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Classiques Garnier

Avant-propos

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AVANT-PROPOS

Nos lecteurs le savent : lœuvre de Claudel et sa diffusion ont le privilège de sappuyer sur plusieurs sociétés savantes en France et à létranger. Elles réalisent régulièrement des manifestations et publications, et veillent aux commémorations importantes : citons la Paul Claudel Society aux États-Unis et au Canada, le Cercle détudes claudéliennes au Japon et sa revue LOiseau noir, notre Société Paul Claudel et ses trois bulletins annuels, sans compter deux associations dont lobjet est proche : Paul et Camille Claudel en Tardenois et les Nouvelles rencontres de Brangues nous sont dautant plus précieuses quelles sont très actives. Ajoutons, quoique actuellement en sommeil, lAssociation pour la recherche claudélienne et sa collection « Poussière dor » publiée aux Annales littéraires de luniversité de Franche-Comté. Cest une chance pour notre poète, méritée sans aucun doute, que de bénéficier dun tel rayonnement par le truchement des chercheurs et grâce au dynamisme des équipes qui œuvrent au sein de chacune de ces structures. Le résultat est stimulant : les idées circulent, les actions se font écho de lune à lautre société, créant le sentiment dune convergence fluide autour de lœuvre et de la figure de Claudel.

Le Bulletin a souhaité rendre hommage aux travaux menés avec constance par nos amis nord-américains au sein de la Paul Claudel Society, créée, rappelons-le, en 1968. La revue Claudel Studies a commencé de paraître dès 1972 sous légide du père Moses Nagy ; les Paul Claudel Papers ont pris le relais à partir de 2003 et jusquen 2009 aux presses de la York University. Chacun sait le travail effectué de longue date par Louise Witherell, Sergio Villani, Ann Bugliani, Nina Hellerstein, Glenn Fetzer et Éric Touya de Marenne pour ne citer que quelques acteurs essentiels. La Paul Claudel Society, qui se réunit lors du Congrès annuel de la prestigieuse Modern Language Association (MLA) a vu la qualité de ses travaux récompensée par le renouvellement, pour six ans, de son accréditation (ce dont avait informé la Lettre dinformation no 66 de février 2020). Claudel rayonne sur le continent nord-américain grâce à la ténacité de ces chercheurs et de tous les participants quils rassemblent autour deux.

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Ce sont les travaux de la session de 2021 qui sont publiés dans ce premier Bulletin de lannée 2022 et nous remercions chaleureusement Éric Touya de Marenne, promoteur à Toronto de cette session, ainsi que Stephen E. Lewis et Graciane Laussucq Dhiriart qui y ont participé, de nous avoir confié leurs contributions. La problématique retenue sappliquait à la philosophie. Lidée était que lœuvre de Claudel contenait en germe une « orientation intérieure » propre à susciter la réflexion et nourrir la pensée de philosophes contemporains de Claudel ou plus tardifs. Éric Touya de Marenne pose la question de lêtre chez le philosophe théologien Jean-Luc Marion qui réfléchit sur les Cinq grandes Odes ; Stephen E. Lewis interroge la manière dont Claudel inspire jusquà certains mots dans les textes du phénoménologue Merleau-Ponty, pourtant athée, mais fasciné par le poète ; Graciane Laussucq Dhiriart met en lumière la relation ambiguë sinon défiante de Claudel avec les philosophes chrétiens de son temps qui tentaient pourtant comme lui de résoudre le conflit entre catholicisme et modernité.

À cet ensemble sadjoint naturellement, bien quelle ne relève pas de la session de Toronto, létude que Didier Alexandre consacre à Lacan interloqué par les drames claudéliens qui font place à de linnommable, objet par prédilection de la psychanalyse.

Catherine Mayaux
et Marie-Victoire Nantet