Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Classer les mots, classer les choses. Synonymie, analogie et métaphore au xviiie siècle
- Pages : 355 à 372
- Collection : Rencontres, n° 100
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 10
Résumés
Ralph Ludwig, « Synonymie, analogie et métaphore : rhétorique et cognition au xviiie siècle »
Ralph Ludwig est professeur de philologie romane à l’université Martin Luther de Halle/Saale (Allemagne). Parmi ses axes de recherche comptent la théorie de l’oralité et l’écologie linguistique, tout comme l’histoire de la culture linguistique française aux xviie et xviiie siècles, avec ses ramifications dans la francophonie postcoloniale. Il a notamment publié Le Français au contact d’autres langues, avec F. Gadet (Paris, 2015).
Cette contribution esquisse les changements de signification des termes synonymie, analogie et métaphore du xviie au xviiie siècle, tout en les situant dans l’histoire des idées et en prenant en considération leurs implications cognitivo-anthropologiques. Ce n’est qu’au xviiie siècle que ces concepts prennent le rôle d’instruments d’« orientation » et de « catégorisation » dans la quête épistémique de l’individu. Afin de montrer l’impact de la réflexion des Lumières sur le présent, certains modèles cognitifs sont évoqués, comme celui de Robin Lakoff et Mark Johnson (dans leur livre Metaphors we live by), ainsi que la théorie des prototypes définie par Eleanor Rosch.
Der vorliegende Beitrag versucht, die Leitbegriffe dieses Bandes – Synonymie, Analogie und Metapher – in einer doppelten Zielsetzung vorzustellen. Einerseits soll deren Bedeutung im 18. Jahrhundert umrissen werden. Andererseits werden sie in eine breitere ideengeschichtliche Entwicklung eingereiht ; dabei werden ihre kognitiv-anthropologischen Implikationen betont, wie sie sich im Licht aktueller Theorien zeigen. Am Ausgangspunkt steht eine Überlegung zum Akt der Orientierung in der französischen Aufklärung. Der epistemische Drang richtet sich hier nicht nur auf die Durchdringung und Klassifikation der Wirklichkeit, sondern das erworbene Wissen hat handlungsleitende Konsequenzen für das Individuum ; Kategorisierungen sind Grundlagen für alltägliche Interaktion. Insofern werden im 18. Jahrhundert nicht nur die Sphären der Wirklichkeit epistemisch-enzyklopädisch erfasst, sondern auch die epistemologischen Instrumente hinterfragt. Dieser Zusammenhang kommt in der zentralen Metapher des « Wegs » zum Ausdruck. Mit der Metapherntheorie von Robin Lakoff und Mark Johnson und der Prototypentheorie von Eleanor Rosch
werden modernere, in erster Linie kognitive Konzepte vorgestellt. Die Untersuchung der Begriffsgeschichte setzt im 17. Jahrhundert ein. Dabei wird deutlich, dass die Rhetorik eine wesentliche Rolle in den Konzeptualisierungen spielt (Vaugelas, Bouhours). Mit dem 18. Jahrhundert vollzieht sich ein dialektischer Paradigmenwechsel hin zu einer epistemisch-anthropologisch motivierten Sicht. Ein besonderes Interesse widmet dieser Beitrag dem Synonymie-Begriff von Girard und der Theorie des späteren Condillac.
Heinz Thoma, « Rhétorique et Nature dans le Discours sur les sciences et les arts de J.-J. Rousseau »
Heinz Thoma est professeur émérite de l’université Halle-Wittenberg et éditeur du Handbuch Europäische Aufklärung (2014).
Le paradoxe fondamental du Discours sur les sciences et les arts (1750) consiste dans le rapport conflictuel entre contenu et forme. La louange de l’état de nature est articulée dans un style plein de rhétoricité et ceci en un temps où la rhétorique en général semble se trouver sur la défensive. Au lieu d’utiliser le genre délibératif voulu par ce type de discours académique, il privilégie celui du genre judiciaire pour accuser les conduites perverties de la société policée (Politesse, luxe) : autre paradoxe dans un siècle sans liberté. Les exemples donnés dans le discours montrent une série d’antithèses comme courtisan/laboureur, mensonge/vérité, vice/vertu, art/nature. Cette rhétoricité élaborée s’impose d’autant plus que Rousseau reste souvent aux généralisations hâtives, parce ce qu’il ne dispose pas, à ce moment, d’une philosophie d’histoire cohérente. Cela peut expliquer l’attitude de moralité civique et du pathétique patriotique. Rousseau, qui était très conscient des dangers et des possibilités de la rhétorique, va suggérer dans le roman d’éducation de l’Émile un dernier paradoxe : une éloquence naturelle sans arrière-pensée provenant d’une seule inspiration, le tendre amour de l’humanité.
Der Beitrag situiert Rousseaus Natur-Zivilisations-Verhältnis vor unterschiedlichen Theorieansätzen. Diese besagen zum einen, dass der Aufklärung eine Tendenz zur Entrhetorisierung eignet, in der Synonymie, Metapher wie Analogie von rhetorischen Tropen und Figuren zu Erkenntnisinstrumenten werden. Zum anderen gehen sie davon aus, dass im 18. Jahrhundert die Rhetorik renaturalisiert und als natürliche Eigenschaft legitimiert werde. Rousseau trägt diesen Widerspruch in sich aus. Er trägt seine Einrede gegen die Künstlichkeit der Kommunikationskultur der Eliten seiner Zeit und sein Plädoyer für die Authentizität der Kommunikation im Naturzustand aus dem ersten Discours selbst in einer hoch ausgeformten Rhetorizität der Antithetik vor. Dabei beruft er sich zugleich auf die Wahrheit seines Gefühls, seines Herzens und
seiner « lumières naturelles », um die Gegenposition symbolisch besetzen zu können. Im zweiten Discours hingegen, in dem er eine logisch-historische Entwicklung des Austritts aus dem Naturzustand ausbreitet, argumentiert er dialektisch, verwendet eine nüchterne Semantik und ein Vorgehen im Geist der Naturwissenschaften. Auf die Rhetorik der Antithesen rekurriert er erst am Ende der Abhandlung, wo er der moralischen Empörung über die sozialen und kulturellen Asymmetrien Ausdruck gibt, welche die « société civile » hervorbringt. Diese Polemik in der Form des Gegensatzes lässt sich noch in den Liebesplädoyers von Saint-Preux nachweisen, wohingegen er im Émile seinen Protagonisten als rhetorische Naturbegabung stilisiert, die mit der Pubertät beginnt. Hier erscheint im Paradox einer natürlichen Rhetorizität in pädagogisch-politischer Intention ein heroisch getönter Duktus, der eine deutliche Nähe zu dem aufweist, was man in Deutschland den Sturm und Drang nennt. Diese Tonalität findet sich gelegentlich auch bei Diderot. Sie kann sich aber in Frankreich gegenüber der normativen Kraft des Klassizismus als eigenständige kulturell-literarische Strömung nicht durchsetzen.
Michèle Vallenthini, « Sade et la rhétorique »
Michèle Vallenthini, ancienne boursière du fonds national de la recherche Luxembourg, a achevé une thèse sur les romans historiques du marquis de Sade en cotutelle entre l’université Martin-Luther de Halle-Wittenberg et l’université Paris-Sorbonne.
Le recueil de nouvelles non-pornographiques Les Crimes de l’Amour (1800) du marquis de Sade semble susciter les mêmes réactions violentes auprès de ses critiques que ses écrits libertins. Si ces réflexes de rejet tiennent en partie à la biographie sulfureuse de l’auteur, on peut supposer que, comme le suggèrent les analyses du critique littéraire Alexamdre-Louis de Villeterque (1759-1811), tous les textes du marquis de Sade affichent une même rhétorique. L’article passe d’abord en revue la rhétorique des textes sadiens les plus connus. Dans un deuxième temps et à l’aide d’une lecture des romans historiques écrits à l’asile de Charenton, il réfute la thèse de la dé-rhétorisation des Lumières : alors que les romans historiques du marquis de Sade semblent à première vue ancrés dans le concept de l’historia magistra vitae revenu sous Napoléon Bonaparte, il s’avère néanmoins que, derrière le ton moralisateur se dérobe toute la verve de l’éloquence sadienne.
Die nicht-pornographische Novellensammlung Les Crimes de l’Amour (1800) des Marquis de Sade scheint bei den Kritikern seiner Zeit auf genauso starke Ablehnung zu stoßen wie das pornographische Werk. Liegt das zweifelsohne auch am Lebenswandel
des Autors, so lässt sich doch, wie schon Aussagen des Literaturkritikers Alexandre-Louis de Villeterque (1759-1811) nahelegen, annehmen, dass allen Texten des Marquis die gleiche Rhetorik zugrundeliegt. Im Artikel wird zunächst die Rhetorik der bekanntesten Romane de Sades beleuchtet. In einem zweiten Schritt wird anhand der in rhetorischer Hinsicht harmlos erscheinenden historischen Romane des Marquis die These einer Entrhetorisierung der Aufklärung entkräftet : Während diese auf den ersten Blick in dem unter Napoleon Bonaparte wieder in Mode gekommenen Konzept der historia magistra vitae verwurzelt zu sein scheinen, erweist sich bei näherem Hinsehen, dass sich hinter dem moralisierenden Ton die geballte Kraft der sadeschen Eloquenz versteckt.
Marie Leca-Tsiomis, « Diderot et les synonymes dans l’Encyclopédie »
Marie Leca-Tsiomis, professeur émérite de littérature du xviiie siècle à l’université Paris Ouest – Nanterre – La Défense, est l’auteur de Écrire l’Encyclopédie. Diderot de l’usage des dictionnaires à la Grammaire philosophique (Oxford, [1999] 2008), et de nombreuses études sur ces sujets. Elle dirige les Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie.
Dans l’Encyclopédie, les articles de synonymes, apparus dès le tome I, furent en fait les premiers articles consacrés à des mots de langue commune dans ce dictionnaire qui, dans son principe, devait être réservé aux sciences, aux arts et aux métiers. Les synonymistes de l’Encyclopédie, Dumarsais, Diderot, D’Alembert, Jaucourt, et, à sa façon, Voltaire, s’inspiraient des ouvrages de l’abbé Girard à qui l’on devait une approche tout à fait novatrice des significations. La contribution de Diderot en matière de synonymes, très fournie dans les premiers volumes de l’Encyclopédie, et tarie par la suite, permet d’observer comment il mit à profit la méthode distinctive de Girard face à des enjeux politiques et philosophiques de majeure importance.
Im ersten Band der Encyclopédie erscheinen die Artikel zum Stichwort « Synonymie ». Es handelt sich hierbei um die ersten, bestimmten Wörtern der Gemeinsprache gewidmeten Artikel in diesem enzyklopädischen Nachschlagewerk. Die Synonymiker der Encyclopédie, Dumarsais, Diderot, D’Alembert, Jaucourt und, auf seine Weise, auch Voltaire ließen sich von den Werken des Abbé Girard anregen. Letzterem verdankte man eine neue, innovative Betrachtung der Wortbedeutungen. An Diderots in den ersten Bänden der Encyclopédie äußerst reichhaltigen, dann in den folgenden Bänden versiegenden Beiträgen in Sachen Synonymie lässt sich beobachten, wie er sich Girards Unterscheidungsmethode im Hinblick auf politische und philosophische Streitobjekte von höchster Bedeutung zunutze macht.
Karen Struve, « Différences culturelles et ressemblances humaines. La construction de l’Autre dans l’Encyclopédie de Diderot et de d ’Alembert »
Karen Struve est assistante de recherche à l’université de Brême. Sa thèse de doctorat sur l’écriture transculturelle beur a reçu le prix Germaine de Staël. Spécialiste des littératures francophones des xviiie-xxe siècles, ainsi que des théories postcoloniales, elle travaille sur les constructions de l’altérité dans l’Encyclopédie de Diderot et de d’Alembert.
Le paradigme de la différence joue un rôle important aussi bien dans la production du savoir du xviiie siècle que dans les théories postcoloniales et transculturelles. Cependant, dans cet article, la construction de l’autre colonial est conçue dans une perspective analogique. Les modes de l’analogie oscillent entre ressemblance et différence, entre proximité et distance, et ils remettent en question le statut (supérieur) du philosophe comparé à l’autre sauvage.
Während in der Wissensproduktion des 18. Jahrhunderts, der Aufklärungsforschung wie in der postkolonialen und transkulturellen Theoriebildung das Paradigma der Differenz forschungsleitend zu sein scheint, wird in diesem Aufsatz die Perspektive auf die Konstruktionen des kolonialen Anderen von Phänomenen der Analogiebildung aus eingenommen. Die Analogien scheinen sich in der Encyclopédie (etwa in Form des berühmten Verweissystems) generell in einem dialektischen Spannungsfeld von Ähnlichkeit und Differenz zu artikulieren. Analogiebildungen sind damit ebenso identitär wie kontrastiv, ebenso verifizierend wie korrigierend angelegt. Dies wird im Bereich der Wissensproduktion über den Anderen der kolonialen Welt brisant, da dieser in animalischen oder zivilisatorischen Metaphorisierungen kultureller Differenz mal in Absetzung, mal in Analogie zum europäischen Menschen evoziert und problematisiert wird. Daneben ist aber auch die Wissensproduktion in der Encyclopédie selbst in einer kartographischen Metaphorik beschrieben, die nicht zufällig eine Nähe zur kolonialen Metaphorik des Reisens und Entdeckens aufweist und dem europäischen philosophe eine überlegene Position zuschreibt.
Jean Christophe Abramovici, « “Penser sa langue”. Condillac, le synonyme et la littérature »
Professeur à l’université Paris-Sorbonne, Jean-Christophe Abramovici est l’éditeur de textes de Diderot, Sade, Marivaux, Condillac (Dictionnaire des synonymes, Paris, 2013) et Nerciat. Il est l’auteur d’Encre de sang. Sade écrivain (Paris, 2013), d’Obscénité et classicisme (Paris, 2003) et du Livre interdit (Paris, 1996). Il travaille plus particulièrement depuis plusieurs années sur les imaginaires de la langue, le discours esthétique de Diderot et la construction de l’identité féminine.
Au-delà de sa dimension pédagogique, le Dictionnaire des synonymes de Condillac est à la fois une « introduction à la pensée de Condillac », et un ouvrage linguistique complexe et passionnant qui entreprend de recenser les synonymes pour démontrer que la langue française « est peut-être la seule qui n’[en] connaisse point » tant aux yeux de Condillac on n’y souffre aucun doublon. C’est dans cette perspective que Condillac jette un regard soupçonneux envers les écrivains. Étudier la place de la littérature dans le Dictionnaire des synonymes permet à la fois d’en comprendre la logique et de revenir sur la place de la littérature dans l’idéologie des Lumières.
Anlässlich des Präzeptorats des Infanten Ferdinand (1758-1767) verfasste Condillac für seinen Schüler ein Wörterbuch der Synonyme (Dictionnaire des synonymes), das den « Geist » der französischen Sprache darstellt. Es soll dem Lerner ermöglichen, wenn nicht ein Gespräch zu führen, so doch ein autonomer und kritischer Leser zu werden. Über diese pädagogische Dimension hinaus ist das Dictionnaire des synonymes sowohl eine, mal in großen Zügen gezeichnete, mal in ihrer Dynamik erfasste « Einführung » in Condillacs Gedankenwelt als auch ein komplexes sprachwissenschaftliches Werk, dessen Ziel die Erfassung sämtlicher Synonyme ist. Mit ihm soll aufgezeigt werden, dass die französische Sprache « womöglich die einzige Sprache ist, die keine Synonyme kennt » (« peut-être la seule qui n’[en] connaisse point »). Denn diese Sprache lässt nach Condillac keine Verdopplungen zu. Diese Perspektive veranlasst Condillac dazu, einen skeptischen Blick auf jene Schriftsteller zu werfen, die die Sprache schlecht beherrschten und schwatzhafte Amateure von « kleinen Verzierungen » (« petits ornements ») seien. Die Ermittlung des Stellenwerts der Literatur im Dictionnaire des synonymes ermöglicht es, sowohl dessen innere Logik zu begreifen als auch den Standort der Literatur im Kontext der Ideen der Aufklärung zu bestimmen.
Philippe Roger, « Les synonymes dans l’arène révolutionnaire »
Philippe Roger est directeur de recherche au CNRS (centre d’étude de la langue et de la littérature françaises des xviie et xviiie siècles, université de Paris-Sorbonne) et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Depuis 1996, il est le directeur de la revue Critique. Il est l’auteur notamment de Sade. La Philosophie dans le pressoir (Paris, 1976), Roland Barthes, roman (Paris, 1986 ; éd. de poche, 1990) et L’Ennemi américain. Génalogie de l’antiaméricanisme français (Paris, 2002 ; éd. de poche, 2004).
Que la question de la synonymie ait pu se frayer un chemin jusque dans les polémiques politiques de la période révolutionnaire est moins surprenant qu’il n’y paraît. Polémistes et publicistes, en effet, recourent volontiers à
la forme dictionnaire, qui a fait ses preuves. Quant à la synonymie, elle se donne elle-même, dès avant la Révolution, pour « philosophique » (Roubaud, Condillac). Ajoutons qu’elle jouit alors d’une véritable vogue, qu’enregistre Rivarol. Chez les pamphlétaires de la période révolutionnaire, la référence à la synonymie est parfois ouvertement revendiquée, entre captation et pastiche. Ainsi dans le pamphlet anonyme intitulé Synonymes nouveaux (1790 ?) dont l’analyse révèle à la fois l’attrait qu’exerce cette forme (avec ses mises en équivalence rapides et péremptoires) mais aussi les difficultés que son peu de souplesse oppose à ceux qui l’adoptent. Impossible d’en jouer le jeu très longtemps sans tricher ; mais cette impossibilité reflète elle-même ce que la synonymie grammairienne et philosophique comportait d’impureté dans sa démarche. La pseudo-synonymie de Synonymes nouveaux, tout en mimant les formes antérieures, travaille à amalgamer des significations et non à distinguer entre elles. Au lieu d’être un « nuancier » du sens, cette synonymie pamphlétaire impose des identifications brutales et sans nuances. Alignant les « grands mots » de la révolution en chapelets pseudo-synonymiques, le pamphlétaire contre-révolutionnaire en affiche l’ultime insignifiance. Le second texte analysé date de la période thermidorienne et s’intitule Les Synonimes jacobites (1795). À première vue, il reproduit plus fidèlement le dispositif du dictionnaire de synonymes, en présentant en vis-à-vis, sur une même ligne, deux signifiants à la fois séparés et reliés par une série de points de suspension. Mais il s’agit là encore d’un jeu, et plus complexe encore, puisque ce pseudo-dictionnaire est tout à la fois un conte, une saynète, un dialogue politique et un croquis parisien. La mise en scène synonymique sert ici, non plus à dégonfler les baudruches verbales de la révolution commençante, mais à expliquer l’énigme des mots d’ordre terroristes. Le pamphlet pseudo-synonymique a évolué avec la conjoncture historique, mais il est à noter que, royaliste ici, et là républicain anti-terroriste, il prône dans les deux cas un retour à l’ordre. Aussi voit-on sans surprise la synonymie politique et le débat qu’elle suscite reprendre, après une éclipse, pendant la Restauration – en particulier dans le Conservateur littéraire des frères Hugo. Le recours contre-révolutionnaire ou conservateur à la synonymie apparaît donc comme la réplique, d’ampleur modeste et de moyens limités, donnée à la novation révolutionnaire et, en fin de compte, comme une démarche anti-néologique.
Hinter der Auseinandersetzung mit Synonymen verbirgt sich in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts mehr als nur eine pedantische Form der Wissenschaft oder ein frivoler Umgang mit Sprache. Vielmehr weist sie, besonders am Vorabend der Revolution, eine explizit philosophische Dimension mit reformatorischen Ambitionen auf. Seit dem Erfolg von Girards La Justesse de la langue française ou les mots qui passent
pour synonymes (1718) und etlichen Neuauflagen der Synonymie-Werke Beauzées und Roubauds wird in den Dictionnaires de synonymes ab der zweiten Jahrhunderthälfte das Sprachspiel zunehmend zugunsten philosophischer Bestrebungen verdrängt. Am explizitesten werden letztere um 1789 : Eine kontinuierliche Popularisierung der Synonymie wie im chanson und im Pamphlet deutet auf eine intensive Politisierung der Beschäftigung mit Sprache hin. Die politisch-philosophische Praxis der Synonymie scheint indes weitgehend auf die Revolutionszeit beschränkt gewesen zu sein : Unter den Harmonisierungsbestrebungen Napoleon Bonapartes wird die politische Seite der Synonymie weitestgehend verdrängt. Die pamphletischen Synonymie-Texte geraten in Vergessenheit, während die bekannten Nachschlagewerke in die unverfängliche und entpolemisierte Form von Kompilationen und Anthologien Eingang finden. Das politische Kräftemessen der Restauration ermöglicht noch ein letztes, im Vergleich zur Revolution jedoch stark abgeschwächtes Aufbegehren einer Synonymie mit polemischem Hintergrund. Augenscheinlichster Beweis dieser Entpolemisierung ist das Erscheinen der Nouveaux synonymes français à l’usage des jeunes demoiselles Mlle Faures (1819).
Rudolf Behrens, « La mise en discours de l’imaginaire. Stratégies métaphoriques de la conceptualisation de l’imagination dans L’Homme Machine de La Mettrie »
Rudolf Behrens est professeur de philologie romane à l’université de Bochum depuis 1989. Ses champs de recherche sont la rhétorique, l’âge classique, le théâtre de la renaissance, les science et lettres et l’anthropologie littéraire. Il a notamment publié Der ärztliche Fallbericht (2012), Räume des Subjekts um 1800 (2010).
La présente étude se penche sur le problème de l’imagination dans L’Homme machine de La Mettrie. Dans son ouvrage, La Mettrie substitue le terme flou d’imagination au concept d’âme, concept devenu obsolète dans le contexte d’un matérialisme radical mais qui laisse un vide à combler. L’article entreprend la démonstration du concept d’imagination chez La Mettrie perçu comme le résultat de stratégies discursives empreintes de dérivés métaphoriques et métonymiques et qui mettent en relief, par là même, les illusions terminologiques tout en recherchant une terminologie et désignation nouvelle et sérieuse de l’appareil cognitif.
Die Studie fokussiert in La Mettries Hauptschrift L’Homme machine das oft gescholtene, terminologisch unregulierte und stark rhetorische (also : « uneigentliche ») Ersetzen einer obsolet gewordenen « Seele » durch eine unscharf begrenzte « imagination ». Sie geht von einer epistemischen und diskurshistorischen Voraussetzung aus. Zunächst ruft sie den begrifflichen Apparat in Erinnerung, der den cartesischen und postcartesischen
Psycho-Physiologien zu Gebote steht, wenn sie sich bemühen, die Imagination und ihre Tätigkeit generell im Gefüge einer auf zeichenhaften Repräsentationen aufbauenden Systematik von Elementen des kognitiven Apparats (« Idee », « Lebensgeister », « Spur » usw.) terminologisch zu erfassen. Vor diesem Hintergrund der Reibung zwischen phänomenologisch vielfältig erfahrbarer Imagination und gegebenem begrifflichen Gerüst, aus dem sich die aufklärerischen Imaginationstheorien nur schwer herauslösen können, stellt sich La Mettries Denken der Imagination – und ihre Verbalisierung – als diskursive Strategie permanenter metaphorischer und metonymischer Verschiebungen dar. Weil die Leerstelle eines kognitiven Zentrums (die « Seele ») im radikalen Materialismus unbesetzt bleibt, rückt die von Cartesianisten und Sensualisten gleichermaßen angefeindete und nur notdürftig eingepasste facultas der « imagination » in das Vakuum ein. Denn sie vermag durch die ihr anhaftende Semantik des Proteisch-Performativen das Kreationsmoment aller Denkvorgänge gleichsam in actu vorzustellen : Der Traktat wird so gleichzeitig zu seinem Bemühen, das Zentrum der kognitiven Vorgänge zu bezeichnen, zu einer ironischen Polemik ohne gesicherten terminologischen Hintergrund. Er löst die Illusion solcher Terminologien in der Performanz metaphorischer Verschiebungen auf, ohne damit die Ernsthaftigkeit des Suchens nach neuer Begrifflichkeit für die Benennung des « Denkzentrums » in Frage zu stellen.
Rainer Godel, « Langue et vérité. Johann Gottfried Herder : Traité sur l ’origine de la langue »
Rainer Godel est professeur de littérature allemande à l’université de Halle-Wittenberg et directeur du centre de recherche de l’Académie nationale allemande (Leopoldina). Ses champs de recherche sont la philosophie, la littérature et les sciences du xiiie siècle, le théâtre de la Weimarer Klassi et la modernité et la popularité dans le xxe siècle.
Dans la philosophie de la langue de Johann Gottfried Herder, analogie, métaphore et synonymie jouent un rôle capital. Elles postulent une possibilité du langage qui contredit la certitude et l’exactitude de la philosophie de la langue. Dans son Traité sur l’origine de la langue (1772), Herder arrive à une solution radicale. En établissant la langue dans ce qui constitue l’homme, la notion de « vérité » acquiert un nouveau sens : Il y a une « vérité » de la langue humaine qui se caractérise par son inexprimabilité.
In Johann Gottfried Herders Sprachphilosophie und Theorie der Sprache nehmen Analogie, Metapher und Synonymie eine entscheidende Rolle ein : Sie konturieren, mit Hans Blumenberg gesprochen, einen Raum der Unbegrifflichkeit, eine Möglichkeit der sprachlichen Verfasstheit, die der Bestimmtheit und Exaktheit philosophischen
Sprachdenkens widerspricht. Herder setzt sich in seiner Abhandlung über den Ursprung der Sprache (1772) dezidiert mit den französischen Sprachtheoretikern auseinander, und er gelangt nicht zuletzt dadurch zu einer – zumindest für den deutschsprachigen Raum – radikalen Lösung. Durch die Fundierung der Sprache im genuin Anthropologischen, in dem also, was den Menschen ausmacht, erhält « Wahrheit » eine neue Semantik : Es gibt eine « Wahrheit » sprachlicher Phänomene der Unausdrücklichkeit.
Hans Adler, « Synonymie : l’identité du différent »
Hans Adler est Halls-Bascom Professor for Modern Literature Studies à l’université de Wisconsin à Madison dans les départements d’allemand et de littérature comparée. Il est l’éditeur des Monatshefte für deutschsprachige Literatur und Kultur. Sa recherche et ses publications couvrent la littérature, philosophie, esthétique et épistémologie du xviiie siècle jusqu’au présent.
La contribution tente de cerner le phénomène « synonymie » d’un point de vue saussurien aussi bien que historique. La perspective linguistique dans un sens plus restreint constitue le point d’une réflexion qui saisit la performance linguistique et gnoséologique de la synonymie sur le canevas du discours philosophique, esthétique et littéraire. Trois exemples de concepts de la synonymie au xviiie siècle – Christian Wolff, Alexander Gottlieb Baumgarten et Johann Gottfried Herder – fournissent les illustrations historiques servant à définir l’identité de la différence dans le contexte du discours des Lumières. Il s’avère que la synonymie est un des outils heuristiques qui explore et élargit l’horizon de la connaissance humaine.
Im Beitrag wird versucht, das Phänomen « Synonymie » sowohl aus Saussurescher Sicht als auch in historischer Hinsicht zu erfassen. Die linguistische Perspektive im engeren Sinne dient als Ausgangsposition, von der aus die sprachliche und gnoseologische Leistung der Synonymie im Horizont des philosophischen, ästhetischen und literarischen Diskurses umrissen wird. Drei Beispiele unterschiedlichen Verständnisses der Synonymie aus dem 18. Jahrhundert – Christian Wolff, Alexander Gottlieb Baumgarten und Johann Gottfried Herder – bringen historische Belege bei, um die Identität des Verschiedenen im Kontext aufklärerischen Denkens zu profilieren. Es zeigt sich, dass die Synonymie eines der heuristischen Werkzeuge ist, mit denen der menschliche Wissens- und Erkenntnishorizont erkundet und erweitert werden kann.
Caroline Jacot-Grapa, « Substitutions et déplacements. La langue des rapports éloignés selon Denis Diderot »
Caroline Jacot Grapa est professeur de littérature du xviiie siècle à l’université Lille 3. Ses recherches portent sur la poétique du matérialisme des Lumières et la vie psychique. Elle a publié L’Homme dissonant au dix-huitième siècle (Oxford, 1997), Dans le vif du sujet. Diderot corps et âme (Paris, 2009).
Dans ses Observations sur Hemsterhuis, Diderot propose des substitutions de mots qui au-delà de toute rationalité synonymique opèrent des déplacements critiques. Sa lecture révèle sa propre conception de la complexité des opérations de la pensée, en regard de celle du philosophe hollandais. On la mettra en relation avec le développement d’une poétique de l’intervalle, musical et cognitif, des rapports éloignés constitutifs d’une « pensée associative » qui structure sa conception de l’interprétation.
Ausgehend von Abbé Girards Feststellung, wonach « es keine perfekten Synonyme gibt » (« il n’y a point de synonymes parfaits »), thematisiert dieser Beitrag die philosophische Verwendung der sprachlichen Differenzierung und lexikalen Substitution. In den Observations zu François Hemsterhuis’ Lettre sur l’homme et ses rapports (1773) suggeriert Diderot die Forderung nach einer rigorosen philosophischen Sprache. Doch dieser rationalen Arbeit an der Sprache steht eine Denkweise gegenüber, die jene Arbeit problematisiert. Einerseits markiert die philologische Arbeit Berührungspunkte zwischen den « Systemen » und der Erzwingung radikaler Verlagerungen. Andererseits dokumentiert die Analyse der Begriffe, die bei Hemsterhuis Diderots Aufmerksamkeit wecken, dessen eigene Auffassung denkerischer Komplexität. Denkvorgänge folgen dem modus operandi der Verkettung, der « unendlich schnellen » Verknüpfung, da die « Beziehungen » (rapports) zwischen den Gedanken unbewusst bleiben. Die bei Hemsterhuis im Fokus stehende Sprache der « Beziehungen » impliziert die Idee einer Dynamik, welche die Inbezugsetzung initiiert. Letztere ist allgegenwärtig : in der Erforschung der Denktätigkeit, im Funktionieren des Verstandes sowie der Urteilskraft. Ursprünglich bringt Diderot das Thema in seinen Principes généraux d’acoustique auf. Im Unterschied zu Rousseau interessiert er sich für die ganze Skala möglicher Beziehungen, sogar auf die Gefahr der Dissonanz, des Sequentiellen, des Diskontinuierlichen hin. Überdies hinterfragt er die Interpretation dieser Beziehungen, ohne dabei Denkvorgänge als irrationale zu verstehen. Diderot entwirft eine Poetik des Intervalls, der weit voneinander entfernten Bezüge, welche als wesentlicher Bestandteil einer « assoziativen » Denkart erscheint. Sie impliziert Verschiebungen von der Mathematik und Musik zur bildlichen Darstellung des Seelenlebens und Fassungsvermögens. Diese Poetik bürgt für die Kohärenz eines système, das sich
der Erkundung des Aleatorischen, der unvorhersehbaren Begegnung, der kreativen Zufälle verschrieben hat.
Olaf Breidbach, « Analogie systémique. Des scarabées, des fluides électriques et de l’ordonnancement de ce qui est certain »
Olaf Breidbach a été professeur de l’histoire des sciences à l’université Friedrich Schiller à Jena de 1995 à 2014. Ses champs de recherche sont la théorie et l’histoire des sciences, la culture scientifique autour de 1800, la philosophie de la nature. Il a notamment publié Neuronale Ästhetik (2013), Radikale Historisierung (2011), Goethes Naturverständnis (2011).
L’analogie s’inscrit dans le catalogue méthodique d’une approche empirique et analytique de la nature. Elle pose le cadre méthodique de toutes considérations comparatives, tout du moins dans le domaine des sciences de la vie. L’emploi de l’analogie ne peut être limité aux activités d’un groupe de personnes autour de Schelling et Ritter. Le Romantisme ne permit de présenter qu’un critère relatif de distinction entre les sciences et le paysage du savoir autour 1800. La recherche de concepts, avec lesquels les différents complexes de phénomènes pourraient être agencés, était la préoccupation de la recherche expérimentale. Il s’agissait de se pencher sur l’analogie avec ce qui était déjà connu et ainsi de préciser dans le cadre de cette comparaison en quoi le nouveau, avec lequel il faudrait désormais composer, était-il vraiment nouveau.
Die Analogie war schon weit vor 1800 das gängige Verfahren einer Experimental-Physik : Sie gehörte vor der Genese einer spekulativen Naturphilosophie zum Methodenbestand einer empirisch-analytisch vorgehenden Naturforschung. Schließlich wird eine Beobachtung immer nur in Bezug auf bisher schon registrierte Erfahrungen konturiert und in diesem Bezugsystem positioniert und identifiziert. So setzt die Analogie bis in das 21. Jahrhundert den methodischen Rahmen einer vergleichenden Betrachtung, zumindest im Bereich der Biowissenschaften, Anthropologie und Psychologie. Die Nutzung der Analogie und des Analogisierens war und blieb nicht auf die um 1800 agierende Gruppe von Schelling, Ritter und anderen eingegrenzt. Die Analogie wurde auch mitnichten von diesen Protagonisten erfunden. Es wird offenkundig, dass das Romantische nur sehr bedingt ein Distinktionskriterium zwischen den sciences und den noch spekulativ begründeten Wissenslandschaften des ausgehenden 18. Jahrhunderts aufzuweisen erlaubte. Für die seinerzeitige Experimentalforschung galt es, Begriffe zu finden, mit denen Phänomenkomplexe sinnvoll zusammenzustellen waren. Erst wenn solch eine Zusammenstellung in begründeter- und nachvollziehbarerweise gelungen war, konnten die Details der diesen Phänomenen unterliegenden Wirkschichtungen
in den Blick genommen werden. Das dann neu Aufgenommene war außerhalb der überkommenen Schematismen zu platzieren. Es war in Analogie zu dem Bekannten zu setzen, um so schon im Vergleich klar zu machen, dass das Neue in der Tat etwas war, das in dieser Differenz als etwas bestimmt war, mit dem umzugehen wäre.
Daniel Fulda, « Synonymie vs différenciation conceptuelle. De la littérature allemande de Frédéric II de Prusse et les avatars sémantiques du concept de littérature au xviiie siècle »
Daniel Fulda (université de Halle) est professeur de littérature allemande et directeur de l’institut interdisciplinaire de recherche sur les Lumières en Europe (IZEA) ; il a été président de la société allemande d’étude du xviiie siècle (DGEJ) de 2010 à 2014. Il s’intéresse aux constructions d’histoire en littérature et en historiographie et aux questions de périodisation.
Dans leur acception première d’ensemble de la culture de l’écrit, les termes de littérature et de Litteratur servaient de synonymes à sciences/Wissenschaften ou à lettres. C’est à ce titre qu’en 1780, Frédéric II accuse la Litteratur allemande d’être restée loin derrière les Français. Le présent article se propose d’expliquer la véhémence excédant le seul débat autour du traité de Frédéric en montrant que le parti opposé défend une signification toute moderne de littérature auquel l’historiographie, la philosophie ou d’autres sciences n’étaient plus associées.
Die Begriffe littérature und Litteratur durchliefen im Zeitalter der Aufklärung einen grundlegenden Bedeutungswandel. Anfänglich bezeichnete der Begriff die Schriftkultur in ihrem ganzen Umfang, deren Werke sowie die erforderlichen intellektuellen Fähigkeiten ; seit Mitte des 18. Jahrhunderts bildete sich die heute geläufige Hauptbedeutung « ästhetisch anspruchsvoller, meist fiktionaler Text » heraus. Im älteren Verständnis des Begriffs konnte er synonym mit sciences/Wissenschaften oder lettres und sogar mit connoissances und lumières verwendet werden. Dies tat noch Friedrich II. in seinem Traktat De la littérature allemande (1780), in dem er die deutsche Litteratur als weit hinter den Alten und den Franzosen zurückgeblieben beschrieb. Die zahlreichen Kritiker des Königs argumentierten hingegen mit einem engeren Literaturbegriff : Wenn sie die deutsche Litteratur ihrer Zeit als aufblühend verteidigten, hatten sie nicht mehr die Historiographie, die Philosophie und andere Wissenschaften zugleich im Auge. Der Beitrag erklärt die Heftigkeit der Debatte über Friedrichs Traktat aus diesen unterschiedlichen Literaturbegriffen. Der zur Synonymisierung neigende Begriffsgebrauch des Königs wird mit der auf Begriffsunterscheidung zielenden lexikalischen Synonymik der Epoche kontrastiert und aus der Geselligkeitsfunktion von Litteratur in der alteuropäischen Oberschicht
hergeleitet. Hingegen verweist die Auflösung der Synonymie von littérature, lettres und sciences bei Friedrichs Kritikern auf die Autonomisierung und funktionale Ausdifferenzierung der Literatur am Ende des 18. Jahrhunderts.
Gisela Febel, « La pantomime comme langage universel ? Réflexions sur les analogies du corps de Denis Diderot à Heinrich von Kleist »
Gisela Febel est professeur de littératures romanes et de la théorie des cultures à l’université de Brême et directrice de l’institut d’études postcoloniales et transculturelles INPUTS. Ses domaines de recherche sont les littératures françaises et francophones, l’histoire des modernités, l’épistémologie, la théorie de la littérature et l’esthétique transculturelle.
Dans leurs théories sur l’origine des langues, Condillac, Rousseau et Diderot montrent que la langue des signes doit être comprise comme modèle d’une sémiose originelle, où le corps se trouve placé à l’origine du processus de la signification. La pantomime devient ainsi chez Diderot la forme parachevée d’un langage en apparence naturel. Envisagée avec ironie dans Le Neveu de Rameau, elle devient dans le Paradoxe sur le comédien un langage totalement naturel dans la mesure où le comédien idéal produit des signes sans rien éprouver. Ce même paradoxe est présent dans le célèbre essai d’Heinrich von Kleist Sur le théâtre de marionnettes. L’évolution du débat sur la pantomime révèle le passage d’une signification sémiotique (développée en France notamment) à une programmatique esthétique présente surtout en Allemagne.
Der Beitrag diskutiert Analogien des Körpers, die mit dem Leib-Seele-Problem zusammenhängen. Geste und Gebärdensprache werden, wie Analysen von Condillac, Rousseau und Diderot zeigen, im Kontext der Sprachursprungstheorien nicht als Imitationshandlungen, sondern als Modelle einer primären Semiose verstanden. Damit wird der Leib an den Beginn eines Sinnbildungsprozesses gesetzt. Die Analogie der Geste mit der Zeichenbildung wird von den Philosophen genutzt, um eine natürlichere Sprache einzufordern und die soziale Künstlichkeit zu kritisieren. Die Pantomime ist wiederum in Analogie zur Geste die gesteigerte und vollendete Form dieser scheinbar natürlichen Sprache, so dass das groteske Spiel aus Diderots Neveu de Rameau ironisch als Ideal des Sprechens erscheint. Die Frage nach der Präsenz der Seele in den Äußerungen, in der Form von echten Gefühlen, wird von Diderot im Paradoxe sur le comédien negativ beschieden ; der ideale Schauspieler ist komplett natürlich als Pantomime und seelenlos und affektfrei, weil er Zeichen aus zweiter Hand produziert. Ein ähnliches Paradox findet sich in Heinrich von Kleists Essai Über das Marionettentheater (1805). Hier ist es der ideale Tänzer, der sich entweder nach
dem affektentleerten Modell einer Marionette oder dem instinktgesteuerten natürlichen Vorbild eines Bären bewegen soll. Der Verlauf der Debatte um die Pantomime zeigt eine Wendung von einer vor allem in Frankreich entwickelten semiotischen Deutung zu einer ästhetischen Programmatik, die in Deutschland vorherrscht, sich aber auch in Diderots Paradoxe erkennen lässt.
Charles Vincent, « Tous dans le même sac d’immoralité. Les pseudo-synonymes comme arme polémique au crépuscule des Lumières »
Charles Vincent a enseigné à la Sorbonne, puis dans les collèges universitaires français de Saint-Pétersbourg et Moscou. Ses recherches portent sur la littérature et les débats d’idées du siècle des Lumières, notamment autour de la morale et du silence. Il a publié Diderot en quête d’éthique (1773-1784) (Paris, 2014).
La controverse religieuse et morale qui oppose les « Philosophes modernes » à l’Église catholique en France au xviiie siècle se joue sur le terrain des mots tout autant que des idées et des actions. Les pseudo-synonymes permettent de dénoncer les « Philosophes » comme « impies », « athées » ou encore « libertins ». Derrière cette pseudosynonymie se cachent de nombreux arguments plus ou moins rationnels des polémistes, notamment l’« argument de direction » (Perelman) qui veut que la libre pensée conduise inéluctablement à l’athéisme et au vice. Mais les philosophes eux-mêmes utilisent des arguments similaires, preuve de la grande symétrie du débat.
Die religiöse und moralische Auseinandersetzung zwischen den « philosophes modernes » und der katholischen Kirche im 18. Jahrhundert in Frankreich wird auf den Gebieten der Wörter, der Ideen und der Taten ausgetragen. Seit dem Deus sive natura von Spinoza und dem Streit um den tugendhaften Atheisten aus Bayles Dictionnaire werden in polemischen Schriften Stellungnahmen der Philosophen mit dem Atheismus und der Unfrömmigkeit und folglich mit der Libertinage und dem Laster synonym gesetzt. Die Kette von Pseudosynonymen wird in Frage gestellt durch das Système de la Nature (1770). Dennoch lebt diese Kette in den apologetischen Schriften fort. Sie argumentieren mit der Inkonsequenz, der Verschwörungstheorie, dem heimlichen Bündnis des Lasters, der Heuchelei und nicht zuletzt mit der Torheit der philosophischen Lehren. Inmitten dieses Mosaiks von Argumenten bauen die christlichen Apologeten ein Schreckgespenst auf : Jedweder Verzicht auf das christliche Dogma führe unweigerlich zum Atheismus und zu Amoralität. Dieses « steuernde Argument » (« argument de direction », Shaïm Perelman) wird beinahe identisch von den atheistischen Materialisten verwendet, jedoch unter umgekehrten Vorzeichen : Jegliche Bezugnahme auf Gott führe zur Herrschaft der Intoleranz und Verfolgung
zurück. Dabei wird vorrangig der Deismus als hybride Lehre wahrgenommen, da er nicht die Konsequenz aus philosophischen und religiösen Stellungnahmen ziehe. In der 1780 veröffentlichten dritten Fassung der Histoire des deux Indes entwerfen Raynal und seine Mitarbeiter ein Bild der Religionsgeschichte, in dem jede Lehre auf rationale Weise zur nächsten führt – bis hin zum Atheismus und Skeptizismus. Die sorbonnesche Censure und Raynals Réponse à la Censure zeigen, wie sehr die synonymischen Assimilationen sowie das Abdriften der Dogmen im Zusammenhang mit einer spezifischen Auffassung von Wahrheit stehen.
Olivier Ritz, « Les orages de la révolution, une métaphore incertaine »
Olivier Ritz est l’auteur d’une thèse sur les métaphores naturelles dans le débat sur la Révolution de 1789 et 1815. Il a publié des articles sur l’Antiquité dans la littérature révolutionnaire, sur Chateaubriand et sur les premières histoires de la Révolution. Il enseigne les lettres classiques au lycée Jean-Jaurès de Montreuil.
La métaphore des « orages de la révolution » est l’une des plus fréquemment employées dans le débat sur la Révolution entre 1789 et 1815. Elle est aussi particulièrement incertaine. La tension créée par le rapprochement des deux termes ouvre un espace interprétatif et conflictuel. Les discours sur la nature et sur la politique se mêlent et se redéfinissent. Bien qu’elle soit parfois un cliché, la métaphore des orages de la révolution est donc une « métaphore vive » parce qu’elle a « le pouvoir de redécrire la réalité » (P. Ricœur).
Die Metapher der « orages de la révolution » zählt zu den am häufigsten verwendeten in der Debatte über die Revolution zwischen 1789 und 1815. Sie ist in hohem Maße unbestimmt. Um « Gewitter » mit « Revolution » in Verbindung zu bringen, sind mehrere sprachliche Kombinationen möglich. Neben dem Plural für die « Gewitter » und dem Singular für die « Revolution », sind weitere Wendungen möglich. Überdies unterscheiden sich Gewitter nicht immer von Stürmen, Böen, Fluten und sonstigen heftigen Unwettern. Die Wendung orages de la revolution, so wie sie in zwei wichtigen amtlichen Texten aus dem Jahre 1791 vorkommt, setzt sich allmählich in sämtlichen Texten durch. Dabei nutzen die Verwendungen jener Metapher die Angst vor Unruhen aus : sowohl Verfechter als auch Gegner der Revolution verwenden sie, um sich für den Frieden zu verbürgen oder um sich für ihre Beharrlichkeit bewundern zu lassen. Die durch die Nebeneinanderstellung beider Termini erzeugte Spannung öffnet einen interpretations- und konfliktträchtigen Raum, dessen Hauptstreitpunkt die Zeit ist. Zwischen Wiederholung und Ruptur, zwischen Plural und Singular interagieren orage(s) und revolution in einem semantischen Spiel, das von der vielseitigen metaphorischen Verwendbarkeit des Worts orage und seinem potentiellen Bezug
zu den Leidenschaften profitiert. Die « Gewitter der Revolution » partizipieren an den metaphorischen Netzen, in denen die Diskurse über die Natur sich vermischen und redefinieren. Weder sortieren die natürlichen Metaphern noch ordnen sie ein ; sie verlagern fachwissenschaftliche Grenzen, indem sie neue Kontinuitäten erfinden. Die Metapher der « Gewitter der Revolution » verdankt ihre Unbestimmtheit der Tatsache, dass sie mit dem, was Paul Ricœur « die Fähigkeit […], die Realität neu zu beschreiben » nennt, spielt.
Michel Delon, « Qu’est-ce qu’un demi-soupir ? De Crébillon au régime moderne d’historicité »
Michel Delon est professeur de littérature française à la Sorbonne. Historien des idées, il a dirigé le Dictionnaire européen des Lumières (Paris, 1997, traduction américaine 2001), édité Diderot et Sade dans la bibliothèque de la Pléiade. Ses essais les plus récents sont Le Principe de délicatesse. Libertinage et mélancolie au xviiie siècle (Paris, 2011), Diderot cul par-dessus tête (Paris, 2013), Sade, un athée en amour (Paris, 2014).
« Après quelques autres discours, il a pris congé de moi avec un demi-soupir, et m’a prié de lui faire l’honneur de l’avertir quand mon cœur serait dans de meilleures dispositions pour lui, qu’il n’oublierait rien pour les mériter, et enfin tout ce que peut dire un homme qui serait trop heureux que sa femme lui voulût du bien. » Ainsi s’achève le compte-rendu, par la marquise de Crébillon, des confidences que son mari lui a faites de ses déboires sentimentaux (Lettres de la marquise, 1732). En dehors des termes techniques, les néologismes en –demi dans le vocabulaire moral sont rares avant Crébillon. Demi-soupir tient à la fois d’un sens technique comme en musique, permettant des fractions, et d’un sens moral qui y est réfractaire. Les réalités du cœur sont-elles susceptibles d’une mesure et d’une division ? Le reproche a été fait aux Modernes d’une confusion du physique et du moral. Selon le président Hénault, Marivaux aurait prouvé la divisibilité du cœur à l’infini, tandis que l’abbé Coyer ironise sur un siècle qui ne s’attache qu’aux finesses : « Nous disséquons les vertus, nous analysons les sentiments, nous fendrions un cheveu en quatre. » L’analyse empiriste divise bien l’être humain en sensations, mais pour reconstruire la progression d’une expérience. Parallèlement à la division d’une société en crise dont le demi-soupir serait le symptôme, l’anthropologie des Lumières pense le passage du corps à l’individu, de l’individu au couple, à la famille et à la société selon le principe du redoublement.
Eine Marquise von Crébillon sagt von ihrem Gemahl, einem kleinen Herrn : « Er hat sich mit einem halben Seufzer (demi-soupir) von mir verabschiedet. » Diese
Termini kommen im moralischen Vokabular vor den 1732 veröffentlichten Lettres de la marquise nur selten vor. Dieser Trend scheint Crébillon zuzuschreiben zu sein. In Le Sopha schlägt er einen materiellen « halben Tag » (demi-jour) vor, und, nach dem « halben Seufzer » (demi-soupir) in den Lettres de la marquise, eine moralische « halbe Kühnheit » (demi-témérité) in den Lettres athéniennes. Dieses Wortfeld verdeutlicht die widersprüchlichen Beziehungen zwischen den Verhaltensregeln der Natur und der Gesellschaft. In der Musik ist die Rede von einem demi-soupir, einer « Achtelpause », und die Encyclopédie führt annähernd fünfzig, mit der Vorsilbe demi- beginnende Termini an, die aber ausschließlich aus dem handwerklichen und wissenschaftlichen Bereich stammen. Demi-soupir weist also zugleich eine technische, die Zerlegung in Bruchteile ermöglichende, und eine moralische, der Zerlegung entgegenwirkende, Bedeutung auf. Heißt dies, dass die Angelegenheiten des Herzens messbar bzw. teilbar sind ? Können Gefühle, wie beispielsweise Sehnsucht oder Trauer, Viertel- bzw. Achtelseufzer hervorrufen ? Modernen Autoren hat man die Verwechslung von Physik und Moral vorgeworfen. Laut Président Hénault hat Marivaux den Beweis für die Teilbarkeit der Liebesdinge ad infinitum erbracht. Die epochentypische Entwicklung analytischer Messgeräte fördert die Kunst der Subversionen. Zudem scheut sich die empirische Analyse nicht davor, den Menschen in unterschiedliche Empfindungen aufzugliedern. Parallel zur Spaltung einer sich in einer kritischen Lage befindenden Gesellschaft, deren Krisensymptom der « Halbseufzer » (demi-soupir) ist, thematisiert die Anthropologie der Aufklärung den Übergang vom Organismus zum Individuum, vom Individuum zum Liebespaar und schließlich zur Familie und Gesellschaft.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-3209-5
- EAN : 9782812432095
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3209-5.p.0355
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/12/2014
- Langue : Français