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Classiques Garnier

Avis de l'éditeur

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Adolphe. Anecdote trouvée dans les papiers d’un inconnu
  • Pages : 13 à 15
  • Réimpression de l’édition de : 1985
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 425
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782812414695
  • ISBN : 978-2-8124-1469-5
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1469-5.p.0153
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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AVIS DE L'ÉDITEUR

Je parcourais l'Italie, il y a bien des a années. Je fus arrêté dans une auberge de Cerenza, petit village de la Calabre, par un déborde¬ ment du Neto4 ; il y avait dans la même au¬ berge5 un étranger qui se trouvait forcé d'y séjourner pour la même cause. Il était fort silencieux et paraissait triste. Il ne témoignait aucune impatience. Je me plaignais quelque¬ fois à lui, comme au seul homme à qui je pusse parler dans ce lieu, du retard que notre marche éprouvait. « Il m'est égal, me répondit-il, d'être ici ou ailleurs. » Notre hôte, qui avait causé avec un domestique napolitain, qui servait cet étranger sans savoir son nom, me dit qu'il ne voyageait point par curiosité, car il ne visitait ni les ruines, ni les sites, ni les monuments, ni les hommes6. Il lisait beaucoup, mais jamais d'une manière suivie ; il se prome¬ nait le soir, toujours seul, et souvent il passait

a. C. quelques...

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ADOLPHE

les journées entières assis, immobile, la tête appuyée sur les deux mains. Au moment où les communications, étant rétablies, nous auraient permis de partir, cet étranger tomba très malade. L'humanité me fit un devoir de prolonger mon séjour auprès de lui pour le soigner. Il n'y avait à Cerenza qu'un chirurgien de village ; je voulais envoyer à-Cozenze chercher des secours plus efficaces. « Ce n'est pas la peine, me dit l'étranger ; l'homme que voilàa est précisément ce qu'il me faut. » Il avait raison, peut-être plus qu'il ne pensait, car cet hommeb le guérit. «Je ne vous croyais pas si habile », lui dit-il avec une sorte d'humeur en le congédiant ; puisc il me remercia de mes soins, et il partit. Plusieurs mois après, je reçus, à Naples, une lettre de l'hôte de Cerenza, avec une cas¬ sette trouvée sur la route qui conduit à Stron- goli, route que l'étranger et moi nous avions suivie, mais séparément. L'aubergiste qui me l'envoyait se croyait sûr qu'elle appartenait à l'un de nous deux. Elle renfermait beaucoup de lettres fort anciennes sans adressesd, ou dont les adressese et les signatures étaient

a. C. Cet homme-ci, en montrant le chirurgien... b. C. Ce chirurgien... c. C. ensuite... d. C. sans adresse... e. C. l'adresse...

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AVIS DE L'ÉDITEUR 15 effacées, un portrait de femme et un cahier contenant l'anecdote ou l'histoire qu'on va lire a. L'étranger, propriétaire de ces effets, ne m'avait laissé, en me quittant, aucun moyen de lui écrire; je les conservais depuis dix ans, incertain de l'usage que je devais en faire, lorsqu'en ayant parlé par hasard à quelques personnes dans une ville d'Allemagne, l'une d'entre elles me demanda avec instance de lui confier le manuscrit dont j'étais dépositaire. Au bout de huit jours, ce manuscrit me fut renvoyé avec une lettre que j'ai placée à la fin de cette histoire, parce qu'elle serait inin¬ telligible si on la lisait avant de connaître l'histoire elle-même. Cette lettre m'a décidé à la publication actuelle, en me donnant la certitude qu'elle ne peut offenser ni compromettre personne. Je n'ai pas changé un mot à l'original ; la suppression même des noms propres ne vient pas de moi : ils n'étaient désignés que comme ils sont b encore, par des lettres initiales. a. C. J'y trouvai <k plus dans un double fond très difficile à apercevoir des diamants d'un assez grandprix. Je fis insérer dans les papiers publics un avis détaillé. Trois ans se sont écoulés sans que j'aie reçu aucune nouvelle. Je publie mainte¬ nant l'anecdote seule, parce que cette publication me semble un dernier moyen ck découvrir k propriétaire des effets qui sont m mon pouvoir. J'ignore si cette anecdote est vraie ou fausse, si l'étranger que j'ai rencontré m est l'auteur ou le héros. Je n'y ai pas changé un mot. b. C. ils k sont...