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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : À quoi bon la littérature ? Réponses à travers les siècles, de Rabelais à Bonnefoy
  • Pages : 357 à 361
  • Collection : Rencontres, n° 407
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406074656
  • ISBN : 978-2-406-07465-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07465-6.p.0357
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/10/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Olivier Pot, « Lénigme de la littérature ou léloge du “gai savoir”. Le “Prologue” du Gargantua de Rabelais »

Le Prologue du Gargantua a toujours déconcerté. Il ironise sur la pratique de lallégorèse biblique tout en invitant ses lecteurs à méditer sur la « substantifique moelle » de lœuvre. La résolution de cette aporie relèverait de laffirmation dune « communauté interprétative » en même temps que de la valorisation dun « cogito gustatif ». « Manière laïque, non cléricale, mais très-religieuse toujours » (Montaigne) de lire, penser et philosopher, qui nest rien moins pour nous que linvention de la littérature.

Patrick Labarthe, « LIllusion comique ou Corneille et le statut socio-moral de lillusion »

L« étrange monstre » quest LIllusion comique propose une apologie du théâtre, où le mage Alcandre rejoint le Prospéro de The Tempest de Shakespeare. Lœuvre est étudiée à partir de la scène 6 de lacte V, quand Pridamant découvre les vertus, les mécanismes et la légitimité socio-morale de lillusion théâtrale. Larticle montre ainsi comment cette pièce, qui est un voyage au pays de la fiction vécue comme le relais dune conquête de soi, est aussi un voyage à travers les styles.

Ursula Bähler, « Le Traité de lorigine des romans de Pierre-Daniel Huet. Une apologie ambiguë du roman moderne »

La lecture traditionnelle du Traité de lorigine des romans comme « apologie du roman » se révèle réductrice à la lumière dune analyse qui se fonde sur la structure du texte : alors que le récit encadré souligne les bienfaits de la lecture de ces « précepteurs muets » que sont les romans réguliers et purifiés, le récit-cadre inscrit la naissance du genre romanesque dans une narration à échos bibliques nettement misogynes qui pèse sur lensemble des réflexions de Huet et dont le roman sort tout sauf indemne.

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Karin Westerwelle, « Entre exposition et dissimulation des passions. La “Préface” de Phèdre de Jean Racine »

Dans sa préface de Phèdre, Racine évite de parler directement des passions de lhomme, du mal et du libre arbitre. Le lecteur de la « Préface » assiste à une transposition qui, au lieu dexposer le contenu (la matière) de la pièce et son contexte, en accentue la forme (la manière). Le problème de la connaissance humaine se pose dans la dialectique suivante : ne peut-on haïr le vice que parce quon en connaît la difformité ?

Michèle Crogiez Labarthe, « La première Promenade des Rêveries du promeneur solitaire. Invocation à la lecture ou Rousseau lecteur de lui-même »

Malgré ses dénégations à cet égard, Rousseau a toujours cherché la gloire littéraire. La célébrité venue, il a pu mesurer les risques dincompréhension inhérents à la médiatisation par les mots. Trouvant la consolation de cette difficulté en se faisant lecteur de lui-même, il a espéré le même rapport, didentification, de la part de son lecteur. Ses constatations sur lactualisation du bonheur que permet la littérature, destinées à lorigine à son seul usage, font la singularité de sa voix.

Reto Zöllner, « Lécrivain et son miroir concentrique. La “Préface” de La Peau de chagrin dHonoré de Balzac »

Sinscrivant dans la controverse sur lexigence éthique à laquelle doit obéir la littérature, Balzac récuse la fausse « affinité » entre auteur et narrateur. Face à la polémique autour de La Physiologie du mariage, il met en exergue le but de la littérature : « reproduire la nature par la pensée ». La métaphore du miroir concentrique sert au préfacier à illustrer cet objectif. Lœuvre dart se fonde, selon lui, sur une réalité transfigurée, exactement observée, mais aussi sagement enrichie par limagination.

Peter Fröhlicher, « Construire lethos de lengagement. La “Préface” du Dernier Jour dun condamné de Victor Hugo »

Destinée à confirmer lutilité sociale du Dernier Jour dun condamné, la préface de 1832 évoque la conversion morale du « poëte » en intellectuel abolitionniste, tout en constituant de manière parallèle lethos du lecteur censé 359adhérer demblée aux mêmes valeurs que le romancier. La figure du lecteur devenu auteur virtuel – « car qui na fait ou rêvé dans son esprit le Dernier Jour dun condamné ? » – apparaît comme un élément clé de la poétique hugolienne du roman esquissée dans cette préface.

Maxence Mosseron, « Un sermon laïque sur la liberté de lartiste. La “Préface” de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier »

Cette analyse de la « Préface » de Mademoiselle de Maupin propose une lecture qui complète la vocation pamphlétaire du texte à lencontre de la critique journalistique de lépoque, dobédience catholique et utilitariste, en revendiquant le titre de manifeste esthétique. Gautier réplique violemment aux moralistes à lesprit étriqué et défend, par le recours à lexemple figuratif et lanalogie avec Michel-Ange, labsolue nécessité dune création entièrement libre, qui demblée excède toute critique normée.

Denis Bertrand, « La littérature justifiée. Le Roman expérimental dÉmile Zola »

Adossé à Claude Bernard, le plaidoyer de Zola pour le roman expérimental est un transfert de la physiologie – pour le médecin – à la sociologie – pour le romancier. Cet article interroge ce quimplique cette transposition pour éclairer le statut problématique, chez Zola, de lécriture et du « style ». Cette discussion, longuement différée et vite évacuée, intervient dans les marges de la réflexion, révélant une tension entre discours scientifique et discours littéraire sur un horizon de légitimité.

Bertrand Marchal, « “Crise de vers” de Mallarmé ou comment commencer ? »

Cette communication étudie les huit premiers paragraphes de « Crise de vers » pour montrer comment Mallarmé, avant daborder son sujet dun point de vue technique (la crise de vers stricto sensu), procède à une mise en place poétique, cest-à-dire métaphorique, de ce manifeste très célèbre, et repérer les enjeux que suggère une telle mise en place quant à la conception même de la littérature.

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Markus Messling, « “Devenir humain” » après la fureur anthropophage. « Les Manifestes du surréalisme dAndré Breton »

Comment une société bourgeoise qui se voulait fondée sur la rationalité avait-elle pu produire la machine de mort qui allait engloutir toute une génération ? Dès ses débuts, à la sortie de la Grande Guerre, le surréalisme naît dune anthropologie pessimiste. Dans le champ magnétique généré par la psychanalyse et le matérialisme marxiste, le surréalisme dAndré Breton cherche à établir une politique de lesthétique qui puisse « expulser lhomme de lui-même » afin de changer entièrement la vie.

Rita Catrina Imboden, « La poésie, “une nécessité de la condition de lhomme”. La Fonction poétique de Pierre Reverdy »

Pierre Reverdy réunit ses réflexions poétologiques dans un essai : La Fonction poétique, écrit en 1948 pour une diffusion à la radio et publié deux ans plus tard dans le Mercure de France. Cet article montre comment les idées de Reverdy sur la fonction de la poésie et du poète dans la société se confrontent aux conceptions esthétiques du discours social de lépoque et par quelles stratégies discursives le poète essaie de persuader lauditeur / le lecteur de la valeur essentielle et existentielle de la poésie.

Marie Burkhardt, « Beckett face à En attendant Godot. Une leçon de lecture, malgré tout »

Dans un texte présenté comme lettre, mais supposé présentation promotionnelle dune pièce à venir encore inconnue, Samuel Beckett prétend être incapable de répondre à la question qui lui aurait été posée, à savoir que pense-t-il du théâtre ? Pourtant, au-delà des apparences et de la dénégation, en déjouant les codes, ce texte programmatique livre des pistes de réflexion sur les enjeux de la littérature, ainsi que le rôle et la place du lecteur-spectateur et de lauteur.

Markus Lenz, « La lourde liberté de lécrivain. Les Discours de Suède dAlbert Camus »

Dans ses deux discours suédois à loccasion de la remise du prix Nobel en 1957, Albert Camus a discuté le rôle de la littérature en tant quacte réflexif. 361Il soulève la question de savoir comment lécrivain peut accomplir sa tâche, quand par temps de violence lambivalence poétique de tout acte décriture littéraire pourrait être également conçue comme esthétisation de la misère humaine. Larticle suit les lignes dargumentation du lauréat au profit dune littérature entre engagement aveugle et réflexion sans effet.

Christina Vogel, « Claude Simon, Discours de Stockholm. Un parti pris poïétique »

Dans son Discours de Stockholm, Claude Simon interroge le « faire » de lécrivain et se demande « faire avec quoi ? » En alléguant la célèbre réponse donnée par Valéry aux questions « Pourquoi écrivez-vous ? Quavez-vous à dire ? », Simon assume la posture de celui qui affirma : « je nai pas voulu dire mais voulu faire et cest cette intention de faire qui a voulu ce que jai dit ». Cette étude examine les enjeux du poïein que Simon invoque et dont il tente de spécifier la nature.

Wolfgang Asholt, « Yves Ramey, “Lécrivain expulsé du paysage” et le roman de lextrême contemporain »

Lœuvre dYves Ravey répond à la question « À quoi bon la littérature ? » en situant la littérature contemporaine entre le souvenir et la mémoire dun xxe siècle extrême (« Lécrivain expulsé du paysage »). Les essais, les pièces de théâtre et les romans développent un savoir de la banalité de la catastrophe, celle qui a eu lieu et celle daujourdhui. Ils donnent accès à un savoir de la vie face à « des repères devenus flottants et trompeurs » et représentent une littérature de lexigence.

Odile Bombarde, « Entre espérance et lucidité, la poésie selon Yves Bonnefoy »

Dans un texte de 2014, une distinction radicale est établie entre poésie et littérature. Bonnefoy met en relation plusieurs poèmes de Baudelaire avec les problématiques existentielles de lauteur, résolues par la forme poétique. Rencontrer une œuvre poétique, cest rencontrer un autre être dans les questions sérieuses quil sest posées. La poésie, lieu dune élucidation du rapport à soi et au monde, a un pouvoir salvateur. Cette idée de la poésie préside aussi à la création poétique de Bonnefoy.