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Classiques Garnier

Vocabula Magica

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Arcana Mundi. Magie et occulte dans les mondes grec et romain
  • Pages : 665 à 694
  • Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 21
  • Série : Divinatoria, n° 1
  • Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
  • EAN : 9782812441516
  • ISBN : 978-2-8124-4151-6
  • ISSN : 2261-0804
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4151-6.p.0665
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/12/2012
  • Langue : Français
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Vocabula Magica

Il s’avère utile, je crois, de dresser une liste des termes fondamentaux, synonymes et mots assimilés que l’on trouve dans les sources (grecques et latines) pour qualifier la magie, ses divers aspects et particularités, enfin ceux qui la pratiquent. J’ai tenté de rendre cette liste aussi complète que possible, sans toutefois prétendre livrer un lexique exhaustif. J’espère ainsi fournir un point de départ à partir duquel les lacunes pourront être éventuellement comblées par d’autres, une fois posées les fondations. Un modeste glossaire tel que celui-ci demeure en un sens la meilleure introduction au monde complexe de la magie antique et, à ma connaissance, rien de comparable n’a été tenté sous cette forme auparavant. La richesse du langage en termes relatifs à cette activité humaine bien particulière est cependant impressionnante et montre la part considérable qu’occupait le surnaturel dans la vie de tous les jours. Beaucoup de termes recouvrent plusieurs sens « non-techniques », mais je me contenterai, par principe, de donner uniquement la signification qu’ils revêtent lorsqu’ils sont appliqués à la magie, à la divination et ainsi de suite.

Le langage (oral et écrit) est un matériau évanescent qui conserve la trace des faits, des expériences acquises et des émotions sur le long temps. Il convient de l’étudier attentivement, en parallèle des outils plus tangibles que sont notamment les tablettes de malédiction et les substances prescrites dans les recettes magiques (elles aussi transmises par le langage).

Par souci de concision, j’ai probablement ici et là simplifié à l’excès certaines difficultés ancrées au cœur même de la religion et de la magie. Ce risque ne pouvait guère être écarté dans un glossaire, ou dictionnaire abrégé, de ce type. Souvent nous ne pouvons que deviner la signification d’un mot, soit parce qu’il n’est que pauvrement attesté, soit parce que le contexte n’est pas nettement compris. Nous œuvrons dans un

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domaine où les protagonistes restent fréquemment, à dessein, vagues sur ce qu’ils ont fait ou voulu dire. Certains mots enfermant un sens a priori parfaitement courant et anodin, ouvraient, pour qui « savait », sur maintes autres notions. Je n’ai pas, autre insuffisance, cité les passages qui attestent de ces mots ; cela aurait à soi seul requis un livre.

La translittération du grec omet les accents, ainsi que les distinctions entre voyelles longues et brèves. Cette convention semble néanmoins acceptable aujourd’hui, dès lors que le lecteur qui souhaite aller chercher de plus amples informations dans le Liddell-Scott-Jones conserve à l’esprit la possibilité de l’epsilon et de l’êta, de l’omicron et de l’oméga.

Grec

abrakadabra : Mot magique, probablement issu de l’hébreu ha-bracah-dabrah « prononce la bénédiction », ou déformation d’abrasax en passant par abrasabras (le sigma étant lu comme le c latin).

abrasax ou abraxas : Mots magiques, non entièrement compris, faisant probablement référence à un démon ou à une divinité inférieure.

adynaton : « impossible, miracle, paradoxe ». Voir anomalia, paradoxon, thauma.

aeromanteia : « divination dérivant de phénomènes appartenant à la basse atmosphère ».

agamos : « célibataire ». Plus spécifiquement, celui qui est mort avant de se marier ; l’un des « morts sans repos » utiles en magie ; voir aoros.

agathodaimon : « bon démon, esprit protecteur ». Comparable à l’ange gardien ; voir daimon.

ago : « mener, apporter [par magie] » ; d’où agoge « charme conçu pour mener une personne au magus ou à son client, charme permettant d’attirer quelqu’un, rituel de conjuration » (fréquent en magie érotique). Apparenté : agogimon « charme érotique » ; voir epagoge, helko, katago, theagogia.

agrypnetikon : « charme destiné à provoquer l’insomnie ». Voir oneiropompos.

agyrtes : « prêtre-mendiant, sorcier-mendiant ». Également agyrter. Parfois associé à mantis « voyant, devin ». Le verbe agyrtazo « mendier » est apparenté à ageiro « rassembler » (d’où ageiron « celui qui commence une collection, sorcier mendiant », plus spécifiquement en tois kyklois ageiron « celui qui collecte de l’argent au sein d’un cercle de spectateurs »), surtout dans un sens négatif : « rassembler par tromperie ». Les metrargytai étaient les « prêtres-mendiants » de la Grande

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Mère, c’est-à-dire la déesse Cybèle. La forme féminine d’agyrter est agyrtria « sorcière mendiante ». Agyrtikos est employé comme adjectif, comme par exemple le neutre agyrtikon « mode de vie d’un sorcier mendiant, prestidigitation, tour de magie ». Voir goes.

Aigyptios : « Égyptien », également « magicien ». Lat. Aegyptius (voir Babylonius, Chaldaeus). Voir Medos, Thessala. Forme verbale aigyptiazo « pratiquer la magie ».

Aion : « Éternité ». Puissance invoquée en magie.

alastor : « esprit vengeur, mauvais démon ». Parfois la malédiction personnifiée d’une famille ou d’une dynastie ; probablement d’alasthai « errer ». Voir Erinyes ; lat. Furia.

alazon : « fanfaron, charlatan, imposteur vagabond ». Voir apateon, bomolochos.

alektryomanteia : « divination fondée sur le comportement d’un coq ».

aleuromanteia : « divination par l’observation de la farine de blé ». Voir alphitomanteia.

alexeterion (pharmakon) : « remède, drogue utile, ou charme ». Voir alexipharmakon ; lat. (carmen) auxiliare, remedium.

alexikakos : « démon qui écarte les maux ». Voir apostrepsikakos, apotropaios.

alexipharmakon : « médicament, ou charme protecteur ». Voir alexeterion, pharmakon.

alimon : « faim de bannissement ». Une sorte de nourriture magique (une recette dresse la liste de douze ingrédients incluant graines de pavot, scille, asphodèle, mauve et miel).

alphitomanteia : « divination par l’observation du gruau d’avoine ». Voir aleuromanteia.

anakaleo : « invoquer [d’entre les morts] ». Voir psychagogeo ; lat. evoco, invoco.

analyo : « annuler l’effet d’un charme par lequel on est lié [katadeseis] ». Voir apolyo.

ananke : « nécessité, compulsion, contrainte, fatalité ». Voir heimarmene, katananke.

anapompe : « déterrer [des trésors] ».

anathema : Sens différents et contradictoires : « offrande votive », « dédié à une divinité », c’est-à-dire « consacré », ou encore « maudit ». D’anatithemi : « dédier à une divinité ». Voir katathema ; lat. sacer. Anathematizo « lier quelqu’un par une malédiction ».

angelos : « messager », plus spécifiquement « esprit intermédiaire entre les dieux et les hommes ». Voir daimon, pneuma.

anodos : « monter, émerger [du monde d’en bas] ». À propos de l’apparition d’une divinité chtonienne ou d’une ombre. Voir katabasis.

anomalia : « irrégularité, anomalie, miracle ». Voir adynaton, apithana, paradoxon.

aoros : « celui qui est mort avant son heure, celui qui est mort prématurément [qui donc est sans repos] ». Esprit utile en magie. Voir agamos, bi(ai)othanatos.

apateon : « trompeur, coquin », également « faux prophète, praticien véreux ». Associé à goes ou planos. Voir alazon, goes.

apeile : « menace ». Adressée à un dieu ou à un démon, par opposition à epiklesis ou euche « prière ».

apelastikos : « détenir le pouvoir de chasser ». Par exemple en parlant d’une herbe magique, d’une substance, d’un rituel.

aphanizo : « faire disparaître ».

apithana : « choses improbables,

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événements incroyables, miracles ». Voir adynaton, anomalia, paradoxon.

apokalypsis : « révélation ». Par exemple au moyen de visions. Voir horama ; lat. visio.

apokrypha (ta) : « doctrines cachées, sagesse secrète ». Voir lat. arcana, occulta.

apolysis : « libération, délivrance [d’un charme] ». Voir analyo ; lat. ligo, solvo.

apomaktes : « celui qui frotte, essuie, nettoie ». D’apomasso « frotter, essuyer, nettoyer », particulièrement au cours des rituels magiques. Fém. apomaktria. Voir kathairo, perimaktria.

apomanteia : « divination négative ». Opposée à katamanteia.

apomeilixis : « apaisement [par magie], rituel apaisant ». Voir lat. delenio, -imentum.

apophthengomai : « rendre un oracle ». Voir chrao.

apophysao : « souffler au loin ». Par exemple un démon ayant rendu un patient malade en lui soufflant dessus.

apopompe : « éloigner [au moyen de mots ou de rituels] », ou bien « type de malédiction par lequel un mal causé par des démons [maladie, etc.] est transmis à quelqu’un d’autre ou envoyé dans une étendue sauvage, dans la mer, etc. ». Le bouc-émissaire est le pharmakos. Voir apotrope, epipompe.

aporrheta : « indicible, que l’on ne peut mentionner, choses interdites ». Voir arrheta ; lat. nefas.

apostrepsikakos : « conçu pour éloigner le mauvais œil », c’est-à-dire un charme, un talisman, etc. Voir alexikakos, apotropaion, etc.

apotelesmatika : « influences [des étoiles], astrologie ».

apotrope : « éloignement [du mal], rite magique ou religieux protecteur ». Apparenté aux mots : apotropaion « éloignement du mal », apotropiasma « rituel [sacrifice] destiné à éloigner le mal ». Voir également apopompe.

arai : « malédictions ». Forme verbale araomai « maudire ». Voir lat. devotio, dirae.

arche : « puissance supérieure, agent surnaturel, autorité ». D’un pouvoir angélique ou démoniaque, dans le cadre d’une hiérarchie. Voir exousia.

archimagos : « magus en chef ». Voir archiereus « archiprêtre », archiatros « médecin traitant [d’un gouvernant] », plus tard « médecin estimé ».

arete : « qualité supérieure, pouvoir, merveille ». Voir charis, dynamis ; lat. potestas, virtus.

arrheta : « choses dont on ne doit pas parler [interdites] ». Voir aporrheta ; lat. nefas. Arrhetopoieo « pratiquer l’indescriptible » ; voir rhadiourgeo.

asebeia : « impiété », également « sorcellerie », comme dans graphe asebeias « accusation [officielle] de sorcellerie ». Voir lat. impietas.

Assyrios : « Assyrien ». Type de magos oriental. Voir Aigyptios, Medos ; lat. Chaldaeus, etc.

astragalomanteia : « type de divination utilisant les os du tarse des béliers et des moutons ».

astroboleo : « faire qu’un astre frappe » (par magie).

astrologos : « astrologue », ou « astronome » (les limites ne sont pas claires). Syn. astrologia, apotelesmatika, genethlialogia pour le premier ; astronomos, mathematikos pour le second.

ataphos : « privé de tombe ». L’un des « morts sans repos » utiles en magie. Voir agamos, aoros, bi(ai)othanatos.

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autopsia : « observation directe, vision surnaturelle ». Voir horama.

Bakhos : « adorateur de Dionysos », également « membre ou chef d’un culte suspect ». Associé à mystes, nyktipolos.

bambakeutria : « sorcière ». Considéré comme un équivalent cilicien de pharmakeutria (voir bambakeia pour pharmakeia).

baskania : « jalousie, envie, mauvais œil ». Baskanon ophthalmos ; lat. malignus oculus. Baskaino (ou katabaskaino) « blesser [quelqu’un] par l’intermédiaire du mauvais œil ». Voir lat. fascinatio, fascinum.

bibliomanteia : « utiliser un livre pour prédire l’avenir ».

bi(ai)othanatos : « celui qui est mort violemment [meurtre, suicide, guerre, accident] ». Esprit utile en magie. Voir agamos, aoros, ataphos.

bomolochos : « celui qui se tient autour des autels [pour y voler de la viande], bouffon, charlatan ». Voir alazon.

bothros : « fosse, tranchée ». Creusée à des fins magiques pour établir le contact avec les puissances infernales. Voir lat. fossa, scrobis.

brontomanteia : « prophétie obtenue par l’interprétation du tonnerre ».

charakter : « symbole magique ». Voir symbolon.

charis : « grâce, don spirituel, objet chargé d’un pouvoir spirituel ». Voir arete, dynamis. Apparenté à charitesia (ta) « magie accomplie pour obtenir une faveur ».

cheiromanteia : « prédictions fondées sur l’aspect, les lignes, etc. de la main ». Apparenté à cheiroskopos « le praticien de la cheiromanteia ».

chrao : « rendre un oracle ». Voir apophthengomai. Apparenté à chrematismos « oracle » (voir lat. oraculum), chresterion « le sanctuaire dans lequel il est rendu », chresmologos « devin » (voir mantis, lat. sortiarius). À l’origine, le devin choisissait et interprétait des sorts (une forme précoce de cartomancie), mais il y eut plus tard des livres de prédictions toutes faites (Astrampsychos), parmi lesquelles on pouvait élire des oracles appropriés. Voir kleromanteia.

chrima, chrisma : « huile, onguent, onction ».

daimon : « divinité mineure [ou intermédiaire], démon, esprit [bon ou mauvais], esprit d’une personne décédée ». Parfois les dieux supérieurs sont également appelés daimones. Le daimonion de Socrate est sa divinité personnelle. Apparenté à daimonao ou daimonizomai « être possédé » ; daimon paredros « démon assistant ». Voir angelos, pneuma ; lat. genius.

daktylomanteia : « divination au moyen d’une bague magique passée à un doigt ».

daphnemanteia : « divination par le laurier ». Le bois et les feuilles du Laurus nobilis étaient jetés au feu ; un craquement ou un son ronflant était de bon augure.

deisidaimoneia : « peur [exagérée] des puissances supérieures ». Difficile à distinguer de theosebeia « respect [normal] pour les dieux ». Voir lat. superstitio.

deo : « lier magiquement ». Voir katadeo, etc.

desmeuo : « lier par des charmes ». Voir deo, katadesmeuo ; lat. ligo.

diakopos : « magie qui vise à désunir, à séparer ». Opposé à agoge, agogimon.

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dokimon : « charme éprouvé ».

dromenon : « ce qui doit être fait, action, rituel, gestes, etc. ». Opposé à legomenon « ce qui doit être dit » (mots dits, charmes chantés) au cours d’opérations magiques (et religieuses).

dynamis : « pouvoir, plus particulièrement pouvoir magique ». Le terme est presque synonyme de mageia (dynamike techne = efficax scientia). Il correspond approximativement à la désignation anthropologique mana. Le magus en est détenteur, mais il est aussi omniprésent dans les plantes, les pierres, les objets fabriqués par l’homme, les rituels. Simon Mage était appelé par ses adeptes « la puissance de Dieu qui est grande ». Forme plurielle : dynameis « pouvoirs magiques ». Forme verbale : dynamoo « conférer des pouvoir magiques [à quelque chose] ». Dynamikos logos « un charme puissant ». Voir charis, arete ; lat. potestas, virtus.

eidolon : « image spectrale, ombre ». Voir phasma ; lat. anima, umbra. La partie d’elle-même que la personne décédée laisse derrière elle, ses autres composantes étant le soma « le corps » (ce qui se décompose dans la tombe) et la psyche « l’âme ».

ekkaleo : « invoquer, appeler ». Substantif : ekklesis. Voir lat. evoco.

ekphonesis : « mode de prononciation, manière de réciter ».

ekstasis : « déplacement, sortie [de son état normal], transe ». Apparenté à theia mania « folie divine ». Voir enthousiasmos ; lat. alienatio, externor.

empeiria : « expérience, connaissance magique ». Voir oida ; lat. ars, experimentum, plusscius, scientia.

empousa : « spectre féminin, démon séduisant apparaissant sous différentes formes ». Voir lamia.

enchytristria : « femme qui rassemble des os [provenant d’un bûcher funéraire] dans une urne ». Peut-être « sorcière ».

energeia (magike) : « pouvoir [magique] ». Voir arete, dynamis.

engastrimantis, engastrimythos ou engastrites : « celui qui parle [devine] à travers son ventre, ventriloque [prophétique] ». Voir python, sternomantis.

engrapho : « inscrire, livrer à une autorité supérieure ». Terme juridique employé en religion comme en magie. Voir katagrapho.

enkilikistria : « femme qui purifie alentour ». Synonyme de periagnistria, mais avec une allusion à la nature fourbe des Ciliciens.

enkoimesis : « fait de dormir [dans un temple], incubation ». Voir lat. incubatio.

enodioi symboloi : « présage [bon ou mauvais] aperçu dans la rue ». Voir lat. omen.

enorkoo : « adjurer » (un démon). Également enorkizo ; voir exorkismos.

enthousiasmos : « extase, inspiration, possession divine ». Voir extasis.

epagoge : « incantation, charme ». Plus spécifiquement : « rituel permettant d’invoquer un spectre à dessein de nuire à quelqu’un ». Apparenté à epago « apporter, ou envoyer [quelque chose] à [quelqu’un] », epakton « quelque chose [un esprit] invoqué contre quelqu’un ». Voir ago, agoge.

epelysia : « quelque chose qui arrive [à quelqu’un], un charme inattendu, un acte de sorcellerie ».

epeuchomai : « maudire, lancer des imprécations contre quelqu’un ». Voir kateuchomai.

ephesia grammata : « formules ou livres magiques ».

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epichriston : « onction [empoisonnée], onguent [qui guérit] ». Voir katachriston.

epiklesis : « invocation, invitation, prière ». Par opposition avec apeile « menace ». Forme verbale : epikaleo « invoquer ». Voir lat. advocatio, invocatio.

epikrateia : « pouvoir, supériorité ». Voir arete, dynamis, exousia.

epiphaneia : « apparition ou venue d’une divinité ou d’un démon », parfois accompagnée de lumière (phos) et d’une douce odeur (euodia). Voir Parousia ; lat. adventus, praesentia.

epipompe : « enchantement ». D’epipempo « envoyer contre ». Peut-être un cas particulier d’apopompe, ou bien une malédiction dirigeant un démon sur sa victime. Voir apopompe.

episteme : « connaissance, savoir ». Il a parfois le sens de connaissance magique, comme dans hieratike episteme « connaissance sacrée » (c’est-à-dire magie, théurgie). Voir empeiria, oida, techne ; lat. ars, disciplina, scientia.

epiteleo : « accomplir, perfectionner, pratiquer la magie ». Voir telete.

epithyma, epithymiama (to) : « fumigation, offrande d’encens » (durant les rituels magiques ou religieux). Parfois une combinaison d’ingrédients relevés (vraisemblablement aux vertus psychoactives) et aromatiques, par exemple des plumes d’oiseaux et du bois de cyprès. Encens et myrrhe, etc., sont aromatiques et probablement psychoactifs.

epode : « incantation, charme rythmé chanté en faveur ou en défaveur de quelqu’un ». Les charmes étaient probablement chantés ou récités d’une certaine manière (monotone, répétitive) afin d’accroître leur pouvoir par un facteur hypnotique. Ils pouvaient avoir des effets relaxants et curatifs, mais aussi destructeurs. Le récitatif faisait partie d’un rituel incluant également des drogues (pharmaka), des fumigations, certains gestes et mouvements (schemata). Celui qui chante les charmes, l’enchanteur, est appelé epodos (epaoidos). Voir lat. cantus, carmen, praecantrix.

eponymia : « nom important ou épithète ». Utilisé dans les prières et les invocations. Voir onoma ; lat. invocatio. Connaître le nom correct ou l’épithète appropriée d’une divinité était important. D’où les longues listes cumulatives.

Erinyes : « démons femelles infernaux, esprits vengeurs, malédictions personnifiées ». Voir alastor ; lat. Furia.

erotikon (pharmakon) : « charme érotique ». Voir philtron ; lat. amatorium.

esoterikos : « affranchi, membre du groupe, initié ». Opposé à exoterikos.

euche : « prière ». Voir exaitesis ; lat. preces.

eurykles : « ventriloque ». D’après un certain E., maître en cet art. Voir engastrimantis.

exado, exepaeido : « extirper par le chant » (par exemple des démons de la maladie). Voir exorkizo ; lat. evoco, excanto.

exagistos : « maudit, abominable ». Voir anathema ; lat. sacer.

exaitesis : « pétition, prière ». Voir euche.

exegetes : « interprète [des rêves, des présages, des oracles, etc.] ». Voir lat. coniector, interpres.

exorkismos : « interrogation, admonition sous serment », usuellement « délogement [des démons] ». Voir enorkoo.

exoterikos : « étranger », c’est-à-dire ne faisant pas partie du cercle des initiés. Voir esoterikos.

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exousia : « pouvoir, autorité ». Également personnifié, au sujet d’entités divines. Voir arche, arete, dynamis ; lat. potestas.

gastromanteia : « divination par le ventre ». De gastra, vase en forme de ventre ; il était rempli d’eau et éclairé par des lampes placées alentour. Voir hydromanteia.

genethlialogia : « astrologie ». De genethlion (emar) « anniversaire, horoscope ». Voir astrologia, apotelesmatika.

geomanteia : « divination par la terre » (figures tracées dans le sable).

glossa : « langue, discours, langage ». Comme dans en glossais lalein « parler en langues », c’est-à-dire produire un discours heurté, inarticulé, au moment de la transe. D’où glossolalia.

gnostes : « celui qui sait, qui connaît [la magie, le futur, etc.] ». Voir oida ; lat. plusscius.

goes : « magicien, sorcier, prestidigitateur, charlatan ». Associé à agyrtes, alazon et autres termes négatifs. Le mot peut désigner le « magicien » (une catégorie inférieure de magus) ou bien tout charlatan, tromperie, imposteur. Le féminin goeteutria (par analogie avec pharmakeutria) est rare. Le goetes (de goao « gémir ») aurait été à l’origine un chaman grec dont la spécialité consistait en une lamentation rituelle pour les morts (cris provoqués par l’extase) qui pourrait également faire référence à des cris poussés dans un état normal de conscience, au cours d’un rituel magique. Apparenté à goeteia « prestidigitation, sorcellerie, tromperie », goeteuo « ensorceler, charmer » (mais aussi « jouer au magicien »), goeteuma « sortilège, charme », goetikos « habile en sorcellerie, en prestidigitation ».

graus ou graia : « vieille femme », peut-être « sorcière ». Comme dans graus trioditis (tardif) « vieille femme fréquentant les carrefours » (bordés de tombes, où Hécate pouvait être invoquée). Voir tymbas ; lat. anus, anicula.

hagnizo : « nettoyer, purifier, consacrer » (principalement dans des contextes religieux). Voir periagnistria.

hedonikon : « sortilège, ou drogue, conçu en vue d’accroître le désir sexuel ». Voir erotikon, philtron.

heimarmene : « fatalité, destinée ». Voir ananke.

helko : « entraîner » (c’est-à-dire forcer par magie quelqu’un à venir). Voir ago, agoge, epago, holke.

hellenikos (tardif) : « païen ». Ainsi dans hellenike sophia « sagesse païenne » (c’est-à-dire la magie), ou hellenika epitedeumata « opérations magiques ».

henosis : « union mystique avec une divinité ». Voir epiphaneia, systasis.

heros : « ancêtre mythique divinisé, bienfaiteur, figure salvatrice d’un groupe ethnique ou d’une dynastie, entité supérieure intermédiaire entre les dieux et les hommes ». Le culte des héros était commun à toute la Grèce, mais habituellement localisé. Un « héros » peut être un type de mauvais démon et néanmoins demeurer l’objet d’un culte. Voir daimon.

hieratikos : « sacerdotal » (comme dans hieratike techne « art sacerdotal », mais aussi « prêtrise »). Peut être appliqué à la théurgie entendue comme forme supérieure de magie. Voir hiereus.

hiereus : « prêtre, sacrificateur, devin ». Peut également s’appliquer au magus. Hiereia « prêtresse » : il semble que ce terme puisse aussi désigner la

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sorcière en chef d’un thiasos de sorcières, ou bien une sainte femme mendiante. Tout dépend de qui parle : le praticien et ses adeptes, ou bien leurs détracteurs. Tel mot qui parfois paraît induire une certaine dignité peut également être appliqué ironiquement. Voir mystagogos.

hieroskopia : « observation des organes d’une victime sacrificielle ». Principalement dans des contextes religieux, mais aussi parfois dans le cadre de rituels magiques. Voir lat. extispicium, haruspicina.

hippomanes (to) : De hippos « cheval » et mania « folie ». Recouvre des significations variées : (1) herbe (Datura stramonium ?) ou glande qui rend fous les chevaux ; (2) mucus qui suinte des parties génitales d’une jument en chaleur ou grosse ; (3) excroissance sur le front d’un poulain tout juste né, immédiatement mangée par la mère ; (4) tout aphrodisiaque. Utilisé en magie érotique pour rendre une personne folle d’amour. Voir epagoge, erotikon.

holke : « tirer, traîner, pousser » (une personne par des moyens magiques). Voir helko.

horama : « vision [rêvée] ». Voir apokalypsis, autopsia.

horkizo : « adjurer, conjurer, exorciser » (à l’origine « ordonner sous serment » ?). Voir exorkizo, exorkismos.

horoskopos : « ascendant [dans un horoscope] », également « astrologue ».

hydromanteia : « divination par l’eau ». Apparenté à « voyance » et « observation du cristal ». Le médium, généralement un jeune garçon, entrait en transe et observait les reflets de l’eau dans un bol. Le magus lui demandait ce qu’il voyait et il était ainsi en mesure de répondre aux questions. Voir gastromanteia, lekanomanteia.

Iao : Représente la divinité hébraïque YHWH dans les papyri magiques.

iatromantis : « médecin-devin », également « faiseur de miracles » (figures semi-légendaires tels Abaris, Aristeas, Épimenides, Hermotimus). Autre forme de chamanisme dans la culture grecque (diagnostique, prescription et pronostic faits en état de transe).

iatromathematikos : « astrologue pratiquant aussi la médecine » (en appliquant l’astrologie au corps humain, à ses différentes régions et ses maladies).

indalma : « image, apparition, hallucination ». Voir eidolon, phantasma, phasma ; lat. umbra.

iynx (pluriel iynges) : « roue magique ». Instrument en forme de roue, parfois orné d’or et de fils de laine teintés de pourpre ; un oiseau mort (torcou) y est à l’occasion attaché. Il était peut-être mis en mouvement durant les opérations magiques, ainsi que le rhombos « rouet », pour générer du bruit. « La roue d’Hécate » (hekatikos stromphalos), un outil utilisé par les théurges, en est sans doute une variante.

kainotomeo : « opérer des changements, des innovations [dans un État, en religion] ». Apparenté à asebeo « être impie, commettre un sacrilège ».

kakodaimon : « esprit mauvais », également « personne possédée par un mauvais génie ». Opposé à agathodaimon.

kakotechnia : « magie [noire] » ; littéralement « mauvais art ». Voir techne ; lat. ars, facinus, maleficium, scientia.

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kapnomanteia : « divination par la fumée » (par exemple provenant d’un sacrifice offert sur l’autel). L’opération pouvait être exécutée (1) par l’examen des mouvements et de l’aspect de la fumée ; (2) en inhalant certaines substances psychoactives (graines de pavot, de sésame, d’encens, de myrrhe) contenues dans la fumée. Voir libanomanteia.

katabasis : « descente [aux Enfers] », à des fins de nécromancie. Un rite symbolique remplaçait la descente réelle. Voir anodos, bothros.

katabaskaino : « nuire [à quelqu’un] par le mauvais œil » (forme intensive de baskaino). Voir lat. effascino (forme intensive de fascino).

katachriston : « onguent [toxique ou curatif] ». Voir chrisma, epichriston ; lat. nardum.

katadeo  : « lier [par magie] ». Apparenté à katadesis « fait de lier », katadesmos « charme qui lie ». Également « malédiction, ligature, sortilège destructeur ». Voir deo, katadesmeuo, philtrokatadesmos ; lat. defixio, devotio, ligo.

katadesmeuo : Voir deo, etc.

katadidomi : « céder, vouer [une victime à un démon] ». Voir katagrapho, paradidomi.

kata(ei)do : « chanter un sortilège à ». Voir epode.

katago : Voir ago, agoge.

katagrapho : « déclarer, expédier, transférer » (quelqu’un à une puissance du monde infernal), d’où « maudire ». À l’origine, forme juridique. Apparenté à katagraphe « déclaration, etc. ». Voir katadidomi, paradidomi ; lat. defixio, descriptio, devotio.

katamanteia : Voir apomanteia, manteia.

katananke : « moyens de contrainte, envoûtement ». Voir ananke.

katassaleuo « clouer profondément, ensorceler ». Voir lat. defixio.

katapharmakeuo : « gaver [ou oindre] de drogues, enchanter, ensorceler ». Voir katapharmasso.

katapharmasso : Voir katapharmakeuo.

katatithemi : « consacrer, remettre [à une divinité] », d’où katadesma « chose maudite » (objet ou victime d’une malédiction). Voir anathema, katagrapho ; lat. sacer.

katecho : « retenir ». Voir katadeo, thymokatochon.

katepa(ei)do : « soumettre par enchan-tement ». Voir epode, kata(ei)do.

kateuchomai : « maudire ». Voir araomai, epeuchomai.

kathaireo : « faire descendre [la lune] ». Voir kataspao, kathelko, kataphero ; lat. deduco, detraho, devoco.

kathairo : « purifier [rituellement] », d’où kathartes « nettoyeur, purificateur », katharmos « rite de purification », katharma « proscrit, banni, bouc-émissaire ». Voir perikathairo « purifier alentour ».

katoche : « possession [par un dieu ou un esprit], transe, extase », c’est-à-dire un état favorable aux visions prophétiques. Voir ekstasis, enthousiasmos, theai mania.

katoptromanteia : « divination au moyen de miroirs ». La transe pouvait être induite par l’observation de surfaces polies et brillantes éclairées par des lampes, en une sorte d’autohypnose ; la supercherie semble avoir parfois été impliquée. Voir gastromanteia, hydromanteia, lychnomanteia.

katorytto : « enterrer [symboliquement] ».

keleo : « ensorceler ». Apparenté à kelesis « enchantement », kelema « sortilège,

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charme », akeletos « non ensorcelé, qui ne peut être ensorcelé ». Tous mots qui semblent issus d’une racine ancienne.

keromanteia : « divination par la cire ». La cire est fondue puis versée dans de l’eau, où elle prend diverses formes. Le procédé est similaire à la divination par le plomb, mais le terme molybdomanteia semble n’être pas attesté.

kestos : « charme, amulette ». Voir periapton.

kledanomanteia : « divination au moyen d’énoncés lancés au hasard ». Voir palmoskopia.

kleromanteia : « divination au moyen d’un tirage au sort ». Les objets employés pouvaient être des bâtonnets de bois, des feuilles (d’olivier), des cailloux, des dés. Voir astragalomanteia, chrao ; lat. sortes, sortilegium.

klesis : « invocation des puissances [dans le ciel, sur terre et dans le monde souterrain] ». De kaleo « appeler ». Voir epiklesis, euche, exaitesis ; lat. preces, voco.

komasia (agalmaton) : « procession d’images sacrées ». Méthode égyptienne de divination, considérée par les Grecs comme un genre de manganeia.

koskinomanteia : « divination au moyen d’un tamis ». Un tamis est placé sur une paire de pinces et doit être soulevé avec deux doigts seulement.

kryphia (ta) : « choses cachées, secrets ». Voir lat. arcana, occulta.

kykeon : Potion sacrée. Utilisée pendant les rites initiatiques d’Éleusis, elle était composée de gruau d’avoine (et d’ergot, selon Albert Hofmann), de fromage de chèvre râpé, de menthe pouliot, de miel et de vin de Pramnos. Probablement hallucinogène.

kynanthropos : « homme-chien », c’est-à-dire sorcier capable de se métamorphoser en chien. Voir lykanthropos.

kyphi : Mixture égyptienne composée de trente-six ingrédients, elle était inhalée comme de l’encens, frottée sur le corps tel un onguent, peut-être aussi ingérée. Probablement hallucinogène, employée aussi bien pour les Mystères d’Isis qu’en magie.

lamia : « femme vampire, goule, sorcière ». Figure du folklore grec (« dévorant quelqu’un ») capable de revêtir maintes apparences, qui enlève de jeunes enfants et les mange. Voir empousa.

laoplanos : « celui qui trompe les gens ». Voir agyrtes, planos.

legomenon (to) : « ce qui est dit », c’est-à-dire les mots (chants) qui accompagnent le rituel (to dromenon).

lekanomanteia : « divination au moyen d’un bol ». Voir hydromanteia.

lenai : « bacchanales ». Associé par Héraclite à backoi, magoi, nyktipoloi.

libanomanteia : « divination par l’encens » (la fumée de l’encens provoquant peut-être la transe). Voir kapnomanteia.

lithika : Ouvrages traitant des propriétés magiques des pierres (particulièrement de l’emploi des pierres précieuses et semi-précieuses dans le cadre de la guérison, de la confection des amulettes, etc.)

lithomanteia : « divination au moyen des pierres ou du cristal ».

lychnomanteia : « divination au moyen d’une lampe ». Cette pratique pouvait être associée à la katoptromanteia ou à la lekanomanteia, ainsi qu’à l’action de brûler des empithymata pour provoquer la transe.

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lykanthropos : « loup-garou ». Voir kynanthropos ; lat. versipellis.

lyo : « perdre, délier, dénouer ». Opposé à deo, katadeo. Voir analyo, lysipharmakon « remédier à un charme par lequel on est lié » ; lat. solvo.

magos : « mage ». Membre d’une tribu ou d’une caste mède ; puis l’un des prêtres ou hommes sages qui en Perse célébraient le culte du feu par des offrandes d’encens et de bois aromatiques, conseillaient le roi, interprétaient les rêves, pratiquaient l’astrologie, etc. ; puis enchanteur, magicien et parfois, dans un sens négatif, imposteur, charlatan. Magos peut également être employé comme adjectif, en plus de magikos. Apparenté à mageia « type de religion perse », également « magie » (syn. mageutike [techne]), mageuma « partie de l’art magique », mageuo « être un magus, être habile dans la science des mages, ensorceler ». Mageutes = magos est également attesté. Magianos peut se traduire par « portant des inscriptions magiques » (par exemple dans le cas d’une amulette ou d’un bracelet). La racine mag- aurait également donné mechane et a survécu en anglais dans « might », en allemand dans « Macht ». Héraclite (vie siècle av. J.-C.) associe les magoi aux bakchoi, lenai, mystai et nyktipoloi, créant ainsi l’image complexe d’une sorte de charlatan exotique (à ses yeux) qui opérait la nuit et se proposait d’initier les gens à de secrets mystères, assez semblables à ceux de Dionysos. Voir goeteia, manganeia, pharmakeia.

manganeia : « magie obtenue par tromperie, au moyen d’effets techniques ». De manganon, terme recouvrant diverses pièces de machinerie, par exemple la « poulie ». D’où manganeuo, manganarios, etc. Apparenté à mechane, qui l’est lui-même à mageia (voir plus haut). La vaste gamme du terme suggère que des appareils techniques étaient fréquemment employés afin de produire des effets miraculeux. La magia naturalis qualifierait un certain nombre de ces procédés. Apparenté à manganarios « magicien », mais aussi « ingénieur », et à manganeuterion « repaire d’imposteurs » et « atelier de magie ».

manteia : « divination, prophétie ». D’où mantis « devin, prophète », mantike (techne) manteuma « prophétie, malédiction appelée à se réaliser ». Dérivé de (theia) mania « folie [divine] ».

maschalismos : « aissellage ». Forme spécifique de mutilation d’un corps destiné à prévenir le retour d’un mort sous forme de fantôme.

mathema : « connaissance [magique ou astrologique] ». Voir episteme, mathesis, oida ; lat. scientia.

mechane : « appareil, machine, tour ». Apparenté à mechanikos « ingénieur », également « celui qui écrit sur des sujets occultes ». Voir manganeia.

Medos : « Mède, Perse », également « genre de magus oriental ». Voir Aigyptios.

megalomysterion : « grand mystère ». Voir mysterion.

meliouchos : « celui qui dispose du membre [procréateur] ». Divinité invoquée au cours de rituels magiques.

meniskos : « petite lune ». Amulette de la forme d’un croissant de lune. Voir lat. lunula.

metragyrtai : « prêtres-mendiants de Cybèle, la Mère des Dieux ». Ils apparaissent dans le monde grec au

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début du ve siècle av. J.-C. et s’attirent des critiques par leur comportement : extase, automutilation, promesse de guérison par l’initiation. Voir agyrtes.

miasma : « contamination, souillure », mais aussi « cause de la contamination, de la souillure ». Étroitement aparenté à notre notion de péché.

mimema kerinon : « figure en cire, poupée vaudou ». Voir lat. imago cerea.

misethron : « charme de haine », c’est-à-dire charme, ou drogue, censé provoquer chez quelqu’un un sentiment de haine envers une autre personne. Opposé à philtron, stergema.

moly : « herbe miraculeuse protégeant contre la magie ». Elle est plus ou moins identifiée à un genre d’oignon ou d’ail, mais aussi à la mandragore, à l’hellébore noire, à la rue sauvage.

morphoskopos : « observateur de formes ou de figures ». Peut-être un équivalent de physiognomon « interprète des traits d’une personne ».

mystagogos : « guide sacerdotal dans le processus d’initiation aux mystères », également « professeur de magie ». Voir hiereus, mystes.

mysteria (ta) : « religions à mystères », ou « rites à mystères ». Visiblement appliqué non seulement aux Mystères de Déméter à Éleusis, de Dionysos, d’Orphée, d’Isis, etc., mais aussi aux religions « secrètes » et autres sectes propagées par des « hommes saints » itinérants, probablement en une sorte d’imitation ou de substitut du « pauvre homme ». Voir megalomysterion, orpheotelestes.

mystes : « initiés » (c’est-à-dire à la « magie sacrée »). Voir mystagogos.

nekromanteion : « sanctuaire dans lequel les âmes des morts étaient consultés ». Voir psychomanteion. La pratique en elle-même est appelée nekromanteia ou nekyomanteia.

nekyodaimon : « âme divine, ou esprit d’une personne décédée », utile en magie. Voir agamoi, aoroi, ataphoi, bi(ai)othanatoi, nekromanteio ; lat. larvae, manes, umbrae.

nekyomanteia : « nécromancie, divination par la consultation des morts ». Il pouvait s’agir d’un mort de sa famille, ou bien de l’esprit d’un personnage célèbre, d’un roi, comme dans Les Perses d’Eschyle, où le dramaturge semble décrire le rituel comme une forme spécifiquement perse de goeteia ou de mageia.

nepenthes (pharmakon) : Drogue (égyptienne) servant à apaiser le chagrin.

nephelomanteia : « divination fondée sur l’aspect des nuages ».

niketikon : « remède servant à gagner, charme de victoire », c’est-à-dire charme ou amulette promettant la victoire, par exemple dans une compétition (course hippique, etc.).

nyktipolos : « celui qui erre la nuit ». Associé à backhos, magos, planos, etc.

nyktophylax : « veilleur de nuit », également « démon amical qui apparaît la nuit et guérit les maladies ».

nympholeptos : « possédé par une nymphe », c’est-à-dire frénétique, extatique, fou. Voir lat. cerritus, lymphatus.

ochlagogos : « celui qui attire les foules » (désireuses de le voir accomplir des thaumata, des « prodiges »). Voir thaumatopoios ; lat. circulator.

oida : « savoir », et plus spécifiquemement « être en possession d’un savoir surnaturel », comme dans l’expression ta hyper anthropon eidenai « en savoir

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plus que ce qui sied à l’homme ». Le contraire serait ta kat’anthropon eidenai (prattein). Voir empeiria ; lat. ars, plusscius, scientia.

oikeiosis : « appropriation, affinité, familiarité » (concernant les dieux).

oionoskopia : « observation du vol et des cris des oiseaux » (principalement dans un contexte religieux). Apparenté à oionizesthai « tirer des présages des oiseaux », oionistes, oionoskopos « interprète des mouvements, etc., des oiseaux ».

ololysmos : « ululements produits par le praticien (au cours des rituels magiques) ». Lat. ululatio.

oneiromantis : « celui qui prédit l’avenir à partir des rêves ». Également appelé oneiropolos. Apparenté à oneirokrisia « l’art de l’interprétation des rêves », oneiraiteton « charme permettant de produire une révélation rêvée », oneiropompe « envoyer des rêves [à une personne] », oneiropompos « démon qui envoie des rêves ». Voir aussi agrypneitikon.

onomata (asema) : « mots ou noms [qui ne veulent rien dire] », voces magicae. Voir eponymia.

onychomanteia : « divination par les ongles » (un mélange de suie et d’huile était barbouillé sur les ongles d’un jeune garçon puis inspecté à la lumière du soleil).

opsis : « vision, apparition » (image rêvée ou fantôme). Voir autopsia ; lat. imago, umbra, visio.

orgia (ta) : « rituels secrets, formes cultuelles extatiques, célébration orgiaque ». Voir mysteria.

orpheotelestes : « figure trouble aux allures de prêtre, purificateur issu des classes les plus modestes » (offrant le Salut par le biais d’une initiation fondée sur des ouvrages prétendument dus à Orphée).

ousia : « matière [magique], materia magica », par exemple des cheveux, des ongles, des pièces de vêtements appartenant à une personne de qui l’on souhaite s’assurer le contrôle. Mesai ousiai « démons intermédiaires entre les dieux et les hommes ».

paignia : « tours amusants » (titre d’un ouvrage de « Démocrite », c’est-à-dire Bolus de Mendes, traitant principalement, semble-t-il, des tours de conjuration), partie de la magia naturalis. Apparenté à paizein « faire des tours de magie », sympaiktes « compagnon d’escroquerie, complice dans l’exécution de tours de magie ». Voir manganeia.

palmoskopia : « observation des mouvements involontaires du corps » (par exemple tiraillements, palpitations). Le devin Melampous, figure semi-légendaire du viie ou vie siècle av. J.-C., aurait découvert et enseigné l’art de prophétiser au moyen de tels mouvements (palmoi). Voir kledanomanteia.

paradoxon (to) : « inattendu, extraordinaire, paranormal, miraculeux ». Voir anomalia, phoberon, teratodes, thauma ; lat. mraculum, portentum.

parousia : « apparition ou venue d’une divinité ». Voir epiphaneia, theophaneia ; lat. adventus, praesentia.

peisis : « persuasion, capacité à convaincre ». De peitho « persuader » (par des mots, des charmes ou des rituels). Voir pistis ; lat. persuasio.

periagnizo : « purifier alentour ». Peri- implique un mouvement circulaire caractéristique des rites religieux et magiques. Voir enkilikistria, kathairo, perikapnizo, periraino.

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periamma : « amulette » (littéralement « lié autour de »), également periapton. De periapto « envelopper ». Voir lat. amuletum, remedium.

periergia : « curiosité malsaine, intérêt pour et pratique de la magie ». L’expression ta perierga est presque synonyme de « magie » ; elle est associée à mageia et pharmakeia. Hierourgiai periergai doit signifier « rites magiques ». Voir polypragmosyne ; lat. curiositas.

perikapnizo (perithymiao) : « purifier alentour en brûlant de l’encens ». Voir periagnizo.

perikathairo : « purifier alentour, purifier complètement ».

perimasso : « essuyer ou frotter alentour » (pour purifier). Perimaktria « femme qui essuie en frottant tout autour d’une personne » (par exemple afin de « nettoyer » cette personne des effets d’un mauvais rêve).

periousia : « supériorité, capacité psychique ». Voir arete, dynamis, epikrateia.

Perses : « Perse, type de magus proche-oriental ». Voir Aigyptios, Medos.

petalon : « feuille utilisée pour la divination, ou amulette en forme de feuille ». Petaloraptes « fabricant d’amulettes ».

phantasma : « fantôme, apparition ». Voir eidolon, indalma, phasma ; lat. umbra.

pharmakon : « poison, remède ». D’où pharmatto, pharmakeuo « jeter un sort, pratiquer la magie, empoisonner, administrer un narcotique ». Pharmakeia est pratiquement synonyme de mageia, y compris dans les cas où des drogues ne sont pas requises, bien qu’une distinction entre les deux termes soit parfois faite. Apparenté à pharmakeus, pharmakeutes (fém. pharmakeutria) « empoisonneur, sorcier », pharmaka deleteria « drogues nuisibles » (en association avec pharmakon « remède »), pharmakao « souffrir des effets de drogues ou de charmes » et pharmakites qui désigne la substance ou l’objet drogué, empoisonné. Il existe d’autres formations du même type. Voir alexipharmakon ; lat. remedium, veneficium.

phasma : « vision, apparition, fantôme ». Voir eidolon, phantasma, pneuma.

phialomanteia : « divination au moyen d’une phiale [c’est-à-dire d’un bol sans pied ni anse] ». Apparenté à hydromanteia, lekanomanteia.

philtron : « charme érotique ». Obtenu au moyen d’une formule orale, d’une substance, ou par association des deux. La substance pouvait être introduite dans de la nourriture ou un breuvage, frottée sur la peau tel un onguent, ou encore appliquée sur des objets (la porte ou les murs d’une maison, semble-t-il). Philtrokatadesmos associe les notions d’« attirer » et d’« attacher ». Il pouvait être utilisé par des femmes et des hommes souhaitant obtenir un succès assuré. Voir erotikon ; lat. amatorium, poculum.

phoberon (to) : « formidable, choquant ». Voir paradoxon, teratodes, thauma ; lat. portentum, prodigium.

photagogeo : « éclairer, illuminer » par magie (théurgie). D’où photagogia. Voir theophaneia, theourgia.

phthonos : « envie », comme prétexte de sorcellerie. Voir baskania ; lat. invidia.

phylakterion : « amulette protectrice ». Elle protège qui la porte en lui transmettant sa dynamis. Voir apotropaion, periamma ; lat. amuletum. (N. B. : l’anglais « talisman » est habituellement considéré comme un

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dérivé du grec tardif telesma « rite religieux, objet consacré ».)

physikleidion : « charme conçu pour ouvrir la physis [organe sexuel] d’une femme ».

physis : « nature particulière [d’une plante, d’une chose, d’une substance], apparence, croissance ». Cette propriété est un élément de la dynamis d’une plante, d’une pierre, etc. Physikos signifie « naturel », mais aussi (en grec tardif) « magique ». Le physikos peut être un scientifique, un philosophe de la nature, mais aussi un magus.

pistis : « Foi, croyance [aussi bien dans la sphère magique que religieuse] ». Il s’agit de la conviction qu’une certaine dynamis est effectivement à l’œuvre. Voir peisis, semeion, tekmerion.

pittakion : « tablette, étiquette » (portant par exemple des questions adressées à un oracle).

planos : « errance, dévoiement », également « vagabond, imposteur, créateur d’illusions ». Voir agyrtes, apateon, goes, laoplanos, thaumatopoios.

pleonektema : « avantage, supériorité, don surnaturel ». Voir dynamis, exousia, periousia ; lat. plusscius.

ploutonion : « sanctuaire en contact avec le monde infernal » (par exemple du fait d’émanations méphitiques). Voir nekromanteion, psychopompeion.

pneuma : « vent, respiration, esprit, inspiration, puissance divine ». Empneustos « celui qui est empli par l’esprit, inspiré ». Voir ekstasis, enthousiasmos. Pneuma peut également désigner l’âme d’un mort. Voir phasma.

polypragmosyne : « curiosité malsaine, occupations de qui se mêle de tout, intérêt dans les arts occultes ». Voir periergeia.

poppysmos : « bruit spécial [respiration bruyante, bruit de succion, de claquement ou sifflement] », typique du chamanisme, produit par le praticien durant les rituels magiques et théurgiques. Voir ololysmos, prospneusis, sigmos ; lat. stridor, susurrus, ululatio.

poton (pharmakon) : « drogue administrée dans une boisson ». Voir philtron, poterion, potisma ; lat. poculum.

pragmateia : « opération [magique], rituel ».

praxis : « procédure ou rituel [magique], recette [magique] ».

prognostikos : « devin ». Voir chrao.

proiktes : « mendiant, charlatan ». Voir bomolochos, goes.

prophetes : « celui qui parle au nom d’une divinité, devin, magus, saint homme, praticien d’une religion étrangère ». Voir chresmologos, mantis.

prospneusis : « respiration, manière de respirer ». Voir apophysao, poppysmos, sigmos.

pseudomantis : « faux prophète ». Voir pseudoprophetes.

pseudoprophetes : « faux prophète, ministre charlatan ». Associé à goes. Voir prophetes, pseudomantis.

psychagogia : « invocation des âmes du monde infernal », également « divertissement », « persuasion », ou « traitement médical apaisant ». Apparenté à psychagogos « expert dans la résurrection des esprits » (à dessein de consulter ceux-ci au sujet du futur ou de les utiliser en tant qu’agents nuisibles). Voir anakaleo ; lat. evoco.

psyche : « vie, force vitale, âme, esprit d’un mort ». Voir pneuma, psychagogia, etc.

psychomanteia : « divination par la consultation des esprits des morts ». Psychomanteion « sanctuaire où l’on

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fait apparaître les morts ». Voir nekyomanteia, ploutonion.

psychopompos : « conducteur ou guide des âmes des morts ».

python : « esprit prophétique [contenu dans une personne], don de ventriloquie ». Voir engastrimythos.

rhabdos : « baguette » (utilisée en magie). Psychoulkos rhabdos « baguette destinée à attirer les âmes ».

rhadiourgia : « frivolité, faiblesse ». Terme presque équivalent à goeteia. Apparenté à rhadiourgeo « agir imprudemment », rhadiourgema « tour malhonnête, crime ».

rhizotomia : « racine sectionnée, sorcellerie », au sens de « déterrer des plantes [à des fins magiques ou médicales] ». En fait n’importe quelle partie de la plante, et non seulement la racine, pouvait être utilisée. Ce travail était effectué à l’aide de faucilles en bronze (les objets en fer étaient considérés comme trop « modernes » pour enfermer la dynamis appropriée), avec un maximum de précautions (les yeux détournés, en récitant des charmes protecteurs). Rhizotomoi « herboristes professionnels, sorciers, guérisseurs ». Ces professionnels pouvaient être des sages-femmes aussi bien que des prêtres. Voir lat. herba, radix.

rhombos : Désigne l’un des trois outils magiques suivants : (1) un rouet, pièce de bois ou de métal découpée en losange, attachée à un fil et produisant, quand on la faisait tourner lors d’une cérémonie magique, un son ronflant ; (2) un objet identique à l’iynx, soit une roue que l’on faisait tourner dans le sens des aiguilles d’une montre et inversement au moyen de deux fils ; (3) une toupie lancée à l’aide d’une sangle.

rhystike (euche) : « secours (prière) ». Indifféremment employé dans des contextes religieux ou magiques. Voir euche, exaiteris, klesis ; lat. preces.

schema : « habit rituel » (robe ornée de symboles, coiffure, masque, maquillage, tatouage, gants, chaussures spéciales), également « gestuelle rituelle » (position, attitude, mouvement).

semeion : « signe [d’une dynamis spéciale], miracle, prodige ». Voir peisis, tekmerion, thauma ; lat. miraculum, portentum, signum.

sibylla : « femme devin extatique d’un certain type » (localisée, attachée à un sanctuaire, mais prophétisant sans répondre à des questions explicites).

sigmos : « son sifflant » (produit durant les rituels). Voir poppysmos ; lat. susurrus.

skia : « ombre, fantôme ». Voir eidolon, phasma ; lat. umbra.

skiomanteia : « divination par les ombres ».

sophia : « sagesse, science, adresse, connaissance de la magie ». Sophia thytike « technique sacrificielle, art du devin, connaissance surnaturelle ». Archaioi sophoi « hommes sages d’autrefois, sorciers païens ». Sophistes « praticien habile », associé à goes.

soteria : « préservation, délivrance, Salut » (grâce aux amulettes, aux rituels, à l’initiation aux mystères, ou à l’intervention directe de la divinité).

steregma : « charme érotique ». Voir misethron ; lat. amor.

sternomantis : « ventriloque ». La voix semble alors provenir de la poitrine et non du ventre. Voir engastrimantis.

symbolon : « jeton, signe secret » (tout objet utilisé en magie auquel une

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fonction particulière a été attribuée). Symbolodeiktes « interprète des signes, omina » ; voir teratoskopos. Également charakter, synthema.

sympatheia (ton holon) : « sympathie [cosmique] ». Principe sur lequel se fondent les relations non causales et de « synchronicité » dans l’univers. Paraphrase latine : amicitiae et odia naturae quibus omnia constant « relations d’amour et de haine à l’œuvre dans la nature, sur lesquelles toutes choses sont fondées ».

symplegma : « paire de poupées enlacées, utilisées en magie érotique ». Voir mimema kerinon.

sympratto : « collaborer ». Par exemple, l’âme d’un mort « collabore » avec le magus.

synthema : « jeton, symbole, formule ». Voir symbolon.

Syrios : « Syrien, type de magus proche-oriental ». Voir Aigyptios, Medos, Perses.

systasis : « rencontre avec une divinité ». Voir epiphaneia, henosis, theophaneia.

techne : « art [magique] ». Voir episteme, kakotechnia, sophia ; lat. ars, scientia.

tekmerion : « preuve convaincante » (selon laquelle la magie fonctionne vraiment). Voir pistis, semeion.

telete : « acte rituel [magique ou religieux] ». Au sens propre « initiation » à l’un des Grands Mystères, mais le terme pouvait également s’appliquer aux cultes privés propagés par les goetes et les oprheotelestai qui empruntaient la terminologie, les rituels, etc., des religions à mystère. Telesiourgeo « célébrer un rite ». Telestes (fém. telestria) peut avoir un sens analogue à goes. Nous avons connaissance d’un Orpheotelestes nommé Philippus, qui vivait pauvrement mais avait promis à ses adeptes prospérité et bonheur dans une vie prochaine s’ils acceptaient d’être initiés à ses mystères « orphiques ». Voir epiteleo.

teras : « prodige, présage, miracle ». Teratoskopos « interprète des merveilles et des prodiges ». Terateuo « produire des merveilles, créer des illusions », terateia « illusion, prestidigitation », (to) teratodes « événement étrange, fait anormal ». Voir paradoxon, thauma ; lat. portentum. Teratourgia, thaumatopoiia « création de merveilles ».

thauma : « prodige, miracle, présage ». Il existe différents types de miracles : miracles de guérison, miracles impliquant des phénomènes naturels (magie météorologique), ainsi que des phénomènes paranormaux tels que télépathie, clairvoyance, prémonition, lévitation, bilocation, etc. Thaumatopoiia « création de merveilles » inclut la prestidigitation, l’acrobatie, la manipulation des marionnettes, etc. Thaumatopoios, thaumatourgos « qui fait voir des choses merveilleuses », également « magicien, escamoteur » (lat. praestigiator). Voir adynaton, anomalia, teras ; lat. mirabile, miraculum, portentum.

theagogia : « invocation d’une divinité ». Voir agoge, theurgia.

theiasmos : « inspiration, frénésie, extase ». Voir ekstasis, enthousiasmos.

theios aner : « homme divin, saint homme », c’est-à-dire « celui qui produit des merveilles, prophète, guérisseur, chaman ». Voir thaumatourgos.

thelxis : « charme, sortilège ». Thelkteria « offrandes aux morts » (voir meiliktiria), également « philtres d’amour ». Voir lat. delenimentum.

theologos : « celui qui parle des dieux, des choses divines ». Opposé à theourgos.

theophaneia : « apparition, arrivée, ou

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présence ressentie d’une divinité ». Voir epiphaneia, henosis, systasis.

theophoria : « inspiration, frénésie » (sens de « porter l’esprit divin en soi »). Voir ekstasis, enthousiasmos, theiasmos.

theourgia : « techniques destinées à influencer les dieux », également « accession de l’homme au rang de divinité ». Les deux aspects renvoient à une même fin : provoquer l’union mystique avec les divinités (païennes) au moyen d’une foi intensive, de rituels et de méditations. La transe par l’hypnose et peut-être le recours à des narcotiques jouaient un rôle dans cet effort dont on ne peut exclure la supercherie. Il s’agit fondamentalement d’une forme supérieure de mageia, entendue par opposition à la goeteia, en fait une manifestation tardive de la religion grecque qui séduisit quelques néoplatoniciens et fut en partie responsable de l’apostasie de Julien. Elle pourrait être considérée comme une tentative de restaurer le chamanisme sous couvert de théologie ou de philosophie, dans le but de raviver le paganisme en démontrant sa supériorité sur le christianisme. Des statues souriant, des messages provenant de l’autre monde, etc., étaient supposés prouver que les anciens dieux étaient toujours vivants, puissants et bienveillants.

therepodos : « enchanteur de bêtes, charmeur de serpent », également « guérisseur de bêtes ».

Thessala : « Thessalienne, sorcière ». Voir Aigyptios, etc.

thiasos : « genre de société secrète religieuse ». Le terme pourrait également désigner une assemblée de sorcières présidée par une hiereia « prêtresse ».

thymiama : « parfum, essence aromatique, encens ». Utilisé dans des rituels magiques et religieux, pouvant avoir des effets narcotiques ou psychédéliques. Voir epithyma.

thymokatochon : « sortilège destiné à diminuer la colère ». Voir katecho.

thysia : « offrande consumée, sacrifice, rituel ». Thytes « sacrificateur » est presque à un équivalent de goes, magos, mantis. Voir lat. sacrificulus.

tolme également tolmema : « imprudence, acte imprudent ». Le terme peut s’appliquer à la magie en tant qu’entreprise immorale, illégale ou irréligieuse. Voir rhadiourgeo.

toxikon (to) : « drogue, poison ». Voir pharmakon.

tymbas : « sorcière », c’est-à-dire « celle qui hante les tombes ». Voir graus trioditis ; lat. bustuaria.

tyromanteia : « divination au moyen d’un fromage ». La personne suspectée d’un crime se voyait offrir un sandwich au fromage ; un manque total d’appétit était censé être l’indice de sa culpabilité.

zoidion : « petite figurine ». Voir mimema kerinon ; lat. figure cerea.

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latin

abdita : « choses cachées ». Voir arcana, clandestina, occulta, secreta.

abrasax ou abraxas : Mots magiques, non entièrement compris, faisant probablement référence à un démon ou à une divinité inférieure.

absonditae ou absconsae litterae : « écrits secrets, textes ésotériques ».

accio, -ire : « appeler », par exemple les esprits des morts.

Acheron, Acheruns : « le monde d’en bas », notamment en tant que lieu de punition ou résidence des esprits vengeurs. Voir Orcus.

admonitio : « rappel, commandement, type de rêve significatif ».

advoco : « invoquer, appeler ». Voir invoco, voco ; gr. epikaleo.

Aegyptius : « Égyptien », c’est-à-dire type de sage, de prophète ou de magus proche-oriental. Voir Babylonius, Chaldaeus.

alienatio (mentis) : « folie, transe, extase ». Voir arrepticius, externor ; gr. ekstasis, mania.

alligator : « praticien qui [fabrique et] lie des amulettes ». Voir ligator, remediator ; gr. periamma, periapton.

amatorium : « charme érotique, drogue stimulant la passion sexuelle ». Voir amor.

amor : « potion d’amour ». Voir amatorium, poculum, potio ; gr. erotikon, philtron, stergema.

anima errans : « esprit rôdeur, âme sans repos, âme en peine ». Utile en magie de façon générale, alors que l’animula noxia « esprit malin » intervient surtout dans la sphère de la magie noire. Voir Manes ; gr. ataphos, daimon.

anus : « vieille femme, sorcière ». Anicula « vieille femme superstitieuse ». Voir gr. graus.

apparatus magici : « attirail magique », par exemple combiné avec des preces nefariae et des sacrificia funesta.

arcana : « choses cachées, secrets, mystères ». Arcana sacra « rites magiques », arcanum nefas « magie noire ». Voir absconditus, clandestinus, occultus.

argumentum : « histoire, narration » (destinée à illustrer la puissance d’un charme). Voir historiola.

arrepticius (vates) : « extatique, en transe, inspiré, délirant ». D’arripio « s’emparer, prendre le contrôle ». Voir alienatio, externor, lymphatus.

ars (magica) : « magie ». Également ars maga, artes magicae, ars illicita (mala, nefanda, polluta, secreta, terribilis). Voir scientia ; gr. episteme, kakotechnia, techne.

augur : « devin ». Essentiellement dans un contexte religieux, c’est-à-dire un personnage officiel chargé d’interpréter le comportement des oiseaux, de l’éclair, des omina en général. Augurium « auspice, présage, augures ». Voir auspicium. Il existait aussi des auguria privata, contraires aux auguria publica, qui requéraient des méthodes variées.

Avernalis : « du lac Averne », où se trouvait un accès vers le monde infernal. D’où aqua avernalis « eau du lac Avernus ou du monde infernal ». Voir Acheron.

Babylonius : « type de magus proche-oriental, astrologue, charlatan ». Voir Aegyptius, Chaldaeus ; gr. Medos.

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Caeretanus : « natif de Caere », antique cité étrusque. Vraisemblablement à l’origine du mot italien ciarlatano (en passant par ceretano), il n’est pas attesté dans un sens négatif, mais les Étrusques étaient réputés pour leur savoir religieux et magique (certains auteurs chrétiens les appellent superstitieux), et il existe une similitude avec d’autres groupes tels les Marses, les Pélignes, etc. Certains font dériver l’italien ciarlatano de ciarlare « babiller ».

caerimonae (magorum) : « rituels magiques ». Voir sacra.

cano, canto : « chanter, réciter des sortilèges ». De là un certain nombre de mots, tels cantamen, cantio, cantiuncula, canticum, cantus, excanto, decanto, incanto, incantamentum, incantatio, obscanto (occentatio), praecanto, etc., parfois qualifiés par magicus ou magnus (par exemple cantus magnus « chant puissant » = carmina valentia). Alors que cantor semble être circonscrit à la musique, on a cantatrix anus « vieille sorcière » et praecantrix « sorcière, guérisseuse ». « Charme » est dérivé du latin tardif carmino ; gr. epode.

caraius, caraus, caragus, caragius (tardif) : « genre de devin », associé à sortilegus.

carmen : « chant, poème, sortilège ». Parfois qualifié, par exemple en c. magicum ou c. malum, c. maleficum (opposé à c. auxiliare), c. sepulchrale « sortilège permettant d’invoquer les morts dans leur tombe », c. veneficum. C. obliquum semble être un équivalent de c. malum et implique peut-être l’action du mauvais œil.

Cerritus : « possédé par Cérès, frénétique, fou ». Voir lunaticus, lymphatus.

Chaldaeus : « Chaldéen », c’est-à-dire magus, astrologue, occultiste, prophète. À l’origine « homme de Kaldu » (région de Babylone). Voir Aegyptius, Babylonius ; gr. Medos.

circulator : « praticien itinérant [magus, prestidigitateur], ou marchand réunissant les foules autour de lui ». Voir gr. ochlagogos.

clandestinus : « secret, caché ». Supplicia clandetistina « offrandes ou rituels magiques ». Voir arcana, occulta.

coercitio : « répression, contrainte ». Il s’agissait d’un principe souple du système juridique romain, pouvant s’appliquer aussi bien à la magie qu’aux religions « nouvelles ».

Colchicus : « magique », de Colchis, contrée natale de Médée. Voir gr. Thessala.

coniector, -trix : « interprète des rêves ». Voir interpres ; gr. exegetes.

consecratio : « action d’isoler une personne du reste de la société et de la conduire devant une divinité, malédiction ». Voir detestatio, exsecratio, sacer ; gr. engrapho.

Cotytia sacra : « Mystères de Cotyto », une déesse thrace, et de là « rituels magiques ».

crimen magiae : « accusation de sorcellerie ». Voir gr. graphe asebeias.

curiositas : « curiosité maladive, intérêt dans la magie ». Parfois qualifié en curiositas nefaria ou sacrilega. Voir gr. periergeia.

decanto : « ensorceler, conjurer », par exemple decanto umbras (dans des rituels nécromantiques). Voir gr. kata(ei)do.

defigo : « clouer, transpercer, lier, ensorceler ». Le verbe est attesté en latin classique ; le nom defixio « transpercement, malédiction [à l’aide d’un sortilège] » ne figure

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que dans les glossaires. Il s’agit du terme technique s’appliquant à la malédiction ou à la tablette de malédiction (tabella defixionis). La tablette de défixion est une pièce de métal (en plomb) gravée, feuille petite et mince enterrée dans les tombes, placée près des sanctuaires chtoniens, ou jetée dans les puits ou les rivières. La victime était ainsi livrée aux puissances infernales. Des clous plantés dans une poupée vaudou constituent aussi une forme de defixio. Voir devoveo ; gr. (kata)deo, katapassaleuo.

delenio : « apaiser, calmer, appliquer un onguent magique ou médical ». D’où delenimentum « moyen de séduction, charme apaisant, sortilège érotique ». Voir gr. apomeilixis, thelgo.

deligo : « lier ». Voir ligo, obligo, solvo ; gr. (kata)deo, lyo.

dematricula « purificatrice, guérisseuse ». Figure assez obscure, elle peut être notamment définie par « la sorcière locale bien intentionnée ».

deprecor : « invoquer, appeler [une malédiction] ». Deprecatio « invocation » est plus un terme religieux, même si « maudire » était également employé dans des contextes religieux. Il est malaisé d’opérer des distinctions précises entre les nombreux verbes commençant par de- (correspondant au gr. kata-) tels demando, deprecor, desacrifico, detestor, devoveo, etc. Ce préfixe indique habituellement que la prière, la malédiction, le rituel sont dirigés contre une personne pour le malheur de laquelle ils ont été conçus. Voir consecratio.

despuo : « cracher à terre ou sur quelqu’un afin d’éloigner le mal ». Voir inspuo.

detestor : « invoquer une malédiction ». D’où (dira) detestatio. Voir deprecor.

devoveo : « maudire officiellement, livrer une personne aux puissances du monde infernal ». D’où devotio (sepulchralis) « malédiction, imprécation, exécration ». Le langage religieux a adopté certains termes du vocabulaire juridique auquel la magie a également emprunté. Devotio « don dédicatoire [à une divinité] ». Voir deprecor, voveo ; gr. anathema, arai.

Diana : déesse des sorcières également identifiée à la lune. Voir gr. Artemis, Hekate.

dirae « malédictions », qui est aussi un genre littéraire. Voir detestatio, devotio, exsecratio ; gr. arai.

disciplina : « art, technique ». Par exemple magica ou divina disciplina, mais aussi facinerosa ou malefica disciplina. La magie pouvait de plus être décrite comme disciplina sacrificandi praeterquam more Romano « une façon d’offrir un sacrifice par-delà le rituel romain ». Voir ars, scientia ; gr. empeiria, episteme, techne.

divino : « pratiquer la divination ». D’où les noms divinator, divinatio, comme dans divinatio artificiosa « divination au moyen de certains outils, substances, techniques », par opposition à la prémonition née d’une inspiration divine. Voir augurium, auspicium, haruspicina ; gr. manteia, mantis.

effascino : « ensorceler, enchanter ». Forme intensive de fascino. D’où effascinatio « sorcellerie, enchantement ».

elicio : « appeler [des esprits, animas] » par des incantations. Voir accio, evoco, excito ; gr. nekromanteia, psychagogia.

evoco : « appeler [des esprits] ». D’où

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evocatio « faire apparaître, appeler ». Voir accio, elicio ; gr. epagoge.

excanto : « extirper ou déplacer au moyen de chants, éloigner au moyen d’une formule magique », par exemple fluges excanto « ensorceler la moisson », également « chasser au loin [une maladie] ». Voir gr. exa(ei)do.

excito : « faire apparaître [l’âme des morts], élever ». Voir accio, elicio, evoco.

exigo : « extirper ». Voir gr. exorkizo.

exsecror : « maudire ». D’où exsecratio « imprécation ». Voir detestatio, dirae, imprecatio, preces ; gr. arai.

externor : « sortir [de soi], entrer en transe ». Voir alienatio ; gr. ekstasis.

facinus : « magie noire, sorcellerie malfaisante ». Voir crimen, nefas ; gr. kakotechnia.

fanaticus : « appartenant ou venant d’un sanctuaire, inspiré par des rites orgiaques, frénétique ». De fanum « sanctuaire, enceinte sacrée ».

fascino : « ensorceler ». Par exemple au moyen du mauvais œil, d’une malédiction oral, ou à travers un rituel. De fascinum « mauvais sort », également « pénis ». D’où fascinatio, « jeter un sort ». Voir gr. baskania.

fatum : « fatalité, destin, mort, oracle ». Voir gr. ananke, heimarmene, moira.

fossa : « fosse, fossé » (creusé à des fins de rituel nécromantique). Voir gr. bothros.

furia : « Furie, déesse vengeresse, malédiction personnifiée ». Apparentée à furor « folie, frénésie, extase ». Voir gr. extasis, Erinys, mania.

genius : « esprit personnifié », surtout protecteur et bienveillant, bien que malus genius (gr. kakodaimon) soit attesté.

gnarus : « celui qui sait ». Terme vague probablement à dessein, comme d’autres du même genre. Voir peritus, plusscius, sciens ; gr. oida.

Haemonius : « Thessalien » (du pays de la sorcellerie). Haemonis (fém.) et Haemonia (anus) sont également attestés. Voir gr. Thessala.

hariolus : « devin [extatique], prophète, devin », généralement dans un sens péjoratif. Associé à augur, haruspex, vates. Hariola « femme qui prophétise » (en état de transe) ; hariolor « babiller, parler [sous le coup de l’inspiration] de façon insensée ».

haruspex : « devin qui interprète les omina ». Dans la religion étrusque, il semble en principe avoir observé toutes sortes d’omina. Dans la religion romaine était interprété le foie de l’animal sacrifié, mais aussi parfois tout événement extraordinaire (portenta, prodigia). Comme hariolus, le mot signifie « prêtre-mendiant, charlatan », par exemple dans haruspex vicanus « devin local, devin indépendant » (opposé aux haruspices de la religion d’État romaine). Haruspica « femme qui interprète les entrailles d’une manière non admissible pour la religion établie ». Dans l’Antiquité tardive, haruspex « magus de type païen ». Haruspicina « technique de l’haruspex ».

Hecate : déesse des Enfers également identifiée à la lune, invoquée par les sorcières. Hecateia carmina « sortilèges magiques ». Voir Diana.

(h)elleborum : selon son dosage, cette plante pouvait, en association avec d’autres drogues, servir à la confection d’un poison mortel, d’un hallucinogène, ou d’un remède (destiné à soigner les maladies mentales). Il semble qu’il en

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ait existé deux principales variétés : (1) l’« hellébore noire » = Helleborus orientalis ; (2) l’« hellébore blanche » = Veratrum album.

herba : « plante [magique] ». Souvent combiné avec carmen « chant, sort ». Parfois qualifiée en herba fortis « herbe puissante », herba malefica « mauvaise plante », ou encore herba mirabilis « plante merveilleuse ». L’herbaria est une femme qui connaît les plantes magiques ou médicinales. Voir radix ; gr. rhizotomia.

historiola (terme moderne) : « petite histoire ». Illustration, sur le mode du mythe, de la puissance d’un charme. Voir argumentum.

illecebrae : « séduction, tentation », par exemple facinerosae illecebrae « séduction mauvaise », c’est-à-dire « magie ».

imago : « apparition, fantôme, hallucination ». Voir anima, umbra ; gr. eidolon, indalma, phasma. Imago cerea « poupée de cire ». Voir gr. mimena kerinon, zoidion.

impietas : « impiété, sorcellerie ». Impius correspond au grec asebes, atheos. Voir facinus, nefas ; gr. asebeia.

imprecor : « maudire ». D’où imprecatio « jeter des malédictions ». Voir deprecor, dirae, exsecratio, preces ; gr. arai.

incanto : « enchanter, charmer, ensorceler », également « doter [un objet] de dynamis ». D’où incantamentum, incantatio « sortilège, enchantement », incantator « enchanteur, sorcier ». Voir cano, canto ; gr. epode.

incubo « dormir à l’intérieur [d’un temple], dans l’attente d’un rêve significatif ou d’une guérison miraculeuse ». D’où incubatio (tardif dans ce sens). Voir gr. enkoimesis.

incubus (tardif) : « mauvais esprit hantant ceux qui dorment », provoquant des cauchemars et étant en quête de relations sexuelles avec des femmes. Voir succubus.

inspuo : voir despuo.

internuntius : « agent intermédiaire », par exemple entre les dieux et les hommes. Voir gr. daimon, mese ousia.

interpres : « interprète, porte-parole d’une divinité, interprète des omina, des portenta, ou des rêves ». Voir gr. exegetes.

invoco : « invoquer [les dieux, l’esprit des morts] ». D’où invocatio. Voir advoco, invoco ; gr. kaleo, anakaleo, epikaleo, katakaleo.

iunx : forme latine du grec iynx.

lamella : « fine feuille de métal [inscrite de caractères magiques gravés] ». Également lamina, lamna. Voir tabella.

lamia : « femme vampire, sorcière, démon mangeant les nourrissons ». Voir gr. empousa.

Lares : « ancêtres divinisés, apparentés aux Mânes, dont le culte est rendu à demeure et dans le voisinage », également « esprits protecteurs, genre de démons attachés aux divinités infernales ». Voir lemures.

larvae : « esprits des morts, démons, esprits malins ». D’où larvatus « possédé par des esprits malins » (voir cerritus, lymphatus). Ces esprits étaient requis pour la divination, d’où l’expression praesagia larvarum. Voir lares, manes ; gr. nekyodaimon.

Laverna : « divinité [étrusque] des Enfers, déesse et patron des voleurs ». 

lemures : « genre de fantômes », peut-être à l’origine « esprits des ancêtres morts ». Le terme recouvre en partie les lares et les larvae. Selon

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les anciennes explications (peu fiables), tous les esprits des morts pouvaient être appelés lemures les bons étaient les lares, les mauvais les larvae. Ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre étaient des Manes (mais Manes signifie littéralement « les bons » – sans doute un euphémisme, comme « Euménides »).

libri carminum valentium : « collections de formules magiques, etc. », probablement du type des papyri magiques dont nous disposons. Voir gr. Ephesia grammata.

ligo : « nouer, lier », également « attacher à une amulette ». Voir deligo, obligo, solvo ; gr. deo, katadeo, lyo. Ligatrix (tardif) peut désigner « la sorcière », celle qui d’expérience connaît les charmes qui lient, ou sait fabriquer des amulettes. Ligatura, littéralement « quelque chose qui est noué sur », également « amulette ». Voir alligator, remedium ; gr. periamma, periapton.

lunatus : « lunatique, épileptique ».

lunula : « amulette taillée en forme de demi-lune ou de croissant de lune ». Voir gr. meniskos.

lupula : « petite louve », également « prostituée, sorcière ». Diminutif de lupa, « louve, prostituée ». Les mots relevant des domaines de la magie et de la prostitution se sont semble-t-il chevauchés dans les sociétés antiques, alors qu’ils pouvaient également appartenir au champ lexical de la violence, comme Harpyia, etc.

lymphatus : « possédé par une nymphe, fou, insensé ». Voir cerritus, larvatus ; gr. nympholeptos.

magia : « sorcellerie, magie ». Également à la forme adjectivale, par exemple dans magae artes. Le sorcier est appelé magus, homo magicus. Voir gr. mageia, magos.

maledico : « diffamer, tromper », également « maudire ». Maledictum « insulte, malédiction ».

maleficium : « crime, mauvaise action, magie ». Plus spécifiquement, magicum ou inconcessum maleficium « mal interdit » (semblable à artes nefandae). Voir maleficus (parfois « sorcier »), crimen, facinus, nefas, veneficium ; gr. kakotechnia.

Manes : « les bons ». Il pourrait s’agir d’un euphémisme, comme dans le cas des Euménides. Esprits des ancêtres divinisés. Voir Lares, larvae, lemures.

manus mala : « main employée en magie », également « posé sur » ou « geste fait de loin ». Voir oculus malignus, « mauvais œil ».

Marsus, Marsi, Marsicus : les Marses, groupe ethnique d’Italie centrale, étaient réputés pour leurs talents d’herboristes, de magiciens, de devins et de charmeurs de serpents. Les Marsa venena désignent les drogues qu’ils employaient et les nenia Marsa, vraisemblablement un charme lugubre. Voir Sabellus ; gr. therepodos.

materia : « matériau, substance ». Voir gr. ousia.

mathematicus (comme le grec mathematikos) : « mathématicien, scientifique, astronome, astrologue ». Voir gr. mathesis.

medicamentum : « drogue, poison, remède ». Voir remedium ; gr. pharmakon.

minae : « menaces, malédictions, avertissements ». Voir dirae ; gr. apeile.

miraculum : « merveille, miracle, événement formidable, phénomène surnaturel ». Voir monstrum, portentum, prodigium ; gr. semeion, teras, thauma.

monstrum : « événement contre-nature,

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anormal, créature horrible ». Voir miraculum.

murmur : « murmure, chuchotement ». Manière indistincte de prononcer un sort (vraisemblablement mauvais), opposé aux prières formulées à haute voix et en public. Parfois qualifié : murmur barbarum, dissonum, ferale, ou encore infandum, afin d’accentuer le caractère exotique, hideux, menaçant et anormal (illégal) du rituel. Voir stridor, susurrus magicus ; gr. sigmos.

nardus ou -um : « huile de nard », qui pouvait être utilisée comme crème protectrice. Les parfums, tout comme les bijoux (amulettes), avaient une fonction magique, apotropaïque ; mais ils servaient également d’aphrodisiaques.

nefas : « activité magique illégale, immorale, ou sacrilège ». Voir crimen, facinus, impietas, maleficium ; gr. arrheta, aporrheta, asebeia. Nefanda « actions mauvaises, impies », peut être employé dans le même sens.

nenia : « sort, incantation » (par exemple en association avec Marsa). À l’origine, lamentation officielle sur les morts, au son d’une flûte. La lamentation et le sort ont en commun l’ululatio « ululement ». Voir ululatio ; gr. ololysmos.

nocturna (anus) : « sorcière ». Voir gr. nyktipolos.

ogligo : « lier, contraindre ». Voir ligo, solvo ; gr. deo, katadeo, lyo.

obscaevo : « indiquer un bon ou un mauvais présage ».

occento (orig. ob-canto) : « chanter contre », c’est-à-dire « lancer un sort contre [quelqu’un] ». Le sort en soi est appelé malum carmen ou carmen obliquum.

occultus : « caché, secret, ésotérique, occulte ». Voir absoconditus, arcanus, clandestinus, secretus ; gr. apokrypha.

oculus malignus ou oculus obliquus : « mauvais œil ». Voir fascino, manus mala ; gr. baskania.

omen : « [bons ou mauvais] signes présageant du futur. » D’où ominator « celui qui comprend et interprète les omina ». Ces signes peuvent être perçus de façon aléatoire, par coïncidence, à moins que quelqu’un ne les guette. L’observation attentive de certains phénomènes (nuages, éclairs, comètes) est parfois nécessaire ; il existe à cette fin nombre d’outils et de techniques. Voir auspicium, divino, haruspex, miraculum, monstrum, ostentum, portentum, prodigium, vates ; gr. enodioi symboloi.

oraculum : « prédiction [rendue dans un sanctuaire], agent de la prédiction, sanctuaire où on la rend ». Voir gr. chrao, mantis, prophetes.

Orcus : « monde d’en bas entendu comme lieu de punition ou domicile des mauvais esprits, dieu des Enfers, personnification de la mort ». Voir Acheron, Acheruns.

Paeligni : peuple d’Italie centrale, associé à l’idée d’une magie efficace. D’où Paeligna anus « sorcière Samnite ». Voir Marsi, Sabelli.

peritus : « expert » (en magie). Voir ars, gnarus, plusscius ; gr. empeiria, epistime.

perversitas : « comportement déraisonnable, anormal », par exemple perversitas magica. Voir crimen, curiositas, facinus, nefas.

philtra : « charmes, drogues, filtres d’amour ». Voir poculum.

phylacterium : « amulette ». Voir ligatura, remedium.

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plusscius, -a : « en savoir davantage [que les gens du commun] ». Voir gnarus, saga ; gr. oida.

poculum : « récipient à boire, boisson, drogue, poison ». Parfois qualifié en poculum amoris ou desiderii, poculum noxium ou triste. Voir amor, philtra, veneficium ; gr. philtron, stergema.

polleo : « être fort, puissant, capable, efficace » (en magie, médecine, etc.). La forme pollens est parfois corrompue dans la tradition manuscrite et devient alors pallens, qui signifie « causer une pâleur », mais « pâle » est évidemment impropre. Corriger selon le contexte semble nécessaire. La magie est efficace par sa pollentia, potestas. Voir arete, dynamis.

portentum : « phénomène anormal, prodige, présage, signe sinistre ». Voir miraculum, omen, prodigium ; gr. teras, thauma.

potentia : « pouvoir, capacité ». Voir pollentia, potestas, virtus ; gr. arete, dynamis.

potestas : « pouvoir, contrôle, autorité ». Voir potentia, etc.

potio : « boisson chargée de magie », provoquant l’amour ou conduisant à la folie, à la mort (pas toujours intentionnellement). Les potions magiques pouvant s’avérer hautement toxiques quand elles étaient mal dosées, le mot a donné poison en anglais et en français ; potionatus néanmoins avait déjà le sens d’« empoisonné ». Voir amor, poculum ; gr. philtron.

praecanto : « chanter [un sortilège] à ou pour [une personne] ». D’où, praecantio « sort, amulette » et praecantrix « purificatrice, guérisseuse, diseuse de bonne aventure ». Voir cano, canto ; gr. epode.

praefiscini ou -fascine : « destiné à éloigner la mauvaise fortune ». Voir fascinum.

praesagio : « présager, avoir un mauvais pressentiment ». D’où praesagatio, -itio, -ium, etc. Voir sagus, -a.

praestigia, -ae : « supercherie, tromperie ». D’où praestigiator « prestidigitateur, acrobate, escroc » et praestigiatrix « sorcière, diseuse de bonne aventure », etc. Voir circulator.

precor : « prier, souhaiter santé ou maladie à quelqu’un ». Preces « prières », également « malédictions », tacitae preces « prières [magiques] prononcées silencieusement ». Thyesteae preces « malédictions mortelles ». De même funestae, infelices, ou nefariae preces. Apparenté à imprecor, imprecatio. Voir dirae, exsecrato ; gr. arai, euche.

prodigium : « phénomène extraordinaire » (dans un sens favorable ou non), qui explique la relation existant entre certains signes et certains faits exigeant une interprétation et la mise en œuvre d’une action réparatrice. Voir miraculum, monstrum, omen, ostentum, portentum ; gr. semeion, teras, thauma.

propheta : « devin, porte-parole de la divinité », également « figure proche du prêtre, qui exerce la magie ». Voir oraculum ; gr. chresmologos, exegetes, mantis, prophetes.

radix : « racine d’une plante utilisée en magie et en médecine ». De même que le diminutif radicula, il désigne parfois la plante entière. Voir gr. rhizotomia.

recanto : « chasser au moyen d’un sortilège ». Voir cano, canto.

religio : ensemble de concepts, croyances, rituels fondés sur la tradition, qui régule les relations entre les dieux, les individus et la communauté.

remedium : « drogue, remède » (registres

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magique et médical), plus spécifiquement « amulette ». D’où remediator « guérisseur, qui fabrique des amulettes ». Une drogue employée en magie est parfois appelée remedium diabolicum, illicitum, ou sacrilegium.

revoco : « appeler les esprits à revenir [du monde infernal] ». D’où animarum revocator « celui qui fait apparaître les esprits ».

ritus (surtout au pluriel) : « rites, rituels, cérémonies » (registres religieux et magique).

Sabellus : « appartenant aux ou provenant des Sabelli » (groupe ethnique parlant l’osque, incluant les Samnites). Sabella carmina « charmes samnites ». Voir Marsae voces, etc. On pensait que ces populations, avec leur culture spécifique, avaient préservé un savoir magique ancien, comme certains peuples plus « exotiques ». Voir Aegyptius, etc.

sacer : « qui appartient à la divinité », d’où « sacré, saint, » et « maudit ». Voir gr. anathema, exagistos. D’où sacra « rites religieux ou magiques », ce dernier étant parfois qualifié d’arcana, impia, inanudita, nefaria, nocturna, occulta. Sacerdos « magus aux allures de prêtre », sacrificium « offrande magique » (qualifié de funestum, malum). Voir gr. hiereus, hiereia, prophetes. Sacro « consacrer » et « vouer à la destruction ». Voir desecratio. Sacramentum « serment » (plus particulièrement le « serment militaire d’allégeance ») ; plus tard « mystère, initiation ». Voir mysterion. Sacricola « fidèle » ; peut aussi être synonyme de saga. Sacrificulus « celui qui effectue des rites étrangers ou magiques », ce qui renvoie à une multitude de pratiques, rites purificateurs et mystères privés. Voir gr. agyrtes, anathema, hiereus, mantis, thytes.

sagus, -a : « prophétique, médium, qui pratique la sorcellerie ». Apparenté à sagax « acéré, effilé, aigu » et sagio « sentir, avoir du flair ». Une célèbre saga syrienne est alternativement décrite comme sacricola ou mantis. Ce qui semblerait indiquer qu’elle tirait son « savoir supérieur » d’une divinité spéciale ou d’une puissance à laquelle elle sacrifiait (sacricola) et qu’elle donnait ses conseils sous une forme prophétique (mantis). Mais saga (anus) pouvait également désigner une vieille femme s’adonnant à différentes pratiques magiques (protéger les gens contre un mal entrevu en rêves, fabriquer des amulettes, invoquer les morts, etc.). Voir praesagio.

scientia efficax : « magie qui fonctionne réellement » ; gr. dynamike episteme. Les termes apparentés sont sciens « celui qui sait », scientissimus, plusscius. Voir également peritus. On souhaiterait rester prudent quant au domaine spécifique de compétences de ce dernier.

scrobis : « fosse ». Voir gr. bothros.

secretum : « secret, rite mystique ou symbole, dessein caché ». Voir abditus, arcanus, occultus.

sepulc(h)ralis : « relatif aux tombes », Comme dans sepulchrale carmen « charme permettant de faire apparaître les morts ». Voir bistuaria.

Sibylla : « type de devin féminin, prophétesse extatique », parfois adorée comme une divinité. Il existait dans le monde antique un nombre variable de sibylles. Les Libri Sibyllini, collection de prédictions, étaient consultés à

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Rome par un comité officiel. Deux collections d’Oracula Sibyllina ont survécu, qui datent de l’Antiquité tardive. Sibyllistes « interprètes des oracles sibyllins, devins ».

signum : « signe, présage ». Voir omen, ostentum, prodigium ; gr. semeion, thauma.

solvo : « libérer, délivrer, soulager ». Opposé à ligo. Voir gr. (apo)lyo.

sonus (magicus) : « intonation spéciale », employée pour la récitations des sortilèges. Voir stridor, susurrus ; gr. poppysmos, sigmos.

sors : « jeton utilisé pour la divination [cléromancie] ». Sortes fatidicae « jetons qui prédisent le destin d’une personne ». Sortior « prédire l’avenir » de façon générale, par des jetons ou – par extension sémantique – par tout autre moyen. Sortilegius « celui qui choisit les jetons », c’est-à-dire le devin, le diseur de bonne aventure. Les jetons pouvaient être faits de matières diverses – os, bois, métal, papyrus. La méthode a survécu dans le tarot. Des collections d’oracles ou des ouvrages littéraires (par exemple piqués d’une aiguille) pouvaient aussi bien servir de « jetons ». Le mot français sortilège est dérivé du latin sortilegium, alors que les mots sorcier, sorcière (sorcerer en anglais) sont dérivés du latin tardif sortiarius. Par extension sémantique, le mot peut convenir à n’importe quel devin et de là à tout praticien de la magie.

spargo : « arroser, purifier ». Voir gr. perirhaino.

stridor : « son sifflant, ronflant ». Ce mot renvoie probablement à une façon particulière de réciter un sortilège, ou bien au son produit par le rhombus. Voir murmur, susurrus ; gr. sigmos.

strix : « genre de hibou, de vampire, d’esprit mauvais ». Il semble qu’il ait existé un bagage substantiel de mythes et de folklore relatif à ces créatures. Probablement apparenté à striga « sorcière », duquel il est difficile de nettement le distinguer. Le Megascops, de la famille des Strigidae, ou Petit-duc, était considéré comme un mauvais présage et les sorcières étaient capables de se métamorphoser en oiseaux ou en tout autre animal. Voir lamia.

succubus (tardif) : « démon féminin hantant les dormeurs avec lesquels il cherche à entretenir des relations sexuelles ». Puisque le préfixe sub- implique la substitution (un démon prenant la place de l’épouse), on s’attendrait à obtenir la forme succuba. La terminaison masculine du mot est peut-être le fait d’une analogie avec incubus.

sucus (mixtus) : « jus [d’une plante] », utilisé à des fins médicales ou magiques.

superstitio : « manifestation religieuse privée, étrangère et fausse, survivance de cultes anciens, folklore étrange ». Le terme n’était pas à l’origine négatif, mais sous-tendait la peur exagérée de plusieurs puissances surnaturelles (certaines subsistant de périodes précédentes ou étant de provenance étrangère). Superstitio exsecranda ou magica « magie », superstitiosus hariolus « devin extatique ». Voir gr. deisidaimonia.

supplicium : « offrande ou rituel destinés à apaiser une divinité ». Supplicia clandestina « offrandes secrètes », c’est-à-dire « rituels magiques ». Voir preces nefariae.

susurrus (magicus) : « murmure, chuchotement ». Également susuramen

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(magicum). Voir murmur, stridor ; gr. sigmos.

tabella : « pièce plate en bois, en plomb, etc. » (sur laquelle on inscrit des charmes).

tabum : « fluide corrompu », parfois synonyme de venenum. Voir virus.

Thessala : « Thessalienne, sorcière ».

toxicum : « drogue, poison ». Voir gr. pharmakon, toxikon.

trivium : « point de rencontre de trois routes ». Il était bordé de tombes, consacré à Hécate, et l’on s’y adonnait de nuit à la magie. Voir gr. (graus) trioditis.

turbo : outil magique, équivalent du grec rhombos.

ululatus : « ululer, hurler » (dans un contexte religieux ou magique). Voir gr. ololysmos.

umbra : « ombre [dans le monde infernal] », « fantôme [dans le monde des vivants] ». Voir gr. eidolon, psyche, skia.

vanitas : « illusion, simulation », comme dans magicae vanitates « illusions produites par magie ».

vates : « devin ». Apparenté à vaticinor, vaticinium. Combiné avec sacrificulus. Voir gr. mantis, thytes.

venenum : probablement d’uenes-nom, une forme d’uenus, au sens de « magie propitiatoire » (voir l’allemand wünschen), lié à Venus, la divinité, mais aussi à venenor « adorer ». Peut-être « filtre d’amour » à l’origine, ensuite toute drogue magique ou médicale (herbe, potion), puis principalement « poison ». Beaucoup de drogues magiques étaient toxiques et susceptibles de provoquer la folie ou la mort si une dose inappropriée était administrée. Comme le grec pharmakon, pharmakeia, le mot latin désigne des actions orales ou symboliques, aussi bien qu’une influence surnaturelle, ou encore des drogues (sens originel). D’où veneficium « pratique de la magie, sorcellerie », mais aussi « substance efficace, filtre » ; veneficus, -a « sorcier, sorcière, empoisonneur », parfois associé à maleficium, maleficus. Également venenarius « marchand de poisons, empoisonneur ». Voir delenimentum, potio, tabum ; gr. pharmakon, -eia.

versipellis : « celui qui peut prendre différentes apparences [par exemple celle d’un loup, d’un chien], loup-garou ». Voir strix ; gr. lykanthropos.

veteratrix : « vieille femme expérimentée, sorcière ». Au masculin, veterator « expert [en quelque chose] ».

virga : « baguette, bâton ». Voir gr. rhabdos.

virtus : « excellence, capacité, efficacité ». Voir potentia, potestas ; gr. arete, dynamis.

virus : « fluide puissant, sécrétion [provenant de plantes ou du corps humain], décoction empoisonnée ». Voir sucus (mixtus), tabum, venenum.

vis : « force, pouvoir ». Voir virtus ; gr. arete, dynamis.

visio : « vision, apparition ». Voir gr. horama, phantasma.

voco : « appeler » (par un sort). Vox « voix, son, mot », par exemple voces sacrae « sortilèges magiques », voces Marsae « sortilèges marses ». Les mots et les noms utilisés en magie étaient souvent inintelligibles aux non-initiés (gr. onomata asema). Voir advoco, invoco, murmur, susurrus, ululatus.

voveo : « vouer, promettre, prier ». D’où votum « vœu, prière ». Voir devotio, preces ; gr. arai.