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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Barbey d’Aurevilly et le romantisme
  • Pages : 401 à 405
  • Collection : Rencontres, n° 585
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 61
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406147466
  • ISBN : 978-2-406-14746-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14746-6.p.0401
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/08/2023
  • Langue : Français
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RÉSUMÉS

Mathilde Bertrand, Pierre Glaudes et Élise Sorel, « Introduction »

« Un attardé du romantisme », cest ainsi quun critique qualifie Barbey dAurevilly en 1902, relevant dans son œuvre tous les symptômes de la folie romantique : imagination déréglée, passion excessive, goût de létrange et du satanique. De fait, son œuvre est marquée par lesprit du premier romantisme, tourmentée par le mal du siècle et les orages de lHistoire. Barbey ne défend cependant pas toujours le romantisme. Il dénonce ses dérives matérialistes qui préparent le triomphe du réalisme.

Pierre Glaudes, « Barbey dAurevilly et limagination »

Dans quelle mesure Barbey participe-t-il à la réévaluation du rôle de limagination par le romantisme ? Sa conception de cette faculté est dabord informée par les puissants effets, tantôt néfastes, tantôt féconds, que celle-ci produit sur son moi. Tout en lui reconnaissant une vertu créatrice, il lui fixe des bornes au nom dune conception de la littérature enracinée dans la théologie de lincarnation, quil démarque des « dépravations » de limagination romantique.

Alain Vaillant, « Barbey dAurevilly le polémiste. Grandeur et décadence du rire romantique »

Chez Barbey, lironie du critique contraste avec la gravité du romancier. Si elle participe de la satire généralisée propre à lespace médiatique de son temps, son écriture polémique ne relève pas pour autant du rire moderne, avatar désenchanté de lidéal syncrétique du rire romantique. Chez Barbey, le comique est un instrument rhétorique au service de lidéologie conservatrice quil partage avec tous les catholiques contre-révolutionnaires de son siècle.

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Frédérique Marro, « La lettre aurevillienne. Un portrait de lartiste en romantique ? »

Lhonnêteté classique est bien souvent le fondement de la correspondance de Barbey avec Trebutien notamment. La lettre est conversation par écrit et répond aux exigences de lurbanité classique. Le romantisme opère un changement de paradigme : le dialogue épistolaire le cède au monologue dune âme tourmentée. La lettre aurevillienne néchappe pas à cet épanchement égotique : spleenétique et ironique, lépistolier se rêve en Lord Byron et se construit un ethos romantique.

Élise Sorel, « Influence du romantisme sur la conception de la noblesse aurevillienne »

À rebours du mouvement historique conduisant certains écrivains à envisager une nouvelle aristocratie spirituelle sur le modèle de lancienne noblesse, en reprenant quelques-unes de ses prérogatives, il semble que le romantisme permette inversement à Barbey dAurevilly de porter un regard nouveau sur lancienne noblesse, quil avait mise à distance dans sa jeunesse, et de renouer ainsi avec les traditions aristocratiques de sa famille.

Marie-Catherine Huet-Brichard, « Barbey, Hugo, et lÉcole de 1830 »

Dans les articles des Œuvres et des Hommes, Barbey dAurevilly évoque à maintes reprises lécole de 1830, cette école qui prit forme autour de Victor Hugo à la fin des années 1820. À partir de ce moment miraculeux où, à ses yeux, la poésie sest incarnée dans toute sa plénitude, il construit une sorte de grand récit. Si celui-ci gauchit quelque peu la vérité littéraire et historique, il a le mérite de désigner le responsable des espoirs détruits : Victor Hugo.

Aurélie Foglia, « Lamartine par Barbey dAurevilly. “Un poète sans littérature” »

Barbey célèbre Lamartine pour avoir révolutionné la poésie française tout en se tenant à lécart des batailles littéraires de lécole romantique dont Hugo fut le fer de lance. Lamartine a le premier rompu avec la logique de limitation en nécoutant que son cœur et son âme, laissant aux autres les artifices de la forme et les mensonges de la matière. Atemporelle et androgyne, sa poésie 403confond les âges antique et moderne et pose la « question peu classique du sexe des poètes ».

Sylvain Ledda, « “Byron de France”, le Musset de Barbey »

Alfred de Musset est le « poète de la jeunesse », aux yeux dun Barbey nostalgique. « Byronien de nature » et non dimitation, il lui apparaît comme un poète original, moderne, souffrant et désenchanté. Pas plus que Baudelaire, Musset ne peut échapper au christianisme cependant : âme du romantisme, passionné et douloureux, tel un « bois de lilas foudroyé », il nest pas le matérialiste auquel on la parfois réduit.

Mathilde Bertrand, « Jules Barbey dAurevilly et Théophile Gautier, “chevaliers du néant” »

Barbey dénonce en Théophile Gautier un poète de la forme et de la matière, suppôt de lart pour lart, auquel il oppose sa défense de lâme romantique et de linspiration chrétienne. Dans ses romans et nouvelles, Barbey fait montre cependant dune hardiesse et dun sens de la beauté qui font de lui un frère du poète quil condamne, défenseur de lautonomie de lart et de la littérature pure et à ce titre un modèle daristocrate des Lettres pour la jeunesse esthète de la fin du siècle.

Émilie Pézard, « Barbey dAurevilly et le romantisme frénétique »

La violence et lintensité de lœuvre aurevillienne évoquent le romantisme frénétique. Cet article examinera déventuelles sources intertextuelles (chez A. Karr et F. Soulié), ainsi que la poétique de lhorreur, ses enjeux et sa fonction. Si Le Cachet donyx est exemplaire de la mode frénétique alors contemporaine, Un prêtre marié est plus ambivalent : la frénésie y est domptée par la religion, mais on y observe une poétique du dévoilement fondée sur le vrai et non sur le vraisemblable.

Julie Anselmini, « Barbey dAurevilly et les “rois” du roman-feuilleton romantique »

Confronté à ce phénomène majeur de lépoque romantique quest le roman-feuilleton et la querelle quil suscite, Barbey dAurevilly juge sévèrement ce 404« fléau » et ses auteurs (Dumas, Soulié, Sue et Féval notamment). Les arguments qui fondent cette condamnation sont dordre esthétique, mais aussi moral et idéologique.

Florence Naugrette, « “Ce Spartacus du drame romantique”. Barbey admirateur de Frédérick Lemaître »

Barbey professe le plus profond mépris pour le théâtre contemporain. Il admire en revanche les acteurs qui sauvent les pièces en les interprétant et en deviennent alors les vrais auteurs. Cest particulièrement le cas de Frédérick Lemaître, « génie du jeu » et « du geste » que Barbey célèbre entre tous parce quil incarne lesprit romantique : loriginalité, lautorité dun acteur qui pense et le mélange des genres au moyen duquel il dépasse les registres et les emplois du théâtre classique.

Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Le romantisme de Jules Barbey dAurevilly, Ce qui ne meurt pas »

Ce qui ne meurt pas est le premier et le dernier roman de Barbey. Écrit dans les années 1830, il ne fut publié, avec quelques variations, quen 1883. Ce roman à la fois « originel et testamentaire » témoigne de ce qui ne meurt pas dans lœuvre aurevillienne : le romantisme, noir, frénétique, passionné à lexcès, auquel il fut toujours fidèle malgré sa nostalgie de lâge classique, son idéal dimpassibilité et dironie dandy ou encore ses affinités avec limaginaire et le style décadents.

Roselyne de Villeneuve, « Les normandismes dans Une vieille maîtresse. De la langue au style »

Si Nodier sattache à penser le patois comme reliquat dun passé idéalisé, Barbey entend bien le parler dans ses romans normands, Une Vieille maîtresse, puis LEnsorcelée. Il sagit alors duser de mots « projectiles », dont létrangeté, la présence et lintensité sont gages de poésie autant que de réalité. Témoins de son goût pour laltérité, qui dépasse la nostalgie romantique et a fortiori le simple régionalisme, ils servent une « écriture du désir et du trouble », moderne et polyphonique.

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Fabienne Bercegol, « Lincipit dUn prêtre marié ou la “magie” dun médaillon »

Sur fond de badinage amoureux, lincipit dUn prêtre marié démontre lefficacité narrative du portrait peint qui devient embrayeur dhistoire et qui révèle ce faisant les principes majeurs de lesthétique aurevillienne, dans ses liens avec la pensée romantique de lhomme et du monde. On y retrouve la volonté de préserver le merveilleux, de donner la priorité à la sensibilité et à limagination, et surtout de miser sur le mystère des vies humaines pour transmettre une expérience du sacré.

Anne Orset, « Un prêtre marié, “Prométhée moderne” ? »

Un prêtre marié rejoue le mythe romantique du Titan révolté. Dun point de vue épistémique, Sombrevala tout dun « Prométhée moderne ». Comme Frankenstein, il incarne le sécessionnisme de lindividu romantique postrévolutionnaire. Poétiquement et métaphysiquement, Rollon et la Malgaigne prennent en charge le pouvoir créateur et divinatoire du voleur de feu. Cette appropriation paradoxale de la figure de Prométhée est symptomatique de lambivalence aurevillienne à légard du romantisme.

Xavier Bourdenet, « Une page dhistoire… romantique ? Histoire, poésie, mythe de Stendhal à Barbey dAurevilly »

Avec Une page dhistoire, la « chronique normande » convoque et révoque la « chronique italienne » de Stendhal. Sur un même sujet (linceste), ils proposent deux conceptions divergentes de lHistoire. Dans Les Cenci, Stendhal en fait le moyen esthétique dune entreprise de connaissance, tournant le dos au romantisme poétique. Barbey inverse la proposition et renoue avec la poésie dans le genre même qui semble lexclure. Les deux nouvelles donnent à voir un traitement différencié du mythe.