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Classiques Garnier

Résumés et présentations des auteurs

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Adèle d’Affry, duchesse Colonna, « Marcello » (1836-1879). Ses écrits, sa vie, son temps
  • Pages : 329 à 335
  • Collection : Rencontres, n° 175
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 32
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406061823
  • ISBN : 978-2-406-06182-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06182-3.p.0329
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/06/2017
  • Langue : Français
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RésuméS
et présentations des auteurs1

Maria Antonietta Trasforini, « Être femme artiste au xixe siècle. Entre professionnalisation, réseaux sociaux et batailles mnémoniques »

Maria Antonietta Trasforini est professeure associée de sociologie des processus culturels et sociologie de lart à luniversité de Ferrare (Italie). Ses recherches portent sur la professionnalisation dans les métiers de la culture, en particulier dans lart et la psychanalyse, les effets de genre dans les mondes de lart, les publics de lart dans la culture urbaine, et a ainsi publié de nombreux essais et articles.

Dans un contexte de professionnalisation du monde de lart, la position de Marcello a un profil unique à lintersection de mondes sociaux différents. Cet article analyse les avantages et les désavantages de cette position et sintéresse particulièrement aux aspects spécifiques que sont laccès légitime à lespace public et la visibilité sociale, les réseaux et les cercles sociaux de soutien, et enfin les processus de construction de la mémoire historique dune femme artiste.

Pauline Milani, « Stratégies de légitimation et négociations identitaires des artistes femmes »

Pauline Milani est docteure en histoire contemporaine à luniversité de Fribourg. Ses travaux de recherche portent sur lhistoire des relations culturelles internationales, sur lhistoire du genre, et sur Marcello, en particulier dans ses rapports avec lItalie. Elle a notamment publié Le Diplomate et lartiste. Construction dune politique culturelle suisse à létranger (1938-1985) (Neuchâtel, 2013).

Le concept dexceptionnalité qui fonde le canon artistique renvoie à une vision normative des rapports sociaux et ne permet pas dexpliquer les parcours des femmes artistes. Lanalyse des trajectoires artistiques féminines durant le Second Empire permet de réinscrire Marcello dans son temps et dans une 330histoire collective où les contorsions identitaires forment non une exception, mais une stratégie de légitimation souvent nécessaire.

Laurence Bonfigli-Berthier, « Être femme et sculpteur à Paris sous la Troisième République. Quelles stratégies daccès aux instances du marché ? »

Laurence Bonfigli-Berthier est professeure dhistoire-géographie au lycée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency. Doctorante à luniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction du professeur Christophe Charles, elle prépare une thèse sous le titre : « Les femmes et la sculpture à Paris sous la Troisième République (1870-1930) : le génie interdit ? ».

Longtemps considérée comme un art masculin, la sculpture sous la Troisième République devient un art ouvert aux femmes. Bien quelles ne jouissent pas de la même reconnaissance matérielle et symbolique que les hommes et quelles peinent à obtenir le statut dartiste, les femmes sculpteurs investissent les instances variées du marché de lart et sont à la recherche de stratégies qui leur permettent de devenir des professionnelles, voire daccéder à la notoriété.

Delphine Vincent, « Marcello et la musique, la part de lombre de linspiration ? »

Delphine Vincent est maître denseignement et de recherche en musicologie à luniversité de Fribourg. Ses domaines de recherche portent sur la « music and moving image » (musique de film, opéra filmé, concert filmé), la musique française et romande (1850-1950), ainsi que la littérature pour flûte. Elle est lauteur de Musique classique à lécran et perception culturelle (Paris, 2012).

Létude interroge le rapport que Marcello a entretenu avec la musique (compositeurs et interprètes) et la vision relativement conventionnelle quelle en avait, notamment par létude de ses nouvelles à sujet musical et de ses écrits intimes. Elle souligne également la part que la musique a jouée dans sa création et replace dans son contexte historique le choix du pseudonyme « Marcello », lequel souligne le rôle central que la musique tenait dans lhorizon de la duchesse Colonna.

Patrick Barbier, « Pauline Viardot. Une autre figure de femme et dartiste dans lEurope du xixe siècle »

Patrick Barbier, italianiste de formation et historien de la musique, est professeur à luniversité catholique de lOuest (Angers). Il est spécialisé dans les rapports 331entre musique et société à lépoque baroque et à lépoque romantique. Membre de lAcadémie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire et président du Centro Studi Farinelli de Bologne, il a publié une dizaine douvrages.

Née en 1821, fille du grand ténor Manuel Garcia et sœur de la Malibran, Pauline Viardot a marqué son siècle. Égérie de Tourguéniev, amie intime de Sand et Chopin, aimée de Berlioz et de Gounod, Mme Viardot a parcouru lEurope, fréquenté les têtes couronnées et correspondu avec les plus grandes figures des arts, de la littérature et du monde politique. Cette communication pose un regard sur une destinée exceptionnelle de femme et dartiste contemporaine de Marcello.

Aurélia Maillard Despont, « Marcello épistolière. Bohème et stratège »

Aurélia Maillard Despont est docteure ès lettres et assistante de recherche à luniversité de Fribourg. Après létude du lien entre critique littéraire et critique dart au xxe siècle, notamment au travers de lœuvre de Gaëtan Picon à laquelle elle a consacré lessai Présence critique de Gaëtan Picon (Paris, 2015), elle prépare désormais lédition dune anthologie critique de la correspondance dAdèle dAffry.

DAda à Marcello en passant par duchesse Colonna, la pluralité des signatures accompagne une écriture épistolaire partagée entre maîtrise et transgression des codes. Lécriture marginale, au propre comme au figuré, sinscrit dans le prolongement dun art de la conversation consommé, qui parvient à échapper aux carcans dune époque et dun rang au gré dune séduction quattise la distance, distance dans laquelle sétire à lenvi le dialogue épistolaire.

Pierre-Jean Dufief, « Le réseau épistolaire de la duchesse Colonna. Exploration du fonds Marcello »

Pierre-Jean Dufief, professeur à luniversité Paris Ouest – Nanterre – La Défense, a travaillé sur Balzac, sur le roman de 1870 à 1914, et sur lœuvre des Goncourt. Il a publié des études sur les écritures de lintime et a édité la correspondance dEdmond de Goncourt et Alphonse Daudet (Paris, 1996), de Gustave Flaubert et des Goncourt (Paris, 1998), ainsi que la correspondance générale des Goncourt (Paris, 2004).

Lexamen de la correspondance voit se dessiner des réseaux : la duchesse Colonna rassemble autour delle des admirateurs ; elle se crée un panthéon de figures tutélaires, de grands hommes dignes de son admiration. Par ailleurs, le réseau a aussi des fonctions pratiques : mis au service dune carrière 332mondaine et artistique, il peut devenir groupe de pression. Les relations souvent contradictoires entretenues parallèlement par la duchesse sont à lorigine de tensions ici analysées.

Brigitte Diaz, « Femmes artistes en correspondance. Autour de George Sand »

Brigitte Diaz, professeur de littérature française du xixe siècle à luniversité de Caen – Basse-Normandie, est spécialisée dans létude des corpus épistolaires (correspondances, journaux et carnets décrivains du xixe siècle). Elle a notamment publié LÉpistolaire ou la pensée nomade (Paris, 2002), et Stendhal en correspondance ou « lhistoire dun esprit » (Paris, 2003).

Depuis les premiers dialogues avec les personnalités de la scène romantique, comme Marie Dorval et Marie dAgoult, jusquà ceux de la maturité avec Juliette Lambert, George Sand a été au cœur dun réseau déchange spirituel, littéraire, amical et féminin dont la correspondance garde la mémoire. Y a-t-il pour autant une spécificité de cette convivialité féminine ? Quels sont ses horizons pratiques et ses enjeux symboliques ? Telles sont les questions auxquelles cette communication répond.

Christophe Schuwey, « Adèle dAffry et Alexandre Apponyi. Un roman épistolaire »

Christophe Schuwey est doctorant en cotutelle entre les universités de Fribourg et de Paris-Sorbonne, auprès des professeurs Claude Bourqui et Georges Forestier. Sa thèse porte sur les stratégies de publication de Jean Donneau de Visé (1639-1710). Il sintéresse plus largement à la question des supports éditoriaux au xviie siècle, et particulièrement au Mercure galant sur lequel il a publié plusieurs articles.

La correspondance entre Adèle dAffry et Alexandre Apponyi (1866-1869) présente un intérêt remarquable. Ces lettres qui mêlent une carrière politique en devenir à une relation amoureuse ambiguë entretiennent, dans leur style comme dans leur progression narrative, des similitudes fortes avec le genre du Bildungsroman. Par le biais dune approche tant narratologique que thématique, linterpénétration dun modèle littéraire fictionnel dans une correspondance réelle se verra interrogée.

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Simone de Reyff, « Portrait dAdèle dAffry en bas bleu ? »

Simone de Reyff a enseigné la littérature de la première modernité à luniversité de Fribourg. Spécialiste de la poésie du xvie siècle et de lœuvre de Marguerite de Navarre, elle a également étudié les formes théâtrales du Moyen Âge aux débuts de la modernité. Initiatrice des travaux portant sur les archives familiales fribourgeoises, elle a édité avec Fabien Python Marcello. Les cahiers dAdèle (Fribourg, 2014).

La méfiance de la duchesse Colonna à lendroit de tout ce qui ressemble à un bas bleu laisse entendre quelle ne se sent pas totalement à labri dune telle étiquette. De nombreux témoignages de sa curiosité intellectuelle, mais aussi de sa discipline dautodidacte, invitent en effet à la placer au nombre des femmes desprit de sa génération, ardentes à conquérir lespace du savoir. Au petit détail près, peut-être, que lacquisition des connaissances nest pas pour elle une fin en soi.

Jean-Marc Hovasse, « “La parole, la musique, lamour !” Les cahiers dAdèle (dAffry) et le journal dAdèle Hugo »

Jean-Marc Hovasse est directeur de recherche CNRS à lInstitut des textes et manuscrits modernes où il est responsable de laxe « Autobiographie et correspondances ». Spécialiste de Victor Hugo, il a édité (seul ou avec la collaboration de Guy Rosa) plusieurs de ses œuvres, il écrit sa biographie en trois tomes, et a également dirigé plusieurs collectifs sur lépistolaire.

Adèle dAffry et Adèle Hugo, fille de Victor Hugo, ont le même prénom, six ans décart, et presque la même durée de vie publique. Bravant les interdits de leur société, elles ont toutes deux voulu être artistes, avec des réussites certes très différentes. Mais ce qui permet de regarder leurs vies strictement parallèles (du moins sans autre intersection que des connaissances communes comme Clésinger), cest le journal de lune et les cahiers de lautre, disponibles plus dun siècle après leurs morts.

Geneviève Haroche-Bouzinac, « Un carnet de voyage dÉlisabeth Vigée Le Brun (1755-1842) »

Geneviève Haroche-Bouzinac, professeur à luniversité dOrléans, travaille sur létude des correspondances, sur les politesses et les mémoires dAncien Régime. Auteur de plusieurs ouvrages sur les correspondances, dont Voltaire dans ses lettres de jeunesse 1711-1733 (Paris, 1992) et LÉpistolaire (Paris, 1995), elle a également édité les mémoires de Louise Élisabeth Vigée Le Brun (Paris, 2015).

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La présentation dun carnet de voyage inédit de Louise Élisabeth Vigée Le Brun sera loccasion de souligner limportance des contingences dans le destin de lartiste. Réceptacle des bilans, des projets, des choses vues, où notes morales voisinent avec listes dachats et croquis, ce carnet documente le voyage autant que le travail de lartiste. Ni journal personnel, ni journal de voyage, il porte en outre les traces, bien que peu élaborées, dune écriture pour soi.

France Marchal-Ninosque, « Adèle dAffry devant le xviiie siècle. Entre déni et fascination »

France Marchal-Ninosque, agrégée et normalienne, est professeur à luniversité de Franche-Comté. Spécialiste de lhistoire des idées au xviiie siècle et des formes dramatiques de lAncien Régime, elle est lauteur de nombreuses publications en histoire littéraire moderne et contemporaine.

Cet article montre quAdèle dAffry sappuie dans ses nouvelles de jeunesse sur une écriture modelée par les influences du siècle précédent, siècle qui a pourtant tué son roi et la foi (ce qui devait déplaire à laristocrate quelle était). Mais le tropisme pour le siècle où régna le « système du libertinage », mis au service dune condamnation morale des vices de la société du paraître, ne pouvait par ailleurs que plaire à lartiste quelle était aussi.

Catherine Mariette, « Adèle dAffry et le modèle du roman sentimental. Héritage, détournement, dérision »

Catherine Mariette est professeur de littérature française à luniversité Grenoble-Alpes. Spécialiste du xixe siècle, elle travaille essentiellement sur Stendhal, George Sand et la littérature féminine. Elle a notamment publié, en collaboration avec Damien Zanone, La Tradition des romans de femmes. xviiie-xixe siècles (Paris, 2012).

Le roman sentimental traverse sous le Second Empire une période de déclin et les fictions dAdèle dAffry lillustrent bien : même si les thèmes de lamour, du sentiment et du mariage qui forment les principaux ingrédients du roman sentimental y sont présents, le modèle est, le plus souvent, détourné, ironisé, parodié. Dans les dernières esquisses romanesques cependant, cette tonalité ironique fait place à une représentation assez mélancolique de lamour. Comédie ou tragédie de lamour ?

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Damien Zanone, « Ironie et lyrisme, deux principes de la fiction chez Adèle dAffry »

Damien Zanone est professeur à luniversité catholique de Louvain (Belgique). Il travaille sur la littérature du xixe siècle, en particulier sur lécriture autobiographique et sur le roman. Il a ainsi publié un ouvrage sur le genre des mémoires dans cette période (Écrire son temps. Les Mémoires en France de 1815 à 1848, Lyon, 2006) ainsi que plusieurs éditions critiques dœuvres de George Sand.

Omniprésente dans les premiers écrits, lironie sefface et laisse dans les romans une place grandissante aux énoncés lyriques. Cette trajectoire se repère dans les nouvelles elles-mêmes qui semblent vouloir échapper à lironie. La présente étude poursuit lhypothèse quil en va du sens de la quête morale poursuivie par Adèle dAffry dans son aventure décriture : par narrateur et personnages interposés, lauteur essaie de se délivrer de laliénation sociale pour faire entendre une voix singulière.

Mélanie Kaeser, « La scène sociale dans les “nouvelles de la mondanité” dAdèle dAffry »

Mélanie Kaeser, docteure en neurosciences et psychologue, est chercheuse à luniversité de Fribourg. Ses recherches portent sur la neuroplasticité ainsi que sur des approches thérapeutiques favorisant la récupération fonctionnelle suite à une lésion cérébrale. En parallèle, elle termine un cursus en littérature française, et a ainsi coédité avec Michel Viegnes Écrits de fictions dAdèle dAffry (Fribourg, 2014).

Les trois « nouvelles mondaines » dAdèle dAffry illustrent admirablement le propos du sociologue Erving Goffman qui, par son appréhension de la vie sociale comme un théâtre – avec ses acteurs, son public et ses coulisses –, nous montre que derrière le jeu parfois tortueux des acteurs de la scène sociale se trouve un enjeu existentiel qui dépend de la reconnaissance et du respect de la face au regard de lautre.

1 Le recours aux formes féminines des titres et fonctions a été laissé à lappréciation des contributrices.