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Classiques Garnier

Tribulations hennuyères d’un manuscrit du Miroir historial À propos de trois bifeuillets conservés aux Archives départementales d’Indre-et-Loire

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2014 – 1, n° 27
    . varia
  • Auteur : Nys (Ludovic)
  • Résumé : Une quittance donnée en septembre 1439 à la ­comtesse douairière de Hainaut cite un manuscrit du Miroir historial ­commençant au temps de Charlemagne et ­s’achevant à ­l’époque de Philippe le Bel. Cette mention a pu être mise en relation avec trois bifeuillets ­aujourd’hui à Tours, qui proviennent ­d’un volume IV de ladite traduction française par Jean de Vignay du Speculum historiale. ­L’enquête, en outre, a permis de retracer ­l’itinéraire de ce manuscrit, de la bibliothèque du roi où il se trouvait à ­l’origine ­jusqu’à Château-Renault, en passant par les mains de Louis VII de Bavière, du cabochien Garnot de Saint-Yon, de Marguerite de Bourgogne, de Charles ­d’Orléans et de son demi-frère, Jean de Dunois, le célèbre ­compagnon ­d’armes de Jeanne ­d’Arc.
  • Pages : 235 à 255
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812435164
  • ISBN : 978-2-8124-3516-4
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3516-4.p.0235
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 02/03/2015
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Tribulations hennuyères
dun manuscrit du Miroir historial

À propos de trois bifeuillets conservés
aux Archives départementales dIndre-et-Loire1

Les dernières années de Marguerite de Bourgogne, comtesse douairière de Hainaut, ne furent à lévidence pas de celles qui étaient propres à voir déployés des fastes de cour et passer dans la foulée des commandes ou réaliser des achats de grand prix. Le château du Quesnoy où elle sétait retirée à la mort de son époux, le comte Guillaume IV/VI de Bavière († 31 mai 1417), nétait plus depuis longtemps quun terne et triste refuge princier. Son unique fille Jacqueline de Bavière, qui était allée entre-temps sétablir en son comté de Hollande, était elle-même décédée depuis quelques années († 8 octobre 1436). Quant à ses relations avec son neveu Philippe le Bon, héritier du comté, elles étaient très tendues, des circonstances qui ne lauront pas encouragée à fréquenter les milieux de la cour de Bourgogne, à Bruges et à Bruxelles, et lauront incitée au contraire à vivre en recluse sur les terres de son douaire hennuyer. Sans doute, le mobilier du château conservait-il le souvenir du brio passé de la cour de Hainaut2. Partie de ses joyaux, de ceux hérités de ses prédécesseurs, la bibliothèque comtale surtout, dans laquelle le duc navait pas manqué dès 1435 de faire prélever quelques-uns des

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plus précieux manuscrits3, sy trouvaient encore, conservés dans la tour dite « du trésor4 ». Pour autant, on limagine, lheure nétait plus à de nouvelles acquisitions de prestige. Cloîtrée en sa demeure quercitaine, la vieille comtesse douairière ne vivait plus désormais quau rythme des offices et de ses austères méditations, toute à sa piété et à ses dévotions5.

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Aussi lachat quelle fit à la fin de lété de 1439, un an et demi avant son décès survenu le 8 mars 1441, dun volume du Miroir historial ne peut-il quintriguer. Le document qui en fait foi, partiellement publié en 1865 par André et Jules Le Glay et Alexandre Desplanque, et récemment par Jacques Paviot6, mais resté ignoré des études monographiques consacrées à cette œuvre encyclopédique, est une quittance dun montant de cinquante salus dor rendue, en date du 9 septembre, à la comtesse douairière par un certain Garnot de Saint-Yon.

Je, Garnot de Saint Yon, congnois que de tres haulte et puissant[e] princesse madame Marguerite de Bourgongne, ducesse de Bayviere, comtesse de Haynnau, Hollande et Zeelande, pour le vendicion de ung livre nommé le Miroir hystorial, contenant pluiseurs hystoires commenchans au temps Charlemaigne et finissant au temps que le roy Phelippe le Bel fu couronné a Raims, ay recheu la somme de chinquante salus dor par les mains de Colard de Haynin, conseillier a ma dicte tres redoubtee dame, dont de tant je me tiens pour content et bien payé et en quitte ma dicte tres redoubtee dame, ledit Colard et tous aultres quil appertient, et prommes a ma dicte tres redoubtee dame de li garandir son marchié envers et contre tous. Tesmoing mon signe manuel chi mis le. ixe jour du mois de septembre lan mil. iiijc. et xxxix.

G. de S. Yon

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Identification du manuscrit

La mention, précise, dun « Miroir hystorial contenant pluiseurs hystoires, commenchans au temps Charlemaigne et finissant au temps que le roy Phelippe le Bel fu couronné a Raims », renvoie aux livres XXV à XXXII de la traduction française par Jean de Vignay du Speculum historiale de Vincent de Beauvais7, suivis de la chronique latine de Primat elle-même traduite par ledit Jean de Vignay pour servir de suite chronologique au dernier livre sarrêtant à saint Louis8. Ces huit livres formaient le quatrième et dernier volume dune série que sa structuration probable en quatre volumes égaux conduit à identifier, ainsi que lont clairement établi Claudine A. Chavannes-Mazel et, à sa suite, Laurent Brun et Mattia Cavagna, à lun des premiers exemplaires de cette traduction9. Pour rappel, les deux séries ainsi structurées les plus anciennes, aujourdhui incomplètes, qui nous sont parvenues, désignées des lettres A et J, avaient été réalisées, vers 1332-1333, à la commande de la reine Jeanne de Bourgogne pour ses deux enfants, le duc de Normandie et futur roi Jean II le Bon et la jeune Marie de France (1326-† 22 septembre 1333)10.

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De la série A, dont les miniatures ont été attribuées à lun des enlumineurs alors les plus prolifiques de la place parisienne, le Maître de Papeleu (Richard de Verdun ?), de même quà lenlumineur Mahiet, lauteur de certaines des miniatures du Bréviaire de Belleville (BnF, Lat. 10483-484), et au Maître de la Crucifixion du Missel de Robert de Coucy (Cambrai, Bibl. munic., Ms 157)11, on ne conserve plus que les volume I (Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit, Ms Vossianus Gallicus, in-folio, no 3A) et II (Paris, Bibliothèque de lArsenal, Ms 508012), de même que trois fragments du volume IV (Tours, Archives départementales dIndre-et-Loire, 2.I.213). Cette série dérive probable

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ment en ligne directe dun original disparu, à identifier selon toute vraisemblance au manuscrit princeps de lauteur. Le volume I de Leyde, en outre, comporte un certain nombre de corrections (remplacements de passages grattés), introduites pour partie à partir dune version révisée [O], nettement plus tardive, de loriginal O14. Exécutée à lintention du futur Jean le Bon ainsi que le confirme au dernier feuillet du volume I une note difficilement lisible (« Cest le livre est le duc de Normendie et de Guienne Jehan »)15, restée possession de la librairie royale, ladite série figure dans linventaire de la bibliothèque du Louvre dressé en 1373 par Gilles Mallet16, de même encore que dans ceux de 141117 et de 141318. Ayant été offerte au début de 1413 par Jean Maulin et J. Le Bègue, sur ordre du dauphin Louis de Guyenne, à Louis de Bavière, le frère de la reine Isabeau19, elle napparaît plus en revanche dans celui que fit dresser le régent Jean de Bedford, en 1424.

De la série J qui dérive elle-même en droite ligne de loriginal O, probablement réalisée pour la jeune Marie de France mariée à Paris, le 8 juillet 1332, avec le fils du duc de Jean III de Brabant, Jean, duc de

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Limbourg20, nous sont parvenus les volumes I (Paris, BnF, fr. 31621) et III (Baltimore, Walters Art Gallery, W.14022), dont les miniatures furent quant à elles exécutées par le Maître de Fauvel, le Maître de Papeleu et deux autres enlumineurs, lartiste du BnF, fr. 24388 (Roman de la Rose) et le premier artiste du BnF, fr. 17000 (Sept Sages de Rome)23. La jeune princesse étant décédée dès lannée suivante, tout porte à penser quelle sera restée en possession de la reine Jeanne de Bourgogne. Étonnamment, elle ne figure pourtant dans aucun des inventaires du Louvre. Le volume de Baltimore (J3), par contre, a pu être identifié de façon certaine avec le troisième volume dune série de trois Mirouer historial que mentionnent linventaire de la bibliothèque de Jean de Berry de 141324 de même que celui dressé après sa mort en 141625. Ces deux documents nous apprennent en effet que le troisième volume de cette série contenait 92 « histoires », indication qui se trouve confirmée par une note du xve siècle sur le dernier feuillet blanc de lexemplaire de Baltimore qui précise que « en ce livre a iiijxx xij ystoires » – ledit manuscrit ne comportant plus que 85 miniatures, il est probable que les sept miniatures manquantes ornaient à lorigine les huit débuts de chapitre aujourdhui disparus. On notera néanmoins que les deux inventaires de 1413 et 1416 ne font pas mention dun quatrième volume. Lilian Randall en a déduit que cette série ne fut sans doute jamais complétée, à moins, hypothèse tout aussi recevable, que

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ledit quatrième volume nait été soustrait très tôt, dès avant lentrée de ladite série dans la bibliothèque de Jean de Berry, ou que, layant entre-temps intégrée, il nait été prêté plus tardivement, avant 1413, et nait jamais été restitué26. Cette acquisition par le duc de Berry, quoi quil en soit, paraît avoir eu lieu très tôt, dès avant 1373, date de la rédaction du premier inventaire connu de la bibliothèque du Louvre, éventuellement lors du règlement de la succession de Jean le Bon, peu après 1364.

Il faut probablement ajouter à ces deux séries A et J commandées par Jeanne de Bourgogne la série à laquelle appartenait le volume IV dont la British Library conserve un fragment (chapitres 2-66 du dernier livre XXXII), lui-même datable des années 1330 (1333-1337), le BL Royal 19. D. I (ExL). De ce manuscrit dérive un autre fragment du même livre XXXII (chapitres 59 à 64), dune écriture insulaire, le Bodley 761 dOxford (ExO), exécuté celui-ci dans les années 1360-137027. Il y a donc bel et bien lieu den déduire que le manuscrit de Londres (ExL) se trouvait en Angleterre dès avant le transfert des manuscrits de la librairie de Charles VI en Angleterre en 1429. Comment un tel manuscrit, lui-même probablement une commande du cercle royal vers 1333, aura-t-il pu prendre aussi tôt la route dOutre-Manche ? Il est probable, ainsi que lont suggéré Laurent Brun et Mattia Cavagna, que ce manuscrit de Londres ait connu le même destin quune Bible moralisée (Londres, British Library, Royal 19. D. II) et un exemplaire des Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coincy (Paris, BnF, n. acq. fr. 14.541), que lon sait avoir été saisis par les Anglais lors de la défaite française à Poitiers en 135628.

Dans linventaire de la librairie du Louvre de 1373 figurent en outre trois volumes correspondant aux volumes I, II et IV dune série probablement contemporaine des séries A et J29. Le volume III manquant en

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avait de toute évidence été extrait avant cette date, ce que confirment les inventaires plus tardifs de 1411 et de 141330, de même que celui de 142431, qui ne signalent à leur tour que lesdits trois volumes. Envoyés en 1429 en Angleterre, sur lordre de Bedford, avec lensemble de la librairie de Charles VI, ces manuscrits nont pas été repérés. Il est tentant dy reconnaître ici encore une série exécutée sous le règne de Philippe VI de Valois, peut-être celle du manuscrit princeps O de Jean de Vignay lui-même, dont dérivent la série A (Leiden, Arsenal 5080 et Tours, ADIL, 2.I.2) et la série J (BnF fr. 316, Baltimore), ou éventuellement la version de la série O de la révision de la traduction originale, sur laquelle se sont fondés le correcteur de A1 et le scribe de Or1 (infra).

Les autres séries conservées ou repérées dans des inventaires, structurées elles aussi pour certaines en quatre volumes, pour dautres en trois ou deux volumes, sont plus récentes et ne relèvent pas de commandes issues du premier cercle royal. Lune des plus remarquables, identifiée sous les initiales Or, dérivait semble-t-il de la série princeps disparue, de même que de la révision de la traduction originale. Possession de la famille dOrléans, elle était elle-même constituée de quatre volume égaux dont ne nous sont plus conservés que les volumes I (BnF, fr. 312) [Or1], II (BnF, fr. 313) [Or2] et IV (BnF, fr. 314) [Or4]32 – le volume III,

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encore signalé à la fin du xve siècle dans la bibliothèque de François dOrléans, comte de Dunois, na jamais été localisé33. Cette série fut copiée en 1396 sous la direction du libraire Étienne Thevenin, dit lAngevin, par les scribes Raoul dOrléans (volume I [Or1]) et Guillaume de Hervi (volume IV [Or4])34. À lorigine conservée en lhôtel dOrléans, en la rue de la Poterne à Paris, elle fut transférée en 1409 au château de Blois avec lensemble de la librairie de Louis dOrléans et Valentine Visconti, qui finira par rejoindre sous Louis XII la bibliothèque royale.

Linventaire de la librairie du duc de Berry de 1402 signale par ailleurs une autre série elle-même formée de quatre volumes, aujourdhui disparue, à identifier probablement à celle qui fut promise, et bel et bien offerte semble-t-il, à la Sainte-Chapelle de Bourges35. Cette série doit manifestement avoir été elle aussi plus tardive (seconde moitié du xive siècle) ; il nest pas exclu quil puisse sêtre agi de celle, identifiée par Laurent Brun et Mattia Cavagna par la lettre β, qui aurait dérivé tout à la fois de la série J (son premier volume pourrait avoir été copié de J1, à savoir le BnF, fr. 316) et de la série A remaniée de A (son deuxième volume aurait été copié quant à lui de A2, soit le le Arsenal 508036).

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La généalogie des manuscrits plus récents est aujourdhui controversée. Il nest pas le lieu den reconstituer ici la stemma. Signalons, outre deux manuscrits de la fin du xive siècle, un P. 2, correspondant aux livres IX à XVI dune série P à quatre volumes, le BnF, Paris, Fr. 31537, et un T2 (livres XVIII-XXXII), second volume dune série T qui nen comptait à lorigine que deux, le København, Kongelige Bibliothek, Thott 42938, une série B constituée quant à elle de trois volumes. Réalisée vers 1370-1380, elle fut elle-même la propriété du duc de Berry. Ses premier et deuxième volumes, regroupant respectivement les livres I à XIII (B1) et XIV à XXIV (B2), furent fractionnés chacun en trois volumes distincts, les manuscrits Paris, BnF, nouv. acq. fr. 15.939-15.941 et 15.942-15.94439. Quant au troisième volume, qui regroupait à lévidence les livres XXV à XXXII, il nen subsiste plus que quelques fragments manuscrits et quarante-huit miniatures, conservés à la British Library sous la cote Additional Ms 6416 (B3). Possession de Jean de Berry dès avant 140240, donné au grand maître de France Jean de Montaigu peu après cette date, récupéré à sa mort en 1409 par Jean de Berry41, cette série B fut offerte

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le 9 février 1413 au duc de Bourgogne Jean sans Peur42, probablement lorsque fut donnée, sur ordre de Louis de Guyenne, la série A à Louis de Bavière.

Il faut enfin mentionner une autre série, désignée de la lettre C, copiée au début du xve siècle. Structurée en quatre volumes de huit livres chacun, cette série fut, vers le milieu du xve siècle, la propriété de lamiral de France Prigent de Coëtivy (1439-1450). Seuls nous en sont conservés les volumes I (Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 538), II (Londres, British Library, Lansdowne 1179)43 et IV (Paris, BnF, fr. 52)44. Leur décor constitué de petites miniatures en semi-grisailles a été attribué au Maître de la Mort (Pierre Remiet ?), secondé par un collaborateur45.

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Dès ici, les séries T et B, respectivement structurées en deux et trois volumes, peuvent être écartées. Les volumes IV de la série Or, restée la possession des Orléans jusquau début du xvie siècle, et de la série C, propriété vers le milieu du xve siècle de lamiral de France Prigent de Coëtivy, ne peuvent eux-mêmes à lévidence correspondre au volume vendu en septembre 1439 à Marguerite de Bourgogne. Il ne semble pas non plus quil faille retenir le quatrième volume de la série β disparue, mentionnée dans linventaire de Jean de Berry de 1402, offerte à la Sainte-Chapelle de Bourges. Seuls restent donc par hypothèse les exemplaires disparus J4 et P. 4 de même que lexemplaire A4, dont trois bifeuillets sont aujourdhui conservés aux Archives départementales dIndre-et-Loire.

Les tribulations dun manuscrit
de la librairie du roi

Garnot (Garnier) de Saint-Yon est loin dêtre un inconnu. Incarcéré à la Conciergerie en décembre 1408, échevin de Paris depuis 141146, approché la même année par Jean sans Peur qui lui fit don, de même quà dautres bouchers parisiens, de vin de Beaune47, il fut en 1413 au nombre des « cabochiens » ou « écorcheurs » qui, ayant pris fait et cause pour le duc de Bourgogne avec léquarrisseur Simon le Coutelier dit « Simon Caboche », le boucher Thomas le Gouez et le chirurgien Jean de Troyes, pénétrèrent le 23 avril en lhôtel Saint-Pol, semparèrent du dauphin Louis de Guyenne et de plusieurs de ses proches et se firent

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livrer, outre plusieurs membres de la maison du roi, le propre frère de la reine Isabeau, Louis VII, duc de Bavière48. Il fut adjoint aux commissaires chargés dinstruire le procès dudit Louis de Bavière et des prisonniers armagnacs49. Mais en juillet, les princes du parti dOrléans et le roi parvinrent à reprendre pied dans la capitale. Charles VI décida alors dengager des négociations de paix qui aboutirent à la signature par les ducs de Bourgogne et de Berry à Pontoise, le 31 juillet, dun traité qui prévoyait un pardon général. Dès le lendemain, cependant, Jean de Berry, le dauphin et une grande partie de la population parisienne excédée par les exactions des compagnons de Simon le Coutelier chassèrent les cabochiens de la ville. Garnot de Saint-Yon fut expulsé de léchevinat de Paris avec Jean de Troyes et Robert du Belloy, remplacés par des « hommes quon disoit plus modérés50 », et fut banni le 12 décembre51 ; il trouva refuge en compagnie de son frère Jean auprès du duc de Bourgogne, qui le promut à loffice décuyer-panetier52. On sait quà lautomne de 1415, au lendemain dAzincourt, il faisait partie de sa suite tandis quil sapprêtait à réinvestir la capitale du royaume53. À lété

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de 1418, à la faveur du retour des Bourguignons, Garnot de Saint-Yon revint à Paris et prêta serment au duc de Bourgogne le 24 août54 ; il y redevint échevin dès le début de 141955, un poste quil occupait encore sous loccupation anglaise, de 1422 à 142956, tandis quavec son frère Jean, il était lun des élus sur le fait des aides, assistant aux assemblées chargées des mesures de protection de la capitale57. Il avait en outre été réintégré, le 21 juillet 1418, en remplacement de Jean Maulin, dans la charge de garde de la librairie royale quil avait naguère occupée du 12 mai 1412 à la fin de lété 1413, fonction quil conserva semble-t-il jusquen octobre 1429, lorsque le duc Jean de Bedford, qui sen était porté acquéreur en 1425, la fit envoyer en Angleterre. Cest sous son mandat, après la mort de Charles VI, que furent inventoriés du 11 au 15 avril 1424 par trois commissaires de la chambre des comptes et prisés par trois libraires désignés pour la circonstance les livres de la bibliothèque du roi58. Son retour en grâce auprès du régent lui valut en outre de se voir attribuer lhôtel que Jean de Taranne, décédé en août 1418, possédait en la rue Saint-Jacques de la Boucherie, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés ; il en revendiqua dès le début de 1421 la rétrocession en vertu du don que lui en avait fait le roi. Ce don, contesté par le receveur des confiscations de 1420-1421, fut confirmé par les commissaires chargés dasseoir les 200 livres de revenu provenant de biens confisqués dans la prévôté de Paris qui lui avaient été accordés par lettre du roi donnée à Meaulx le 7 avril 142259. Lors de la reddition

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de Paris à Charles VII, il fut à nouveau expulsé sur ordre dArthur III de Bretagne, dit le « connétable de Richemont », mais fut rappelé peu après et admis, avec son parent Jacques de Saint-Yon, à prêter le serment de fidélité au roi60. Échevin à nouveau de 1433 à 143661, il résidait encore à Paris en 143862.

Loffice de garde de la librairie royale quoccupa Garnot de Saint-Yon de 1412 à 1413, de même à nouveau que de 1418 à 1429, laisse peu de doute : le manuscrit vendu à Marguerite de Bourgogne en septembre 1439 appartenait selon toute vraisemblance à une série à lorigine conservée dans la bibliothèque du Louvre. Len aura-t-il soustrait tandis quil était en charge des collections royales ? Les événements retracés ci-dessus suggèrent un tout autre scénario. Garnot de Saint-Yon, en mai 1413, avait été au nombre des commissaires siégeant au procès de Louis de Bavière, celui-là même à qui le dauphin, Louis de Guyenne, à la demande probable de sa mère, avait offert peu auparavant les quatre volumes de la série du Miroir historial identifiée à la série A. Se les sera-t-il alors fait restituer ? Tout porte a priori à le supposer. Ainsi donc le volume vendu à la comtesse douairière de Hainaut correspondrait-il au volume dont ne nous sont plus conservés que les bifeuillets de Tours, associés, sur la base darguments codicologiques et stylistiques (miniatures), aux deux manuscrits de Leyde (A1) et de lArsenal (A2), et que lon sait avoir servi de couverture à un registre de la fin du xviiie siècle à Château-Renault63.

Du Quesnoy à Château-Renault

Ce scénario soulève néanmoins plusieurs questions. Quelles motivations ont-elles pu conduire lancien cabochien et garde de la bibliothèque

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du roi, âgé à lépoque, dans les Pays-Bas bourguignons ? Il napparaît pas en tout cas que ce périple ait été sous-tendu par des intentions vénales, désireux quil aurait pu être dy négocier au meilleur prix lesdits manuscrits en sa possession. Lexemplaire de lArsenal (A2), qui provient du couvent des Augustins déchaussés de Lyon, doit ne pas avoir été vendu dans le Nord, pas plus que celui de Leyde (A1) dailleurs, que lon sait avoir été dès le xve siècle la propriété dun comte de la Roche [] Villers, peut-être Humbert de Villersexel, comte de la Roche, possessionné dans la comté de Bourgogne et décédé en juin 143764. Garnot de Saint-Yon, qui avait été échanson de Philippe-le-Bon, avait à lévidence conservé quelques solides relations dans lentourage ducal. Fut-ce là la raison de son voyage ? On ne manquera pas de noter à ce propos la coïncidence de ce passage tardif par le Quesnoy, à la fin de lété de 1439, et de lentrée en fonction comme prévôt du Quesnoy en 1442, au lendemain de la mort de Marguerite de Bourgogne, dun certain Philippe de Saint-Yon65. Cet anthroponyme étant alors inconnu en Hainaut66, il apparaît plus que probable que celui-ci ait été apparenté (peut-être sagissait-il de son fils67) à lex-bibliothécaire du roi. Le manuscrit offert par Garnot de Saint-Yon à la vieille comtesse douairière de Hainaut laura-t-il été dans lintention de sallier sa bienveillance et dintroduire à son service son fils ? Lhypothèse nest pas à exclure.

Il reste surtout à expliquer comment, entre 1439 et la fin du xviiie siècle, le manuscrit a pu passer du Quesnoy à Château-Renault. La réponse, probablement, est à rechercher dans les événements de lautomne et de

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lhiver de 1440. Cette année-là vit libérer Charles dOrléans, retenu en otage en Angleterre depuis Azincourt. Linitiative en était revenue à Philippe le Bon qui, souhaitant réconcilier les maisons dOrléans et de Bourgogne, accepta de prendre à sa charge la plus grande partie du paiement de la rançon, imputé sur les recettes de Flandre et de Hainaut. Les tractations avaient été engagées dès janvier 1439 à Gravelines ; interrompues, elles avaient été reprises en juillet 1440 et avaient permis à Charles dOrléans, sous étroite surveillance anglaise, de rencontrer à Calais le 13 de ce même mois Isabelle de Portugal. Cest alors que cette dernière lui aurait fait entrevoir la possibilité dun mariage avec sa jeune nièce, Marie de Clèves, la fille du duc Adolphe de Clèves et de Marie de Bourgogne, sœur de Philippe le Bon. La libération neut lieu toutefois que quatre mois plus tard, au début de novembre, peu après queut été payée, le 3 novembre, la rançon. Ayant débarqué à Calais, où laccueillirent le duc et la duchesse de Bourgogne, et rejoint Gravelines, toujours sous bonne escorte des Anglais, Charles dOrléans arriva à Saint-Omer où fut signé le contrat de mariage le 16 novembre et où furent célébrées en grandes pompes les noces, les samedi et dimanche 26 et 27 suivants. Trois jours plus tard, le mardi 29 novembre, souvraient les festivités du chapitre de la Toison dor organisées à loccasion de la cérémonie et le lendemain, mercredi 30 novembre, jour de la saint André, le duc dOrléans se vit promu en léglise abbatiale de Saint-Bertin au titre de chevalier, recevant des mains mêmes du duc de Bourgogne le collier de lordre68.

La comtesse douairière de Hainaut nassista pas aux festivités de Saint-Omer69. On sait en revanche que Charles dOrléans et sa jeune épouse, après sêtre rendus en pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne le

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dimanche 4 décembre70, puis à Bruges, où il furent reçus avec les honneurs par les autorités de la ville le dimanche 1171, à Gand ensuite, à Tournai le 24 décembre72 et à Valenciennes73, firent étape et furent hébergés au Quesnoy chez Marguerite de Bourgogne les samedi 31 décembre et dimanche et lundi 1er et 2 janvier jusque dans laprès-midi, avant de rejoindre dans la soirée Cambrai où les autorités de la ville leur firent donner un vin dhonneur74. Pierre Champion, sans citer ses sources hélas, nous apprend que la vieille comtesse douairière les « fêta joyeusement » et leur donna « certains présents75 ». Une telle visite de marque au retour des noces de Saint-Omer et la circonstance du premier de lan et ses traditionnelles étrennes, assurément, se prêtaient à de telles libéralités. On sait par ailleurs que Charles dOrléans, bibliophile averti, rapportait avec lui de sa captivité en Angleterre une soixantaine de manuscrits quil avait eu loccasion dy acquérir, dont certains, envoyés en Angleterre par Bedford en 1429, provenaient de la bibliothèque du roi76. On se prend à imaginer comment, accueilli par sa lointaine cousine, il se sera plu sans doute à les lui donner à voir et comment en retour, cette dernière, désireuse dhonorer son hôte, lui aura alors fait don de lexemplaire acquis un an et demi plus tôt, lui-même rescapé de lancienne bibliothèque du roi.

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La suite de litinéraire du manuscrit peut tout au plus donner lieu à des supputations. De Cambrai, Charles dOrléans et son épouse prirent la route en direction de Paris, passant par Saint-Quentin, Noyon et Compiègne ; ils séjournèrent dans la capitale du royaume du 14 au 22 janvier. Le 24, ils étaient à Orléans et, du 11 au 19 février, faisaient étape à Blois77. Cest alors, manifestement, quauront été versés les quelque soixante volumes rapportés dAngleterre dans la bibliothèque du château. Le volume du Miroir historial offert par Marguerite de Bourgogne intégra-t-il alors lui-même la librairie ducale, ou Charles, poursuivant sa route en direction de Tours, lemporta-t-il avec lui jusquà son séjour détape du château des anciens comtes de Blois à Château-Renault ?

La présence à la fin du xviiie siècle des bifeuillets des Archives dIndre-et-Loire dans cette petite ville située à quelque trente kilomètres au nord de Tours laisse entrevoir une autre possibilité. La seigneurie de Château-Renault avait été vendue en date du 29 mars 1450 (n.st.) par Charles dOrléans à son demi-frère, le Bâtard dOrléans, Jean de Dunois78. Or les deux frères, on le sait, étaient étroitement liés. Dunois, au début de 1439, avait été de ceux qui négocièrent à la conférence de Gravelines la libération de Charles79 et, lannée suivante, il avait assisté aux festivités de Saint-Omer80. Il ne semble pas, en revanche, quil lait accompagné au long de son périple en Flandre et en Hainaut. De retour en Touraine, Charles dOrléans lui offrit-il le volume du Miroir historial quil avait reçu de la vieille comtesse douairière au Quesnoy ? Lhypothèse apparaît dautant plus plausible quil possédait lui-même déjà un exemplaire complet de cette traduction de Jean de Vignay, celui que son père, Louis dOrléans, avait fait exécuter en 1396. Il nest pas indifférent, à ce propos, que le troisième volume de cette même série, disparu, ait précisément appartenu à la fin du xve siècle à François dOrléans. Hérité de son père, Jean de Dunois, on peut raisonnablement

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supposer quil avait été emprunté par ce dernier et naura jamais été restitué81. Daucuns, peut-être, objecteront que le Bâtard dOrléans, curieux dhistoir82, possédait bien une bibliothèque, mais que celle-ci se trouvait au rez-de-chaussée de son château de Châteaudun, attenante à son cabinet détudes décoré de « tapisseries de Bruges83 ». Comment sexpliquer en ce cas que le fragment de Tours ait été retrouvé à Château-Renault et non à Châteaudun, sa résidence principale ? Cette provenance, quoi quil en soit, ne permet à notre avis pas den douter : ledit volume doit bel et bien avoir eu pour dernier propriétaire le célèbre compagnon darmes de Jeanne dArc.

Ludovic Nys

Université de Valenciennes
et du Hainaut-Cambrésis

1 Je tiens à remercier ici, pour leurs suggestions, Mattia Cavagna (université catholique de Louvain), Laurent Brun (University of Ottawa) et Thomas Falmagne (Handschriftenzentrum der DFG, Frankfurt-am-Main).

2 Ainsi, par exemple, de ces mentions de tapisseries dans la chambre de Marguerite de Bourgogne au chapitre des travaux qui y furent entrepris à partir de 1440. Voir Lille, Archives départementales du Nord [ADN], B 9094, compte de la châtellenie du Quesnoy par Jean de Mons (1.XI.1439-1.IX.1440), fol. 45v (travaux – janvier) : A Jehan Poissant, carpentier, pour en le sepmaine dou lundi xje jour dou mois de jenvier avoir ouvré de sen mestier, sicomme a … faire et asseir en le cambre de madame pluisieurs quevillettez pour tenir arriere dez huis les tapisseries quant besoings est.

3 Certificat de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, donnant connaissance que son secrétaire et trésorier de Hainaut Jean Marlette a livré à son secrétaire et garde de ses joyaux Jean Lachenel, dit Boulogne, plusieurs livres provenant de la trésorerie du Hainaut (6 août 1435) : voir Mons, Archives de lÉtat à Mons [AEM], Trésorerie des chartes de Hainaut [TCH], Chartrier no 1677 ; éditions dans A.-F. Lacroix, A. Matthieu, Livres de la trésorerie des chartes du Hainaut. 1435. Inventaire des meubles de lhôtel de Guillaume IV, duc de Bavière, à Paris. 1409, Mons, 1842, p. 11-12 ; L. Devillers, Cartulaire des comtes de Hainaut de lavènement de Guillaume II à la mort de Jacqueline de Bavière (1337-1436), t. 5, Bruxelles, F. Hayez, 1892, p. 334-335 ; A. Derolez (avec la coll. de J. W. Klein), Corpus catalogorum Belgii. The Medieval Booklists of the Southern Low Countries, 4 : Provinces of Brabant and Hainault, Bruxelles, Paleis der Academiën, 2001, p. 246-247 ; mentions dans T. Gottlieb, Über mittelalterliche Bibliotheken, Leipzig, O. Harrassowitz, 1890, no 1278 ; R.-L. Plancke, « Middeleeuwse handschrifteninventarissen », De Gulden Passer, 27, 1949, p. 24-35, ici p. 35. Quittance de Jean Lachenel, dit Boulogne, garde des joyaux de Philippe le Bon, reconnaissant quil a reçu de Jean Marlette, trésorier de Hainaut, plusieurs livres de la Trésorerie de Hainaut (12 août 1435) : voir AEM, TCH, chartrier no 1678 ; édition dans Devillers, Cartulaire, t. 5, p. 335-336. État des journées prestées par Jean Marlette, conseiller du duc Philippe le Bon et trésorier de Hainaut au Quesnoy, notamment pour le transport à Bruxelles de livres et papiers de la trésorerie de Hainaut (fin mars 1434-juin 1435) : voir AEM, TCH, Anciens recueils no 87, pièce no 41 ; édition dans A.-F. Lacroix, « Analectes pour servir à lhistoire des comtes et du comté de Hainaut », Bulletins de la Commission royale dhistoire, 2e s., 7, 1855, p. 360-362.

4 Les biens de la vieille comtesse douairière furent mis sous scellés, sous la supervision du bailli de Hainaut Jean de Croÿ, deux jours après son décès, le vendredi 10 mars 1441 ; linventaire desdits biens mobiliers (dont la bibliothèque), document qui ne nous a hélas pas été conservé, fut dressé les 11, 12 et 13 mars. Voir ADN, B 10405, compte du bailliage par Jean de Croy (1.I.1441-31.XII.1441), fol. 36r ; ADN, B 8026, Compte du receveur général de Hainaut Jean Rasoir (1.I.1441-31.XII.1441), fol. 70v ; ADN, B 1974, pièce no 58.403.

5 À ce propos notamment, voir la notice de L. Devillers, Biographie nationale de Belgique, 13, 1894-1895, col. 604-611 (en particulier col. 661). Lune des dernières préoccupations de Marguerite de Bourgogne fut, à partir de 1440, de se faire construire sa chapelle funéraire, greffée sur le flanc de léglise paroissiale Notre-Dame du Quesnoy. Voir les comptes de construction dans ADN, B 9095, compte du domaine du Quesnoy par Jean de Mons (1.IX.1440-30.XI.1440), fol. 34r sq. ; B 9096, id. par Jean Maselant (1.XII.1440-31.XII.1440), fol. 27v sq. La fondation par Marguerite de Bourgogne de cette chapelle, dédiée à sainte Marguerite et saint Éloi, fut confirmée après sa mort par le duc Philippe le Bon. Vidimus de cette confirmation par Alard, abbé de Saint-Jean de Valenciennes, 13 septembre 1441 : ADN, B 3327, pièce no 15.756. Limportance accordée par la comtesse douairière à cet ouvrage est confirmée par la qualité manifeste des vitraux que lon fit exécuter en Hollande, et non en Hainaut, à Valenciennes, ainsi quil en avait toujours été jusqualors des verrières du château du Quesnoy. Voir ADN, B 9094, ibid., fol. 51r-v (travaux – mars) : Audit Poissant [charpentier], pour en le sepmaine dou lundi xxviije jour de march avoir fait j coffre ou on mist les voirierez qui estoient venues de Hollande pour le capielle Sainte Margherite et Saint Eloi, come avoir rengrangiet et reviestit tout autour des quignons le mur estans en une petite cambrette dalés le haulte cambre ma dame. Item, en le grande cuisine et es estaulez la tenant avoir retailliet bordures de nocquierez pour les replommer plus aisiement et a mains de frait, en coi il fu employés par le terme de ij jours demi, monte a sen pris xvij s. vj d.

6 Lille, ADN, B 1968, no 57.975 ; édition partielle dans A. et J. Le Glay, A. Desplanque, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Nord. Archives civiles – Série B. Chambre des comptes, no 1 à 1560, t. 1, Lille, L. Danel, 1865, p. 392 ; édition in-extenso dans J. Paviot, « Mentions de livres, dauteurs, de copistes, denlumineurs, de miniaturistes (“historieurs”) et de libraires dans les comptes généraux du duc de Bourgogne Philippe le Bon (1419-1467) », Miscellanea in memoriam Pierre Cockshaw (1938-2008). Aspects de la vie culturelle dans les Pays-Bas méridionaux (xive-xviiie siècle), t. 2, éd. F. Daelemans, A. Kelders, Archives et Bibliothèques de Belgique, no spécial, 82, 2009, p. 413-446 (ici p. 425, no 73).

7 À ce propos, voir D. A. Trotter, « Jean de Vignay, traducteur – et écrivain à part entière ? », Le moyen français. Le traitement du texte, éd. C. Buridant, Strasbourg, 2000, p. 209-221 ; et aussi C. Knowles, « Jean de Vignay. Un traducteur du xive siècle », Romania, 75, 1954, p. 353-383, en particulier p. 358-362 et 381.

8 Ladite chronique de Primat couvre les règnes de Philippe III et de Philippe IV le Bel. Voir « Chronique de Primat traduite par Jean du Vignay », éd. N. de Wailly, Recueil des historiens des Gaules et de la France, 23, Paris, 1876, p. 5-106.

9 Voir C. Chavannes-Mazel, « Problems in Translations, Transcriptions and Iconography : The Miroir historial, Books 1-8 », Vincent de Beauvais : Intentions et réceptions dune œuvre encyclopédique au Moyen Âge, éd. S. Lusignan, M. Paulmier-Foucart, A. Nadeau, Saint-Laurent – Paris, Bellarmin-Vrin, 1990, p. 343-374, ici p. 345-346 ; L. Brun, M. Cavagna, « Das Speculum historiale und seine französische Übersetzung durch Jean de Vignay », Übertragungen. Formen und Konzepte von Reproduktion in Mittelalter und Früher Neuzeit, éd. B. Bussmann, A. Hausmann, A. Kreft, C. Logemann, Berlin-New York, De Gruyter, 2005, p. 279-302. Pour la liste des manuscrits du Miroir historial, voir Chavannes-Mazel, « Problems in Translations », p. 363-364 ; Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 300-302 ; L. Brun, M. Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial de Jean de Vignay », Romania, 124, 2006, p. 379-428, ici p. 424-426. On évitera la liste établie par Thomas Kaeppeli et Emilio Panella (Th. Kaeppeli, E. Panella, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, t. 4, Roma, Istituto storico domenicano, 1993, p. 447-448, no 3991), incomplète et entachée de nombreuses erreurs.

10 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 290.

11 Ces trois artistes, qui travaillèrent pour lentourage royal dans les années 1330-1340, paraissent avoir collaboré à plusieurs reprises. À ce propos, voir G. Graf von Vitzthum, Die Pariser Miniaturmalerei von der Zeit des Ludwig bis zu Philipp von Valois und ihre Verhältnis zur Malerei in Nord-westeuropa, Leipzig, Quelle u. Meyer, 1907, p. 178-179 ; H. Martin, La Miniature française du xiiie au xve siècle, Paris-Bruxelles, G. Van Oest, 1923, p. 24, 93, pl. 40 ; H. Martin, P. Lauer, Les Principaux manuscrits à peintures de la bibliothèque de lArsenal, Paris, Société française de reproductions des manuscrits à peintures, 1929, p. 24-25, pl. XXVI ; Les Fastes du Gothique, le siècle de Charles V, Réunion des musées nationaux, 1981, p. 298-299, no 245 ; E. Morrison, A. D. Hedeman et al., Imagining the past in France : History in manuscript painting 1250-1500, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2010, p. 147-152, no 17. À propos du Maître de Papeleu, voir R. H. Rouse, M. A. Rouse, Illiterati et uxorati. Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris. 1200-1500, t. 1, Turnhout, Brepols, 2000, p. 140-143, 145-150 ; J. D. Udovitch, The Papeleu Master. A Parisian Manuscript Illuminator of the early Fourteenth Century, 2 tomes en 1 vol., Ph. Dissertation, New York University, octobre 1979, ici en particulier p. 185-187 (attribution à un artiste proche du Maître de Papeleu, dit le « Mirror Master »). À propos du Maître de Fauvel, voir en particulier Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 207-217. Voir également B. Roux, Mondes en miniatures. Liconographie du Livre du trésor de Brunetto Latini, Genève, Droz, 2009, p. 36-38.

12 Paris, Arsenal, Ms 5080. Voir H. Martin, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de lArsenal, t. 5, Paris, Plon, 1889, p. 43-44 : 418 feuillets, 380 x 270 cm. Ce manuscrit a appartenu au roi Jean qui a mis, au dernier feuillet (fol. 418v), sa signature « Jehan ». Il faisait partie de la bibliothèque du Louvre sous Charles V et Charles VI. Propriété de la bibliothèque de M. de Paulmy, il avait appartenu auparavant à la bibliothèque des Augustins déchaussés de Lyon.

13 Repris sous la cote 2.I.2 [A, B, C], ces trois bifeuillets centraux écrits sur deux colonnes, de quarante-deux lignes (275 x 380 mm. ; justification : 180 x 257 cm.), avec titres rubriqués, initiales bleues et rouges filigranées, initiales bleues et rouges ornées et grandes miniatures sur la largeur de la justification, proviennent de Château-Renault. Voir Y. Le Sage de la Haye, Répertoire numérique de la série I. Feuillets et fragments de livres manuscrits avec et sans notation musicale (ixe-xvie siècle) – Conseil général dIndre-et-Loire. Archives départementales, Tours, Archives départementales dIndre-et-Loire, 2000, t. 1, p. 263-264, qui ne reconnaît comme provenant du volume IV du Miroir historial que le seul fragment C, les fragments A et B ayant appartenu selon lui à deux exemplaires dun De la vie spirituelle et dun De la discipline des moines, tous deux non identifiés. Laurent Brun et Mattia Cavagna ont récemment reconnu dans les trois bifeuillets, dont celui repris sous la lettre C, qui comporte des miniatures attribuables à lenlumineur Mahiet, les fragments du même volume IV dun Miroir historial, quils datent de la fin de la première moitié du xive siècle et associent aux volumes I et II de la série A de Leiden et de lArsenal à Paris. Voir Brun, Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial », p. 386-388.

14 Voir M. Cavagna, « Variantes dauteur in absentia ? La version révisée du Miroir historial, encyclopédie du xive siècle », Medioevo romanzo, 28/1, 2014, sous presse. Remerciements à mon collègue Mattia Cavagna, qui men a livré la primeur.

15 Voir Chavannes-Mazel, « Problems in Translations », p. 347-348 ; et aussi L. Delisle, « Exemplaires royaux et princiers du Miroir historial », Gazette archéologique, 11, 1886, p. 87-101, ici p. 89-90.

16 Voir linventaire : Paris, BnF fr. 2700, fol. 2-37 ; édité dans [J.-B. Van Praet], Inventaire ou catalogue des livres de lancienne bibliothèque du Louvre fait en lannée 1373 par Gilles Mallet, Paris, Bure Frères, 1836, p. 6, no 17-20 ; également dans L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. 3, Paris, Imprimerie nationale, 1881, p. 154, no 880 (sous A.17 et B.17) ; L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles V, t. 2 : Inventaire des livres ayant appartenu aux rois Charles V et Charles VI et à Jean, duc de Berry, Paris, H. Champion, 1907, p. 143.

17 Voir linventaire : Paris, BnF fr. 2700, fol. 53-133 ; Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154, no 880 (sous D.4) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 143.

18 Voir linventaire : BnF fr. 9430 ; Delisle, Le Cabinet, t. 3, ibid. (sous E.4) ; Delisle, Recherches, t. 2, ibid.

19 Information daprès une note contenue dans linventaire BnF fr. 9430 : Mémoire que, avant ce que le present inventoire feust fait, monseigneur duc de Guienne manda maistre Jehan Maulin et moy, qui avions chascun une clef de la dicte librairie, et nous fist bailler a mons. de Baviere ces quatre volumes de Vincent. Voir Delisle, Recherches, t. 2, p. 143, no 880.

20 Contrairement à ce qui a été prétendu, le mariage paraît bel et bien avoir été célébré. À ce propos, voir Œuvres de Froissart. Chroniques, publiées avec les variantes des divers manuscrits, éd. J.-B.-M.-C. Kervyn de Lettenhove, t. 2 : 1322-1339, Bruxelles, Victor Devaux et Cie, 1867, p. 350 et 352.

21 Paris, BnF fr 316. Voir Catalogue des manuscrits français – Bibliothèque impériale. Département des manuscrits, t. 1 : Ancien fonds, Paris, Bibliothèque [nationale]. Département des manuscrits, 1868, p. 25. Erreur de lecture de la date inscrite à la fin : 1333 et non M.CCC LXX et III.

22 L. M. C. Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, 1 : France, 875-1420, Baltimore-Londres, Johns Hopkins University Press, 1989, p. 165-173, no W.140.

23 Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 212 ; t. 2, p. 195 et 198.

24 Inventaire de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258. Voir Delisle, Cabinet, t. 3, p. 187, no 202 ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255, no 202 (sous B.96) ; J. Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry (1401-1416), t. 1, Paris, E. Leroux, 1894, p. 248.

25 Ancien Paris, Bibl. de Sainte-Geneviève, Ms L 54 f, aujourdhui Paris, BnF fr. 15.213. Voir Delisle, Cabinet, t. 3, p. 187, no 202 ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255, no 202 (sous C.1011) ; Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 248 ; [J. Barrois], Bibliothèque protypographique ou Librairies des fils du roi Jean, Charles V, Jean de Berri, Philippe de Bourgogne et les siens, Paris, Treuttel et Würtz, 1830, p. 91, no 520.

26 Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, 1 : France, 875-1420, p. 171.

27 En dernière instance, voir Brun, Cavagna, « Pour une édition du Miroir historial », p. 389-390 ; et aussi C. W. Dutschke, « The truth in the book : the Marco Polo texts in Royal 19. D. I and Bodley 264 », Scriptorium, 52, 1998, p. 278-300, ici p. 297-298.

28 Voir notamment L. Delisle, « Notice sur un manuscrit des miracles de Notre-Dame conservé au Séminaire de Soissons », Gazette des Beaux-Arts, 23, 1867, p. 524-530, ici p. 529-530.

29 Voir linventaire BnF fr. 2700, fol. 2-37 (et le recollement de 1380 par Jean Blanchet : BnF, coll. Baluze, Ms no 397) ; édité dans Van Praet, Inventaire ou catalogue, p. 64-65, no 294-297, avec la note à la suite de la quatrième notice : Il ny a point de iije, mais il y en a un quart volume en lieu. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154-155, no 882 (sous A.294 et B.315) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 144. Incipit du volume I : Vincent le fist ; fin : et aucuns parfirent. Incipit du volume II : Quant Guyus qui estoit ; fin : de ce me met je plus en jeune. Incipit du volume IV (comprenant les livres XXV à XXXII) : Estancellans comme escharbocle ; fin : ne sera entre les presidens.

30 Voir les inventaires BnF fr. 2700, fol. 53-133 et BnF fr. 9430. Voir Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154-155, no 882 (sous D.384-386 et E.421-423) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 144.

31 Voir les inventaires Paris, Bibl. Ste-Geneviève, Q.5.f. et Paris, Bibl. Mazarine, H.1934 ; édité dans Inventaire de la bibliothèque du roi Charles VI fait au Louvre en 1423 par ordre du Régent, duc de Bedford, [éd. L. Douët-dArcq], Paris, Société des bibliophiles, 1867, p. 107-108, no 396-398. Voir Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 154-155, no 882 (sous F.396-398) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 144, no 882.

32 Voir le Catalogue des manuscrits français, t. 1, 1868, p. 25. Les quatre exemplaires de cette série sont signalés dans linventaire de la bibliothèque du château de Blois (la bibliothèque de feu Louis dOrléans y avait été transférée de lhôtel dOrléans, situé rue de la Poterne à Paris, en 1409) dressé en 1417 (Paris, ANF, K 500, no 5), de même que dans celui dressé au retour de captivité de Charles dOrléans après 1440, sous la rubrique « Livres à recouvrer ». Voir Paris, ANF, K.500, no 7 ; édition dans A. Le Roux de Lincy, « La bibliothèque de Charles dOrléans à son château de Blois en 1427 », Bibliothèque de lÉcole des chartes, 5, 1844, p. 59-82 (ici p. p. 74-75, no 32) et L. de Laborde, Les ducs de Bourgogne. Études sur les lettres, les arts et lindustrie pendant le xve siècle, 2de partie : preuves, t. 3, Paris, Plon, 1852, p. 314-332, ici p. 331, no 6632 : Le Livre de Mirouer historial, en quatre grans volumes, neuf, en françois, en lettre de forme, historiées, à mi couvert de velours noirs, chacun livre à deux fermouers esmaillés, armoriés. Voir également Delisle, « Exemplaires royaux », p. 99-101 ; Delisle, Rercherches, t. 1, p. 76-77 ; P. Champion, La Librairie de Charles dOrléans, Paris, Champion, 1910, p. 110-112, 115. Voir, en dernière instance, G. Ouy, La Librairie des frères captifs. Les manuscrits de Charles dOrléans et Jean dAngoulême, Turnhout, Brepols, 2007, p. 37, no 33 (inventaire de 1417), p. 53, no 189 (inventaire daprès 1440), p. 74. Aucun des livres dits « à recouvrer » après 1440 nest passé dans les mains de Jean dAngoulême puisquil ny est pas fait mention dans le catalogue de 1467 ; voir Ouy, La Librairie des frères captifs, sous « C ».

33 Information fournie par linventaire de la bibliothèque des Orléans dressé à Chauny à la suite du décès de Marie de Clèves († 1417). Voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, no 7194 : Trois des quatre volumes du Miroer ystorial et MS. de Dunois a lautre.

34 Ainsi que nous lapprennent plusieurs quittances données par ledit Thévenin Angevin, du 12 février, du 3 juin et du 2 septembre 1396. Voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, p. 110, no 5678 (achat de parchemin), p. 111 et 119, no 5682 et 5709 (achat de parchemin) et p. 122, no 5725 (40 francs, pour paier les escripvains, enlumineurs et autres ouvriers qui font pour le dit MS dOrléans nommé le Mirouer hystorial …). Voir également A. Champollion-Figeac, Louis et Charles, ducs dOrléans. Leur influence sur les arts, la littérature et lesprit de leur siècle, daprès les documents originaux et la peinture des manuscrits, 1re et 2e parties, Paris, Comptoir des imprimeurs réunis, 1844, p. 125. Voir enfin Rouse, Illiterati et uxorati, t. 1, p. 278 ; t. 2, p. 27, 41 et 122.

35 Voir linventaire BnF fr. 11.496 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 2, 1896, p. 123. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 187, no 200 (sous A.960) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255.

36 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 293.

37 Voir le Catalogue des manuscrits français, t. 1, 1868, p. 25. Daté, à tort, du début du xve siècle. Incipit : Quant Gayus, qui estoit emperere de Romme, fu revenu à Romme… ; finissant par : Cy fenist le xvje livre du Mirouoir hystorial.

38 Voir C. Bruun, Aarsberetninger og meddelelser fra det store Kongelige Bibliothek, t. 3, Kjǿbenhavn, Gyldendal, 1890, p. 127-129 (donné à tort pour une troisième partie).

39 Voir M. Thomas, « Nouvelles acquisitions latines et françaises du Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale pendant les années 1969-1971 », Bibliothèque de lÉcole des chartes, 130/2, 1972, p. 493-577 (ici p. 542-544). Le volume I (BnF, n. acq. fr. 15.939-15.941) réapparut au xixe siècle entre les mains du baron Van Zuylen van Nijevelt, ambassadeur du roi de Hollande ; il passa ensuite par héritage à sa petite-nièce, Mme Van der Staal de Piershill. Il fut acheté chez Sothebys le 15 décembre 1906 (sous le no 487) par le collectionneur Henry Yates Thompson (voir S. de Ricci, « Les manuscrits de la collection Henry Yates Thompson », Bulletin de la Société française de reproductions de manuscrits à peintures, 10, 1926, p. 42-72, ici p. 60-61, no 79a) et, en 1920, par le célèbre collectionneur Alfred Chester Beatty, dont la collection fut vendue le 3 décembre 1968, date à laquelle il fut acquis par la Bibliothèque nationale de France (voir E. G. Millar, The library of A. Chester Beatty. A descriptive catalogue of the western manuscripts, Oxford, Oxford University Press, 1930, t. 2, p. 156-211). Le volume II (BnF, n. acq. fr. 15.942-15.944) appartenait au quatrième comte dAshburnham, à qui Henry Yates Thompson lacheta en mai 1897. Voir de Ricci, « Les manuscrits de la collection Henry Yates Thompson », p. 61, no 79. Il rejoignit lui aussi la collection de Chester Beatty en 1920. Quant au volume trois (BL, Add. 6416), sa provenance est inconnue.

40 Dans linventaire BnF fr. 11.496 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 187, no 201 (sous A.943) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255.

41 Voir linventaire de Jean de Berry de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258. Voir également Delisle, Le Cabinet, t. 3, p. 187, no 201 (sous B.123) ; Delisle, Recherches, t. 2, p. 255.

42 Donné au duc de Bourgogne, en date du 9 février 1413. Voir linventaire de Jean de Berry de 1413 : Paris, ANF, registre KK 258 ; édité dans Guiffrey, Inventaires, t. 1, p. 258-259, no 972 : … lequel livre fu de feu messire Jehan de Montagu, auquel Monseigneur le donna en son vivant ; et depuis, après son trespassement, mondit seigneur la recouvré, cest assavoir les deux derniers volumes de monseigneur de Guienne, et le premier volume du prevost de Paris, par don du Roy nostre sire. Provenance confirmée par linventaire de la bibliothèque de Bourgogne dressée en 1420. Voir G. Doutrepont, Inventaire de la « librairie » de Philippe le Bon (1420), Bruxelles, Kiessling et Cie, 1906, p. 99, no 149 : Item, ung autre livre du Mirouer historial, nommé Vincent, en trois volumes, dont le premier volume est escript en parchemin, de lettre ronde, à ij colonnes, historié de vc iiijxx et iiij histoires, enluminé de rose et dasur, commençant ou ije fueillet La roye par quoy, et ou derrenier Mist en si grant, couvert de drap de damas vert, à ij fermouers dargent dorez, esmaillez aux armes de Monseigneur de Berry. ; idem, no 150 et no 151. Également signalé dans linventaire de Marguerite de Bavière en 1423 (à lexception du troisième volume, non disponible au moment de linventaire) : voir G. Peignot, Catalogue dune partie des livres composant la bibliothèque des ducs de Bourgogne au xve siècle, seconde édition revue et augmentée du catalogue de la Bibliothèque des Dominicains de Dijon, rédigé en 1307, Dijon, V. Lagier, 1841, p. 77 ; Doutrepont, Inventaire de la « librairie » de Philippe le Bon (1420), p. 99-100 (sous no 151) ; et D. Jeannot, « Les bibliothèques de princesses en France au temps de Charles VI : lexemple de Marguerite de Bavière », Livres et lectures de femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, éd. A.-M. Legaré, Turnhout, Brepols, 2007, p. 191-210, ici p. 194 et édition de linventaire (Dijon, Archives départementales de la Côte-dOr, B 302, no 4097, fol. 9r) p. 202. Encore signalé dans linventaire dressé à la mort de Philippe le Bon en 1467 ; voir Barrois, Bibliothèque protypographique, p. 144, no 886, 887 et 885. Absent par contre de linventaire du Coudenberg de 1487.

43 Voir A catalogue of the Lansdowne Manuscripts in the British Museum with indexes of persons, places and matters, s.l., 1819, p. 287.

44 Voir Brun, Cavagna, « Das Speculum historiale », p. 294-295. Voir également C. Chavannes-Mazel, The Miroir Historial of Jean le Bon : The Leiden Manuscript and its Related Copies, Ph. D. Dissertation, University of Leiden, 1988, p. 82, 85, 92-93, 97, 110, 115, 144, 164.

45 À ce propos, voir en particulier M. Camille, The Master of Death. The Lifeless Art of Pierre Remiet Illuminator, New Haven – Londres, Yale University Press, 1996, p. 120-121, 250, 269.

46 Voir Journal dun Bourgeois de Paris 1405-1449, publié daprès les manuscrits de Rome et de Paris, éd. A. Tuetey, Paris, Champion, 1881, p. 40 n. 1. Cest lui, et non son frère Jean comme laffirme Juvénal des Ursins, qui aurait succédé en 1411 à Denis de Saint-Yon, à lévidence un sien parent. Il était encore échevin en 1413. Voir A. Coville, Les Cabochiens et lordonnance de 1413, Paris, Hachette, 1888, p. 178.

47 Voir B.-F. Pocquet du Haut-Jussé, « Anne de Bourgogne et le testament de Bedford (1429) », Bibliothèque de lÉcole des chartes, 95, 1934, p. 284-326, ici p. 291 n. 2 : « En 1411, Jean sans Peur donna du vin de Beaune au “maître des bouchers” (sans le nommer), de même quaux bouchers Thomas Legoix, Gros Guillot, Denisot de Chaumont, Simon Caboche et Saint-Yon » (très probablement ledit Garnot de Saint-Yon). Voir Dijon, Archives du département de la Côte dOr, B 1570, fol. 242v.

48 Voir Ad. Lecocq, « Lettres-patentes de Charles VI (septembre 1413) », Mémoires de la Société archéologique dEure-et-Loire, 1, 1858, p. 62-69. Également : Chroniques dEnguerrand de Monstrelet, nouvelle édition, éd. J.-A. Buchon, t. 3, Paris, Verdière, 1826, chap. cxiii, p. 67-82 (en particulier p. 77-78), qui cite en outre, au nombre des cabochiens qui investirent lhôtel Saint-Pol, les chevaliers Élion de Jacqueville, Robinet de Mailly, Charles de Recourt, dit de Lens, le secrétaire Guillaume Barrau. Le nom de Garnot de Saint-Yon napparaît pas dans le récit des événements rapportés dans la version qua publiée Louis Douët-dArcq. Voir La Chronique dEnguerran de Monstrelet en deux livres avec pièces justificatives 1400-1444, éd. L. Douët-dArcq, t. 2, Paris, Vve Jules Renouard, 1858, chap. cii, p. 343-348 (en particulier p. 344). Voir également Coville, Les Cabochiens, p. 188 sq.

49 Voir Journal dun Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40.

50 J.-C.-L. Sismonde de Sismondi, Histoire des Français, t. 12, Paris-Strasbourg-Londres, Treuttel et Würtz, 1828, p. 432. Plus récemment, à propos de ces événements, voir B. Schnerb, Jean sans Peur. Le prince meurtrier, Paris, Payot, 2005, p. 549 sq. (chapitre 35 : « Un échec politique »).

51 Voir Journal dun Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40, qui renvoie à la Chronique des Cordeliers, p. 219.

52 Renseignements signalés dans Mémoires pour servir à lhistoire de France et de Bourgogne contenant un journal de Paris sous les règnes de Charles VI et de Charles VII, Paris, 1729, p. 140. Il sera promu par ailleurs au titre déchanson du duc Philippe le Bon, par ses lettres du 20 février 1424 n.st., ses gages annuels sélevant alors à 100 francs : voir Mémoires pour servir à lhistoire de France et de Bourgogne, p. 230 ; également A. Longnon, Paris pendant la domination anglaise (1420-1436). Documents extraits du registre de la chancellerie de France, Paris, Champion, 1878, p. 40 n.

53 Voir Coville, Les Cabochiens, p. 403 (daprès Monstrelet).

54 Voir Journal dun Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40.

55 Voir Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris 1417-1435, t. 1 : 1417-1420, éd. A. Tuetey, Paris, H. Laurens, 1903, p. 243 (26 janvier 1419), 294 (5 mai 1419).

56 Voir Coville, Les Cabochiens, p. 406 ; J. Favier, Les Contribuables parisiens à la fin de la guerre de Cent ans. Les rôles dimpôt de 1421, 1423 et 1438, Genève-Paris, Droz, 1970, p. 351.

57 Voir Journal dun Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40 n. 1, qui renvoie à ANF, Z1a 10, fol. 8v et X1a 1482, fol. 4v.

58 J. Boivin (le cadet), « Bibliothèque du Louvre sous les Rois Charles V, Charles VI & Charles VII. Dissertation historique », Mémoires de littérature tirez des registres de lAcadémie royale des Inscriptions et Belles Lettres depuis le Renouvellement de cette Académie jusquen M.DCCX, t. 2, Paris, 1717, p. 758-760. Voir également Delisle, Le Cabinet des manuscrits, t. 1, 1868, p. 47 et, récemment, S. Balayé, La Bibliothèque Nationale des origines à 1800, Genève, Droz, 1988, p. 9-10 n. 40.

59 Voir Longnon, Paris sous la domination anglaise, p. 39-40 n. (qui édite la lettre du 7 avril 1422 daprès ANF, JJ. 172, no 45 et 173 n. 4). Voir également H. Sauval, Histoire et recherche des antiquités de la ville de Paris, t. 3, Paris, 1724, p. 290, 308 et 590.

60 Voir Journal dun bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p. 40 n. 1, qui renvoie à ANF, X1a 1482, fol. 4v.

61 Voir Favier, Les contribuables, p. 351. À propos de sa nomination comme échevin le 22 juillet 1433 avec Jean de la Poterne, voir Journal de Clément de Fauquembergue, 3 : 1431-1436, éd. A. Tuetey (avec la coll. de H. Lacaille), Paris, H. Laurens, 1915, p. 180.

62 Il figure en effet en qualité de bourgeois dans le rôle de la taille de Paris de cette même année. Voir Favier, Les contribuables, p. 274 (no 241).

63 Voir supra, note 12.

64 Voir Morrison, Hedeman, Imagining the past, p. 147.

65 Le compte de la prévôté du Quesnoy de 1451, qui fait suite à une lacune de plusieurs années, est donné pour le dixième rendu par ledit Philippe de Saint-Yon. Il en résulte que cet officier était entré en fonction vers 1442, soit peu de temps après la mort de Marguerite de Bourgogne. Voir J.-M. Cauchies, La législation princière pour le comté de Hainaut : ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg, 1427-1506. Contribution à létude des rapports entre gouvernants et gouvernés dans les Pays-Bas à laube des temps modernes, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 1982, p. 486-487. Cest lui qui se trouve cité, en sa qualité de prévôt du Quesnoy, dans la vingt-cinquième nouvelle des Cent nouvelles nouvelles, dont on saccorde à dater la rédaction dans les anciens Pays-Bas vers 1440-1450 : voir Les Cent nouvelles nouvelles, éd. Th. Wright, 2 tomes, Paris, 1857-1858, ici t. 1, p. 134-137.

66 Les Saint-Yon paraissent avoir été issus dune famille de la vieille noblesse dÎle-de-France (un Philippe de Saint-Yon fut capitaine et comte de Montlhéry au début du règne de Jean II le Bon, vers 1350). Voir à ce propos le Verbal contenant la Noblesse & ancienneté de la Maison de Saint-Yon, in-4o, s.d. [début du xviiie siècle] (Paris, BnF, Imprimés Tolbiac).

67 Ainsi que le suggère Wright, Les Cent nouvelles nouvelles, t. 2, p. 259.

68 Concernant ces événements, voir en priorité P. Champion, Vie de Charles dOrléans (1394-1465), Paris, H. Champion, 1911, en particulier les chapitres xi (La délivrance), p. 272-312 ; xii (Le retour en France), p. 313-328 ; L. Détrez, « Le mariage de Charles dOrléans et de Marie de Clèves à Saint-Omer (26 novembre 1440), daprès les Archives du Nord », Le Livre du Centenaire (1853-1953). Flamands de France, [Lille, S.I.L.I.C.], 1954, p. 329-340.

69 On sait par les contre sommes des dépenses de son hôtel que Marguerite de Bourgogne navait pas quitté sa résidence du Quesnoy durant les semaines du dimanche 20 novembre au samedi 26 novembre 1440 et du dimanche 27 novembre au samedi 3 décembre. Voir ADN, B 3327, pièce no 112.929 : (20-26 novembre 1440) … faite au Quesnoy … en le quelle sepmaine furent les grans comptes et se fu chy le famme messire Symon Dallaing … ; Id., pièce no 112.930 : (27 novembre-3 décembre 1440) : … faite au Quesnoy … en le quelle sepmaine furent chy les conseillers de madamme de Mons au cause des grans comptes, deux jours.

70 Voir G. du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. 3 : Le réveil du roi, 1435-1444, Paris, Librairie de la Société Bibliographique, 1885, p. 162.

71 Voir L. Gilliodts-van Severen, Inventaire des archives de la ville de Bruges publié sous les auspices de ladministration communale, t. 5, Bruges, Edw. Gailliard, 1876, p. 194-196.

72 Voir A. de la Grange, Extraits analytiques des consaulx de la ville de Tournai, 1431-1476, Tournai, H. et L. Casterman, 1893, p. 85.

73 Valenciennes qui avait contribué à hauteur de 6.000 francs pour le paiement de sa rançon. Voir H. dOutreman, Histoire de la ville et comté de Valentiennes, Douai, 1639, p. 173.

74 Pour cet itinéraire, voir Champion Vie de Charles dOrléans, p. 320-324 (qui fait plusieurs erreurs de dates) et 672. Voir E. Gautier, A. Lesort, Inventaire sommaire des archives de Cambrai, Cambrai, F. Deligne, 1907, p. 98 : (2 janvier 1441) Ledit jour a monseigneur le duc dOrleans iij muis de vin … 64 l. 16 s. Charles dOrléans arriva probablement à Cambrai le soir, car quatre compagnons venus à sa rencontre portaient alors des torches devant le prévôt, les échevins et le conseil partis à sa rencontre. (Arch. Com. De Cambrai [détruit], CC.61). Voir ADN, B 3327, pièce no 112.935 : (1er-7 janvier 1441) Contresomme de la depensse de ma tres redoubtee damme la ducesse faite au Quesnoy depuis le dimence premier jour de jenvier lan xl jusques au samedi ensievant. Cest par le terme de vij jours enthirs. En le quelle sepmaine fu chy monseigneur le duc et madamme la ducesse dOrliyens j jour et demi, et le samedi de lautre sepmaine. Et furent despendues les prouvances qui senssievent….

75 Voir Champion, vie de Charles dOrléans, p. 324.

76 L. Lalanne, Dictionnaire historique de la France, t. 1, 2e éd., Paris, Hachette, 1877, p. 289. Également : Champion, La Librairie de Charles dOrléans, p. xxv-xxix (qui édite la liste dressée le 5 novembre 1440 à Saint-Omer par Hugues Perrier et Etienne le Gout, son secrétaire).

77 Champion, Vie de Charles dOrléans, p. 671.

78 Jean de Dunois acheta à son frère Charles la terre de Château-Renault pour 20 mille écus dor. Voir J.-L. Chalmel, Tablettes chronologiques de lhistoire civile et ecclésiastique de Touraine, suivies de mélanges historiques relatifs à la même province, Tours, 1818, p. 199 ; A. Vallet de Viriville, « Documents relatifs à la biographie de Jean, bâtard dOrléans, comte de Dunois et de Longueville », Le Cabinet historique, t. 3, 1re partie, Paris, 1857, p. 3-11 et 105-120, ici p. 112-113.

79 Voir A.-G.-P. de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, t. 6, 7e éd., Paris, Le Normant-Garnier frères, 1854, p. 194.

80 Voir R. Garnier, Dunois, le bâtard dOrléans, Paris, F. Lanore, 1999, p. 237.

81 Voir supra, note 30.

82 On le sait avoir lu par exemple les Antiquités juives de Flavius Josèphe. Voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, p. 317, no 6497 (chambre des comptes de Blois) : Le Livre de Jozephus. Monseigneur de Dunois la en prest. Il sagit à lévidence du volume que signale linventaire de la bibliothèque du château de Blois ; voir Laborde, Les ducs de Bourgogne, t. 3, p. 289, no 6327.

83 Voir Garnier, Dunois, p. 293-294. Le testament de Jean de Dunois et sa seconde épouse, passé à Arles en Provence le 3 octobre 1463, ne fait nulle allusion au moindre manuscrit. Édité dans « Testament de Dunois, selon la copie qui existe aux Archives de la Préfecture du département du Loiret », Mémoires de la Société archéologique de lOrléanais, 4, 1858, p. 422-429.