« Je m'estois persuadé que la Fable de l'Huître que j'avois mise ~ la fin de cette Epistre au Roy r pourroit y delasser a;réablement l'esprit des Lecteurs qu'un sublime trop sérieux peut enfin fatiguer, joint que la correction que j'y avois mise =sembloit me mettre à couvert d'une faute dont je faisois voir que je m'apercevois le premier. Mais j'avouë qu'il y a eu des personnes de bon sens qui ne l'ont pas approuvée. J'ay neantmoins balancé long- temps si je l'osterois, parce qu'il y en avoir plusieurs qui la loüoient avec autant d'excez que les autres la blamoient. Mais enfin, je me suis rendu à l'autorité d'un Prince non moins considérable par les lumières de son esprit, que par le nombre de ses Victoires;. Comme il m'a déclaré franchement que cette Fable, quoy que très bien contée, ne luy sembloit pas digne du reste de l'Ouvrage ; je n'ay point résisté, j'ay mis une autre fin à ma Pièce ; et je n'ay pas ereu pour une vingtaine de Vers devoir me brouiller avec le premier Capitaine de nostre siécle. Au reste, je suis bien aise d'avertir le Lecteur, qu'il y a quantité de pièces impertinentes qu'on s'efforce de faire
s. Voir la variante des vers rso-rqo de l'Epître I.
z. Allusion aux dix-huit vers qui suivaient la fable et terminaient
l'Epitre.
;. a C'étoit le Graud Prince de Condé. ■ (Brossette).
(a) Cet avis fut ajouté d l'édition de l'Epitre I que Boileau joignit i la publication de ses neuf premières Satires (voir la 13ibliogrn~bie ginirala de M. ];mile Magne, n~ zq). 24 >< 6 AVIS AU LECTEUR
courir sous mon nom, et entre autres une Satire contre les maltotes ecclesiastiques t. Je ne crains pas que les habiles gens m'attribuent toutes ces pièces ;parce que mon stile bon ou mauvais est aisé à reconnoître. Mais comme ]e nombre des sots est fort grand, et qu'ils pourroient aisement s'y méprendre; il est bon de leur faire sçavoir, que hors les onze pièces qui sont dans ce livre =, il n'y a rien de moi entre les mains du public, ni impritné, ni manuscrit. n
r. Voir dans l'édition Berriat Saint-Prix (tome I), Notices bibliogrn-rhiques, zo; et, dans la Bibliographie de M. Émile Magne les n°' zy et z8, relatifs ~ deux éditions étrangéres (Amsterdam, r6yr, et Cologne, r6~z), des Satires du sieur D""" ; voir dans l'Introduction de notre édition des Satires, la derniére partie de la note 4 des pages xxtt-xxttr.
z. Les satires I-IX; le Discours nu roi, qui les précéde, et l'Epitre I.