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Classiques Garnier

L’erreur chez Montaigne

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Lerreur chez Montaigne

Dans le sillage des grands colloques qui ont marqué lhistoire de la SIAM et du BSAM, les textes quon va lire dans les deux prochains numéros constituent les Actes du colloque international et pluridisciplinaire des 3, 4 et 5 décembre 2014, organisé à la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, avec la collaboration de lUniversité Bordeaux Montaigne (Centre Montaigne – TELEM EA 4195), de la Maison des Sciences de lHomme dAquitaine (Programme « Formes du savoir »), et avec le soutien de la Région Aquitaine et de la Mairie de Bordeaux. La SIAM tient à remercier chaleureusement tous ces partenaires pour leur accueil et leur soutien, sans oublier la cellule de Canal U de lUniversité de Toulouse II Jean Jaurès, qui a filmé lensemble alors1.

La thématique retenue sinscrit dans le cadre de lintérêt suscité ces dernières années par la question générale de la « vérité » à la Renaissance et chez Montaigne, par polarisation sur l« erreur » qui, à la différence de la vérité, présente « mille formes » si lon se rapporte à un lieu commun hérité dune remarque dAristote dans lÉthique à Nicomaque À cet égard et concernant une époque qui se plaît à faire linventaire de ces « mille formes », lœuvre de Montaigne peut apparaître comme un creuset remarquable des visages de celles-ci. Elle décline ainsi les erreurs en tout genre : erreurs des sens ou de la « fantasie », « erreurs médicinales », juridiques, philosophiques, religieuses, politiques, voire naturelles, le tout encore fondé sur une pensée de la « Chute » qui fait de la Créature une errans mus.

Cette perspective descriptive, spectatrice ou « inquisitrice », se double dune perspective critique qui semploie, avant le cartésianisme, à réfléchir sur le statut de lerreur, mais également son ou ses usages : erreurs volontaires ou involontaires, « particulières » ou « populaires », rapport

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à la représentation, au simulacre, au mensonge, mais également gestion de lerreur par linstitution ou le sujet.

Enfin, il importe de se demander quel rôle joue lerreur dans le fonctionnement même du texte des Essais, et dans léthique singulière quil élabore et pratique. Le procès incessant des leurres du savoir et du pouvoir informe ainsi le mouvement dune « chasse de connaissance » inédite, et limage du sujet écrivant et pensant quelle semploie à refléter.

Olivier Guerrier

Président de la SIAM

1 http://www.canal-u.tv/producteurs/universite_toulouse_ii_le_mirail/colloques/l_erreur_chez_montaigne.