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Classiques Garnier

Les décorateurs

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affectation tiypottiécaire qui serait la garantie du cautionnement (5 octobre 1850), mais, le 9, Guizard, directeur des Beaux-Arts, lui fait savoir que le Ministre exige, pour le cautionnement, de l'argent comptant, et non une affectation hypothécaire, ce qui fait échouer la combinaison.

II. DÉCORATEURS CAMBON, Charles Antoine (Paris, P' floréal an X/21 avril 1802-Paris, 23 octobre 1875). Élève de Cicéri, peintre d'aquarel- les, puis décorateur de théâtre de 1824 à 1875 (en collaboration d'abord avec son maître), il travaille pour la Comédie-Française, avec laquelle, en société avec Humanité René Philastre, il a passé un contrat pour la réalisation des décors, intervenant à ce titre dans la mise en scène de pièces de Dumas (Un mariage sous Louis XV, Lorenzino, Les Demoiselles de Saint-Cyr, Une fille du Régent^, se contentant le plus souvent de repeindre et de redo- rer d'anciens décors, sauf pour Une Fille du Régent pour laquelle il réalise deux décorations neuves. 11 œuvre aussi pour l'Opéra, l'Opéra-Comique, le Théâtre Lyrique, l'Odéon, les Bouffes -Pari- siens, l'Ambigu, le Palais-Royal, le Cirque Olympique, le Liceo de Barcelone. 11 mène à bien des projets de rideaux, plafonds et décorations intérieures de théâtres (notamment pour l'Opéra, lors de son installation salle Le Peletier). Dumas le classe parmi «ce qu'il y a de mieux» en matière de décoration théâtrale («Un plan d'économie»*. Causeries^. CICERI, Pierre Luc Charles (Saint-Cloud, 17 août 1782-Saint- Chéron, 22 août 1868). D'une famille de commerçants milanais, il fait de brillantes études musicales, mais victime d'un acci- dent de voiture, qui le laisse infirme, il doit renoncer au chant (1802). Étudiant le dessin auprès de l'architecte Bellangé, il se passionne pour les décorations scéniques dans les ateliers de l'Opéra (1806) dont il est nommé, en 1810, peintre-décorateur, puis en 1818, décorateur en chef et où il reste trente-deux ans, révolutionnant les décors. 11 participe à plus de trois cents réa- lisations de décors, tant en province et à l'étranger qu'à Paris, entre autres à ceux, à la Comédie-Française, de Henri III et sa cour et, au Théâtre-Historique, à ceux de Hamlet et de Monte-Cristo. CICERI, Ernest (Paris, 23 décembre 1817-La Nouvelle-Orléans,

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6 juillet 1866). L'un des six enfants du précédent, alors «pein- tre des Menus-Plaisirs de S. M. et de l'Académie royale de musi- que», et d'Alexandrine Marie Pauline Isabey, fille du miniaturiste Eugène Isabey, il est placé par Dumas parmi les créateurs de «magnifiques décors» dans «Un plan d'économie»* (Causeries^', il compose des décorations pour le Théâtre-Historique, notam- ment ceux de La Guerre des femmes et de La Chasse au chas- tre, pour le Cirque {La Barrière de Clichy, 1851). Invité en 1859 par l'Opéra House Association de La Nouvelle-Orléans, il réalise, avec J. Develle l'aménagement intérieur de l'Opéra français alors en construction, où il exécute de nombreux décors qui le dési- gnent comme le « père de la peinture scénique moderne ». Profes- seur, il exerce une grande influence sur le développement de la peinture en Louisiane, quoiqu'assurant ignorer tout de l'art du dessin. DESPLÉCHIN, Edouard Oésïré Joseph (Lille, 12 avril 1802-Paris, 13 mars 1870). Peintre de paysages exposant au Salon de 1844 et 1852, décorateur renommé de l'opéra et du théâtre à l'épo- que romantique, il collabore étroitement avec Meyerbeer, Verdi, Gounod, et Wagner. 11 peint, avec Charles Séchan et Diéterle le plafond de la salle du Théâtre-Historique dont le char d'Apollon est le centre {LLllustration, 23 janvier 1847), dessinant ensuite les décors de plusieurs pièces données au Théâtre {La Reine Mar- got, Hamlet, Monte-Cristo^, Dumas le classe parmi «ce qu'il y a de mieux» en matière de décoration théâtrale («Un plan d'éco- nomie». Causeries), 11 est l'un des participants de la séance de magnétisme organisée à Monte-Cristo le 10 octobre 1847. DIÉTERLE, Jules Pierre Michel (Paris, 9 février 1811-Paris, 22 avril 1889). Peintre décorateur élève de Ciceri, il exécute avec son beau-père Charles Séchan les intérieurs des Théâtres de Dresde et de Bruxelles, ainsi que la galerie d'Apollon au Louvre. 11 peint, toujours avec son beau-père et avec Despléchin, le plafond de la salle du Théâtre-Historique dont le char {Ulllustration, 23 janvier 1847), dessinant ensuite les décors de plusieurs pièces données au théâtre {La Reine Margot, LEcole des familles, Hamlet, Monte- Cristo) et travaillant avec son beau-père, comme l'indique son arrière-petit-fils Hubert de Givenchy, à la décoration du château de Monte-Cristo, réalisant des tapisseries {Ulllustration, 26 février 1848). 11 est l'un des participants de la séance de magnétisme organisée à Monte-Cristo le 10 octobre 1847. Artiste en chef, puis

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chef des Travaux d'art de la Manufacture de Sèvres de 1840 à 1855. Il participe au renouveau des décors avec un style néo- classique. Il assure en 1869 la décoration du théâtre d'Avignon. II est l'administrateur de la Manufacture de Beauvais en 1876, puis Président de l'Union Centrale des Arts Décoratifs. Dumas le classe parmi «ce qu'il y a de mieux» en matière de décoration théâtrale («Un plan d'économie», Causeries). MOYNET, Jean Pierre (Paris, VIP arrondissement ancien, 8 avril 1819- Paris, rue de la Folie-Méricourt, 11 juin 1876). Sur ce peintre, compagnon du voyage de Dumas en Russie, voir Claude Schopp et Pierre Gintzburger, «Jean Pierre Moynet», in Jean Pierre Moynet. Le Volga et le Caucase avec Alexandre Dumas, Cahiers Alexandre Dumas, 2006, p. 9-21. Scénographe débutant au Théâtre du Versailles en 1849, présenté par Mme Allan à Dumas, qui le classe parmi «ce qu'il y a de mieux» en matière de déco- ration théâtrale (« Un plan d'économie », Causeries) et le fait tra- vailler au Théâtre-Historique, où il continue à réaliser des décors quand ce théâtre devient le Théâtre Lyrique. Il réalise aussi des décors pour les grands spectacles des théâtres du boulevard : à l'Ambigu, aux Funambules, au Cirque Olympique, où il participe à la décoration de La Barrière de Clichy (21 avril 1851), de La Poudre de Perlimpinpin, féerie des frères Coignard (1853, reprise en 1869) et de La Tour Saint-Jacques-la-Boucherie (15 novembre 1856), à la Porte-Saint-Martin, à celle de Paris, drame en cinq actes et vingt-six tableaux de Paul Meurice (21 juillet 1855) et de L'Orestie (5 janvier 1856), au Grand-Théâtre de Marseille à celle des Gardes forestiers (28 mars 1858). En 1852, il est chargé de la décoration intérieure du théâtre d'Étampes. «Vous connaissez Moynet qui a fait de si ravissantes décorations au Théâtre-His- torique, et qui, outre son talent de décorateur, est un des orne- mentistes les plus distingués. Si Moynet était connu comme il mérite de l'être, il ne serait point à Paris un salon élégant dont il n'eût donné le plan au tapissier. » écrit A. Dumas dans Le Monte- Cristo, du 17 décembre 1857. À son retour de Russie, il entre à l'Opéra-Comique, dont il demeure le peintre attitré jusqu'en 1868, collaborant, entre autres, aux décors pour La Circassienne, de Scribe, musique d'Auber (2 février 1861), pour Lalla-Roukh, opéra-comique en deux actes de Michel Carré et Lucas, musique de Félicien David (Favart, 12 mai 1862) et pour La Fiancée du roi de Garbe, opéra-comique en trois actes et six tableaux de Scribe

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et Vernoy de Saint-Georges, musique d'Auber (11 janvier 1864). Il abandonne ensuite, selon G. Bapst, le décor qui ne l'a pas enrichi et se consacre à la décoration d'intérieur et à l'illustration des livres. À la fin de sa vie, en 1873, il compose pour la série de la «Bibliothèque des merveilles», cent trente-six volumes publiés par la Librairie Hachette et Cie, sous la direction d'Edmond Char- ton, L'Envers du théâtre. Machines et décorations, ouvrage illustré de soixante vignettes par l'auteur. SÉCHAN, Charles Polycarpe (Paris, 29 juin 1803-Paris, 14 sep- tembre 1874). Élève de Ciceri, peintre de décors pour l'Opéra, pour la Comédie-Française, où il a participé à la décoration de Henri III et sa cour (1829), de Charles VII chez ses grands vassaux (1837), de Caligula (1837) et pour la Porte Saint-Martin. En ce qui concerne la construction du Théâtre-Historique, il a « l'art de se faire adjoindre, par Alexandre Dumas, au bon et inoffen- sif Dedreux. C'était une véritable usurpation, car Séchan n'était pas architecte. » (Hippolyte Hostein, Historiettes et Souvenirs d'un homme de théâtre, Paris, E. Dentu, 1878, p. 13). Par ailleurs, il peint, avec son gendre Diéterle et Despléchin, le plafond de la salle du Théâtre-Historique dont le char d'Apollon est le centre (L'Illustration, 23 janvier 1847), dessinant ensuite les décors de plusieurs pièces données au Théâtre (La Reine Margot, Hamlet, Monte-Cristo) et dirigeant la décoration du château de Monte- Cristo (L'Illustration, 26 février 1848), où il est l'un des partiel- pants de la séance de magnétisme du 10 octobre 1847. Dumas le classe parmi «ce qu'il y a de mieux» en matière de décoration théâtrale («Un plan d'économie». Causeries). THIERRY, Joseph Jean François (Paris, 13 mars 1812-Paris, 11 novembre 1866). Décorateur de théâtre, que Dumas classe parmi «ce qu'il y a de mieux» en matière de décoration théâtrale («Un plan d'économie». Causeries), il participe aux décors du Comte de Monte-Cristo au Théâtre-Historique. 11 est le frère d'Edouard Thierry, administrateur de la Comédie-Française de 1859 à 1870.