Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Armes et jeux militaires dans l’imaginaire. xiie-xve siècles
- Pages : 465 à 470
- Collection : Bibliothèque d'histoire médiévale, n° 15
- Thème CLIL : 3386 -- HISTOIRE -- Moyen Age
- EAN : 9782812460852
- ISBN : 978-2-8124-6085-2
- ISSN : 2264-4261
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-6085-2.p.0465
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 27/06/2016
- Langue : Français
Résumés
Catalina Girbea, « Rapport introductif. L’imaginaire du tournoi »
Profondément ancré dans l’imaginaire des sociétés de la guerre le tournoi, forme codifiée et esthétisée de l’agôn, accomplit plusieurs fonctions dans la littérature médiévale. Il peut servir de mise en abyme du récit en générant une poétique de la méritocratie, et de l’élection, il revêt le manteau de l’allégorie devenant psychomachie ou bien il donne lieu à des îlots textuels où le romanesque croise la théâtralisation et le rituel, devenant une occasion de présenter les guerriers sous un jour sacralisé.
Martin Aurell, « L’épée, l’autel et le perron. Théocratie et légende arthurienne (xiie-xiiie siècles) »
Pour accéder à la royauté, Arthur tire miraculeusement l’épée du perron. Vers 1205, le Merlin raconte cet épisode dans une perspective théocratique, où le clergé s’érige en guide de la royauté et de la chevalerie célestielle. Il intègre ainsi la mythologie païenne dans la théorie cléricale des deux glaives, qui se reflète aussi dans le sacre royal, l’adoubement et la conversion monastique où l’épée part de l’autel et revient vers lui. Le public médiéval de la légende arthurienne a pu identifier le perron et l’autel, comme le corrobore l’iconographie.
Vladimir Agrigoroaei, « Une lecture templière de l’Ancien Testament. Les peintures de Cressac à la lumière de la traduction anglo-normande du Livre des Juges »
L’auteur propose une interprétation des peintures murales de la paroi Nord de la chapelle templière de Cressac. À la fin d’une comparaison avec les peintures de San Bevignate, Alaiza, Poncé-sur-le-Loir ou Paulhac, il considère que le registre inférieur de Cressac témoigne d’une représentation de l’histoire des Maccabées. Il s’agirait d’un leitmotiv vétérotestamentaire dont d’autres
échos templiers se font entendre dans une traduction du livre des Juges et dans la lettre d’un certain Hugo peccator.
Brînduşa Grigoriu, « L’épée de Maximien et la colombe d’Eulalie »
La Cantilène de sainte Eulalie (879-882) est une relecture carolingienne du combat mystique entre la jeune chrétienne Eulalie et l’empereur païen Maximien, consigné d’abord vers 400 par Prudence et remanié par des Passions latines. Notre étude aborde, comparativement, la dimension agonistique du texte français, en explorant la sémiotique des armes impliquées dans le martyre : le feu, l’épée, et d’autres moyens – matériels mais aussi spirituels – d’éprouver / sublimer la sainteté d’Eulalie.
Andreea Apostu, « De la joute à plaisance à la guerre de pestilence. Dynamiques de la confrontation dans quelques miniatures du ms. fr. 12399 de la BnF »
Cet article se propose d’identifier, à travers le programme iconographique du manuscrit fr. 12399 d’Henri de Ferrières’ Songe de Pestilence les miniatures qui codifient par la représentation de l’équipement symbolique et des mises en scène, le combat traditionnel entre les vices et les vertus qui se place au cœur de cette fiction du xive siècle. Le but de ce programme est également de glorifier Dieu et le roi de France, Charles V, qui est vu comme un sauveur pour les structures politiques et sociales du pays.
Esther Dehoux, « Armes et faits d’armes dans les prières aux saints en français à la fin du Moyen Âge »
Les armes et faits d’armes apparaissent très peu dans les prières en français à la fin du Moyen Âge. Même si les exploits des saints guerriers sont reconnus, la vraie couronne de justice et la garde du royaume sont confiées à ceux dont le combat n’est pas contre « la chair et le sang », mais contre les forces du mal par la gloire du martyre, dans la ligne droite des métaphores pauliniennes.
Christine Ferlampin-Acher, « Des excentriques tournoyants. Étude de quelques armes non conventionnelles dans Artus de Bretagne »
Bien que héros solaire et vainqueur des ténèbres, Artus de Bretagne dans le roman éponyme se sert rarement de son épée, qu’il remplace plusieurs fois
par des armes « non conventionnelles » (comme une renge de charrette, une massue, une bare de porte, la parole elle-même) ; elles confèrent aux combats des allures burlesques et parodiques mais, paradoxalement, elles désignent le protagoniste comme l’exceptionnel élu dans un monde chevaleresque sursaturé d’épées merveilleuses et lances éblouissantes.
Karin Ueltschi, « Les tournois fantômes »
Manifestations essentiellement royales, signes du combat entre le bien et le mal, de la damnation ou de la victoire pour l’éternité, les tournois et les chasses fantômes, la cohorte des morts en train de refaire à l’infini les gestes du combat ou ceux de la chasse, s’inscrivent dans l’imaginaire médiéval de l’au-delà. Le tournoi de la mesnie Hellequin est spectaculaire et didactique, au cœur d’une poétique de la mort et de la psychomachie.
Damien de Carné, « Jeux de tournoyeurs, jeux de lecteurs. Renouvellement ludique du récit de tournoi dans deux proses arthuriennes mineures (la Queste 12599 et le Roman de Ségurant) »
Épisodes stéréotypés des romans arthuriens et passages obligés pour l’initiation chevaleresque, les tournois sont l’occasion pour certains auteurs, comme celui de Ségurant, d’innover au sein du cliché, je jouer avec l’horizon d’attente du lecteur/auditeur et de mettre en scène des moments ludiques, parodiques, des armes inattendues, ou d’individualiser le protagoniste en transformant le tournoi en duel.
Danielle Buschinger, « La guerre dans la traduction haut-alémanique du Livre des faits d’armes et de chevalerie de Christine de Pizan. Das buoch von dem vechten und von der ritterschaft (Staatsbibliothek in Berlin, Ms. germ. fo 1705) »
La traduction allemande du Livre des Faits d’armes et de chevalerie de Christine de Pizan est une réécriture du texte original ; l’adaptateur a été à même de se mettre au diapason de sa terre d’origine, la Confédération helvétique, partie intégrante à l’époque où l’adaptation est née, de l’Empire romain-germanique. La traduction alémanique de ce texte fait partie des recréations, des réécritures en littérature allemande.
Laurent Hablot, « Masque de guerre et don des armes. Les échanges de cimiers, une pratique chevaleresque à la fin du Moyen Âge »
Dans le cadre des pratiques de partage héraldique, celui des armes et des armoiries, le don du cimier, pratique médiévale mal connue et peu étudiée permet d’instaurer une parenté choisie. La concession des heaumes cimés à la suite d’évènements comme les tournois, les croisades ou les campagnes militaires souligne le compagnonnage et l’affection fraternelle, les liens seigneuriaux ou renforce la symbolique du lignage.
Catherine Daniel, « Tournois et tables rondes d’Édouard Ier à Édouard III. Du jeu militaire à l’Ordre de Chevalerie »
Au xiiie siècle apparaissent les tables rondes, événements festifs organisés autour de joutes courtoises combinées à des danses, des banquets, et marqués par l’imitation du monde arthurien. Fête mondaine et politique, la table ronde brouille les cartes et établit un lien entre jeux militaires et mondanités. Édouard Ier, persuadé d’incarner le nouvel Arthur, s’approprie naturellement la table ronde et Édouard III saura reprendre l’héritage arthurien de son grand-père.
Claudio Galderisi, « La liturgie du combat dans Aucassin et Nicolette »
Dans la chantefable Aucassin et Nicolette, l’épisode de Torelore représente un monde à l’envers où la guerre est transformée en un tournoi aux tonalités carnavalesques. Les prouesses irréfléchies d’Aucassin semblent mettre fin aux jeux d’armes en cassant les ressorts d’une liturgie guerrière qui garantit un équilibre social. L’échec grotesque d’Aucassin met encore plus en valeur la vaillance dont fera preuve Nicolette. C’est ainsi l’engin féminin triomphe, y compris sur les armes, signalant la crise des valeurs guerrières.
Françoise Le Saux, « Les dangers de la guerre. L’image du guerrier dans le Brut de Laȝamon »
Guerre défensive, guerre légitime, guerre civile, l’affrontement militaire dans le Brut de Laȝamon après l’avènement d’Arthur perd de sa brutalité caractéristique de la partie préchrétienne du texte, mais reste malgré tout au cœur de tensions entre la morale chrétienne et le devoir d’héroïsme. La
poétique de l’agôn implique une fusion originale de la tradition scolaire latine, des conventions épiques anglo-saxonnes, modifiées à la lumière de la symbolique biblique
Myriam White-Le Goff, « Faits d’armes dans le Roman de Mélusine de Jean d’Arras. Entre sauvagerie et civilisation »
En dépit d’un récit fondé sur l’amour et sur le merveilleux, les romans mélusiniens, et surtout celui de Jean d’Arras, placent les faits d’armes au cœur de l’histoire. Depuis l’accident de chasse qui scelle le sort du protagoniste aux exploits de la croisade, du tournoi et mariage des personnages à la reconquête par Raymondin de l’héritage paternel ou aux combats de Geoffroy la Grand’Dent, le texte de Jean d’Arras’ est riche en réflexions sur les règlements et les significations des armes.
Edina Bozóky, « L’épée d’Attila »
Attila, roi des Huns, est désigné au Moyen Âge par la métaphore « fléau de Dieu ». Cependant son arme mythique n’a pas été un fléau, mais une épée. À l’instar d’autres éléments de l’histoire d’Attila, celui de l’épée connaît un développement légendaire intéressant.
Alexandra Ilina, « Quelques considérations sur la lance empoisonnée du Tristan en prose et sur les malheurs que le doute inflige au héros »
Victime d’une jalousie meurtrière, Tristan tombe aussi victime d’une hybris qui va mal tourner. Complice insouciant à son meurtre, il donne à ses ennemis l’arme du crime parce qu’il ne croit pas à la vérité des paroles annonçant sa fin. L’article se veut une interrogation des circonstances de la mort du héros dont les motifs dépassent la simple causalité et contiennent le nouveau sens de la légende tristanienne en prose.
Daniel Jaquet, « “Personne ne laisse volontiers son honneur être tranché”. Les combats singuliers “judiciaires” d’après les livres de combat »
Cet article se propose d’examiner les jugements de Dieu et les duels d’honneur. L’analyse des Livre de combat et des manuels de hérauts démontre
que ces affrontements font partie de la même catégorie. La représentation du jugement de Dieu à la fin du Moyen Âge dans la littérature, les coutumiers, la littérature technique et normative sera comparée avec la représentation qui se dégage des Livres de combat où ces ordalies jouent un rôle à la fois symbolique et pragmatique.
Sylvain, Ferrieu, « Le combat d’honneur. La violence chevaleresque au service du droit »
Parmi les trois modes de l’action chevaleresque, le combat d’honneur occupe une place médiane et représente l’activité la plus courante de ce champion itinérant du droit. Il n’est pas seulement un moyen de s’éprouver et de se valoriser, comme le tournoi peut l’être. Et il n’est pas le produit d’une procédure judiciaire stricte comme l’est le duel judiciaire. Le combat d’honneur avait originellement pour rôle de distinguer le chevalier du brigand et l’honneur guerrier est devenu un mode de vie.