Résumé : Partant du postulat que le traducteur, en œuvrant pour l’édification encyclopédique et morale du lecteur, œuvre aussi pour son propre salut, nous nous proposons d’observer les modalités de traduction choisies par Jean de Vignay dans le Miroir historial pour transposer en français le discours sur Dieu dans le récit de la Création donné par le Speculum historiale de Vincent de Beauvais. L’examen, fondé sur des approches linguistique, stylistique et pragmatique, montre que, tout en présentant des faiblesses notables dans la connaissance de certains points théologiques et dans la maîtrise du latin, la traduction de Jean de Vignay repose sur des choix qui témoignent d’une intention manifeste d’accentuer la portée persuasive du discours sur le divin et d’infléchir la morale sous-jacente vers une austérité sensible. Le traducteur tient ici un rôle de pédagogue et fait œuvre d’écrivain tout autant que d’intermédiaire linguistique.