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Classiques Garnier

Pour commencer

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Bibliographie descriptive des imprimés du baron d’Holbach
  • Pages: 9 to 14
  • Collection: Dictionaries and Summaries, n° 8
  • CLIL theme: 3431 -- ENCYCLOPÉDIES, DICTIONNAIRES -- Encyclopédies et dictionnaires thématiques
  • EAN: 9782812451546
  • ISBN: 978-2-8124-5154-6
  • ISSN: 2261-5938
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-5154-6.p.0009
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 01-13-2017
  • Language: French
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POUR COMMENCER

Il sest formé autour de la personne et des écrits de Paul Thiry, baron dHolbach (né à Edesheim dans le Palatinat le 8 décembre 1723) une sorte de mystère : près de deux siècles après son décès survenu à Paris le 21 janvier 1789, on discute, on polémique pour établir une liste exacte et complète de ses écrits. Il est admis quil fut au centre du mouvement radical athée français du xviiie siècle. Très rares sont les écrits sortis de sa plume porteurs dindices dune paternité certaine : nous connaissons la marque quil utilisa pour signer ses articles de lEncyclopédie ; quelques lettres ont paru avec ses initiales ou signées dans des journaux du temps. Tout le reste est affaire dattributions posthumes. Nulle part, même dans sa correspondance (du moins ce qui nous en reste), Holbach na affirmé clairement quil était lauteur des écrits violents quon lui a attribués parfois avec quelque fantaisie.

Établir la bibliographie dun auteur revient en quelque sorte à constituer un corpus dont se serviront les chercheurs, les critiques, les libraires. Un auteur a-t-il signé ses livres ? Rien de plus facile. Un auteur utilisant un pseudonyme, ou demeurant anonyme ? Le bibliographe engage sa responsabilité. Sur quels critères sappuyer ? Des confidences de proches, soit. Lanalyse du style ? Les travaux de Rudolf Besthorn et dAlain Sandrier ont eu le mérite denregistrer de sérieux progrès1. Mais existe-t-il un style holbachien ? Pas plus quun style de Voltaire, de Diderot et de bien dautres. Tout dépend du but poursuivi : discourir, polémiquer, ironiser, plagier… Autre vocabulaire, autre forme, autre syntaxe, peut-être des convergences didées : il faut en convenir. Ces auteurs ont souvent répandu un brouillard difficile à percer. Cela ne peut pas nous empêcher de tenter un essai.

Une bibliographie nest jamais exhaustive, et la nôtre néchappe sans doute point à cette loi. Depuis longtemps notre première édition (1971) 10est épuisée et si elle se trouve, elle atteint des prix assez élevés. La révision, les corrections et les ajouts simposent deux-mêmes. Nous avons cependant poussé nos recherches aussi loin quil nous était possible. Plus dune fois nous avons trouvé des mentions déditions que nos efforts navaient pas permis de découvrir. Plutôt que de les éliminer, nous leur avons réservé une notice en indiquant nos références et en les discutant au besoin. Linformatique nous a été en ce cas dun précieux secours.

Trop heureux de déouvrir quelques failles dans notre présentation des titres, dans les paginations, certains en ont tiré des conclusions hâtives, de parler déditions inconnues, ce qui permet une grimpée des prix de vente parfois fort élevés. Lon aurait tort de prendre ces « découvertes » pour créer un nouvel item. On ne peut trop se fier à des chercheurs ou des typographes distraits ou pressés. La devise de Spinoza, « Caute », et ladage antique « Abundans cautela non nocet » sont toujours de rigueur.

Une autre raison qui nous a incité à revoir et corriger lédition de 1971, cest la numérisation dexemplaires anciens : dans ce cas, le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France se révèle dune grande richesse. Dautres catalogues numérisés, particulièrement dans des pays fort lointains ajoutent encore à la moisson. Enfin, laccroissement notable des rééditions et des traductions apporte encore du neuf. Néanmoins nous navons pas cédé à la tentation des livres imprimables à la demande, les Ebooks, chaque exemplaire tiré étant pour ainsi dire, unique. Il en va de même pour nos microformes (Holbach et ses amis, Microéditions Hachette, Paris 1972), les copies manuscrites anciennes2, nous disons « copies » parce que nous ne connaissons aucune version autographe dHolbach ou de ses fidèles amis, Naigeon, Diderot et autres membres de la coterie, ou du complot, pour citer le point de vue dune certaine opinion. Nous navons tenu compte des innombrables anthologies, et des réfutations (à une exception près, en 1787) qui citent leurs adversaires plus ou moins longuement. Une telle entreprise commence à séclaircir grâce aux travaux méritoires de Sylvane Albertan-Coppola. De tels travaux exigent plus que les efforts dun seul chercheur : elle relève quasi de léchelle planétaire. Ce qui nest point notre ambition.

On nous pardonnera une petite avalanche dexemples glanés ci et là et qui soulignent notre opinion. Le Système de la nature a plus dune fois été dépecé de la sorte. Son Discours préliminaire de 1770, imprimé 11à part, a été republié au début du xixe siècle. Son dernier chapitre, attribué à Diderot, a paru également à part avec la marque de Londres, 1770 sous le nom de Mirabaud : Abrégé du code de la nature et vers la fin du xviiie siècle sous le titre de Code de la nature, peut-être par les soins de Pierre-Sylvain Maréchal3. Ce chapitre a été traduit deux fois en polonais vers la même époque : Glos natury do ludzi (slnd) avec p. 35-39, la traduction du chapitre xcviii, et Odezwa natury do ludu (slnd) avec p. 21-28, une prière de lathée comparaissant au tribunal de Dieu. Par ailleurs, deux chapitres du Système ont été traduits en russe par P. Anovski et parurent en 1798 dans le Санкт Петерсбурс җурнал dI. Pnine (I, 197-206). Le même écrit a fourni la matière de plusieurs pages de The Law of Reason (Londres 1831), et le fameux Léo Taxil na pas hésité à transformer les chapitres i-xiii du Système en La religion naturelle quil attribua au curé Meslier (Paris 1881). Il faut signaler aussi la traduction slovaque abrégée de Viera Szathmary-Vlckova parue sous les auspices de lAcadémie slovaque des sciences (Bratislava 1955). Un autre ouvrage dHolbach, La politique naturelle, a été copié mot pour mot par un des chefs conservateurs de la révolution brabançonne, Henri van der Noot, pour étoffer le prologue de son Manifeste du peple brabançon en 1789, comme nous lavons montré ailleurs4.

De même des extraits des Lettres à Eugénie et du Bon sens ont paru en supplément à une publication de la République démocratique allemande, Junge Generation en 1958 sous la forme dune brochure intitulée Vorstellungen von der Gottheit, wie sie die Religion vermittelt comprenant également de G. A. Gurjev, Der Gott, der Bibel und der Krieg et parue sous le nom dHolbach. On peut également citer ici les travaux de R. Hubert, DHolbach et ses amis (Paris 1928), R. Desné, Les matérialistes français de 1750 à 1800 (Paris 1965) traduit en portugais par M. J. Marinho, Os materialistas franceses de 1750 a 1800, (Lisbonne 1969), ou de A. Biedermann, La philosophie des Lumières dans sa dimension européenne (Paris 1969), etc. etc. Le flot des extraits, voire des anthologies na pas de cesse, et vouloir épuiser le tout nous amènerait à une recherche sans fin.

Nous ne pouvons entrer ici dans des descriptions aussi détaillées que celles préconisées par Roger Laufer et que nous avons appliquées 12il y a longtemps, à une très rare édition du Christianisme dévoilé5. Une telle enquête appliquée aux nombreuses éditions dHolbach fournirait la matière de plusieurs gros volumes.

La disposition que nous avons adoptée est identique pour tous les écrits. Une notice de tête placée à la date de la première édition dun écrit, signalera le cas échéant les attributions, la diffusion et si possible son accueil. Suit pour chaque item une transcription de son titre principal (et le faux-titre sil y est), la collation des pages, des signatures et des cahiers. Sil y a lieu nous présentons des notes sur le papier et ses filigranes éventuels, les caractères typographiques, les ornements. Cette démarche simpose en particulier pour distinguer des éditions différentes dun même titre, publiées au cours dune même année. Ce sont là les principes bien connus de la bibliographie matérielle. Ils nous ont permis dès 1971 didentifier des réalisations sorties de presses identiques. Le nom du Genevois Marc-Michel Rey, installé à Amsterdam, et qui fut également léditeur clandestin de Voltaire, de Rousseau et de Diderot, vient immédiatement à lesprit des connaisseurs. Quà cela ne tienne : quil soit dit une fois pour toutes que Rey ne possédait PAS dimprimerie, et que la disparition de ses livres de commerce nous prive des prix, des listes de clients et du tirage. Un tiers de sa correspondance semble avoir survécu et une édition apportera quelques faibles lueurs. Nous savons quil était en relations commerciales avec les sociétés typographiques de Bouillon, Bruxelles et Neuchâtel. Le monde du livre clandestin recèlera toujours des zones dombre…

Pour les titres, nous avons suivi un classement chronologique annuel à partir de 1751, date de la première publication connue dHolbach, jusquà nos jours. Dans le cadre de chaque année nous considérons successivement, sil y a lieu, les catégories suivantes :

1.A / les œuvres originales publiées isolément ;

2.B / les collaborations originales à des œuvres collectives ;

3.C / les collaborations à des publications périodiques ;

4.D / les œuvres traduites par Holbach ;

5.E / les traductions des écrits dHolbach ;

6.F / les œuvres éditées par Holbach et ses intimes.

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À la suite de chaque titre différent, les rééditions sont citées dans lordre chronologique : nous renvoyons ainsi aux dates de leurs publications. À lintérieur de chaque catégorie nous avons classé les écrits dans lordre alphabétique ; les traductions dHolbach sont classées dans lordre des titres originaux. Sil y a lieu, une numérotation distingue les différentes éditions dun même titre, publiées au cours de la même année et les écrits dune même catégorie également parus dans la même année. Les descriptions des volumes est faite à la date qui figure sur le titre ou celle que nos recherches ont permis de fixer en cas dabsence ou derreur, ce qui est par exemple le cas de lédition originale du Christianisme dévoilé (1756 pour 1766). Une liste des catégories A ; B ; C ; D ; E ; F ; une des dates de premières publications, des ouvrages consultés, un index des noms et des titres complètent notre bibliographie proprement dite.

Enfin, le dernier motif de notre refonte est la prolifération depuis 1971 des rééditions et traductions. Adapter ces nouveautés aux normes définies plus haut aurait abouti à un important alourdissement du volume. Cest pourquoi nous avons supprimé les descriptions matérielles pour les éditions postérieures à 1830. Nous y voyons une date symbolique. Depuis, les régimes politiques occidentaux se sont libéralisés progressivement, la pensée séculière a gagné notoirement du terrain. Plus tard, les hérauts du marxisme ont vu en Holbach un ancêtre dont il importait de répandre largement et à prix bas, les rééditions et traductions. Doù une prolifération considérable dont il a fallu tenir compte. La disparition de lemprise soviétique na pas tari les productions. Les lecteurs nous pardonneront, espérons-le, cette nouvelle disposition du présent travail.

Tout compte fait, quelque catégorie que lon considère, on saperçoit que lœuvre dHolbach est encyclopédique : la musique, la géologie, la chimie, lhistoire et surtout la contestation de lalliance du trône et de lautel. Mais Holbach en tant que pourfendeur ne sest pas manifesté spontanément. On constate, en suivant une progression chronologique, que cette attitude sest développée dabord lentement, pour atteindre à partir de 1766 un rythme plus rapide, plus hardi. Le succès est venu assez vite, dabord chez le lecteur francophones, pour essaimer avec le temps, au domaine étranger. On aboutira à lallemand, langlais, lespagnol, les langues baltes et slaves, le japonais, le yddisch, le turc et larménien. Certaines bibliothèques étrangères, sollicitées par nos soins, nont pas accordé de réponse à nos questions. Nous le regrettons.

Qui dit langues étrangères se voit confronté aux « traductions », principalement de langlais et du latin. Cest à dessein que nous utilisons 14des guillemets, car à confronter les originaux et leurs « traductions », on est amené à constater de sérieux écarts qui témoignent dune volonté affirmée de réécriture dans un but bien déterminé. Cest également le cas pour des « éditions » de textes français plus anciens. Le cas du Militaire philosophe en est le plus connu mais point unique. Si lon peut expliquer lengouement de certaines familles de pensées, ce phénomène nexplique pas tout à fait le succès quasi ininterrompu depuis deux siècles et demi, des éditions. Ajoutons le manque déditions scientifiques et critiques. Il y a là des pistes à explorer et dont les résultats pourront confirmer limage dun homme actif, aux intérêts multiples, dont toutes les facettes nont pas encore été explorées à fond.

1 R. Besthorn, “Die Histoire critique de Jésus-Christ, ein Werk Holbachs, Beiträge zur Romanischen Philologie, 1968, V, 5-27 ; id. Tekstkritische Studien zum Werk Holbachs, Berlin 1969 ; A. Sandrier, Le style philosophique du baron dHolbach Contributions et contraintes du prosélytisme athée en France dans la seconde moitié du xviiie siècle, Paris 2004.

2 Une collection de sept pièces a été vendue par la librairie Hatchuel (Paris, juin 2005) sous le no 64 du catalogue 65.

3 Voir notre Bicentenaire du Système de la nature – textes holbachiens peu connus, Paris 1970 ; Sur Maréchal éditeur du Système, voir : Maurice Dommanget, Sylvain Maréchal. Légalitaire, lhomme sans Dieu, Paris, 1950, p. 476-477 et Jean Dautry, « Sur une brochure intitulée Code de la nature », Annales historiques de la révolution française, 1966, XXXVIII, 613-614.

4 J. Vercruysse, « Van der Noot, Holbach et Je Manifeste du peuple brabançon », Revue belge de philologie et dhistoire, 1968, XLVI, 1222-1227.

5 R. Laufer, « Pour une description scientifique du livre en tant quobjet matériel », Australian Journal of French Studies, 1966, III, 252-272 ; J. Vercruysse, « Une édition romantique inconnue du Christianisme dévoilé », Beiträge zur Romanischen Philologie, 1967, VI, 372-374.