Résumé : Jean de Vignay fut-il le défenseur convaincu de la traduction littérale ? Il n’est pas facile de répondre à cette question, dès qu’on refuse de lui attribuer le Livre Flave Vegece de la chose de chevalerie dont le prologue peut être considéré comme un manifeste de la traduction littérale. L’analyse du Directoire, traduction qui reste jusqu’à présent inédite, permet de répondre à cette question. Trois traductions de Jean de Vignay, liées aux projets de la croisade que Philippe VI forme au début des années 1330 (le Directoire, les Merveilles de la Terre d’Outremer, les Enseignemens) tiennent une place à part dans l’œuvre du traducteur à cause de la fréquence des calques syntaxiques et sémantiques. Ces calques indiquent que Jean de Vignay doit identifier la traduction fidèle et la traduction littérale sous l’influence des versions scolaires de l’Ars minor de Donat. Cependant le traducteur ne vise la stricte fidélité à l’original que lorsque sa traduction est destinée au roi et doit jouer un rôle important dans les projets de l’État.