Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : André Gide ou l’art de la fugue. Musique et littérature
- Pages : 233 à 239
- Collection : Bibliothèque gidienne, n° 5
RÉSUMÉS
ET PRÉSENTATION DES AUTEURS1
Joachim Sistig, « La topographie esthétique de l’univers musical gidien »
Joachim Sistig a fait des études de musique et de langues romanes à Duisburg, Essen et Paris avec une thèse sur le rôle de la musique dans l’œuvre d’André Gide. Il est professeur de lycée à Duisburg et chargé de cours à l’université Heinrich Heine à Düsseldorf et à la Ruhr-Universität à Bochum.
L’approche topographique des principes esthétiques d’André Gide se situe entre la France et l’Allemagne. La pratique musicale pianistique a accompagné l’écrivain pendant toute sa vie. C’est à partir de cette fréquentation des plus grands compositeurs que Gide découvre de nouveaux horizons esthétiques. Son univers artistique se forme autour de ses préférences et réticences musicales. Sa pratique du piano lui permet une connaissance intime et exacte des œuvres de Chopin, Schumann, Mozart, J. S. Bach et tant d’autres.
Mots-clés : Musique, classicisme/romantisme, France/Allemagne, Chopin, Schumann, Wagner, J. S. Bach, Schopenhauer, Nietzsche, principes artistiques
The topographic approach to André Gide’s aesthetic ideas is set somewhere between France and Germany. The piano practice accompanied the writer throughout his life. The greatest composers’ masterpieces enabled him to understand and to discover new aesthetic horizons. His artistic universe was formed around either his musical preferences or his musical hesitations. The piano practice furthered the intimate and genuine knowledge of the works by such composers as Chopin, Schumann, Mozart, J. S. Bach and many others.
Keywords : Music, classicism/romanticism, France/Germany, Chopin, Schumann, Wagner, J. S. Bach, Schopenhauer, Nietzsche, artistic principles
234Pierre Masson, « Gide et la musique. De l’impur au pur »
Pierre Masson est professeur émérite de l’université de Nantes et président de l’Association des Amis d’André Gide. Il a publié plusieurs livres consacrés à ce dernier. Il a dirigé les quatre derniers volumes des œuvres de Gide et édité une douzaine de ses correspondances.
Dans l’œuvre de Gide, l’évocation de la musique sert à dénoncer aussi bien ceux qui cultivent sa sensualité que ceux qui la refusent. Pour Gide, Chopin a le mérite de conjuguer sensualité et rigueur, atteignant ainsi classicisme et pureté ; cette dualité qu’il refuse à ses personnages, il fait mérite à son professeur, La Pérouse, de la lui avoir enseignée, et c’est elle qu’il exige des autres interprètes, et de lui-même avant tout.
Mots-clefs : Piano, Chopin, interprétation, Notes sur Chopin
In Gide’s works, the music evocation was used to denounce both those who shared its sensuality as those who refused it. To Gide’s mind, Chopin had combined sensuality and precision, reaching so as much classicism as purity. Gide denied this dualism to his own characters, but granted it to his teacher La Perouse for having taught him. Gide strongly required such a dichotomy of performers, and above all, of himself.
Keywords : Piano, Chopin, rendering, Notes sur Chopin
Peter Schnyder, « André Gide et l’harmonie. Comment une catégorie musicale devient une catégorie existentielle »
Peter Schnyder est professeur émérite de l’université de Haute-Alsace et préside la fondation Catherine Gide. Il a publié plusieurs ouvrages sur Gide et des articles sur Gide et la musique. Ses dernières publications sont De l’écriture et des fragments. Fragmentation et sciences humaines (Paris, 2016), André Gide, Maria Van Rysselberghe. Correspondance 1899-1950 (Paris, 2016).
Cet article rappelle quelques étapes de la culture musicale de Gide, la préférence accordée à l’ouïe plutôt qu’à la vue, au rythme plutôt qu’à la couleur, à l’harmonie plutôt qu’à la dissonance. Catégorie esthétique, la notion d’harmonie finit par devenir une catégorie existentielle. Gide ne pourra plus, à partir d’un certain moment, s’en passer. Le monde sera harmonieux ou ne sera pas. L’article tente ainsi de montrer en quoi cette autolimitation valait avant tout pour l’univers musical de l’écrivain.
Mots-clés : Musique et littérature, harmonie, dissonance, modernité, André Gide, Jean-Philippe Rameau, Darius Milhaud
235This article aims at tracing a path through Gide’s musical culture, highlighting his preference given to hearing over sight, to rhythm over colors, to harmony over dissonance. This chapter dwells upon the concept of harmony which grew from a mere aesthetic category up to an existential one, to such an extent that Gide could not do without it any longer. The world should be a harmony or should not be it at all. This chapter shows how such a self-imposed limitation was primarily referred to Gide’s musical universe.
Keywords : Music and literature, harmony, dissonance, modernity, André Gide, Jean-Philippe Rameau, Darius Milhaud
Robert Kopp, « La Nouvelle Revue française et les avant-gardes musicales »
Robert Kopp occupe la chaire de littérature française à l’université de Bâle. Ses efforts en faveur de la coopération entre les universités rhénanes lui ont valu d’être nommé docteur honoris causa de l’université de Haute-Alsace. Spécialiste de l’histoire des lettres, des idées et des arts aux xixe et xxe siècles, il a publié récemment Album Breton (Paris, 2008) et Un siècle de Goncourt (Paris, 2012).
La position de la NRF en matière de musique ressemble fortement à celle en littérature. Il faut noter une opposition à l’égard d’une position doctrinale de la part d’écrivains qui étaient de bons musiciens. Seules comptaient les œuvres. Et celles-ci étaient jugées à l’aune de leur nouveauté par rapport à la tradition française, généralement méprisée. Si l’unanimité se fait autour de Debussy, les avis sont partagés quand il s’agit de Stravinsky, de Ravel ou de Poulenc. Gide finit par retourner à Chopin et à Mozart.
Mots-clés : La Nouvelle Revue française, avant-gardes, musique
The opinions on about music and that on literature, formed by the NRF, appeared greatly similar. It should be noted there was an opposition in regards with any doctrinal position expressed by writers who were good musicians. Only the ultimate works were worth their interest. These works were judged in the light of the novelty features in comparison with as much the French tradition, largely despised. While the unanimous opinion on Debussy was made, the points of view on Stravinsky, Ravel and Poulenc were divergent. Gide finally returned to Chopin and Mozart.
Keywords : La Nouvelle Revue française, avant-garde, music
236Suzanne Lay, « Roman fugué et fugue humaine. (Re)présentations de Bach chez André Gide et Aldous Huxley »
Suzanne Lay est diplômée en langues, musicologie et droit de la culture. Elle consacre sa thèse aux « Présences de Jean-Sébastien Bach dans le roman du xxe siècle », tout en poursuivant sa pratique de l’orgue, du piano et du chant choral. Collaboratrice régulière des revues Zibeline et Bachtrack, elle est membre actif du Centre interdisciplinaire d’étude des littératures d’Aix-Marseille et du groupe Transpositions.
Les Faux-Monnayeurs et Contrepoint prennent tous deux pour modèle l’écriture fuguée et pour référence la figure du compositeur le plus cité en la matière : Jean-Sébastien Bach. « Ce que je voudrais faire, comprenez-moi, c’est quelque chose qui serait comme L’Art de la fugue », affirme Édouard chez André Gide, tandis que le Philip Quarles d’Aldous Huxley plaide pour une « musicalisation du roman » inspirée de l’écriture contrapuntique. Jeu musical, le roman fugué prend, chez les deux auteurs, la forme d’un contrat.
Mots-clés : Gide, Huxley, fugue, mise en abyme, contrepoint, Wagner, Franck, Beethoven, Chopin, tonal, modal, moderniste, symboliste
Les Faux-Monnayeurs and Contrepoint both took the fugal writing as a model, and the figure of the most quoted composer J. S. Bach as a reference. “What I would make, don’t get me wrong, this is something that would be like The Art of Fugue” said Édouard in Gide’s novel. On the opposite, Philip Quarles in Aldous Huxley’s novel advocates the “musicalization of novel” inspired by contrapuntal writing. In both novels, the fugal writing, such a music performance before being mirror-like, took the form of an agreement however.
Keywords : Gide, Huxley, fugue, metatheater, counterpoint, Wagner, Franck, Beethoven, Chopin, tonal, modal, modernist, symbolist
Éric Lysøe, « Darius Milhaud, lecteur de La Porte étroite »
Éric Lysøe est professeur de littérature comparée et enseigne à l’université Clermont Auvergne. Spécialiste des littératures de l’imaginaire, il est l’auteur d’articles et ouvrages sur le fantastique, sur Edgar Poe et Rosny aîné. Connaisseur de la littérature belge, il a publié Les Kermesses de l’étrange (Paris, 2000) ainsi qu’une anthologie, Littératures fantastiques. Belgique, terre de l’étrange (Bruxelles, 2003).
Tout oppose a priori André Gide, écrivain de tradition protestante, et Darius Milhaud, compositeur aixois enraciné dans sa foi juive. D’ailleurs, lorsqu’il fait entendre au romancier Alissa, le jeune musicien a bien le sentiment de ne guère plaire à celui qu’il considère comme un maître à penser. Cet article 237met en évidence toute la finesse de l’interprétation de Darius Milhaud, interprétation qui ne touche pas seulement à des aspects formels du roman, mais également aux structures profondes de l’œuvre de Gide.
Mots-clefs : Gide, Milhaud, Alissa, La Porte étroite, rythme narratif, musique juive
Everything seems to oppose André Gide, a writer of Protestant tradition, and Darius Milhaud, a composer convinced of Jewish beliefs. Indeed, when he plays to the novelist Alissa, the young musician has a feeling that his music does not appeal to the man he considers as his mentor. This article highlights how sensitive Darius Milhaud’s rendering appears in its finer points. Alissa not only relates to the formal aspects of La Porte étroite, but also, to the deeper structures of Gide’s novel.
Keywords : Gide, Milhaud, Alissa, La Porte étroite, narrative rhythm, Jewish music
Vincenzo Mazza, « Gide face au Procès. Le récit kafkaïen au double passage de l’écrivain et de Jean-Louis Barrault pour sa transposition scénique »
Vincenzo Mazza est docteur en études théâtrales des universités de Paris Ouest – Nanterre – La Défense et Roma Tre. Ses recherches visent principalement les rapports entre dramaturges et metteurs en scène en France entre les années 1930 et 1950. Sa thèse explore la collaboration entre Albert Camus et Jean-Louis Barrault pour la création de L’État de siège, spectacle en trois parties.
Gide a collaboré avec Jean-Louis Barrault à maintes reprises. Le travail d’adaptation du roman de Kafka représente l’accomplissement de plusieurs désirs et envies des deux collaborateurs. Gide communique à Barrault son affection pour Le Procès en 1942, en pleine rédaction de la traduction d’Hamlet. L’analyse de l’adaptation du Procès s’appuie sur la correspondance Gide-Barrault et sur les notes de mise en scène du spectacle qui a été joué pour la première fois le 11 octobre 1947 au théâtre Marigny.
Mots-clefs : Gide, Kafka, Barrault, théâtre, adaptation, spectacle, Le Procès
Gide worked closely with Jean-Louis Barrault on several occasions. Kafka’s novel adaptation was all about the fulfillment of Gide’s and Barrault’s mutual desires and wishes. In 1942, Gide – in full translation of Hamlet – expressed to Barrault his affection for Le Procès. This analysis dealing with Le Procès adaptation is based on a Gide’s and Barrault’s correspondance and the staging notes of the theater performance played on 11th of October 1947 at the Marigny Theater, for the first time.
Keywords : Gide, Kafka, Barrault, theater, adaptation, performance, Le Procès
238Maja Vukušić Zorica, « Des Notes sur Chopin à l’opéra. L’angle mort du Journal de Gide »
Maja Vukušić Zorica est maître de conférences à l’université de Zagreb. Elle a soutenu sa thèse sur le Journal de Gide à l’université Paris-Diderot – Paris 7. Elle a publié André Gide, les gestes d’amour et l’amour des gestes (Paris, 2013). Elle donne des cours sur la théorie et la littérature française des xixe et xxe siècles et s’intéresse à la littérature, la théorie, la philosophie, la musique et à l’érotisme.
Le Journal de Gide confirme l’amour de ce pianiste amateur pour son Chopin double, romantique et classique, polonais et français, et décidément antiwagnérien. De Wagner, prédominant, à Stravinsky, Gide, en instrumentaliste qu’il est, devient le porte-parole d’un plaisir nietzschéen qui se rapproche de l’homéostasie moderne. Chez lui, la musique, bien que pratique d’une écriture et exercice d’une pratique, demeure toujours un concept, un analogon de la littérature et le symbole de la poíêsis.
Mots-clés : Notes sur Chopin, le Chopin de Gide, anti-Wagner, antiwagnérien, Stravinsky, opéra, Perséphone, Journal
The Journal by André Gide was evidence of this amateur pianist’s passion for his Chopin’s dual figure, romantic and classical, Polish and French, but definitely an anti-Wagnerian one. From Wagner to Stravinsky, Gide grew up to the voice of Nietzsche’s concept of pleasure which was close to the modern homeostasis. To Gide, the music, either as writing or as a performance, remained not only a literature concept or analogon but also a symbol of poïesis.
Keywords : Notes sur Chopin, Gide’s Chopin, anti-Wagner, anti-Wagnerian, Stravinsky, opera, Persephone, Journal
François Bompaire, « De la musique à l’ironie et retour. Interprétation musicale et interprétation textuelle dans l’œuvre d’André Gide »
François Bompaire est agrégé de lettres classiques et doctorant en littérature française à l’université Paris-Sorbonne. Il consacre sa thèse aux rapports entre ironie et communication littéraire à partir de l’œuvre fictionnelle d’André Gide.
Dans les Notes sur Chopin, Gide formule la possibilité d’un jeu et d’une communication parfaits entre auteur, interprète et public ; ce jeu, apparenté à la lecture, conduit à se demander comment la réflexion menée par l’auteur sur l’interprétation musicale éclaire sa conception de l’interprétation littéraire. Derrière la collaboration du lecteur se profile une forme d’interprétation 239exécutante. Lire l’ironie dans l’œuvre de Gide, c’est déployer simultanément des lectures concurrentes et contradictoires.
Mots-clés : André Gide, Boris de Schloezer, ironie, interprétation, intention d’auteur, herméneutique, Notes sur Chopin, La Symphonie pastorale
In the essay Notes sur Chopin, Gide claims the existence of perfect performance and interaction between author, musician and audience. The correlation between musical rendering and reading activity raises the question about Gide’s reflection on musical rendering, highlighting his idea of literary interpretation. According to Gide, behind the lecturer’s involvement expected within his writings, emerges through reading, a form of text performance or text realization. Thus, dealing with irony in André Gide’s works rhymes with the deployment of coexisting and contradictory manners of reading.
Keywords : André Gide, Boris de Schloetzer, irony, interpretation, author’s intentions, hermeneutics, Notes sur Chopin, La Symphonie pastorale
1 Greta Komur-Thilloy et Pierre Thilloy remercient leur collègue et amie Tatiana Musinova (ILLE EA 4363, Université de Haute-Alsace) pour son aide dans la traduction en anglais de certains résumés du présent volume.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06455-8
- EAN : 9782406064558
- ISSN : 2494-4890
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06455-8.p.0233
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/09/2017
- Langue : Français