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Classiques Garnier

Les Rencontres de Brangues 2022

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
    2022 – 3, n° 238
    . Claudel et l'intime
  • Pages : 101 à 102
  • Revue : Bulletin de la Société Paul Claudel
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406144557
  • ISBN : 978-2-406-14455-7
  • ISSN : 2262-3108
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14455-7.p.0101
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 28/12/2022
  • Périodicité : Quadrimestrielle
  • Langue : Français
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LES RENCONTRES de BRANGUES 2022

Du 24 au 26 juin, au château de Brangues, les Rencontres se sont déroulées sous le signe de la poésie. Tel était le souhait de Christian Schiaretti, qui après 18 ans à la tête du Théâtre National Populaire, en a pris la direction artistique. Paul Claudel oblige, choisir la poésie, cest saluer le grand poète chez lui, où est sa tombe, cest perpétuer lesprit du lieu. En cette année du cinquantenaire des Rencontres créées par ses héritiers en 1972, il ny avait pas de plus bel hommage.

Les 20 et 22 juin, les Rencontres ont débuté en fanfare, hors les murs, à Saint-Chef puis à Crémieu, avec La Chanson de Roland dite par Julien Tiphaine. Puis, le 23 juin, à Morestel, les Amis de la Maison Ravier, partenaires fidèles des Nouvelles Rencontres de Brangues, ont découvert les coulisses du théâtre au travers dun éblouissant dialogue, portant sur LÉchange, entre Christian Schiaretti et Francine Bergé (sa Lechy Elbernon), dont le titre laisse soupçonner la dimension comique : « Comment jai dirigé une actrice notoire en la suivant ».

Le 24 juin en fin de journée, nous voici au château, sous un ciel qui restera clément en dépit des prévisions pessimistes. On applaudit à tout rompre la mise en scène au cordeau de LÉlectre de Sophocle, sur la scène de la ferme bien connue des habitués. Cest la première apparition du poète Jean-Pierre Siméon, lauteur de la variation. On le réentendra le 25 au matin, dans la cour du château, en dialogue complice avec son ami le poète André Velter. Tous deux inaugurent la journée consacrée à la célèbre collection « Poésie Gallimard » dont ils ont assuré successivement la direction. Cest la seule collection au monde qui soit entièrement dédiée à la poésie, aussi les auteurs et leurs éditeurs, quils soient français ou étrangers se bousculent dans lespoir dy être publiés. Deux dentre eux : Olivier Barbarant et Éric Sarner prennent la suite dans laprès-midi devant un public replié, bien au frais, dans les écuries. Chacun parle de son œuvre bien sûr, mais aussi dun poète quil admire : Aragon pour lun et Robero Juarroz pour lautre. À ce moment de grâce succède lintervention dAntoine Gallimard, léditeur des éditions du même nom. Elle porte sur les relations parfois tendues, 102entre son grand-père, le patient Gaston Gallimard, et Paul Claudel lauteur aussi peu commode que très estimé. La poétesse Ruling Zhang Blein renoue, en chinois et en français, le fil de la poésie et la journée sachève par une reprise de la bouleversante Jeanne de Péguy. Le soir, à la ferme, Le Voyage de Penazar captive. Une créature masquée traverse le temps et lespace en tournoyant à labri de ses fabuleux vêtements mais non de la mort qui achève son parcours.

Dimanche 26 au matin, nous écoutons sous le tilleul Aymeri Suarez, claudélien passionné, nous parler du Soulier de satin quil aspire à mettre en scène. Les enfants ne sont pas oubliés grâce aux Histoires de Rosalie du grand auteur de théâtre Michel Vinaver mort très récemment. Cest aussi pour eux que tournent en boucle, sur écran, quelques comédies de Molière jouées sur la scène du TNP. Les Rencontres sachèvent à la ferme, en contrepoint, sur un cri lancinant contre la guerre, celui de toutes les mères. Le Stabat Mater furiosa de Jean-Pierre Siméon est proféré, dans les larmes, par celle qui le créa il y a plus de vingt ans : Gisèle Tortérolo.

Il faut remercier Christian Schiaretti, qui porta ces Rencontres à un haut niveau dexigence, il faut remercier le metteur en scène qui les réalisa, il faut remercier le claudélien obstinément fidèle à son projet de Centre culturel de rencontre dédié à la poésie et la dramaturgie. Lartiste quil est a su rassembler autour de lui cette extraordinaire équipe dacteurs sans lesquels les Rencontres nauraient pu avoir lieu : Francine Bergé, Louise Chevillotte, Juliette Gharbi, Julien Gauthier, Kenza Laala, Julien Tiphaine.