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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Catalina Girbea, « Rapport introductif. Limaginaire du tournoi »

Profondément ancré dans limaginaire des sociétés de la guerre le tournoi, forme codifiée et esthétisée de lagôn, accomplit plusieurs fonctions dans la littérature médiévale. Il peut servir de mise en abyme du récit en générant une poétique de la méritocratie, et de lélection, il revêt le manteau de lallégorie devenant psychomachie ou bien il donne lieu à des îlots textuels où le romanesque croise la théâtralisation et le rituel, devenant une occasion de présenter les guerriers sous un jour sacralisé.

Martin Aurell, « Lépée, lautel et le perron. Théocratie et légende arthurienne (xiie-xiiie siècles) »

Pour accéder à la royauté, Arthur tire miraculeusement lépée du perron. Vers 1205, le Merlin raconte cet épisode dans une perspective théocratique, où le clergé sérige en guide de la royauté et de la chevalerie célestielle. Il intègre ainsi la mythologie païenne dans la théorie cléricale des deux glaives, qui se reflète aussi dans le sacre royal, ladoubement et la conversion monastique où lépée part de lautel et revient vers lui. Le public médiéval de la légende arthurienne a pu identifier le perron et lautel, comme le corrobore liconographie.

Vladimir Agrigoroaei, « Une lecture templière de lAncien Testament. Les peintures de Cressac à la lumière de la traduction anglo-normande du Livre des Juges »

Lauteur propose une interprétation des peintures murales de la paroi Nord de la chapelle templière de Cressac. À la fin dune comparaison avec les peintures de San Bevignate, Alaiza, Poncé-sur-le-Loir ou Paulhac, il considère que le registre inférieur de Cressac témoigne dune représentation de lhistoire des Maccabées. Il sagirait dun leitmotiv vétérotestamentaire dont dautres

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échos templiers se font entendre dans une traduction du livre des Juges et dans la lettre dun certain Hugo peccator.

Brînduşa Grigoriu, « Lépée de Maximien et la colombe dEulalie »

La Cantilène de sainte Eulalie (879-882) est une relecture carolingienne du combat mystique entre la jeune chrétienne Eulalie et lempereur païen Maximien, consigné dabord vers 400 par Prudence et remanié par des Passions latines. Notre étude aborde, comparativement, la dimension agonistique du texte français, en explorant la sémiotique des armes impliquées dans le martyre : le feu, lépée, et dautres moyens – matériels mais aussi spirituels – déprouver / sublimer la sainteté dEulalie.

Andreea Apostu, « De la joute à plaisance à la guerre de pestilence. Dynamiques de la confrontation dans quelques miniatures du ms. fr. 12399 de la BnF »

Cet article se propose didentifier, à travers le programme iconographique du manuscrit fr. 12399 dHenri de Ferrières Songe de Pestilence les miniatures qui codifient par la représentation de léquipement symbolique et des mises en scène, le combat traditionnel entre les vices et les vertus qui se place au cœur de cette fiction du xive siècle. Le but de ce programme est également de glorifier Dieu et le roi de France, Charles V, qui est vu comme un sauveur pour les structures politiques et sociales du pays.

Esther Dehoux, « Armes et faits darmes dans les prières aux saints en français à la fin du Moyen Âge »

Les armes et faits darmes apparaissent très peu dans les prières en français à la fin du Moyen Âge. Même si les exploits des saints guerriers sont reconnus, la vraie couronne de justice et la garde du royaume sont confiées à ceux dont le combat nest pas contre « la chair et le sang », mais contre les forces du mal par la gloire du martyre, dans la ligne droite des métaphores pauliniennes.

Christine Ferlampin-Acher, « Des excentriques tournoyants. Étude de quelques armes non conventionnelles dans Artus de Bretagne »

Bien que héros solaire et vainqueur des ténèbres, Artus de Bretagne dans le roman éponyme se sert rarement de son épée, quil remplace plusieurs fois

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par des armes « non conventionnelles » (comme une renge de charrette, une massue, une bare de porte, la parole elle-même) ; elles confèrent aux combats des allures burlesques et parodiques mais, paradoxalement, elles désignent le protagoniste comme lexceptionnel élu dans un monde chevaleresque sursaturé dépées merveilleuses et lances éblouissantes.

Karin Ueltschi, « Les tournois fantômes »

Manifestations essentiellement royales, signes du combat entre le bien et le mal, de la damnation ou de la victoire pour léternité, les tournois et les chasses fantômes, la cohorte des morts en train de refaire à linfini les gestes du combat ou ceux de la chasse, sinscrivent dans limaginaire médiéval de lau-delà. Le tournoi de la mesnie Hellequin est spectaculaire et didactique, au cœur dune poétique de la mort et de la psychomachie.

Damien de Carné, « Jeux de tournoyeurs, jeux de lecteurs. Renouvellement ludique du récit de tournoi dans deux proses arthuriennes mineures (la Queste 12599 et le Roman de Ségurant) »

Épisodes stéréotypés des romans arthuriens et passages obligés pour linitiation chevaleresque, les tournois sont loccasion pour certains auteurs, comme celui de Ségurant, dinnover au sein du cliché, je jouer avec lhorizon dattente du lecteur/auditeur et de mettre en scène des moments ludiques, parodiques, des armes inattendues, ou dindividualiser le protagoniste en transformant le tournoi en duel.

Danielle Buschinger, « La guerre dans la traduction haut-alémanique du Livre des faits darmes et de chevalerie de Christine de Pizan. Das buoch von dem vechten und von der ritterschaft (Staatsbibliothek in Berlin, Ms. germ. fo 1705) »

La traduction allemande du Livre des Faits darmes et de chevalerie de Christine de Pizan est une réécriture du texte original ; ladaptateur a été à même de se mettre au diapason de sa terre dorigine, la Confédération helvétique, partie intégrante à lépoque où ladaptation est née, de lEmpire romain-germanique. La traduction alémanique de ce texte fait partie des recréations, des réécritures en littérature allemande.

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Laurent Hablot, « Masque de guerre et don des armes. Les échanges de cimiers, une pratique chevaleresque à la fin du Moyen Âge »

Dans le cadre des pratiques de partage héraldique, celui des armes et des armoiries, le don du cimier, pratique médiévale mal connue et peu étudiée permet dinstaurer une parenté choisie. La concession des heaumes cimés à la suite dévènements comme les tournois, les croisades ou les campagnes militaires souligne le compagnonnage et laffection fraternelle, les liens seigneuriaux ou renforce la symbolique du lignage.

Catherine Daniel, « Tournois et tables rondes dÉdouard Ier à Édouard III. Du jeu militaire à lOrdre de Chevalerie »

Au xiiie siècle apparaissent les tables rondes, événements festifs organisés autour de joutes courtoises combinées à des danses, des banquets, et marqués par limitation du monde arthurien. Fête mondaine et politique, la table ronde brouille les cartes et établit un lien entre jeux militaires et mondanités. Édouard Ier, persuadé dincarner le nouvel Arthur, sapproprie naturellement la table ronde et Édouard III saura reprendre lhéritage arthurien de son grand-père.

Claudio Galderisi, « La liturgie du combat dans Aucassin et Nicolette »

Dans la chantefable Aucassin et Nicolette, lépisode de Torelore représente un monde à lenvers où la guerre est transformée en un tournoi aux tonalités carnavalesques. Les prouesses irréfléchies dAucassin semblent mettre fin aux jeux darmes en cassant les ressorts dune liturgie guerrière qui garantit un équilibre social. Léchec grotesque dAucassin met encore plus en valeur la vaillance dont fera preuve Nicolette. Cest ainsi lengin féminin triomphe, y compris sur les armes, signalant la crise des valeurs guerrières.

Françoise Le Saux, « Les dangers de la guerre. Limage du guerrier dans le Brut de Laȝamon »

Guerre défensive, guerre légitime, guerre civile, laffrontement militaire dans le Brut de Laȝamon après lavènement dArthur perd de sa brutalité caractéristique de la partie préchrétienne du texte, mais reste malgré tout au cœur de tensions entre la morale chrétienne et le devoir dhéroïsme. La

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poétique de lagôn implique une fusion originale de la tradition scolaire latine, des conventions épiques anglo-saxonnes, modifiées à la lumière de la symbolique biblique

Myriam White-Le Goff, « Faits darmes dans le Roman de Mélusine de Jean dArras. Entre sauvagerie et civilisation »

En dépit dun récit fondé sur lamour et sur le merveilleux, les romans mélusiniens, et surtout celui de Jean dArras, placent les faits darmes au cœur de lhistoire. Depuis laccident de chasse qui scelle le sort du protagoniste aux exploits de la croisade, du tournoi et mariage des personnages à la reconquête par Raymondin de lhéritage paternel ou aux combats de Geoffroy la GrandDent, le texte de Jean dArras est riche en réflexions sur les règlements et les significations des armes.

Edina Bozóky, « Lépée dAttila »

Attila, roi des Huns, est désigné au Moyen Âge par la métaphore « fléau de Dieu ». Cependant son arme mythique na pas été un fléau, mais une épée. À linstar dautres éléments de lhistoire dAttila, celui de lépée connaît un développement légendaire intéressant.

Alexandra Ilina, « Quelques considérations sur la lance empoisonnée du Tristan en prose et sur les malheurs que le doute inflige au héros »

Victime dune jalousie meurtrière, Tristan tombe aussi victime dune hybris qui va mal tourner. Complice insouciant à son meurtre, il donne à ses ennemis larme du crime parce quil ne croit pas à la vérité des paroles annonçant sa fin. Larticle se veut une interrogation des circonstances de la mort du héros dont les motifs dépassent la simple causalité et contiennent le nouveau sens de la légende tristanienne en prose.

Daniel Jaquet, « “Personne ne laisse volontiers son honneur être tranché”. Les combats singuliers “judiciaires” daprès les livres de combat »

Cet article se propose dexaminer les jugements de Dieu et les duels dhonneur. Lanalyse des Livre de combat et des manuels de hérauts démontre

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que ces affrontements font partie de la même catégorie. La représentation du jugement de Dieu à la fin du Moyen Âge dans la littérature, les coutumiers, la littérature technique et normative sera comparée avec la représentation qui se dégage des Livres de combat où ces ordalies jouent un rôle à la fois symbolique et pragmatique.

Sylvain, Ferrieu, « Le combat dhonneur. La violence chevaleresque au service du droit »

Parmi les trois modes de laction chevaleresque, le combat dhonneur occupe une place médiane et représente lactivité la plus courante de ce champion itinérant du droit. Il nest pas seulement un moyen de séprouver et de se valoriser, comme le tournoi peut lêtre. Et il nest pas le produit dune procédure judiciaire stricte comme lest le duel judiciaire. Le combat dhonneur avait originellement pour rôle de distinguer le chevalier du brigand et lhonneur guerrier est devenu un mode de vie.