Résumés des contributions et présentation des auteurs
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Alkemie Revue semestrielle de littérature et philosophie
2016 – 2, n° 18. La mort - Pages : 399 à 412
- Revue : Alkemie
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- EAN : 9782406066361
- ISBN : 978-2-406-06636-1
- ISSN : 2286-136X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06636-1.p.0399
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/12/2016
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
RÉSUMÉS DES CONTRIBUTIONS
et PRéSENTATION DES AUTEURS
Marc Bonnant, « Argument sur la mort »
Marc Bonnant, ingénieur en communication, est titulaire d’une maîtrise de lettres modernes et d’une licence de sciences du langage. Il a réalisé un mémoire de maîtrise intitulé « L’analyse de l’écriture aphoristique chez Cioran ». Gérant d’une société d’informatique, il a publié un roman historique, Cunsigliu (Turquant, 2011) et un recueil de nouvelles, La Résidence des âmes (autoédition numérique, 2012).
Ger Leppers « Raconter la corrida : Hemingway et Montherlant »
Ger Leppers a suivi des études de français et de portugais à l’université d’Amsterdam et des cours de psychologie et de philosophie à l’université de Nancy II. Il a été fonctionnaire au conseil de l’Union européenne de 1987 à 2015. Il est critique littéraire au quotidien néerlandais Trouw depuis 2005, et a publié entre autres des essais sur Stendhal, Cioran et la tauromachie.
Pour Hemingway, la corrida est un spectacle unique, permettant d’assister à la mise à mort d’un être vivant, et dont la justification réside dans les risques que prend le torero. Pour Montherlant, d’une façon plus ambiguë, toréer c’est une façon de créer, de se libérer, qui permet en même temps de sauvegarder nos racines et traditions.
Mots-clés : Hemingway, Montherlant, corrida, justification, mort, liberté
For Hemingway, bull-fighting is a unique spectacle of death. Man risks his life to justify the killing of an animal. For Montherlant, more ambiguously, fighting a bull is an act of creation and liberation, permitting to keep alive our roots and traditions.
Keywords: Hemingway, Montherlant, bullfight, justification, death, freedom
400Ciprian Vălcan, « La tante de Céline »
Ciprian Vălcan est vice-recteur de l’université Tibiscus de Timişoara, docteur en philosophie de l’université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, docteur ès lettres de l’université de l’Ouest de Timişoara et docteur en histoire culturelle de l’École pratique des hautes études de Paris. Il est notamment l’auteur La Concurrence des influences culturelles françaises et allemandes dans l’œuvre de Cioran (Bucarest, 2008).
Les aphorismes de l’auteur de ce texte nous font voir l’histoire comme un espace des farces macabres, des extravagances stupéfiantes, des actes gratuits.
Mots-clés : Héraclite, Frankenstein, Euripide, Kaliningrad, Voltaire, Nietzsche, Russie, Bergamin, Samuel Pepys, Goethe
This paper ’ s aphorisms reveal history as a space of macabre farces, staggering extravagances, and gratuitous acts.
Keywords: Heraclitus, Frankenstein, Euripides, Kaliningrad, Voltaire, Nietzsche, Russia, Bergamin, Samuel Pepys, Goethe
Éric Tourrette, « Pourquoi la mort se ne peut regarder fixement »
Éric Tourrette enseigne à l’université Lyon 3 au titre de PRAG. Il est membre du groupe Marge. Ses travaux portent sur la langue et la littérature du xviie siècle, en particulier sur les moralistes classiques et sur les « remarqueurs » (auteurs de remarques sur la langue française). Il est notamment l’auteur du livre Les Formes brèves de la description morale (Paris, 2008).
Si la critique commente souvent, dans la célèbre maxime 26 de La Rochefoucauld, le verbe « regarder », elle songe moins à sonder l’adverbe « fixement », qui porte en lui, discrètement, toute une poétique de la mort. Ce sujet semble indicible car tout être conscient est révulsé par l’idée de sa propre inexistence, mais il peut au moins s’aborder de façon discontinue.
Mots-clefs : La Rochefoucauld, maxime, moraliste, baroque, memento mori
Critics often comment on the verb regarder, in La Rochefoucauld’s famous maxim 26, but the adverb fixement is frequently neglected. This word discreetly explains how literature can tell us about the monstrous subject of death, that is to say in an intermittent way.
Keywords: La Rochefoucauld, maxim, moralist, baroque, memento mori
401Odette Barbero, « Le mort, la mort et les vivants »
Odette Barbero est titulaire d’un DEA de philosophie et d’une maîtrise de théologie. Elle est docteur en philosophie de l’université de Bourgogne et professeur associé à l’université de technologie et de sciences appliquées libano-française de Tripoli. Elle a notamment écrit Le Thème de l’enfance dans la philosophie cartésienne (Paris, 2005) et Descartes ou le pari de l’expérience (Paris, 2009).
Les cultures véhiculent des images de la mort : Grèce, Occident chrétien, peuples indiens ou d’Afrique, mais aussi des rites funéraires et des attitudes codifiées à respecter vis-à-vis des morts. Car la mort et les morts ont des rapports bien définis avec les individus et les sociétés. Bienveillants ou maléfiques, ils font l’objet de représentations philosophiques, littéraires ou visuelles. Ces représentations de la mort individuelle ou collective ont aussi pour but de conjurer non la mort mais le fait du mourir.
Mots-clés : Grèce, Moyen Âge, Dogons, Jivaros, images, représentations, rites funéraires, mort individuelle et collective, au-delà
In Greece, in the Christian West, in India or in Africa, cultures convey images of death as well as funeral rites and codified attitudes to be respected with regards to the dead. For death and the dead have well-defined relations with the individual people and societies. Whether they are kind or evil, they are the subject of philosophical, literary or visual representations. These representations of individual or collective death also aim to ward off not death itself but the fact of dying.
Keywords: Greece, Middle Age, Dogon, Jibaro, images, representations, funeral rites, individual and collective death, the hereafter
José Thomaz Brum, « Tonalités mortelles »
José Thomaz Brum est docteur en philosophie de l’université de Nice, il enseigne l’esthétique et la philosophie à l’université catholique de Rio de Janeiro. Il a traduit des auteurs français tels Guy de Maupassant, Théophile Gautier et Clément Rosset ainsi que cinq ouvrages de Cioran. Il est auteur de Schopenhauer et Nietzsche (Paris, 2005) et de plusieurs textes sur la poésie et sur l’art contemporain.
Cet article présente différentes tonalités sur la mort : le ton théâtral de Casanova, le ton sérieux de Jankélévitch, le ton dubitatif de Cioran et, finalement, le ton angoissé d’Annemarie Schwarzenbach.
Mots-clés : Mort, Casanova, Jankélévitch, Cioran, Annemarie Schwarzenbach
402This article introduces to various tones regarding death: theatrical with Casanova, serious with Jankélévitch, doubtful with Cioran and anguished with Annemarie Schwarzenbach eventually.
Keywords: Death, Casanova, Jankélévithch, Cioran, Annemarie Schwarzenbach
Jean-François Poisson-Gueffier, « Ludus funebris. Jeu et mort dans le Roman de Renart et l’Ysengrimus »
Jean-François Poisson-Gueffier est agrégé de lettres modernes. Après une khâgne au lycée Fénelon, il poursuit ses études à la Sorbonne. Doctorant en littérature médiévale à l’université Sorbonne-Nouvelle, sa thèse est intitulée « La Cathédrale Rouge. Images de la mort dans le Haut Livre du Graal ». Il est invité à participer à des conférences internationales à Brown University, University of Chicago et à la Sorbonne.
Le Roman de Renart et l’Ysengrimus, qui relèvent de la littérature animalière médiévale, placent la dérision et le jeu au cœur de la fiction et de ses modes d’écriture. La mort est ainsi perçue par le prisme du joco-serius : les différentes thématiques attachées à l’idée de mort (renaissance, ruse ou mystification) convergent dans l’espoir d’une résurrection. La mort symbolique, la mort feinte et jouée, apparaît comme une manière d’expier la peur de la mort et le sentiment de désespoir face à l’infini de l’au-delà.
Mots-clés : Jeu, mort, dérision, Moyen Âge, fête
Roman de Renart and Ysengrimus, which belong to the medieval literature of animals, place derision and play at the heart of fiction and its modes of writing. Death is seen through the joco-serius: the different themes tied to the idea of death (rebirth, trickery or deception) converge in the hope of a resurrection. The symbolic death, feint or played, appears as a way to atone for the fear of death and the feeling of despair faced with the infinity of the Hereafter.
Keywords: Death, Derision, Middle Ages, Game, Celebration
Alexandre Bies, « Walter Pater. Une philosophie des sensations pour déjouer la mort »
Alexandre Bies est agrégé de philosophie et doctorant contractuel chargé d’enseignement (DCCE), université de Nice Sophia Antipolis. Il travaille à une thèse portant sur l’esthétisme d’Oxford, autour de la figure de Wilde et de ses précurseurs.
Face à une vie brève, l’homme n’a d’autre alternative que de se donner un sursis par la quête de sensations et d’expériences nouvelles. La fugacité 403de l’existence ne peut être contenue autrement que par une vie intense. Pater propose de raffiner nos sens, tels des instruments de musiques pour approfondir nos sensations. La vie serait alors d’autant plus brève. Pater s’attache à la singularité de chaque impression à travers nos souvenirs. C’est par l’art avant tout qu’il nous atteignons à l’exaltation de la vie.
Mots-clés : Finitude, art, sensation, extase, mémoire
Because of life ’ s brevity, men have to extend their short lives through new sensations and experiences. Living an intense life thus appears as the only solution to the transience of existence. In this respect, Pater offers to refine our senses just as music instruments would. Most of the sensations are lived without anyone noticing, generally because of ingrained habits and poor attention. For that reason, the life that we really live is shorter. According to Pater, it could be possible to focus on these forgotten sensations in order to enrich our life. Art would then be the best path to experimenting our sensations for themselves.
Keywords: Finitude, Art, Sensation, Ecstasy, Memory
Jean-Pierre Thomas, « Sylvain Trudel entre l’optimisme du pessimisme et le pessimisme de l’optimisme »
Jean-Pierre Thomas est professeur agrégé au Collège universitaire Glendon (université York à Toronto), où il enseigne la littérature québécoise et la langue française depuis 2005. Il est spécialisé dans la recherche et l’étude de traces de mythes au sein des œuvres de la littérature québécoise des xixe et xxe siècles et a publié des articles sur le sujet dans des revues nord-américaines et européennes.
Le philosophe Vladimir Jankélévitch réduit à deux postures les réactions possibles face à la mort : la résignation a priori, attitude défaitiste, et la résignation a posteriori, optimisme idéaliste. Ces deux options paraissent à première vue incompatibles. Le romancier québécois Sylvain Trudel présente toutefois simultanément les deux positions dans son œuvre, à tel point qu’il semble possible de proposer une synthèse, point de vue inusité.
Mots-clés : Littérature québécoise, résignation, mort, Sylvain Trudel, Vladimir Jankélévitch
Philosopher Vladimir Jankélévitch considers two reactions as possible when facing death: resignation a priori, which is very pessimistic, and resignation a posteriori, which is a form of idealistic optimism. These two options seem totally incompatible. The Québécois novelist Sylvain Trudel examines both positions in his novels and short stories, to the extent that a synthesis becomes possible.
Keywords : Literature from Québec, resignation, death, Sylvain Trudel, Vladimir Jankélévitch
404Marianne Braux, « “La mort possible” : mort du récit et vie de l’écrit dans La Mort du jeune aviateur anglais de Marguerite Duras »
Marianne Braux est diplômée en sciences du langage à l’université Stendhal de Grenoble. Après avoir enseigné le FLE pendant deux ans à l’université d’Adélaïde en Australie, elle y prépare depuis 2015 une thèse en littérature française sur l’énonciation dans le récit contemporain.
Dans La Mort du jeune aviateur anglais, Duras s’attèle à la tâche déchirante de re-présenter dans l’écriture la mort absurde et prématurée d’un soldat dans les derniers jours de la guerre. À partir d’une étude des tensions discursives qu’implique le désir de communiquer l’inracontable, cet article cherche à élucider les fondements philosophiques et enjeux poétiques de l’impossible récit de la mort dans un texte qui semble contenir les principes directeurs de l’écrit durassien et une nouvelle preuve de sa vitalité.
Mots clés : Marguerite Duras, récit, mort, représentation, énonciation
In La Mort du jeune aviateur anglais, Duras tackles the harrowing task of re-presenting in writing the absurd and premature death of a soldier in the last days of WWII. By analysing the discursive tensions resulting from the wish to communicate the indescribable, this article aims to examine the philosophical underpinnings and poetic implications of the impossible narrative of death, in this text which seems to contain the main principles of Duras’s writing, providing further evidence of its vitality.
Keywords: Marguertie Duras, narrative, death, representation, speech
Alberto Russo, « Suturer Thanatos. Lecture de Les Regards, les Faits et Senhal de Andrea Zanzotto »
Alberto Russo est membre associé de l’Association lacanienne italienne de psychanalyse et de la société des italianistes de l’enseignement supérieur. Spécialiste de l’œuvre de Zanzotto, il a publié en Italie et en France de nombreux articles de critique psychanalytique sur la littérature contemporaine. Il a été chargé de cours en civilisation italienne et thème italien à l’université Lumière Lyon 2.
L’article offre une lecture du poème Les Regards, les Faits et Senhal, l’une des œuvres les plus expérimentales de la production du poète italien Andrea Zanzotto. À partir d’une analyse des lieux liminaires du texte, on essaiera de saisir le statut du poème dans la perspective de l’énonciation subjective. La lecture se confrontera alors avec le haut degré de conflictualité et de pluralisme 405du poème en essayant d’en donner une explication par rapport à la présence inévitable du trauma et de la mort.
Mots-clés : Mort, trauma, texte scriptible, fin du monde, chose freudienne, résistance éthique
This article gives an interpretation of the long poem Gli Sguardi i fatti e Senhal (Gazes, Facts and Senhal), that is one of the most experimental works of the Italian poet Andrea Zanzotto. Starting from an analysis of the the text boundaries, we will try to understand the foundations of the poem in the perspective of subjective enunciation. The interpretation will be organized by the analysis of the pluralism and the stylistic conflicts and of the unavoidable presence in the text of trauma and death.
Keywords: Death, Trauma, Writerly Text, End of the World, Freudian Thing, Ethical Resistance
Françoise Bombard, « Regards sur la mort et les morts dans le théâtre de Jean Giraudoux »
Françoise Bombard est professeur agrégée et docteur ès lettres. Sa thèse est parue sous le titre « Décalages et dissonances. Les objets dans le théâtre de Jean Giraudoux ». Outre la littérature française et francophone, elle s’intéresse à l’histoire des arts. Elle a écrit des articles sur Crommelynck, Giraudoux, Kacimi, Schehadé, la musique de scène et participe à la rédaction du Dictionnaire Giraudoux.
La mort est omniprésente dans le théâtre de Giraudoux : infligée ou subie, elle oriente le cours de l’action ; décrite ou narrée, parfois présente sous forme d’allégorie, elle participe de choix dramaturgiques et esthétiques divers. Quant à la réflexion sur la mort, elle est liée à une conception de la vie et du monde.
Mots-clés : Allégorie, macabre, meurtre, mort, dramaturgie
Death is omnipresent in the theater of Giraudoux: inflicted or suffered, it steers the course of action; described or narrated, sometimes presented in the form of allegory, it is part and parcel of his various theatrical and aesthetic choices. As for the reflection on death, it is linked to a conception of life and the world.
Keywords: Allegory, macabre, death, murder, dramaturgy
Isabelle Benguigui, « Le grotesque des morts-vivants dans Le Feu d’Henri Barbusse et À l’Ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque »
Isabelle Benguigui est professeur de français et de philosophie en Classes préparatoires au lycée Saint-Stanislas à Nantes et chargée de cours en littérature comparée 406à l’École centrale de Nantes. Elle est l’auteur d’une thèse intitulée Magie et temporalité dans les poèmes sarmates de Johannes Bobrowski (Paris-IV Sorbonne, 1999). Ses thèmes de recherche sont notamment la mémoire et l’oubli ou les traumatismes de l’histoire.
Pour Barbusse et Remarque, le grotesque des morts-vivants sert à illustrer la condition du soldat hanté par la rage des combats. Mais ces figures ne font pas que montrer ni dénoncer la violence endurée en guerre. En exposant l’intrusion de la mort dans la vie et la permanence de la vie dans la mort, elles révisent aussi nos croyances sur la nature même de l’existence. Le grotesque assume le mérite paradoxal de retraverser l’enfer des tranchées pour réaffirmer la valeur de la vie dans son rapport intime à la mort.
Mots-clés : Grotesque, morts-vivants, récit de la Grande Guerre, roman contemporain français et allemand
For Barbusse and Remarque, the grotesque of the living dead illustrates the condition of the soldier haunted by the rage of combat. But these figures do not only show or denounce the violence endured in war. By revealing the intrusion of death in life and the permanence of life in death, they revise one ’ s beliefs in the very nature of existence. The paradoxical merit of the grotesque lies in going back through the hell of the trenches to reaffirm the value of life in its intimate relationship to death.
Key words: Grotesque, living dead, World War I story, contemporary French and German novels
Marine Riguet, « Pierre Jean Jouve et la mort comme “expérience-limite” »
Marine Riguet est doctorante à l’université Paris-Sorbonne. Elle prépare une thèse interdisciplinaire sur le dialogue scientifico-littéraire de la seconde moitié du xixe siècle. Dans ce cadre, elle participe plus largement au projet du Labex Obvil, qui concilie recherche littéraire et outils informatiques dans le domaine des humanités numériques. Elle mène un travail parallèle sur la poétique de P. J. Jouve.
Entre mythe et modernité, la mort tient une place centrale dans la poétique de Pierre Jean Jouve. Cet article s’intéresse au traitement d’un thème qui, à la lumière des sciences humaines, acquiert un nouveau statut littéraire, et qui devient pour le poète affirmation de son originalité.
Mots-clés : Jouve, mort, poésie, modernité, spiritualité
Between myth and modernity, death is central to Pierre Jean Jouve ’ s work. Our goal is to situate the original treatment of this theme, which is reappraised in the light of the human sciences.
Keywords: Jouve, death, poetry, modernity, spirituality
407Michał Krzykawski, « La légèreté du mourir. LeDernier Homme de Maurice Blanchot »
Michał Krzykawski, maître de conférences à l’Institut des langues romanes et de traduction de l’université de Silésie à Katowice. Il a publié L’effet-Bataille. De la littérature d’excès à l’écriture. Un texte-lecture (Katowice, 2011) et de nombreux articles sur la pensée contemporaine française (Bataille, Derrida, Blanchot, Nancy, Bailly et Agamben).
L’objectif de cet article est d’analyser la métaphore de la légèreté dans Le Dernier Homme où celle-ci est associée à la mort. Il s’agit également d’interroger la manière dont la légèreté correspond à « nous » et « là-bas » afin d’y voir se dessiner la matrice d’un lien sans lien que Blanchot développera dans ses essais ultérieurs.
Mots-clés : Mort, amitié, communauté, amants, relation
The aim of this paper is to analyse the metaphor of lightness [ légèreté]in The Last Man by Blanchot, where lightness is associated with death. When considering the full meaning of the word, lightness structures Blanchot’s novel both as for its form and its theme. One may thus consider lightness as a harbinger of two types of community : the community of friends and the community of lovers, both based on a specific bond without bond that Blanchot will have developed in his subsequent essays.
Keywords: Death, Friendship, Community, Lovers, relationship
Gilles Viennot, « La Carte et le Territoire ou la mort comme délivrance »
Gilles Viennot est professeur de français à l’université de Fayetteville (Arkansas). Il a obtenu une thèse de littérature française consacrée à Michel Houellebecq à l’université du Kansas, sous la direction de V. Kelly. Il enseigne la littérature et le cinéma. Il a publié un article dans l’anthologie Migration/Translation dirigée par C. Alexandre-Garner (Paris, 2015), et un dans la revue Transverse (Toronto, 2015).
Michel Houellebecq fait le constat d’un monde tombé à la renverse, privé de sens. La compétition de tous contre tous et le consumérisme ont dégradé l’existence, et abouti à la mort de l’âme. Dans l’univers morbide de La Carte et le Territoire, le non-sens et la volonté de disparition, plutôt que de réaffirmer la primauté de l’humain et de l’artistique, Michel Houellebecq accrédite plus que jamais les thèses spenglériennes de la mort de l’Occident. Ses romans en offrent une analyse dynamique de la dévitalisation.
Mots-clés : Mort de l’Occident, dévitalisation, simulacre, sadisme, consumérisme
408According to Michel Houellebecq, our world has fallen into nonsense. The all-out competition, consumerism (placing manufactured objects at the heart of our values), and narcissism have degraded the human existence and destroyed our soul. In the morbid configuration of The Map and the Territory, absurdity, and a death wish, Houellebecq accredits more than ever the thesis of Oswald Spengler on the inevitable Decline of the West. Houellebecq’s novels provide a dynamic analysis of the devitalization.
Keywords: Decline of the West, devitalization, simulacrum, sadism, consumerism
Matthieu Schoeser, « Le paradoxe autothanatographique ou la fin du mourir »
Matthieu Schoeser, doctorant à l’Université de Lorraine, prépare une thèse sur le fascisme en littérature française, sous la direction de M. Michel Wittmann Ses recherches ont principalement été axées ces dernières années sur la question du livre en tant qu’objet matériel et sur les questions philosophiques, sociologiques et théoriques qu’engendrait l’apparition des nouvelles technologies sur les modes d’appréhension du livre. Il est spécialisé dans la littérature américaine et française du xxe siècle.
La littérature est le lieu de l’expression des expériences et se risque parfois à s’attacher à des impossibles difficiles à la raison. L’un d’eux est la mort et, particulièrement, l’expérience de ma propre mort. Comment est-il possible pour des auteurs d’écrire sur ce qui est impossible de dire ou de penser ? Ici se soulève la problématique de l’autothanatographie.
Mots-clés : Autothanatographie, témoignage, représentation, paradoxe
Literature is the place of expression for experience and, sometimes, it ventures to focus on some impossible subjects challenging reason. One of them is death and, particularly, the experience of “my own” death. How is it possible for authors to write about what is impossible to say or think? Here arises the issue of autothanatography.
Keywords: Autothanatography, Testimony, Representation, Paradox
Marie Céhère, « Les tueurs et nous : quand le sang appelle le sang »
Marie Céhère est diplômée en histoire de la philosophie. Elle chronique l’actualité littéraire dans Causeur et collabore ponctuellement à La Nouvelle Quinzainelittéraire. Elle est coauteur avec Roland Jaccard d’un récit, Une liaison dangereuse (Paris 2015) et a publié un essai, Brigitte Bardot, l’art de déplaire (Paris, 2016).
Nourri de références puisées dans l’histoire de l’art aussi bien que dans la culture populaire, cet article explore le versant psychologique de la figure du tueur et plus particulièrement du tueur en série. Il est articulé autour de la 409notion « d’espace criminel » qui suggère que le tueur, lorsqu’il donne la mort, se trouve dans une réalité psychologique et spatio-temporelle parallèle, qui en fait un être cathartique aux yeux du monde, à l’image des protagonistes des tragédies antiques et des jeux du cirque romains.
Mots-clés : Tueur, espace criminel, mort, être, tragédie antique, cirque
With specific references to the history of art as well as popular culture, this paper is concerned with the psychological aspect of the killer as a figure, more specifically the serial killer. It deals with the notion of « criminal space » which suggests that the killer, as he inflicts death, finds himself in a parallel psychological reality and a parallel space-time. This makes him a cathartic being in the eyes of the world, such as the protagonists of Greek and Latin tragedies or of Roman games.
Keywords: Killer, criminal space, death, being, ancient tragedy, circus
Till R. Kuhnle, « Celui que nous aimons est là et il n’est pas là – Le cadavre dans la thanatologie littéraire. Une découverte étrange »
Till R. Kuhnle est professeur des universités. Il dirige le département de littérature générale et comparée de l’université de Limoges. Ses recherches actuelles sont consacrées à la théologie politique en littérature, à la pensée existentielle, aux avant-gardes historiques, au roman européen de l’entre-deux-guerres et à la pensée libertaire. Il a publié notamment Das Fortschrittstauma (Tübingen, 2005).
Dans son étude de thanatologie philosophique, Todesmetaphern, T. H. Macho développe ce qu’il appelle « le paradoxe du cadavre » : en face du cadavre d’une personne aimée, nous sommes effrayés parce que nous continuons à le considérer comme étant identique à cette personne. Selon Heidegger, nous sommes confrontés à une « mutation » qui signifie une rupture ontologique fondamentale, à savoir à la transformation d’un corps vivant (et humain) en objet. Ce paradoxe a préoccupé maints écrivains et philosophes.
Mots-clés : Cadavre, corps, moment de la mort, ontologie existentielle, action de mourir, aliénation, chosification
In his study on philosophical thanatology, Todesmetaphren, T. H. Macho analyses what he calls the “paradox of the corps”. When we have a look on corpse of a beloved person, we are frightened because we consider the “object” still as that person. We are witnesses of a fundamental ontological change: the existential-ontological structure of the Dasein (being there/presence) turns into an object. The Leichenparadox was fascinating writers and philosophers.
Keywords: Cadaver, corpse, body, moment of death, existential ontology, act of dying, alienation, becoming an object
410Marco Bélanger, « La mort et le génie de la langue »
Marco Bélanger est docteur en philosophie. Il a aussi une formation universitaire en mathématiques. Auteur de plusieurs publications en mathématiques, en pédagogie des mathématiques et en philosophie, il a récemment publié Existe-t-il des dilemmes moraux insolubles ? (Paris, 2011), Pour une éthique de la coexistence (Montréal, 2013) et « La bêtise : entre immanence et télos » dans Le Philosophoire, no 42 (Paris, 2014).
Cet article traite de la difficulté de se savoir mortel. Il part de la caractérisation de la mort comme « pur point d’interrogation » (Levinas) pour montrer que la position épistémique qu’elle implique est intenable pour les êtres de langage que nous sommes. Il défend l’idée selon laquelle notre rapport discursif à la mort est strictement de l’ordre du commentaire. Autrement dit, là où il est impossible de vérifier, d’observer, de mesurer et, en même temps, de se taire, il reste à commenter, à épiloguer.
Mots-clés : Mort, commentaire, néant, langage, actes de langage
This paper addresses the difficulty of understanding one ’ s own mortality. It begins by examining the characterization of death as a “pure question mark” (Levinas) to show that the epistemic position that this implies is untenable for the beings of language that we are. It defends the idea that our discursive relationship to death is strictly limited to commentary. In other words, that which is impossible to verify, to observe and to measure, but is also impossible to remain silent about, can only be commented upon, discussed indefinitely.
Keywords: Death, commentary, nothingness, language, speech acts
Mihaela-Genţiana Stănişor, Rubrique « Expressis verbis »
Mihaela-Genţiana Stănişor est maître-assistante à l’université Lucian-Blaga (Sibiu). Docteur ès lettres de l’université de Craïova avec une thèse sur Cioran, elle a notamment publié Les Cahiers de Cioran, l’exil de l’être et de l’œuvre (Sibiu, 2005). Elle a également écrit le roman Lucrare de autocontrol (Bucarest, 2013) et traduit en roumain La Tentation nihiliste de Roland Jaccard (Timişoara, 2008).
Thierry Gillybœuf, Rubrique « Cœurrespondances »
Thierry Gillybœuf, écrivain et traducteur, préface, annote et/ou traduit plus d’une centaine de titres, chez une trentaine d’éditeurs. Plusieurs ouvrages collectifs ont paru sous sa responsabilité autour de Remy de Gourmont, Georges Perros et E. E. Cummings. Il est l’auteur notamment de : Thornton Wilder (Paris, 2001), Georges Perros (Rennes, 2003) ou Henry David Thoreau, le célibataire de la nature (Paris, 2012).
411Michel Lambert, Rubrique « Écographies affectives » : « Front de mer »
Michel Lambert a obtenu le prix Rossel pour Une vie d’oiseau (Paris, 1988) et le prix triennal du roman pour La Maison de David (Monaco, 2003). Il a publié de nombreux recueils de nouvelles dont Les Préférés (Paris, 1995), Soirées blanches (Monaco, 1998), Une touche de désastre (Monaco, 2006), Dieu s’amuse (Paris, 2011), Le Métier de la neige (Paris, 2013) et Quand nous reverrons-nous ? (Paris, 2015).
Pierre Jamet, Rubrique « Écographies affectives » : « Poèmes »
Pierre Jamet enseigne l’anglais à l’université de Franche-Comté. Auteur de travaux en littérature et philosophie sur Shakespeare, Nietzsche ou la poésie contemporaine, il s’intéresse en ce moment au romancier américain Thomas C. Wolfe.
Angel Delrez, Rubrique « Écographies affectives » : « Épitaphes »
Angel Delrez est philosophe. Ses travaux participent à et de l’horizon de la déconstruction, ainsi qu’à et du champ de la pop’philosophie. Il est l’auteur de différents articles, tels que « De la proximité projetée. Jean-Luc Godard et la représentation cinématographique du monde » (2014), « Dis-tanz. Six notes sur la trans-scription » (2016) et « La nuit ajournée. Prémices à une nyxologie » (2016).
Maxime Caron, Rubrique « Écographies affectives » : « Tristis usque ad mortem (Journal d’une maladie) »
Maxime Caron a été journaliste à La Voix du Nord à Lille. Il a participé à plusieurs ouvrages collectifs et notamment Lire Perros (Lyon, 1995). Il collabore aux revues La Termitière, La Polygraphe, Patchwork et a publié « Georges Perros et le grand écart » dans la Nouvelle Revue française (Paris, 2016). Il est l’auteur de l’essai Henri Thomas (Rennes, 2006) et du recueil de nouvelles Le Lieu céleste (Rennes, 2014).
Roland Jaccard, Rubrique « Écographies affectives » : « D’un néant à l’autre… »
Roland Jaccard est psychanalyste et écrivain, directeur de la collection « Perspectives critiques » aux Presses universitaires de France. Auteur d’essais, de biographies et de journaux intimes, il a écrit La Tentation nihiliste (Paris, 1989), Cioran en compagnie (Paris, 2004), Ma vie et autres trahisons (Paris, 2013) ou Une liaison dangereuse avec Marie Céhère (Paris, 2015). Il collabore à la Nouvelle Quinzaine littéraire.
412Ilinca Ilian, Rubrique « Le marché des idées » : Jacques Le Rider, La Censure à l’œuvre : Freud, Kraus, Schnitzler, Paris, Hermann, coll. « Des morales et des œuvres », 2015.
Ilinca Ilian est maître de conférences à la chaire d’espagnol de l’université de l’Ouest de Timişoara. Auteur d’articles de littérature comparée, traductrice de l’espagnol, elle a publié Romanele lui Julio Cortázar şi literatura europeană (Timișoara, 2004), El Occidente de al lado : literatura y modernidad en Europa Central (Mexique, 2008), Julio Cortázar y Robert Musil : consonancias, divergencias y ecos (Madrid, 2013).
Injazette Bouraoui, Rubrique « Le marché des idées » : « Aymen Hacen, Tunisité suivi de Chronique du sang calciné et autres polèmes », Gardonne, Fédérop, coll. « Paul Froment », 2015.
Injazette Bouraoui est docteur ès lettres modernes. Spécialiste de l’œuvre d’Henri Michaux auquel elle a consacré une thèse elle enseigne la langue, la littérature et la civilisation françaises à l’université de Monastir en Tunisie. Sa dernière contribution est « L’homme dans le style, et réciproquement », in P. Jousset (dir.), Henri Michaux ou l’avènement du sujet précaire (Marseille, 2015).