Résumés
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
2015 – 1, n° 29. varia - Pages : 395 à 402
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
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Résumés/ABSTRACTS
Aboubakr Chraïbi, « Personnification, enchâssement, étonnement et littérature arabe médiane ».
Un texte fondateur, Khurâfa, est parmi les plus anciens à utiliser l’enchâssement dans la littérature arabe en même temps qu’il introduit un genre particulier, l’histoire étonnante, qu’il va personnifier à travers le nom du héros (Khurâfa). Le procédé, qui explicite le pourquoi du récit enchâssé (étonner), a servi à installer des pratiques littéraires qui mènent, via le plaisir du texte, vers les Mille et une nuits et la littérature médiane.
The story of Khurâfa is a foundational text. It is one of the oldest to use the embedment in Arabic literature ; also introducing a literary genre : the amazing story of which this story will be the epitome, personified by the hero’s name (Khurâfa). The underlying idea is that the process, which explains the purpose of the embedded narrative (to amaze), was used to install literary practices that lead, through the pleasure of the text, to the Thousand and One Nights and the so called “Middle literature”.
Constanza Cordoni, « The Book of the Prince and the Ascetic and the transmission of wisdom ».
Cet article s’intéresse au Sefer ben ha-melekh we-ha-nazir, une version hébraïque de la légende de Barlaam et Josaphat probablement fondée sur une source arabe perdue. Une première partie offre une vue d’ensemble de la structure de l’œuvre et met l’accent sur des questions de style. La seconde partie examine la description de la transmission de sagesse pour démontrer que celle-ci exploite les possibilités d’enchâssement multiple des récits. Une annexe complète l’ensemble de l’étude.
This article deals with the Hebrew Sefer ben ha-melekh we-ha-nazir, a version of the legend of Barlaam and Josaphat probably based on an Arabic source that has not been conserved. A first part presents an overview of the work’s structure, parable corpus, and narrative instances, putting special emphasis on stylistic features.
An appendix complements this part. A second part focuses on the depiction on two narrative levels of transmission of wisdom as a constitutive element of the ascetic’s job.
Marion Uhlig, « “Qu’importe le flacon…” ? Sur l’enchâssement dans Barlaam et Josaphat ».
Les dix exempla qui émaillent la version en prose dite « champenoise » de Barlaam et Josaphat (xiiie siècle) entretiennent avec le récit-cadre des rapports spéculaires. L’effet de mise en abyme s’exerce sur les personnages mais aussi, dans certaines fables, sur le texte lui-même et sur ses différents niveaux d’enchâssement, initiant une réflexion sur le « récit à tiroirs ». On souhaite examiner de plus près ces liens entre le récit-cadre et les exemples enchâssés.
The “champenoise” prose version of Barlaam et Josaphat (thirteenth century) contains ten embedded tales related to the narrative framework. The tales often depict characters who look like the protagonists of the main story. In some tales, though, the mises en abyme don’t concern the characters but the text himself and the practice of embedding. I will examine the narrative, rhetorical and reflexive bonds between embedding and embedded narratives in this version of Barlaam et Josaphat.
Madeleine Jeay, « “Por conter a le cort le roi”. Le plaisir du récit enchâssé dans les romans de Raoul de Houdenc ».
Dans la Vengeance Raguidel, Raoul de Houdenc s’appuie sur les topoï du répertoire narratif et sur la connaissance qu’en a son public, pour les mettre à l’épreuve à travers le principe d’enchâssement. Le motif de la vengeance fait ainsi office de récit cadre pour ces narrations confiées aux protagonistes, sans que ces récits, même le Lai du Cort Mantel et le Chevalier à l’Épée qui ont une existence autonome, puissent se détacher de la diégèse.
In the Vengeance Raguidel, Raoul de Houdenc relies on his knowledge of the topoi of the narrative repertoire and on his public’s knowledge of it to put them to test through the principle of insertion. The vengeance motif works as a framed tale for the stories told by the protagonists, stories which are, however, an integral part of the diegesis, even those that have a life by themselves, like the Lai du Cort Mantel and the Chevalier à l’épée.
Mireille Séguy, « Le livre dans le récit. Textes brefs et dynamique cyclique dans l’Estoire del saint Graal ».
Si elle exploite des formes et des inspirations variées, l’Estoire del saint Graal vise aussi à imposer au Lancelot-Graal, dont elle forme le socle, une cohésion à la fois diégétique, narrative et textuelle. Cette logique cohésive est mise en abyme dans trois récits enchâssés, trois textes brefs qui emblématisent la compacité du codex cyclique dans lequel l’Estoire vise à enclore le Lancelot-Graal tout en maintenant la dynamique d’expansion propre aux univers cycliques.
As it is exploiting various narrative forms and sources, the Estoire del saint Graal aims at imposing on the Lancelot Grail cycle a narrative, diegetic et textual coherence. This cohesive logic is reflected through three embedded stories. This short stories show the wholeness the Estoire wants to give to the entire cycle. Meanwhile, they contribute to the expanding narrative dynamic specific to cyclic writing.
Nathalie Koble, « “Connaissance par les gouffres”. Les lieux de mémoire diaboliques des cycles arthuriens en prose ».
Cette étude revient sur la poétique du récit rétrospectif dans le Lancelot en prose : le romancier transforme des analepses ponctuelles en lieux de mémoire et invente un nouveau monde arthurien possible. Cet usage du récit secondaire est lié à la figure diabolique de Merlin, associée à une géographie dominée par les gouffres. Le motif est amplifié par les continuateurs, y compris dans les « prequels », qui reprennent les données héritées du Lancelot pour modifier son passé fictionnel.
This study explores the use of flash-back in the Lancelot en prose : the author invents new places, where the memory of fiction is adulterous and creative. Secondary narratives, in the Arthurian Prose Cycles, are linked to the diabolic figure of Merlin, and associated with a landscape full of abysses. The thematic and narrative abyss is amplified by the cyclic novels, including Lancelot’s prequels : the cyclic novelists rewrite their model to modify the past of the Arthurian fiction.
Milena Mikhaïlova-Makarius, « Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, roman coffret, roman à coffrets ».
Analyser les enchâssements dans le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris revient à montrer que ce poème est une réflexion sur la dette des arts d’aimer
et du roman à l’égard de la lyrique courtoise et du mythe de Narcisse. Il en résulte une esthétique de la profondeur qui ressortit à la technique narrative de l’emboîtement et se traduit par des mises en abyme et des métaphores de la thésaurisation. L’œuvre explore le dialogue entre les écritures de l’amour à propos du rôle de l’image en amour.
Analyzing the insertions in the Roman de la Rose by Guillaume de Lorris comes down to show that the poem is a reflexion on the debt owed by arts of love and romances to courtly lyric and the myth of Narcissus. The result is an aesthetic of depth, born of the narrative technique of insertion ; it appears through the use of the “mise en abyme” as well as through embedding strategies. The poem explores the dialogue between different forms of discourses on love, about the role of the image in love.
Juliette Dor, « Quelle faute l’anglais a-t-il donc commise pour qu’il soit interdit de traduire en anglais ? ».
Trevisa a fait précéder sa traduction du Polychronicon d’un dialogue entre le commanditaire et le clerc chargé de l’exécuter. Il reflète la controverse sur la traduction de textes scientifiques et religieux, compliquée par la présence de deux vernaculaires et de mutations socioculturelles. Le seigneur s’appuie sur le prestige de l’anglais avant la normandisation et sur l’historique de la translatio studii ; il use d’arguments souvent proches de ceux des milieux wyclifiens.
Trevisa’s translation of the Polychronicon is prefaced by a dialogue between a clerk and his patron. It reflects the controversy about the politics of translating scientific and religious texts. At the time, there were major sociocultural mutations that complicated the presence of two vernaculars. The lord’s defense of translation is based on the prestige enjoyed by English before the Normans and on the history of translatio studii ; his arguments are often close to Wycliffites.
Florence Bourgne, « Chaucer : poète multilingue, mais jusqu’où ? ».
Cette note propose d’explorer le rapport de Chaucer avec toute l’aire francophone, y compris dans sa partie la plus septentrionale. On connaît les contacts de Chaucer avec les écrivains franciens ainsi que l’intérêt de Chaucer pour « la Flandre, l’Artois et la Picardie » ; l’interpolation spontanée de la « Burgoyne » comme l’un des horizons du monde connu dans son Romaunt of the Rose confirme la fascination de Chaucer pour cet empire ducal en constitution, où le picard était largement pratiqué.
This note focusses on the breadth of the French-speaking area with which Chaucer engaged. Chaucer’s friendly literary exchanges with contemporary French writers has received expert scrutiny, as well as Chaucer’s interest in “Flaundres, in Artoys, and Pycardie” – yet the unprompted interpolation of “Burgoyne” as one of the known world’s frontiers in his translation of the Romance of the Rose confirms that Chaucer was fascinated with the duchy’s growing empire, where picard was the lingua franca.
Laura Kendrick, « Deschamps’ Ballade Praising Chaucer and Its Impact ».
La ballade 285 d’Eustache Deschamps surprend par la générosité de sa reconnaissance et de sa glorification de Chaucer comme traducteur pionnier qui a « transplanté » l’érudition latine et française en anglais et qui a « enluminé » l’Angleterre par sa science. Cette louange, loin d’irriter par son excès, a inspiré les émulateurs anglais de Chaucer, qui s’en font l’écho dans leur promotion de Chaucer comme premier enjoliveur ou « enlumineur » de la langue anglaise.
Deschamps’ ballade 285 is a surprisingly generous recognition and glorification of Chaucer as a pioneering translator or transplanter of learning from Latin and French into English and an “illuminator” or enlightener of his native England. Such high praise pleased, rather than irked, Chaucer’s immediate followers, who echoed and were inspired by it to found the critical tradition of Chaucer as the first embellisher of the English language.
Gabriel Haley, « Charles d’Orléans as Vernacular Theologian ».
La poésie anglaise de Charles d’Orléans s’inspire du langage de la solitude religieuse dans le but de suggérer une piste d’innovation poétique ; en dernière analyse, elle rejette toutefois la possibilité d’une esthétique de la poétique contemplative. Intégrer Charles d’Orléans à l’étude de la théologie vernaculaire permet d’envisager de nouveaux contextes pour la poésie du Duc et de comprendre comment la spéculation théologique peut engendrer une pratique formelle et esthétique.
The English lyrics of Charles d’Orléans draw on the language of religious solitude in order to suggest an avenue for poetic innovation, yet it ultimately rejects contemplative poetics as an aesthetic possibility. To incorporate Charles d’Orléans into the study of vernacular theology suggests new contexts for the duke’s poetry and reveals the way theological speculation can engender formal and aesthetic practice.
Géraldine Cazals, « Le Theatre des bons engins de Guillaume de La Perrière. Une théâtrale et opportune illustration du renouveau du stoïcisme à la Renaissance ».
Composé par Guillaume de La Perrière pour Marguerite de Navarre en 1535, le Theatre des Bons Engins constitue une œuvre singulière. Théâtre philosophique de la vie humaine inspiré par le stoïcisme, il fait écho à une actualité intellectuelle, politique, et religieuse brûlante : celle de la réhabilitation des œuvres de Sénèque par Calvin, au moment même où l’évangélisme prôné par la souveraine de Navarre est mis en échec par la politique menée par François Ier au lendemain de l’affaire des Placards.
The Theatre des Bons Engins, composed by Guillaume de La Perrière to the attention of Margarite de Navarre in 1535, is a singular work. A philosophical drama of human life, inspired by Stoicism, it echoes the intellectual, political and religious problems of the time : the rehabilitation of Seneca’s works by Calvin at the moment when the evangelism advocated by the sovereign of Navarre is defeated by the policy of Francis I.
Hélène Cazes, « “Démonstrer à l’œil” l’ombre d’une dissection. L’illusion théâtrale du corps humain selon Charles Estienne (1545, 1546) ».
Dans La Dissection des parties du corps humain, Charles Estienne (1504-1564), veut composer « l’umbre » d’une dissection dans l’espace du livre. La valeur épistémologique du spectacle donne lieu à la fiction d’un théâtre anatomique, tandis que les bois gravés, souvent empiécés, travaillent la perspective pour faire naître une illusion de profondeur. Vitruve et Serlio donnent l’alphabet de cette illusion théâtrale.
In La Dissection des parties du corps humain, Charles Estienne (1504-1564), wants to compose the shadow of a dissection within the space of the book. The epistemological value of the scene leads to the fiction of an anatomical theater, while the woodcuts, often with anatomical insertions, create the perspective, necessary for an illusion of depth. Vitruvius and Serlio give the alphabet of this theatrical illusion.
Olivier Delsaux, « Un témoignage inédit sur la fortune du De casibus virorum illustrium de Giovanni Boccaccio en France à la fin du Moyen Âge. L’Extraict d’aucuns nobles hommes malheureux de Pierre Doriole (circa 1480) ».
Présentation et édition de l’ébauche d’une suite au De casibus virorum illustrium de Giovanni Boccaccio, rédigée par le Chancelier de France Pierre Doriole (c. 1480). Ce texte témoigne de la réception de l’œuvre de l’humaniste italien en France à la fin du Moyen Âge et de la vision de l’histoire européenne du xve siècle par un acteur majeur de la politique française sous Louis XI.
Presentation and edition of the draft of a continuation of Giovanni Boccaccio’s De casibus virorum illustrium, written by the Chancelor of France Pierre Doriole (c. 1480). This text is an interesting testimony of the reception of this Italian humanist in France at the end of the Middle Ages and of the perception of Fifteenth-Century European history, by one of the leading actors of French politic during the reign of Louis XI.
Giorgio Maselli, « Panoplia di modelli in funzione antialchemica. L’Alexipharmacum di G. A. Fenotti (1576) ».
L’Alexipharmacum de G. A. Fenotti (1576) déploie une stratégie de persuasion particulière : vigilance dans la subdivision du texte, mots d’approbation d’autres doctes, insertion d’images et leur commentaire, variété de langues et de registres expressifs. Sa complexité dans le cadre d’une littérature polémique envers l’alchimie vers la deuxième moitié du xvie siècle est digne d’attention. Les idées de l’Alexipharmacum ignoraient la transformation progressive d’une branche de l’alchimie en chimie pharmaceutique.
G. A. Fenotti’s Alexipharmacum (1576), unfolds a particular strategy of persuasion : clever subdivision of the printed text, endorsements of other scholars, insertion and commentary of images, variety of languages, variety of expressive registers. Its complexity is worthy of note among the very numerous pamphlets concerning the controversy on alchemy in the second half of the 16th century. The ideas that pervade Fenotti’s work ignored the gradual transformation of a branch of alchemy in pharmaceutical chemistry.
Bruno Méniel, « La métamorphose d’un héros épique. Henri IV, roi de guerre, roi de paix ».
Certains poèmes épiques de la fin du xvie siècle et du début du xviie siècle célèbrent en Henri IV à la fois le héros guerrier et le restaurateur de la paix. La rhétorique de l’éloge, le recours aux métaphores mythologiques et surtout le discours moral néo-stoïcien permettent aux poètes de dépasser cette contradiction apparente.
Some epic poems from the end of the 16th century to the beginning of the 17th century celebrate Henri IV for being at the same time a war hero and the architect of peace. The rhetoric of eulogy, the use of mythological metaphors and above all the neo-stoic moral reasoning enable poets to overcom this apparent contradiction.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-4804-1
- EAN : 9782812448041
- ISSN : 2273-0893
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4804-1.p.0395
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 30/07/2015
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français