Abstracts
- Publication type: Journal article
- Journal: Cahiers Francis Ponge
2018, n° 1. Le recours au(x) dictionnaire(s) - Pages: 193 to 196
- Journal: Francis Ponge Studies
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Résumés/Abstracts
Jean-Marie Gleize, « Littréature »
Le rapport au dictionnaire est ici envisagé selon le mot de Georges Perros, « Littréature », tant le Littré, dictionnaire par excellence pour Ponge, est un outil, un « trésor » où trouver les ressources de la langue, et un modèle formel, un modèle d’écriture – la « logoscopie » de Ponge se traduisant d’abord par une enquête dans le lexique, auquel il identifie la langue même. En cela, le dictionnaire participe de la tentative pour réélaborer ce qu’on pourra un jour appeler « légitimement » poésie – ou tout autrement.
In this article we envisage the relation to the dictionary according to Georges Perros’s term “Littréature,” in so far as the Littré (for Ponge the dictionary par excellence) is both a tool, a “treasury” in which to discover the resources of the language, and a formal model, a model of writing–Ponge’s “logoscopy” initially manifests itself as an enquiry into the lexicon, which he identifies with the language itself. In this sense, the dictionary participates in the attempt to remake what we might one day be able to “legitimately” (or otherwise) call poetry.
Pauline Flepp, « Les autorités de Ponge »
Le recours au dictionnaire est assumé et exhibé dans l’œuvre de Ponge au moment où le texte ne fait plus autorité, soit après les écrits du Parti pris des choses et « l’infaillibité un peu courte ». Ponge s’appuie sur une autorité (celle du Littré) au moment où le glissement des textes clos aux textes ouverts témoigne de l’adoption d’une posture d’ignorance plus que d’une posture d’autorité. Réfléchir sur le rapport de Ponge au Littré questionne la complexité du rapport qu’il entretient à l’autorité et aux autorités.
The use of the dictionary is assumed and exhibited in Ponge’s œuvre at the moment when the text no longer exerts any authority–after the writings of Parti pris des choses and their “somewhat restricted infallibility.” Ponge relies on an authority (that of the Littré) at the moment when the slide from closed to open texts testifies to the adoption 194of a position of ignorance rather than one of authority. To reflect on Ponge’s relation to the Littré is to question his relation to authority and authorities.
Pierre-Henri Kleiber, « L’usage comparé du dictionnaire chez Francis Ponge et chez les surréalistes »
Dépassant l’apparente incompatibilité entre écriture surréaliste et écriture lexicographique, les surréalistes n’ont eu de cesse de pasticher les dictionnaires, cultivant la « déraison par alphabet ». Ponge partage avec les surréalistes le rejet des formes conventionnelles de la parole, et c’est notamment ce rejet qui le conduit à vouloir créer son dictionnaire. À partir d’une même position de défiance à l’égard du langage usuel, Ponge et les surréalistes vont emprunter des voies tantôt convergentes tantôt divergentes.
Although there is an apparent incompatibility between surrealist writing and lexicographic writing, the surrealists ceaselessly created pastiche dictionaries, cultivating “unreason via the alphabet.” Ponge shares with the surrealists their rejection of conventional forms of language use, and indeed it is this rejection that fuels his desire to create his own dictionary. Setting out from a similar position of defiance toward customary language, Ponge and the surrealists will take paths that are sometimes convergent, sometimes divergent.
Jacques Neefs, « Le mot juste »
À travers la question du dictionnaire, c’est celle de la construction des savoirs qui est posée et celle du rapport des mots au réel. Plusieurs écrivains interrogent les mots et le réel en s’intéressant aux répertoires, inventaires, catalogues et dictionnaires. Chez Balzac, le dictionnaire est l’outil d’une investigation politico-sociologique ; chez Flaubert, le mot juste est celui qui est fondé par les savoirs ; chez Perec, le dictionnaire-cimetière des mots oubliés pose la question de la réactivation des savoirs.
In asking about the dictionary, we are asking about the construction of knowledge, and the relation of words to the real. Many writers inquire into words and the real, and become absorbed in directories, inventories, catalogues, and dictionaries. In Balzac the dictionary is the instrument of a politico-sociological investigation; in Flaubert, the mot juste is the one that is founded by knowledge; in Perec, the cemetery-dictionary of forgotten words poses the question of the reactivation of knowledge.
195Cédric de Guido, « Dire la leçon des choses. L’idéal d’une parole à “double fond” »
Chez Francis Ponge, le recours aux dictionnaires semble une stimulation trompeuse, parce que ce qui se donne à lire n’est jamais la qualité essentielle que le texte cherche à cerner. Pourtant le dictionnaire et le poème (ou le carnet qui le circonvient) ont l’ambition commune de dire l’essence de la chose. D’où vient alors que le poète estime que la qualité lexicographique diffère de la qualité poétique, et qu’une fois consulté le dictionnaire, tout reste à dire ? Et, surtout, comment le dire ?
In Francis Ponge, recourse to dictionaries seems a deceptive situation, because what is available to read is never the essential quality that the text seeks to identify. However, the dictionary and the poem (or the notebook that circumvents it) have in common an ambition to speak the essence of the thing. So why does the poet decide that lexicographical quality differs from poetical quality, and that, having consulted the dictionary, everything still remains to be said? And, above all, how is it to be said?
Alain Milon, « Le dictionnaire sensible de Francis Ponge »
Le dictionnaire sensible de Ponge n’est pas un dictionnaire comme les autres avec des entrées, des définitions, un champ lexicographique, morphologique, étymologique… Ponge propose plutôt une sorte de processus pour entrer dans les souterrains de la langue et creuser cet informulé dans le connu du mot. Le dictionnaire pongien apparaît comme un champ de possibles aux frontières incertaines. Il ne fait pas disparaître les choses qu’il définit, ne s’enlise pas non plus dans le pittoresque des situations.
Ponge’s dictionnaire sensible is not a dictionary like any other, with entries, definitions, and lexicographic, morphological, and etymological notes… Instead Ponge offers us a sort of process by means of which to enter the underground of language, there to excavate the unformulated in the known word. Ponge’s dictionary appears like a field of possibilities with uncertain borders. It does not eliminate the things it defines, nor does it allow itself to get bogged down in the charm of situations.
Thomas Shcestag, « La question du dossier »
Cet article aborde la question du dossier, non comme Ponge s’y confronte, mais au contraire comme il s’y adosse, prenant le parti du dos, chevauchant 196les dossiers jusqu’à inventer un « Homme enfin devenu centaure ». Chemin faisant, on croise une valise, « trésor de plis blancs » qu’on selle « comme un cheval », Claudel en tortue, une table renversée, une coquille de tortue vidée devenue lyre, et finalement, un dictionnaire moins thésaurus que centaure.
This article broaches the question of the dossier, not in so far as Ponge confronts it, but on the contrary in so far as he backs onto it [adosse], favoring the back [dos], straddling dossiers to the point where he invents a “Man finally become centaur.” On the way we find a suitcase, a “treasury of white folds” that is to be saddled “like a horse,” Claudel as a turtle, an upturned table, an empty turtle shell made into a lyre, and finally, a dictionary that is less thesaurus than centaur.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07936-1
- EAN: 9782406079361
- ISSN: 2592-6829
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07936-1.p.0193
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 06-27-2018
- Periodicity: Annual
- Language: French