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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Pierre-François Moreau et Charlotte Morel, « Introduction »

À la différence de la France, lAllemagne a développé explicitement depuis deux siècles des travaux danthropologie philosophique. Relations avec dautres disciplines, définition de lhomme, différences entre les humains, rapports à la politique : autant de thématiques qui ont marqué les doctrines et les ont différenciées entre elles.

Jean-François Goubet, « Pour une connaissance de lhomme qui ne soit pas anthropologique. La prise en compte par Herbart de lhistoire culturelle de lhumanité »

La connaissance de lhomme nest pas anthropologique chez Herbart. Il manque à lanthropologie, en plus dêtre profonde, de prendre en considération les animaux supérieurs et les peuples non-européens. Herbart répète à lenvi quune psychologie individuelle doit être complétée et rectifiée par ce que nous apprend lhistoire du genre humain. Il nest pas pour autant un précurseur des sciences de la culture mais bien un philosophe soucieux de donner à sa psychologie une assise scientifique solide.

Anne Durand, « Anthropologie et critique de la religion chez Feuerbach »

Le projet de Feuerbach rompt avec la philosophie spéculative de son temps. Il consiste à faire apparaître lessence authentique de la conscience religieuse, cest-à-dire sa vérité anthropologique. Elle renvoie au rapport de lindividu, limité dans ses caractères spécifiques, à lessence humaine, qui les contient de façon parfaite, et que lon projette dans lêtre divin.

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Charlotte Morel, « Un sens moderne de la métaphore anthropologique du microcosme. Le Mikrokosmos de Lotze »

Larticle détaille dabord larrière-plan historique de la métaphore du « microcosme » sur laquelle capitalise Lotze pour lui confier les visées neuves de son anthropologie : construire un contre-modèle à lanthropologie matérialiste, mais aussi déterminer la figure propre de son idéalisme comme idéalisme de la signification. Avec ce fil directeur on montre comment se voit aussi réactualisée lanthropologie de Kant, apparaissant comme croisée avec son « idée cosmologique ».

Pierre-François Moreau, « Lanthropologie du Capital »

Il ny a pas danthropologie chez Marx au sens où lon pourrait déduire de la nature humaine lhistoire des sociétés et la possibilité de lémancipation. Il existe cependant une anthropologie critique analysant les conditions durables de lhistoire : dune part lanimalité physiologique de lhomme, dautre part les briques de la socialité, que les différents modes de production et formations sociales réorganisent à chaque fois diversement.

Michel Espagne, « Theodor Waitz. Litinéraire dun philosophe anthropologue »

Waitz est une figure peu connue de ce que serait une histoire alternative de la philosophie au xixe siècle, innervant dautres sciences humaines. Philologue, son œuvre majeure est pourtant lAnthropologie der Naturvölker (1859-1872), dont le fil directeur est une psychologie collective des représentations de lhomme naturel. À même la diversité des composantes ethniques, établie par des sources attentivement soumises à la critique, Waitz sefforce de démontrer une unité de la civilisation humaine.

Olivier Agard, « Lanthropologie philosophique de Max Scheler »

On retrace ici la genèse et lévolution de lanthropologie philosophique de Scheler. Le jeune Scheler élabore dans le sillage dEucken une philosophie de lesprit comportant aussi une dimension anthropologique. Cest lintérêt pour la philosophie de la vie qui le conduit à évoluer vers une forme de phénoménologie, où la réflexion anthropologique est également présente. Ce nest quaprès 1925 quelle passe au premier plan, Scheler insistant alors sur la complémentarité entre lesprit et la vie.

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Guillaume Fiedler-Plas, « Erich Rothacker. Lanthropologie philosophique comme anthropologie culturelle »

Pour Rothacker lécart entre être humain et animal nest pas saut qualitatif : lêtre humain est tout aussi déterminé par sa culture que lanimal par son monde environnant. Lanthropologie nest dès lors envisageable que comme anthropologie culturelle, empirique, non déductive. De ce principe anti-universaliste découlent à la fois le risque dune proximité idéologique avec la pensée raciale (néanmoins rejetée par lauteur du fait de son matérialisme) et une paradoxale modernité de son œuvre.

Gérard Raulet, « Le pouvoir mimétique. Le matérialisme anthropologique comme stratégie politique »

Lanthropologie sous-jacente à la pensée de Benjamin y joue un rôle clef entre théorie de la connaissance, philosophie du langage et de lhistoire. Elle relativise la surinterprétation de la théologie, accordant au mimétisme une portée matérialiste ; elle transforme lexpérience allégorique du livre sur le drame baroque en capacité sociologique à connaître les choses elles-mêmes sous leur aspect réifié en forme marchandise ; politiquement elle constitue le ressort de la barbarie positive.

Gerald Hartung, « Ernst Cassirer, Helmut Plessner. De la perception de la forme à la question de lanthropologie »

Par le concept de prégnance symbolique, Cassirer fait de la perception des formes un problème anthropologique en soi. Des horizons de signification structurent lappréhension sensible, ce que larticle confronte à la genèse de la « psychologie de la forme ». Pour Plessner aussi la notion intégrative de forme est porteuse de sens – cette fois dans un cadre vitaliste. La comparaison des deux auteurs quant à la perception montre le noyau commun à même la divergence du cadre philosophique global.

Christian Berner, « Vers une anthropologie désanthropologisée. Karl Löwith et la question de lhomme et du monde »

Larticle montre comment Karl Löwith a tout dabord, avec et contre Heidegger, développé une anthropologie philosophique à visée éthique ; puis, 256à partir de la critique de lexistence historique et de lanthropocentrisme, comment lêtre humain doit être compris dans un monde qui nest pas celui de lêtre humain, mais une nature où les choses sont simplement comme elles sont. Cest en se libérant de lhumain que souvre pour Löwith la perspective dune anthropologie désanthropologisée.

Marc de Launay, « Leo Strauss, le secret dEurope »

Leo Strauss tente de cerner le moteur propre de la dynamique essentielle quil assigne à ce quil désigne comme lEurope. Il sagit dune anthropologie culturelle fondée sur un conflit irréductible entre « Jérusalem » et « Athènes », autrement dit, entre deux conceptions du monde, la première reposant sur lobéissance à une loi révélée, la seconde sur la philosophie qui, à ses yeux, est en même temps le prolongement perpétué du platonisme.

Christian Sommer, « Un article français de Plessner en 1958 »

Dans ce texte de 1958, Plessner sattache à lhistorique du terme « anthropologie », à sa délimitation par rapport à lexistentialisme et à lhistoricisme, et précise les tâches dune anthropologie à proprement parler philosophique. Plessner y résume son apport propre et le situe dans la généalogie historique de lanthropologie, au moment où il va publier La nation retardataire et revient sur le paradigme des Degrés de lorganique de 1928.