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- Publication type: Journal article
- Journal: Cahiers Tristan Corbière
2018, n° 1. « Ça ? » - Pages: 325 to 336
- Journal: Tristan Corbière Studies
Comptes rendus
Catherine Urien, Au pays de Tristan Corbière, La Riche, Diabase Littérature, 2017, 126 p.
En 2011, Jean-Luc Steinmetz faisait paraître le monumental Tristan Corbière, une vie à-peu-près. L’ouvrage, pourtant définitif, n’épuisait pas la veine de travaux plus modestes. Catherine Urien en propose l’un des tout premiers depuis cette date.
Le parti poétique de l’auteur consiste à se glisser dans les zones laissées vacantes par le matériau biographique. Catherine Urien multiplie ainsi avec bonheur les stases descriptives d’une vie dont on ne sait en définitive que peu de choses. C’est en effet dans les interstices du factuel que sa prose se déploie, en une écriture poétique à plus d’un titre, puisqu’il s’agit d’une part de sonder ces espaces vides que sont ces pauses non écrites, ou à l’inverse, ces parenthèses de non-écriture dans l’existence de Tristan ; et que d’autre part, la démarche est servie par des effets de grossissement poétique, de zoom spéculatif, nourris d’une communication empathique avec son modèle, et des effets bénéfiques de l’enracinement de l’auteur dans un pays qu’elle connaît dans ses caractéristiques singulières : Roscoff, la cité du viaduc, Santec, Callot, dessinent une toponymie familière. Catherine Urien sait tisser son évocation d’extraits de lettres de Tristan à sa famille, sa mère ou Christine – et à l’aristocratique « Yours, Edouard » qui clôt certaine lettre, paraît curieusement répondre le « Yours, Henri », qui scandait la correspondance familiale d’un autre artiste déjeté et doué, talentueux et contrefait, lui aussi, Toulouse-Lautrec. Elle sait enrichir sa trame de pans d’une correspondance dont elle contribue à faire toucher du doigt la nerveuse nature, ou s’engager sur la voie d’un commentaire éclairant de l’album Roscoff. L’auteur risque une hypothèse, déploie l’éventail des possibles ; des portes s’ouvrent. Une rencontre avec Rimbaud est envisagée par l’esprit, de façon embryonnaire ; celle avec Auguste Blanqui convainc 326tout également. Il eût été bon d’esquisser celle, attestée en l’état actuel de la recherche, qui mit en contact Corbière et de Heredia à Douarnenez. Tout se tient, tant est préservée la ligne générale de l’existence, en ce puzzle biographique reconstitué par l’imaginaire. Chaque flèche tirée trouve sa cible – et significatif est que la seule erreur concerne le biographique, qui fait de la maison Bourboulon la maison de Bourdoulon.
Biographie de l’interstice, donc. Mais il est des manques que Catherine Urien ne peut par définition combler, ceux dont elle évoque le travail ravageur, à travers l’insuccès qui creuse Tristan, impuissant à posséder Marcelle. Cette errance au pays de Corbière, ce qu’on doit nous pardonner de baptiser ce voyage d’Urien, se contente d’en faire affleurer la profondeur de façon lancinante, à travers une conduite qu’il est tentant de qualifier d’échec. Sous l’autorité de la muse Ironie, maîtresse corbiérienne, l’impuissance se décline sous ses formes amoureuse (de Christine à Herminie, Tristan passe de Charybde en Sylla), picturale et artistique (touche à tout de génie quoique « Coloriste enragé, mais blême »), physique (« corps épave »).
À l’image de son sujet, la vraie trouvaille de l’opuscule consiste en le choix d’une rupture énonciative qui larde le récit de bribes de discours à la première personne. L’auteur prend en charge la voix d’Édouard devenu Tristan, et cette usurpation produit de beaux fruits. À ces décrochages de voix correspondent certains déplacements spatiaux, qui prolongent et amplifient les espaces de libertés vécus à partir de Roscoff ; l’inspiration et la forme de l’autobiographie s’accordent davantage à l’expression de cette relative reprise de souffle, déployée à travers une série de tableaux impromptus. Poème en prose filé sur de longues phrases descriptives – l’une d’entre elles phagocyte un chapitre tout entier – l’ouvrage est chargé de références et puise aux sources de l’innutrition poétique. Hormis de façon indirecte, son rôle n’est pas d’éclairer la genèse des Amours jaunes, même si, de loin en loin, on serait tenté d’emprunter à Julien Gracq son titre En lisant en écrivant quand se dessine l’approche de la vocation poétique. Corbière lit, plagie et blague Hugo, lui qui, réaliste au pays des merveilles, exige fidélité de l’expression mais veut sortir du rang, désarticule le vers sans en contester le maintien.
Pour finir, il est un chapitre doté de sa valeur propre, qui évoque la rencontre putative du révolutionnaire Blanqui et du poète Corbière. En 1871, après les internements du Mont-Saint-Michel, de Belle-Île-en-mer, 327de Corte, Blanqui, inexpugnable enfermé, contemple L’Éternité par les astres de l’un des cachots du Château du Taureau, au large de Carantec. Qui sait si Tristan ne tire pas quelques bords alentour de Pen-Al-Lann, à quelques mètres de celui que Gustave Geffroy, autre admirateur de Corbière, nommera l’Enfermé, mis au secret absolu. Catherine Urien sait que l’hypothèse est audacieuse, mais point folle : l’intervalle de la réclusion du prisonnier correspond aux dates du séjour roscovite de Rodolphe et Hermine. Plus, la ligne générale de l’évolution de Tristan ne rejoint-elle pas à sa façon le parcours du vieux révolutionnaire sur ces dernières années, voué à un enfermement incompressible ? Tristan, au bout du compte, réduit au silence, défait de sa geste, « en fond troué d’Arlequin » ; l’image récurrente dans l’ouvrage du cormoran aptère, abandonné sur la grève, actualise en précisant son implication maritime, la métaphore de l’albatros ailleurs exploitée.
Samuel Lair
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Frédérick Houdaer, Pourquoi je lis… Les Amours jaunes, Lyon, Le Feu Sacré, coll. « Les Feux Follets / Pourquoi je lis… », 2015, 80 p.
Les pages de cet opuscule de belle qualité éditoriale captent un discours habité par la question de la lecture contemporaine de Corbière. Nous sommes ici en marge de la critique – qu’elle soit littéraire, universitaire ou journalistique –, comme de toute littérature consacrée. Le narrateur se remémore sa découverte du recueil de Corbière dans les années 1980, puis rappelle sa vie et son œuvre en même temps qu’il engage un dialogue fictif avec une jeune étudiante à qui il fait découvrir Les Amours jaunes. Malgré quelques approximations (mais là n’est pas le propos), cette monographie se recommande comme écho lointain et actuel – une grave crise de la réception poétique les séparant – du Tristan Corbière de Jean Rousselot. Tentative d’épuisement d’un texte 328et d’une légende, assez vite essoufflée mais plutôt retorse, où le plaisir d’écrire coïncide parfois avec celui de déplaire. Le dispositif consistant à « balader » Corbière dans le décor de nos trois dernières décennies ne manque pas non plus d’intérêt. Une pointe d’ésotérisme finit par confirmer l’impression de lecture diffuse : quelque chose se joue ici du « reste » poétique de Tristan Corbière.
Benoît Houzé
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Deux spectacles
Le four théâtral de la pièce du petit poète est l’une des stations de la passion littéraire qui s’égrène dans « Paris ». Mais le théâtre d’aujourd’hui semble affectionner la figure et les textes de Corbière, puisque trois projets de grande qualité s’en nourrissent.
Bernard Meulien, qui dit le texte de Corbière depuis les années 1980, a choisi la voie de l’incarnation. Il joue Corbière, jusque dans le costume imitant l’iconographie qui entoure le poète ; la mise en scène, assez sobre, laisse le spectateur face à cette figuration et à quelques attributs emblématiques – une coquille d’huître, une baignoire-barque, une pipe. La connaissance profonde du texte corbiérien par l’acteur – Meulien a une attention presque philologique aux textes, il a accompagné la publication des œuvres complètes de Gaston Couté – et son art des mimiques, inflexions et accents éclairent les poèmes de Tristan d’une manière remarquable. Cette diction-jeu réalise parfois véritablement un texte qui dormait dans les pages des livres. C’est particulièrement le cas pour des poèmes « à dire » (pour reprendre l’expression de Tristan Tzara), comme La Balancelle : l’extraordinaire richesse lexicale, phonétique, intonative et énonciative de ce texte éclate alors aux oreilles et aux yeux du spectateur. Bernard Meulien nous réconcilie avec la dimension 329« oratoire » de certains textes de Corbière. La « déclamation », fort critiquée depuis cent ans, et dont Tzara semblait regretter un peu de trouver quelques traces dans Les Amours jaunes, n’apparaît ici nullement comme un ronronnement verbal, mais comme un medium à part entière de l’action poétique. Il est vrai qu’elle n’a plus grand-chose à voir avec les dictions pompeuses et stéréotypées que l’on peut entendre dans certains enregistrements du début du xxe siècle.
La compagnie Le Poulailler (Poulainville, près d’Amiens) présente quant à elle le texte de Corbière en duo : le poète, joué par Samuel Savreux, fait face à cette muse, maîtresse, amie, traitresse qui hante le texte corbiérien. Elle lui donne la réplique dans les poèmes dialogiques et dans quelques autres. La présence de ce pôle féminin de l’écriture, joué par Émilie Gévart (vêtue de blanc, mais souvent couchée sur un lit pentu), change absolument le profil de l’œuvre présentée. Les dictions très différentes des deux acteurs s’enlacent sans fusionner, dissonent parfois et placent au cœur du texte le « gouffre de l’incommunicabilité » dont parlait Baudelaire. Ce contraste rend d’autant plus forts les moments de connivence malicieuse. La distribution des rôles est également une distribution poétique : à la femme, souvent, l’ironie dernière, la parole du constat ; à l’homme, les envolées sans fondement et le cliquetis de mots. Car le texte est ici dit avec moins d’intentionnalité que dans le spectacle de Meulien, ce qui permet de faire ressortir avec force les passages qui défient le sens ou la mise en voix – nous sommes parfois moins face à des phrases qu’à des segments sémantiques juxtaposés, qui rapprochent Corbière de certains textes dada. Ce parti-pris légèrement anachronique, confirmé par la diffusion de Moonlight serenade et la présence dramaturgique d’une machine à écrire, est tout à fait salvateur : il participe à pointer l’intempestivité de Corbière, mais aussi à porter son texte vers les rives de notre présent. L’on ne s’étonnera donc pas du succès qu’a rencontré le projet auprès de publics lycéens.
Nous n’avons malheureusement pas encore pu assister au spectacle actuellement proposé par Henri Courseaux, dont nous espérons rendre compte dans un prochain numéro.
Benoît Houzé
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Musique
Emmanuel Tugny, Armor, d’après l’œuvre de Tristan Corbière, Vila Mariana / rue Stendhal, 2017.
Dix ans après la publication de Corbière le crevant (Paris, Léo Scheer, coll. « Laureli », 2007) qui cherchait autant à raconter une vie qu’à trouver une langue, Emmanuel Tugny revient à Corbière, cette fois à travers la musique. Cet album de sept pistes, correspondant chacune à un poème de la partie « Armor » des Amours jaunes, n’est cependant pas le fruit d’une longue maturation : Tugny l’a enregistré, en compagnie de Chloé Lavalou (diction des textes) et d’une poignée d’autres musiciens, en 48 heures (au Caire), et assume n’avoir pas voulu « ruminer1 » ses partis pris artistiques. Le résultat est plutôt de l’ordre du dispositif que de la traditionnelle performance musicale : des boucles sonores évolutives, où l’on entend quelques sonorités orientales au milieu des guitares électriques et des percussions, cohabitent avec le texte, plutôt qu’elles ne l’« accompagnent » ou ne l’illustrent. Les mots (dits d’une voix presque uniforme et un peu appliquée) et la musique forment donc deux lignes parallèles presque autonomes (sauf à penser, ponctuellement, à une relation de l’ordre de la transe). Une partie de la richesse textuelle corbiérienne (cahots intonatifs, tonaux, mimiques, rhétoriques, métriques) n’est donc pas « captée » par cette manière de la réaliser à voix et à sons. Mais des courts-circuits, ou des phases, peuvent advenir : par flash, on entend alors une poésie fétichisée-dégradée, bretonne-déterritorialisée, et une lecture en dérive.
Benoît Houzé
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Un film ancien retrouvé
Nous avons eu la chance de visionner Les Amours jaunes, film de 22 minutes réalisé en 1949 par Alfred Chaumel, qui avait suscité à l’époque un fort intérêt à Morlaix et dont les bobines sont aujourd’hui extrêmement difficiles à trouver. Ce court-métrage en noir et blanc a été réuni avec deux autres du même réalisateur, l’un sur Rimbaud et l’autre sur Daudet, dans le film Vagabonds imaginaires, sorti en 1950.
C’est une sorte de Légende de Tristan que Chaumel conte : le cinéaste n’a pas cherché à jeter sur l’œuvre une lumière fondamentalement nouvelle, il a pensé son film à partir d’éléments biographiques et exégétiques en cours à son époque. Mais la facture caléidoscopique de cette œuvre est quant à elle tout à fait intéressante et singulière : le film alterne courtes mises en scènes cinématographiques de poèmes (« Le bossu Bitor », « La pipe au poète », « Le poète contumace »), images ethnographiques captant la vie quotidienne à Morlaix et Roscoff, plan de paysages, reconstitutions biographiques en caméra subjective et présentations d’objets et documents relatifs à Tristan. La narration chronologique, qui fond vie et œuvre, permet à cet arlequin-film de garder la netteté du mythe.
Cette œuvre constitue également un intéressant document d’étude pour les corbiériens puisqu’elle fut réalisée en étroite collaboration avec Jean de Trigon (1902-1968), érudit morlaisien et spécialiste du poète. Trigon, qui apparaît dans le film avec sa femme, a mis à la disposition de Chaumel sa collection de manuscrits et a sans doute permis au cinéaste de prendre contact avec les descendants de la sœur et des cousins du poète. Aussi apparaissent à l’image, furtivement, des objets biographiques (la lampe dont l’abat-jour reproduit le Vésuve, qu’évoquera « Vésuves et Cie », des photos de famille, un album de marine) et des manuscrits (« Au vieux Roscoff », « Veder Napoli », « Un Riche en Bretagne »…). Certains de ces derniers ont été reproduits dans des ouvrages de Jean de Trigon, notamment son Tristan Corbière (Paris, Le Cercle du livre, 1950), mais il nous a été impossible de vérifier le caractère non inédit de chaque page montrée, nettement mais très brièvement, à l’écran. Il faut donc espérer la numérisation de l’œuvre, qui permettrait une 332meilleure diffusion et des arrêts sur image pour le moment techniquement impossibles.
Le film vaut enfin par la lecture des textes corbiériens par le célèbre Roger Blin, en voix off. L’acteur scande les poèmes de « Gens de mer » d’une voix impétueuse et hachée ; on note cependant des accents plus modernes (mélodie intonative suraigüe) dans la restitution de « Ça ? ».
Benoît Houzé et Samuel Lair
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Ventes
Le passage en vente de documents relatifs à Tristan Corbière n’est pas toujours remarqué par les chercheurs et amateurs du poète. Aussi consacrerons-nous régulièrement quelques lignes, dans la présente revue, à la recension de catalogues récents.
Depuis les enchères « Ludovic Alexandre » de 20072, la pièce la plus remarquable passée en vente est une lettre de Tristan Corbière à sa tante Christine Puyo. Les lettres d’adultes de Tristan sont excessivement rares : c’est ici la cinquième dont quelque texte nous soit parvenu. Elle constitue un nouveau témoignage de « l’amitié amoureuse3 » que Jean Vacher-Corbière signalait naguère dans son Portrait de famille. N’ayant pu entrer en contact avec l’actuel propriétaire de cet important document, nous devons nous borner à donner la description du manuscrit et la citation partielle de son texte présentées par le catalogue de vente (les guillemets indiquent les citations textuelles). Un an et demi avant la magnifique lettre à la même déjà connue, cette missive, qui semble plus brève, montre un art consommé de l’anecdote épistolaire :
333« Mr Ed. Corbière remercie tout plein cette bonne langouste de Tolède de s’être montrée aussi pleine de homard » … Mais leur petite Saint-Jean a « failli dégénérer en St Barthélemy, homard et tout […] Une vraie huile, du reste, que l’ouverture de cette petite fête, Bouquet4 et Bonnet5 s’étant déjà, la veille, aimé plein la voiture de St Pol6, le Bouquet coiffé du Bonnet et le Bonnet fleuri du Bouquet. Une vraie huile je vous dis. Cette huile n’a cessé de régner tout le dîner jusque par le travers d’un gâteau de riz : conversation coulante : mâchoire de chien de mer, empaillage au point de vue de l’enfant – céramique – histoire de Talma – C’est alors que maman et papa organisent comme toujours un de ces épisodes conjugaux qui ne ratent jamais, vous savez. Bonnet en profite pour porter un toast aux liens sacrés du mariage qu’il déclare la seule fin de l’homme de la femme et de l’enfant, les vieux garçons sont immoraux, n’ont pas raison d’être, et meurent abrutis à la fleur de l’âge en épousant leur servante à tout faire ! – Bouquet à ces mots se lève solférino et évoque l’image de Véronique – Bonnet, fort de son épouse et de l’enfant, persiste et démontre qu’il est physiquement impossible qu’un vieux garçon soit vierge, par conséquent il est déshonoré !… (Ici une pose, chacun courbe la tête et attend la foudre) ». Corbière continue à raconter cette dispute entre ses amis qui veulent se battre… L’intervention des assistants évite la sortie des adversaires, Mme Bonnet explique que son mari est méridional, donc vif, et Bouquet est isolé dans la salle à manger vide, « où quelques fumigations de nicotine ont amené une réaction, un rire salutaire l’a détendu et le reste de la soirée s’est passé à appeler Bonnet du mot qui ne peut se prononcer devant des femmes ». Il évoque les suites de cette soirée animée, et dessine les convives autour de la table : l’enfant, Bonnet et Denis7, Bouquet (debout, brandissant sa chaise), Mme Bouquet, « moi8 »…
Remarquons également la mise en vente récente d’un tableau jusqu’ici inconnu de Gaston Lafenestre, peintre et ami du poète, qui l’avait rencontré à Roscoff. Ce petit maître n’a laissé, dans la mémoire des historiens 334de l’art, que le vague souvenir d’un peintre animalier : une partie de son œuvre est pourtant maritime. Une meilleure connaissance de cette veine lafenestrienne permettrait peut-être de mieux comprendre le rôle du peintre dans la genèse du l’album Louis Noir, qui présente, en premier feuillet, sa signature biffée et contient deux marines. Ainsi ce minuscule tableau « Bateaux près d’un môle à marée basse9 » (11,7 x 9 cm), daté de 1867, dont le « môle » peut faire penser à celui de Roscoff. Il témoigne d’une sensibilité coloriste et d’un art du cadrage qui durent sans doute enthousiasmer le jeune Corbière.
Benoît Houzé
335Veille bibliographique
(2015-2017)
Éditions
Corbière, Tristan, Les Amours jaunes, éd. J.-P. Bertrand, Paris, Garnier-Flammarion, 2018.
Corbière, Tristan, Les Amours jaunes, préf. François Rannou, dessins Jean-Luc Verna, Toulouse, Gwen Català éditeur, 2017.
Traductions
Corbière, Tristan, Gli amori gialli, trad. Luca Salvatore, [avec une introduction de Lorella Martinelli et Renzo Paris, une note de Mario Richter et un essai di Giovanni Bogliolo, texte français en regard], Novara, Arcipelago Edizioni, 2015.
Ouvrages
Houdaer, Frédérick, Pourquoi je lis… Les Amours jaunes, Lyon, Le Feu Sacré, coll. « Les Feux Follets / Pourquoi je lis… », 2015.
Urien, Catherine, Au Pays de Corbière, La Riche, Diabase, 2017.
Articles universitaires
Cornulier, Benoît (de), « Corbière pouëte précieux dans l’album de Roscoff ? », dans Le Chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, [LCC dans la présente bibliographie], coll. dir. Steve Murphy, Paris, Garnier, 2016, p. 195-214.
Cornulier, Benoît (de), « Sur la valeur taratantara du mètre 5-5 chez Verlaine, Corbière et Baudelaire », Revue Verlaine, no 13, 2015, p. 195-214.
Houzé, Benoît, « Deux parodies de chansons par Tristan Corbière », LCC, p. 351-370.
Lair, Samuel, « Sutter-Laumann, lecteur des Amours jaunes en 1887 », LCC, p. 371-384.
Raffi, Maria Emanuela, [CR de la traduction précitée par Luca Salvatore], Studi Francesi, vol. LX, no 179, 2016, p. 356-357.
Saint-Amand, Denis, « D’hideusement beaux rossignols de la boue. Oxymore et modernité », LCC, p. 557-570.
336Williams, Heather, [CR de Tristan Corbière, ffocsoR, éd. B. Houzé, Huelgoat, Françoise Livinec, 2013], Nineteenth-Century French Studies, vol. 45, no 3-4, printemps-été 2017.
1 Voir Stéphane Guihéneuf, « Tristan Corbière inspire Emmanuel Tugny », Le Télégramme, 3 juillet 2017.
2 Livres anciens et modernes, [catalogue de la vente aux enchères du 28 juin 2007], Paris, Alde, 2007.
3 Tristan Corbière, Portrait de famille, Monte-Carlo, Regain, 1955, p. 32.
4 Michel Bouquet (Lorient, 1807 – Paris, 1890), peintre, ami de la famille Corbière, habitait à Roscoff une maison située en face de celle où logeait Tristan.
5 Nous ne savons presque rien du couple Bonnet dont il est question ici. Le mari avait manifestement des opinions conservatrices sur le mariage et ne concevait pas qu’un sexagénaire comme Bouquet puisse décemment vivre seul avec une domestique (la « Véronique » évoquée plus bas) sans se marier. Tristan fera de nouveau référence à ce différend dans la lettre de novembre 1870, où il rapporte avoir dit à Bouquet, soudainement devenu patriote : « je ne vous donne pas deux mois pour croire au trône et à l’autel, et trois mois au plus pour légitimer devant Monsieur Bonnet les liens qui vous unissent à Véronique ! ».
6 Saint-Pol-de-Léon, à quelques kilomètres de Roscoff. Le repas décrit se tient en effet probablement dans la maison des Corbière, où Tristan ne vivait pas toujours seul, à Roscoff.
7 Sans doute le « docteur Denis », médecin roscovite évoqué dans la lettre à la même de novembre 1870.
8 Artcurial, 16 octobre 2013, [catalogue de vente], Paris, Artcurial, lot 67.
9 Tableaux modernes et contemporains (de 1870 à nos jours), [catalogue de vente], Bayeux, Maîtres Bailleul et Nentas, 11 novembre 2017, lot 38.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07934-7
- EAN: 9782406079347
- ISSN: 2608-5895
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07934-7.p.0325
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 03-23-2018
- Periodicity: Annual
- Language: French