Résumés
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers d’études nodiéristes
2019 – 2, n° 8. Littérature de jeunesse et Europe romantique - Pages : 217 à 223
- Revue : Cahiers d'études nodiéristes
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406092209
- ISBN : 978-2-406-09220-9
- ISSN : 2556-2371
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09220-9.p.0217
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/05/2019
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
Résumés/Abstracts
Caroline Raulet-Marcel et Virginie Tellier, « Introduction »
Les Contes de Charles Nodier ont fait l’objet d’éditions pour enfants dès la première moitié du xixe siècle. L’œuvre de cet auteur peut ainsi servir de point de départ à une réflexion plus générale sur les spécificités de la littérature de jeunesse, telle qu’elle s’invente ou se réinvente, en Europe, à l’époque romantique.
Mots clés : genre littéraire, littérature de jeunesse, réécriture, romantisme, traduction
Charles Nodier’s Contes were the subject of children’s books beginning in the first half of the nineteenth century. His work can thus serve as a starting point for a more general reflection on the particularities of youth literature as it was invented or reinvented in Europe during the romantic era.
Keywords: literary genre, youth literature, rewriting, romanticism, translation
Francis Marcoin, « De l’Europe des Lumières à l’Europe romantique. Ruptures et continuités »
La littérature pour la jeunesse se présente au moment des Lumières dans un cadre résolument européen. Elle concerne une élite qui connaît peu les frontières. Le réseau des librairies et certains auteurs peuvent être dits européens, comme le prouvent l’histoire éditoriale des œuvres de Leprince de Beaumont, de Berquin ou du chanoine Schmid. La postérité de ces œuvres s’accompagne de détournements parfois opposés, tournés vers la morale ou le divertissement, selon les modes ou les intentions.
Mots clés : littérature de jeunesse, histoire de l’édition, conte, transferts culturels, xviiie siècle, xixe siècle, Leprince de Beaumont, Berquin, chanoine Schmid
During the Enlightenment, literature for young people arises in a resolutely European framework. An elite is involved who know little of borders. The network of bookshops 218and some authors can be said to be European, as the publishing history of the works of Leprince de Beaumont, Berquin, or Canon Schmid prove. The legacy of these works includes appropriations that sometimes contrast with each other depending on their mode or intention, geared towards morality or entertainment.
Keywords: youth literature, publishing history, tale, cultural transfers, eighteenth century, nineteenth century, Leprince de Beaumont, Berquin, Canon Schmid
Caroline Raulet-Marcel, « Les Contes de Charles Nodier. Enfance et fantaisie dans une ‘‘Europe vivante’’ »
En 1844, la publication de trois contes de Charles Nodier par Hetzel dans Le Nouveau Magasin des enfants montre la visibilité éditoriale croissante de la littérature pour la jeunesse. Quel rôle joue Nodier dans ce processus de son vivant ? Ses contes construisent un destinataire ambivalent, mais la valorisation de l’imaginaire enfantin joue un rôle primordial dans l’instauration d’une « double crédulité » au cœur de leur réception, tout en s’inscrivant dans une histoire littéraire résolument européenne.
Mots clés : conte, histoire de l’édition, enfance, Europe, fantaisie, lecteur, littérature de jeunesse, romantisme
In 1844, the publication of three of Charles Nodier’s tales by Hetzel in Le Nouveau Magasin des enfants shows the growing editorial visibility of literature for young people. What role does Nodier play in this process during his lifetime ? His tales construct an ambivalent recipient, but the valorization of the childhood imaginary plays a primordial role in the establishment of a “dual credulity” at the heart of their reception while being part of a resolutely European literary history.
Keywords: tale, publishing history, childhood, Europe, fantasy, reader, youth literature, romanticism
Amélie Calderone, « Le Théâtre du Seigneur Croquignole d’Édouard Ourliac. L’invention du théâtre de jeunesse dans la presse de la monarchie de Juillet ? »
À la fin des années 1830, Édouard Ourliac fournit au Journal des enfants une série de pièces dramatiques qui deviendront le Théâtre du Seigneur Croquignole. Loin de la tradition pédagogique de Mme de Genlis, Ourliac offre à son public des scènes originales et fantaisistes, dont la puissance comique et la truculence mettent à mal toute visée moralisatrice et éducative. On assiste à la fondation de l’un des premiers théâtres de jeunesse, capable de toucher à la fois les enfants et leurs parents.
219Mots clés : comique, Journal des enfants, Ourliac, lectorat, littérature de jeunesse, littérature du xixe siècle, petite presse comique, théâtre pédagogique
At the end of the 1830s, Édouard Ourliac provides the Journal des enfants with a series of dramatic plays that will become the Théâtre du Seigneur Croquignole. Far from the pedagogical tradition of Mme de Genlis, Ourliac offers his audience original and fantastic scenes whose comic power and colorful nature undermine any moralistic and educational aim. Here we witness the founding of one of the first youth theaters, able to reach both children and their parents.
Keywords: comic, Journal des enfants, Ourliac, readership, youth literature, nineteenth-century literature, small comedic press, educational theater
Martine Jacques, « Merveilleux scientifique ou merveilleux féerique à destination des enfants ? L’Île des monstres de Madame la Comtesse de Genlis »
En 1810, en insérant L’Île des monstres, contes de fées dans ses Jeux Champêtres, Mme de Genlis semble se renier, elle qui a longtemps refusé l’irrationnel et le merveilleux pour les jeunes lecteurs. Cet article s’interroge sur cette mutation idéologique et esthétique en analysant le lien de ce récit avec l’œuvre antérieure de l’auteure et avec les traditions multiformes du conte. Voit-on ici le passage de l’Europe des Lumières à une Europe romantique minée par les soubresauts de l’Histoire ?
Mots clés : auteure, botanique, conte, éducation, littérature de jeunesse, microscope, romantisme, symbole
In 1810, by including L’Île des monstres, contes de fées in her Jeux Champêtres, Mme de Genlis seems to break with herself, the woman who for so long refused to offer young readers the irrational and the fantastic. This article examines this ideological and aesthetic change by analyzing this story’s relationship with the author’s earlier work and with the multifaceted traditions of the tale. Do we see the transition here from Enlightenment Europe to a romantic Europe that is undermined by the upheavals of history ?
Keywords: woman author, botany, tale, education, youth literature, microscope, romanticism, symbol
Danielle Dubois-Marcoin, « La robinsonnade, une affaire de femme engagée au début du xixe siècle »
Rapidement traduit à travers toute l’Europe, le Robinson Crusoé de Daniel Defoe (1719), abondamment réécrit, sert de matrice à un modèle romanesque 220essentiel des débuts de la littérature de jeunesse, la robinsonnade. D’un dialogue plein de liberté avec les prescriptions rousseauistes en matière de fiction pour la jeunesse chez Mme de Montolieu, on passe à l’expression d’un engagement politique, discret chez Eugénie Foa, plus combatif chez les autrices catholiques, Mme Mallès de Beaulieu et Mme Woillez.
Mots clés : auteure, catholicisme, éducation, littérature de jeunesse, réécriture
Rapidly translated throughout Europe, Daniel Defoe’s Robinson Crusoe (1719), extensively rewritten, serves as a matrix for the robinsonade, an essential novelistic model from the early days of youth literature. We see works ranging from Mme De Montolieu’s dialogue—full of freedom with Rousseauian prescriptions regarding fiction for young people—to the expression of political engagement : discreet in Eugénie Foa, more combative in the hands of the Catholic women authors Mme Mallès de Beaulieu and Mme Woillez.
Keywords: woman author, Catholicism, education, youth literature, rewriting
Laurence Olivier-Messonnier, « Amable Tastu et Élise Voïard. Envergure européenne d’une littérature enfantine édifiante »
Comme la plupart des auteures au mitan du xixe siècle, Élise Voïard et Amable Tastu ont une faible visibilité littéraire en dépit de la réception de leurs œuvres auprès des enfants ou de leurs mères. L’étude des deux ouvrages qu’elles ont écrits conjointement montrera toutefois l’originalité d’une écriture souvent jugée conventionnelle. Ces deux écrivaines d’envergure européenne parviennent à s’inscrire dans l’esprit du temps tout en échappant au « bas-bleuisme ».
Mots clés : Europe, littérature du xixe siècle, morale, éducation, christianisme, saint-simonisme
Like most mid-nineteenth-century women writers, Élise Voïard and Amable Tastu have low literary visibility despite the reception of their work by children or their mothers. The study of the two texts that they wrote together, however, will demonstrate the originality of writing often considered conventional. These two women writers of European stature manage to fit with the zeitgeist while escaping bas-bleuisme.
Keywords: Europe, nineteenth-century literature, morality, education, Christianity, Saint-Simonism
221Georges Zaragoza, « Qu’est-ce qu’un conte pour enfants ? Les Casse-noisette de Hoffmann et Dumas »
Le conte Casse-noisette et le Roi des Rats de Hoffmann paraît initialement dans Les Frères de Saint-Sérapion, encadré par un débat sur ce qui fait la singularité d’un conte pour enfants. Le texte entre en France détaché du recueil originel ; il est réécrit par Dumas en 1844. La comparaison des versions de Hoffmann et Dumas permet de réfléchir à la nature problématique des contes pour enfants : le conte pourrait bien être en définitive un genre sur l’enfance.
Mots clés : conte, réécriture, adaptation, littérature de jeunesse, romantisme
Hoffmann’s tale The Nutcracker and the Mouse king first appears in The Serapion Brethren, framed by a debate about what makes a children’s story unique. The text enters France separated from the original story collection ; it is rewritten by Dumas in 1844. Comparing the versions by Hoffmann and Dumas makes it possible to reflect on the problematic nature of tales for children : the tale could very well ultimately belong to a genre about childhood.
Keywords: tale, rewriting, adaptation, youth literature, romanticism
Virginie Tellier, « Casse-noisette de Tchaïkovski. Une œuvre patrimoniale pour l’enfance »
Neuf fois traduits au xixe siècle, le Casse-noisette de Hoffmann n’entre véritablement dans le fonds culturel russe qu’en 1892, avec l’adaptation de Tchaïkovski. Le compositeur en fait d’emblée une œuvre culturelle d’enfance, sans trahir les ambiguïtés de la poétique du conteur allemand. La richesse de l’œuvre musicale et dramatique peut être mise en regard de l’analyse proposée par le critique Belinski, en 1840, dans le premier texte théorique russe d’envergure sur la littérature de jeunesse.
Mots clés : conte, ballet, Russie, adaptation, culture de jeunesse
Translated nine times in the nineteenth century, Hoffmann’s Nutcracker only really entered the repository of Russian culture in 1892 with Tchaikovsky’s adaptation. From the start, the composer makes it a children’s cultural work without betraying the ambiguities of the German storyteller’s poetics. The richness of the musical and dramatic work can be viewed in light of the analysis offered by the critic Belinsky in 1840 in the first major Russian theoretical text on youth literature.
Keywords: tale, ballet, Russia, adaptation, youth culture
222Christiane Connan-Pintado, « L’entrée des Contes des Grimm en France (1824-1855). Parcours, contours, détours »
Œuvre patrimoniale inscrite en 2005 au registre de la « Mémoire du monde » par l’Unesco, les Contes de Jacob et Wilhelm Grimm font en France une entrée discrète dans les années 1820-1850. L’article étudie cette réception à partir des premières traductions : il se penche sur la réorientation de l’œuvre vers l’enfance à travers les sélections opérées, l’organisation des recueils et les déclarations paratextuelles.
Mots clés : réception, littérature de jeunesse, littérature du xixe siècle, paratexte, recueil, traduction
A heritage work added in 2005 to the “Memory of the World” register by UNESCO, the Tales of Jacob and Wilhelm Grimm unobtrusively entered France between 1820 and 1850. This article studies this reception from the first translations : it looks at this body of work’s reorientation towards childhood through the selections made, the organization of story collections, and paratextual statements.
Keywords: reception, youth literature, nineteenth-century literature, paratext, collection, translation
Joëlle Légeret, « “L’homme aux contes ne vous oubliait pas”. La (r)écriture des Contes des Grimm pour petits et grands par Alexandre Dumas »
Cet article compare deux Kinder- und Hausmärchen de Jacob et Wilhelm Grimm, « Sneewittchen » (1812) et « Die zwei Brüder » (1819), à leurs (r) écritures par Alexandre Dumas, les contes pour enfants « Blanche de Neige » (1858) et « Les deux frères » (1859). Cette comparaison permet de nuancer une vision du conte comme genre spécifiquement conçu pour les enfants et de mettre en lumière les différentes manières d’écrire pour les petits lecteurs en Europe à l’époque dite romantique.
Mots clés : littérature de jeunesse, littérature comparée, littérature du xixe siècle, Le Nouveau Magasin des enfants, réécriture
This article compares two Kinder- und Hausmärchen by Jacob and Wilhelm Grimm, “Sneewittchen” (1812) and “Die zwei Brüder” (1819), with their (re)writings by Alexandre Dumas, the children’s tales “Blanche de neige” (1858) and “Les deux frères” (1859). This comparison makes it possible to characterize the tale as a genre specifically created for children and to highlight the different ways of writing for small readers in Europe during the so-called romantic era.
223Keywords: youth literature, comparative literature, nineteenth-century literature, Le Nouveau Magasin des enfants, rewriting
Christian Chelebourg, « La féerie est un long fleuve tranquille. Les mutations du merveilleux des frères Grimm à Walt Disney »
Cet article explore l’histoire de la féerie moderne et ses mutations contemporaines. Au xxe siècle, le merveilleux juvénile fait son entrée dans l’âge des médiarts et dans la logique d’un divertissement spectaculaire où les frères Grimm deviennent eux-mêmes héros de fiction. Si l’on assiste à une forme de dilution du régime littéraire, la pratique de réimagination en vigueur à Hollywood aujourd’hui montre toutefois l’empreinte laissée par le merveilleux romantique dans la culture de masse.
Mots clés : culture populaire, médiart, merveilleux, réimagination, romantisme
This article explores the history of the modern fairyland and its contemporary evolution. In the twentieth century, the juvenile fantastic enters the age of media art and the logic of spectacular entertainment where the Brothers Grimm themselves become fictional heroes. Even if we are witnessing a form of dilution of the literary regime, the practice of reimagining in force in Hollywood today, however, shows the imprint left by the romantic fantastic on mass culture.
Keywords: popular culture, media art, fantastic, reimagining, romanticism