Avec ce numéro, les Cahiers Tristan entrent dans leurdixième année. Nous avons souhaité à cette occasion élargirle champ de nos études. C'est ce qui justifie !e titre généralde cette publication. Ce titre est dépourvu d'artifice. AuXVIIesiècle, l'his-toire de la littérature et des arts en France ne peut être sépa-rée de ses entours européens. En témoignait l'an dernier lecolloque organisé par la Société d'Étude duXVIIesiècle àTübingen. Le thème implique l'évocation des voyages del'écrivain, les influences qui se sont exercées sur son cpuvre,la réception de celle-ci à l'étranger. Comme son contemporain Théophile, Tristan fut plu-sieurs fois exilé. Le Page évoque ses premières errances,notamment en Angleterre. Plus tard, le poète accompagnerason protecteur Gaston d'Orléans en Lorraine. Dans les dixdernières années de son existence, retenu à Paris par la pau-vreté et la maladie, Tristan célèbrera du moins l'expéditionde Naples et vivra par l'imagination les déboires de son der-nier maïtre, Henri De Guise. Mais Tristan est surtout européen par son inspiration etsa maîtrise dans l'art des vers. On ne rappellera ici que sadette envers la poésie pétrarquiste et mariniste, et /es modè-les que l'Italie proposait à son théâtre.
Ce qui touche le plus peut-être le lecteur de Tristan, c'estl'association, en son esprit et en son imagination, d'un cons-tant attachement à la Marche qui l'a vu naître et à Paris oùil connut tant de joies et de chagrins et d'une propension demélancolique à l'évasion vécue ou rêvée vers d'autres cieux.Le premier numéro des Cahiers évoquait le thème du dépay-sementtel qu'il se rencontre dans l'ceuvre. Le numéro III étaitconsacré aux "dialogues " du poète avec ses contemporainsfrançais. Le voici en dialogue avec l'Europe. J.M.