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Classiques Garnier

Annexe IV Dédicace à son Altesse royale Madame la Duchesse d’Angoulême

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Annexe IV

Dédicace1 à son Altesse royale
Madame la Duchesse dAngoulême2

Je viens déposer à vos pieds un livre3 dont mon mari, sil eût vécu, se fût empressé de vous faire hommage4.

La France eût vu ce vieillard vénérable se présenter devant Votre Altesse, et lui offrir cet ouvrage où il fut si souvent linterprète sublime de la Providence. Ému à laspect de la fille des rois, il eût dit à ces incrédules dont il a si souvent flétri les erreurs : « Voyez cette auguste Princesse que nos larmes appelaient en vain ; ses longues souffrances nont servi quà dévoiler ses vertus ; il y a quelques mois, son retour nous eût paru un prodige, toute la puissance des hommes naurait pas suffi pour nous la rendre : maintenant la voici parmi nous ; sa présence, comme celle dun ange, annonce la fin de la colère céleste : vous voyez bien quil existe une Providence. »

Je suis, avec le plus profond respect,

Madame,

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de VOTRE ALTESSE ROYALE,

la très humble et très obéissante servante,

Pelleporc DE SAINT-PIERRE5.

1 Sur la composition de cette dédicace, voir lintroduction (p. 72). Nous présentons ci-après le texte de lédition des Harmonies de la Nature de 1815 (p. i-ii). Nous ne disposons pas du manuscrit.

2 Marie-Thérèse Charlotte de France (1778-1851), Madame Royale, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Elle a épousé son cousin, le duc dAngoulême, en 1799. Elle a fait son entrée à Paris après la chute de Napoléon en 1814. Le mariage de Virginie de Saint-Pierre à son second époux Marius-Joseph Gazan fut célébré le 22 octobre 1822. Le nom de la duchesse dAngoulême figure dans le contrat de ce mariage (voir Lieutenant-colonel Largemain, « Bernardin de Saint-Pierre : mariage de Virginie de Saint-Pierre avec le Capitaine Lacapelle. Décès de M. Lacapelle. Sa succession. Correspondance de Virginie avec sa nièce adoptive. Lettres de Paul de Saint-Pierre », Revue dhistoire littéraire de la France, noI, 1909, p. 134-115, cit. p. 141).

3 Sans doute les Harmonies de la Nature. Il se peut que cette dédicace ait été rédigée au moment de la signature du contrat avec Méquignon-Marvis le 13 octobre 1814 en vue de la publication de ce grand manuscrit.

4 Il ny a aucun moyen de vérifier cette déclaration. On peut se demander si, peut-être avec lapprobation de la veuve de Bernardin, Aimé-Martin aurait été lauteur de ce texte.

5 Il ny a pas de date. À partir de lédition des Œuvres complètes publiée en 1830 on trouve « octobre 1814 ». Aimé-Martin ajoute une note datée du 12 août 1830 : « Cet hommage fut rendu en 1814. Les femmes sont hors du domaine de la politique. Madame la duchesse dAngoulême na point violé de serments : elle est malheureuse, et je rends aujourdhui à son malheur le même hommage que je rendais alors à sa vertu » (Œuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, augmentées de divers morceaux inédits mises en ordre et précédés de la vie de lauteur, par L. Aimé-Martin. Harmonies de la Nature, tome premier, Paris, Chez Lequien fils, 1830, tome huitième,p. xxxvi-xxxvii). La duchesse fut alors vénérée par les ultra-royalistes comme une « martyre de la Révolution ». Aimé-Martin nexplique pas labsence de cette date dans les éditions antérieures.