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Classiques Garnier

Glossaire

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Boule de suif et autres contes normands
  • Pages : 639 à 642
  • Réimpression de l’édition de : 1986
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 536
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782812418488
  • ISBN : 978-2-8124-1848-8
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1848-8.p.0709
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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GLOSSAIRE

GLOSSAIRE DES TERMES DIALECTAUX EMPLOYES PAR MAUPASSANT DANS SES CONTES NORMANDS Bien que le terme de « patois » soit couramment employé pour qualifier les expressions cauchoises, il s'agit bien plutôt d'un dialecte de l'ancien français qui, n'ayant pas eu la fortune du dialecte de l'Ile-de-France, a souvent conservé à travers les siècles des expres¬ sions communes aux langues d'oïl. Maupassant ne l'emploie pas systématiquement quand il fait parler ses paysans. Nous avons exposé les raisons de ce choix dans l'Introduction; rappelons seu¬ lement ce que Maupassant écrit dans l'essai sur le roman qui fut édité avec Pierre et Jean : « Les Réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes. » Il faut se garder aussi de confondre les termes du dialecte cauchois avec les termes populaires, comme « se faire des bosses de plaisir », « être chien », « être bu », « ancienne » (= ancienne prostituée), « morue », que l'on trouve dans la bouche des personnages de Murger et de Zola. Nous nous sommes aidés de : Guy de Maupassant, quelques recherches sur sa langue. Olaf Bosson (Lund, 1907); les Parlers dia¬ lectaux et populaires dans Τ œuvre de Guy de Maupassant, par Anthony S. G. Butler, 1962, et de dictionnaires : Dictionnaire de patois normand, indiquant particulièrement tous les termes de ce patois en usage dans la région centrale de la Normandie, par H. Moisy, 1894. R. Mensire, le Patois cauchois, Rouen (Defontaine), 1939. Glossaire de la vallée dYères pour servir à l'intelligence du dialecte haut-normand, par A. Delboulle, professeur au lycée du Havre. Le Havre, 1876.

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A, \ AU' elle. Aile J J'ai d'quoi à vous dire : j'ai quelque chose à vous dire. Anuit : « aujourd'hui » et « cette nuit » — Plus souvent « aujour¬ d'hui » (cnhui). Assemblée : c'est la réunion des villageois le jour de la fête votive, qui est un jour de foire. J'avions 1 J'avons I ,» } nous avons, nous étions. J ons j J'étions J (C'était la coutume à la cour de François Ier de parler ainsi. H. Estienne : « Ce sont les mieux parlants qui prononcent ainsi : j'allons, je venons, je soupons. ») Bé: boire (oi > é en patois cauchois). Ben : bien. Berqué : berger. Boissonner : enivrer. Bouques d'oreilles : boucles d'oreilles. C'est la troisième après la celle à Poret : redondance courante dans le dialecte cauchois. Cheux : chez. Chinquante : cinquante, prononcia¬ tion chuintante propre au nor¬ mand (chavetier, cherfeuil), et plus encore au picard.

Cossards : colzas; ne vient pas de « colza », mais de tout légume à « cosse », et a fini par être spé¬ cialisé dans la désignation du colza, étant donné l'extension de la culture de cette plante dans le pays de Caux. Je crais : je crois. Je crûmes : l'emploi du passé simple est assez fréquent en cauchois. Pour la forme « je + pluriel », voir « j'avions ». C'ti là ; celui-là. Çu : ce, devant les mots commen¬ çant par une consonne autre que h. Se débiller : se déshabiller. Débrouiller : débarbouiller. Dénaturer : calomnier. Tu dés : tu dois. Détournante : déroutante. Deusse : deux. Tout drail : tout droit. S'écaper : s'échapper (ancien fran¬ çais escapper). Efant : enfant. — La dénasalisation est courante en patois. J'n'ai j'en ai. Eluger (s') : s'inquiéter, s'ennuyer. Engageant : tentant. Espérer : attendre. Espionance : action d'espionner, de surveiller. Eune : une.

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Eurible : « qui vient de bonne heure », précoce, hatif. Fé : faire. Fieu : fils. Fossé : talus entourant la « ma¬ sure ». Frémis : fourmis. Froidure : froid. Gambe : jambe (cf. « viole de gam- be », l'ancêtre du violoncelle). Gargotter : faire du bruit avec la gorge. Goujat petit domestique qui garde les bestiaux, sans aucune nuance péjorative. Le « valet de ferme » est plus élevé dans la hiérarchie. Guetter regarder (cf. gaite sentinelle). I ; il. fan : eau. Imunation : métathèse pour « inhu¬ mation ». Le terme, en Nor¬ mandie, est courant pwur dési¬ gner un enterrement (la rubrique « Décès » des journaux s'intitule encore le plus souvent « Inhu¬ mations »). Itou : aussi, était en usage en ancien français : « quand la chèvre saute au chou le chevreau y saute itou » (L. de Lincy). Li, y : lui, du latin illi (« En piez se drescet, si li vient contre¬ dire », Chanson de Roland). Locher : faire tomber les fruits de l'arbre. Maître, maît' ; (dans la plupart des terminaisons en -tre, l'r ne se fait pas sentir) : paysan aisé, qui a du « bien ». Malicieux : a gardé le sens de « personne maligne, qui agit

avec une certaine perversite, par des moyens détournés ». Cf. en français un « cheval malicieux », qui use de ruses contre son cavalier. Manant : celui qui doit emprunter ses outils à d'autres paysans ; personne pauvre et grossière. Moquer : manger (se trouve dans une lettre de Flaubert à Chevalier du 24 mars 18 37)· Masure : de mansura, « demeure ». 1. L'herbage qui entoure une habitation, et cette habitation même. 2. Maison, sans nuance péjora¬ tive. Maujeure : démangeaison. Mé : moi, oi > é en patois cauchois. Mé : mer. Mé : mère. Menteux : menteur — L'r amuïe est employée jusqu'au xvuc siècle en français « Les hommes sont vains, effrontés, querel- leux. » La Bruyère. Méprisable : négligeable, à mépriser. Mucre : humide et moite (mucreur : humidité, brouillard). Niant : niais; homme de rien, de néant. Niente au féminin. f de a Opposer j empêcher que, s'opposer à, déranger (ça ne m'oppose point). Cf. l'anglais to oppose. Pé ; père. Perret : étendue pierreuse naturelle, en bordure de la mer, où les bar¬ ques peuvent accoster. « La mé est déperreyeu », locution fécam- poise : « La mer s'est retirée du perret. » Peurance : état de celui qui a peur.

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Et pi : et puis — ui > i en patois. Ρ taux : peaux. Piler la patte : marcher sur (latin pilare : appuyer fortement). Piquer du mas : ou plutôt piquer de la mâl ' : se dit des ouvriers qui, descendus dans les marnières existant près de chaque village, extraient la marne du fond du puits. Pisque : puisque. Pratique : a garde le vieux sens de « qui connaît intimement un lieu, une personne, à la suite d'une longue fréquentation ». Un p'titu de : un peu de. Pu : plus. Que : toutes sortes de conjonctions (de sorte que, tel que) — Souvent explétif (« quand que »). Que : quelle, quel. Que : qu'est-ce. Quéque, quéquefois contraction pour quelque, quelquefois. Quéri : chercher ce que l'on sait où trouver. Quétou : petit porc, porc gras. Quétou, quétou : cri pour appeler les porcs. Quin : chien. Rasière : étymologiquement, « mesure rase » — A fini par

désigner dans le pays de Caux une mesure de 50 1 environ. Rédbibitoire : réffactaire. RJn (de temps) : rien. Sapas : (saper, manger avec avidité) — Un sapas est un gourmand et un sale, un goinfre. Sef : soif. Sèque : sèche. J'sieus : je suis. Té : toi. Ti : particule interrogative placée après le verbe. Tout de même : malgré tout, tout compte fait. Trâiher : chercher ce que l'on ne sait où trouver. Tretous : forme redoublée signi¬ fiant « absolument tous ». Vaques : vaches, du latin vacca. J'vas : je vais. Vé : voir. Verts : prairies, trèfles, colzas. J'veyais ben : je voyais bien. Viaux : veaux. Voleux : voleur. Vieille prononcia¬ tion du XVe siècle, IV amuie étant alors répandue dans toute la France (ce qui explique les féminins « menteuse » et « vo¬ leuse »). L, J lui-