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Classiques Garnier

Résumés des articles

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Actualité de Jeanne Flore
  • Pages : 307 à 312
  • Réimpression de l’édition de : 2004
  • Collection : Études et essais sur la Renaissance, n° 55
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812453243
  • ISBN : 978-2-8124-5324-3
  • ISSN : 2114-1096
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5324-3.p.0302
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 02/09/2007
  • Langue : Français
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RÉSUMÉS DES ARTICLES
MANUELA ALVAREZ JURADO. «  L'aventure corporelle dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore  », 1995, trad. 2002 par Debby Cordeiro.
Les Comptes amoureux de Jeanne Flore paraissent dans un milieu renaissant chargé de sensualisme où le corps est objet de culte. Chant féminin à la volupté physique, Les Comptes amoureux sont un hymne entonné par sept voix de femmes qui transmettent leurs plus intimes sensations, leurs désirs les plus occultes. C'est un oeil de femme qui observe, qui regarde, qui saisit et qui, en définitive, s'approprie l'objet regardé. Dans le présent article, on traite de la transcendance de la communication humaine ; l'espace corporel est présenté comme le lieu authentique de la communication où chacune des manifestations externes est pourvue d'une importante charge significative. Le regard exerce une attraction sur les corps. De là, on passe à l'analyse du fonctionnement de la machine des sens dans la perception des différents corps qui émergent et défilent au cours des sept récits qui composent l'oeuvre de l'écrivaine lyonnaise. On conclut que la véritable aventure corporelle renaissante n'est autre chose que l'aventure de la communication sensorielle.
CATHLEEN M. BAUSCHATZ. «  Jeanne Flore derechef. La parodie d'oeuvres de femmes dans les Comptes Amoureux  », trad. 2002 par Régine Reynolds- Cornell.
Que reste-t-il à faire sur Jeanne Flore  ? Parmi les problèmes à aborder, citons entre autres l'impression, la réception, la lecture de l'oeuvre par un lecteur présumé ou réel. Pour qui ce livre a-t-il été écrit  ? A-t-il vraiment été composé pour un public féminin  ? A-t-il vraiment été écrit par une femme  ? Il est probable que les Comptes amoureux sont une oeuvre de parodie. Entre autres, Christine de Pizan et Hélisenne de Crenne sont peut-être parodiées par «  Jeanne Flore  ». Les gravures sur bois qui se répètent dans les éditions des Angoysses Douloureuses et des Comptes amoureux, par Denys de Harsy, suggèrent cette intention parodique. Avec William Kemp, je suis persuadée que les gravures sur bois jouent un rôle important dans ces deux livres, et méritent qu'on les étudie plus attentivement.
JEAN-PHILIPPE BEAULIEU. «  L'ambiguïté didactique dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore  », 1988.
Par un examen des rapports établis entre ses diverses composantes, cette étude amorce une réflexion sur le fonctionnement didactique du recueil paru sous le nom de Jeanne Flore. Lancé, dans les pièces liminaires, par des énoncés relatifs aux conséquences du refus d'amour, le déploiement didac- tique de l'ouvrage est censé faire converger, dans une perspective exemplaire ou contre-exemplaire, les données multiples fournies par les deux plans narratifs que constituent l'histoire-cadre et les contes. Un examen du recueil révèle cependant que l'imparfaite concordance des énoncés des devisantes entre eux, de même qu'avec leur illustration dans les contes, crée un effet
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d'ambiguïté brouillant les enjeux et la portée du processus délibératif que le recueil donne à voir à travers les propos adressés à Madame Cebille par ses compagnes. Constater la présence d'un tel effet d'ambiguïté nous engage forcément à réfléchir aux raisons d'être de l'indécision qu'affiche ce texte attribué à une figure auctoriale féminine.
MAGDA CAMPANINI CATANI, «  Les Contes amoureux de Jeanne Flore  : notes pour une étude intertextuelle  », 1998, trad. 2002 par Mawy Bouchard.
Cette contribution se propose d'étudier le tissu formel des Contes amou- reux à travers une analyse comparative de l'oeuvre de Jeanne Flore et de ses principales sources italiennes (Décaméron, Roland amoureux, Mambriano, Songe de Poliphile). Les procédés d'assimilation et de réécriture des nom- breux hypotextes sont examinés dans le but de mettre en lumière les mécanis- mes de transposition des modèles dans le texte narratif de Jeanne Flore. En particulier, l'analyse de quatre constantes stylistiques de l'oeuvre (la compa- raison, la synonymie, l'hypotaxe et l'hyperbole), accompagnée d'une colla- tion de quelques passages des Contes et de leurs sources, fait ressortir une forte tendance à l'amplification et à l'expansion de la structure phrastique comme un trait stylistique dominant de ce recueil. Les choix stylistiques de l'auteur traduisent d'un côté la recherche de la conformité par rapport aux canons rhétoriques de l'époque et, de l'autre, la volonté de renforcer le didactisme de l'oeuvre par le biais d'une écriture redondante et emphatique qui amplifie le message idéologique de l'auteur.
SERGIO CAPPELLO. «  Le corps dans les Comptes amoureux  : Pyralius le Jaloux  », 2001.
La mise en scène du corps, aussi bien féminin que masculin, objet de désir, de dégoût ou de haine, se révèle être une composante essentielle de l'univers narratif des Comptes amoureux, qui constituent ainsi un cas privilégié pour l'analyse de la représentation du corps à la Renaissance. L'examen d'un exemple tiré du «  Compte premier  » nous a permis, à travers la comparaison avec ses sources médiévales (Ysaie le triste) et italiennes (Mambriano, Hypnerotomachia Poliphili), de mieux cerner cette problé- matique.
DIANE DESROSIERS-BONIN. «  La réception critique des Comptes amou- reux de Jeanne Flore  », 2002.
Les Comptes amoureux sont exemplaires de la réception critique qu'ont connue les écrits féminins du XVIe siècle et de l'accueil très mitigé que l'on a réservé aux textes considérés, en fonction des paramètres du canon français, comme des minores. Dénigrés d'emblée, à l'instar des Angoysses doulou- reuses d'Hélisenne de Crenne ou des Advis de Marie de Gournay, en raison de leurs caractéristiques stylistiques particulières (expression «  ampoulée  », développements échevelés, etc.), les Comptes amoureux soulèvent pourtant de nombreuses interrogations quant à la maternité ou à la paternité de l'oeuvre. En effet, c'est toute la question de l'authorship (féminin/masculin, unique/multiple) qui est posée et qui demeure une énigme, en dépit des innombrables hypothèses formulées, surtout depuis une vingtaine d'années - en fait, depuis l'édition critique établie en 1980 par Gabriel-André Pérouse
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- en fait, depuis l'édition critique établie en 1980 par Gabriel-André Pérouse et son équipe de Lyon. Des études de bibliographie matérielle aux appli- cations des gender studies en passant par la sémiotique corporelle et l'analyse des finalités rhétoriques du texte, nous suivons ici la trajectoire critique des Comptes amoureux, emblématique en quelque sorte des grands courants de la critique moderne qui en actualisent plus que jamais les enjeux.
CAROLYN M. FAY. «  Qui était Jeanne Flore  ? Subversion et silence dans les Contes amoureux par Madame Jeanne Flore  », 1995, trad. 2002 par Sophie Coupal.
L'identité de l'auteur des Comptes amoureux reste encore un mystère de nos jours, et la critique actuelle évoque la possibilité que «  Jeanne Flore  » soit le pseudonyme d'un homme ou d'un groupe d'hommes. Quoique cette énigme soit impossible à résoudre pour l'instant, la question de l'identité de l'auteur demeure importante pour toute interprétation, surtout féministe, de l'oeuvre. Si Jeanne Flore est une femme, on peut lire les Comptes comme un plaidoyer en faveur de la libre expression des femmes dans l'amour. En revanche, Jeanne Flore homme inspire des lectures plutôt ironiques, qui suggèrent que ce sont les hommes qui profitent de la liberté amoureuse des femmes. Cet article propose un troisième point de vue, en laissant de côté la question de la véritable identité de Jeanne Flore et en considérant le person- nage silencieux de Madame Cebille comme la figure de l'auteur dans le texte. A travers la théorie du sémiotique de Julia Kristeva, nous montrons que ce personnage silencieux et marginal constitue le centre des contes  : la force qui non seulement lie les histoires, mais aussi les engendre.
NANCY FRELICK. «  Attribuer un sexe à Jeanne Flore  ?  », trad. 2002 par Régine Reynolds-Cornell.
L'identité sexuelle d'un auteur influence l'horizon d'attente de ses lecteurs. Or, que faire d'un texte dont le sexe du/des scripteur(s) ne peut être vérifié  ? C'est le cas des Comptes amoureux par Madame Jeanne Flore, dont les grands débats critiques se centrent sur l'identité de la ou des personnes derrière «  Jeanne Flore  » et sur le féminisme ou l'antiféminisme du texte. Puisqu'il n'existe aucun personnage extratextuel pour vérifier les hypothèses, nos interprétations sont souvent élaborées à partir de présupposés et reflètent nos préoccupations, nos constructions imaginaires, nos idéologies plutôt que celles de l'univers discursif du texte.
LAURA DOYLE GATES. «  Le `vray amour' dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore  », 1997, trad. 2002 par Joël Castonguay-Bélanger.
Les Comptes amoureux de Jeanne Flore tentent de concilier fars vivendi naturaliste médiévale et les codes de l'amour courtois et néoplatonicien. Dans cette étude, nous voyons comment ces traditions essentiellement masculines sont reformulées et réorientées par le cercle féminin des devisantes. Nous nous intéressons plus particulièrement à la nouvelle version de 1« < amour vray  » que Jeanne Flore élabore à partir d'un point de vue féminin, qui rationalise, normalise et valorise le désir, surtout celui de la femme. Ce «  vray amour  » trouve son origine dans la Nature, est réservé à une certaine élite amoureuse et se déploie dans un monde imaginaire de plaisirs, dépourvu
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de l'amour dont l'impératif consiste à rechercher le plaisir. Le désir féminin trouve alors sa pleine légitimité dans l'univers du texte, où il remet en question l'ordre social traditionnel.
FLOYD GRAY. «  Jeanne Flore et le désir érotique  : féminisme ou fantasme masculin  ?  », 2000, trad. 2002 par Renée-Claude Breitenstein.
Sujet de polémique dans les pamphlets et les traités de la Querelle des femmes, la misogynie adopte différentes formes et expressions dans les textes de la Renaissance française. Les interrogations sur le statut de la femme et du mariage qui alimentent le débat de la Querelle des femmes traversent également les nouvelles de Jeanne Flore. Dans cet article, nous examinons comment les femmes écrivent à propos des femmes. Nous traitons des représentations de la sexualité féminine dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore et plus spécifiquement du rôle de l'ironie dans l'élaboration des personnages et du sens de l'oeuvre.
WILLIAM KEMP. «  Denys de Harsy et François Juste vers 1540 : de La Pugnition de l'Amour contempné aux Comptes amoureux  ?  », 2002.
Depuis longtemps, on connaît l'existence de deux versions d'une même série de contes, l'une réunissant quatre histoires, portant le titre Les Comptes amoureux de Jeanne Flore, et l'autre, comprenant quatre contes, intitulée La Pugnition de l'Amour contempné, extraict de L'amour fatal de madame Jane Flore. Jusqu'à aujourd'hui, nous (l'auteur compris) avons considéré que le texte des Comptes était antérieur à celui de la Pugnition. Tandis que l'édition Juste de la Pugnition porte la date 1540, l'édition Harsy des Comptes, sans date, a été datée de plus en plus tard dans les années 1530 (vers 1531, 1537, puis récemment 1539), mais toujours avant la Pugnition. Dans cet article, j'essaie d'imaginer la situation inverse  : l'édition de la Pugnition de 1540 précède celle, plus fournie, des Comptes. Je prétends en effet que l'édition des Comptes de Denys de Harsy constitue une version retravaillée de l'édition de la Pugnition, donnée par François Juste en 1540. Ainsi, l'édition Harsy serait postérieure à celle de Juste et daterait de la deuxième moitié de 1540 ou de 1541. L'édition augmentée et partiellement réécrite des Comptes représenterait une autre étape dans la guerre que se livraient les imprimeurs- libraires Harsy et Juste pendant les années 1530 et au début des années 1540.
CLAUDE LA CHARI'IÉ. «  Le problème du genre dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore  : l'ambivalence du terme `compte'  », 2001.
Il est bien difficile de rattacher le terme de «  compte  » que les devisantes des Comptes amoureux utilisent de façon systématique pour désigner leurs récits à un genre littéraire aux frontières bien définies, ne serait-ce que parce que le mot, au XVIe siècle, renvoie aussi bien au champ lexical du délectable, qu'à celui du vraisemblable ou du fabuleux. En revanche, la constance de la graphie «  compte  » à un moment où les deux principales acceptions «  récit  » et «  calcul  » ont chacune leur graphie spécifique suggère un rapprochement sans doute délibéré entre les deux sens du terme, afin de mettre en valeur l'importance de la loi de l'échange amoureux dans ces devis. Ainsi, la graphie «  compte  » rapprocherait un «  tenir compte  » moral, renvoyant à la loi d'amour, d'un «  tenir compte  » narratif, au sens de «  raconter  ». Selon
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loi d'amour, d'un «  tenir compte  » narratif, au sens de «  raconter  ». Selon l'expression facétieuse utilisée par Marguerite de Navarre pour évoquer l'assemblée des devisants de l'Heptaméron, les Comptes amoureux apparaissent comme une «  chambre des comptes  », où l'on narre des récits et l'on note scrupuleusement sur une ardoise la rigoureuse comptabilité de l'échange amoureux.
MARIE CLAUDE MALENFANT. «  Le discours délibératif dans les Comptes amoureux de Jeanne Flore  : exempla et visées persuasives  », 1993.
Les Comptes amoureux de madame Jeanne Flore (1537), qui peuvent sembler revendiquer la liberté féminine, renouvellent essentiellement quel- ques-uns des lieux communs de la «  querelle des femmes  ». Des quatre récits de la Pugnition de l'Amour contempné extraict de L'amour fatal de Jane Flore (imprimée en 1540, mais antérieure à 1537) aux sept Comptes amou- reux (reprenant quasi intégralement la Pugnition), les marques du discours délibératif désignent de nouvelles règles du comportement amoureux. De l'une à l'autre des oeuvres parues sous ce pseudonyme, «  Jeanne Flore  » ne défend donc plus la même thèse  : plutôt que de prononcer l'injonction d« < aimer qui nous aime  » (Pugnition), «  Jeanne Flore  » insiste désormais sur l'interdiction de 1'«  impareil mariage  » (Comptes) qu'il faut absolument éviter, ou dont il faut s'affranchir... par l'adultère.
RÉGINE REYNOLDS-CORNELL. «  Que cache le manteau de Jeanne Flore  ?  », 2002.
Il n'est plus à prouver que, s'il existait une Jeanne Flore à Lyon pendant la première moitié du XVIF siècle, elle n'a prêté que son nom au recueil des Comptes amoureux. La date discutée de l'édition princeps de cette oeuvre si vite populaire, son imprimatur et surtout l'identité de ses auteurs ont invité de nombreux chercheurs à formuler leurs thèses, voire leurs hypothèses plus ou moins défendables. Les travaux du regretté Claude Longeon et de l'éminent Gabriel-André Pérouse ont néanmoins révélé qu'Étienne Dolet était l'auteur du premier conte et très certainement du sixième. Pour les autres, on cite parmi une pléthore de «  candidats  » Hélisenne de Crenne, Maurice Scève et son frère, sinon ses soeurs, Eustorg de Beaulieu, Jean Voulté, Bonaventure des Périers et Louise Labé. Ma conviction profonde que le quatrième conte est l'oeuvre de Clément Marot semble avoir jusqu'à maintenant rencontré peu d'opposition, mais mon hypothèse selon laquelle Marguerite de Navarre est l'auteure du septième conte soulèvera sans doute plus d'objections. L'étymo- logie déconcertante des noms des conteuses est elle aussi la source de nombreuses hypothèses que j'invite mes collègues à envisager. Après tant de conjectures, c'est le message caché du poème final, appelant le lecteur à ne pas prendre les Comptes amoureux et leur cadre pour la réalité, qui place l'oeuvre entière dans son contexte culturel et social.
MARCELTÉ'l'EL. «  L'audace des Comptes amoureux  », 2002.
Les Comptes amoureux semblent mettre en cause la validité du mariage tel qu'il se pratique à la Renaissance. En témoignent les caricatures de relations conjugales, la forte proportion de vieillards mariés à de très jeunes femmes ou de femmes fortes dominant leur époux impotent, et encore la
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semble revendiquer des rapports conjugaux égalitaires tels qu'ils seront possibles trois ou quatre siècles plus tard. Dans ce contexte, la modernité de ce mince recueil de nouvelles s'avère à la fois révolutionnaire et salutaire.
EMMA TYLER. «  Les Contes amoureux de Jeanne Flore et les fictions du sujet féminin  », 1999, trad. 2002 par Hélène Hotton.
L'identité de Jeanne Flore, et son sexe même, sont entourés de mystère, en raison de l'ambiguïté dû texte qui crée une utopie matriarcale dont le manifeste réclame pour les femmes le droit d'aimer librement, tout en réunissant dans les contes une population féminine sans rôle important, sans voix et sans pouvoir. Cet article a pour but de concilier cette représentation misogyne avec le discours apparemment féministe du cadre. Il démontre que son auteure a voulu illustrer les conceptions sociales du sexe féminin, qu'elle avait expérimentées de première main. Dans ce but, elle incorpore dans ses contes des personnages qui se conforment au code de comportements pres- crits (femmes silencieuses, passives, etc.), ou bien qui confirment les préju- gés et stéréotypes de l'époque (la sorcière, l'enchanteresse, la calomniatrice, l'hystérique). La présence dans le texte de certains signaux qui soulignent le caractère fictif des contes indique clairement que son auteure fournit une présentation satirique des modèles masculins de la féminité, tout en passant sous silence, comme était obligée de le faire une femme de la Renaissance, la «  véritable  » femme.
COLETTE H. WINN. «  Les Comptes amoureux de Jeanne Flore  : un texte- écho  », 1990.
La critique s'est intéressée aux sources classiques des Comptes amoureux de Jeanne Flore aux dépens des sources nationales qui ne tiennent pas moins une place de choix. Dans un premier temps, on examine la place qu'occupe la lyrique médiévale en s'interrogeant sur le choix que Jeanne Flore fait de motifs, de formes poétiques («  la belle dame sans mercy  » et la chanson de la mal mariée) affiliés à des courants opposés. Cette juxtaposition de «  veines  » opposées produit une constante remise en question des traditions littéraires amoureuses et de l'amour proprement courtois. En outre, la peinture qui nous est donnée de l'amour surprend, de même que l'insistance sur les notions d'impuissance et d'asservissement et le recours à des « manoeuvres d'intimi- dation » qui visent à imposer une certaine image de la femme (la femme soumise, la femme domptée) et de son rôle en amour (celui de répondre ou d'agréer). En somme, les Comptes amoureux montrent la distance que l'auteur prend par rapport aux textes qui ont précédé, le refus du discours amoureux tel que l'homme l'énonce. Cependant, ce refus ne peut s'exprimer qu'indirectement.