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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Arts de poésie et traités du vers français (fin xvie-xviie siècles). Langue, poème, société
  • Pages : 415 à 419
  • Collection : Rencontres, n° 370
  • Série : Le Siècle classique, n° 9
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406066514
  • ISBN : 978-2-406-06651-4
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06651-4.p.0415
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/02/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Jean-Charles Monferran, « Éléments pour une histoire de la “poétique restreinte” (France, xvie-xviie siècles). (Seconde) rhétorisation et décentralisation »

Larticle sintéresse à différents traités de versification du xviie siècle. Il cherche notamment à montrer que, loin de se cantonner à la fin du Moyen Âge, la tradition de la seconde rhétorique persiste, de façon vivante et au gré daménagements divers, tout au long des xvie et xviie siècles, et quelle reste inséparable des lieux et des contextes socioculturels liés aux concours de poésie. Aussi plaide-t-il pour une prise en compte accrue dans lapproche des poétiques de leurs spécificités locales et régionales.

Nadia Cernogora, « Arts poétiques en transition. Lexemple de LArt poetique françois (1605) de Jean Vauquelin de La Fresnaye »

LArt poetique françois de Vauquelin de La Fresnaye occupe une place singulière dans le paysage des arts poétiques du début du xviie siècle. Véritable traité de transition entre xvie et xviie siècles, encore imprégné des modèles de ses prédécesseurs et dHorace, cet art poétique versifié atypique renouvelle pourtant le genre : sil en conserve la visée pédagogique et spéculative, il innove par sa référence à Aristote, sa tentative darchéologie des lettres françaises, ou encore son fort ancrage régional et subjectif.

Nicolas Lombart, « Lancien et le nouveau selon Pierre de Deimier »

Le discours sur lancien et le nouveau de Deimier diffère de celui des arts poétiques renaissants. Dans LAcadémie de lart poëtique (1610), le renouvellement de lantique disparaît au profit dune « observation » des « vieux » poètes fondée sur la raison : lancien et le nouveau sont réévalués à laune de catégories comme celles de la « coutume » ou du « patrimoine ». Face au règne dérégulé de la « nouveauté » simpose une vision de lhistoire de la poésie française fondée sur un « progrès » naturel.

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Isabelle Luciani, « Domestiquer la poétique ? Les Discours manuscrits de Nicolas Bergier (fin xvie – début xviie siècle) »

Les manuscrits sur la poésie que Nicolas Bergier, avocat rémois du début du xviie siècle, destine à sa belle-sœur, attestent la socialisation de cet art, support de pratiques mondaines, et une mise en valeur de sa figure dhumaniste. Mais ils témoignent aussi dune appropriation des arts poétiques, notamment du livre I des Poetices libri septem de Scaliger, dont la traduction partielle reconfigure la poétique dans une approche génétique liant lorigine de la poésie à la nature de lhomme.

Michel Magnien, « Scaliger et Colletet théoriciens de lépigramme »

Aucun traité sur lépigramme ne semble avoir vu le jour durant lAntiquité, et il faudra attendre Colletet pour en voir un publié en français. Pour montrer son importance, sera dabord présenté le premier traité jamais publié à ce sujet, lExplicatio de Robortello (1548). Puis on verra si Scaliger a raison de prétendre se démarquer de ses prédécesseurs. On passera enfin dune réflexion en latin (pour raisons pédagogiques) à ce premier traité vernaculaire sur la plus petite des formes poétiques – non la moins stimulante.

Pascal Debailly, « La théorie de la satire dans les traités de poétique au xviie siècle »

La satire classique en vers, forme dexpression romaine, est inventée comme genre à la Renaissance, dans les traités en latin, puis dans les poétiques en langue vernaculaire. En dépit des apparences, elle est un genre en voie dextinction au xviie siècle, avant dêtre discréditée au xviiie. Bien quelle ait trouvé sa place dans les arts poétiques, elle apparaît comme une pratique décriture problématique et indigne dun honnête homme, puis dun philosophe des Lumières.

Gilles Couffignal, « La question des dialectalismes et la définition de la langue chez Pierre Laudun dAigaliers et Pierre de Deimier »

À partir des exemples de Peletier du Mans, Laudun dAigaliers et Pierre de Deimier, larticle pose la question de la fonction de la réflexion sur la diversité linguistique dans le discours poéticien. Son hypothèse est que, au-delà 417de lacceptation ou du refus du dialectalisme, cest limaginaire linguistique construit par les arts poétiques qui change entre le xvie siècle et le début du xviie siècle.

Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Les démêlés de lépithète et de la rime dans les arts poétiques des xvie et xviie siècles »

Larticle étudie le passage progressif des poétiques de lépithète au primat de la rime et à la grammaticalisation, à travers le traitement de lépithète dans les traités poétiques des xvie et xviie siècles. Il analyse ainsi la reformulation des préceptes de la Pléiade, la critique de la « macrologie » bartasienne, la soumission grammaticale de lépithète aux règles métriques, et la contestation de la tyrannie exercée par la rime, voire son détournement satirique selon une exploitation nouvelle des ressources de lépithète.

Sophie Tonolo, « Poésie et détermination de la langue chez Richelet. Étude de linfluence de La Versification françoise sur le Dictionnaire à travers les exemples poétiques »

Dabord théoricien de la rime et du vers dans La Versification françoise, Richelet devient lexicographe et établit des passerelles entre poétique et linguistique. Cet article souhaite considérer la part de travail poétique qui anime le Dictionnaire françois. En matière de singulier et de pluriel, de distinction des sens propres et figurés, de néologie et même de fixation de lusage, les états poétiques que Richelet a repérés dans La Versification nont-ils pu influencer sa vision de la langue ?

Yves Charles Morin, « Le Gaygnard et la phonétique de la rime au Poitou à la fin du xvie siècle »

Le Promptuaire dunisons, ou dictionnaire des rimes, de Pierre Le Gaygnard, rédigé quelques années avant 1572, offre un témoignage unique de lappropriation par les élites de province des schèmes constitutifs (organisation syllabique et rimique) de la poésie en usage à la Cour. Le poète de province sappuie sur une longue tradition des « métaplasmes » ou « figures » de la métrique classique pour légitimer les écarts de prononciation entre son propre usage du français et celui de ses modèles.

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Dominique Billy, « Théorie et pratique de la rime normande aux xvie et xviie siècles. Ce que nous apprennent les arts poétiques et les théoriciens de la rime »

Les critiques unanimes de la rime dite normande, également dénoncée par les grammairiens, influençant Boileau lui-même, témoignent dun hiatus entre la lecture des vers par le public lettré ordinaire et la langue des poètes, diffusée par les acteurs et reproduite par un public cultivé dont les pratiques conservatrices et affectées passaient pour un vice aux yeux des premiers. Seul Mourgues a pu se montrer conscient de ce hiatus dans la seconde édition de son traité.

Sabine Biedma, « De LEscole des Muses (1652) à LArt poëtique (1658) de Guillaume Colletet »

Quel intérêt pour Colletet de publier coup sur coup LEscole des Muses (1652), bref traité du vers et des genres, et LArt poëtique (1658), qui contient des traités génériques diffusés dès 1653 ? Si lun pourrait passer pour un approfondissement de lautre, des divergences suggèrent que leur auteur diffère. Lécart entre les deux approches, technique ou historico-philosophique, marque lapport de Colletet au genre de lart poétique en termes de poétique, politique, éthique et surtout critique.

Emmanuel Bury, « LArt poétique de Boileau, entre mémoire savante et artisanat du vers »

LArt poétique de Boileau est-il un recueil de préceptes ou une œuvre poétique en soi qui illustrerait lart du poète lui-même ? Cet ouvrage se situe aux confins de la tradition savante de lhumanisme et de la critique mondaine des années 1650 ; son attention au travail concret sur la langue le place dans la lignée de Malherbe (commentateur de Desportes) et des « remarqueurs », affirmant que la réussite repose sur lassociation du souci poétique à la pensée vivante de la langue française.

Delphine Reguig, « LArt poétique de Boileau, une œuvre en recueil »

Lœuvre poétique de Boileau exprime une volonté de puissance qui pouvait aisément se confondre avec une volonté de codification normative. Or au 419sein de cet ensemble qui réunit les Satires et la traduction du Traité du sublime, LArt poétique poursuit lœuvre critique empirique des Satires et annonce ce que le Traité du Sublime défend comme une vérité : le fait que la grandeur poétique ne sidentifie pas à un style mais se reconnaît immanquablement à un effet sur un lecteur.

Alain Génetiot, « Boileau et la mondanisation de lart poétique sous Louis XIV »

Sous Louis XIV les arts poétiques se transforment, de traités scolaires, en textes critiques destinés aux honnêtes gens soucieux de goûter la poésie contemporaine. Boileau et Phérotée de La Croix font lhistoire de la poésie française et assument une fonction dévaluation à partir dune anthologie dexemples. Mais Boileau propose de surcroît une poétique en acte qui hiérarchise le champ littéraire du classicisme et transfigure ce genre didactique impersonnel en poème lyrique personnel.