Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : André Gide à (re)découvrir ?
- Pages : 259 à 263
- Collection : Bibliothèque gidienne, n° 12
Résumés
Joanna Jakubowska et Regina Solová, « Avant-propos »
À l’aube du xxie siècle, l’œuvre d’André Gide suscite-t-elle encore de nouvelles questions, ou se laisse-t-elle, au contraire, ranger dans les classifications existantes ? L’œuvre et la personne de l’auteur des Faux-monnayeurs touchent-elles à nouveau le grand public ? Le présent ouvrage est une tentative de donner les éléments de réponse aux questions qui émergent autour d’un personnage qui reste, semble-t-il, insaisissable.
Peter Schnyder, « Introduction. Vitalité de la critique gidienne : regards sur la critique gidienne, d’un anniversaire à l’autre (1969-2019) »
Notre intention est de confronter la critique gidienne, telle qu’elle se présentait dans les années 1970, avec celle plus récente (entre deux anniversaires gidiens, 1969 et 2019). Tenter de cerner l’esprit des lettres d’alors et celui d’aujourd’hui. Moralité ? Dans les années 1970, le public allait à la rencontre d’un spécialiste d’André Gide. En 2020, il faut aller vers lui, multiplier les démarches, parler de son travail. Bref : il faut (se) manifester. C’est très gidien. Les défis ne manquent pas.
Frédéric Canovas, « “La marche de notre vie”. Symbolique de la libération dans les premiers récits gidiens »
À l’issue d’un cauchemar, le narrateur de Paludes se réveillait en sursaut et rejetait ses couvertures, se découvrant pour mieux se recouvrir aussitôt. Son besoin de libération s’accompagne d’angoisse. La volonté de se libérer des carcans intellectuels et sociaux engendre en effet la peur d’une liberté intellectuelle et sociale incontrôlable et dangereuse. Ce double mouvement est néanmoins productif. Les personnages gidiens font l’apprentissage de leur libération.
260Walter Geerts, « Aveuglement et lucidité. Le tournant d’Isabelle (1911) »
L’on reconnaît généralement dans l’œuvre d’André Gide une évolution allant de l’idéalisme, centré sur l’individu, des débuts, à différentes formes d’engagement. Quelques textes, dont Isabelle, marquent la transition d’une phase à l’autre. De ce point de vue Isabelle nous apparaît comme un texte-rupture. La problématique spécifique traitée dans ce récit, qui prend place parmi les « récits avertisseurs » de l’auteur, est l’aveuglement tenace, suivi du retour à la lucidité.
Jean-Michel Wittmann, « Une éthique cynique ? La “falsification des valeurs” dans l’œuvre gidienne »
André Gide a souvent été accusé de cynisme, alors que le cynisme est une attitude qui lui est étrangère. S’il a pu apparaître cynique, c’est parce qu’il a abordé dans son œuvre la question de l’homosexualité. Le cynisme de Gide n’est de ce point de vue rien d’autre qu’une forme de franchise et de sincérité. Il n’en reste pas moins que Gide, homosexuel moraliste et promoteur d’une éthique individualiste et contestataire, est bien l’héritier des cyniques de l’antiquité.
Stanisław Bereś, « André Gide comme enjeu. Querelle des Anciens et des Modernes, à Varsovie, en 1942 »
En mars 1942, Czesław Miłosz déchaîna une tempête littéraire en donnant lecture de son essai sur André Gide devant un public de jeunes poètes brillants. L’étude des échanges qui eurent alors lieu nous éclaire sur le bouillonnement des idées dans la partie de l’Europe la plus atteinte par la tourmente de l’histoire, l’importance d’un écrivain français avant même qu’il fût distingué du prix Nobel, la vision de l’Occident des milieux intellectuels polonais.
Paola Codazzi, « “Mais Gide l’avait dit avant lui”. Les Carnets de la drôle de guerre de Jean-Paul Sartre (1939-1940) »
« Mais Gide l’avait dit avant lui », confie l’écrivain à son Journal après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’autorité de Jean-Paul Sartre s’impose sur la scène nationale et internationale. Notre article prend prétexte de cette 261citation afin de revenir sur l’écriture des Carnets de la drôle de guerre (1939-1940), profondément marqué par la lecture du Journal gidien.
Adam Jarosz, « Le savoir sexuel proscrit et la boue. Les visions de l’écriture gidienne dans Franz et François de François Weyergans »
L’analyse vise à démontrer le caractère pluriel de la vision de l’œuvre d’André Gide inscrite dans Franz et François (1991), roman de François Weyergans. Pour François Weyergraf, protagoniste du roman, cette œuvre représente à la fois une source du savoir sexuel tabouisé dans la première partie du xxe siècle et un modèle stylistique à imiter. Pour Franz Veyergraf, père de François, la vision de l’œuvre gidienne est tout autre.
Tomasz Kaczmarek, « La Pologne dans Les Caves du Vatican, ou Jan Klata relecteur d’André Gide »
Le théâtre d’André Gide n’est pas connu du large public en Pologne. Jan Klata a d’ailleurs été inspiré, pour sa pièce, par le roman Les Caves du Vatican. En étudiant la réception de son spectacle par la critique polonaise, cette contribution pose la question de savoir si le metteur en scène a fidèlement retranscrit le message de l’écrivain ou s’il a pris son œuvre comme un prétexte pour décrire la réalité polonaise d’aujourd’hui.
Pierre Masson, « Permanence de Gide dans les romans d’aujourd’hui »
Pour comprendre la place que tient André Gide aujourd’hui, la parole est donnée à trois écrivains qui se sont définis comme lecteurs de Gide : l’Algérien Hamid Grine, auteur du Café d’André Gide, l’Australien Robert Dessaix, auteur d’Arabesques, et le Belge Daniel Soil qui publie Inéluctable. Au terme de cette étude, il apparaît que pour ces trois romanciers, l’œuvre et la vie de Gide se révèlent utiles, à la fois pour définir leur identité, et pour trouver un message invitant à l’amour de la vie.
Patrick Bergeron, « Morand et Gide. Une détestation admirative »
Cette étude s’intéresse à la relation ambiguë – une détestation teintée d’admiration – entre Paul Morand et André Gide. Nous comparons le regard 262que chacun de ces deux écrivains a porté sur l’œuvre de l’autre. Nous montrons que la curiosité, chez Gide, cède rapidement au dégoût lorsque Morand paraît se positionner dans la droite réactionnaire, alors que chez Morand, l’enthousiasme pour l’auteur des Faux-Monnayeurs et du Voyage au Congo est attiédi par une antipathie personnelle pour l’homme.
Elena Chashchina, « Les Possédés de Dostoïevski. L’interprétation par André Gide et par Viatcheslav Ivanov »
L’article porte sur l’analyse des Possédés de Dostoïevski par André Gide et Viatcheslav Ivanov, au travers de laquelle nous illustrons les particularités des auteurs en tant que critiques et lecteurs passionnés de cet écrivain. Les auteurs interprètent les personnages du roman selon leur approche et leurs principes esthétiques respectifs. Ivanov y applique sa méthode mythologico-religieuse, Gide développe l’idée de l’acte gratuit. Tous deux y trouvent une représentation métaphorique de la Russie.
Ophélie Colomb, « André Gide, écrivain juré d’assises, censeur de la justice pénale de son temps »
En 1912, Gide est appelé sur les bancs de la cour d’assises de Rouen, en tant que juré. De cette expérience, il tire les Souvenirs de la cour d’assises, publiés à la NRF en 1913, dévoilant un regard singulier, sensible, parfois acerbe, sur la cour d’assises et ses protagonistes. Le procès pénal y apparaît comme un laboratoire expérimental de l’homme, où ses différents acteurs, particulièrement l’homme jugé et le juré d’assises, sont examinés sans ménagements.
Michela Gardini, « La justice racontée. Portrait d’André Gide en homme de droit »
La méditation gidienne sur la justice, en entrecroisant les soucis d’ordre sociaux et intellectuels, apparaît comme une troublante interrogation sur le métier d’écrivain. Le crime exerce une fascination sur l’auteur, comme si la violence intrinsèque à l’acte criminel était un reflet de la violence de l’écriture. Avec La Séquestrée de Poitiers et L’Affaire Redureau, André Gide livre au lecteur des textes attestant l’inspiration profondément polyphonique à la base de son œuvre entière.
263Vincent Jaffeux, « André Gide en Afrique du Nord. Une figure tutélaire fragilisée par le contexte de guerre (1942-1945) »
L’exil nord-africain de Gide durant la Seconde Guerre mondiale n’a que trop peu attiré l’attention des chercheurs. Pourtant, ce séjour en terre coloniale permet de mieux comprendre les bouleversements idéologiques et culturels qui agitent alors la France. En s’intégrant au jeune milieu littéraire algérois et en s’associant à ses projets éditoriaux en faveur de la Résistance, l’écrivain septuagénaire met en lumière la recomposition du paysage littéraire et politique qui s’opère à ce moment-là.
Maja Vukušić Zorica, « André Gide et la justice. Les Souvenirs de la cour d’assises »
Les Souvenirs de la cour d’assises d’André Gide juré à Rouen racontent son engagement en faisant face à la question de la justice et son (dys)fonctionnement. L’expérience de la cour de province dessine un concept de justice chancelante qui illustre ses rapports avec la rhétorique. La contrainte incontournable de juger incite Gide à faire de la déconstruction avant la lettre. Des conclusions foucaldiennes à celles de Jacques Vergès, Gide semble avoir vu la précarité du rapport entre la justice et la loi.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09804-1
- EAN : 9782406098041
- ISSN : 2494-4890
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09804-1.p.0259
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/10/2020
- Langue : Français