Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Diderot, le génie des Lumières. Nature, normes, transgressions
- Pages: 329 to 332
- Collection: Encounters, n° 366
- Series: The eighteenth century, n° 28
Résumés
Gerhardt Stenger, « Diderot, Helvétius et le génie du petit Mozart »
À partir du cas du petit Mozart, l’article examine l’attitude de Diderot vis-à-vis des génies ou talents précoces. Un musicien de six ans est peut-être un génie potentiel, mais ses prouesses n’ont rien de génial, car le vrai génie, ou plutôt le grand homme, est toujours l’aboutissement d’un long processus. C’est un homme qui a beaucoup observé, dont les facultés exceptionnelles ont lentement mûri : un enfant, même précoce, ne peut pas être un génie, tout au plus un talent particulièrement remarquable.
Jean-Alexandre Perras, « Le génie et la pensée du continu. Matière, temps, latus »
En posant le principe de la continuité des phénomènes de la nature, la philosophie matérialiste résout peut-être les problèmes posés par le dualisme, mais soulève encore d’autres questions, dont celle du principe de liaison (latus) qui permettrait à la matière de passer d’un état à un autre. Or, pour Diderot, créer du lien est précisément l’activité par laquelle le génie se distingue du commun des hommes, grâce à une heuristique de l’analogie qui ne concerne pas seulement la matière, mais aussi le temps.
Robert Fajen, « Adresse et intuition. Diderot ou le génie du joueur »
Un bon joueur, écrit Diderot dans l’article « Jouer » de l’Encyclopédie, est à même d’évaluer en quelques secondes les probabilités de l’avenir. Cette observation contribue à l’anthropologie du génie : puisque celui-ci prévoit l’avenir, sa façon de jouer avec le temps est toujours gagnante. Deux œuvres tardives, Est-il bon ? Est-il méchant ? et Jacques le Fataliste et son maître, présentent des génies joueurs : Hardouin, le génie de la mystification, et Jacques, le génie de l’art de vivre.
330Konstanze Baron, « Le bonheur du génie. Remarques sur un problème d’organisation »
Selon Diderot, le génie résulte d’un déséquilibre dans la nature, qui privilégie un organe sur les autres, permettant à l’individu ainsi doué de se distinguer dans un domaine particulier. Se pose donc le problème du bonheur, tant individuel que social, par rapport au bon emploi du talent. En resituant sa pensée dans son contexte philosophique, cet article illustre la façon idiopratique dont Diderot tente de concilier les besoins de l’individu avec ceux de la société.
Andrea Allerkamp, « Le génie du rêve. Sur la complexité de la limite »
Le rêve montre une vérité qui a le droit à l’erreur. Ce sont les images du monde onirique qui permettent de découvrir d’autres vérités. Grâce à son attention pour ce phénomène à la fois naturel et allégorique, l’œuvre de Diderot développe un matérialisme enchanté du génie, qui se trouve à la limite entre représentation et pensée, philosophie et littérature, jugement et pulsion, esprit et corps. Le rêve est à la fois objet de la science et metteur en scène du savoir, il est le génie de l’art et du modèle idéal.
Rudolf Behrens, « Le génie, un clavecin qui parle ? La comédie transgressive dans Le Rêve de d’Alembert »
L’étude analyse deux sujets dans Le Rêve de d’Alembert qui se trouvent au centre d’une dynamique subversive liée aux idées de l’auteur sur la matière sensible. 1) Le thème de la transgression, personnifiée par Mlle de Lespinasse, allie savoir scientifique et curiosité sexuelle. 2) La réification comique et quasi-sadique de d’Alembert livré comme objet de ridicule à ses partenaires, parlant à son insu dans le rêve et réduit à un corps réagissant par la pollution à ses propres pensées oniriques.
Wilda Anderson, « Épistémologie de l’enthousiasme »
L’article « Beau » de l’Encyclopédie, permet de dévoiler une épistémologie distincte, fondée non pas sur des essences ou un langage abstrait, mais sur une multitude d’événements intra-physiques, effets d’un système de rapports en mouvement. Celui-ci est la condition de possibilité du génie, qui, dans son interaction avec le monde, participe activement à la création de sens, et 331aussi des écrits de Diderot, qui mettent en relief le caractère historique de la nature, ce qui explique leur dimension poétique.
Marie-Pauline Martin, « Grimm, Diderot et le génie rayonnant de la musique. Au sujet d’un article inséré le 1er juillet 1761 dans la Correspondance littéraire »
Dans bien des écrits de Diderot, la musique soumet les autres arts à l’épreuve de sa propre spécificité ; elle fournit l’instrument d’une appréciation des autres disciplines ; et elle offre, in fine, un moyen d’approximation du génie des arts, dont le langage théorique et descriptif ne donne pas idée. Cet article propose d’analyser ces déclarations où l’art des sons, en tant que schéma d’argumentation et stratégie du discours, agit en faveur d’une définition du génie des arts au sens large.
Michel Delon, « Diderot et le paradoxe de l’homme sans caractère »
La Satire première énumère les types professionnels et humains, comparés à des animaux. Seuls le grand homme et l’homme singe échappent à la typologie. Il s’agit d’explorer cette ambivalence chez Diderot tout en sachant qu’elle reflète la problématique même du philosophe : curieux de la diversité du monde et militant pour sa transformation. Le paradoxe se résout dans l’évolution sémantique du mot « caractère » qui désignait une place dans une typologie et se met à signifier une force vitale, un élan historique.
Ariane Revel, « Les ambiguïtés du génie politique. Réforme et civilisation dans la Russie de Catherine II »
L’action politique nécessite-t-elle du génie ? L’emploi de la notion dans les Mélanges pour Catherine II et les Observations sur le Nakaz est révélateur d’une tension : le progrès peut-il être hâté par l’action d’un seul acteur exceptionnel ? Au sein des débats sur la civilisation en Russie, Diderot circonscrit les limites d’une action qui s’enferme dans une dynamique despotique. Il lui oppose le temps nécessaire de la réforme, et laisse entrevoir la dimension collective de la production du savoir politique.
332Mary Trouille, « Diderot, d’Épinay et la querelle des femmes »
En 1772, Antoine-Léonard Thomas publia un traité qui explorait le rôle et statut des femmes dans différentes cultures et examinait dans quelle mesure leur « génie » (leurs aptitudes, leur caractère et leur comportement) relève de l’inné ou de l’acquis. Parmi les plus vives réactions figurent l’essai Sur les femmes de Diderot et la critique moins connue, mais plus féministe, de Louise d’Épinay, exposée dans une lettre à son ami Galiani. Ce débat offre un aperçu fascinant de la politique sexuelle de l’époque.
Olaf Müller, « Génie et critique. Lessing lecteur de Diderot »
Les débuts de la renommée de Diderot en Allemagne sont étroitement liés à la notion de génie qui est évoquée dans un grand nombre des réactions initiales se référant soit à sa personne, soit à ses publications. En examinant de plus près la réception de Diderot chez Gotthold Ephraim Lessing, l’article propose de montrer les nuances qui ont pu être développées dans la notion de génie lors du débat autour de la réforme du théâtre en Allemagne.
Andrea Stahl, « Génie et mélancolie. Réflexions sur un contre-concept chez Diderot »
Au xviiie siècle, les théories de la mélancolie témoignent d’une tension entre les niveaux de réel que représentent les réalités concrètes du monde et leurs fonctions respectives. Chez Diderot, la fonctionnalisation de la mélancolie réagit au remaniement des systèmes d’organisation de la société et de l’expérience sans pour autant remettre en question leur revendication d’intégration. Les ambiguïtés du concept de génie sont rendues sensibles et minimisées par ses imbrications narratives avec la mélancolie.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07850-0
- EAN: 9782406078500
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07850-0.p.0329
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 06-25-2019
- Language: French