Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : André Gide, l’Européen. Avec un texte inédit d’André Gide
- Pages : 341 à 345
- Collection : Bibliothèque gidienne, n° 10
Résumés
Martina Della Casa, « Introduction »
Cet ouvrage explore la pensée européiste d’André Gide, son enracinement dans l’espace culturel européen et la réception de son œuvre en Europe.
Stéphanie Bertrand, « Penser l’Europe d’aujourd’hui avec Gide »
L’actualité européenne de Gide est double : elle émane de la pensée qu’il a développée sur l’Europe, mais aussi de ses pensées (aphoristiques). L’étiologie gidienne du « malaise » européen éclaire et met en perspective les causes de la « crise » européenne contemporaine, tandis que les fréquentes citations gnomiques dont il fait l’objet aujourd’hui dans les discours publics et politiques européens, confirment et prolongent la « réforme » de l’homme qu’il appelait de ses vœux dans son article « L’Avenir de l’Europe ».
Jean-Michel Wittmann, « Gide, du “génie des races” à la “culture européenne” »
La référence à la notion de race façonne la vision gidienne de la littérature européenne. Découvrir la diversité des races, au cours de ses voyages, lui permet en effet de mieux définir son identité française. Il perçoit la littérature comme l’expression du génie d’une race, même s’il souligne le caractère composite de la nation française. Dans le même temps, de manière plus originale, il refuse néanmoins d’enfermer l’écrivain dans le déterminisme de la race et vante son irréductible singularité.
Paola Codazzi, « L’Europe d’André Gide, équilibre et diversité »
André Gide revient souvent à l’idée que c’est par sa particularité même que chaque nation contribue à l’équilibre européen. Ce qui est intéressant est que ce motif fait écho à son discours sur la France, qui se veut elle aussi 342comme la terre de l’unité dans la diversité. Ce travail vise à resserrer les liens entre fiction (Les Faux-Monnayeurs, 1925) et discours critique, afin de montrer de quelle manière on peut être pour Gide, « à la fois patriote et internationaliste » (Journal, 1934).
Pierre Masson, « De la Belgique au Luxembourg et à l’Allemagne. Deux étapes d’une éducation européenne »
André Gide a successivement connu la Belgique et le Luxembourg. La littérature symboliste a fait de la Belgique un pays d’accueil privilégié, où il noua de nombreux liens, les plus importants étant avec la famille van Rysselberghe. Et c’est l’amitié entre la Petite Dame et Aline Mayrisch qui lui permit de trouver au Luxembourg une seconde terre d’accueil, où il allait prendre conscience, à partir de 1918, des problèmes européens qui ne cesseraient plus de l’occuper.
Carmen Saggiomo, « Gide et la culture italienne comme fondement de l’identité européenne »
En juin 1950, André Gide donne une conférence au sein de l’Institut français de Naples. Sa causerie est l’acte par lequel il s’acquitte explicitement « d’une vieille dette de reconnaissance » envers l’Italie. L’écrivain reconnaît à ce pays complexe où fusionnent l’art et la nature, la littérature et la vie civile, le christianisme et la romanité, un rôle de premier ordre dans l’histoire de l’Europe. En Italie, Gide trouve à la fois les racines de l’Europe et le sens de l’avenir.
Peter Schnyder, « “Comment peut-on être Suisse ?” Suivi d’un texte inédit de Gide »
Gide vit dans les pays d’Afrique du Nord et en Italie – il végète en Suisse, où il séjourne pour des cures. Or, il y va de sa santé et finalement de son art. Cette contribution retrace le rejet du pays alpin qui animera l’écrivain toute sa vie, à partir de partis-pris personnels qui glissent, sur le tard, vers des critiques sociales. Le texte inédit reproduit ici sur l’insularité de la Suisse dénonce les mythes chers aux Suisses et leurs difficultés à trouver leur place dans une Europe en construction.
343Mechthilde Fuhrer, « La “Préface” à l’Avertissement à l’Europe de Thomas Mann par André Gide (1937) »
Au moment où Thomas Mann est déchu de la nationalité allemande, André Gide préface la version française de ses derniers écrits, parus en France sous le titre Avertissement à l’Europe. Par cette prise de position politique, Gide ne prend pas seulement la défense de l’homme de Lettres allemand, Prix Nobel (en 1929), mais expose par là même sa vision humaniste engagée de portée européenne.
Frédéric Canovas, « “Je ne pensais pas que je pourrais tant aimer Rome”. Ambivalence du regard chez André Gide et Maurice Denis »
Gide arrive pour la première fois à Rome en 1894. Durant ce séjour, Rome ne se révèle pas à la hauteur de ses aspirations. Pensant trouver la Rome des Élégies de Goethe et des poèmes de Virgile, Gide ne peut être que déçu par la capitale d’un état moderne, où coexistent vestiges de l’Antiquité, temples chrétiens et immeubles bourgeois. Il faudra attendre un troisième séjour en 1898 pour que l’écrivain ressente enfin cette « exaltation si particulière » au contact de la Ville éternelle.
Vincenzo Mazza, « Gide et Kafka réunis par le théâtre. Le Procès, un spectacle européen ? »
L’attention de Gide à l’égard de la production littéraire européenne lui permet de saisir très tôt l’importance de Franz Kafka. Ensuite, en 1940 il écrit : « Je relis Le Procès de Kafka avec une admiration plus vive encore. » Cependant, il note aussi que la préface de Groethuysen ne le satisfait pas. En 1942, lorsque Jean-Louis Barrault lui propose de collaborer à une transposition scénique du roman de Kafka, Gide a l’occasion de combler cette insatisfaction en travaillant lui-même sur ce texte. Quelques années après, en 1947, Le Procès sera joué pour la première fois.
Marie-Gabrielle Nancey-Quentin de Gromard, « L’Œdipe de Gide, un héros nietzschéen »
L’Œdipe de Gide s’inscrit dans la lignée des personnages gidiens qui s’affranchissent de toute tutelle dans un acte d’auto-engendrement. Face à un Tirésias christianisé, Gide représente un Œdipe « goethéen » et païen. Si 344Œdipe est proche du surhumain de Nietzsche, l’interprétation du dénouement de la pièce est loin d’être univoque. Cet article montre la prégnance des modèles goethéen et nietzschéen dans sa conception et la place spécifique que la littérature et la pensée allemandes occupent dans l’œuvre de Gide.
Slaven Waelti, « Gide – Nosferatu, acte gratuit et séductions du cinéma »
Gide n’a pas aimé Nosferatu le vampire de Friedrich Wilhelm Murnau. Toutefois, il se livre à une longue critique qui débouche sur une réécriture imaginaire du film. Cette réécriture ne concerne cependant que la manière de raconter une histoire et jamais la « cinématographicité du film » dont le diariste ne semble pas se soucier. Le cinéma, c’est pourtant plus que des histoires : c’est un média qui informe très tôt la pensée et l’œuvre de Gide, notamment la théorie de l’acte gratuit qui est une théorie du cinéma.
Elżbieta Skibińska, « Gide en polonais »
L’article propose un examen de la réception polonaise de l’œuvre d’André Gide à travers les traductions de ses textes. Prenant en considération les titres traduits, l’année de leur traduction et de leur publication, les éditeurs, les collections, les traducteurs et les paratextes, il montre que le transfert des écrits de Gide en Pologne s’est fait de façon irrégulière, fragmentée, et que son « intraduction » semble se faire sans programme préétabli des agents qui en sont responsables.
Thierry Laurent, « La réception d’André Gide en Lituanie »
Dans la jeune République lituanienne de l’entre-deux-guerres, Gide commence à être traduit par l’avant-garde. Toutefois, du fait de l’idéologie catholique dominante, il n’est pas l’un des écrivains français les plus influents. Après la tombée sous le joug soviétique (1945), l’auteur du Retour de l’URSS est proscrit et les universitaires ne peuvent pas librement accéder à ses publications. Depuis l’indépendance de 1991, Gide est respecté comme dénonciateur du totalitarisme communiste et représentant du roman moderne.
Biljana Andonovska, « La réception d’André Gide par le surréalisme serbe »
La réception de Gide par les surréalistes serbes, intervenue sous différentes formes (telles que les premières traductions et interprétations de son 345œuvre, ou encore à travers celles de l’anti-roman ou du journal) et de façon continue depuis les années vingt avant-gardistes jusqu’à la politique culturelle yougoslave des années cinquante, nous montre à quel point l’œuvre gidienne trônait au milieu des luttes et des changements littéraires et culturels du xxe siècle.
Maja Vukušić Zorica, « André Gide, “homme occidental” en Croatie »
André Gide est depuis toujours le « contemporain capital » des intellectuels des Balkans, l’« homme occidental » en Croatie depuis Bonifačić (1929) et les trois traductions du Retour de l’URSS, dont celle de Desnica. Radica et Krleža rappellent Benjamin tout en postulant un Gide « Européen ». Il est un inquiéteur dont la « tonicité » (Anglès) pose la question de l’engagement et de la médiation (Nancy) en écrivant « pour ceux qui comprennent à demi-mot » – en débordant son époque.
Paola Fossa, « André Gide et la revue La Voce (1908-1916). Histoire d’un rapport européen »
Dans le panorama des revues culturelles italiennes, La Voce tient une place de choix, en se présentant comme le « lieu de construction » d’une nouvelle identité culturelle italienne. Bien que différents par l’âge, parfois par le niveau stylistique, très souvent au niveau thématique et moral, les écrivains vociani avaient une grande admiration pour l’œuvre de Gide. Cet article propose une chronologie de ce rapport, en approfondissant notamment celle avec Giuseppe Vannicola et Giovanni Papini.
Stefania Caristia, « La réception d’André Gide dans les revues italiennes de l’après-guerre (1944-1952). Entre l’humaniste européen et l’artiste incompris »
De quelles manières les revues littéraires italiennes de l’après-guerre utilisent-elles l’œuvre et le nom de Gide pour promouvoir ou rejeter certains modèles et conceptions de la littérature ? Le tournant de la guerre produit-il un changement dans la réception de Gide par rapport à l’entre-deux-guerres et favorise-t-il un réexamen de son œuvre ? Par l’analyse quantitative et qualitative des articles sur Gide parus dans dix-neuf revues de l’époque, l’article propose des réponses à ces questions.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-08301-6
- EAN : 9782406083016
- ISSN : 2494-4890
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08301-6.p.0341
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/02/2019
- Langue : Français