[Introduction de la première partie]
- Prix du musée d'Orsay 2019
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : À la conquête du marché de l’art. Le Pari(s) des enchères (1830-1939)
- Pages : 39 à 40
- Collection : Bibliothèque de l'économiste, n° 36
- Série : 1, n° 14
- Thème CLIL : 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
- EAN : 9782406108191
- ISBN : 978-2-406-10819-1
- ISSN : 2261-0979
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10819-1.p.0039
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 19/05/2021
- Langue : Français
Point de départ de notre recherche, l’année 1831 marqua un renouvellement politique, artistique et international. En janvier, Louis-Philippe déclara que la toute nouvelle monarchie de Juillet se tiendrait dans un « juste milieu », distante des abus du pouvoir royal et des excès du pouvoir populaire, et le 13 mars, le président du Conseil Casimir Perier s’opposa fermement à l’intervention de l’État dans le domaine économique1. Alors que « l’ordre sans sacrifice pour la liberté2 » s’affirmait en politique intérieure, une jeune génération de Romantiques agitait la scène artistique. En 1830, la première d’Hernani, de Victor Hugo, donna lieu à une célèbre « bataille » ; en 1831, Eugène Delacroix présenta au Salon Le 28 Juillet, La Liberté guidant le peuple3 et la revue l’Artiste fut créée, défendant vivement cette nouvelle génération romantique4. Enfin, sur le plan international, la France commença son expansion en Algérie, avec la prise d’Alger un an plus tôt, et se rapprocha du Royaume-Uni, depuis la conférence de Londres du 4 novembre 1830 qui avait réglé la question belge5. Le temps était donc au changement.
Pour autant, en 1831, la géographie des ventes aux enchères, les dispositifs de marché et ses protagonistes restaient encore largement figés dans les structures de la fin du xviiie siècle et du début de la Restauration. Dès lors, on assista, en vente publique, à une même « transformation profonde du marché de l’art6 » que celle analysée par Monica Preti-Hamard et Philippe Sénéchal dans le domaine 40du collectionnisme et des musées. En effet, ce fut dans les années 1830 et surtout 1840, que les ventes enchères publiques parisiennes s’ouvrirent à la « modernité » et commencèrent à constituer un terreau favorable à l’innovation et, donc au lancement de nouveaux segments du marché.
1 Hervé Robert, La monarchie de Juillet, Paris, CNRS Éditions, 2017 (1re éd. 1994), p. 23.
2 Discours de Casimir Perier du 13 mars 1831. Ibid., p. 22.
3 Eugène Delacroix (1798-1863), La Liberté guidant le peuple, 1830, huile sur toile, 260 × 325 cm, Paris, Musée du Louvre, RF 129.
4 Les années romantiques 1815-1850 Ingres, Delaroche, Delacroix, Chassériau… La peinture française dans les collections publiques, cat. exp. Nantes, Musées des Beaux-Arts du 4 décembre 1995 au 17 mars 1996, Paris, Galeries nationales du Grand Palais du 16 avril au 15 juillet 1996, Plaisance, Palazzo gotico, du 6 septembre au 17 novembre 1996, Paris/Nantes, RMN / Musée des beaux-arts, 1995, p. 18.
5 Hervé Robert, La monarchie de Juillet, op. cit., p. 130.
6 Monica Preti-Hamard, « Introduction », in Monica Preti-Hamard et Philippe Sénéchal (dir.), Collections et marché de l’art en France 1789-1848, op. cit., p. 10.