Aller au contenu

Classiques Garnier

Chronique et comptes rendus

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de lexicologie
    1973 – 1, n° 22
    . varia
  • Auteurs : Zampolli (A.), Wolff (D.), Faucher (E.)
  • Pages : 113 à 128
  • Réimpression de l’édition de : 1973
  • Revue : Cahiers de lexicologie
  • Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
  • EAN : 9782812442759
  • ISBN : 978-2-8124-4275-9
  • ISSN : 2262-0346
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4275-9.p.0115
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/11/2012
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
115
CHRONIQUE ET COMPTES RENDUS
CONGRÈS INTERNATIONAL
DE LEXICOGRAPHIE ANGLAISE
New York, S-7 juin 197

L'INTERNATIONAL CONFÉRENCE ON LEXICOGRAPHY IN ENGLISH, organisée par la New York Academy of Sciences, (Section of Anthropology and Psychology), s'est tenue au New York Hilton du S au 7 Juin i97a.
Le Congrès a principalement illustré le caractère interdisciplinaire de la lexicographie, tel qu'il était exprimé par le sous-titre (A Conference of Interest to Lexicographers, Linguiste, Sociologiste and Psychologists), tout au moins dans la mesure où il a occasionné la rencontre de spécialistes de divers secteurs de la linguistique théorique et de la linguistique appliquée.
A côté des sujets « classiques u de la problématique lexicographique, comme les problèmes de la définition, des exemples de la distinction des divers registres d'emploi, divers sujets qui préoccupent plus particulièrement la lexicographie actuelle ont été traités  :rapports avec la linguistique théorique, rapports entre lexique et grammaire, développement de la lexicologie et de la lexicographie assistées par ordinateurs. Il est vrai que des incompréhensions se sont manifestées au niveau de la terminologie, et même assez souvent au niveau méthodologique entre les lexicographes de type traditionnel et les lexicologues d'orientation moderne. Il a cependant résulté clairement de tout le Congrès que l'étude du lexique est aujourd'hui le pôle d'attraction de la plupart des recherches linguistiques, et qu'elle est destinée à devenir le terrain sur lequel se rencontrent les spécialistes des divers secteurs.
On ne peut pas encore nier la validité des réticences des lexicographes quand ils affirment que les connaissances et les théories linguistiques ne peuvent pa3 (encore  ?) @tre appliquées in extenso pour élaborer un dictionnaire. Cepen- dant, en attribuant dans leurs modèles une fonction toujours plus centrale au lexique, les linguistes sont amenés à reconnaître dans le travail des lexi- cographes une source précieuse de données et de connaissances. Par ailleurs, les lexicographes se sont rendu compte qu'il est opportun d'examiner et d'utiliser les découvertes et les techniques d'autres disciplines, en particulier celles de la linguistique automatique.
A mon avis, les communications qui ont traité le sujet de la compilation et de la gestion des archives lexicales à l'aide des techniques pour l'élaboration électronique des données, sont celles qui ont indiqué les solutions les plus concrètes, les plus réalistes et efficientes, non seulement pour atteindre les objectifs traditionnels de la lexicographie et de la lexicologie, mais également pour développer la collaboration réciproque entre ces disciplines et les
116 recherches linguistiques. Il est significatif que ce sujet ait été le thème, au cours de l'appel 197x, d'autres rencontres internationales  :comme celui de l'Ecole Internationale d'Eté de Pise  :L'élaboration électronique des données linguistiques et littéraires et du Deuxième colloque international de linguistique et de traduction de Montréal.
Les communications présentées au Congrès ont été divisées en 6 sections, à chacune desquelles a été réservée une demi-journée. De nombreuses commu- nications ont été commentées par un «  discussant  », dont l'intervention a été souvent utile pour éclaircir d'éventuels points obscurs et pour contrebalancer certaines affirmations ou prises de position des conférenciers. Souvent même de telles participations se sont transformées en véritables interventions auto- nomes. Voici dans l'ordre du programme un bref résumé des sujets des communications.
A. — LEXICON AND GRAMMAR THEORY AND PRACTICE (I)  :Président
W. Card, Chicago State University, Chicago, Ill., 5 juin, le matin).
D. Bolinger (Harvard University) a affirmé que la lexicologie doit doré- navant consumer la plus grande partie de l'énergie des linguistes. Il est néces- saire de mieux connaître le lexique avant de pouvoir progresser dans d'autres secteurs. La grammaire transformationnelle, la sémantique générative et la grammaire des cas se rejoignent pour affirmer que lorsque des structures concurrentes ayant des sens différents incorporent le même « mot  », on rend compte de la différence en admettant que les mèmes « mots » ne sont pas réelle- ment les mêmes mais qu'ils sont homonymes. Par exemple le verbe must est dis- tingué en « root modal » et « espistemic modal  », dans les deux phrases There must be more attention to details et there must be some reason for it. Dans la première, il signifie on demande que, dans la deuxième il est probable que. Mais dans beaucoup d'autres langues on trouve exactement la même situation. S'il n'y avait pas une intime connexion sémantique entre les deux usages, il s'agirait d'une incroyable coïncidence. Bolinger a cité également des exemples pour montrer que le lexique appporte une plus grande quantité d'informations que toutes les autres parties du langage. Il est plus facile de reconstruire un message qui contient seulement des mots qu'un message qui ne contient que des relations syntaxiques. En comparant toute une variété de langues, il est évident que de nombreuses relations grammaticales n'y sont pas exprimées explicitement mais sont au contraire inférées par des affinités sémantiques implicites. Il est essentiel de comprendre le lexique pour comprendre également la gram- maire. Le principe de la linguistique structurale selon lequel les unités linguis- tiques ne sont pas valables indépendamment de leurs relations paradigmatiques avec d'autres unités, ne peut être affirmé tant que l'on n'aura pas fait un effort notoire pour analyser une partie représentative de l'ensemble. Bolinger a suggéré quelques problèmes et quelques procédures pour procéder à cette analyse.
La communication de L. Zgusta (Univ. of Illinois, Urbana, Ill.) Lexi- cology  :Range and Problems, a discuté le statut linguistique des unités lexicales. Le lexicologue comme le lexicographe se demandent si l'on doit accepter l'idée, exprimée par de nombreuses écoles générativistes, selon laquelle les mots dérivés (ex  :cruiser) et composés (ex  : battleship) ne sont pas énumérés dans le lexique, mais sont produits par des morphèmes pendant la génération de la phrase. Zgusta a montré avec des exemples que le sens de beaucoup de ces mots n'est ni complètement inclus, ni exhaustivement indiqué par les
<t) Nous avons renoncé à traduire dans ce rapport les intitulés anglais suffi- samment explicites (n. d. 1. r.).
117 morphèmes qui les constituent. Ces morphèmes sont seulement une repré- sentation sélective de toutes les propriétés pertinentes et essentielles de la classe d'objets dénotée. Certains considèrent que la grammaire générative reflète en quelque sorte la compétence du sujet parlant, d'autres que le processus génératif doit être considéré comme un modèle purement abstrait sans lui attribuer aucune coincidence ou ressemblance avec la production d'une phrase réelle de la part du sujet parlant. Dans le premier cas, il semble tout à fait invraisemblable que le sujet parlant recrée chaque fois à nouveau le mot dérivé ou composé en produisant des phrases. Si cela arrivait, nous devrions nous attendre nécessairement à des variations. Nous devons retenir que des expressions stabilisées comme battleship appartiennent à la compétence du sujet parlant comme des mots autonomes. Le rôle de la productivité explique la naissance des néologismes et la grammaire générative est particulièrement apte à s'occuper du phénomène de la productivité lexicale. La même conclu- sion semble valable également pour ceux qui adhèrent à la seconde façon d'inter- préter le modèle génératif, du fait que le sens du mot ne peut être obtenu par la simple combinaison des sens des deux morphèmes. Pour les recherches lexicologiques, il est toutefois important de construire des dictionnaires de morphèmes et de mots d'une langue où soient indiqués non seulement leurs sens mais également leurs possibilités combinatoires actuelles et potentielles, le degré d'acceptabilité de combinaisons possibles mais non attestées, le champ de productivité de chaque élément, etc. De même, il serait très utile d'étudier la perte de transparence morphémique dans les mots dérivés et composés. Ce type d'indication nous permettrait d'entrevoir le dynamisme synchronique d'une langue.
P. L. Garvin (State Univ. of New York, Buffalo, N. Y.) a discuté les deux communications. Parmi les diverses considérations, la transposition des pro- blèmes traités dans les deux communications précédentes dans le domaine de la linguistique assistée par ordinateur et en particulier de la traduction automatique, fut très intéressante. Il a mentionné en particulier le dictionnaire- machine, la nécessité d'y insérer les formules idiomatiques et la priorité accordée au lexique sur la grammaire dans l'histoire de la traduction auto- matique.
H. A. Gleason, Jr. (Univ. of Toronto, Ont., Canada) a présenté un exposé intitulé Grammatical Prerequisites. Même si généralement on admet que la lexicographie doit employer en quelque sorte les découvertes de la grammaire, l'apport direct des écoles linguistiques modernes pour les tech- niques lexicographiques aété faible. Ces critiques ont été faites par exemple à l'appartition du Webster's Third, qui n'aurait pas utilisé les nouvelles idées et les nouvelles techniques élaborées par les linguistes. Cela est dû en partie aux conditions pragmatiques différentes dans lesquelles opèrent les lexico- graphes et les linguistes, mais surtout au fait que beaucoup de nouvelles tech- niques ont été seulement illustrées par des exemples ou des expériences pilotes portant sur des cas favorables. Ils ne permettent guère une application systématique à une entreprise lexicographique de quelque extension. Il est également vrai que les théories courantes ont accordé peu d'attention à cer- tains aspects de la formation de la phrase qui sont d'importance fondamentale pour les lexicographes. En particulier, on n'a pas étudié suffisamment le rôle de la redondance dans la sémantique des phrases ou des textes. Les linguistes sont convaincus que le sens (ou les sens) d'une phrase peu(ven)t être obtenus) à partir du sens des mots par un calcul qui utilise la structure syntaxique de la phrase. Ce calcul s'effectue en sélectionnant les traits signifiants appropriés, parmi ceux qui sont présents dans les mots, et les relie entre eux. Si nous acceptons cette notion, nous devons conclure que l'usager recourt au diction-
118 mire quand ce calcul échoue car il manque d'informations lexicales appro- priées pour tous les mots de la phrase. Mais selon Gleason, les sujets parlants n'agissent pas ainsi pour interpréter une phrase  ;très souvent ils réussissent à comprendre des énoncés qui contiennent des mots inconnus ou insuffisam- ment connus. Cela s'explique en admettant qu'il y a en moyenne dans les phrases un fort pourcentage de redondance et que la redondance détermine la réaction de l'auditeur bien plus que son expérience passée et sa mémoire verbale.
Gleason a démontré, à l'aide d'exemples, comment tous les énoncés bien formés peuvent comporter non seulement une autre redondance lexicale, mais également une redondance syntaxique et une redondance entre syntaxe et lexique. La redondance est à la base non seulement du travail du lexico- graphe, mais également de l'usager du dictionnaire, et elle est essentielle également dans le processus d'apprentissage de la syntaxe et du lexique. La redondance entre le message linguistique et les expectatives de l'auditeur/ lecteur explique comment sont entendues également des phrases qui ne sont pas formées suivant les règles grammaticales de la langue littéraire. Ces signes linguistiques « pas bien formés  »constituent en réalité la partie la plus impor- tante du langage, et à la rigueur, c'est le langage littéraire qui est anormal. De ce point de vue, le langage poétique est «  le mieux formé  ». Tant que les linguistes ne produiront pas de théorie grammaticale qui confère à la redon- dance un rôle central, la grammaire continuera à figurer dans la lexicographie de façon vague et informelle. A cet effet, il est important aujourd'hui de recueillir une grande quantité de données, et l'on procédera ensuite à leur interprétation.
K. L. Pike (Univ. of Michigan, Ann Arbor, Mich.) a discuté certains points de la communication de Gleason, à la lumière de la théorie tagmémique. Recueillir une grande quantité de données ne suffit pas à résoudre les pro- blèmes sans une procédure heuristique, même si elle n'est pas mécanique. On doit se préoccuper, soit au niveau lexical, soit au niveau syntaxique, non seu- lement du fait que l'usager fait appel au dictionnaire pour décoder des mots ou des structures inconnues, mais également du fait que l'usager fait plus souvent appel au dictionnaire pour coder des signifiés lexicaux ou grammati- caux connus. On doit compléter le schéma de Gleason  :langage scientifique, langage poétique ou littéraire, avec le langage pédagogique. L'efficience du premier vient de la segmentabilité et de la non-redondance  :théoriquement, dans ce cas, la correspondance signifié-morphème est biunivoque ; et pour cette raison l'analyse en constituants immédiats y est valable. L'efficience du troisième vient de l'usage délibéré de la redondance avec la représentation multiple du même signifié. La deuxième atteint sa propre efficience au moyen d'une «  anti-redondance  », c'est-à-dire en utilisant délibérément des éléments qui signalent deux ou plusieurs signifiés à la fois. Chaque langage les utilise tous les trois, dans un processus diachronique d'oscillation qui assure la conservation de la possibilité de communication linguistique.
M. H. Scargill (Univ. of Victoria, Canada) avait été choisi pour discuter la communication de M. Mathiot (State Univ. of New York, Buffalo, N. Y.) Grammatical Problems in Treating The Lexicon  :Grammatical versus Lexical Status. Selon Madeleine Mathiot, le lexique et la grammaire doivent être considérés comme deux dimensions séparées du langage, chacune ayant ses propres unités et un propre ensemble de relations. Ce point de vue est confirmé par les études sur l'apprentissage de la langue (dans ses premières étapes d'acquisition, l'enfant opère avec le lexique et non avec la grammaire), sur les cas d'aphasie (ces cas peuvent intéresser séparément la grammaire ou le lexique) et sur les dialectes (parmi lesquels certains, comme les slangs, semblent différer dei leur langage standard seulement en ce qui concerne le lexique). Le fait de
119 postuler l'indépendance du lexique par rapport à la grammaire a pour consé- quence immédiate que les critères grammaticaux ne servent pas à identifier les unités lexicales. Les unités lexicales ne coincident pas avec les « mots  », concept qui ne s'applique qu'à des unités grammaticales d'un certain ordre. On sait que beaucoup d'unités lexicales consistent en plusieurs mots. Madeleine Mathiot a insisté sur le fait que beaucoup de mots n'ont pas de statut lexical. S'il en est ainsi, le problème principal que la grammaire pose à la lexicographie est celui d'exclure du lexique les unités qui, n'ayant .qu'un statut grammatical, ne lui appartiennent pas. Le but principal de cette communication fut d'explorer la possibilité de développer des moyens empiriques pour reconnaître ces éléments.. Naturellement, cette tâche fait partie de la procédure générale qui doit indiquer les moyens grâce auxquels on peut déterminer la façon d'appliquer la définition du lexique aux cas concrets. Le lexique est défini comme « the system of reference to the varions basic types of phenomenon distinguished by the culture  ». Un système peut être inféré de l'observation et de la mani- pulation du comportement qui le réalise. Dans le cas du système lexical le comportement approprié est le «  naming behavior  ». C'est pourquoi la pro- cédure exposée par Madeleine Mathiot est basée sur l'utilisation de quelques questions que les sujets parlants placent communément dans une culture donnée, ainsi que sur le type de réponse. On utilise en particulier les «  subs- tantive questions  » ou «  wh questions  ». Les mots de la phrase qui ne peuvent constituer une réponse minimale à de telles questions n'ont pas de statut lexical. Le lexicographe peut choisir entre la possibilité de les mettre dans le dictionnaire, les reléguer dans un glossaire spécial, les inclure dans le diction- naire en avertissant qu'ils n'ont pas de statut lexical. La troisième solution semble la plus pratique, car l'usager ne peut connaître le statut des mots qu'il cherche dans le dictionnaire.
B. - DIALECTOLOGY AND THE DICTIONARY (PréSldent H. B. Allen, Univ. of Minnesota, Minneapolis, Minn., lundi 5, après-midi).
La communication de A. R. Duckert (Univ. of Massachusetts, Amherst, Mass.) intitulée Regional and Social Dialects in Dictionaries, a examiné le trai- tement des parlers régionaux et sociaux dans les dictionnaires de la langue anglaise et en a également tracé un bref historique. Il estime que les matériaux qui sont actuellement recueillis pour préparer le Dictionary of American Regional English, ainsi que d'autres matériaux linguistiques, pourront cons- tituer une documentation très utile pour les lexicographes, en particulier en ce qui concerne la classification et la description des termes régionaux ou d'un usage limité à des groupes sociolinguistiques déterminés. L'auteur a remarqué que les annotations des dictionnaires actuels sont souvent en désac- cord avec les faits établis par les chercheurs et les sondages. Le lexicographe est libre de décider l'espace qu'il doit donner à ces informations dans un dictionnaire général, mais il a le devoir d'utiliser les résultats des recherches spécialisées.
A. McIntosh (Univ. of Edinburgh, Scotland) dans sa communication Word Geography in the Lexicography of Medieval English, a examiné les données disponibles sur la répartition géographique des mots du Moyen Anglais. S'il est vrai que des manuscrits différents d'un même texte contiennent souvent des modifications lexicales systématiques en accord avec la norme locale, il est nécessaire de localiser les manuscrits dans lesquels apparaissent des varia- tions de ce type. McIntosh a proposé quelques techniques et les a illustrées au moyen de cartes sur la répartition géographique de certains mots. Il prévoit qu'il sera possible de représenter avec assez de précision, beaucoup de mots sur des cartes de ce type.
120 Le thème Social Impact of Dictionaries a été traité, pour les U.S.A. par A. Walker Read (Columbia Univ., New York) et pour le Royaume Uni par R. Quirk (Univ. College, London). Ce dernier a rapporté une recherche effec- tuée sur l'usage des dictionnaires anglais unilingues de la part d'étudiants universitaires anglais et sur leur jugement et réactions.
C. Revard (Washington Univ., St. Louis, Mo.) dans sa communication How to make a Utopian Dictionary of the English Language, a commencé par énumérer les avantages multiples qui proviennent de la transposition pour l'ordinateur des données qui intéressent le lexicologue et le lexicographe et il a énoncé ensuite quelques méthodes pour découvrir et exprimer dans le dictionnaire les divers types de relations sémantiques possibles entre deux et plusieurs sens.
Les dictionnaires en général ne décrivent pas les relations sémantiques entre les signifiés, ou donnent seulement les descriptions ad hoc. L'ordre linéaire des acceptions à l'intérieur d'un article est complété par quelques types de renvois (cross-reference), comme la synonymie, l'antonymie, en plaçant comme sous-lemme les formes dérivées avec des affixes. Mais certains types de rela- tions sémantiques sont ignorés ou vaguement mentionnés. Un Utopian Dictionary devrait fournir la description des divers types possibles de relations sémantiques, et les indiquer chaque fois qu'elles apparaissent dans le lexique. C. Revard a présenté quelques méthodes pour obtenir de telles descriptions et pour représenter dans le dictionnaire les relations sémantiques en question. Ces méthodes comprennent, entre autres, des procédés pour analyser des phénomènes suivants
1) dérivation avec affixes,
a) composition et « conversion  » (normalisation et verbalisation), 3) grammaire des cas et corrélateurs de propositions,
q.) métaphores.
Ces analyses doivent tenir compte des processus de génération et d'évo- lution du sens des mots.
R. W. Burchfield, éditeur du Supplment to the Oxford English Dictionary, dans sa communication Data Collecting and Research, a illustré les méthodes artisanales traditionnelles qui constituent le système de regroupement des données pour le nouveau Supplement (Vol. I, A-G, 197x)  :mise sur fiches manuelles, sélection manuelle, machine pour photocopier, etc. Une innova- tion dans le traitement des étymologies est l'inclusion de détails sur la forma- tion des termes scientifiques, en plus du nom du créateur et de la date. Le contrôle bibliographique des exemples cités dans le supplément a été effectué selon des critères plus rigoureux que ceux qui avaient été utilisés pour le dictionnaire principal.
C. — PRONUNCIATION  : THEORY AND PRACTICE (Président A. J. Bronstein, Lehman College, City Univ. of New York, 6 juin, le matin).
W. S. Avis (Royal Military College, Kingston, Ont., Canada)  : Phonology Problems in Editing A Canadian Dictionary. La rédaction d'un dictionnaire canadien est rendue complexe par la grande variété des systèmes de pronon- ciation, qui seraient plus nombreux que ceux de l'anglais en Angleterre ou aux U. S.A. à cause de aoo ans d'influence linguistique due à l'arrivée d'immigrants de ces deux pays. Le problème doit être affronté soit en adoptant un système de transcription capable de représenter toutes les particularités au niveau pho- nématique et subphonématique, soit en multipliant les enqu@tes.
A. C. Gimson (Univ. College, London) Phonology Theory and the Lexicographer, a déploré la disparité des données consignées dans les diction-
121 naires anglais qui traitent de la prononciation, aussi bien dans le choix du type de prononciation que dans les techniques de transcription, et il a souhaité qu'un dictionnaire général, à la différence des dictionnaires de prononciation, introduise une conformité d'usage parmi les divers dictionnaires d'anglais, ou au moins entre Amérique et Grande-Bretagne.
La communication de E. Artin, (G. et C. Merriam Co., Springfield, Mass.) Dictionary Treatment of Pronunciation  : General, discutée par L. A. Pederson (Emory Univ. Atlanta, Ga.) a exposé l'évolution du traitement de la pronon- ciatlon dans les Meriam- Webster Dictionaries, depuis les positions normatives d'autorité jusqu'à l'accueil et l'étude des variétés régionales.
J. Sledd (Univ. of Texas, Austin, Tex.) dans sa communication  : Pro- nunciation Practice  : Regional, a, lui aussi, insisté sur la nécessité d'incorporer les découvertes de la sociolinguistique et de la phonologie générative au moins dans la description des principales variétés standard nationales et régionales des langues du monde. Au contraire de nombreux dictionnaires présentent seulement une sélection de données non élaborées qui ne sont guère plus que des instructions pratiques pour une prononciation acceptable. Pour ce faire, il faut surmonter le ` generation gap 'entre linguistique, qui coïncide avec l'incommunicabilité entre les théoriciens et les savants compilateurs.
D. - GRAMMAR, USAGE, AND THE DICTIONARY (Président W. Nelson
Francis, Brown Univ., Providence, R. I., 6 juin, après-midi).
La première partie de la séance a été consacrée au thème Lexicography and Generative Grammar. La sémantique générative était représentée par trois spécialistes très connus, même en Europe  :George et Robin Lakoff (Univ. of Michigan, Ann Arbor, et Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences, Stanford, Calif.) et leur «  discussant  », J. D. McCawley (Univ. of Chicago, Ill.). Beaucoup de mots ont plus d'un sens et les dictionnaires les énumèrent en général chronologiquement et les rangent dans certaines catégories comme archaique, vulgaire, technique, etc. Mais, comme l'a observé G, Lakoff, cela sous-entend que l'on connaisse ce qu'est le sens d'un mot. Des études récentes ont démontré au contraire que la notion de « sens d'un mot  »est bien plus mystérieuse qu'on ne le croit. Il a discuté les divers types de critères pour identifier le sens d'un mot. Le titre de la communication de R. Lakoff était Context and connotation in the dictionary. L'un des buts d'un article de dictionnaire est de mettre l'usager à même de déterminer l'emploi précis d'un mot  : le contexte, syntaxique et sémantique, dans lequel il est approprié. Normalement, la définition s'en tient au pur sens dénotatif d'un mot, et néglige les problèmes de sa connotation et de son association contextuelle. Ces restrictions simplifient le travail du lexicographe, mais rendent probable- ment plus difficile, pour l'usager, la tâche d'apprendre du dictionnaire ce qui lui sert. La communication de R. Lakoff fut centrée sur les propriétés contex- tuelles et connotatives de quelques unités lexicales, pour montrer comment elles peuvent étre traitées par les linguistes théoriques et par les lexicographes. Elle a discuté, entre autre, les sujets suivants  :combien le sens d'une unité lexicale est complexe, ce que sont les composantes qui déterminent le sens, si le but de la linguistique théorique peut être compatible avec celui de la lexicographie pour déterminer la structure sémantique des mots. A ce propos R. Lakoff a fait une très nette distinction entre un lexique théorique et les dictionnaires. Cette distinction est analogue à celle qui existe entre la grammaire théorique et la grammaire pédagogique. Quand on écrit une grammaire péda- gogique on peut ne pas expliciter de nombreux éléments. Par exemple, il n'est pas nécessaire de parler des nombreuses restrictions sémantiques qui opèrent dans le langage  :les grammaires pédagogiques de l'anglais ne signalent
122 pas que l'on ne doit pas dire To morrow I saw ,~ohn. Ces omissions, avec d'autres, distinguent une grammaire pédagogique d'une grammaire théorique, laquelle, d'une façon ou d'une autre, doit donner ces informations. On demande typi- quement àune grammaire théorique d'analyser les phrases dans leur structure
logique 'profonde. L'usager d'une grammaire pédagogique n'a pas besoin de ces informations  :aussi dit-elle beaucoup moins que ce que nous savons spontanément sur le sens des mots. Un lexique théorique au contraire doit dire beaucoup de choses qu'un dictionnaire ne dit pas. Il analyse par exemple les signifiés dans leurs éléments atomiques, tandis que la plupart des éléments qui se trouvent dans la structure logique n'ont pas de forme superficielle dans le dictionnaire. R. Lakoff conclut que l'on doit avoir deux notions de signifié (ou définition) de même que l'on doit avoir deux notions de grammaire.
Celui qui fait un dictionnaire, comme celui qui enseigne la grammaire, s'occupe d'éléments qui ne constituent pas la partie fondamentale du système conceptuel humain. Le but d'un dictionnaire, comme celui d'une gram- maire pour l'enseignement, est de communiquer ce que le sujet parlant ne connaît pas encore. Un hypothétique martien qui arriverait sur la terre, au contraire, aurait besoin d'un lexique théorique. Celui-ci pourrait lui donner ce que l'on doit savoir pour parler, toutes les connaissances possédées et utilisées intuitivement par un être humain, qui permettent d'interpréter les énoncés et d'employer les mots de façon appropriée. Beaucoup de phrases ne peuvent pas être interprétées avec les seuls éléments fournis par les diction- naires. On a suggéré qu'une encyclopédie pourrait informer sur les fonctions et sur les usages du monde réel. R. Lakoff a démontré, à l'aide d'exemples, qu'il existe des présuppositions et des connaissances du monde réel qui ne peuvent pas même entrer dans les définitions d'une encyclopédie. Il y a des aspects du signifié qui ne peuvent être traités dans aucune oeuvre de consultation ; le signifié va au-delà d'une définition formelle superficielle.
La deuxième partie de la section fut dédiée aux recherches sur les phé- nomènes de l'usage et à leur traitement dans les dictionnaires. La communi- cation de A. H. Marckwardt (Princeton Univ., N. J.) fut discutée par D. W. Maurer (Univ. of Louisville, Ky.). Dans les vingt dernières années, les dictionnaires ont généralement appliqué l'étiquette informelle à la place de ce que l'on désignait précédemment comme familier, et l'étiquette non standard ou substandard à la place de l'étiquette plus ancienne de non littéraire. Ces désignations ont été appliquées toutes les deux de manière incohérente ; familier a été confondu avec argot (slang), non littéraire avec dialectal. Pour éliminer les confusions, il faut des définitions plus claires de ces termes et l'on doit tenir compte des recherches dialectologiques. Si l'on entreprend des enquêtes systématiques sur l'usage, il faut instaurer une méthodologie soignée et établir par exemple quels phénomènes sont à inclure dans l'enquête, la qualité des informateurs, si les mots doivent être présentés dans leur contexte, la neutralité des instructions et du contexte, la façon de présenter les résul-
tats, etc.
V. G. McDavid (Chicago State Univ, Chicago, Ill.) dont la commu- nication fut discutée par S. C. Monson (Scott, Foresman et Co., Chicago, Ill.) a rapporté que, de l'examen de 5 dictionnaires scolaires très répandus, on peut déduire que les descriptions du statut des phénomènes d'usage sont souvent plus soignées que celles que l'on trouve dans les manuels.
W. F. Twaddell (Brown Univ., Providence, R. I.) a conclu sa commu- nication Lexicography and People, présentée à l'occasion du banquet du soir, avec ces mots «  Homage, then, to people who are lexicographers  : theirs the labors of Hercules, theirs the fate of Sisyphus  !  ».
123 E. - PROSLEMS OF DEFINITION (I'réSident S. M. Kuhn, Univ. of Michi- gan, Ann Arbor, Mich. matinée du ~ juin).
M. Joss (Univ. of Toronto) est resté fidèle à sa renommée de «  a colorful, unorthodox and ever controversial linguist  », comme l'a défini Y. Malkiel (Univ. of California, Berkeley, Cal.) qui a discuté avec beaucoup de clarté sa communication. Selon Malkiel, Joss a caractérisé sa position sous deux aspects. Le premier, dans une optique psychologique, a centré l'attention sur l'usager du dictionnaire, son «  back ground  »présumé, les espoirs et la motivation qui le poussent à consulter un dictionnaire unilingue Le deuxième aspect, plus strictement lié au problème de la définition, concernait la difficulté d'éviter la circularité des définitions, car l'usager est souvent renvoyé d'une définition à une autre, à l'infini. La réponse de M. Joos, face à cette difficulté, consiste à choisir des axiomes comme « ingrédients minimaux  »des définitions. Pour les mots non techniques ces axiomes seraient des mots de tous les jours ; chaque domaine technique aurait au contraire ses propres axiomes spéci- fiques. De plus, les limites du domaine devraient être établies en disant ce qu'il n'est pas. Malkiel n'a pas approuvé ce négativisme. Il a pris position sur le rapport entre dictionnaire unilingue et encyclopédie. Pour éviter le retour à la solution, aujourd'hui dépassée, de les fondre ensemble, il a suggéré la pla- nification conjuguée d'un ensemble fortement intégré de dictionnaire et d'ency- clopédie, comme moyen pratique de sortir de la confusion en matière de défi- nition, spécialement dans le secteur des termes techniques.
La communication Vagaries of Definition de W. V. Quine (Harvard Univ., Cambridge, Mass.) est l'une de celles qui ont le mieux réalisé l'inter- disciplinarité souhaitée par le Congrès. L'antique confusion de signe et objet, peut-être contemporaine du langage lui-même, apparaît encore dans la façon de parler de la définition. On parle de définir un mot, mais également de définir une chose et une classe de choses. On parle d'une expression définitoire, mais également de propriétés définitoires d'une chose ou d'une classe de choses. Une définition réelle, selon la tradition aristotélicienne, donne l'essence de l'objet. La propriété définitoire fait partie de l'essence de l'objet. Cette attitude se prolonge dans la distinction entre sens et informations collatérales. Certains pensent que le dictionnaire "pur " (pure), s'il existait, devrait s'en tenir rigoureusement au sens, en laissant ainsi à l'encyclopédie une grande partie du contenu des dictionnaires actuels. Même si cette opinion n'est exprimée que de façon abstraite, puisque l'on admet que le dictionnaire commun est en fait plus utile, on peut la considérer comme une survivance de la doctrine des essences. La distinction entre ce c~ui appartient au sens d'un mot et ce c~ui vaut comme information périphérique, n'est pas plus claire que la dis- tinction entre l'essence d'une chose et ses acctdents. Les philosophes ont insisté sur la distinction entre propositions analytiques et synthétiques. Une propo- sition vraie est analytique si sa vérité est seulement due au sens des mots ; sinon elle est synthétique. Un critère objectif pour une telle division est élusif. Ce dernier pourrait être recherché dans le processus d'apprentissage  :les sujets parlants apprennent pour la plupart les mots, en apprenant les propo- sitions vraies qui les contiennent. Une proposition est analytique si l'on peut présumer que les sujets parlants ont appris la vérité de la proposition au cours de l'apprentissage de certains mots. Le désir de définir quelque chose de manière analytique, quelle que soit la façon dont est compris ce terme, est un vestige d'essentialisme que l'auteur veut abandonner. Dans la science aussi un tel vestige survit, mais il est différent et complètement acceptable. Il consiste à dégager ces traits distinctifs minimaux d'un composé chimique, ou d'une espèce, ou de tout autre chose, qui le relient directement aux lois fondamen- tales de la science. La définition est utilisée en philosophie et, abondamment,
124 en mathématique avec une fonction réductrice. Elle a également une grande diffusion en lexicographie. Cela est plus évident dans les dictionnaires bilingues, dans lesquels tous les mots étrangers sont paraphrasés avec le lexique de la langue maternelle. Le but d'un tel dictionnaire, pour un non-spécialiste, est la réduction du langage étranger obscur au langage connu. Le but d'un dictionnaire unilingue est similaire  :réduire les mots peu familiers à ceux qui sont familiers. Cette réduction peut être rendue plus efficiente en adoptant une structure guide  : défi- nirchaque mot exclusivement au moyen des mots de plus grande fréquence, qui, eux, ne seraient jamais définis. Ils pourraient constituer une sorte de Basic English, qui serait utilisé sans être mentionné. Cette structure aurait non seule- ment une utilité pratique, mais encore la valeur d'un modèle théorique. Elle augmen terait évidemment l'affinité théorique entre les dictionnaires bilingues et monolingues. L'auteur a enfin fait allusion à la différence entre les définitions au sens étroit, qui sont éliminatoires, et d'autres types présents dans les dictionnaires. Cette importante opposition n'est pas reliée aux vieilles oppo- sitions analytique/synthétique ou substance/accident. Tout ce que nous voulons d'une définition, c est qu'elle permette d'éliminer le mot défini en paraphrasant tous les contextes linguistiques dans lesquels le mot peut être employé. Ce que l'on demande à une définition éliminatoire d'un mot W, sur la base d'un certain dictionnaire de définition V, est qu'elle explique comment paraphraser n'importe quelle phrase S dans laquelle se trouve le mot W, en une nouvelle phrase qui ne contienne que des mots de V et de S, différents de W. Définir c'est éliminer  :éliminer de tous les contextes d'occurrence actuelle. On doit cependant admettre que d'ultérieures explications lexico- graphiques non éliminatoires sont naturellement de grande utilité pratique.
H. B. Woolf (G. et C. Meriam Co., Springfield, Mass.) dans sa commu- nication Definition Practice and Illustration a énoncé, d'après sa propre expé- rience de lexicographe et d'instructeur de lexicographes, les qualités per- sonnelles que le lexicographe «  définisseur  »doit posséder.
A. J. Aitken (Univ. of Edinburgh) a développé le thème Definitions and Citations in a Period Dictionary. Un dictionnaire historique est essentiellement un recueil de citations analysées dans l'ordre alphabétique. En principe, il est possible chue l'usager du dictionnaire dégage de lui-même les données relatives à l'histoire et à la distribution des mots dans leurs divers sens et formes, en examinant simplement l'ensemble des citations données. Mais les définitions sont nécessaires pour faire connaître au lecteur les déductions que le rédacteur a tiré de l'élaboration du "sens " ou des "sens " du mot, pour rendre explicite ce qui distingue les divers types de contextes et pour rendre possible un rapide aperçu de l'article tout entier.
A. A. Hill (Univ. of Texas, Austin) a commencé sa communication Some Thoughts on Segmentation of Lexical Meaning, en reparcourant les étapes récentes de sa pensée dans le cadre de l'évolution de la linguistique américaine. Même si, pendant les dernières années, il y eut beaucoup de contributions importantes, « the difficulties in describing the meaning of words are of course still with us  ». L'opération de différenciation des "mots " grâce à leur "sens " semble circulaire, car on utilise les "mots " pour identifier le "sens ". En 1969, l'auteur a essayé de démontrer que des phrases égales, contenant quelques mots employés avec des sens différents, peuvent être identifiées au moyen d'un contexte plus vaste. En examinant l'arbre de dérivation donné par Katz et Fodor (1963) pour bachelor, l'auteur a montré que celui-ci est contradictoire car deux branches séparées présentent indépendamment des éléments sem- blables de sens. C'est la même situation qui a porté des spécialistes de linguis- tique historique à remplacer les arbres descendants par des diagrammes de cercles intersécants. Dans l'analyse sémantique des mots, des conflits inconci-
125 liables dans les arbres de dérivation induisent à traiter deux formes, comme bachelor " unmarried man " et bachelor " unmated fur seal ", en tant que mots distincts, et non comme l'on fait en général, en tant que sous-divisions d'un même mot. Dans sa discussion sur la communication de Hill, A. Cameron (Univ. of Toronto, Ont.) a été d'accord pour critiquer le système des arbres, comme modèle sémantique, en vertu de son expérience de rédacteur du Dictionary of Old English.
F. — TECI-IxoroGY IN LEXICOGRAPHY (Président V. H. Yngve, Univ. of Chicago, Chicago, Ill., le ~ juin après-midi).
Cette section fut peut-être la plus intéressante du Congrès, malgré l'absence de M. A. K. Halliday (Univ. College, London) qui aurait dû discuter la commu- nication de L. Urdang (L. Urdang, Inc., Essex, Conn.). Cette communication, avec celle de R. L. Venezky (Univ. of Wisconsin, Madison, Wis.) et la dis- cussion correspondante de R. W. Bailey (Univ. of Michigan, Ann Arbor, Mich.), a constitué la première partie de la section. Ces communications ne se sont pas limitées à illustrer les possibilités offertes par les techniques modernes, mais ont montré comment leur emploi conduit inévitablement au concept d'azchives centrales, en anticipant ainsi en un certain sens, sur la deuxième partie de la section, constituée par le Panel  : Design for a Central Archive for Lexicography in English.
Le point de départ de la communication de R. L. Venezky, Technological Applications  :Computers and the Dictionary, fut la constatation qu'aujourd'hui le travail du lexicographe ne peut être conçu sans l'emploi des ordinateurs, mais que d'autre part, l'évolution des applications des ordinateurs en lexico- graphie est arrivée à un point de sa saturation. Les ordinateurs produisent plus de données qu'une équipe rédactionnelle de dimensions raisonnables ne peut en élaborer en travaillant selon les procédés actuels. Les méthodes de compilation d'un dictionnaire peuvent être divisées en ¢classes. Dans la première se trouvent les opérations qui comportent le transfert des données d'une forme en une autre  : recopier à la mam ou photocopier des contextes particuliers ; transcrire le texte, en entrée d'ordinateur, par perforation, lecture optique etc. ;transférer l'article écrit par le rédacteur dans la copie imprimée grâce aux divers types de frappe, au photocopieur, ou à la photo- composition. Tandis que, jusqu'à ces dernières années, le transfert des don- nées sur ordinateur s'effectuait par la perforation (de fiches ou de bandes), il existe aujourd'hui de nombreuses alternatives, comme celle de taper le texte sur un terminal ou sur une matrice lisible par un lecteur optique, ce qui peut réduire le temps et le prix de revient. Pour transférer des données en output, la photocomposition, même si elle peut atteindre des prix prohibitifs pour des projets de faible envergure, présente cependant une importante épargne de temps et d'argent pour les autres applications. Dans la deuxième classe se trouvent les processus qui exigent l'élaboration des données au niveau des formes graphiques, comme la contextualisation et la mise en ordre alpha- bétique. Pour eux aussi, les développements du hardware (disques et en général mémoires périphériques étendues et rapides) et du software (techniques pour la mémorisation et le retrieval de l'information) permettent d'importants gains de temps et d'azgent.
Mais ces avantages indéniables sont très limités paz la vitesse du rédacteur humain. Ainsi, à l'augmentation quantitative des données qui peuvent être recueillies automatiquement, ne correspond pas un avantage qualitatif propor- tionnel, car la capacité de l'équipe rédactionnelle est saturée. II est nécessaire que l'ordinateur assiste le lexicographe également dans sa procédure d'analyses (troisième classe  : lemmatisation et classification des acceptions) et dans les
126 processus intégratifs (quatrième classe) qui permettent d'écrire les définitions, de choisir les contextes exemplificatifs, somme toute de rédiger l'article. Selon Venezky, certaines applications des ordinateurs à des disciplines similaires, peuvent être utiles également dans le domaine lexicographique, mais leur adoption exige «  a change from using computers as passive clerlcal aids to using them as active editorial aids  ». Les techniques pour la lemmatisation de formes univoques avec un dictionnaire-machine ont été développées etmises au point depuis des années dans d'autres domaines. Il est clair que pour le futur immédiat on ne peut pas encore compter sur un système entièrement automatique pour la séparation des homographes et la sélection des acceptions. Les affirmations de Bar-Hillel à propos de la traduction automatique sont encore exactes  :une analyse automatique complète demande une énorme quantité de connaissances du monde réel et la probabilité de pouvoir inclure ces connaissances dans un système de calcul est assez mince. Il est toutefois vrai que certains systèmes de parsing ad hoc — en particulier ceux qui prévoient l'emploi intéractif —ont atteint «  a surprising high level of accuracy in under- standing limited subsets of natural English  ». La préparation des données de base pour ce système d'analyse doit être faite en partie en analysant les données déjà disponibles, en partie par des essais et des corrections d'erreurs. Elle exige la participation active des rédacteurs pour définir les types d'emploi pour lesquels on ne désire pas d'informations ultérieures. Le but principal de leur application à la lexicographie est celui de préparer un premier filtre qui élimine la plupart de ce qui se trouve dans les textes, en tant qu'éléments trop communs, qui retienne certains usages reconnus intéressants, et qui fasse examiner ce qui reste par l'équipe rédactionnelle. Avec un tel filtre, équilibré et ajusté par l'accumulation des fréquences d'occurrence de chaque mot ou de leur acception dans les textes déjà examinés, on pourrait penser à placer le rédacteur ou le ~~ pré-rédacteur " devant un écran, pour indiquer, au moyen de quelques touches ou du light-pen, les décisions rédactionnelles comme accepté ou refusé. De cette façon une grande quantité de données pourrait être élaborée par une équipe relativement petite de lexicographes.
Le «  discussant  » R. W. Bailey, a présenté une véritable communication, plutôt qu'une discussion de la communication de R. L. Venezky. Il s'est déclaré d'accord avec l'affirmation que « the evolution of computers mto the mundane tasks of lexicography is at or near the saturation point  », et il a attribué le fait que l'on ait atteint aussi rapidement ce point de saturation à la tentative de superposer la nouvelle technologie à l'ancienne. On a en effet pensé, tout d'abord, à l'ordinateur comme à un remplaçant des fichistes. Les qualités des archives gigantesques de textes non analysés que nous sommes en train de produire ne compenseront certainement pas le coût et la fatigue investis si nous continuons à penser dans les termes traditionnels. Il a suggéré trois propositions pour repenser les méthodes des recherches lexicologiques et lexicographiques à la lumière des nouvelles techniques dispolbles. La première se base sur un schéma mis au point par le projet du Michigan Early Modern English Materials, qui se propose de rendre largement disponibles les citations pour l'anglais de 1475 à 170o héritées de l'OED et celles qui furent ajoutées par l'équipe de Fries dans les années 1930. La collection sera à la disposition du public en 1973, sous deux formes  :microfiches pro- duites directement par l'ordinateur, et enregistrement sur bande magnétique. A Ann Arbor, on prévoit que le travail rédactionnel effectué au moyen d'un terminal utilisera les microfiches et la capacité de l'ordinateur pour aider le rédacteur à ajouter des commentaires d'interprétation. Cette tentative permet également que le travail rédactionnel ait lieu dans divers instituts reliés par un computer network, évitant ainsi, grâce à une institution unique, les problèmes
127 pratiques qui rendent aujourd'hui long et coûteux le travail de rédaction d'un dictionnaire historique. Les coûts de publication eux-mêmes peuvent être abaissés ;l'usage des microfiches réduit les dimensions d'un dictionnaire historique de douze volumes à un ou deux volumes. Un autre avantage est que le corpus n'est pas statique, mais ouvert à de faciles et fréquentes additions et modifications, par exemple d'après l'acquisition de nouvelles données ou d'après de nouvelles préoccupations théoriques. Mais l'intention essentielle reste celle de la dissémmation des recherches.
La deuxième proposition émane des réflexions sur le Dictionary of Modern English Pronunciation proposé par le Prof. Danielsson de Stockholm et déjà discutées au Congrès de Bonn au mois d'avril 1972. Le projet prévoit d'enre- gistrer dans la mémoire de l'ordinateur les informations dérivées du travail des orthoépistes et des phonéticiens de l'époque, et de demander les indices des formes attestées. Bailey propose au contraire un système de question- réponse qui aide le linguiste dans le type de travail rendu familier par The Sound Pattern of English et par English Stress.
La troisième proposition est d'utiliser les ordinateurs pour consolider les informations existantes et pour « collectiviser  » la lexicographie, c'est-à- dire pour centraliser et coordonner les recherches. La possibilité d'une conti- nuelle mise à jour des archives a pour conséquence que de nombreux spécia- listes peuvent y introduire les résultats de leurs recherches et mettre en commun leur travail. Par exemple on pourra incorporer les informations détaillées sur les dialectes, provenant des recherches en vue des Atlas linguis- tiques, les informations sur ce que les sujets parlants pensent dire, ce que Labov appelle « the audio-monitoring norm  », et la description de ce qu'ils font réellement. Un tel schéma nous donne la capacité de tester les hypothèses sur la connexion entre les variations de la langue et le sexe, le style, la classe, l'origine régionale, l'évolution historique, les changements lexicaux, etc. En d'autres termes, il nous rend capable de considérer les informations linguis- tiques sous une perspective multiple, de dominer plus clairement le champ tout entier d'une langue.
Le Panel déjà cité, a été ouvert par C. L. Barnhart (C. L. Barnhart, Inc., Bronxville, N. Y.), qqui a parlé de l'organisation nécessaire pour le projet d'archives centrales de la lexicographie en anglais. Il a proposé trois centres ad interim (un centre bibliographique, un centre de recherches et un centre pour le dépSt provisoire des crtanons) ainsi qu'une série de réunions pour standardiser la codification des informations, afin de faciliter le projet et la réalisation des archives centrales.
De telles archives, selon le deuxième conférencier R. L. Chapman (Drew Univ., Madison, N. J.) faciliteront la coopération et les échanges entre linguistique et lexicographie à tous les niveaux linguistiques et permettra de suivre «  en temps réel  »les changements au fur et à mesure de leur apparition.
Le dernier conférencier W. P. Lehmann (Univ. of Texas, Austin, Texas), a lui aussi illustré les avantages des archives lexicographiques qui utilisent les techniques d'élaboration électronique des données, par rapport aux archives d'autrefois. Au lieu d'insister sur les avantages pratiques, Lehmann a préféré discuter l'avantage qui lui semble le plus important, c'est-à-dire la possibilité d'incorporer rapidement dans les archives, et éventuellement dans les dic- tionnaires, les découvertes des linguistes ou de tous ceux qui étudient le langage. On doit mentionner non seulement les connaissances syntaxiques, mais également celles sur la structure des ensembles sémantiques. Par exemple, la linguistique actuelle s'est occupée, d'une manière extensive, de la classi- fication des verbes. Pour la syntaxe, on a prêté une grande attention à l'étude
128 des compléments qui les accompagnent. En ce qui concerne la sémantique, l'examen détaillé des relations de sens entre les groupes de verbes est fréquent. Le Linguistic Research Center de l'Université du Texas a préparé une liste de Io 40o verbes. Cette liste contient également une analyse des valences, suivant l'exemple des lexicographes et des grammairiens allemands, terme qui désigne les propriétés de chaque verbe et ses constructions possibles. En uti- lisant l'ordinateur, les lexicographes et les linguistes peuvent obtenir une liste exhaustive de verbes de chaque classe. Il existe des techniques qui permettent de mettre à jour rapidement les archives, chaque fois que les linguistes et les lexicographes produisent de nouvelles informations. On peut incorporer également les résultats des recherches sur des terminologies techniques spécifiques. La structure des archives doit être assez flexible pour permettre à l'usager de spécifier selon quelle hypothèse ou théorie linguistique, parmi celles qui sont mémorisées, il désire que soient identifiées les données qu'il réclame aux archives. Lehmann a donné quelques exemples de la façon dont les archives peuvent incorporer les résultats des plus récentes théories linguistiques et il a observé que cela semble correspondre aux intentions des orgamsateurs du Congrès, à en juger d'après le programme et les participants invités. Si les archives réunissent des informations phonologiques, paradigma- tiques, syntaxiques et sémantiques sur les unités lexicales, et si elles énumèrent les propriétés syntaxiques et sémantiques des constituants requis dans leur contexte syntaxique, elles deviendront un important centre de recherches linguistiques et d'études de l'anglais.
A. ZAMPOLLI,
CNUCE, Université de Pise.


Dieter WOLFF, STATISTISCHE UNTERSUCHUNGEN ZUM WORT- SCHATZ ENGLISCHER ZEITUNGEN (Etude Statistique du Vocabulaire dans les journaux anglais), diss., Saarbrücken, 1969.
Le but de cette étude était de voir si des différences linguistiques carac- térisaient les différences sociologiques des journaux anglais. On sait que la presse anglaise est divisée en journaux populaires (popular press) et presse de qualité (quality press), il pouvait être intéressant d'en étudier les différences linguistiques grâce à une méthode mathématique.
Méthode

Le choix des journaux fut le suivant
— quotidiens  :Times, Daily Telegraph, Guardian, Daily Express, Daily Mail, Daily Mirror, tous du 4 avril 1966 ;
— presse de dimanche  :Observer, Sunday Times, Sunday Telegraph, People, News of the If/orld, Sunday Express, tous du 3 avril 1966. Dans ces journaux on rechercha les articles c~ui traitaient d'un même sujet, par exemple les articles sur une tempête qui sévissait alors dans le Yorkshire, ou les articles sur un match de football entre l'Angleterre et l'Ecosse. On préféra cette méthode de sélection à celle qui consiste à prendre des exemples au hasard dans le vocabulaire (random sampling) car ainsi il était possible d'étudier chaque mot dans son contexte.
Le matériel ainsi choisi fut transcrit mot à mot sur des cartes perforées, car le travail mécanique allait être effectué grâce à une machine électronique. On fournit à cette machine le Shorter Oxford English Dictionary (SOED)
129 mis lui aussi mot à mot sur cartes perforées, chaque mot étant suivi des renseignements suivants
— nature du mot,
— son usage actuel (encore en usage, archaïque, dialecte),
— emploi spécial (technique, etc.),
— date de sa première apparition,
— étymologie,
— nombre de sens différents.
Si l'on pense à la dichotomie Saussurienne de la langue et de la parole, le SOED était la langue qui servait de point de repère pour évaluer la parole que représentaient les textes de journaux. On put ainsi comparer les mots des articles avec le SOED, grâce à un programme difficile (décrit en détail dans l'étude) qui était construit de telle façon qu'il pouvait reconnaître même le très grand nombre d'homographes qui se trouvent dans tous les textes anglais. La machine n'étant que de la deuxième génération (X I Electrologica) la capacité de mémorisation était très limitée et il était nécessaire d'enregistrer les 80 00o cartes du SOED et les So 00o des textes sur bande magnétique.
La méthode de compilation des statistiques fut purement numérique (par exemple le nombre de mots d'origine grecque apparaissant dans un article fut trouvé, puis transformé en pourcentage afin de pouvoir le comparer aux résultats donnés par les autres articles). Le choix de textes de différente longueur rendait toute comparaison, autre que celle des pourcentages, impossible.
On tenta aussi de lier une linguistique synchronique et une diachronique en prenant deux niveaux de journaux anglais —des textes de 1966 et des textes du xlxe siècle. Après les avoir analysés on a aussi pu les comparer de façon diachronique et tirer quelques conclusions concernant l'évolution du vocabulaire anglais pendant le siècle dernier.
Résultats

Le résultat le plus important de cette étude fut surprenant. La distribution étymologique de tous les articles était semblable et l'âge du vocabulaire variait très peu dans les journaux différents. Toutes les autres caractéristiques du vocabulaire changeaient à peine d'un journal à l'autre. On ne pouvait que conclure, du moins en ce qui concerne les journaux, que les distinctions sociales n'ont presque pas d'influence linguistiquement parlant. La question qui se pose est de savoir si ces résultats sont valables pour d'autres textes anglais.
Un autre résultat surprenant fut de découvrir que le vocabulaire avait un caractère systématique que ne lui reconnaissent pas les linguistes en général. Ces derniers admettent les systèmes de la phonologie et de la grammaire mais traitent le vocabulaire comme un simple inventaire. Pour la première fois on est arrivé à prouver que la distribution du vocabulaire a un caractère systématique.
D. WOLFF.

Ferenc KIEFER, ON EMPHASIS AND WORD ORDER IN HUNGARIAN, Indiana University Publications Uralic and Altaic Series, vol. ~6 (Bloomington ; Mouton, The Hague, 196, 243 p., ~ ~.So).
Par «  emphasis  », l'auteur entend l'accent contrastif grâce auquel la séquence allemande «  Peter ist gekommen  » se traduit par « c'est Pierre qui
130 est venu  ». II recense les morphèmes aptes à recevoir cet accent, classe verbes et adverbes selon leur accentuabilité et distingue deux adverbes («  aussi n et « seulement  ») générateurs d'accent contrastif. L'adepte des théories ;transfor- mationnelles relèvera avec intérêt que Kiefer introduit le morphème « emph  » dans la partie générative de la grammaire, au même titre que les morphèmes interrogatifs, négatifs ou impératifs. Et une règle transformationnelle, en structure profonde, dans la partie basale de la grammaire, attache « emph  » au constituant désiré. Si cette règle a son siège dans la partie basale de la grammaire, c'est que le sens de la séquence vazie suivant que le trait « emph » est attaché à tel ou tel constituant. La nécessité d'admettre des transformations dites d'attachement, avait été reconnue par Kuroda dans un inédit cité par Kiefer et rédigé au M.I.T. en 1966, les morphèmes étudiés étant alors les adverbes anglais «  even  » et «  also  »ainsi que les particules japonaises «  ga  » et «  wa  ». Si cette révision fait son chemin, elle provoquera une reconstruction d'ensemble de la grammaire transformationnelle. En allemand, par exemple, le système de M. Bierwisch ou de R. Steinitz présuppose une phrase d'into- nation neutre.
Si cette première partie séduit par sa fermeté et sa netteté, la seconde le fait paz sa modestie  : Kiefer reconnaît bien volontiers qque l'état actuel de nos connaissances ne nous permet pas d'aborder l'étude de l'ordre des mots avec quelques chances de succès  : il nous manque encore trop de lumière sur le fonctionnement de l'esprit humain (p 2 0). Certes, il parvient à proposer un ordre de base, à dresser une liste plausible des différents schèmes séquentiels et à décrire les effets de l'accent contrastif sur l'ordre des mots. Mais il ne parvient pas à intégrer dans la grammaire les raisons qui nous font choisir tel arrangement et refuser tel autre  :ces considérations seraient du domaine de la performance et non de la compétence, elles ressortiraient au niveau pragmatique, et non syntaxique.
En définitive, l'étranger qui aimerait qu'on lui enseigne à distribuer les unités sur la chaîne reste sur sa faim la présentation transformationnelle n'innove ici que par la forme. La même impression se dégageait des travaux de E. Bach sur l'ordre des mots en allemand (196x) ou de J. F. Staal (196) sur le sanskrit.
E. FAUCIiER.