Préambule

Le centenaire de la SIAM m’a incité à composer un numéro exceptionnel propre à marquer une telle circonstance, et j’ai demandé à quelques lecteurs, à mes yeux remarquables, des Essais de bien vouloir collaborer à ce volume. Bien entendu, ce choix est subjectif, il résulte d’affinités intellectuelles et le plus souvent éthiques. Il n’engage que moi, et n’est signe d’aucune allégeance de quelque nature qu’on puisse l’imaginer, j’y lis un ensemble de reconnaissances, d’amitiés pour certaines très anciennes et confortées par le temps passé. À de très rares exceptions près, dues à des circonstances contraires, les personnes sollicitées ont accepté mon invitation, et je les en remercie très vivement. Chacune et chacun a bien sûr été entièrement libre de choisir textes, thèmes et sujet. On trouvera dans ces pages des lectures naturellement singulières et originales, mais, je crois, animées par un souci analogue de fidélité à la lettre des Essais, à l’écart de toute réduction dogmatique, philosophique, politique ou religieuse, libres en un mot de toute allégeance idéologique et partisane. Plus de la moitié des auteurs viennent de « l’étranger », Grande-Bretagne, Italie, Norvège, États-Unis, Espagne, Suisse ; cela me semble un signe heureux, et rafraîchissant. Il aurait été artificiel de « composer » un ordre dans la distribution des articles, j’ai préféré les disposer dans leur suite alphabétique.

« Tout argument m’est également fertile. Je les prends sur une mouche ; Et Dieu veuille que celui que j’ai ici en main n’ait pas été pris par le commandement d’une volonté autant volage ! Que je commence par celle qu’il me plaira, car les matières se tiennent toutes enchaînées les unes aux autres », écrit le penseur. À nous de nous exercer à une semblable souplesse, à une analogue vivacité de penser et d’être.