Calabre sont nettement différenciés : Rémindos (ou Rémaldos, que le premier éditeur traduit par Romuald111) appartient à une « race blonde », ce qui indique une origine germanique ou nordique ; il pourrait donc être lun des deux Romuald de Bénévent, Romuald I (671-687) ou II (706-731/732)112. Cependant son domaine, qui semble contourner ou englober113 Reggio capitale de la province byzantine, est une éparchie, tandis que lui-même est qualifié de toparque114 ; son épouse Menna est par ailleurs macédonienne et, même sil paie un tribut à Aquilinos, ce dernier cherche à lanéantir militairement et finit par le tuer. Mon hypothèse est donc quun Remindos non identifié administrait son territoire sous le contrôle de Byzance, tout en jouissant dune large autonomie115, un système qui, mutatis mutandis, évoquerait les rapports des rois ostrogoths avec lempire grec. Aquilinos en revanche a été rapproché dAgilmund, premier roi lombard, lAgulant des chansons de geste franques116, et son royaume semble correspondre aux aires occupées en Calabre par le duché de Bénévent au terme de sa première phase dexpansion ; la description laisse en outre supposer que ce territoire contournait les limites des massae pontificales.

De nombreuses similitudes existent entre Tauros et Constant II, qui fondèrent en partie leur puissance sur les métaux : tous deux, originaires de lOrient, furent vainqueurs des Lombards dans le sud-ouest de la Calabre117 et sinstallèrent en Sicile, base arrière dexpéditions sur le continent. Après la mort de Rémindos, Tauros épousa Menna, magicienne experte dans lart de fondre les métaux qui, dès son arrivée dans lîle, senquit des gisements métallifères auprès de son devin. De son côté Constant II avait fait main basse sur le métal des statues

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de Rome, dépouillant même lex-Panthéon de sa toiture118 et neut de cesse de récupérer les ministeria et trésors des Églises méridionales, suscitant ainsi les lamentations du pape119 ; mal en prit dailleurs peut-être aux Byzantins car, à peine connue la mort du souverain, les Arabes dAlexandrie vinrent piller Syracuse, emportant avec eux ce précieux butin120 ; ce fut par ailleurs sous le règne de Constant II que latelier monétaire sicilien, transféré de Catane, siège du préteur selon la règle, à Syracuse augmenta considérablement la frappe de lor121. On peut donc supposer que les péripéties de lépisode italien qui clôt le règne de lempereur ont été utilisées pour étoffer et actualiser la légende dun héros mythique qui était célébré en Calabre depuis lAntiquité mais connu aussi en Sicile, où furent composées les deux hagiographies de Pancrace et de Phantin lAncien ; peut-être les moines transfuges qui, vers la fin du vie siècle, sauvèrent les ministeria de Tauriana emportèrent-ils aussi des ouvrages ou y transcrivirent-ils des traditions littéraires122.

La vie de Tauros présenterait donc la situation – désastreuse pour Byzance – de la Calabre dans la première moitié du viie siècle, cest-à-dire, dans la logique de mon hypothèse, avant lintervention de Constant II

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[Fig. 2]. Du côté lombard, laccent est mis en revanche sur le nombre détablissements présentés comme urbains, fortifiés et peuplés, une image qui se rapproche de celle que nous avons décrite plus haut. Après son séjour romain, lempereur se rendit de Naples en Sicile par voie de terre et, chemin faisant, envoya une troupe soumettre la vallée du Crati123. La source utilisée par Landolf Sagax, historien bénéventain du xe siècle, pour décrire le repeuplement de Naples par Bélisaire, qui compte parmi les civitates Calabriae, Regium, Malvitum, Consentiam, doit en effet dater peu ou prou de cette époque124. Puis Constant II dut reconquérir le sud-est de la Calabre soit en poursuivant sur la même lancée, soit plus tard, au cours dexpéditions dirigées depuis la Sicile, terme de son voyage. Linterpolation de Georges de Chypre, composée entre 650 et 680, semble rendre compte de ces succès puisquelle place dans lobédience byzantine les villes de Tauriana, Vibona, Locres et même Crotone125 [Fig. 5].

Constant II sefforça en outre de consolider les positions reconquises, par une série dinitiatives qui relevaient aussi dune programmation publique de la défense civile ; les rapports des populations locales avec lEmpire semblent en effet avoir été régis par une sorte de

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contrat implicite, les premières se soumettant au paiement de limpôt contre une protection efficace126. Le souverain fonda Hagia-Agathè et « refonda », une fois reprise aux Lombards, Tauriana127 et peut-être Locres/Paleapoli128. Cette campagne de fortification sinscrivait encore dans la politique justinienne de restauration des villes ; la vie de Tauros nous a aussi transmis, à propos de la Sicile, les modalités de cette opération de caractère éminemment public, déjà réalisée un siècle auparavant à Scolacium qui en est lillustration parfaite129. On note le soin avec lequel sont choisis les sites, assez vastes et, comme le révèle létude topographique, toujours protégés par le relief. La première étape est la construction du praitôrion, lieu de pouvoir omniprésent dans lensemble de lhagiographie : cest une sorte darsenal pourvu de grandes citernes où est conservé le trésor ; le ravitaillement en eau est aussi assuré par un aqueduc. Laire est alors entourée dun mur et on y stocke le grain fourni par les campagnes environnantes, précision qui montre la place désormais tenue, au viiie siècle, par limpôt foncier en nature ; enfin, on y aménage des bains et de luxueuses demeures pour les mégistasin, que Constant II espérait certainement attirer en Italie130.

Mais limplantation, sur des sites de hauteur, dun réseau de « grandes enceintes-refuges » qui semblent caractéristiques de cette période, en Sicile131 et en Calabre, à Tiriolo, Amantea et peut-être aussi à lemplacement de lantique Temesa (Pian della Tirrena)132, laisse supposer que limportance

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acquise par les villages fut aussi prise en compte au viie siècle par les autorités. Offrant un refuge aux populations rurales des habitats ouverts qui les entouraient, elles servaient aussi de point dappui à des garnisons. La fortification de Tiriolo est formée de trois grandes aires entourées de murs, qui sont juxtaposées au sommet de la montagne et protégées par des à-pics rocheux ; ce site exceptionnel, qui contrôle ensemble les côtes tyrrhénienne et ionienne, constituait le pivot dune chaîne de kastra barrant listhme de Catanzaro. Placée à lextrémité de léperon qui en constitue aussi le point le plus élevé, la citadelle était alimentée en eau par une grande citerne et comptait au moins deux grandes salles appuyées à lenceinte et aménagées pour le séjour dun groupe humain consistant, quon suppose militaire, avec des fosses de stockage ; la deuxième enceinte, la plus vaste, finit par abriter, vers le xie siècle, un habitat permanent de limportance dune ville, desservi par une grande église de plan basilical. Cétait sans doute aussi un lieu déchanges, sorte demporium au contact dune économie montagnarde et de la plaine agricole de listhme. Les autres enceintes actuellement connues sont entourées de chôria qui apparaissent dans les sources des ixe-xe siècles, ainsi par exemple du kastellion de Hagia-Christinè dans la riche région des Salines133.

La mort de Constant II donna le signal dune tentative dusurpation134 et dune nouvelle vague dinvasion lombarde en Calabre, dont les péripéties sont mal connues, sans doute parce que certaines régions comme la vallée du Crati durent se soulever, à limitation de la Sicile, et repasser aux Lombards sans coup férir. Le silence des sources nimplique pas une situation militaire stable : ainsi même Otrante fut provisoirement perdue peu après par Byzance, au début du viiie siècle, sans que les textes ne sen fassent lécho, alors quil sagissait de lune des principales places-fortes grecques en Italie méridionale135. Crotone était peut-être restée aux mains de Bénévent tandis que sur lacropole du castrum de Squillace a été mis en évidence un épisode guerrier de la même époque, accompagné dune destruction partielle des fortifications, et suivi dune phase de

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régression démographique et économique bien lisible dans le bâti et le mobilier archéologiques136. Ces fluctuations continues de la frontière, qui se traduisent par le passage répété et parfois spontané de certaines villes ou même de certaines régions dune domination à lautre, ne sauraient surprendre si on envisage le sort des marges orientales de lempire (en Thrace, Cappadoce ou Arménie), dans une situation politique semblable à celle de lItalie : la prise dune ville nest jamais définitive si celle-ci nabrite pas de garnison ou si les soldats laissés sur place sont trop isolés. Le même phénomène est dailleurs bien illustré par le caractère éphémère des conquêtes réalisées en Pouille par Constant II137.

Au concile romain de 680 [Fig. 6], les évêques de Cosenza138, Temesa, Scolacium et Crotone sont indiqués comme appartenant au Bruttium, tandis que les sièges de Locres, Tropea, Vibona et Tauriana gravitent toujours dans lorbite impériale ainsi que ceux de Tarente et de Thurii, qui seront cependant perdus dans les années suivantes lorsque Romuald I, en dirigeant cette fois une véritable campagne militaire, semparera de Brindisi et du golfe de Tarente139. Mais lévêque de Temesa est tout de même dépêché à Constantinople par le pape Agathon avec lévêque de Reggio en 679-680 parce quil parle grec, ce qui donne la mesure de lhellénisation de cette forteresse140 ; la frontière se stabilise ainsi à la hauteur de listhme de Catanzaro.

Selon Théophane, le stratège de Sicile, Serge, après avoir fait proclamer empereur en 717 un aristocrate dorigine constantinopolitaine, se réfugie chez les Lombards de la Calabre dès quarrive lenvoyé de Léon III (προσέφυγεν ες τοùς πλησιάζοντας τ Καλαβρί Λογγιβάρδους)141. Cet épisode,

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qui met en lumière les bons rapports entretenus par le stratège avec les Lombards et la proximité géographique de ceux-ci avec lîle, confirme aussi létroitesse de la Kalabria tès katô142 byzantine. En 685-686, Jean V, ancien émissaire dAgathon à Constantinople, obtint de lempereur un allègement fiscal (sur lequel nous reviendrons) pour le patrimonium Siciliae et Calabriae143, complété en 686-687 par une mesure identique concernant cette fois le patrimonius Brittius et Lucania144. Les deux noms avaient désormais acquis une acception géographique, suite logique de lévolution antérieure : Calabria désignait la partie méridionale du patrimoine et le Salento, qui formait un tout avec lîle, tandis que le Brittius couvrait le nord de la province, au contact de la Lucanie avec laquelle il serait bientôt soustrait de manière définitive à lEmpire [Fig. 6]. Ces passages du Liber pontificalis confirment dautre part quune partie des conquêtes de Romuald Ier, dont le récit précède dailleurs celui de la mort du duc chez Paul Diacre, a bien été réalisée seulement après le dégrèvement de 686-687 (qui sans cela naurait pas lieu dêtre), cest à dire à lextrême fin de son règne.

Lexpédition de Constant II est parfois présentée comme un échec, mais sil en était ainsi, les pires ennemis de lempereur en Italie, la papauté, sous la plume du rédacteur du Liber pontificalis, et Paul Diacre nauraient pas manqué dinsister sur ces résultats négatifs, ce qui nest pas le cas. Et de fait, non seulement Constant II reconquit la toute nouvelle Calabre, mais surtout il entreprit une importante restructuration administrative et fiscale, et fit construire une flotte locale145.

Laction de Constant II trouva son point dorgue dans la création du duché, dont les liens étroits avec lîle amenèrent le rattachement au thème de Sicile, à peine celui-ci fut-il créé, sans doute par Justinien II entre 692 et 695146. Cette nouvelle circonscription, destinée à regrouper

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les lambeaux de territoire conservés par lEmpire au sud de Bénévent, incluait la terre dOtrante et devait faciliter la coordination de la résistance aux Lombards et aux Arabes.

Les Lombards et les Byzantins se disputèrent donc avec acharnement le contrôle de lactuelle Calabre : on considère en général que lintérêt porté par Byzance à ce pays de faible, pensait-on, rendement économique était uniquement stratégique. Il sagissait de lantichambre de la Sicile, qui gardait avec cette dernière le détroit de Messine, passage le plus commode entre les deux parties du bassin méditerranéen. Cétait dautre part le seul territoire continental resté, avec le sud de la péninsule salentine, aux mains de lEmpire après la perte de lîle, et donc la plate-forme indispensable à toute velléité de reconquête de la péninsule. Dans le même ordre didées, lexpédition de Constant II a longtemps été attribuée à sa volonté de récupérer cet avant-poste en Méditerranée occidentale, et plus récemment à celle daffirmer, face aux Lombards, le contrôle de lEmpire sur les ports de lItalie méridionale147, toujours cependant dans une optique strictement militaire et politique.

Toutes ces considérations gardent leur valeur, mais ne doivent pas masquer limportance fondamentale dautres éléments de caractère économique que nous allons maintenant examiner. Vivien Prigent, après avoir repris une thèse traditionnelle en insistant sur la volonté de Constant II et celle des Musulmans eux-mêmes de transférer le centre de la lutte en Méditerranée occidentale, a préféré mettre en évidence lintérêt que présentait une Sicile vouée à la céréaliculture et dont la prospérité sétait maintenue, alors que lÉgypte était définitivement perdue pour le ravitaillement de Constantinople. Jai pour ma part insisté sur la recherche désespérée de métaux précieux qui sous-tend une partie des entreprises de Constant II, phénomène amplement illustré par la numismatique148.

La richesse la plus évidente de la Calabre tient à la diversité des métaux présents en abondance dans le sous-sol, et tout particulièrement lor et

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largent [Fig. 7] ; les mines calabraises, connues et exploitées de toute antiquité149, constituaient un enjeu dimportance majeure. Les gisements dor du nord-ouest de la région (Altomonte, San Donato di Ninea), déjà exploités à lépoque romaine150, furent tôt inclus dans les possessions lombardes, et peuvent certainement expliquer, au moins en partie, les efforts déployés par le duché de Bénévent pour fixer sa frontière méridionale sur le cours du Crati. Mais Temesa était elle aussi déjà réputée dans lAntiquité pour ses mines de cuivre et dargent, et une forge fonctionnait à lépoque romaine sur la hauteur de Pian della Tirena, dans une zone qui fut âprement disputée entre Lombards et Byzantins151.

Il existait deux autres pôles miniers importants, dont le plus commode à exploiter était, grâce à la proximité de la capitale provinciale et à celle de la Sicile, celui de la chaîne des Serre où les gisements aurifères de Caulonia, Bivongi et Roccella étaient complétés par largent de Stilo152. Cest peut-être dans cette zone que sétendait la massa Rusticiana où Cassiodore, natif de la ville relativement proche de Scolacium, et donc bien au fait des ressources locales, ordonna deffectuer des prospections dans les montagnes puis douvrir des mines et de construire des bas-fourneaux153. À la fin du vie siècle, les ministeria des Églises calabraises étaient pour partie constitués de métal précieux, dargent notamment pour Myria154, ce qui explique la fuite du clergé, désireux de mettre ces

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valeurs à labri des Lombards, puis leur « récupération », un peu plus tard, par Constant II155.

Des bijoux circulaient sur toute la côte ionienne et adriatique jusquà la Lucanie et étaient exportés en Albanie : les « bratteate » ou fibules discoïdales dargent recouvertes dor et décorées de paons affrontés ou de la figure des rois mages, et les boucles doreille en argent avec pendentif en forme de cône concave, imitées dexemplaires siciliens156. Deux centres de production ont été jusquici identifiés, qui ont été actifs au moins jusquau ixe siècle : Reggio même qui, selon la Vie de Pancrace, devait sa fortune aux métaux précieux157 et Siderno, où est attesté le travail des feuilles dor par la présence dun outil spécifique158. Ces joyaux ont été le plus souvent retrouvés à proximité de colonies hébraïques qui en assuraient la commercialisation par voie maritime (Reggio, Lazzaro, Bova Marina et, dans le nord, Rossano).

Latelier monétaire de Syracuse159 utilisait un alliage de métaux provenant de deux sites dextraction dont lun était certainement local et lautre pouvait être calabrais160 ; on y produisait aussi des monnaies de bronze. Or son activité se maintint jusquau milieu du ixe siècle, ce qui indique une notable continuité dans le ravitaillement en métaux précieux161. Transféré à Reggio après la prise de Syracuse par les Arabes, la « zecca » y poursuivra dailleurs son activité sans problème162, ce qui semble confirmer la pluralité des sources dapprovisionnement traditionnelle ; il est même possible que lor calabrais ait été exporté à Ravenne et à Constantinople163. Pour en revenir à Constant II, lintensification

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de la frappe de lor pendant son séjour sicilien164 suffirait à expliquer lintérêt porté par lempereur aux deux versants de la chaîne des Serre, et la fortification du débouché offert aux métaux par la vallée des Salines, où étaient concentrées trois de ses fondations. La présence de fonctionnaires civils ou militaires semble attestée à lest par les monnaies dor retrouvées à Locres, Paleapoli165 et Castiglione di Paludi/Thurii166. Des topotérètes de ville ont été en outre identifiés à Tropea comme en Sicile ; selon Vivien Prigent, ils auraient commandé des contingents détachés dans les provinces directement soumises aux services centraux : ainsi une partie au moins de lOpsikion semble stationner dans lîle sous Constant II167.

La Vie de Pancrace fait état dune exploitation aussi intense des autres ressources minières du sud de la Calabre : à Reggio toujours étaient fabriquées des armes et des pièces darmures au moins jusquau viiie siècle. Un bas-fourneau de bronzier fonctionna de fait à lextérieur des murs de la ville du ive à la fin du viie siècle, sans doute ravitaillé par les mines de cuivre et de calcopirite dont regorgent également les Serre168, tandis que létain, en provenance peut-être des bassins du Savuto et du Corace au nord-ouest de la Calabre elle-même, transitait par le port, tout proche de la ville ; les artisans durent ensuite se replier, on la vu, à labri de lenceinte urbaine. Lexistence dun autre atelier méridional, resté en activité jusquau xe siècle, a été mise en évidence à Decastadium, statio qui sélevait sur la rive du fleuve Melito169. Lun ou lautre de ces centres devait produire les fibules de bronze qui circulaient aux vie-viie siècles sur la côte ionienne, où elles ont été retrouvées en grand nombre autour de Catanzaro, dans les nécropoles disséminées sur le versant oriental de la Sila, au nord de Crotone170, et à Celimarro. Le bois indispensable aux transformations

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du minerai arrivait directement de lAspromonte et des Serre par flottage171.

Tous les centres où étaient travaillés la calcopyrite et le cuivre des versants est et sud de la Sila ont été puissamment et tôt fortifiés par Byzance : la grande enceinte de Tiriolo abritait un atelier où était réalisée la première phase de la réduction du fer et de nombreuses scories du même métal ont été retrouvées à Scolacium dans les niveaux archéologiques des viie-ixe siècles172. Le travail du fer et du bronze est dailleurs attesté dans la plupart des habitats byzantins de cette époque qui ont été fouillés en Calabre, à commencer par Locres-Paleapoli173, mais la métallurgie est aussi pratiquée en contexte rural comme dans le chôrion de Santa Severina au viie siècle, avant la fondation du kastron homonyme174. On observe donc la même décentralisation de lartisanat du métal que dans la France mérovingienne et carolingienne où il a presque systématiquement été repéré sur les sites de village et de curtis.

Les forêts de la Calabre, et la science de ses charpentiers occupaient une place centrale dans ce domaine essentiel de la défense quétait la marine, et peut-être la création du duché est-elle liée aussi à limportance de ces ressources : le bois et la poix étaient en outre exportés vers le centre et le nord de la péninsule [Fig. 8]. Lexploitation intensive des époques républicaine et impériale175 avait détruit léquilibre écologique de certaines zones, entraînant la disparition de forêts proches des lieux dembarquement, comme celles de larrière-pays de Vibona176, tandis que

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saccumulaient dénormes dépôts dalluvions à lembouchure des fleuves, celle du Crati par exemple177. La baisse démographique qui senregistre partout à partir du ve siècle et le refroidissement climatique, la reconversion économique de certains secteurs de la Calabre sans doute aussi178 favorisèrent un certain reboisement, qui apparaît déjà en filigrane dans les sources écrites du vie siècle179.

Les montagnes fournirent alors de nouveau – ou encore – des troncs de haute futaie, dun diamètre et dune longueur suffisants pour la charpente des grands édifices, un besoin créé par lévolution des techniques architecturales et la construction, ou les restaurations des basiliques chrétiennes. Du coup, les massae pontificales approvisionnèrent les grands chantiers religieux : outre les fameuses lettres adressées par Grégoire-le-Grand à Aréchis, au recteur du patrimoine du Bruttium et aux évêques de Vibona et Temesa au tournant des vie-viie siècles180, le Liber Pontificalis mentionne spécifiquement limportation de bois calabrais à Rome vers la fin du viie siècle181 et encore au début du siècle suivant182. Dans ce domaine, la ville semble dépendre étroitement des possessions méridionales de la papauté : on en veut pour preuve la lettre adressée par Hadrien Ier à Charlemagne après la rupture avec Byzance, où il demande à lempereur dintervenir auprès du duc de Spolète pour que celui-ci lui fournisse le bois nécessaire aux toitures qui, dit la missive, in nostris finibus minime reperitur183. Tous les sites archéologiques, ruraux et urbains, de la Calabre présentent dautre part, aux vie-xie siècles, non seulement des bâtiments à solins de

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pierres et élévation de terre crue, mais aussi des constructions sur poteaux plantés184.

Mais le bois et la poix calabrais furent aussi employés pour la construction de navires : un chantier naval fonctionna sans doute dès lépoque romaine à Vibona, grande base navale et principal port dembarquement du bois et de la poix185 ainsi quà Reggio186. Constant II y eut certainement recours pour une de ses réalisations majeures, qui fut larmement dune flotte en Méditerranée occidentale187, pour contrer les Lombards188 et les Arabes189. Selon le Liber pontificalis, tales afflictiones posuit populo seu habitatoribus vel possessoribus provinciam Calabriae, Siciliae vel Sardiniae per diagrafa seu capita atque nauticationes per annos plurimos, quales a seculo numquam fuerunt, ut etiam uxores a maritos vel filios a parentes separarent190.

Je reviendrai plus loin sur le fait que les trois mots diagrafa seu capita forment, dans la phrase, un ensemble indépendant des nauticationes qui, à mon avis, ne doivent être interprétées comme un simple système de réquisition dhommes et de navires. Mon hypothèse est que le terme évoque une taxation semblable à celle qui fut imposée, en 965, à toutes les villes portuaires du thème de Calabre, provoquant une révolte conduite par Rossano : il sagissait dobliger ces établissements à financer et réaliser la construction dun certain nombre de navires191, en fournissant sans doute, au viie comme au xe siècle, non seulement des matériaux, mais aussi du savoir-faire et de la main dœuvre, ce qui en dit long sur le bon état économique de la Calabre aux deux époques concernées. Javais attribué le recrutement forcé quévoque la dernière partie de la

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phrase aux besoins de larmée de terre, mais Constantin Zuckerman, dont je ne partage pas toutes les hypothèses à ce sujet, a certainement raison dy voir la formation déquipages ; les Calabrais étaient en effet des armateurs et des marins, et le restèrent jusquà lépoque normande192. Est-ce que le fait dembarquer sur un navire de guerre entraînait de longues séparations entre les marins et leur famille ? Il est difficile de répondre à cette question, mais annos plurimos peut signifier que ces mesures furent renouvelées sur plusieurs années, ce qui était le cas du système arabe qui pourrait avoir inspiré cette mesure193. À partir du moment où lon admet quune flotte importante, indispensable à la reconquête des côtes méridionales de la péninsule au large desquelles elle patrouille dailleurs régulièrement par la suite194, a été armée en Occident sous Constant II195 et financée grâce à lampleur nouvelle des émissions monétaires siciliennes, il est logique de rapprocher le phénomène des nauticationes196. Il est clair en tout cas quau viie siècle la concurrence entre les besoins rivaux de la papauté et de Byzance prit aussi de ce point de vue une acuité particulière.

Toujours dans le domaine de léconomie montagnarde, on ne possède plus, après le vie siècle, dinformations sur lélevage des bœufs, jusque-là taxé par lannone : les troupeaux, qui alimentaient encore

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un marché privé dans la première moitié du même siècle, remontaient vers Rome par la via Popilia197 et ce système dut être désorganisé par linvasion lombarde ; la transhumance à court rayon, entre la Sila et la plaine de Sibari, put en revanche se maintenir jusquaux conquêtes de Romuald à la fin du viie siècle. Lactivité en ce domaine se réduisit ensuite à une échelle domestique, pour les besoins des transports et des labours autant que pour la consommation, car les bovins figurent à égalité avec les ovicaprins et les suidés dans lalimentation carnée des sites archéologiques médiévaux198. Lélevage des chevaux, qui avait été développé dans le Bruttium par les grands propriétaires fonciers dès les ve-vie siècles199, fut poursuivi en revanche jusquà la fin du viiie siècle, sur les deux versants de la chaîne montagneuse des Serre et dans les Salines, pour satisfaire au mode de vie aristocratique et fournir la cavalerie de la militia, comme cela avait été le cas pour larmée ostrogothique200.

Dans le domaine agricole, la Calabre se caractérise, tout au long de son histoire, par des rapports complexes et changeants entre le milieu naturel, l« ambiente » italien, cest-à-dire la géomorphologie et le système écologique, et le « paysage » qui résulte des transformations induites sur les précédents par les groupes humains. Il existait aussi dans la province des coteaux ensoleillés favorables aux vignes qui sy développèrent tôt, mais lannone, quand elle fut instituée vers la fin du iiie siècle, ne porta que sur la production la plus traditionnelle de la région, cest-à-dire lélevage des bœufs, alors que le vin était peu taxé201. Au départ, les propriétaires fonciers devaient en effet verser 17500 amphores aux suarii pour compenser les pertes quoccasionnait le long voyage des troupeaux de porcs vers Rome, et 7500 amphores aux curiales en cas dadaeratio202.

Les possessores-negotiantes du Bruttium, frange la plus dynamique des entrepreneurs, profitèrent alors de la crise de la viticulture dans le nord de

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lItalie, où elle était lourdement taxée : ils investirent les richesses amassées grâce au saltus, dont lexploitation restait de toutes façons rentable, dans le développement des vignobles et la fabrication des amphores, pour la fiscalité et la commercialisation du vin à longue distance, opération quils étaient seuls en mesure dorganiser et de cautionner 203 [Fig. 9]. Les amphores calabraises de type Keay LII se répandirent dans toute la Méditerranée occidentale jusquen Grèce à partir du milieu du ive siècle204.

Lorsque les petits viticulteurs et les villae dimportance moyenne eurent été ruinés par les raids vandales du ve siècle, la production du Bruttium méridional et oriental fut entièrement gérée par les grands propriétaires ; dès ce moment sans doute, avec la perte provisoire de la Tunisie et de la Sicile, le prélèvement annonaire dut se faire plus lourd en ce domaine, car le pourcentage des amphores calabraises, qui représentaient 15% du total des amphores retrouvées à Rome et Ostie, séleva à 25% dans la première moitié du vie siècle, à égalité avec les exemplaires orientaux. Laderatio, alors devenue la règle, était immédiatement suivie de la coemptio du vin méridional, mais le marché libre devait aussi occuper une place.

Lannone vinaire devait peser aussi sur les massae pontificales, mais on ne dispose daucune donnée archéologique précise à cet égard, sinon que les Keay LII retrouvées à Rome indiquent lexistence de plusieurs sources de ravitaillement sur le territoire de lactuelle Calabre et, peut-être, en Sicile. La riche massa de Tropea205 incluait certainement une partie de laire viticole qui sétendait sur la côte tyrrhénienne au nord de lagglomération, et les exportations dirigées vers Rome et Capoue devaient donc être embarquées dans le port de Vibona (Bivona), sur le site duquel ont été retrouvées des Keay LII.

On ne peut exclure que ces récipients aient été fabriqués aussi à Tropea, même sils ny ont pas été encore identifiés, car labondance, lhomogénéité

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et loriginalité de la céramique retrouvée dans les nécropoles du promontoire suggèrent lexistence, dès le ve siècle, dune production locale de terres cuites qui pouvaient inclure, comme on la souvent observé sur les sites artisanaux, des amphores vinaires206. Des exemplaires ont été en revanche retrouvés dans la zone portuaire qui desservait la massa de Nicotera207, et un four à Crotone, centre qui pouvait drainer et exporter la production de la massa silana208 ; mais on ne peut, dans le premier cas, faire la part de ce qui correspond à la consommation locale209.

Linvasion lombarde avait achevé lœuvre des Ostrogoths en décapitant la pyramide sociale210. Or les sources écrites et les vestiges de résidence rurale dun luxe extrême mis au jour tant dans le Bruttium quen Pouille et en Lucanie, suggèrent que, dans la première moitié du vie siècle, quelques familles concentraient désormais une grande partie des terres et des richesses211. Cette élite, qui sétait armée vers le milieu du ve siècle à la demande de Valentinien III212, avait pris le parti de Constantinople pendant la guerre gréco-gothique et Totila sen était vengé ; elle fut ensuite la victime désignée des Lombards. Une spécificité des aires restées dans lorbite impériale, par rapport aux régions tôt passées sous le contrôle de Bénévent, réside dans la survie dune petite frange de cette haute aristocratie, phénomène signalé par les vestiges de villae qui restent occupées au viie siècle sans subir de déclassement social et reçoivent encore des sigillées dAfrique et dOrient ; tel fut aussi le cas des massae pontificales et de leurs riches emphytéotes.

La conséquence économique fut la restructuration de la production du vin, phénomène amplifié par la conquête byzantine qui intensifia les échanges avec lOrient, tandis quétait organisé le ravitaillement des forces armées. Dans la deuxième moitié du vie siècle, on voit dabord apparaître les amphores calabraises qualifiées de « descendantes » ou

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« succédanées » de la Keay LII, toujours présentes à Rome dans la première moitié du siècle suivant, mais en quantité très réduite (5% du total), et qui disparaissent ensuite213. Elles sont remplacées par un nouveau type damphores imité, fait significatif, des « Late roman 2 » orientales ; leur appellation rend compte du profil caractéristique du fond et de la panse : ces « amphores à fond arrondi ou ombiliqué », ou « amphores globulaires » circulent dans tout lEmpire aux viie-viiie siècles214.

La Calabre est lune des régions de production de ces nouveaux conteneurs : il faut donc supposer que, dans un laps de temps réduit, la place laissée vide par les possessores fut occupée par de nouveaux ateliers qui nont pas encore été identifiés. Lexemple dOtrante suggère que cet artisanat fut alors associé aux grandes villes tenues, même avec des intervalles lombards, par Byzance, à Crotone par exemple215. La capacité des ces amphores, de 25 à 30 litres, pourrait correspondre à la ration de vin mensuelle dun soldat dans le cadre de lannone de la fin du vie siècle216 ; comme leur modèle oriental, elles sont liées aux nouveaux réseaux de la fiscalité217 et leur forme pourrait être mise en relation avec un mode de stockage dans des fosses218. Elles alimentaient, entre autres, larmée cantonnée dans les grandes forteresses (Perti dans le nord219, Tiriolo

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et Scolacium dans le sud220) et les fonctionnaires (palatium de Quote San Francesco221), et le vin calabrais était selon toute vraisemblance encore expédié vers la Méditerranée orientale.

Deux passages du Liber pontificalis ont été récemment utilisés, de manière dailleurs souvent contradictoire, par les historiens byzantinistes. Malgré tout le respect que méritent ces publications, il me semble quelles ont péché de deux manières : dune part en laissant de côté la situation immédiatement antérieure aux réformes dont leurs auteurs se font les champions, situation bien connue grâce à lépistolaire de Grégoire-le-Grand222, et en mésestimant dautre part la langue claire et rigoureuse du Liber pontificalis, ainsi que la place prépondérante quoccupaient alors encore la papauté et Rome dans le Sud.

Au tournant des vie-viie siècles, lannone due en blé par le patrimoine pontifical en Italie méridionale est entièrement convertie par adaeratio ; tous les paiements des coloni ou rustici223 sont réalisés en espèces : la pensio ou loyer, limpôt foncier et la burdatio. Lautonomie du recouvrement des taxes, dans le cadre de lautopragie du domaine, y est totale, et on peut supposer quil en est de même pour les grands propriétaires laïcs, puisque les conductores de la familia ecclésiastique, même sils sont de plus humble condition, sont eux-mêmes chargés de cette tâche. Le grain est susceptum, cest-à-dire quil est prélevé auprès des contribuables au moyen de la coemptio : les colons accordent un droit de préemption tacite à leur propriétaire (ils nont dailleurs guère le choix) ; la quantité de blé et le prix dachat sont fixés à lavance, en principe suivant les prix du marché, mais cette pratique donne lieu à de nombreux abus, les employés du rector se livrant à des spéculations sur les interpretia. À cette occasion, on demande aux colons de verser une petite quantité dargent supplémentaire comme indemnité pour

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les dommages occasionnés par le transport, puis le stockage. Une fois ces sommes acquittées, les cultivateurs sont libres de vendre leur blé sur le marché, mais ladministration ecclésiastique peut leur acheter des quantités supplémentaires, de même quelle est libre dutiliser de cette manière le montant de la pensio224.

Lannone est donc concentrée en nature dans les horrea ecclésiastiques, des fosses-silos sans doute le plus souvent pour les grains, au terme de cette première coemptio qui, après avoir pesé un temps sur les negotiatores, semble, malgré la Pragmatique sanction de 554, être de nouveau à la charge des possessores. Mais comme lavait souligné L. Cracco-Ruggini, il sagit de la frange supérieure des grands propriétaires, dont fait partie lÉglise de Rome : cette catégorie sociale dispose du personnel nécessaire et de ses propres navires, mais peut aussi utiliser ceux des patrons endettés ou commendati225. LÉtat, en la personne du curator sitonici, prélève son dû en trois échéances : tant que lannone civique existe, les autorités publiques trouvent plus commode de toucher limposition en nature, au terme dune ultérieure reconversion dont elles ne veulent rien savoir, et de la faire transporter à Rome sur les navires du pape. Ces pratiques sont obligatoirement sous-tendues par lexistence darchives, sinon dun cadastre au sens moderne du terme, au moins de listes de colons tenues à jour pour répartir et toucher le montant de limpôt ; ces documents servent également à la perception de la pensio. Il faut bien avoir à lesprit que le fisc nen dispose pas : quand ces archives viennent à manquer, généralement en cas de troubles (par exemple lorsque les possessores du Bruttium sont anéantis) ou lorsque des territoires sont récupérés (sur les Lombards ou après la confiscation du patrimoine pontifical), les autorités impériales se trouvent dépourvues. Elles doivent alors établir de nouveaux rôles dimpôt, une démarche logique même si elle est souvent diabolisée par les clercs.

Il arrive que les choses se compliquent quand, pour des nécessités publiques urgentes et imprévues, le pape se voit notifier lordre de verser tout ou partie de son impôt en blé tôt dans lannée, cest-à-dire avant la récolte et/ou après quil a déjà utilisé de bonnes quantités de grains,

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surtout en cas de prélèvements majorés226, et de le faire en nature car cest la solution qui convient le mieux à lÉtat comme en cas de coemptio normale. Les bureaux du rector ne disposent pas alors des stocks nécessaires et ne trouvent sur place aucun autre blé à acheter ; il faut donc faire venir ces céréales à grands frais227. Dans ce cas, ce qui est touché en avance est défalqué de limpôt228 et, du coup, le pape demande à être exempté de toute autre coemptio, ce qui indique que cette éventualité existait et que des prélèvements en sus étaient régulièrement effectués. Nous avons ici le second type de coemptio, lié à des questions de calendrier et/ou correspondant à des superindictiones229.

Pour le viie siècle, la rareté des sources écrites est en partie compensée par les monnaies et les sceaux. Les annones de Rome et de Constantinople sont toutes supprimées en 618230, mais si les denrées ne sont plus distribuées gratuitement ou vendues à prix cassés, les autorités nen continuent pas moins de veiller au ravitaillement des deux capitales, lempereur pour Constantinople231 et le pape pour Rome où il continue à faire convoyer blé et vin. Les prélèvements fiscaux restent les mêmes, de même dailleurs que leurs modalités générales, mais lÉtat les utilise désormais différemment : outre les quantités qui restent nécessaires pour la capitale, larmée et la militia, lorsquelles sont rassemblées et même si la solde est versée en espèces, doivent trouver des denrées alimentaires à acheter ; il y a aussi les unités stationnées dans les fortifications au viie siècle. En fonction de la conjoncture, notamment militaire, la répartition du blé et du vin entre les besoins habituels de lÉglise et de Rome, et ceux de lÉtat va être lobjet de discussions ardues, même si lempereur tient à

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assurer le calme dans la ville, surtout en période de rapports difficiles avec la papauté232.

Les amphores calabraises à fond arrondi ou ombiliqué sont donc toujours acheminées à Rome par Ostie jusquau premier tiers du viiie siècle233, un flux qui nest semble-t-il interrompu que par la confiscation des massae. Les exemplaires du viiie siècle retrouvés à Crotone et, en grand nombre, à Tropea234 montrent que la viticulture a pu y être auparavant intensifiée. La fourniture de blé et de vin évolua donc sans solution de continuité de la coemptio protobyzantine à limpôt foncier directement prélevé en nature que constitue la coemptio/sunonè médiobyzantine et le flux damphores ne fut interrompu, à Rome, que par la confiscation du patrimoine calabrais ; il serait donc intéressant de tenter daffiner la chronologie des derniers arrivages en vue de confirmer la date proposée par Vivien Prigent pour le coup déclat de Léon III (le pontificat de Zaccharie Ier)235. Ajoutons que la céramique locale rejoignait également Rome comme marchandise daccompagnement et que de récentes études ont mis en évidence une production locale de verre aux viie-viiie siècles236.

Le nouveau système démarre donc en 619, alors que la première conquête de lÉgypte, par les Sassanides, provoque une crise frumentaire à Constantinople, et dans un contexte général de graves problèmes militaires et financiers. La capitale ne dispose plus que de deux sources dapprovisionnement, qui avaient dailleurs été déjà régulièrement utilisées : lAfrique237, qui contribuait aussi au ravitaillement de Rome, et surtout la Sicile, « recours naturel lors de disettes » précédentes238.

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Selon Vivien Prigent, lÉtat décide alors de prélever intégralement le montant de limpôt sicilien en espèces, une petite révolution donc, destinée à obtenir lor dont la guerre créait un besoin pressant, puis il achète tout de même les grains de lîle avec de la monnaie de bronze. Il recycle à cet effet une quantité massive de vieux folles stockés à Constantinople, qui sont revêtus dune contremarque. Cette situation inédite peut être gérée de deux manières : lÉtat se procure le blé soit directement auprès des colons ou emphytéotes, soit auprès des conductores et du rector du patrimoine pontifical, si leur personnel la déjà racheté. Il sagit dans tous les cas de coemptiones qui se rapprochent, après ce tour de passe-passe, dun achat réquisitionnel. Il est vraisemblable que la deuxième solution fut adoptée, en raison de lurgence et surtout de limpossibilité dimproviser le réseau nécessaire à la première solution : on peut considérer que, dès ce moment, le recours aux commerciaires est en germe239.

Plusieurs problèmes se posent alors : Vivien Prigent démontre, chiffres à lappui, que le blé sicilien suffisait alors à couvrir la totalité des besoins de la capitale ; même si le nombre dhabitants est revu à la baisse par ses soins, on peut cependant supposer quune telle ponction aura accaparé intégralement la production de lîle, dont la marge excédentaire devait être relativement réduite. Comment une telle opération, même si lAfrique du Nord fonctionnait alors comme grenier de la péninsule, na-t-elle pas provoqué à Rome de crise frumentaire génératrice de révoltes, alors que Constantinople peinait déjà à assurer le paiement de la milice urbaine240 ?

Il est donc permis de supposer que les massae calabraises ont été mises à contribution. Les zones a priori favorables sont peu nombreuses dans le duché [Fig. 8], mais la céréaliculture y était florissante aux époques grecque et romaine dans la vaste plaine de Sibari, où les armées byzantine et ostrogothique avaient encore pu se ravitailler pendant la guerre241, ainsi que dans larrière-pays de Crotone, à Scolacium242 et à Tauriana243, où elle

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se maintint au moins jusquau viiie siècle244. Il est cependant surprenant que Cassiodore place le blé en tête des productions du Bruttium245 : après laccaparement de la production égyptienne et africaine par lannone de Constantinople, les sénateurs ne sétaient pas contentés dintensifier la céréaliculture en Sicile, mais avaient réalisé la même reconversion sur le continent. La spéculation sur les grains semble dailleurs être à lorigine démeutes urbaines dès la fin du ve siècle246, et avoir provoqué labsorption de nombreuses petites propriétés par les massae des possessores247 ; ces manœuvres étaient aussi le fait des fonctionnaires, souvent les mêmes personnages248. Les céréales restent ensuite très présentes dans les sources calabraises jusquaux ixe-xe siècles249.

Autre problème : Vivien Prigent admet que les fonctionnaires nauraient jamais accepté dêtre rétribués « en pièces de bronze qui se dévaluaient sans cesse » : en tolérant ce type de paiement, qui ne peut guère constituer une opération diplomatique, la papauté et les aristocrates fonciers ne font-ils pas figure de dindons de la farce ? On peut certes admettre que lÉtat, même sil avait moins que jamais, les moyens dêtre accommodant, a alors augmenté le montant de la coemptio aux fins de conciliation, mais même ainsi, comment Honorius Ier a-t-il pu acquérir, avec des monnaies de bronze contremarquées, les quantités de métaux précieux quil offre alors aux Églises romaines ?

Suite logique de son évolution, le mot coemptio (= achat), est au viie siècle synonyme de commercium, mais aussi de συνωνή (= impôt foncier en nature)250. De lavis de nombreux chercheurs, le glissement vers lintégration de la ponction exceptionnelle en nature de lépoque

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protobyzantine aux exigences régulières du trésor se produit entre le milieu du viie siècle et le milieu du viiie siècle, à travers une systématisation de ces réquisitions remboursées. Mais le nom reste le même251, ce qui rend toute précision chronologique ultérieure difficile pour un changement qui en outre sest fait progressivement, à des dates qui varient en fonction des provinces. Toujours au viie siècle, les commerciaires, dabord employés des douanes préposés à lachat de produits de luxe comme la soie et responsables des magasins publics, commencent à gérer le grain fiscal prélevé par le biais des coemptiones, et qui va désormais confluer dans leurs apothèques. Ces dépôts, après le milieu du viie siècle et de manière plus systématique à partir de Constantin IV (668-685), sont rattachés à des provinces et apparaissent dabord dans les régions où se déroulent des opérations militaires252.

Une administration est mise en place dans lIfrîquiya à partir de 618-620, lorsque lorganisation du ravitaillement de Constantinople en grains doit être repensée ; les sceaux des commerciaires en question sont donc logiquement contemporains des contremarques siciliennes ; mais la fonction napparaît pas encore dans lîle où le besoin sen fait pourtant sentir (lAfrique fait alors figure de champ dexpérimentation). Les commerciaires africains sont en charge du stockage et de la redistribution fiscale servant aussi à ravitailler larmée ; leurs fonctions nindiquent toutefois pas nécessairement un prélèvement direct en nature253.

Quen est-il du dossier italien ? Lexistence dun kommerkion Sikelias est attestée à partir de 652-654254, date à laquelle il peut être mis en rapport, dans la logique de M. Hendy et J. Haldon, avec la révolte de lexarque Olympius. Joue aussi je suppose le fait que les negotiatores, atteints au même titre que les possessores dans la seconde moitié du vie siècle, peinent peut-être à assurer le transport des denrées, ce qui expliquerait le maintien des commerciaires dans lîle pendant toute la seconde moitié du siècle

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suivant255. Toutefois ceux-ci ne gèrent pas plus une ponction en nature que leurs homologues dAfrique ; rappelons que le second quart du viie siècle vient de voir dans lîle une radicalisation du prélèvement de limpôt foncier en or, lié à lexcellent niveau de monétarisation locale256. Un nouveau revirement serait donc surprenant, dautant que cette réforme ne se répand dans le reste de lEmpire quà partir de Constantin IV. Même lapparition dun genikos logothète257 de lapothèque de Sicile en 696-697, première et seule mention de cette fonction dans lîle, semble surtout due à la grande expédition maritime vers Carthage258 ; cependant on a vu que lorganisation dentrepôts publics sy justifie pleinement259. Les sceaux carthaginois montrent par ailleurs que lenvoi de blé par lAfrique, qui sétait sensiblement intensifié après la perte définitive de lÉgypte, cette fois du fait des Arabes, sest ensuite ralenti260 ; les années suivantes voient donc logiquement saccroître les exigences de lÉtat en Sicile, surtout quand sy ajoutent, sur place, les besoins des nouvelles villes fortifiées.

Dans le même ordre didées, le coemptum frumenti cité par le Liber pontificalis dans les années 680 est couramment identifié à la sunonè. Reprenons le passage relatif à Constant II : Et tales afflictiones posuit populo seu habitatoribus vel possessoribus provinciam Calabriae, Siciliae vel Sardiniae per diagrafa seu capita atque nauticationes per annos plurimos, quales a seculo numquam fuerunt, ut etiam uxores a maritos vel filios a parentes separarent. Seu signifie clairement « ou » et exprime une équivalence, tandis que vel a le sens de « et » et exprime une accumulation. Le terme diagrafa a donc dans le texte la même acception que capita, cest-à-dire « unités de répartition de limpôt » (la jugatio/capitatio). Je suppose donc quil

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sagit dune mise à jour des registres fiscaux, une opération qui, en ce qui concerne la toute nouvelle « Calabre », trouve sa justification dans le chaos quavait provoqué linvasion lombarde et le démantèlement des organes de prélèvement dépendant des possessores ; il nest donc pas besoin dy voir une réorganisation du système dimposition261. En même temps la taxe a été rétablie dans les régions où elle avait en partie été suspendue en raison des déplacements de la frontière et elle a certainement été augmentée262.

Constant II a ainsi œuvré pour ravitailler Constantinople en grains263 et soutenir ses objectifs militaires ambitieux, ainsi que la restructuration de la défense. Le Liber pontificalis ne me semble donc pas apporter de preuve quant à lintroduction par cet empereur de limpôt foncier en nature dans le sud de lItalie. Quoiquil en soit, la Calabre a probablement participé elle aussi aux convois de blé dirigés vers Constantinople, et aux rapports commerciaux intenses entre les deux parties du bassin méditerranéen264.

Une trentaine dannées plus tard, le Liber pontificalis cite cette fois des dégrèvements fiscaux concernant spécifiquement les patrimoines pontificaux, relativement épargnés par linvasion de la fin du vie siècle, mais qui commencent sans doute à connaître de réels problèmes économiques. Ces mesures touchent de près notre sujet car elles témoignent du développement dune crise dans le sud de lItalie, même si elles ne font que remédier à un précédent alourdissement des taxes, dont elles apporteraient ainsi la preuve indirecte.

Elles sarticulent en deux volets concernant, on la vu, des entités géographiques différentes ; reprenons le texte pour 685-686 : et alias divales iussiones relevans annonocapita patrimonium Siciliae et Calabriae non parva, sed et coemptum frumenti similiter vel alia diversa quae ecclesia

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Romana annue minime exurgebat persolvere265. Le pape arrache à lEmpire la suppression dun bon nombre dunités dimposition que rien dexplicite ne permet encore une fois de rattacher à la nouvelle imposition foncière ; il me semble que le terme même dannonocapita évoque limposition du Bas-Empire. Le patrimoine de Sicile et de Calabre est en même temps débarrassé de la coemptio du deuxième type : cest, il me semble, le sens de coemptum frumenti266.

Un autre obstacle à lidée de lapparition du double impôt personnel et foncier dans ce texte est constitué par le fait que, dans ce cas, aucun grain naurait été fourni cette année-là au fisc par les massae pontificales, ce qui naurait pu manquer de créer de graves désordres en Calabre et en Sicile. Or la militia devait alors affronter une nouvelle offensive lombarde ; elle sempara dailleurs, en garantie du versement de limpôt, dindividus appartenant à la familia, cest-à-dire de dépendants des patrimoines, ce qui préfigure mutatis mutandis le pillage du Latran un peu plus tard par la militia romaine267. En 686-687, une réduction de 200 unités fiscales fut concédée aux propriétés pontificales du Brittius et de la Lucanie, et les otages durent être libérés268. Lurgente nécessité où se trouvait alors Byzance de sassurer la loyauté des troupes locales me semble confirmée par le fait que celles de Ravenne et de Rome empêchèrent peu après que le pape ne soit capturé sur lordre de Justinien II, après le concile Quinisext269.

En conclusion, lordinaire et lextraordinaire devenu plus ou moins annuel à partir du milieu du viie siècle se confondaient dans les achats publics de blé, ce qui nest pas incompatible, loin sen faut, avec lapparition en Sicile des commerciaires qui en seraient chargés. En outre, ce rythme accéléré

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était dicté par des besoins nécessitant une régularisation des prélèvements en nature et annonçait donc la réforme de limpôt. Enfin, les récoltes du sud de lItalie ne suffisaient plus à satisfaire tout à la fois les exigences de Rome et celles de la politique militaire de Byzance : dès ce moment, la récupération des patrimoines à plus ou moins brève échéance devenait inéluctable.

Que le mérite en revienne à la flotte locale ou à celle qui fut dirigée vers la Méditerranée occidentale en 697270, les littoraux de la Calabre furent libérés dès le début du viiie siècle : Amantea271 et Crotone avant 710-711272. Puis les Arabes revinrent à la charge sur tous les fronts : en dépit de la victoire qui mit fin au siège de Constantinople, le règne de Léon III fut marqué par leurs assauts réguliers. Carthage fut définitivement perdue et la conquête de la Tunisie permit à Kairouan dorganiser régulièrement contre la Sicile, à partir de 703, des expéditions maritimes victorieuses273, dont la cadence saccéléra de 727 à 732274. Le financement de la guerre engendra alors, pour lItalie, une pression fiscale sans précédent à laquelle sopposa Grégoire II ; le transfert de la juridiction des évêchés calabrais et siciliens au patriarcat de Constantinople, qui apparaît déjà dans la Notice 2, pourrait dailleurs constituer à cet égard une mesure de rétorsion de Léon III275.

La première moitié du viiie siècle marqua cependant une césure dans lhistoire de la Calabre byzantine où lempereur put intervenir dans les affaires internes de lItalie méridionale, entreprenant une véritable restructuration du territoire dans le cadre de ladministration thématique : des villes furent fondées, des évêchés furent créés, et le pays définitivement hellénisé ; enfin la défense fut organisée en profondeur. Cest dans ce contexte général que doivent être envisagées les fameuses mesures concernant les propriétés de lÉglise de Rome.

Selon Théophane, Τότε θεομάχος ἐπὶ πλεῖον ἐκμανεὶς, Ἀραβικῷ τε φρονήματι κρατυνόμενος, φόρους κεφαλικοὺς τῷ τρίτῷ μέρει Σικελίας καὶ Καλαβρίας τοῦ λαοῦ ἐπέθηκεν276. Les phorous kephalikous représentent

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une taxe personnelle, mais le passage change de sens si lon rattache tô tritô merei à ces derniers ou comme je le suppose au laou. Le patrimoine pontifical couvrant bien les deux tiers de la Calabre, on ne peut exclure lhypothèse que cette taxe y ait déjà été imposée à un moment quelconque à la population, puis quelle ait été étendue aux occupants des territoires à peine repris aux Lombards. Cette hypothèse sappuie sur le fait que Théophane passe ensuite explicitement auxdits patrimoines, mais elle ne prend pas la Sicile en compte. Un bon nombre de chercheurs optent pour une augmentation du tiers de la capitation en Sicile et en Calabre, et Vivien Prigent, démontrant brillamment quune augmentation dun tiers aurait été minime, propose de multiplier la somme par deux, en supposant que Théophane avait omis de copier sur sa source le mot nomisma277.

Les mesures suivantes, qui concernent donc exclusivement les propriétés pontificales, sont moins sujettes à discussion : Τὰ δὲ λεγόμενα πατριμόνια τῶν ἁγίων κα κορυφαίων ἀποστόλων τῶν ἐν τῇ πρεσβυτέρᾳ Ῥώμῃ τιμωμένων, ταῖς ἐκκλησίαις ἔκπαλαι τελούμενα χρυσίου τάλαντα τρία ἥμισυ τ δημοσίῳ λόγῳ τελεῖσθαι προσέταξεν, ἐποπτεύειν τε καὶ ἀναγράφεσθαι τ τικτόμενα κελεύσας ἅρρενα βρέφη, ὡς Φαραώ ποτε τὰ τῶν Ἐβραίων. Il sagit là clairement de rétablir la perception directe des impôts par lÉtat, ce qui implique une mise à jour du cadastre et un recensement des enfants mâles en vue détablir les rôles de la capitation278. Ensuite, la baisse des métaux précieux qui senregistre à Rome après la confiscation de 742 doit sans doute être causée autant par la perte des mines calabraises et siciliennes que par la cessation des paiements. Les papes eurent alors recours aux ressources des domuscultae qui furent restructurées279.

Les mesures de 732 sont-elles destinées à financer la construction dune escadre qui intercepte des flottes arabes dès 733 et 734280 ? Après lexpérience traumatisante du siège de Constantinople, la maîtrise des mers retint lattention de Léon III281 et il fallait sans doute restaurer et

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étoffer la flotte de Constant II. Les difficultés internes connues par les Aghlabites de Kairouan, en permettant à Byzance dinstaurer avec eux des rapports pacifiques, ont dû cependant grandement contribuer à ramener la paix sur les côtes siciliennes282 et la première victoire navale succède trop vite à la mesure fiscale pour en représenter le résultat. Il me semble dautre part que la confiscation des patrimoines (742) devrait précéder ou accompagner la construction des bateaux, car elle aurait facilité, en Calabre comme en Sicile, le ravitaillement des chantiers en bois et en poix pour le calfatage. La flotte qui patrouille effectivement ensuite au long des côtes siciliennes et calabraises283 est donc lhéritière de la nauticatio de Constant II et les mesures de 732 sont surtout destinées à financer la restructuration et la fortification de lItalie méridionale.

Une partie des terres récupérées fut concédée à la militia, et exemptée dimpôt contre un service militaire ; ainsi fut résolu le problème des soldes, qui avait acquis une acuité particulière. Un indice de cette opération est fourni par la présence à Tropea, vers le milieu du viiie siècle, dun « corps de mercenaires délite284 » et par le développement rapide de Santa Severina, objet de toutes les attentions de la part des autorités. Ce chôrion, implanté au cœur de lancienne massa silana, devint ville épiscopale, puis siège darchevêché dès avant la notice 3 sous le nom symbolique de Nikopolis285 ; on y observe la présence dun haut dignitaire, spatharocandidat286 qui se fait en 736 le promoteur, avec lévêque, de travaux dans la vieille cathédrale. Il sagit dune véritable campagne édilitaire, qui touche aussi peu après le baptistère et une petite église de pierre à une nef, qui a été mise au jour sous lactuel château et est flanquée dune nécropole où est enseveli un notable287. Enfin le titre déparque, qui apparaît sur une inscription, pourrait indiquer que la ville était le chef-lieu dune circonscription, où résidait le fonctionnaire

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en charge de ladministration288 ; de nombreux silos y ont été retrouvés, où pouvait être stocké le grain fiscal.

On observe aussi des transferts dhabitats, qui saccompagnent sans doute dun rassemblement de la population : cest alors que le centre de lancienne massa pontificale de Nicotera est installé sur le site actuel289. Mais le phénomène touche toute la province : lévêché de Locres-Paleapoli est déplacé et la ville « refondée » sous le nom de Hagia Kuriakè290 ; celui de Cirella est transféré sur un site éminemment défensif 291. Comme lindiquent les nouveaux toponymes, ces créations participent dune œuvre dhellénisation et de fortification de la province, pour lui permettre de résister efficacement tant aux Lombards quaux raids arabes. Amantea et Rossano, qui constituaient des places-fortes clé aux deux extrémités de la nouvelles frontière avec Bénévent, furent promues au rang de kastra, cest-à-dire selon lhabitude byzantine, de villes murées chefs-lieux de diocèse292. Les nouveaux sites étaient des crêtes rocheuses aux parois abruptes qui sélevaient un peu à lintérieur des terres : on peut y voir la leçon des premières expéditions arabes contre la Sicile, mais aussi les prémisses dune recolonisation de certaines zones de lintérieur, préparée par la mise en place de ces cadres destinés à attirer et fixer les populations.

La reconquête de la Calabre se poursuivit dans la seconde moitié du viiie siècle, grâce à une intervention du roi Didier contre Bénévent qui se solda en 758 par la restitution à lEmpire dOtrante, où fut alors dirigée une expédition293 ; dautres raids furent organisés sur les côtes en 760 et en 778294. Après la perte de lexarchat, le sud de la péninsule représentait plus que jamais une tête de pont en Méditerranée occidentale et la base indispensable à une reconquête : en 788 lenvoi par la capitale, fait exceptionnel, dune armée destinée à opérer aux confins nord du duché

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fut loccasion, malgré son échec, de consolider la frontière sur une ligne qui passait désormais à lest de la vallée du Crati, rejoignant la côte tyrrhénienne au nord dAmantea295. Cet état se traduit, du côté latin, par la présence à Rome des évêques de Cosenza et Bisignano, tandis que Cassano devient siège de gastaldat, et, du côté grec, par la notice 3 et la liste conciliaire de 787, où apparaissent tous les autres évêques296 [Fig. 10].

Les recherches de ces vingt dernières années ont mis en évidence lexistence, en Italie méridionale, dune phase de prospérité qui sétend du ive au vie siècle, reportant du coup la désormais canonique « crise du haut Moyen Âge » au siècle suivant, que la raréfaction de la documentation écrite et archéologique désignait comme obscur et dépeuplé. Mais il fallait alors expliquer pourquoi bon nombre dhabitats conservaient une richesse certaine, et comment sy maintenait une hiérarchie sociale, même si les écarts de fortune se trouvaient considérablement atténués sur les sites archéologiques du viie siècle. Le meilleur exemple était constitué, en Calabre, par les nécropoles qui séchelonnent sur des sites stratégiques de la côte ionienne au nord du Crotone et sont encore incluses, au viie siècle, dans le réseau déchanges qui englobent les deux rives de lAdriatique, depuis la Sicile jusquà la Pouille297. Il était dautre part indéniable que de nouveaux habitats apparaissaient, précisément dans le courant du viie siècle, dont certains, comme celui de Santa Severina, étaient destinés à survivre. Enfin les fouilles de Perti298, de la Cripta Balbi299 et de Comacchio300 modifièrent considérablement limage des viiet

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viiie siècles, révélant entre autres lexistence, à Rome et dans le nord de lAdriatique, damphores globulaires de provenance méridionale301.

Ces phénomènes ont trouvé une confirmation archéologique éclatante dans les deux régions méridionales où ont été récemment effectuées des enquêtes systématiques de surface avec laide de la photographie aérienne, et où des fouilles programmées ont été réalisées. Il sagit dabord du Salento où, à la crise de la fin du vie siècle, succède une nouvelle génération dhabitats des viie-viiie siècles ; le kastron édifié sur le site stratégique de Pagliarone, qui renfermait de nombreux silos, suggère lhypothèse là aussi dun programme de fortification du territoire en profondeur302. Le fameux « Limitone dei Greci », dont la partie la plus ancienne a été datée du viie siècle grâce aux analyses effectuées sur les sédiments piégés dans le remplissage du mur303, pourrait correspondre à un système de barrage de la péninsule évoquant la chaîne de forteresses qui jalonnent listhme de Catanzaro à la même époque. Dans cette nouvelle carte de loccupation du sol, aux formes variées304, les villages jouent cependant un rôle de premier plan, comme celui de Scorpo, au viie siècle305 et ceux de Quattro Macine et Apigliano au viiie siècle306. La structure

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portante des maisons de Scorpo est faite de chêne, un bois de qualité, les parois de torchis reposent sur des solins de pierre, et les sols sont isolés de lhumidité ; la qualité de lalimentation est satisfaisante et la céramique commune, comme les amphores à fond arrondi, proviennent de quatre ateliers du voisinage. Si les habitants utilisent surtout des instruments et objets en bois et en os de fabrication locale, le village importe un peu de vin dOtrante, de la vaisselle de verre du nord de lItalie et des meules de la Sicile et de lÉgée. Le passage à une agriculture peut-être plus « vivrière », et à lélevage, comme les analyses du milieu lont montré au voisinage du « Limitone dei Greci » pourraient caractériser le viie siècle.

Mêmes observations dans le nord de la Pouille, en zone lombarde, où la fouille de la luxueuse villa de Faragola a montré quaprès un abandon provisoire, le site était réoccupé vers la fin du vie siècle par un groupe humain nombreux et socialement hiérarchisé et pourrait correspondre au centre administratif dun grand domaine ou gaio307. Certaines des anciennes pièces de la villa sont de nouveau habitées, après avoir été couvertes dun toit porté par des poteaux plantés, dautres servent simplement denclos aux maisons de bois ; tous les espaces sont pavés de sols de terre battue installés à quelques centimètres au-dessus des luxueux pavements de la villa. Pendant tout le viie et le viiie siècle, ce gros établissement flanqué de son cimetière pratique lartisanat du fer et du plomb. La prospection a révélé en outre lexistence, en Capitanate, de quelques grandes nécropoles et habitats datables du viie au ixe siècle308.

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Le repérage de ces sites est compliqué par le manque de lisibilité de vestiges se caractérisant par lemploi de matériaux légers et périssables309 et leur étude a longtemps souffert aussi dun discrédit lié justement à cette transformation du bâti et, dune manière générale, à celle de la culture matérielle : pourtant, dans la majeure partie des cas étudiés, la typologie des techniques de construction est variée et la qualité en est élevée. Du coup, beaucoup dentre eux ont été découverts au hasard des fouilles urbaines (cest le cas de Santa Severina), ou de lexploration des sites de villae, plus faciles à repérer (cest le cas de Faragola).

Quant à la Calabre elle-même, son histoire ne peut se concevoir, au viie siècle et au début du siècle suivant, sans le maintien dun certain niveau démographique : la viticulture par exemple exige beaucoup de temps et de soins. Il fallait des gens pour édifier et peupler les praitôria et les kastra, payer les impôts, construire les navires et sy embarquer, être enrôlés enfin dans la militia, même si les effectifs militaires sétaient notablement réduits. On trouve donc en Calabre des artisans spécialisés dans de nombreux domaines, et de la main dœuvre ; les fours à amphores et à céramique fonctionnent encore pour lexportation et, comme sur les sites mérovingiens, le travail des métaux est intensif et décentralisé. Au total, limage de léconomie calabraise est positive : même si comme partout ailleurs la population et le volume des échanges ont baissé, il ny a pas de crise majeure au viie siècle.

La première invasion lombarde na donc pas inversé la tendance favorable mais elle a décapité la pyramide sociale, et la petite propriété, qui avait été englobée dans les massae, revit alors sans doute sous sa forme juridique antérieure. Labandon des luxueuses villae rend apparentes des réalités matérielles jusque-là masquées, comme les maisons et les églises de bois et de terre. Les habitats ruraux du viie siècle sont peu connus, mais il semble que la population soit regroupée, si on pense aux stationes qui survivent310 ou au chôrion qui donne par exemple naissance au kastron de Nikopolis/Santa Severina. Les villages côtiers du versant est de la Sila, par leur hellénisation précoce et le caractère stratégique des sites, évoquent linstallation de groupes de « soldats-paysans » sous lautorité dune petite aristocratie militarisée. Ces observations, et la

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construction des grandes enceintes refuges, suggèrent que les autorités byzantines se sont intéressées aux chôria, ne serait-ce que comme unités fiscales, lorsquelles ont commencé à reprendre le contrôle de la province. Il reste maintenant à étudier ce siècle extrêmement riche en fonction de thématiques renouvelées et en nuançant lidée de récession : on peut ainsi se demander quelle est la part dinitiative des communautés rurales ou urbaines dans le domaine économique311, en gardant à lesprit le modèle – absence de laristocratie – mis en évidence à Comacchio.

Cest à la fin du viie siècle quapparaissent les signes de sérieuses difficultés économiques au travers du non-paiement de limpôt ou du retard dans leur versement ; dans le cadre général de la crise financière de létat, les patrimoines pontificaux ne pouvaient supporter la pression fiscale, qui augmente encore à partir des années 660. La province na cessé, depuis un siècle, de financer et dassurer leffort de guerre, et les péripéties de la deuxième vague dinvasion lombarde ont dû finir den user les forces : sans vouloir minimiser les autres explications, je pense que la récupération des années 740 est le meilleur indice de lexistence de cette crise. La Calabre est alors touchée par la dernière vague de la peste de Justinien312 qui frappe une population déjà certainement affaiblie : cest dans ces années que doit être placé létiage démographique.

La superficie des nouveaux kastra diminue de manière drastique et les anciennes villes se retirent sur la partie la plus haute de lhabitat ; on observe, sur les sites qui présentent une stratigraphie continue entre lAntiquité tardive et le Moyen Âge central, une forte diminution de la céramique, réduite à quelques types morphologiques et un abaissement de la qualité des aménagements du bâti et de lurbanisme313. On ne sait ce quil advient alors du village mais, même en faisant la part du regroupement des habitants, il nen reste pas moins que les derniers sites de lAntiquité tardive sont alors abandonnés314.

Cependant, il faut souligner que la Calabre continue à exporter des amphores à Rome et dans lAdriatique et que celles-ci sont présentes en

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nombre consistant à Tropea ; ce maintien dune culture délicate comme la vigne, destinée au moins en partie à la commercialisation, et celui des réseaux déchange de caractère public et/ou privé constituent un filon prometteur de la recherche. Les autorités byzantines tentent alors de rationaliser la fiscalité et de remédier au dépeuplement et à labandon des terres cultivées ; elles redistribuent ces dernières, et mettent en place un encadrement administratif, religieux et militaire, toutes choses parfaitement logiques, mais aussi paradoxales car limpression est celle dune carcasse, solide mais presque vide, qui devra être remplie lorsque samorcera une reprise.

Ghislaine Noyé

École des Chartes, Paris

378

abréviations

Ep.

S. Gregorii Magni registrum epistularum libri I-XIV, éd. D. Norberg, Turnhout (Corpus Christianorum, Series latina, 140-140 A), 1982.

G. goth.

Prokop Gotenkriege, éd. O. Veh, Munich (Tusculum-Bücherei, Prokop, II), 1966.

I. P. X

Regesta Pontificum Romanorum, Italia Pontificia. X, Calabriae-Insulae, éd. P. F. Kehr, W. Holtzmann, D. Girgensohn, Zurich, 1975.

L. P. I

Liber pontificalis, éd. L. Duchesne, I, Paris, 19552.

Paul Diacre

Pauli Historia Langobardorum, éd. L. Bethmann, G. Waitz, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum Langobardicarum et italicarum, Hanovre, 1878 (réimp. 1964), p. 12-187.

Var.

Magni Aurelii Cassiodori Senatoris opera. Pars I : Variarum libri XII, éd. A. J. Fridh, Turnhout (Corpus Christianorum, series Latina, 96), 1973.

Vie de Pancrace 
[BHG 1410a]

A. N. Veselovsky (éd.), Из истории романа и повести, II, Saint-Pétersourg (Сборникъ Отдѣленія русскаго языка и словесности Императорской Академіи Наукъ, 40-2), 1886, p. 73-110.

Vita S. Phantini 
[BHG 1508]

Vita S. Phantini confessoris a codice vaticano graeco n. 1989, éd. V. Saletta, Rome, 1963.

379

illustrations

Fig. 1 – Carte des principaux établissements cités dans le texte.

380

Fig. 2 – Les territoires conservés par Byzance (en grisé)
après la première invasion lombarde.

381

Fig. 3 – Léparchie des Salines, domaine de Remindos
dans la vie de saint Pancrace.

382

Fig. 4 – Le royaume dAquilinos dans la vie de saint Pancrace.

383

Fig. 5 – Les possessions byzantines (en grisé) au terme
des campagnes de Constant II.

384

Fig. 6 – Les possessions byzantines (en grisé) après les dernières conquêtes de Romuald de Bénévent.

385

Fig. 7 – Carte des métaux et des aires métallurgiques.

386

Fig. 8 – Carte des aires agricoles et du saltus montagneux.

387

Fig. 9 – Cartes des zones viticoles, des sites de fours
et des sites de trouvaille damphores (triangles noirs : villae).

388

Fig. 10 – Carte de la Calabre à la fin du viiie siècle.

1 V. Prigent, « Les évêchés byzantins de la Calabre septentrionale au viiie siècle », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 114, 2002, p. 931-953. On trouvera une liste des abréviations des sources en fin darticle.

2 V. Prigent, « Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux dItalie du Sud », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 116-2, 2004, p. 557-594 ; Id., « Topotérètes de Sicile et de Calabre aux viiie-ixe siècles », Studies in Byzantine Sigillography, 9, 2006, p. 145-158 ; Id., « Le mythe du mancus et les origines de léconomie européenne », texte du Oxford Medieval History Seminar, 2011.

3 Dénomination antique de lactuelle Calabre, qui ne sera remplacée quà partir du milieu du viie siècle : voir infra n. 4, p. 334.

4 Paul Diacre, III, 32.

5 Ep. VII, 23.

6 Le propriétaire de plusieurs esclaves et dun domaine où sélève une église appartenant à ce diocèse est mort à Syracuse avant septembre 597 (Ep. VIII, 3) ; la fuite de ce possessor atteste une menace directe sur la région, qui a dû se concrétiser puisquil na pas regagné sa patrie. Cette date tardive suggère en outre que les Lombards nont pas suivi la via Popilia, mais sont remontés vers le nord une fois atteint le Savuto.

7 Cest du moins à lui que sadresse Grégoire le grand (Ep. IX, 125) pour faire parvenir une lettre au duc Aréchis (Ep. IX, 127), mais peut-être ny a-t-il là quune question de commodité.

8 Le toponyme désigne ici le castrum fondé par les autorités byzantines avant la fin du vie siècle et où le siège épiscopal est transféré vers le début du siècle suivant, depuis le site romain de Scolacium, situé sur le littoral un peu plus au nord ; lacropole a été fouillée en collaboration par la Surintendance aux Antiquités de la Calabre et lÉcole française de Rome de 1987 à 1999 : G. Noyé, « Les recherches archéologiques de lÉcole française de Rome sur la Calabre méridionale », Comptes rendus [de l] Académie des inscriptions et belles lettres, nov-déc 1997 [1999], p. 1069-1100.

9 Voir en dernier lieu G. Noyé, « Aristocrazia, Barbari, guerra e insediamenti fortificati in Italia meridionale nel VI secolo », Atti del Convegno Aristocrazia e società tra transizione romano-germanica e altomedioevo (Cimitile-Santa Maria di Capua Vetere, 14-15 giugno 2012), éd. C. Ebanista, M. Rotili, Cimitile, 2014, p. 7-27.

10 Sur la construction du phrourion par les Grecs : G. got. III, 23.

11 Georgii Cypri descriptio orbis romani, éd. H. Gelzer, Leipzig, 1890, p. 28-29 et 90-91 ; E. Honigmann, Le Synecdémos dHieroclès et lopuscule géographique de Georges de Chypre, Bruxelles, 1939, p. 51-52 ; IP X, p. 9-11 et 118. Lappellation est encore Βριττίων (no 532a) ou Βρεττανία (no 567 et 572), de même que dans Ep. IX, 124, 125, 126 et 128.

12 Crotone nest pas fortifiée au début de la guerre (G. got. III, 28 et 30), mais soutient ensuite un siège (ibid., IV, 25).

13 G. Noyé, « La Calabre et la frontière (vie-xe siècle) », Castrum IV. Frontière, peuplement et habitat dans le monde méditerranéen au Moyen Âge (Erice, 1988), éd. J.-M Poisson, Rome-Madrid, 1992, p. 277-308, ici p. 280-284 ; voir les sièges de Thurii (G. got. III, 30) et Reggio (ibid., III, 39).

14 Cf. supra n. 8, p. 324 et n. 1, p. 325.

15 G. got. III, 6 et 8.

16 G. Noyé, « Lespressione architettonica del potere. Praetoria bizantini e palatia longobardi nellItalia meridionale », Lhéritage byzantin en Italie, viiie-xiie siècle. II, Les cadres juridiques et sociaux et les institutions publiques, éd. J.-M. Martin, A. Peters-Custot et V. Prigent, Rome (Collection de lÉcole française de Rome, 461), 2012, p. 389-451, ici p. 417-418.

17 Ibid.

18 G. Noyé, « Le città calabresi dal IV al VII secolo », Le città italiane tra la tarda Antichità e lalto Medioevo. Atti del Convegno (Ravenna, 26-28 febbraio 2004), éd. A. Augenti, Florence, 2006, p. 477-517, ici p. 511.

19 Cf. supra n. 6, p. 324 ; il sagit dun site stratégique de hauteur aux puissantes défenses naturelles, qui domine lensemble du golfe de Catanzaro (lactuelle Santa Maria del Mare) : G. Noyé, « Les Bruttii au vie siècle », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 501-551, ici p. 541-548 ; Ead., « Les recherches archéologiques de lÉcole française de Rome sur la Calabre médiévale », cité n. 6, p. 324, ici p. 1080-1096 ; Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina (IV-XI secolo) », Storia della Calabria medievale. I, I quadri generali, dir. A. Placanica, Rome, 2001, p. 577-655, ici p. 624-628.

20 Ep. IX, 206 et 207.

21 Certains castra furent édifiés sur des propriétés ecclésiastiques, comme Gallipoli dans la massa pontificale homonyme (supra) et Squillace sur des terres appartenant au monastère Castellense (Ep. II, 31 ; Ep XIV, 9).

22 Celui dOtrante est commandé par un tribun (Ep. IX, 206 et 207) et des magistri militum sont présents à Siponto (Ep. IX, 113 et 115) et à Naples (supra n. 5, p. 324).

23 Ep. III, 43 et Ep. IV, 5 (en 593) ; Ep. V, 55.

24 Ep. V, 9 (en 594).

25 Celui-ci réside, avec sa fille, dans la ville où il a affranchi deux esclaves en faveur desquels il dispose un legs, un autre étant prévu pour léglise de Saint-Georges ; il y meurt peu avant 599 (Ep. IX, 90).

26 A. M. Ardovino, « Edifici ellenistici e romani ed assetto territoriale a nord-ovest delle mura di Reggio », Klearchos, 19, 1977, p. 75-112 ; R. Spadea, « Lo scavo della stazione “Lido” (Reggio Calabria) », dans Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 689-707.

27 Ep. V, 9 ; Vibona, sans doute protégée, comme la précédente, par une enceinte surmontée dune acropole (supra n. 7, p. 325), sest peut-être aussi sauvée : à la différence de presque toutes les autres villes, aucun problème ny est en tout cas attesté (Ep. VI, 40 ; Ep. IX, 135).

28 Ep. VII, 23.

29 La chronologie des mentions de la fuite du clergé ou des possessores, et celle des demandes de rançons transitant par le Saint-Siège suivent une logique topographique correspondant à litinéraire suivant : Tauriana est atteinte en 591 (Ep. I, 39 pour la fuite des moines ; Ep. II, 15 et 16 pour lévêque Paulinus ; Ep. VII, 38 pour le prêtre Marcianus) ; Myria est prise avant 594 (Ep. V, 9 pour lévêque Severinus qui se réfugie à Squillace, larchidiacre Leo et certains clercs qui se trouvent à Reggio et Ep. VII, 35 pour une partie au moins des ministeria à Messine) ; Crotone, on la vu, en 596 et Cosenza quelques mois au moins avant 597 (Ep. VIII, 3 pour un possessor du diocèse mort à Messine).

30 Necropoli e insediamenti fortificati nella Calabria settentrionale. I, Le necropoli altomedievali, éd. G. Roma, Bari, 2001 ; G. Roma, « Nefandissimi Langobardi: mutamenti politici e frontiera altomedievale tra ducato di Benevento e ducato di Calabria », I Longobardi del Sud, éd. G. Roma, Rome, 2010, p. 405-463.

31 Il ne quitte guère les zones plates : déjà suivi par Bélisaire à peine débarqué de Sicile (G. got. I, 8), puis par les Ostrogoths revenant de lîle (ibid. III, 39), il sera également emprunté par Constant II (L. P. LXXVIII, p. 344).

32 Ep. II, 35 ; la vacance dun siège nest pas obligatoirement un signe dinvasion, mais tel est aussi le cas des très proches Velia et Buxentum, simultanéité qui pourrait, à ce moment précis, indiquer une crise.

33 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 580 et 590. Des analyses sont actuellement en cours pour déterminer la date douverture des mines (voir aussi M. Matzke, « Lattività mineraria e la monetazione », Le zecche italiane fino allUnità, éd. L. Travaini, Rome, 2011, p. 271-291, ici p. 282). Pour lémission de fragments de siliques à Bénévent : C. Morrisson, « Le zecche nellItalia bizantina: un quadro dinsieme », Le zecche italiane, op. cit., p. 415-425, ici p. 417-418 (au début du viie siècle, sous Heraclius).

34 La massa de Tropea apparaît dans le Liber pontificalis vers le milieu du même siècle (L. P. I, XXXIII, Vie de Silvester, 314-335).

35 Var. VIII, 32 et 33.

36 Noyé, « Aristocrazia », cité n. 7, p. 324, ici p. 7-11.

37 Il dirige la défense de Rome en 595 (Ep. V, 36) et sy trouve encore en 598 (Ep. IX, 78).

38 Ep. IX, 61 (Campanie) ; Ep. IX, 62 et 126 (Bruttium).

39 Les forêts du Poro, qui ravitaillaient auparavant Rome et sans doute larsenal de Vibona, étaient en revanche épuisées (Ep. IX, 128).

40 Cest ce que suggère la description des nécropoles (supra n. 2, p. 327).

41 G. Noyé, « Economia e insediamenti nellItalia meridionale tra VII e X secolo », Lhéritage byzantin en Italie, viiie-xiie siècle. IV, Habitat et structure agraire (Rome, 17-18 décembre 2010), éd. J.-M. Martin, A. Peters-Custot et V. Prigent, Rome (Collection de lÉcole française de Rome), à paraître.

42 Ils résistent pourtant sans doute, au moins pour certains, à Constant II et jouent un rôle dans les guerres « lombardes » de la deuxième moitié du viie siècle ; les toponymes dorigine prédiale semblent indiquer quil sagit danciens centres domaniaux.

43 G. P. Givigliano, « La topografia della Calabria attuale in età greca e romana », AA. VV., Calabria bizantina. Istituzioni civili e topografia storica, Rome, 1986, p. 75-80 ; P. G. Guzzo, « Tracce archeologiche dal IV al VII sec. d. C. nellattuale provincia di Cosenza », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 91, 1979, p. 21-39 ; Id., « Il territorio dei Bruttii », Società romana e produzione schiavistica. I, LItalia: insediamenti e forme economiche, éd. A. Schiavone, Rome-Bari, 1981, p. 115-135.

44 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 507, avec bibliographie.

45 Noyé, « Economia e insediamenti nellItalia meridionale », cité n. 1, p. 329.

46 Bien que cette massa napparaisse quau début du viie siècle dans la documentation écrite (F. Russo, Regesto vaticano per la Calabria, I, Rome, 1974, no 83, p. 43), elle a dû se constituer bien avant (on ne voit guère à quelle occasion ce don aurait pu se produire à cette époque tardive).

47 Pour le ravitaillement de Rome : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 584-585 ; voir aussi supra n. 6, p. 328.

48 Ep. I, 42 ; Ep. I, 70.

49 Ep. IX, 89 : Romain, qui possède des propriétés dans toutes les provinces méridionales, veut être recommandé aux recteurs des différents patrimoines, ce qui laisse supposer quil y exploite aussi des terres ecclésiastiques.

50 Ep. IX, 61 (litige avec lévêque de Reggio) et Ep. IX, 126 ; sur sa carrière à Rome et ses démêlés avec lenvoyé de la capitale : Ep. III, 28 ; Ep. IV, 14 ; Ep. V, 36 ; Ep. IX, 4, 56 et 78.

51 M. Buonocore, Regio III. Regium Iulium. Locri. Taurianum. Trapeia. Vibo Valentia. Copia Thurii. Blanda Iulia, Bari (Inscriptiones Christianae Italiae septimo saeculo anteriores, V), 1987, no 14, p. 24-25.

52 Qui se lit par exemple dans les nécropoles de Tropea et sur les sites dhabitat du promontoire : G. Noyé, « Quelques observations sur lévolution de lhabitat en Calabre du ve au xie siècle », Rivista di studi bizantini e neoellenici, n. s. 25, 1988, p. 57-138, ici p. 89-91, et Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 602 ; G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, C. Sabbione, « Scavi medievali in Calabria: Tropea I, rapporto preliminare », Archeologia Medievale, 21, 1994, p. 351-374 ; G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, « Dal Tardoantico al Bassomedioevo: inquadramento storico, dati di scavo e materiali del sito urbano di Tropea », Scavi medievali in Italia 1994-1995. Atti della prima conferenza italiana di archeologia medievale (Cassino, 1995), éd. S. Patitucci Uggeri, Rome-Fribourg-Vienne, 1998, p. 93-122.

53 Ep. I, 42 ; Ep. VI, 4 pour la Sicile.

54 Le monastère sancti Archangeli in Tropeis est très appauvri (Ep. II, 1 en 591).

55 Cf. supra n. 7, p. 326.

56 Les lamentations de Grégoire-le-Grand à propos des sommes déboursées abondent dans son épistolaire : outre les lettres déjà citées, voir pour Rome Ep. V, 36 ; Ep. V, 46 ; Ep. V, 59.

57 Ep. V, 36 (à propos du siège de Rome) ; Ep. VI, 33.

58 Les édifices religieux étaient jusque là modestes, peu visibles et souvent réaménagés dans des bâtiments désaffectés (à Thurii, Locres et Scolacium : G. Noyé, « Les villes des provinces dApulie-Calabre et de Bruttium-Lucanie du ive au vie siècle », Early Medieval Towns in the Western Mediterranean (Ravello, 1994), éd. G. P. Brogiolo, Mantoue (Documenti di archeologia, 10), 1996, p. 97-120 ; Ead., « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 490 et 495-498).

59 À Vibona et Scolacium ; G. Noyé, « Social Relations in Southern Italy », The Ostrogoths from the Migration Period to the Sixth Century. An Ethnographic Perspective, éd. S. J. Barnish, F. Marazzi, San Marino (Studies in Historical Archaeoethnology, 7), 2007, p. 183-202, ici p. 191-193.

60 Ep. III, 41 ; Ep. IV, 6, 11 et 15 ; Ep. V, 9 ; Ep. VII, 35 ; Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 107.

61 Buonocore, Regio III, cité n. 4, p. 330, no 7 et 8 ; Ep. VII, 35 (Myria).

62 Ep. VII, 35 : [] ut de argento Meriensis ecclesiae cuius miles esse dinoscitur.

63 Scolacium et Reggio (supra n. 1, p. 327).

64 Ep. II, 15 ; Ep. II, 16.

65 Ep. IX, 30.

66 Vita S. Phantini, fol. 197v, lignes 196-205.

67 Ep. VII, 35.

68 Le modèle est assez proche de ceux de Myria et Tauriana pour inciter à situer cet établissement dans le sud du Bruttium, dautant que les Lombards nont pas atteint la Sicile : Ep. VI, 9 ; Ep. IX, 130 et 135 (lévêque est soumis au jugement de ses collègues du Bruttium) ; Ep. XIII, 14 et 15 (pour des raisons de proximité, lévêque doit visiter le diocèse de Palerme).

69 Occasione dispersi barbarica (Ep. I, 39).

70 Ceux de Myria entre Squillace et Messine (Ep. V, 9 ; Ep. VII, 35).

71 Ep. VII, 23.

72 En Campanie, les domini ruinés ne pouvaient racheter leurs propres esclaves (Ep. VI, 32).

73 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 586-587.

74 Le fait se déduit des mesures fiscales byzantines du viie siècle.

75 Les armées furent mobilisées contre les Perses, les Slaves, qui infiltraient les Balkans depuis la fin du siècle précédent (J. Haldon, Byzantium in the Seventh Century. The Transformation of a Culture, Cambridge, 1990, p. 35) et les Avars. La première moitié du viie siècle voit les guerres se succéder.

76 P. Lemerle, « Invasions et migrations dans les Balkans depuis la fin de lépoque romaine jusquau viiie siècle », Revue historique, 211, 1954, p. 265-308 ; Id., « Les répercussions de la crise de lEmpire dOrient au viie siècle sur les pays dOccident », Atti V Settimane di studio del Centro italiano di studi sullalto Medioevo (Spoleto, 1957), II, Spolète, 1958, p. 713-731 ; AA. VV., Byzantion in the Seventh CenturyDumbarton Oak Papers, 13, 1959 ; J. Haldon, « Some Considerations on Byzantine Society and Economy in the Seventh Century », Byzantinische Forschungen, 10, 1985, p. 75-112.

77 Si le but était dorganiser au mieux la défense, la réunion entre les mains dun seul personnage des pouvoirs civils et militaires était potentiellement dangereuse.

78 En 616, 619 et 642 : Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 62-63 ; Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323.

79 F. Burgarella, « Bisanzio in Sicilia e nellItalia meridionale: riflessi politici », Storia dItalia, III, éd. G. Galasso, Turin, 1983, p. 162-185 ; S. Borsari, « Lamministrazione del tema di Sicilia », Rivista storica italiana, 66, 1954, p. 133-203, ici p. 134-137.

80 Ep. VI 23 ; Ep. VI 32.

81 Ep. IX, 126, adressée à Aréchis : [] ut actionarii vestri qui in loco sunt deputetis, et plus loin [] ut homines qui sub eis sunt.

82 I. P. X, passim ; Noyé, « La Calabre et la frontière », cité n. 2, p. 325, ici p. 295.

83 Pour les conciles du viie siècle, I. P. X ; L. Duchesne, « Les évêchés de Calabre », Mélanges Paul Fabre. Études dhistoire du Moyen Âge, Paris, 1902, p. 1-16 ; réimpr. dans Id., Scripta minora. Études de topographie romaine et de géographie ecclésiastique, Rome, 1973, p. 439-454 ; J. Gay, « Les diocèses de Calabre à lépoque byzantine », Revue dhistoire et de littérature religieuse, 4, 1900, p. 234-260 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 617.

84 À propos de la captivité du pontife : Regesta pontificum romanorum ab condita ecclesia ad annum MCXCVIII, éd. P. Jaffé, G. Wattenbach, S. Loewenfeld, D. Kaltenbruner, P. Ewald, Leipzig, 1885-1888, 2079 (1608) ; Paul Diacre V, 11. Mais la première attestation remonte au début du viie siècle : Cronaca di Monemvasia, éd. I. Duicev, Palerme (Istituto siciliano di studi bizantini e neoellenici. Testi e monumenti. Testi, 12), 1976, p. 12 ; voir aussi infra n. 2, p. 341.

85 G. Minasi, Le chiese di Calabria dal quinto al duodecimo secolo, Naples, 1896, p. 111 ; F. Russo, « La partecipazione dei vescovi calabro-greci ai concili (secc. VI-XIV) », La chiesa greca in Italia dallVIII al XVI secolo (Bari, 1969), Padoue (Italia sacra. Studi e documenti di storia ecclesiastica, 21), 1972, p. 782-792 ; cette thèse avait été notamment combattue par Gay, « Les diocèses de Calabre », cité supra, p. 237).

86 M. Van Esbroeck, U. Zanetti, « Le dossier hagiographique de S. Pancrace de Taormine », Studi della Sicilia e tradizione agiografica nella tarda Antichità. Atti del Convegno di studi (Catania, 1986), éd. S. Pricoco, Catane, 1988, p. 155-171, ici p. 157.

87 Vie de Pancrace ; jutilise ici lédition de 1976 dA. N. Veselovsky, et non lédition critique de la Vie de Tauros éditée en 1994 par F. Angiò, « La Vita di Tauro dallanonima Vita di S. Pancrazio di Taormina », Sileno, 20, 1994, p. 117-143, que je nai pu consulter.

88 A. Acconcia Longo, « La vita e i Miracoli di S. Fantino di Tauriana e lidentificazione dellimperatore Leone eretico », Rivista di studi bizantini e neoellenici, n. s. 32, 1995, p. 77-90 ; Ead., « Tradizioni agiografiche di Calabria: la vita e i miracoli di S. Fantino di Tauriana », dans Calabria cristiana. Società. Religione. Cultura nel territorio della Diocesi di Oppido Mamertina-Palmi. I. Dalle origini al Medioevo. Atti del Convegno di studi (Palmi-Cittanova, 1994), éd. S. Leanza, Soveria Mannelli, 1999, p. 527-538.

89 S. Settis, « Tauriana (Bruttium): note storico-archeologiche », Atti dellAccademia nazionale dei Lincei, s. 8, Rendiconti, 19, 3-4, p. 117-144, p. 129, n. 66.

90 Vita S. Phantini, fol. 197v, lignes 172-193.

91 Vie de Pancrace, p. 211.

92 Cf. supra n. 4, p. 335 : seul le fleuve a donc conservé le nom de la ville grecque disparue, qui sétendait sur sa rive droite vers lembouchure ; pour la topographie : R. Agostino, « Mètauros, il fiume e lomonimo ὕφορμος (Strabo VI, 5 C 256) », Ricerche archeologiche e storiche in Calabria. Modelli e prospettive. Atti del Convegno in onore di Giovanni Azzimaturo, fondatore e presidente emerito dellIstituto per gli Studi Storici di Cosenza (Cosenza, 24 marzo 2007), éd. G. Lena, Cosenza, 2008, p. 13-31.

93 Vita S. Phantini, fol. 197v, ligne 194 sq.

94 Vie de Pancrace, p. 107.

95 Et ce sans préjuger de la forme urbaine ou non de loppidum des Tauriani qui aurait déjà acquis tous les caractères dune ville (F. Costabile, « Le Origines dei Tauriani e dei Mamertini nel Bruzio. Fonti e dati archeologici », Calabria bizantina. Leparchia delle Saline. Atti del XIII Incontro di studi bizantini (Reggio Calabria-Seminara, 23-24 oct. 2004), Soveria Mannelli, 2009, p. 271-290) ; Blanda offre un autre exemple de réduction progressive dune ville à la condition de statio dans lAntiquité tardive (Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 335, ici p. 607-608).

96 Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 92-95 ; Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 599 (avec bibliographie) ; voir aussi R. Agostino, « Attestazioni di età romana da Taureana di Palmi », La Calabria Tirrenica nellAntichità. Nuovi documenti e problematiche storiche. Atti del Conv. (Rende, 23-25 nov. 2000), éd. G. De Sensi Sestito, Soveria Mannelli, 2008, p. 519-546.

97 Noyé, « Les recherches archéologiques de lÉcole française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 1082-1085 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 589-591.

98 Pour la Sicile p. 323 : Prigent, « Le mythe du mancus », cité n. 2, p. 323.

99 Noyé, « La Calabre et la frontière », cité n. 2, p. 325, ici p. 297-298.

100 Le « lieu glacé » doit correspondre aux hautes montagnes de lAspromonte.

101 Les variantes des différents manuscrits, pour la partie qui nous intéresse, se trouvent dans F. Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », Rivista storica calabrese, 18, 1997, p. 61-69, dont la traduction est par ailleurs, dans cet ouvrage, souvent différente de la mienne.

102 Il ne sagit sans doute pas de Paleocastro (contra Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité supra, p. 64), mais dun établissement de la vallée des Salines. Un palaion kastron existe vers le milieu du xie siècle à côté de Hagia Agathè (près de lactuelle Oppido), et désigne sans doute le site qui vient dêtre abandonné au profit de la colline voisine où est alors refondée la ville sous un nom grécisé ; mais on précise encore : Hagia Agathè ègoun Oppidon, qui est le toponyme désignant lhabitat antique sans doute encore occupé durant le haut Moyen Âge) : A. Guillou, La Théotokos de Hagia-Agathè (Oppido) (1050-1064/1065), Cité du Vatican (Corpus des actes Grecs dItalie du sud et de Sicile. Recherches dhistoire et de géographie, 3), 1972, no 12 et 21.

103 Que je nai pu identifier.

104 Je pense quil faut choisir la variante τοῦ ῥοικοῦ, qui sapplique bien au tracé du Petrace pour lidentification duquel voir supra. Mais Turici est un toponyme attesté au nord-est de lactuelle ville dOppido (contr. Molochio). Je ne suis pas daccord avec la traduction « dellAcqua Tirica e del Cerreto dei Sette Fratelli » (Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité n. 5, p. 337, ici p. 64).

105 Le toponyme désigne un bois de chêne : G. Rohlfs, Dizionario toponomastico e onomastico della Calabria, Ravenne, 1974, p. 52-53.

106 Vie de Pancrace, p. 95-96.

107 Le terme grec signifie « chaîne de montagnes aux pics dentelés » ; le toponyme Prionia se retrouve en 1031 : A. Guillou, Saint-Nicolas de Donnoso (1030-1060/1061), Cité du Vatican (Corpus des actes grecs dItalie du Sud et de Sicile, 1), 1967, no 1, p. 11.

108 Angiò, « Tauro, Taureana e le Saline », cité n. 5, p. 337, ici p. 64.

109 G. Noyé, C. Raimondo, A. Ruga, « Les enceintes et léglise du Monte Tiriolo en Calabre », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 110, 1998, p. 431-471.

110 Javais dabord attribué lindécision des copistes à labandon définitif de létablissement, que les listes épiscopales permettaient de situer vers la fin du viie siècle, car le toponyme aurait pu tomber dans loubli en lespace dun siècle, mais V. Prigent a depuis publié un sceau épiscopal du viiie siècle se rapportant à ce diocèse : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323.

111 Vie de Pancrace, p. 97.

112 Noyé, « La Calabre et la frontière (vie-xe siècle) », cité n. 2, p. 325, ici p. 298.

113 Cf supra n. 4, p. 337.

114 Vie de Pancrace, respectivement p. 102 et p. 94.

115 Noyé, « La Calabre et la frontière (vie-xe siècle) », cité n. 2, p. 325.

116 Qui est allé dans lAspromonte : Vie de Pancrace, p. 122-123.

117 Le premier après lagression perpétrée par Aquilinos contre Rémindos, qui avait recueilli et élevé notre héros.

118 L. P. I, p. 343, repris par Paul Diacre, V, 11, p. 149-150 : [] omnia quae fuerant antiquitus instituta ex aere in ornamentum civitatis deposuit, in tantum ut etiam basilicam beatae Mariae, quae aliquando pantheum vocabatur [] discoperiret tegulasque aereas exinde auferret easque simul cum aliis omnibus ornamentis Constantinopolim transmitteret.

119 L. P. I, p. 346 et Paul Diacre, ibid. ; Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 107 et 113.

120 Paul Diacre, V, 13 ; Gesta episcoporum Neapolitanorum, éd. G. Waitz, dans Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum Langobardicarum et italicarum, Hanovre, 1878, p. 402-436, I, 31, p. 419 : auferentes quoque praedam nimiam et omne illud quod Constans augustus a Roma abstulerat ornatum in aere et diversis speciebus ; sicque Alexandria reversi sunt. Mais la réalité de cette expédition nest pas acceptée par tous les historiens (S. Cosentino, « Constans II and the Byzantine Navy », Byzantinische Zeitschrift, 100, 2007, p. 577-630).

121 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 288 ; la production domine largement celle des autres ateliers italiens : C. Morrisson et V. Prigent, « La monetazione in Sicilia nelletà bizantina », Le zecche italiane fino allunità, éd. L. Travaini, Rome, 2011, p. 427-434, ici p. 430.

122 Cette interprétation de la vie de Tauros a suscité une vive opposition de la part de Vera von Falkenhausen (V. von Falkenhausen, « Lἐπαρχία delle Saline in epoca bizantina », Calabria bizantina XII e XIII. Luoghi e circoscrizioni amministrative. XIII. Leparchia delle Saline [Reggio Calabria-Seminara, 23-24 ott. 2004], Reggio Calabria, 2009, p. 89-105), mais les arguments, tout à fait justifiés, quelle leur oppose, avaient déjà, il me semble, été réfutés dans mes précédents articles.

123 L. P. LXXVIII, vie de Vitalien (657-672), p. 343 : [] reversus Neapolim, inde terreno (Tyrreno) itinere perrexit Regio ; ingressus Sicilia per indictionem VII et habitavit in civitate Syracusana. Quelle que soit la lecture (terreno ou Tyrreno), lempereur suivit la côte tyrrhénienne pour cheminer de concert avec sa flotte (Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 581). Dans la tradition de lAntiquité tardive, cette dernière coopérait étroitement avec larmée de terre (Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 578).

124 Sans doute postérieure à 650 puisquelle emploie le terme de « Calabre », elle est proche dun catalogue du viie siècle conservé en annexe à lHistoire des Lombards (Appendix I. Catalogus provinciarum Italiae, p. 188 ; autre édition : De provinciis Italiae, seu catalogus provinciarum Italiae, dans Itineraria et alia geographica, Turnhout, 1965) qui situe dans la Lucania, Pestus, Laynus, Cassanus, Cosentia, Malvitus et Regium et doit donc entériner les conquêtes effectuées par Romuald dans les années 680. Il faut noter à cette occasion que Reggio est systématiquement incluse dans les listes des deux bords.

125 Honigmann, Le Synecdémos dHieroclès, cité n. 9, p. 324, ici p. 53, no 600. La leçon Kαλαβρίας τς κάτω du manuscrit le plus fiable de Georges de Chypre prouve quau moment de linterpolation on distinguait une Calabre restée byzantine dune Calabre devenue lombarde. Linterpolation est postérieure au milieu du viie siècle, car lappellation « Calabre » y apparaît mais elle na pas encore remplacé Λοκροί par Ἅγια Κυριακή et ignore Amantea, qui apparaît au viie siècle dans lAnonyme de Ravenne (Itineraria Romana. II, Ravennatis Anonymi Cosmographia et Guidonis Geographica, éd. J. Schnetz, Leipzig, 1940, IV, 30-32, p. 69).

126 La fidélité des habitants du golfe de Tarente est obtenue, durant la guerre gréco-gothique, grâce au refuge constitué par lenceinte urbaine : G. goth. III, 24.

127 Cf. supra, n. 4 et 5, p. 336.

128 Pour la fouille : C. M. Lebole Di Gangi, « Saggio nellabitato altomedievale di Paleapoli », Mélanges de lÉcole française de Rome, 103, 1991, p. 575-598 ; pour lhypothèse : Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 512-515.

129 Vie de Pancrace, p. 103 (il sagit de la fondation de Taormina) ; pour Squillace : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 624-627.

130 Voir les réflexions de F. Marazzi à propos de Rome (F. Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo: relazioni fra economia e politica dal VII al IX secolo », La storia economica di Roma nellalto Medioevo alla luce dei recenti scavi archeologici. Atti del Seminario (Roma, 1992), éd. L. Paroli, P. Delogu, Florence (Biblioteca di Archeologia medievale, 10), 1993, p. 267-285, ici p. 268).

131 Gesta episcoporum Neapolitanorum, cité n. 3, p. 340, ici I, 31, p. 419 : gens Sarracenorum [] Siciliam invadunt, Syracusae ingrediuntur multamque stragem faciunt populorum, vix paucis evadentibus, qui per munitissima castra et iuga confugerant montium [].

132 Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338.

133 G. Noyé, « Byzance et lItalie méridionale », Byzantium in the Ninth Century: Dead or Alive?, éd. L. Brubaker, Aldershot, 1998, p. 229-243.

134 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 60-61.

135 Codex Carolinus, éd. W. Gundlach, dans Monumenta Germaniae Historica, Epistulae, 3, Berlin, 1892, p. 514-517.

136 C. Raimondo, « Aspetti di economia e società nella Calabria bizantina: le produzioni ceramiche del medio ionio calabrese », Histoire et culture dans lItalie byzantine. Acquis et nouvelles recherches, éd. A. Jacob, J.-M. Martin, G. Noyé, Rome (Collection de lÉcole française de Rome, 363), 2006, p. 407-443 ; ce moment rend sans doute compte de lappartenance de la ville au Bruttium lombard en 680 (voir infra).

137 Noyé, « Economia e insediamenti nellItalia meridionale », cité n. 1, p. 329.

138 Pour Duchesne, « Les évêchés de Calabre », cité n. 3, p. 334, ici p. 5, et Gay, « Les diocèses de Calabre », cité n. 3, p. 334, ici p. 237, la ville aurait échappé à la première vague dinvasion et ne tomberait quavec Tarente.

139 Paul Diacre, VI, 1, p. 164, § 1 : et omnem illam quae in circuitu est latissimam regionem suae dicioni subiugavit (avant sa mort en 687).

140 L. P., I, LXXXI, p. 350.

141 Théophane, Theophanis chronografia, éd. C. de Boor, I, Leipzig, 1883, 22-23, p. 398. Les diverses traductions expriment clairement cet état de fait : H. Turtledove, The Chronicle of Theophanes, Philadelphie, 1982, p. 82 (« the Lombards who were nearby in Calabria »), Burgarella, « Bisanzio in Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 90 (« rifugiatosi presso i Longobardi della Calabria ») ; celle de L. Breyer, Bilderstreit und Arabersturm in Byzanz. Das 8. Jahrundert (717-813) aus der Weltchronik des Theophanes, 2e éd., Graz (Byzantinische Geschichtsschreiber, 6), 1964, p. 30 (« chez les Lombards, aux confins de la Calabre ») est plus neutre. Sur Serge et son candidat : V. Prigent, M. Nichanian, « Les stratèges de Sicile. De la naissance du thème au règne de Léon V », Revue des études byzantines, 61, 2003, p. 97-141, ici p. 103-105.

142 Cf supra n. 3, p. 341 ; lexpression pourrait même suggérer une datation un peu plus basse pour léparchie des Salines.

143 L. P. I, LXXXIII, p. 366.

144 L. P. I, LXXXV, p. 368-369.

145 Voir infra.

146 Borsari, « Lamministrazione del tema di Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 138-139 ; V. von Falkenhausen, La dominazione bizantina nellItalia meridionale dal IX al XII secolo, Bari, 1978, p. 6-7 et 151.

147 Voir les réflexions de F. Marazzi, « Il Sud dellItalia fra i secoli VII e VIII », 711. Arqueologia e historia entre dos mundos, II, Madrid (Zona arqueológica, 17), 2011, p. 385-401.

148 Noyé, « Les recherches archéologiques de lÉcole française de Rome », cité n. 6, p. 324 ; Ead, « Byzance et lItalie méridionale », cité n. 1, p. 343 ; Ead, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325.

149 N. Novelli, R. Veneziano, « Mineralizzazioni cuprifere ed attività metallurgica in Calabria », Archeometallurgia: dalla conoscenza alla fruizione (Atti del workshop, 22-25 mai 2006, Cavallino, LE), éd. C. Giardino, Bari (Beni Archeologici ; Conoscenza e tecnologie, Quaderno 8), 2011, p. 267 sq. ; A. Quercia, « Forge e ferro nellItalia meridionale in età romana », dans Archeometallurgia, op. cit., p. 193 sq.

150 P. G. Guzzo, « Due crogioli per oro da Scalea », Mélanges de lÉcole française de Rome. Antiquité, 87, 1975, p. 69-79.

151 M. Guarascio, « Un contributo di dati e metodi della ricerca geomineraria in archeologia: il caso di Temesa », Temesa e il suo territorio (Perugia-Trevi, 1981), Tarente (Magna Grecia, 2), 1982, p. 125-142 ; F. Cuteri, « Risorse minerarie ed attività metallurgica nella Sila Piccola meridionale e nella Pre-Sila del versante tirrenico. Prime osservazioni », Tra lAmato e il Savuto, II. Studi sul Lametino antico e tardoantico, éd. G. De Sensi Sestito, Soveria Manelli, 1999, p. 193-317.

152 Noyé, « Les recherches archéologiques de lÉcole française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 1082-1083 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, Fig. 1, p. 580 et p. 590-592 ; Noyé, « Economia e insediamenti nellItalia meridionale », cité n. 1, p. 329.

153 Var. IX, 3, supra, p. 331.

154 Ep. V, 9 et VII, 35 ; sur Myria : V. von Falkenhausen, « Ecclesia myriensis oppure ecclesia mystiensis », Archivio storico per la Calabria e la Lucania, 55, 1988, p. 47-55.

155 Cf. supra n. 2, p. 340.

156 R. Spadea, « Crotone: problemi del territorio fra tardoantico e medioevo », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 553-573.

157 Vie de Pancrace, p. 103-105.

158 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 590.

159 Lor et largent étaient également travaillés en Sicile du vie au ixe siècle : L. Cracco-Ruggini, « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », Storia della Sicilia, III, éd. R. Romeo, Naples, 1980, p. 90-91, 134 et 201.

160 Morrisson et Prigent, « La monetazione in Sicilia », cité n. 4, p. 340 ; Prigent, « Le “mythe du mancus” », cité n. 2, p. 323.

161 Morrisson, « Le zecche nellItalia bizantina », cité n. 5, p. 327, ici p. 418.

162 D. Castrizio, « La zecca bizantina di Reggio dopo la conquista araba di Siracusa », XII. Internationaler Numismatischer Kongress Berlin 1977. Akten, II, éd. B. Kluge, B. Weisser, Berlin, 2000, p. 859-861 ; Id., « I ripostigli di Via Giulia (RC) e del Kastron di Calanna e la zecca bizantina di Reggio sotto Basilio I e Leone VI », Revue Numismatique, 158, 2000, p. 209-219.

163 Prigent, « Le mythe du mancus », cité n. 2, p. 323.

164 Voir supra n. 4, p. 340.

165 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 514-515.

166 Noyé, « Aristocrazia », cité n. 7, p. 324.

167 Il sagirait dune spécificité du thème de Sicile : Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2.

168 Ardovino, « Edifici ellenistici », cité n. 6, p. 326 ; Spadea, « Lo scavo », cité n. 6, p. 326.

169 L. Costamagna, « La sinagoga di Bova Marina nel quadro degli insediamenti tardoantichi della costa ionica della Calabria », dans Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 103, 1991, p. 611-630.

170 Spadea, « Lo scavo », cité n. 6, p. 326.

171 Pour la continuité de cette industrie jusquau xie siècle : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 590-591.

172 Cf. supra n. 6, p. 324 et 8, p. 325.

173 Lebole di Gangi, « Saggio nellabitato altomedievale di Paleapoli », cité n. 3, p. 342. On ne dispose en revanche daucun élément permettant de supposer une exploitation privée.

174 Pour la trouvaille de scories : F. Cuteri, « Linsediamento tra VIII e XI secolo. Strutture, oggetti, culture », Il castello di Santa Severina: ricerche archeologiche, éd. R. Spadea, Soveria Mannelli, 1998, p. 49-91.

175 Les sociétés de publicains, puis les sénateurs qui y étaient largement possessionnés exploitaient à outrance le bois et la poix de la Sila, la seconde activité surtout étant extrêmement destructrice.

176 Cf. supra n. 6, p. 328 ; le port de la ville (Bivona) devint impraticable au ve siècle (G. Lena, « Vibo Valentia. Geografia e morfologia della fascia costiera e limpianto del porto antico », Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, classe di lettere e filosofia, s. 3, 19-2, 1989 [Giornate di studio su Hipponion-Vibo Valentia], p. 583-607 ; A. Rotella, F. Sogliani, « Il materiale ceramico tardoantico e altomedievale da contesti di scavo e dal territorio nella Calabria centro-meridionale », Ceramica in Italia, VI-VII sec. Atti del convegno in onore di J. Hayes [British School-American Academy, Rome, 1995], éd. L. Saguì, Florence [Biblioteca di archeologia medievale, 14], 1998, p. 769-776).

177 Le port de Sibari/Thurii sensable à partir du début de notre ère : Guzzo, « Il territorio dei Bruttii », cité n. 3, p. 329 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 582.

178 Voir infra.

179 Var. VIII, 31 ; Cassiodore, Institutiones, éd. R. A. B. Mynors, Oxford, 1937, p. 74 ; G. goth. III, 21 ; Vie de Pancrace, p. 96.

180 Ep. IX, 124, 125, 126 et 128.

181 L. P. I, LXXXVI, p. 375 : [] et trabes fecit de Calabria adduci et quae in eadem basilica vetustissimas invenit renovavit (il sagit de la basilique de Saint-Paul sous Sergius, 687-701).

182 L. P. I, XCI : Hic maximam partem basilicae beati Pauli apostoli quae ceciderat, allatis de Calabria trabibus cooperit. Sancti Laurentii pariter ecclesiam foris muros sitam, quae trabibus confractis ruinae iam erat vicina, reparavit (Grégoire II, 715-731). Voir aussi la liste dressée par V. Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 588).

183 Codex Carolinus, cité n. 3, p. 343, no 65, p. 593.

184 Scolacium, Gerace, Santa Severina (Noyé, « Byzance et lItalie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 238 ; Ead., « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 583 et 628).

185 C. F. Crispo, « I viaggi di M. T. Cicerone a Vibo », Archivio storico per la Calabria e la Lucania, 11, 1941, p. 1-20, 183-199, 225-233.

186 P. Orsi, « XVIII. Reggio Calabria. Scoperte negli anni dal 1911 al 1921 », Not. Scavi Antichità, 1922, p. 151-186, ici p. 28-29 ; Givigliano, « La topografia della Calabria », cité n. 3, p. 329, ici p. 61.

187 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 582.

188 On pense évidemment à la reconquête du littoral sud-est de la Calabre.

189 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 35.

190 L. P. I, LXXVIII, p. 344.

191 À cette époque des chelandie : Βίος καὶ πολιτεία τοῦ ὁσίου Πατρὸς ἡμών Νείλου τοῦ Νέου, éd. G. Giovanelli, Badia di Grottaferrata, 1972, c. 60.

192 C. Zuckerman, « Learning from the Enemy and More: Studies in “Dark Centuries” Byzantium », Millenium, 2, 2005, p. 79-135. Les Calabrais constituent une bonne partie des équipages lors des sièges de Bari en 1071 et de Palerme en 1072 : J.-M. Martin, G. Noyé, « Les façades maritimes de lItalie du sud : défense et mise en valeur (ive-xiiie siècle) », Castrum 7. Zones côtières littorales dans le monde méditerranéen au Moyen Âge : défense, peuplement, mise en valeur (Rome, 1996), éd. J.-M. Martin, Rome-Madrid (Collection de lÉcole française de Rome, 105/7 – Collection de la Casa de Velázquez, 76), 2001, p. 467-519, ici p. 500 ; Storia de Normanni di Amato di Montecassino, éd. V. De Bartholomaeis, Rome (Fonti per la storia dItalia, 76), 1935, V, 26-27 ; D. P. Waley, « Combined Operations in Sicily », Papers of the British School at Rome, 22, 1954, p. 118-125.

193 Zuckerman, « Learning from the Enemy and more », cité supra, n. 1, p. 297 ; ainsi se trouve dailleurs levée lobjection formulée par C. Zuckerman ; mais voir infra n. 4.

194 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 622.

195 Constant II est le seul empereur qui ait participé à une bataille navale, celle des Masts ; il était conscient de limportance de la flotte musulmane et emmena dailleurs avec lui une partie au moins de la flotte centrale en Italie (Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 577, 585 et 593 ; selon le même auteur, on imagine difficilement que lempereur ait pu sinspirer des Musulmans).

196 Ce que ne font pas toujours les chercheurs qui ont relu ces sources : Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 295-296.

197 Var. VIII, 33.

198 Voir par exemple C. Beck-Bossard, A.-M. Flambard, E. Gareri, G. Noyé, « Nuovi scavi nel castello di Scribla in Calabria », Archeologia Medievale, 8, 1981, p. 527-548.

199 Notamment par les Aurelii (Var. I, 4 ; II, 31 ; XII, 4).

200 Vita S. Phantini, p. 40-42, 53, 55, 61 et 68-69.

201 Noyé, « Les villes des provinces », cité n. 2, p. 331, ici p. 101-103.

202 Ibid. ; Theodosiani libri XVI. II, Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes, éd. T. Mommsen, P. M. Meyer, Berlin, 1905, XIV, 4, 4 ; J. Durliat, De la ville antique à la ville byzantine. Le problème des subsistances, Rome (Collection de lÉcole française de Rome, 136), 1990, p. 55, 74-75, 94 et 99 ; R. Delmaire, « Compte-rendu de Jean Durliat, De la ville antique à la ville byzantine », Antiquité tardive, 1, 1993, p. 253-257, ici p. 254-255.

203 Cette hypothèse se fonde sur le fait que tous les fours à amphore jusquici identifiés sont situés à côté dune grande villa flanquée dun village pouvant rassembler la main dœuvre ; fait exception le site de Pellaro, qui cesse justement de fonctionner à cette époque. Le délai avant la restauration dun vignoble saccagé est important ; il fallait donc pour cela des réserves de numéraire.

204 Pour la viticulture et les amphores : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 584-586, avec bibliographie.

205 L. P. I, XXXIII, p. 174 (Vie du pape Silvestre, 314-335) ; je pense que la mass. Trapeas, territurio Catinense est bien celle de Tropea, et que lerreur de localisation résulte dune erreur du copiste en raison de la présence du même mot à la ligne précédente. Voir Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 89-91.

206 G. Di Gangi, C. M. Lebole, « La Calabria bizantina (VI-XIV secolo): un evento di lunga durata », Histoire et culture dans lItalie byzantine, cité n. 1, p. 344, ici p. 471-487 ; Di Gangi, Lebole di Gangi, Sabbione, « Scavi medievali in Calabria », cit n. 5, p. 330.

207 Rotella, Sogliani, « Il materiale ceramico », cité n. 6, p. 350.

208 Noyé, « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 484, avec bibliographie.

209 Rotella, Sogliani, « Il materiale ceramico », cité n. 6, p. 350.

210 Voir supra.

211 Voir le cas de Faragola, en Capitanate : Faragola. 1, Un insediamento rurale nella Valle del Carapelle. Ricerche e studi, éd. G. Volpe, M. Turchiano, Bari (Insulae Diomedeae. Collana di ricerche storiche e archeologiche, 12), 2009.

212 Novelle 9 de Valentinien III, en 440 (Code théodosien, cité n. 6, p. 354, ici p. 90).

213 L. Saguì, M. Ricci, D. Romei, « Nuovi dati ceramologici per la storia economica di Roma tra VII e VIII secolo », La céramique médiévale en Méditerranée. Actes du VIe Congrès de lAIECM 2 (Aix-en-Provence, 1995), éd. G. Demians dArchimbaud, Aix-en-Provence, 1997, p. 35-48 ; L. Saguì, « Il deposito della Crypta Balbi: una testimonianza imprevedibile sulla Roma del VII secolo? », Ceramica in Italia, cié. n. 6, p. 350, p. 305-333.

214 G. Di Gangi, C. M. Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII e altri materiali ceramici da contesti di scavo della Calabria centro-meridionale (V-VIII sec.) », Ceramica in Italia, cité n. 6, p. 350, p. 761-768 ; Roma dallantichità al medioevo. II, Contesti tardoantichi e altomedievali, éd. L. Paroli, L. Venditelli, Rome, 2004 ; Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 297.

215 P. Arthur et al., « Fornaci medievali ad Otranto. Nota preliminare », Archeologia Medievale, 19, 1992, p. 91-127.

216 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 297.

217 Ibid., avec citation de O. Karagiorgiou, « LR2: A Container for the Military “Annona” on the Danubian Border? », Economy and Exchange in the East Mediterranean during Late Antiquity: Proceedings of a Conference at Somerville College (Oxford, 29th May 1999), éd. S. Kingsley, M. Decker, Oxford, 1999, p. 129-166) ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 297.

218 C. Raimondo dans Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338.

219 G. Murialdo, « Le anfore di trasporto », S. Antonino: un insediamento fortificato nella Liguria bizantina, éd. T. Mannoni, G. Murialdo, Bordighera (Istituto internazionale di studi liguri. Collezione di monografie preistoriche ed archeologiche, 12), 2001, p. 255-299.

220 Cf. supra n. 6, p. 357 ; Raimondo, « Aspetti », cité n. 1, p. 344.

221 Pour la production damphores dans la zone Paleapoli-Gerace: Lebole Di Gangi, « Saggio nellabitato altomedievale di Paleapoli », cité n. 3, p. 342 ; C. M. Lebole Di Gangi, « Gli scavi alla chiesa dellAnnunziatella a Gerace e considerazioni sulla ceramica altomedievale e medievale nella zona di Locri-Gerace », Calabria bizantina. Civiltà bizantina nei territori di Gerace e Stilo. Atti dellXI Incontro di studi bizantini (Locri, Stilo, Gerace, 1993), Soveria Manelli, 1998, p. 573-610 ; Di Gangi, Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII », cité n. 2, p. 357.

222 Particulièrement Ep. I, 42 et IX, 15.

223 L. Ruggini, Economia e società nellItalia annonaria. Rapporti fra agricoltura e commercio dal IV al VI secolo d. C., Milano, 1961 (réimp. Bari, 1995).

224 On ne possède pas toutefois de traces écrites à cet égard.

225 L. Cracco-Ruggini, « Vicende rurali dellItalia antica dalletà tetrarchica ai Longobardi », Rivista storica italiana, 76, 1964, p. 261-286 ; Ead., « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », cité n. 5, p. 348 ; Ruggini, Economia e società nell Italia annonaria, cité n. 4, p. 358.

226 [] et omnis tritici quantitas quae in horreis ecclesiae nostrae suscepta fuerat, vobis tradi per omnia debuisset et scripsistis [i.e. le curator sitonici], ut hoc ipsum parari in specie faceremus (Ep. IX, 15).

227 [] durum ac erat omnino difficile, ut res, quae nec servari, nec eo tempore ad emendum poterat inveniri, in specie restitui peteretur [] cum maiori omnino dispendio, frumenta ipsa [] in specie facere praeparari (Ep. IX, 15).

228 [] quae summa eiusdem sitonici ab horreariis ecclesiae sit suscepta, prodi inter acta publica debuisset (ibid.).

229 Ruggini, Economia e società nellItalia annonaria, cité n. 4, p. 358, ici p. 211-220.

230 Durliat, De la ville antique à la ville byzantine, cité n. 6, p. 354, ici p. 271.

231 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 269 : « lapprovisionnement de la capitale revêtait une valeur politique et idéologique des plus fortes » et p. 289 : « Bien sûr lÉtat avait supprimé lessentiel des versements gratuits de lannone mais il ne pouvait se désengager totalement de lapprovisionnement de sa capitale dont la taille nécessitait que le pouvoir sintéressât au problème ».

232 Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342, ici p. 271.

233 Durliat, De la ville antique à la ville byzantine, cité n. 6, p. 354, ici p. 123-160.

234 Di Gangi, Lebole Di Gangi, « Anfore Keay LII », cité n. 2, p. 357. Mais on se heurte à un vide documentaire pour la fin du vie siècle et le viie siècle même si ce « conteneur fiscal » y est utilisé.

235 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323 ; voir infra.

236 Il vetro in Calabria. Contributo per una carta di distribuzione in Italia, éd. A. Coscarella, Soveria Mannelli, 2003 ; La conoscenza del vetro in Calabria attraverso le ricerche archeologiche. Atti della Giornata di Studio (Università della Calabria, 2004), éd. A. Coscarella, Soveria Mannelli, 2007.

237 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 296 (récit de la révolte dHéraclius lAncien, qui bloque le départ des navires vers Constantinople).

238 Prigent, « Topotérètes de Sicile et de Calabre », cité n. 2, p. 323, ici p. 289. Pour lÉgypte, ibid. n. 121 et les Miracles de saint Démétrius (P. Lemerle, Les plus anciens recueils des miracles de Saint Démétrius, I, Paris, 1979, p. 107-108, et traduction p. 103-105).

239 Voir infra.

240 En 639, les troupes de Rome pillent le Latran où largent de leur solde serait caché : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 571-572.

241 G. goth. III, 28.

242 Crotone : Noyé, « Les Bruttii », cité n. 8, p. 325, ici p. 508 ; Ead., « Le città calabresi », cité n. 7, p. 325, ici p. 505 et 507 ; Scolacium : Var. II, 15.

243 La production de la région est assez connue pour que la Vita S. Phantini la mentionne (fol. 196v, lignes 113 sq., p. 42).

244 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 587-588.

245 Var. VIII, 31.

246 D. Vera, « Aristocrazia romana ed economie provinciali nellItalia tardoantica: il caso siciliano », Quaderni catanesi di studi classici e medievali, 10, 1988, p. 115-172, ici p. 164-167.

247 G. Noyé, « Anéantissement et renaissance des élites dans le sud de lItalie, ve-ixe siècles », Les élites au haut Moyen Âge. Crises et renouvellements (Rome, 6-8 mai 2004), éd. F. Bougard, L. Feller, R. Le Jan, Turnhout (Collection Haut Moyen Âge, 1), 2006, p. 167-205, ici p. 183-184.

248 Ruggini, Economia e società nellItalia annonaria, cité n. 4, p. 358 ; L. Cracco-Ruggini, « Vicende rurali dellItalia antica dalletà tetrarchica ai Longobardi », cité n. 2, p. 359.

249 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 588.

250 Dans les lexiques gréco-latins occidentaux ; cf. W. Brandes, Finanzverwaltung in Krisenzeiten. Untersuchungen zur byzantinischen Administration im 6.-9. Jahrhundert, Francfort-sur-le-Main (Forschungen zur byzantinischen Rechtsgeschichte, 25), 2002, p. 239-427.

251 M. F. Hendy, The Economy, Fiscal Administration and Coinage of Byzantium, Northampton (Variorum Reprints), 1989 ; J. Haldon, « Synônê: Re-Considering a Problematic Term of Middle Byzantine Fiscal Administration », Byzantine and Modern Greek Studies, 18, 1994, p. 116-153, ici p. 130-131, dont les conclusions sont largement acceptées par W. Brandes ; V. Prigent, « Le rôle des provinces dOccident dans lapprovisionnement de Constantinople (618-717). Témoignages numismatique et sigillographique », Mélanges de lÉcole française de Rome. Moyen Âge, 118, 2006, p. 269-299, ici p. 293.

252 Ibid.

253 Ibid. ; contra Hendy et Haldon, cités supra, n. 1.

254 Années indiquées par le seul sceau de commerciaire qui ait pu être précisément daté (ibid.).

255 Diverses solutions ont été alors adoptées pour ce fret (par exemple des contrats passés avec des armateurs privés, dont certains étaient les capitaines de leurs navires) : Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364.

256 C. Morrisson, « La Sicile byzantine : une lueur dans les siècles obscurs », Numismatica e antichità classiche, 27, 1998 (= Quaderni Ticinesi), p. 307-334, ici p. 333-334 : la récession générale de léconomie monétaire à partir de Constant II y est très atténuée. Or pour J. Haldon, il sagit justement du facteur accélérant lévolution vers la sunonè médiévale.

257 Ensuite en charge de lexaction fiscale.

258 Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364, ici p. 291.

259 Des fosses silos ont été mises en évidence dans les praetoria des kastra de Squillace et de Hagia-Kuriakè/Gerace pour le viiie siècle : Noyé, « Les recherches archéologiques de lÉcole française de Rome », cité n. 6, p. 324, ici p. 1081-1082 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 628-632.

260 Prigent, « Le rôle des provinces », cité n. 1, p. 364, ici p. 294.

261 Contra Zuckerman, « Learning from the Enemy », cité n. 1, p. 353.

262 Voir infra et Cosentino, « Constans II », cité n. 3, p. 340, ici p. 593.

263 J. Haldon rappelle cependant que Constant II a voulu déplacer le centre de lEmpire et possédait de nombreux ennemis à Constantinople (J. Haldon, « Some Considerations on Byzantine Society and Economy in the Seventh Century », cité n. 3, p. 333).

264 M. McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-Empire au Moyen Âge », Morfologie sociali e culturali in Europa fra tarda Antichità e alto medioevo (Spoleto, 3-9 aprile 1997), Spolète (Settimane di studio del centro italiano di studi sullalto medioevo, 45-1), 1998, p. 35-122 ; Id., Origins of the European Economy: Communications and Commerce, c. 300-c. 900, Cambridge, 2001.

265 L. P. I, LXXXIII, p. 366.

266 F. Marazzi voit dailleurs dans cette mesure impériale, comme dans la suivante, un exemple des accords âprement négociés entre les deux puissances à propos de limposition (Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342 ; cf. supra).

267 Cf. supra n. 2, p. 362.

268 L. P. I, LXXXV, p. 368-369 : [] et aliam iussionem direxit ut restituantur familia suprascripti patrimonii et Siciliae quae in pignere a militia detinebantur. Familia est employé collectivement pour désigner les habitants du patrimoine pontifical depuis Grégoire-le-Grand (= ceux qui appartiennent à la familia ecclésiastique des massae). Si la leçon est familiae, on peut y voir soit un nominatif pluriel et lentendre comme « les familles du patrimoine », soit un datif singulier et le traduire par « restituer des biens à la familia du patrimoine », solution que javais dabord choisie. Mais la leçon la plus fiable est familia, nominatif ou ablatif singulier. Pour les éditeurs du texte, il semble donc que familia soit un terme collectif qui appelle en latin un verbe au pluriel.

269 Haldon, Byzantium in the Seventh Century, cité n. 2, p. 333, ici p. 73-74.

270 Burgarella, « Bisanzio in Sicilia », cité n. 6, p. 333, ici p. 184-185.

271 Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 935.

272 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, cité n. 5, p. 345, ici p. 8.

273 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.

274 Prigent, « Les empereurs isauriens et la confiscation des patrimoines pontificaux dItalie du Sud », cité n. 2, p. 323, ici p. 567, qui signale lexistence de onze sceaux de drongaires pour la Calabre et la Sicile.

275 Ibid., p. 563-565.

276 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 410, 1, 9-16.

277 Prigent, « Les empereurs isauriens », cité n. 2, p. 323, ici p. 566-569, avec toute la bibliographie concernant les diverses hypothèses.

278 Noyé, « Byzance et lItalie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 233 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.

279 Marazzi, « Roma, il Lazio, il Mediterraneo », cité n. 5, p. 342.

280 Prigent, « Les empereurs isauriens », cité n. 2, p. 323, ici p. 567 ; pour lauteur, ce nest pas un hasard si la flotte de Sicile est régulièrement mentionnée à partir de son règne.

281 H. Ahrweiler, Byzance et la mer. La marine de guerre, la politique et les institutions, Paris (Bibliothèque byzantine. Études, 5), 1966.

282 Cracco-Ruggini, « La Sicilia fra Roma e Bisanzio », cité n. 5, p. 348, ici p. 490 ; P. Guichard, « Les débuts de la piraterie andalouse en Méditerranée occidentale (798-813) », Revue dhistoire de lOccident musulman et de la Méditerranée, 35/1, 1983, p. 55-76.

283 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 622 (Ibn al-Atir).

284 Cf. supra p. 349.

285 Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 939-947.

286 Qui aurait fait carrière à Reggio, et en Sicile (en 736 ?) : ibid.

287 Pour la fouille : Cuteri, « Linsediamento », cité n. 4, p. 350.

288 Noyé, « Byzance et lItalie méridionale », cité n. 1, p. 343, ici p. 240-241 ; Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 623.

289 Noyé, « Quelques observations », cité n. 5, p. 330, ici p. 91-92.

290 Ibid., p. 130-131.

291 Ibid., p. 129-130.

292 Amantea : Prigent, « Les évêchés byzantins », cité n. 1, p. 323, ici p. 935 ; Noyé, « La Calabre et la frontière (vie-xe siècle) », cité n. 2, p. 325, ici p. 296 ; Noyé, Raimondo, Ruga, « Les enceintes », cité n. 5, p. 338, ici p. 434-435 ; Rossano : Prigent, « Les évêchés byzantins », p. 935-938 ; Noyé, « Aristocrazia », cité n. 6, p. 324.

293 Cf. supra, n3, p. 343.

294 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, cité n. 5, p. 345, ici p. 6.

295 G. Noyé, « Carlomagno e Benevento », à paraître dans les actes du colloque Arechi II e Benevento (Benevento, 15-17 maggio 2014), éd. M. Rottili.

296 I. P. X, p. 93 et 109 ; J. Darrouzès, Notitiae episcopatuum Ecclesiae Constantinopolitanae, texte critique, introduction et notes, Paris (Géographie ecclésiastique de lempire byzantin, 1), 1981, p. 31-33.

297 Cf supra.

298 S. Antonino: un insediamento fortificato nella Liguria bizantina, éd. T. Mannoni, G. Murialdo, Bordighera (Istituto internazionale di studi liguri. Collezione di monografie preistoriche ed archeologiche, 12), 2001.

299 Voir supra ; M. S. Arena et al., Roma dallantichità al medioevo. Archeologia e storia nel Museo nazionale romano, Crypta Balbi, Milan, 2001 ; Roma dallantichità al medioevo. II, Contesti tardoantichi et altomedievali, cité n. 2, p. 357.

300 Comacchio e il suo territorio tra la Tarda Antichità e lAlto Medioevo, éd. S. Gelichi, dans Uomini, territorio e culto dallAntichità allAlto Medioevo, Comacchio, 2007 ; S. Gelichi, C. Negrelli, La circolazione delle ceramiche nellAdriatico tra tarda Antichità e altomedioevo. III Incontro di studi del CCR. AM. IS. (Venezia, 2004), éd. S. Gelichi, C. Negrelli, Mantoue (Documenti di Archeologia, 43), 2007.

301 Précisément des aires campano-latiale et calabro-péloritaine.

302 Pour le Salento : P. Arthur, « Larcheologia del Villaggio Medievale in Puglia », Vita e morte dei villaggi rurali tra Medioevo ed Età Moderna. Dallo scavo della villa dei Geriti ad una pianificazione della tutela e della conoscenza dei villaggi abbandonati della Sardegna, éd. M. Milanese, Florence (Quaderni dei villaggi abbandonati della Sardegna, 2), 2006, p. 97-121 ; P. Arthur, « Per una carta archeologica della Puglia altomedievale: questioni di formulazione ed interpretazione », Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia nellalto medioevo. Atti del XX Congresso internazionale di studio sullalto medioevo (Savelletri di Fasano [BR], 3-6 novembre 2011), Spolète (Centro italiano di studi sullalto medioevo, Atti dei Congressi, 20), 2012, p. 59-86.

303 G. Stranieri, G. Fiorentino, A. M. Grasso, C. Napolitano, « Organizzazione e trasformazioni dei paesaggi agrari medievali nel Salento. Un approccio archeologico e archeobotanico allo studio di una delimitazione agraria in pietra a secco (Sava-Taranto) », Archeologia Medievale, 36, 2009, p. 259-271.

304 Voir le monastère fortifié de Le Centoporte, aménagé au viie ou viiie siècle : P. Arthur, B. Bruno, Il complesso tardo-antico ed alto-medievale dei SS. Cosma e Damiano, detto Le Centoporte, Giurdignano (LE). Scavi 1993-1996, Martina Franca (Collana del Dipartimento di Beni culturali. Università del Salento, 17), 2009.

305 P. Arthur, G. Fiorentino, M. Leo Imperiale, « Linsediamento in Loc. Scorpo (Supersano, LE) nel VII-VIII secolo. La scoperta di un paesaggio di età altomedievale », Archeologia Medievale, 35, 2008, p. 365-380.

306 P. Arthur, « Larcheologia del Villaggio Medievale in Puglia », cité n. 2, p. 373, ici p. 97-121 ; P. Arthur, U. Albarella, U. Bruno, S. King, « Masseria Quattro Macine. A Deserted Medieval Village and its Territory in Southern Apulia: an Interim Report on Field Survey, Excavation and Document Analysis », Papers of the British School at Rome, 64, 1996, p. 181-237.

307 G. Volpe, G. De Venuto, R. Goffredo, M. Turchiano, « Labitato altomedievale di Faragola (Ascoli Satriano) », V Congresso nazionale di Archeologia medievale (Foggia-Manfredonia, 2009), éd. G. Volpe, P. Favia, Florence, 2009, p. 284-295.

308 G. Volpe, « Paesaggi e insediamenti rurali dellApulia tardoantica e altomedievale », Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale fra Tardoantico e Altomedioevo. Atti del Primo Seminario sul Tardoantico e lAltomedioevo in Italia meridionale (Foggia, 12-14 febbraio 2004), éd. G. Volpe, M. Turchiano, Bari, 2005, p. 299-314 ; A. Valentino Romano, G. Volpe, « Paesaggi e insediamenti rurali nel comprensorio del Celone tra Tardoantico e Altomedioevo », Paesaggi e insediamenti rurali in Italia meridionale fra Tardoantico e Altomedioevo, cité supra, p. 241-259 ; G. Volpe, « Per una geografia insediativa ed economica della Puglia tardoantica », Bizantini, Longobardi e Arabi, cité n. 2, p. 373, ici p. 27-57, avec bibliographie.

309 Peu de progrès ont été faits de ce point de vue depuis les premières surveys des années 1980.

310 Casignana Palazzi, Quote San Francesco, Botricello : Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 618.

311 Ainsi Paul Arthur suppose lexistence dune sorte de chaos dans loccupation du sol (Arthur, « Larcheologia del Villaggio Medievale », cité n. 2, p. 373).

312 Théophane, cité n. 6, p. 344, ici p. 422.

313 Simples sols de terre battue et foyers en plein air à Scolacium, cabanes de dimensions réduites creusées dans la roche à Hagia-Kuriakè/Gerace.

314 Noyé, « Economia e società nella Calabria bizantina », cité n. 8, p. 325, ici p. 621.