Glossaire des termes militaires
- Publication type: Book chapter
- Book: Du champ de bataille à la bibliothèque. Le dialogue militaire italien au xvie siècle
- Pages: 427 to 432
- Collection: Renaissance Library, n° 18
- Series: 2
Glossaire
des termes militaires
Pour chaque terme répertorié, nous indiquons la traduction en français ainsi qu’une définition synthétique élaborée à partir de plusieurs outils lexicographiques dans le but de permettre une compréhension immédiate des textes cités. Nous avons complété les définitions lexicographiques avec certaines indications fournies par ces textes lorsque cela nous a semblé nécessaire.
Le dictionnaire auquel nous nous sommes principalement référés est le Dizionario militaire italiano de Giuseppe Grassi (Torino, Società tipografico-libraria, 1833). Celui-ci a souvent été repris ensuite dans l’élaboration de différents outils lexicographiques spécifiques au domaine militaire, tel que le Dizionario militare Francese Italiano (Napoli, Gaetano Nobile, 1841) de Mariano D’Ayala ou le Gran dizionario teorico-militare (Italia, 1847).
Nous avons eu recours également aux outils lexicographiques suivants :
Dizionario della lingua italiana de Niccolò Tommaseo et de Bernardo Bellini (consultable sur http://dizionario.org/)
Dizionario di marina italiano francese e francese italiano de Luigi Fincati, genova e Torino, Luigi Beuf, 1870
Dizionario d’artiglieria des Capitaines Carbone et Arnò (Torino, Ceresole e Panizza, 1835)
Cnrtl
Dizionario della Crusca (http://vocabolario.sns.it/html/_s_index2.html)
Tesoro della lingua Italiana delle Origini (http://tlio.ovi.cnr.it/TLIO/)
Grand corpus des dictionnaires mis en ligne par Garnier (http://www.classiques-garnier.com)
Dictionnaire de l’artillerie de H. Cotty, Paris, Agasse, 1822.
Affût : Letto. Assemblage de pièces de bois, à l’époque considérée, sur lequel on plaçait les pièces d’artillerie, notamment lors des opérations de transport.
Âme : Anima. Partie vide, de forme cylindrique, du canon (canna*) où est placé le projectile.
Anima : Âme
As : Asso. Proportion dans la composition des poudres explosives anciennes.
Aspic : Aspide. Sorte de canon ancien pouvant tirer des boulets atteignant 12 livres.
Aspide : Aspic
Asso : As
Baluardo (ou Beluardo, ou Belouardo) : Boulevard
Bastion(e) : Bastion. Ouvrage de fortification généralement de forme pentagonale, faisant partie de l’enceinte du corps d’une place, présentant en saillie deux flancs* et deux faces*, fait
428d’un terreplein (terrapieno*) soutenu de murailles, de gazon ou de terre battue.
Bataillon : Battaglia. Le terme « battaglia », récurrent dans la littérature militaire italienne du xvie siècle, désigne une formation militaire à laquelle les auteurs considérés confèrent le plus souvent une forme rectangulaire ou carrée : « quadra di terreno », lorsque les côtés sont mesurés en pieds ; « quadra d’huomini », lorsque la longueur et la largeur sont comptés en nombre de soldats.
Battaglia : Bataillon ou Formation
Batteria : Batterie
Batterie : Batteria. Action de battre les fortifications d’une place à l’aide d’instruments et machines de guerre diverses. Au xvie siècle, la batterie correspond principalement en une série de tirs d’artilleries visant à ouvrir une brèche dans le système défensif d’une place forte.
Bocca : Bouche
Bord (de la bouche) : Gengiva (ou Orlo). Alessandro Capobianco utilise ces termes comme équivalents afin de désigner l’extrême bord de la bouche* d’un canon (Corona e palma militare di artiglieria, f. 5 ro).
Bouche : Bocca. Ouverture de l’âme* et, par extension, du canon d’une arme à feu.
Boulevard : Baluardo (ou Beluardo, ou Belouardo). Grand bastion* qui fut appelé boulevard pour le distinguer des tours et des petits bastions ronds qu’il remplaça dans l’architecture militaire au cours du xve siècle. Plus tard, le terme est progressivement remplacé, dans le domaine technique militaire, par « bastion ». Le boulevard finira par désigner le terreplein d’un rempart, d’un bastion ou d’une courtine, puis, par extension, une promenade plantée d’arbres qui fait le tour d’une ville et qui occupe d’ordinaire l’espace où étaient d’anciens remparts.
Bourrelet (ou Bourlet) : Gioia. Rebord, saillie circulaire située au niveau de la bouche* des canons.
Breccia [1] : Brèche
Breccia [2] : Caillou
Brèche : Breccia. Ouverture pratiquée par les assaillants dans un ouvrage de fortification quel qu’il soit.
Caillou : Breccia. Francesco Ferretti désigne par ce terme des pierres de petites dimensions pouvant servir de projectiles dans certaines pièces d’artillerie légère (Diporti Notturni, X, p. 155).
Cabine : Camerino. Petite pièce servant au logement des officiers sur les navires. Cristoforo Da Canal emploie « ghiave » comme synonyme ou équivalent de « camerino » (Militia maritima, I, p. 64).
Camera : Chambre
Camerino : Cabine
Canna : Canon
Canon [1] : Canna. Tube métallique cylindrique évidée (voir âme*) que l’on charge d’un projectile et de poudre à laquelle on met le feu par la lumière*.
Canon [2] : Cannone. Pièce d’artillerie munie d’une bouche à feu en forme de tube servant à lancer des projectiles plus ou moins lourds.
Cannone : Canon
Cannoniera : Embrasure
Cartoccio (ou Cartozzo) : Cartouche (ou Cargousse)
Cargousse : voir Cartouche
Cartouche (ou Cargousse) : Cartoccio (ou Cartozzo). Morceau de papier ou de parchemin dans lequel on conservait la charge de poudre d’une arme à feu (par métonymie, le terme peut aussi désigner la charge et son contenant elle-même).
Cavalier : Cavaliere (ou Cavagliero)
429Cavaliere (ou Cavagliero) : Cavalier. Éminence de terre ou de pierre où étaient placées des pièces d’artillerie et qui, surplombant l’enceinte fortifiée, permettait de dominer la plaine et l’ennemi.
Cavalletto : Chevalet
Chambre : Camera. Partie de l’âme* – plus précisément située en son fond – des pièces d’artilleries anciennes où était placée la charge explosive.
Chemin couvert : Strada coperta. Chemin à ciel ouvert qui entoure une place forte, sur le bord extérieur du fossé, où les défenseurs sont à protégés du feu ennemi par un parapet*. Le chemin couvert devait être assez large pour permettre l’utilisation de mousquet ou de pièces d’artillerie légère.
Chevalet : Cavaletto. Pièce de bois mobile servant à soutenir une pièce d’artillerie. Il pouvait être formé de trois éléments disposés en trépied ou bien d’une planche reposant sur deux autres pièces de bois placées à ses extrémités.
Chèvre : Scaletta. Instrument utilisé pour lever des pièces d’artilleries de gros calibre afin de les placer sur un affût* ou sur un chariot de transport, ou pour les en enlever.
Contrafforte : Contre-fort
Contrammina : Contre-mine
Contrascarpa : Contrescarpe
Contrescarpe : Contrascarpa. Paroi extérieure du fossé, inclinée comme l’escarpe*, à laquelle elle fait front.
Contre-fort : Contrafforte. Mur solide adossé à l’enceinte d’une fortification afin de la renforcer contre les batteries* et contre la poussée du terre-plein*.
Contre-mine : Contrammina. Galerie creusée par les défenseurs d’une place-forte afin de découvrir une mine* et/ou d’en provoquer l’effondrement. Les contre-mines peuvent être construites au moment de l’édification de l’enceinte fortifiée ou pour faire face à un siège.
Corpo di guardia : Corps de garde
Corps de garde : Corpo di guardia. Ensemble des soldats qui gardent un lieu. L’expression désigne également le lieu défendu par ces soldats.
Corsaletto : Corselet
Corselet : Corsaletto. Cuirasse qui protégeait notamment les piquiers (voir pique [2]*).
Cortina : Courtine
Couche isolante : Fodera. Dans la Corona et palma militare di artiglieria d’Alessandro Capobianco (f. 28 ro), le terme « fodera » est employé pour désigner une couche isolante faite de charbon et de planches et qui, dans les magasins de poudre, sert à maintenir cette dernière dans des conditions optimales d’humidité.
Courtine : Cortina. Partie d’une enceinte fortifiée qui se situe entre deux bastions*.
Culasse : Culatta. La partie d’une arme à feu qui en constitue l’extrémité inférieure, opposée à la bouche.
Culatta : Culasse
Embrasure : Cannoniera. Ouverture faite dans les murs de fortification avec ébrasement généralement extérieur afin de permettre les tirs d’artillerie défensive.
Enceinte : Recinto (ou ricinto). Murs qui entourent une place afin d’en assurer la protection. Il existe des places à double enceinte (« piazza di doppio recinto »). Lorsque les murs sont renforcés à l’intérieur par de la terre, l’enceinte est dite « terrassée » (« terrapienata »).
Épaule : Spalla. Angle extérieur d’un bastion constitué d’une de ses deux faces* et du flanc* contigu.
Éperon : Sperone. Ouvrage saillant en maçonnerie ou en terre servant à soutenir une muraille en un point où elle est plus faible ou plus exposée aux tirs ennemis.
430Épieu : Spiedo. À l’origine, l’épieu était un bâton terminé par une pointe de fer que l’on utilisait surtout pour la chasse au sanglier. Il devient ensuite une arme de guerre en conservant ses caractéristiques principales.
Escarpe : Scarpa. Talus maçonné ou en terre qui forme une pente au bas de la muraille vers l’extérieur, bordant le fossé du côté de la place fortifiée et faisant face à la contrescarpe*.
Faccia : Face
Face : Faccia. Partie antérieure de tout ouvrage de fortification. Dans un bastion, les faces sont les deux éléments qui forment un angle saillant vers l’extérieur.
Falcone : Faucon
Faucon : Falcone. Canon de petit calibre dont les proportions, aux xvie et xviie siècles étaient variables.
Feu fichant : voir Tir fichant
Fianco : Flanc
Fila [1] : File
Fila [2] : Rang
File : Fila [1]. Le terme est employé dans la littérature militaire italienne de la Renaissance pour indiquer une ligne de soldats placés l’un derrière l’autre.
Flanc : Fianco. Élément de fortification qui unit la courtine* à la face* du bastion*.
Focone : voir Lumiera
Fodera : Couche isolante
Garnison [1] (ou Place forte) : Presidio [1]. Lieu fortifié gardé par un certain nombre de soldats fixes (garnison [2]*), en opposition à ceux qui ne prenaient les armes qu’en temps de guerre.
Garnison [2] : Presidio [2]. Groupe de soldats fixes, en opposition à ceux qui ne prenaient les armes qu’en temps de guerre, qui étaient chargés de garder une ville, une forteresse ou autre place forte (garnison [1]*).
Gengiva (o Orlo) : Bord (de la bouche)
Ghiave : voir Camerino*
Gioia : Bourrelet (ou Bourlet)
Glacis : Spalto. Talus légèrement, incliné vers l’extérieur et vide de tout obstacle, qui entoure le chemin couvert* ou la contre-escarpe* et s’ouvre sur la campagne.
Letto : Affût
Ligne (de tir) : Linea. La courbe que décrit un projectile tiré par une arme à feu. Le tir peut par exemple être rasant (radente) ou fichant [2]* lorsque le projectile, partant du flanc d’un bastion, frappe la face du bastion voisin. La ligne de défense fichante est opposée à la ligne de défense rasante. Le feu fichant rencontre un point, et s’y arrête ; le feu rasant insulte plusieurs points successivement.
Linea : Ligne (de tir).
Lumiera (ou Focone) : Lumière
Lumière : Lumiera (ou Focone). Petite ouverture par laquelle on communiquait le feu à la charge d’un canon afin de provoquer l’explosion.
Mascolo : Serviteur
Merlon : Merlone. Partie du parapet* située entre deux embrasures* ou créneau.
Merlone : Merlon
Mina : Mine
Mine : Mina. Galerie creusée sous les fortifications d’une place-forte afin d’en provoquer l’effondrement en y plaçant éventuellement une charge explosive.
Mortaio (ou Mortaro) : Mortier
Mortier : Mortaio (ou Mortaro). Le terme peut désigner un engin de guerre utilisé, avant l’avènement des armes à feu, à lancer des pierres dans une ville assiégée. Il peut désigner aussi, surtout à partir du xvie siècle, une pièce d’artillerie courte mais à la 431bouche* très large, puisqu’elle équivalait à peu près à la moitié de la longueur de l’âme*. Le mortier permettait de tirer de gros projectiles dont la ligne de tir* parabolique permettait notamment de passer au-dessus des fortifications pour frapper les places assiégées.
Ordinanza : Ordonnance
Ordine : Ordre. Voir Ordinanza
Ordre : Ordine. Voir Ordonnance
Ordonnance (ou Ordre) : Ordinanza (ou Ordine). Organisation des troupes pour les préparer au combat.
Orecchione [1] : Orillon
Orecchione [2] : Tourillon
Orillon : Orecchione [1]. Saillie arrondie qui se trouve parfois aux extrémités extérieures des flancs* d’un bastion*.
Orlo : voir Gengiva
Parapet : Parapetto. Masse de terre ou de pierre élevée sur les bords externes d’un terre-plein* destinée à protéger contre le feu de l’ennemi les défenseurs d’une place forte, disposés sur les remparts, tout en leur permettant de faire feu sur les assaillants. Il existait deux sortes de parapets : avec ou sans embrasures*.
Parapetto : Parapet
Petriero (ou Periero) : Perrier (ou Pierrier). Espèce de mortier* dont on se sert pour lancer des pierres, notamment lors du siège d’une place forte.
Petriero (ou Periero) : Perrier (ou Pierrier)
Picca [1] : Pique
Picca [2] : Pique [2] ou Piquier
Pique : Picca [1]. Arme d’hast terminée par une pointe de fer qui équipait des fantassins. Elle aurait été introduite sur les champs de bataille européens par les Suisses qui, ne disposant pas d’une cavalerie nombreuse et efficace, purent ainsi non seulement faire face aux forces étrangères mais devenir parmi les soldats les plus redoutés du début du xvie siècle.
Pique [2] ou Piquier : Picca [2]. Soldat armé d’une pique. Un piquier doté d’un corselet* est appelé « picca armata », en opposition à la « picca secca » qui n’est pas protégé par une armure.
Polverino : Pulverin (ou Poulevrin)
Presidio [1] : Garnison [1]
Presidio [2] : Garnison [2]
Pulverin (ou Poulevrin) : Polverino. Poudre fine utilisée pour déclencher l’explosion dans les pièces d’artillerie, chargées de poudre de plus gros grains.
Rang : File [2]
Recul : Rinculata. Mouvement en arrière des pièces d’artillerie au moment du départ du coup.
Rinculata : Recul
Rovinare : Ruiner
Ruiner : Rovinare. Réduire en ruines une construction en général ou un élément d’architecture défensive.
Sacre : Sagro. La plus grosse parmi les pièces d’artillerie de campagne utilisées au xvie et au xviie. Comme l’aspic*, le sacre pouvait tirer des projectiles de fer atteignant 12 livres, mais son canon était plus long que celui de l’aspic.
Sagro : Sacre
Scaletta : Chèvre
Scarpa : Escarpe
Serviteur : Mascolo. Chambre* mobile par laquelle on chargeait certains canons perriers*.
Spalla : Épaule
Spalto : Glacis
Sperone : Éperon
Spiedo : Épieu
Strada coperta : Chemin couvert
Terrapieno (ou Terraglio) : Terre-plein
432Terre-plein : Terrapieno (ou Terraglio). Plate-forme où l’on disposait les armes et les hommes servant à la défense d’une place. Plus généralement, le terre-plein pouvait désigner la masse de terre que l’on élevait derrière les murailles dans le but de les renforcer.
Tir (ou feu) fichant [1] : Tiro di ficco. Tir d’artillerie dont la trajectoire va du haut vers le bas.
Tir fichant [2] (ou de plein fouet) : Tiro di ficco [2]. Tir d’artillerie qui frappe directement sa cible, en opposition notamment au tir rasant (voir Ligne*).
Tiro di ficco [1] : Tir (ou feu) fichant [1]
Tiro di ficco [2] : Tir (ou feu) fichant [2]
Tourillon : Orecchione [2]. Élément cylindrique, généralement de métal, situé vers le milieu d’une pièce d’artillerie et qui se fixe dans la caisse de l’affût*. Grâce à leur forme, les tourillons permettent de modifier l’inclinaison de la pièce.
Traverse : Traversa. Élément de fortification en terre ou en maçonnerie servant à protéger le chemin couvert* des tirs de l’artillerie ennemie. Certains auteurs, comme Bonaiuto Lorini (Le fortificationi, I, p. 64), utilisent ce terme pour désigner les tranchées réalisées en zig-zag afin de permettre l’approche d’une place assiégée en se protégeant des tirs ennemis.
Traversa : Traverse
Tromba : Trombe de feu
Trombe de feu : Trombai. Instrument de bois ou de métal en forme de cylindre évidé que l’on plaçait au bout d’une pique ou d’un autre long manche et qui servait à attaquer l’ennemi – notamment dans les lieux étroits comme les souterrains – en allumant la charge de poudre qu’il contenait.
i. Le terme « tromba » est parfois employé dans le sens de « trompette » dans la littérature militaire du xvie siècle.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-06164-9
- EAN: 9782406061649
- ISSN: 2114-1223
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06164-9.p.0427
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-21-2017
- Language: French