Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Autoportraits, autofictions de femmes à l’époque moderne. Savoirs et fabrique d’identité
- Pages : 285 à 290
- Collection : Masculin/féminin dans l’Europe moderne, n° 14
- Série : XVIe siècle, n° 2
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406072386
- ISBN : 978-2-406-07238-6
- ISSN : 2261-5741
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07238-6.p.0285
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/03/2018
- Langue : Français
Résumés/Abstracts
Cathy Yandell, « Le corps dialogique et la femme humaniste dans l’autoportrait de Catherine Des Roches »
Dans son « Dialogue de Sincero et de Charite », Catherine des Roches crée un personnage aussi intelligent que lettré, qui incarne à la fois l’érudition et le désir érotique. Une lecture de l’« affiliation corporelle » entre fille et mère révèle bien une symbiose dans les sphères sociale et littéraire, mais on peut entrevoir une version plus fine du façonnage de sa propre identité dans les Missives. Catherine des Roches inscrit un corps dialogique qui est un nouveau modèle pour la femme humaniste.
In her “Dialogue de Sincero et de Charite”, Catherine des Roches creates an equally intelligent and lettered character in Charite, who embodies both erudition and erotic desire. A reading of the “corporal [af]filiation” between mother and daughter indeed reveals the symbiotic attachment of mother and daughter in both literary and social spheres. Yet a more refined version of Catherine’s self-fashioning can be glimpsed in her Missives. Catherine des Roches inscribes a dialogic body that is a new model for the humanist woman.
Colette H. Winn, « La reine martyre. Constructions identitaires dans les dernières lettres de Marie Stuart »
Entre l’annonce de sa condamnation à mort le 19 novembre 1586 et son exécution le 8 février 1587, Mary Stuart a rédigé une dizaine de lettres à l’insu de ses gardes dans la prison de Fotheringhay. Pour quelles raisons a-t-elle consacré les dernières heures de sa vie à la rédaction de ces lettres ? Cette étude suggère que l’écriture épistolaire, dans laquelle sont reconnus ses savoirs humanistes, lui a fourni le moyen de brosser un portrait favorable d’elle-même et d’empêcher de la sorte ses ennemis de souiller sa mémoire.
Between the announcement of her death sentence on November 19th, 1586, and her execution on February 8th, 1587, Mary Stuart wrote ten letters, most likely 286unbeknownst to her guards in the Fotheringhay castle. What may have motivated Mary Stuart to devote the last hours of her life to writing letters? This paper argues that letter-writing, in which we recognize her Humanist knowledge and skills, provided her the means of constructing a favorable image of herself, thus preventing her enemies from tarnishing her memory forever.
Caroline Trotot, « Les Mémoires de Marguerite de Valois, expérience des savoirs, savoirs de l’expérience »
Les Mémoires sont une entreprise de connaissance de soi-même qui révèlent une anthropologie. Cette vision de l’être dans le temps engage les savoirs philosophiques de Marguerite, sa conception de l’histoire et de la politique. En bonne humaniste, elle met donc les nombreux savoirs qu’elle possède à l’épreuve de l’expérience vécue et de celle de l’écriture, d’une expérience personnelle des savoirs. L’interaction de ces différents savoirs et leur interaction avec l’écriture fabrique son identité.
The Memoirs are an exercise in self-knowledge that reflects an anthropological outlook. This temporal vision of the human being draws on Marguerite’s philosophical knowledge, as well as her conception of history and of politics. As a good humanist, she put the considerable learning she had to the test of lived experience, as well as to that of writing, to a first-hand experience of learning. The interaction of these different types of knowledge and their interaction with writing makes her identity.
Hélène Bah-Ostrowiecki, « “Ignorante et indocile” : Élisabeth dans ses lettres à Descartes »
En faisant d’elle-même, dans sa correspondance avec Descartes, un portrait en femme « ignorante et indocile », la princesse Élisabeth y fait valoir l’expérience de son corps à la fois comme obstacle à la démarche philosophique en tant que facteur d’ignorance, et comme incontournable défi pour cette même démarche, en tant que réalité résistant à la théorie. Ses questions conduiront Descartes à repenser l’articulation de l’âme et du corps à partir de leur union dans la personne humaine.
Depicting herself, in the correspondence with Descartes, as an “ignorant and intractable” woman, Elisabeth, Princess of Bohemia, places a high priority on the body–a body that is at once, as a source of ignorance, an obstacle to the philosophical process, and, as a reality that resists theory, an unavoidable challenge to this same process. 287She thus obliges the philosopher to move from a consideration of the metaphysical ego toward a consideration of the human being.
Michael A. Soubbotnik, « Autoportrait de femme en latiniste absente. Lucy Hutchinson ou le récit de la rencontre et de la perte »
Dans Les Mémoires du Colonel Hutchinson, Lucy Hutchinson non seulement construit une vibrante défense de la mémoire du mari bien-aimé mais encore une impressionnante histoire de la Guerre Civile Anglaise. Le genre exigeait de cette femme au savoir et au talent hors du commun qu’elle s’effaçât derrière l’homme dont elle dressait l’éloge. La voici pourtant, tout autant glorifiée qu’effacée sous l’aspect de la grande latiniste qu’elle fut, auteure de la première traduction complète de Lucrèce en vers.
In The Memoirs of Colonel Hutchinson, Lucy Hutchinson not only built a vibrant vindication of her late beloved husband, but also wrote an impressive account of the English Civil War. The genre demanded that this remarkably talented and knowledgeable woman remain self-effaced behind the man she praised. Here we find her, however, as much self-enhanced as self-effaced in the guise of the great latinist she was, author of the first complete translation of Lucretius in verse.
Thomas M. Carr Jr., « Religieuses et laïques jansénistes aux prises avec l’interdiction de Saint Paul. Le cas de Marie-Catherine Homassel Hecquet »
Suivant Saint Paul, les femmes ont été exclues des rôles religieux publics. L’article explore la contrainte de genre imposée aux religieuses et aux laïques jansénistes, qui furent forcées de déclarer leur position et détaille le cas de Marie-Catherine Hecquet. Elle fut retirée de force d’un couvent et contrainte de se marier. L’article examine deux sortes de portraits à la première personne : professions de foi et récits autobiographiques des persécutions marqués par une appropriation des savoirs théologiques.
Following Saint Paul, women were excluded from public religious. The article explores the gender bind this placed on Jansenist nuns and laywomen, who felt compelled to declare their stance, by focusing on Marie-Catherine Hecquet. She was pried from a convent and browbeaten into marriage. It examines two kinds of “I” portraits of these women: professions of faith and autobiographical accounts of their persecutions which reveal acute theological learning.
288Natania Meeker et Antonia Szabari, « Une artiste en résidence dans le monde des fleurs. L’art botanique de Madeleine Françoise Basseporte »
Cet article examine la production et la réception des illustrations botaniques de Madeleine Françoise Basseporte. Il présente la relation entre image et artiste comme une forme de visibilité dans l’invisibilité, dont on a longtemps pensé qu’elles recélaient une vie cachée, en visibilité. L’œuvre de Basseporte atteste à la fois la marginalisation des femmes illustratrices caractéristique de la période et la vivacité de la femme artiste qui a obtenu une certaine gloire dans des conditions défavorables.
This article examines the production and reception of botanical illustrations by Madeleine Françoise Basseporte. It presents the relationship between image and artist as a form of visibility-in-invisibility, long thought to conceal a hidden life. Basseporte’s oeuvre attests both to the marginalization of woman illustrators typical of the period and to the vivacity of a woman artist who achieved relative fame under unfavorable conditions.
Catriona Seth, « “Que sais-je ? Qui suis-je ?”. Autoportraits et écriture intime au xviiie siècle »
Dans les écrits du for privé, les femmes des Lumières se représentent consciemment ou non. Cet article examine différentes attitudes en s’appuyant sur les textes de Mary Robinson, Victoire Monnard, Adélaïde de Castellane, Françoise-Radegonde Le Noir, Jeanne-Marie Roland, Suzanne Necker et Charlotte-Nicole Coquebert de Montbret, ainsi que sur les autoportraits peints de Rosalba Carriera et de Élisabeth Vigée Lebrun.
In their life-writing, Enlightenment women (un)consciously depict themselves. This article examines different attitudes on the basis of texts by Mary Robinson, Victoire Monnard, Adélaïde de Castellane, Françoise-Radegonde Le Noir, Jeanne-Marie Roland, Suzanne Necker and Charlotte-Nicole Coquebert de Montbret, as well as of painted self-portraits by Rosalba Carriera and Élisabeth Vigée-Lebrun.
Marie-Emmanuelle Plagnol, « Autobiographies et mémoires fragmentés et obliques. L’exemple de Mme de Genlis »
Les mémoires féminins s’appuient sur un statut complexe du témoignage. L’œuvre polygraphe de Mme de Genlis constitue un exemple passionnant de ces tensions entre textes didactiques, textes mémoriels, souvenirs, portrait 289et anecdotes qu’esquissent à la dérobée des textes hybrides. Et surtout, ils constituent un massif vers lequel convergent nombre de textes ou de parties de textes antérieurs, de nature très variée.
Female memoirs play off the complex status of personal testimony. The multifarious works of Mme de Genlis are a fascinating example of the tensions running between didactic texts, memoirs, remembrances, portraits and anecdotes that are there hidden under the surface of these hybrid texts. Above all, they make up a monumental work toward which converge a number of early texts and fragments of various types.
Melissa Hyde, « “Peinte par elle-même ?” Femmes artistes, professeurs et élèves, d’Anguissola à Haudebourt-Lescot »
Cet article analyse ce que les portraits et autoportraits de plusieurs artistes femmes disent au sujet des problèmes d’attribution et d’identité artistique en même temps que sur les relations entre les élèves féminines et leurs maîtres en peinture qui sont souvent représentées par les autoportraits. Si ces relations ne sont pas marquées par les drames œdipiens qui émaillent les récits de filiation des artistes masculins, elles ne sont pas moins complexes et sont remplies de tensions et de conflits.
This essay considers what portraits and self-portraits of several women artists tell about problems of authorship and artistic identity as well as relationships between female students and their teachers often represented on the paintings. These relationships, though not usually defined by the Oedipal dramas that feature so prominently in narratives of filiation about male artists, are no less complex, and are fraught with tensions and conflicts.
Séverine Sofio, « “Portrait de l’artiste à son chevalet”. La pratique de l’autoportrait par les artistes femmes et hommes dans le dernier tiers du xviiie siècle »
Ce texte traite des aspects sociaux et matériels de la pratique de l’autoportrait peint, en France à la fin du xviiie siècle. Est ensuite spécifiquement abordée la pratique de l’autoportrait par les peintres femmes, dans le contexte de la féminisation inédite du monde de l’art parisien qui caractérise cette période et dont un des corollaires est, justement, la vogue soudaine des images de femmes à leur chevalet.
290This text studies the practice of painted self-portraiture in late eighteenth-century France, with a focus on the social and material conditions that could lead artists to depict themselves. Then, it examines self-portraiture as practised by women in the context of the unprecedented process of feminisation the Parisian art world was then undergoing–one of the consequences of which was, precisely, the sudden vogue for images of women at their easels.