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Classiques Garnier

Présentation

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Ainsi passe le texte. Mélanges en hommage à Madeleine Jeay
  • Auteurs : Duché (Véronique), Tran-Gervat (Yen-Maï), Maher (Daniel)
  • Pages : 7 à 9
  • Collection : Rencontres, n° 360
  • Série : Civilisation médiévale, n° 33
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406073642
  • ISBN : 978-2-406-07364-2
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07364-2.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/09/2018
  • Langue : Français
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Présentation

Ces Mélanges sinscrivent sous le signe de la collégialité et du partage. Les collègues et amis de Madeleine Jeay ont tenu à rendre hommage à ses travaux ainsi quà ses talents de chercheuse et de pédagogue. Si lessentiel de la carrière de Madeleine Jeay sest déroulée à McMaster University, sa réputation a rapidement franchi les frontières du Canada.

Constamment en éveil et sur la brèche, Madeleine a beaucoup écrit. La liste de ses publications fait apparaître la cohérence dune recherche fidèle à elle-même et à ses choix initiaux, et les multiples, les incessantes curiosités dun esprit qui salimente à lhéritage médiéval pour lapprofondir et en répercuter les richesses au profit des hommes et femmes de notre temps. Jalonnée par des travaux portant sur les Évangiles des Quenouilles (la première édition moderne en anglais, une édition en français, une étude détaillée), le récit bref, les femmes mystiques, Christine de Pizan, lusage des listes et la poétique de la nomination dans la lyrique médiévale, lactivité scientifique de Madeleine Jeay a tourné tout entière autour de la littérature médiévale ; elle lui a valu une réputation internationale que suffit à attester le nombre de projets scientifiques auxquels elle a été associée. Moins évident que limpressionnante bibliographie est le côté très humain dune personne dont lamabilité et la modestie sont très appréciées des collègues et amis qui lont rencontrée au cours des nombreux colloques et rencontres savantes auxquels elle a participé.

Les auteurs des articles réunis dans ce volume Ainsi passe le texte ont croisé le « chemin de long estude » de Madeleine Jeay : littérature médiévale explorée dans ses marges ; écriture mystique féminine ; poétiques médiévales ; récit bref ; analyse topique et études satoriennes. Tous ont été séduits par la rigueur intellectuelle et scientifique de Madeleine, ainsi que par loriginalité de son approche, que lexpression « Ainsi passe le texte », empruntée à Barthes par Madeleine dans son livre Le commerce des mots, nous a paru très bien refléter, ce qui a motivé son choix comme titre de ces Mélanges.

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Les articles suivants, classés par ordre chronologique, sinscrivent dans la continuité des travaux de Madeleine Jeay et fraient le même chemin. Les approches restent variées, mais la littérature française et le goût pour la langue française, la notion de passage et de transmission, constitue bien le leitmotiv profond de ce volume où nombre détudes se répondent.

Une première série de textes étudie des notions dhistoire et dhistoriographie. Véronique Duché étudie la place réservée aux femmes et notamment des listes de femmes vertueuses dans La Cronica cronicarum, chronique universelle couvrant la période qui va de la Création à lannée 1521. Cest lhistoire éditoriale des Évangiles des Quenouilles que retrace Kathleen Garay, des ateliers brugeois de Colard Mansion à léchoppe toulousaine de Jacques Colomiès, en passant par les presses lyonnaises et parisiennes. Sintéressant au fameux manuscrit dit « de Guiot », Catherine Croizy-Naquet analyse la vie des Empereors de Rome composée par Calendre et traque, sous lhistoire impériale romaine, la finalité chrétienne. Serge Lusignan et David Cormier évoquent le conflit qui opposa lAngleterre et lÉcosse au début du xive siècle et proposent une nouvelle édition dune lettre adressée en 1307 à Édouard Ier.

Un deuxième groupe de contributeurs sintéressent aux pratiques de traduction et de transmission. Yen-Maï Tran-Gervat parcourt les traductions du Tristram Shandy de Sterne et revient à la notion de listes, cette fois-ci avec des listes à contraintes. Monique Moser-Verrey étudie le recueil des Nouvelles espagnoles de Louis dUssieux et leur inscription dans la tradition médiévale de lexemplum. Elle montre la démarche de lauteur pour incorporer la littérature espagnole au corpus de la littérature française. Cest le personnage de Zinevra qui est au cœur de létude menée par Hélène Cazes, qui analyse les mutations que subit lhistoire de Sagurat en passant de Boccace à Christine de Pizan. Marta Teixeira Anacleto examine les enjeux topiques de lécriture pastorale. De Montemayor à Urfé, Du Verdier, Préfontaine ou Lansire, elle exhibe les « déguisements » de Diane et les transgressions fictionnelles.

Un troisième groupe de chercheurs se penche sur le corps et en particulier sur le corps érotique. Létude thématique poursuivie par Jean-Claude Mühlethaler le mène du Galenus latinus (xiie siècle) à la Condamnation de Banquet (xvie siècle) et montre comment « tousser, cest dire ». Luca Pierdominici étudie la polyphonie à lœuvre dans le 9premier traité de La Sale, Jehan de Saintré. Il montre que le rire, le plaisir et la surprise contribuent tous à la maîtrise du Temps dans le texte. Nancy Freeman Regalado sintéresse au discours du corps obscène dans la parole poétique du xive siècle. Elle montre notamment limportance des « gros » mots dans le Testament de Villon. Yasmina Foehr-Janssens scrute la parole vive dans les Cent nouvelles nouvelles et les rapports de force qui sy dissimulent. Elle analyse tout particulièrement les passages érotiques et la rhétorique du viol.

Les deux derniers textes témoignent de limportance dans la réflexion de Madeleine de la SATOR, société savante à laquelle elle contribue de façon très active depuis presque trente ans. Suzan Van Dijk montre de façon magistrale comment lexpérience satorienne permet de nourrir la recherche, notamment dans le domaine des écrits de femmes. Enfin Jean-Pierre Dubost se penche sur les lieux et le mouvement dans des gravures japonaises, surtout de lépoque Edo (xviie-xixe siècles) et y trouve matière à réflexion dune rêverie toute satorienne.

« Ainsi passe le texte ». Nous espérons que ces textes donneront au lecteur lenvie de découvrir à son tour lœuvre critique de Madeleine Jeay, et de sen faire le passeur.

Véronique Duché,
Yen-Maï Tran-Gervat
et Daniel Maher