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Classiques Garnier

Le libraire au lecteur

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Aristippe ou de la cour (1658)
  • Pages : 67 à 68
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 264
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782865033423
  • ISBN : 978-2-86503-342-3
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-86503-342-3.p.0067
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 22/12/2021
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
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[ ã iij ]  Le libraire au lecteur

Pour tobliger à lire ce livre, et à lestimer infiniment, il suffirait que tu visses le titre quil porte, et le nom de lécrivain qui la composé ; et si jen eusse cru quelques personnes sensées, qui en ont vu la copie, je neusse mis à sa tête autre avertissement que celui-là. Leur ayant toutefois ouï dire, que cet excellent homme navait jamais rien fait de si régulier, ni de si éloquent ; et le gentilhomme son allié1, de qui je le tiens, et qui le tenait de lui, massurant que de toutes les pièces de son cabinet, il nen regardait aucune avec tant damour, et quil lappelait son chef-dœuvre2, je nai pas cru te le devoir laisser ignorer, pour notre avantage commun. En effet, tous ses amis et tous ses proches savent, que layant faite dans le plus beau feu de sa jeunesse, il était persuadé quelle devait, plus que toutes les autres, établir sa réputation, et témoignent que sil ne lavait pas publiée, il y a plus de vingt ans, cétait seulement afin de se donner le loisir de la porter à la plus haute perfection dont elle serait 68capable. Tu verras à sa suite une autre pièce, qui a déjà paru, dans le volume de ses Entretiens, et que monsieur Girard y avait mise, sans savoir quil leût jointe à son Aristippe, comme traitant du même sujet. Mais outre quelle est ici en son vrai lieu3, tu dois encore être bien aise quelle y soit, parce quelle y est de la dernière révision de son auteur, et avec quelques coups de pinceau, qui la rendent beaucoup meilleure4.

1 Claude Girard (1599-1663), frère cadet de Guillaume Girard, secrétaire et biographe du duc dÉpernon. Official de léglise dAngoulême, archidiacre et vicaire général (1651), il hérite des papiers de Balzac à sa mort et prépare les éditions posthumes de ses œuvres, en particulier les Entretiens (1657) et Aristippe (1658). Il est, selon les termes de Valentin Conrart, « le surintendant de ses affaires, mais aussi de ses secrets et de son cabinet » (lettre de V. Conrart à A. Rivet, 13 décembre 1647, Valentin Conrart, premier secrétaire perpétuel de lacadémie. Sa vie et sa correspondance, éd. R. Kerviler, Paris, Didier, 1881, p. 407).

2 Balzac écrit en effet à V. Conrart le 4 mars 1652 : « Au reste, mon Aristippe est entièrement achevé et je vous avoue que cest le plus cher et le bien-aimé de mes enfants. Cest le benjamin de mon esprit et sans doute, il ferait la fortune de son père si les princes de Valois revenaient au monde », Œuvres…divisées…, éd. citée, t. 1, p. 930.

3 Il sagit de l« Avis prononcé et depuis écrit ou extrait dune conversation dans laquelle il fut parlé des ministres et du ministère », dédié à Cl. Girard et que nous reproduisons en annexe à cette édition. B. Beugnot en a donné une transcription à la suite de son édition des Entretiens, Paris, STFM, 1972, « appendice VI », p. 574-585. Dans lintroduction à cette édition critique, il précise que « LAvis prononcé… » est publié pour la première fois comme quarantième entretien de lédition originale (Paris, A. Courbé, 1647). Il ne « réapparait dans aucune des éditions suivantes [] et devait en effet appartenir à lAristippe avec lequel il sera publié lannée suivante » (ibid., t. 1, p. xiii).

4 Suit une note du libraire-imprimeur, adressée au lecteur, concernant les fautes dimpression : « la diligence des ouvriers a été si exacte que tu nen auras que deux à corriger ».