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Classiques Garnier

Avertissements d'éditeurs

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Amadis de Gaule Livre I
  • Pages : 681 à 684
  • Réimpression de l’édition de : 2006
  • Collection : Textes de la Renaissance, n° 116
  • Série : Romans de chevalerie de la Renaissance, n° 2
  • Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
  • EAN : 9782812456848
  • ISBN : 978-2-8124-5684-8
  • ISSN : 2105-2360
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5684-8.p.0676
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/04/2007
  • Langue : Français
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AVERTISSEMENTS ÉDITEURS
Avant-propos de l'édition de Venise, Delicado, 1533
Quan maravillosamente este Autor vos pint6 este cavallero Amadis de Gaula  ? Y hizolo por fazer la raz6n. Que los pintores & poetas y estoriadores como él. Tienen licencia de Pintor, y dezir lo que a ellos mejor les pareciere. Para fazer sus obras en todo & a todos hermosas. Diole a este cavallero Amadis de Gaula tres fortunas mas apropriadas. La primera echado en el arca cerrada por las aguas del mar y en esto se assemejo a aquel gran Propheta Moyses y como cuenta el libro que a nombre (gesta Romanorum) de san Gregorio que fue por el seme- jante lançado en el mar, de su madre y hermana. La segunda fortuna fuez en el arte de la gloriosa cavalleria favoreciendolo Marte. Por cierto por bien aventurado se terna aquel cavallero que a Amadis se semejasse comparando se con qualquer fortunatissimo cavallero que jamàs fuesse al mundo. La tercera fortuna fue la fe del amor el quai siguisse con acabada esperança en el su criador & sehor al quai amava sin fin con el espéritu  : y el gracioso amor corporal a que la maestra natura lo inclinava acabando tan affortunadamente. Como su firmeza lo acab6. Cierto se puede creer que aviendo se le mostrado la fortuna en estas tres visiones de Agua, de Armas & de Amor. Tres. Vido y una adoro. Ama  : sirvio & siguio. Con verdadero Amador dicho del santo Amador Amadis. En todo Cabo de bienaventurado nos lo dio esculpido.
Plantin, 1561, in-4°
A tous ceus qui font profession d'enseigner la langue françoise en la Ville d'Anvers, S.
Comme, à bon droit, celui pourroit être repris, Messigneurs, de mal employer son tems, qui se voudroit amuser à prouver une chose de laquelle nul ne douteroit  : aussi m'estimeroi-je digne de reprehension, si ores que je m'adresse à gens fort bien entendus, je m'entremettois
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de vouloir raconter ou écrire quelque chose de l'utilité, qui peut être en la vraye connoissance de la langue Françoise. Car non seulement vous, et toutes gens d'auctorité, mais la plus grande partie du vulgaire mesmes la tient ores en tel honneur que chacun desire la faire par vôtre moyen apprendre à ses enfans. Parquoi, pour aucunement vous être en aide, faisant le deu de mon art, je vous ai voulu imprimer les Livres d'Amadis de Gaule  : équels, par la confession de tous ceux qui les ont leus, êt l'élégance, douceur et facilité du langage François autant bien comprinse qu'en livres quelconques qui ayent esté encores mis en lumiere. Ce que j'ai fait, considerant en partie, la cherté desdits livres, et l'incommodité de toutes les formes équeles ils ont été imprimés jusques à present, qui n'étoyent commodes pour l'étude de la jeunesse. Léquelles choses ont jusques à present esté cause qu'un tas de quatre fis Aimont, Fierabras, Ogier le Dannois, et tous tels vieus Romans de langage mal poli ayent été continués en vos Ecoles  : les peres ne voulans dependre l'argent pour acheter livres de si grand pris à leurs enfans. Chose fort dommageable à tous ceux, qui voulans apprendre ladite langue Françoise, consomment leurs tems à la lecture de tels Auteurs  : encores qu'ils ayent été assés bien faits pour leur tems. Mais pour cétui-cy, auquel ja fleurit la pure elegance des langages, il ny a celui, pour peu versé qu'il ait ès bons Aucteurs François, qui ne les juge avoir quelquefois la diction et (presque tou- jours) l'ordre des mots fort rude et mal ajancés. Parquoi je ne doute que tous d'un accord ne confessiés librement telles lectures être plutôt retardement à la jeunesse, voulant s'acquerir la droite et naïve connoissance de la Françoise maniere de parler, qu'avancement  : veu qu'ayans perdu beaucoup de tems en icelles, il leur convient par aprés oublier et desaprendre une grande partie de ce qu'ils y ont appris. Or je ne doute pas que plusieurs n'ayent opinion qu'il faille premierement proposer aus apprentifs les choses de moindre importance, et plus faciles (comme ils appellent lesdits Romans) et puis aprés les choses mieus limees et achevees  : mais tels ne font pas moins que celui qui voulant apprendre quelcun à bien tirer et viser au blanc, lui enseignoit premier à prendre sa visee sus l'entier but, et non sus le blanc seulement, en quoi il retarderoit beaucoup l'apprentif, veu que des le commencement, étant enseigné à tenir sa veuë sus le blanc fiché, à grand peine peut-il attaindre la grosse motte de terre  : si ce n'êt par le long exercice de tâcher à bien faire. Aussi serai-je à tout jamais de céte opinion, qu'on doive incontinent aprés que l'enfant sçaura connoitre
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ses lettres, les conjoindre en sillabes, et les assembler en mots, lui montrer à lire és meilleurs aucteurs plus doctes et elegans, qui soyent en telle langue qu'on lui voudra faire apprendre  : afin qu'avec le lait il ne succe chose qui, ja parvenu en âge de digerer, ne lui soit nuisible, comme nous voyons familierement avenir à chacun de nous  : auquels il souvient quelquefois aprés vingt ans des menutés qu'avons fait en l'age de trois. Si doncques, Messieurs, vous voulés doresnavant proposer les bons aucteurs à ceus qui se retireront à vous pour apprendre le François, et que je connoisse, par cela, mon labeur vous être agreable, je m'éforcerai de vous imprimer la plus part des Histoires, qui sont, et seront bien et elegantement écrittes de nôtre tems  : Et non seulement les faintes, mais aussi les veritables  : ce que je ferois plus volontiers, si je me pouvois appercevoir être par vous, en l'impression d'icelles, tant soit peu favorisé. Quant à l'orthographe, de laquelle voyons encor tant de difficulté entre les François, nous avons, selon nôtre pouvoir, commencé d'observer la mieus receuê entre plusieurs Aucteurs modernes, et la plus facile, à mon avis, pour les nations étranges  : ainsi que par ci devant j'en ai fait mention en l'Epitre, que j'ai imprimee au devant du Thresor, ou recueil, des epîtres, harangues, cartels, deffis et extraits des douze Livres d'Amadis de Gaule, que je vous donne maintenant imprimés en telle forme que j'ai deliberé continuer de vous donner plusieurs autres bons livres François, que j'espere ne vous devoir être moins agreable, que ceus-ci. A Dieu soyés.
François Didier, Lyon, 1577, in-16
Amy lecteur, je vous ay bien voulu avertir de la diligence par nous employee à la correction d'Amadis lequel estoit corrompu et mutilé en plusieurs endroits, comme il sera facile à juger conferant les preceden- tes impressions de ce brave Romant avec la nostre. D'avantage je vous veux bien aviser que nous avons eu l' oeil à l'orthographe et maniere d'escrire, laquelle est aujourd'huy tant diverse et bijarre. Toutesfois sans rien innover, nous avons suivi la commune façon d'orthographier, excepté que suivant l'avis d'aucuns hommes lettrez, celuy qui a reveu cet auteur a trouvé bon de retrancher plusieurs lettres superflues en l'escriture Françoise. Car quelle raison y a il d'escrire vaillants pour vaillans, sçachants pour sçachans, doubte pour doute, faict pour fait, acquerir pour aquerir, et une infinité d'autres. Si on me dit que cete
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maniere d'escrire est usitee, et que souvent l'usage et coustume s'introduit au lieu de la loy, je respons que c'est une mauvaise coustume et que tout homme de sain jugement m'avouera que ces lettres t, b, c, sont redondantes en ces mots susdictz, comme en une infinité d'autres. Si on me dit que ces lettres sont aux mots Latins, desquels, les mots françois descendent, comme en scientes, dubium, factum, acquirere. Ne voyez vous que ces lettres ont force et qu'elles sont prononcees, et non pas es mots François  ? Quelle raison y a il de ne faire diference entre dit, present ou preterit, et dist qui est aoriste  ? mais je m'estendroy paraventure trop loing si j'en vouloy escrire plus avant et n'y auroit icy assez de place. Pour donc reprendre nostre propos, je vous avise (lecteur) d'employer vos heures de loisir à la lecture de ce Romant, auquel vous prendrez grand plaisir et recreation, outre le grand profit que vous tirerez de la grace et pureté du language, et les gentils traits qui peuvent servir de miroir à la vie, comme des accidens et traverses de fortune et de ce qui est descrit aux XXXIII et XXXV chapitres, de ce premier livre  : car combien que cecy soit faict à plaisir, si est ce qu'il est aisé à voir qu'il y a des choses qui peuvent avenir et qui aviennent de jour en jour, comme les extremités et passions en amour, envies, contentions, pertes de hauts estats, restitutions de biens et honneurs et mille accidens  : le tout si propre- ment descrit, que l'on en peut tirer exemple merveilleusement profitable à la vie humaine.