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Classiques Garnier

Liminaire

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Antoine Arnauld, théologien de Port-Royal (1612-1694)
  • Pages: 9 to 11
  • Collection: The Universe of Port-Royal, n° 46
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406113621
  • ISBN: 978-2-406-11362-1
  • ISSN: 2491-2530
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-11362-1.p.0009
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 11-24-2021
  • Language: French
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Liminaire

Le présent ouvrage est né dun étonnement. De très nombreuses études ont été consacrées, ces trente dernières années, au « Grand Arnauld1 », disciple de labbé de Saint-Cyran, défenseur de Jansénius, véritable « chef de file des théologiens augustiniens liés à Port-Royal », ainsi que lécrit Philippe Sellier2 : notices de dictionnaires ou dencyclopédies, articles et interventions de colloques, ouvrages ou écrits divers, dont beaucoup portent sur sa philosophie, en particulier sur sa philosophie du langage et de la connaissance, sur ses relations avec Nicolas Malebranche, et sur sa théologie. Pour retrouver le nom de la plupart de leurs auteurs, il nest que de se reporter au volume 44 de la revue des Chroniques de Port-Royal, où sont réunies les communications du colloque du tricentenaire de la mort du philosophe-théologien, colloque organisé en 1994 par la Société des amis de Port-Royal.

Or, à lexception du monumental ouvrage dÉmile Jacques sur Les années dexil dAntoine Arnauld (1679-1694), aucune biographie historique densemble na été publiée. Aussi nous a-t-il semblé intéressant de reprendre la Vie de Messire Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne, composée par Noël de Larrière, telle quelle figure au tome quarante-troisième des Œuvres du théologien, publiées sour le titre : Œuvres de Messire Antoine Arnauld, docteur de la Maison et Société de Sorbonne, à Paris et se vend à Lausanne, chez Sigismond dArnay, libraire à Lausanne, en 1775-17833. Certes, « le but apologétique de lentreprise nest que trop clair », ainsi 10que lécrit Jean-Robert Armogathe4 : en dotant la mémoire dArnauld de ce monument, ses auteurs entendaient présenter Port-Royal et tout le mouvement janséniste ultérieur dans laura du “plus savant mortel qui ait jamais écrit” (Épitaphe dArnauld par Boileau) ». En dépit des limites et des défauts de cette publication5, il faut reconnaître le mérite des éditeurs rassemblant autant décrits du théologien-philosophe et les présentant avec autant de précision et de justesse.

Quoi quil en soit, les responsables de lédition de Lausanne sont au nombre de trois : « Le principal éditeur des œuvres dArnauld fut labbé Jean Hautefage (1735-1816 », ancien chanoine dAuxerre, installé « à Lausanne durant six ou sept ans », écrit A. Gazier6 ; le deuxième est Gabriel du Pac de Bellegarde (1717-1789), théologien et historien, auteur dune Histoire abrégée de lÉglise métropolitaine dUtrecht (1765), qui vécut en Hollande, ainsi quà Lausanne.

Le troisième éditeur dArnauld est Noël de Castera de Larrière, lauteur de la Vie, est né à Aillas, près de Bazas en 1735 (ou 1738), et mort à Aillas en 1802 (ou 1803). Après avoir fait ses études chez les oratoriens de Condom, il se rend à Paris, où il prend le parti des appelants. Auprès de Bellegarde et de Haufage, il participe à la publication des Œuvres dArnauld : il en compose la biographie, qui, par bien des côtés, a tout du panégyrique, même si elle fournit des informations de toute première main. Sans être ecclésiastique – on ne sait même sil a été tonsuré –, labbé de Larrière, ainsi quon lappelle, participe aux Nouvelles Ecclésiastiques, puis aux Annales de la religion. Il est connu pour être un partisan zélé de la Révolution française, signant la constitution civile du clergé, mais doit retourner vivre dans sa ville natale, où il meurt peu après.

La présente publication reprend la Vie de Messire Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne, par Noël de Larrière. Elle sera suivie dune seconde 11partie, qui réunira plusieurs annexes susceptibles déclairer la vie et les œuvres du théologien7 : les familles Arnauld, du Moyen Âge au xviie siècle ; des textes dAntoine Arnauld lui-même sur ses études de théologie, ainsi que de très brefs passages de son Journal perdu (1663) ; puis le témoignage exceptionnel dun manuscrit, le Recueil de choses diverses, issu de milieux proches de Port-Royal et remontant aux années 1670-1671 : extraits relatifs à Arnauld, à Nicole et aux Messieurs de Port-Royal ; la Relation de Léonard de Guelphe sur la retraite dAntoine Arnauld en 1679.

« Que la personne et lœuvre dArnauld soient de celles qui dominent lensemble du xviie siècle, écrit Jean Mesnard, ne se déduit pas seulement des dates de sa naissance et de sa mort, 1612-1694, mais du fait, quil na jamais cessé dêtre présent dans la vie intellectuelle de son temps, et pas seulement au titre du mouvement que lon appelle, faute de mieux, janséniste ».

1 Lexpression se lit dans lÉpître Xde Boileau, v. 124.

2 Pascal et la littérature III. De Cassien à Pascal, Paris, H. Champion, 2019, p. 16.

3 Sur cette publication, voir Augustin Gazier, Histoire générale du mouvement janséniste depuis ses origines jusquà nos jours, Paris, Champion, 6e éd., 1924, 2 vol., t. II, p. 113-115, et Perle Bugnion-Secretan, « Lédition des Œuvres complètes dAntoine Arnauld », dans les Chroniques de Port-Royal, 44, 1995, p. 409-410 : « Cest [] Sigismond dArnay, [un riche] libraire [de Lausanne], et alors associé à limprimeur François Grasset, qui a édité Arnauld. [] Si on a indiqué comme lieu dimpression, cest pour éviter la censure qui existait à Lausanne, introduite par Berne, qui dominait alors sur le pays de Vaud » (p. 410).

4 Études sur Antoine Arnauld (1612-1694), Paris, éd. Classiques Garnier, 2018, p. 11.

5 On a souligné, par exemple, que certains écrits dArnauld manquent dans cette édition, comme La Perpétuité de la Foy de lÉglise catholique touchant lEucharistie, Paris, Ch. Savreux, 1669-1674, 3 vol. in-4o, rééditée chez Sigismond dArnay en 1680-1681, et que de nombreuses lettres ny figurent pas (voir la liste fournie par Jean Laporte dans La doctrine de Port-Royal, t. II, Exposition de la doctrine (daprès Arnauld), Les vérités de la grâce, Paris, Presses Universitaires de France, 1923, p. xxxviii-xxxix).

6 « Voir son Éloge, [par Louis Silvy], imprimé en 1816, Paris, A. Égron, 24 p. in-8o », A. Gazier, Histoire générale du mouvement janséniste, op. cit., t. II, p. 115, n. 1.

7 Ce sera lobjet dune partie du t. IV de mes Images de Port-Royal (à paraître).