Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Barbey d’Aurevilly et l’âge classique
- Pages: 343 to 347
- Collection: Encounters, n° 288
- Series: Nineteenth century studies, n° 34
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN: 9782406061793
- ISBN: 978-2-406-06179-3
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06179-3.p.0343
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-15-2018
- Language: French
Résumés
Pierre Glaudes, « Barbey et le Grand Siècle »
Les allusions au Grand Siècle sont fréquentes dans l’œuvre de Barbey d’Aurevilly. Celui-ci aborde cette période dans une perspective antimoderne pour en dégager l’esprit. Le pessimisme oriente sa vision : le xviie siècle, dans l’Histoire universelle, est l’interruption momentanée d’une chute collective qui continue au xixe. En littérature comme en politique, la limite de l’admiration pour cet âge d’ordre, de clarté et d’harmonie, tient à ce que ce temps heureux n’a d’autre existence qu’idéale et fantomatique.
François Raviez, « Barbey d’Aurevilly ou la solution par le passé »
Barbey d’Aurevilly, lecteur assidu de Saint-Simon, partage avec le mémorialiste une vision du monde fortement hiérarchisée, et, comme lui, se fait le contempteur farouche des innovations de son époque. Lire en parallèle les Mémoires de l’un et les romans de l’autre permet de montrer que la tradition constitue pour ces deux auteurs un remède aux dérives de la modernité : le passé, à la fois histoire et utopie, les sauve du présent.
Jean-Baptiste Amadieu, « Barbey lecteur de Bossuet. Une admiration singulière »
Si Bossuet séduit d’abord Barbey par le panache de son style, l’admiration prend ensuite un tour confessionnel. Barbey puise chez lui une part de son providentialisme et de son anti-protestantisme. Il discerne aussi en Bossuet un fond de mélancolie et de poésie qui tranchent avec la majesté du prélat. Mais à partir des années 1870, il lui reproche ses complaisances gallicanes et cartésiennes, sa conception du « Christ aux bras étroits » et la lourdeur didactique de sa prose oratoire.
344Alexandra Delattre, « Les transformations du modèle classique. Barbey d’Aurevilly et le gaumisme »
Le rapport de Barbey d’Aurevilly à l’âge classique s’inscrit dans l’histoire de l’esthétique catholique en formation. Il est marqué par la rupture avec un classicisme compris comme imitation de l’Antique, l’esthétique catholique rompant avec ce qui a été longtemps l’étalon du Beau à la française. La parution en 1851 du Ver rongeur des sociétés modernes ou le Paganisme dans l’éducation de l’abbé Gaume constitue ce tournant définitif, dont cet article suit les développements.
Marie-Gabrielle Lallemand, « “L’air du temps est aux réhabilitations”. Barbey et les travaux érudits sur le xviie siècle »
Barbey d’Aurevilly, du fait de son activité de critique littéraire, ne peut ignorer que la représentation du xviie siècle doit faire fi d’une bonne partie de la production littéraire de cette période et d’une grande partie des travaux des érudits du xixe siècle. Cet article étudie la représentation traditionnelle de La Fontaine et son corolaire, celle des précieuses, que Barbey défend en éreintant, avec une verve stimulante, les travaux de critique érudite qui leur sont consacrés.
Stéphane Zékian, « Comment parler des classiques ? La critique de l’érudition chez Barbey d’Aurevilly ? »
Cet article revient sur le dénigrement de l’érudition auquel se livre Barbey d’Aurevilly quand il recense des ouvrages consacrés aux classiques du xviie siècle. Contre l’impersonnalité croissante du discours sur les classiques, l’écrivain-journaliste réclame (et illustre) un style critique ouvertement subjectif. Après avoir précisé la position du problème, il met en relief à la fois la portée historique et le sens idéologique de cette critique de l’érudition, tout en en soulignant les limites.
Pierre Glaudes, « Barbey d’Aurevilly et le xviiie siècle »
À rebours des héritiers des Lumières, Barbey d’Aurevilly recense en détail « les grains d’infamie qui criblent la mémoire du xviiie siècle » : sa philosophie destructrice, ses petites mœurs, ses arts et sa littérature corrompus… Barbey 345s’identifie cependant, en plein xixe siècle, à l’impertinence et à la grâce de la société française du siècle précédent ; aussi, malgré ses sarcasmes, il ne peut s’empêcher d’admirer la légèreté, l’esprit, la fantaisie, les élans passionnés, qui font le charme du xviiie siècle.
Catherine Thomas-Ripault, « Barbey d’Aurevilly et l’“École-trumeau”. Dangers et séductions d’un xviiie siècle poétisé »
Légitimiste, catholique convaincu, Barbey d’Aurevilly ne peut que s’indigner face à la petite histoire du xviiie siècle qui, après 1840, s’attache à présenter sous un jour favorable l’époque qui vit la chute de l’Ancien Régime et la crise des valeurs religieuses. Pourtant l’écrivain cède parfois, presque malgré lui, au charme de cette époque raffinée, et la fascination qu’il éprouve explique certainement autant que sa peur la violence du discours qu’il entretient à l’égard du siècle qui le précède.
Judith Lyon-Caen, « Le xviie siècle en creux. Historiographies romanesques de Barbey d’Aurevilly »
Porter un regard historien sur le xviie siècle de Barbey d’Aurevilly : tel est l’enjeu de cet article. Que trouver du xviie siècle dans la fiction aurevillienne ? L’exploration conduit aux limites du siècle, sur son seuil, dans Une page d’histoire, ou vers un passé indistinct qui se dissout dans l’intemporalité, comme dans « La Vengeance d’une femme ». Peut-être faut-il voir là deux manières de tourner le dos à cet âge classique trop patrimonial pour être romanesque, trop grandiose pour hanter le présent.
Pascale Auraix-Jonchière, « Une page d’histoire et le genre de l’histoire tragique »
Cette étude interroge les composantes qui font de cette « diabolique » une histoire « tragique » dont l’auteur préfacier, qui arbore l’ethos du « moraliste chrétien », entend donner à voir « l’horreur » pour mieux « épouvanter ». Par « histoire tragique », l’article renvoie aux fictions brèves qui fleurirent de 1559 à 1644, et dont le récit se noue autour d’une dialectique de la transgression et du châtiment. C’est la dimension toute paradoxale de cette (ré)écriture qu’il entend souligner.
346Reto Zöllner, « Barbey d’Aurevilly et la maxime »
L’article étudie la relation de Barbey avec la maxime et la tradition moraliste du Grand Siècle sous trois points de vue : son admiration pour la culture mondaine du xviie siècle dont la maxime est une expression parfaite ; la poétique de la maxime à l’épreuve des Maximes et Pensées de Balzac et des Pensées détachées ; ainsi que le statut discursif de la maxime dans l’œuvre critique aurevillienne, donc sa valeur rhétorique et argumentative.
Élise Sorel, « Barbey d’Aurevilly et l’ethos “grand seigneur” »
En vogue au xixe siècle, l’expression de « style grand seigneur » – dont Saint-Simon serait le plus grand représentant – repose sur l’adéquation entre une identité sociale et un mode d’écriture. Elle est aussi à l’origine d’un imaginaire linguistique chez Barbey d’Aurevilly, empruntant au bel esprit du mondain et à la rudesse familière du souverain. C’est cet imaginaire qu’étudie le présent article, en montrant comment cet ethos permet à l’écrivain de faire accepter ses apparentes contradictions.
Alice De Georges, « De sombre Franval au franc Sombreval. Un prêtre marié, récit sadien ? »
Un prêtre marié, auquel Barbey d’Aurevilly assigne la charge d’illustrer la théorie maistrienne de la réversibilité, offre d’évidentes analogies avec la nouvelle de Sade, Eugénie de Franval. Cet article analyse d’abord les effets d’analogie et de symétrie inversée qui s’établissent entre ces deux récits, pour interroger ensuite les fonctions de cette réécriture d’une nouvelle de Sade dans un roman édifiant, afin de dégager les enjeux éthiques et esthétiques de ce choix hypertextuel.
Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Barbey d’Aurevilly spectateur classique »
La perception du théâtre classique par Barbey d’Aurevilly est fondée sur le paradoxe. S’il apprécie sa nature aristocratique, il renverse la hiérarchie traditionnelle en valorisant la comédie contre la tragédie ; réclamant le respect des règles et le refus du mélange des genres, il dénonce aussi les limites que le respect des unités impose au génie. Le détour par le théâtre antique 347est l’occasion pour lui de promouvoir un « autre » classicisme, « catholique », vivant et vibrant de toutes les passions humaines.
Mathilde Bertrand, « Barbey d’Aurevilly et la tragédie classique »
S’il oppose la grandeur et l’unité de la tragédie classique au drame hugolien, hybride et abâtardi, Barbey d’Aurevilly regrette ailleurs l’« odieux système » qui a interdit à Corneille et Racine le mélange des genres qui fait le génie shakespearien. Les Diaboliques recèlent ainsi un « tragique inconnu », « dont certainement le grand Corneille au fond de son âme tragique ne se doutait pas », parce qu’il mêle à la gravité l’ironie comme à la prose la poésie.
Frédérique Marro, « L’esthétique aurevillienne. Un écho de la querelle du coloris ? »
L’esthétique aurevillienne semble le lieu où se (re)joue le débat du Grand Siècle entre le dessin et le coloris, entre le blanc et la couleur. Quand la querelle renaît au xixe siècle, le dessin est plébiscité par une culture néoclassique, la couleur serait l’apanage des barbares ou des décadents. Telle est bien souvent la position de Barbey d’Aurevilly qui ne saurait, cependant, le réduire à un éternel antimoderne : seule, la couleur aurait l’art d’éveiller le goût dégradé des contemporains.