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Classiques Garnier

Introduction

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de lexicologie
    2016 – 2, n° 109
    . La définition
  • Auteurs : Polguère (Alain), Sikora (Dorota)
  • Pages : 9 à 11
  • Revue : Cahiers de lexicologie
  • Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
  • EAN : 9782406068617
  • ISBN : 978-2-406-06861-7
  • ISSN : 2262-0346
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06861-7.p.0009
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/03/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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INTRODUCTION




Definition has been practised and discussed for nearly two and half millen- niuxns. It has been more widely adopted, and less often reviled, than any other part of the original theory of logic drawn up by Aristotle. [...] The word `definition' is more often used by the general public than any other peculiarly logical terni except the word `logic' itself. [...] If a man's car is insured against `collisions', and is then damaged by running roto a body of floodwater pouring across the road, must the insurer pay? Can one `collide' with water? What is the definition of `collision'?
Cette ouverture de l'étude de Robinson (1954:1)', référence incon- tournablepour qui s'intéresse à la définition, pourrait d'office faire apparaître ce numéro des Cahiers de lexicologie sur la définition comme présomp- tueux. D'une part, est-il possible aujourd'hui d'approcher la définition autrement qu'à travers son histoire de plus de deux millénaires? Certes, les études réunies dans Chaurand et Mazière (1990)2 montrent que depuis La Métaphysique aristotélicienne, la définition a bien pris la couleur des siècles et que des analyses linguistiques permettent de saisir les évolutions de sa forme. Mais peut-on considérer que le quart de siècle qui s'est écoulé depuis la parution du volume des Actes du colloque « La définition » a apporté des changements notables?
D'autre part, la définition fait effectivement partie de notre quotidien le numéro 11 de la revue électronique Publif@rum intitulé Autour de la définition (2010)3 présente la diversité des approches (diachroniques, discur- sives, textuelles) possibles, tout en explorant leurs applications aux études littéraires, à la pédagogie, voire ses détournements.
1 Richard Robinson (1954) :Definition, Oxford, Clarendon Press.
2 Jacques Chaurand et Francine Mazière (dir.) (1990) : La définition. Actes du colloque La définition, Université Paris 13, 18-19 novembre 1988, Paris, Larousse.
3 Hélène Giaufret, Michele Prandi et Micaela Rossi (dir.) (2010) :Autour de la définition, Publif@rum, 11, [En ligne], http://www.publifarum.farum.it/show issue.php?iss_id=6, (consulté le 6 mai 2016).
Cah. Lexicol. 109, 2016-2, p. 9-11
10 Dans ce volume, nous proposons un regard à la fois théorique et appli- catifsur la définition lexicographique et sur les évolutions qu'elle a connues dans les dictionnaires et autres ressources lexicales développés pour plusieurs langues, selon des approches théoriques variées. Du côté des utilisateurs, les changements sont également notables, surtout pour ce qui est du mode de consultation et de l'accès à l'information. Plutôt que de feuilleter des volumes, l'utilisateur n'a besoin que d'un clic pour naviguer entre les entrées lexicales, notamment à travers les termes de la définition, devenus des liens actifs. Cet accès rapide à un ensemble d'unités lexicales interconnectées rend toute inconséquence définitionnelle immédiatement détectable, même pour un non-spécialiste.
Par ailleurs, l'implémentation récente de ressources lexicales multidi- mensionnelles et modulaires a nettement modifié le statut de la définition au sein de l'article lexicographique. Les ressources et bases de données électro- niques n'accordent pas nécessairement à la définition le statut privilégié dont elle bénéficiait jadis dans les dictionnaires papier. Elle forme souvent un module descriptif parmi d'autres : il suffit de penser à une ressource telle que WordNet et à l'importance de sa structuration en synsets, face à laquelle la paraphrase définitoire fait presque figure de parente pauvre. La question qui se pose dès lors est celle de savoir comment inscrire la définition lexico- graphique dans une structure de données linguistiques complexe. Souvent, une définition doit se positionner non plus seulement sur le plan purement lexical, mais rester cohérente à l'intérieur d'un système taxinomique tel qu'une ontologie informatique. Quelles sont dès lors les nouvelles contraintes qui pèsent sur elle?
Le présent numéro des Cahiers de lexicologie réunit des études qui, nous semble-t-il, permettent d'envisager les évolutions possibles des méthodes et formats de définition lexicale, aussi bien dans le champ originel de la lexicologie et lexicographie, que dans ses applications, notamment en enseignement/apprentissage du vocabulaire, terminographie et traitement automatique de la langue.
L'article de C. Goddard, qui ouvre ce volume, présente et discute l'état actuel du développement du Métalangage Sémantique Naturel (Natural Semantic Metalanguage).
Les outils du Métalangage Sémantique Naturel sont mis à contribution par C. Levisen dans son étude consacrée à la lexicographie postcoloniale et à l'expression des émotions en bichelamar, créole parlé en milieu urbain de Port-Vila, capitale de Vanuatu (île d'Éfaté dans le Sud du Pacifique).
I. Mel' cuk et A. Polguère présentent l'approche de la définition lexicale développée dans le cadre de la Lexicologie Explicative et Combinatoire au sein de la théorie Sens-Texte, en exposant les propositions les plus récentes quant à la formalisation des définitions.
11 C'est selon les principes théoriques de la Lexicologie Explicative et Combinatoire que l'article de J. Milicevic présente des réflexions issues du projet « Learner-Friendly Lexicographie Definitions in a French Learner's Dictionary » réalisé à l'Université de Dalhousie (Canada). La double approche adoptée par J. Miliéevié —lexicologique et pédagogique —vise un format de définition lexicographique à la fois rigoureux et accessible.
L'article de D. Sikora situe la définition dans ses deux dimensions d'activité (action de définir) et de type d'énoncé qu'un étudiant de langue étrangère doit construire. Une séquence de classe comprenant une série d'activités définitionnelles de niveau A2 du Cadre européen commun de référence pour les langues vient compléter la partie théorique de l'article.
En s'appuyant sur l'expérience lexicographique liée au dévelop- pement des ressources Le dictionnaire fondamental de l'environnement (DiCoEnviro)4 et Le dictionnaire fondamental de l'informatique et de l'Inter- net (DiCoInfo)5, l'article de M.-C. L'Homme et A. San Marin s'intéresse à la microstructure des définitions terminologiques.
S. Seppâlâ, A. Ruttenberg, Y. Schreiber et B. Smith discutent, dans leur article, les deux types de définitions —textuelles et logiques —construites dans les ontologies informatiques. Les auteurs montrent que les définitions textuelles et logiques, destinées respectivement aux utilisateurs humains et aux systèmes informatiques, doivent être complémentaires pour améliorer l'ontologie dont elles font partie.
Ce numéro des Cahiers de lexicologie sur la définition ne saurait se passer d'une réflexion métalexicographique sur les propositions récentes des dictionnaires traditionnels. P. Frassi se penche sur un ensemble de diction- naires de langue française et anglaise, en comparant les paraphrases défini- toires qui y sont proposées.
Il apparaît ainsi, au fil de ces textes, que malgré son âge respectable, la définition lexicale continue à évoluer pour répondre aux exigences qu'im- posent les nouveaux défis lexicographiques.

Alain POLGUÈRE
Université de Lorraine
et ATILF CNRS (UMR 7118)

Dorota SIKORA
Université du Littoral —Côte d'Opale
et HLLI (EA 4030)

4 http://olst.ling.umontreal.ça/cgi-bin/dicoenviro/search.cgi.
5 http://olst.ling.uxnontreal.ca/cgi-bin/dicoinfo/search.cgi.