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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Arthur en Europe à la fin du Moyen Âge. Approches comparées (1270-1530)
  • Pages : 285 à 289
  • Collection : Rencontres, n° 442
  • Série : Civilisation médiévale, n° 37
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406098713
  • ISBN : 978-2-406-09871-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09871-3.p.0285
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 18/05/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Christine Ferlampin-Acher, « Introduction. Arthur est sans pair, et la matière arthurienne peu comparatiste en France »

Si historiquement le comparatisme et la littérature médiévale entretiennent des liens, il semble quactuellement les médiévistes sont plus attirés, en France, par le comparatisme que les comparatistes ne le sont par le Moyen Âge. Un parcours des études arthuriennes relevant du comparatisme dans le monde est proposé, panorama dans lequel le projet LATE (Littérature Arthurienne Tardive en Europe) conduit par Christine Ferlampin-Acher dans le cadre de lInstitut Universitaire de France est situé.

Barbara Wahlen et Géraldine Toniutti, « La figure dArthur dans quelques romans en vers tardifs allemands et français »

Le rôle dArthur, central dans les récits arthuriens, évolue au fil des réactivations jusquà devenir anecdotique et à disparaître des récits chevaleresques de la fin du Moyen Âge. Sont posés quelques jalons de ce parcours qui voit Arthur évoluer de figure indispensable au monde chevaleresque à un simple roi dont on se passe aisément, à partir dune comparaison des derniers romans arthuriens en vers allemands et français et du traitement de la matière arthurienne quils proposent.

Ceridwen Lloyd-Morgan, « Lenlèvement de Guenièvre dans les littératures galloise et française »

Larticle porte sur la façon dont les éléments essentiels des fragments tardifs (xviexviie s.) dun dialogue en vers gallois entre Melwas et Gwenhwyfar sont interprétés et réécrits, à partir dune comparaison avec dautres textes-témoins : témoins dorigine galloise (la Vita latine de Saint Gildas par Caradog de Llancarfan et quelques références dans la poésie des xivexvie siècles), Lancelot de Chrétien de Troyes et le Lancelot 286en prose. Le rôle de la reine aide en particulier à interpréter les fragments du Dialogue gallois.

Emanuele Arioli, « Un héros aux mille visages. Ségurant le Brun, Sicurano lo Bruno, Segurades el Brun, Severause le Brewse »

De la fin du xiiie à la fin du xvie siècle, le personnage de Ségurant a été repris par divers textes non seulement français mais aussi italiens, espagnols et anglais. Si sa présence se réduit souvent à la seule mention onomastique, certaines œuvres lui attribuent en revanche un rôle de premier plan. Cet article se penche sur la fortune européenne de ce héros : il présente ses divers avatars au fil des siècles et analyse les modulations de son nom, de son rôle et de ses caractéristiques dans des horizons chronologiques et linguistiques différents.

Anne Berthelot, « Le retour de Merlin en français (Roman des fils du roi Constant et Prophesies de Merlin) et en anglais (Of Arthour and of Merlin, Prose Merlin et Merlin dHarry Lovelich) »

Cette étude sattache à la curieuse floraison de textes consacrés à, ou tournant autour de, Merlin dans les domaines français et anglais, de la fin du xiiie siècle aux années 1440. Baudouin Butor et Richart dIrlande sintéressent spécifiquement à la persona ambiguë du « prophete des Englois » dans le Roman des fils du roi Constant et Les Prophesies de Merlin. Au contraire, les trois textes anglais considérés, et surtout celui de Harry Lovelich, envisagent plutôt Merlin comme une figure obligée de la légende arthurienne, ou de celle du Graal.

Hélène Tétrel et Ásdis Magnúsdóttir, « La Saga de Samson le beau et les récritures islandaises, du Mantel mal taillé. Une brève présentation du corpus »

Composée vraisemblablement à la fin du xive, ou au début du xve siècle, la Samsons saga fagra (La Saga de Samson le Beau) mêle deux univers. La première partie est une saga de chevalerie : elle tire son inspiration de la matière de Bretagne et parle, très lointainement, dArthur. La seconde partie, en revanche, mène le récit vers un univers plus « nordique ». Lobjet par lequel Samsons saga fagra lie ces deux parties appartient à lunivers arthurien : il sagit du « manteau mal taillé », du lai français désigné par ce nom. Cette tradition, à léchelle européenne, nest pas isolée.

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Christine Ferlampin-Acher, « La diffusion de Perceforest et Artus de Bretagne en Europe (France, Italie, Espagne, Angleterre, Islande). Une enquête au long cours ? »

Larticle compare la diffusion de Perceforest, qui a été traduit en italien et en espagnol sans grand succès, et a inspiré une pièce élisabéthaine, Clyomon et Clamydes, à celle dArtus de Bretagne, qui a été souvent imprimé en France à la Renaissance, dont la traduction en anglais par Lord Berners a connu plusieurs éditions, et qui a peut-être influencé Spenser dans La Reine des Fées, et certainement la Rémundar Saga. Les romans néo-arthuriens ont connu des diffusions très diverses.

Martin Šorm, « The Fragile Masculinity of Adolescents. Tandariáš in the Manuscripts »

Larticle analyse les trois manuscrits qui ont été conservés de Tandariáš, ladaptation en tchèque de Tandareis du Pleier. Il sintéresse en particulier au manuscrit de Brno (Moravian Land Archives, G 10, n. 510), adressé par son copiste du xve siècle à un lectorat masculin, qui rejoint le projet de ladaptateur tchèque du xive : le roman est proposé comme un manuel déducation destiné à des jeunes gens célibataires.

Matouš Jaluška, « You Can Tel a Lord by His Servitors. An Attempt at Reading the Old Czech Tristram »

Larticle étudie le Tristram composé en ancien tchèque, qui adapte une source allemande. Lhistoire commence avec la campagne militaire du roi Mark contre un roi slave au cours de laquelle les parents de Tristram font connaissance. Lespace slave est demblée situé à la périphérie du monde arthurien. Le Tristram valorise la dévotion et le comportement chrétiens sans pour autant exclure le service amoureux laïc. Le roman entre en résonance avec les textes religieux de la période qui précède le début des guerres hussites.

Florent Coste, « La littérature arthurienne face à la question sociale de la militia (Pise, fin du xiiie siècle) »

Laxe Gênes-Pise constitue le pôle de production francophone de lItalie médiévale qui suscite le plus de questions. On lui doit des compilations 288arthuriennes complexes, ainsi que des traités didactiques, dont le Tresor de Brunetto Latini pourrait être le modèle. En fait, la matière arthurienne cohabite avec ce corpus communal, pour offrir des cadres sociopolitiques à la militia, classe sociale de chevaliers émergeant hors de tout cadre féodal, violente et aspirant à la noblesse.

Annarita Palumu, « Lidéologie de lHistoire de la Queste del Saint Graal et sa réception dans la Demanda del Sancto Grial »

Au début du xvie siècle une traduction en castillan a été faite de la Queste du Saint Graal dans la version Post-vulgate. Lapproche comparée met en évidence limportance des éléments narratifs et idéologiques de la Queste qui ont subi un processus dactualisation dans le contexte historique et culturel de lEspagne des Rois Catholiques et de Charles-Quint, processus qui a été favorisé par lédition de cet ouvrage qui a connu une large circulation et qui appartient aux libros de caballerías.

Rosa Helena Chinchilla, « Novels of Chivalry and Courtly Feasts in Castile, England, Portugal and the Low Countries (1370-1516) »

Les mariages entre princesses ibériques et princes français, anglais et bourguignons ont été au centre de la diffusion des romans ibériques. Les guerres civiles dynastiques, le commerce portugais et castillan et lobjectif de conquérir le royaume de Grenade ont promu limaginaire chevaleresque, les prophéties et de nouvelles légendes, comme en témoigne limportance prise par le dragon, le griffon, les batailles à la hache et les tournois aux xive et xve siècles. Les prophéties de Merlin ont été mêlées à lessor des dynasties Trastamara et Avis.

Michelle Szkilnik, « Arthur parle en vers anglais mais en prose française »

La littérature arthurienne en langue anglaise est, jusquà Malory, presque exclusivement composée en vers, alors quen français le vers est concurrencé par la prose, puis devient une forme anachronique chez Froissart. Dans le contexte des tensions politiques entre la France et lAngleterre, la prose arthurienne et son meilleur représentant, Lancelot (opposé à Gauvain) sont apparus en Angleterre comme trop « continentaux », menaçant lhéritage britannique de Geoffroy de Monmouth.

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Christine Ferlampin-Acher, « Conclusions. La matière arthurienne à la fin du Moyen Âge, un mythe européen en devenir ? »

Cette conclusion résume les diverses modalités de comparaison qui ont été mises en œuvre par les articles du volume, souligne la malléabilité de la matière arthurienne, et pose la question de son succès, à un moment caractérisé par le fait quelle devient un mythe littéraire européen. Ce mythe est comparé à celui dAlexandre, y compris pour ce qui est de son devenir moderne et de sa mondialisation. Larticle termine en soulignant quelques difficultés méthodologiques et en ouvrant des pistes.